Les journaux anciens sont de précieuses sources d’informations, grâce aux moteurs de recherche on peut facilement lire tous les articles concernant le village de Rawdon dans les archives de la BANQ et documenter une partie de son histoire. Bien sûr ces informations ne sont pas toujours exactes, les fake news existent depuis que la presse existe, il faut donc exercer son esprit critique pour les traiter. Et comme on trouve beaucoup d’informations il faut faire un choix qui est subjectif.
En 2022 j’avais déjà publié une chronique documentant l’histoire du township de Rawdon depuis sa création en 1795 jusqu’en 1850 illustrée de nombreuses coupures des journaux d’époque.
Lire: Le Township de Rawdon 1795-1850
Les journaux anciens étaient parfois publiés en tous petits caractères et j’ai dû agrandir certaines images pour que les articles soient facilement lisibles mais ils deviennent parfois un peu flous; j’ai fait de mon mieux.
1850-1860
En 1850 le principal sujet de discussion à Rawdon était l’ouverture au printemps de la ligne de train entre le village d’Industrie (Joliette) et Lanoraie qui permettait de transporter la production des moulins à bois jusqu’au fleuve St-Laurent pour son exportation. Le 6 mai une assemblée des habitants de Rawdon a eu lieu pour demander le prolongement de la ligne jusqu’à Rawdon et pour la création d’une cour de justice à Rawdon.
Le 31 mai une pétition a été déposée par J.H. Dorwin et autres à la chambre d’assemblée.
Lire: Le premier train de Rawdon en 1852
En 1850 le village de Rawdon ne comptait que quelques maisons, les habitants du township vivaient sur leurs lots, ceux des premiers rangs ont été colonisés en premier. Ce Plan of the village of Rawdon dessiné en 1845 par James Dignan montre les chemins et les quelques maisons qui avaient été construites. Le gouvernement avait récemment fait arpenter le territoire du village projeté en dessinant des rues et en divisant des lots à vendre.

L’église catholique avec son presbytère et une école se trouvaient au nord-est, l’église presbytérienne et l’église angaise (anglicane?) au centre.
Au sud Mill street menait au moulin Dorwin et on y trouvait plusieurs maisons, sans doute celles de ses ouvriers.
Dans un plan datant de 1838 intitulé Plan of now lot no 17 in the range 5 is now occupied; Plan and list of lot occupied by me on voit que T. Griffith, colonel de la milice de Rawdon, revendiquait alors la plupart de ces lots; en 1856 ses héritiers ont mis en vente 40 lots du village.
Au printemps 1852 l’évêque anglican est venu visiter Rawdon. 245 personnes étaient présentes à la cérémonie de confirmation qui a eu lieu. L’église anglicane était un vieux bâtiment en bois et la congrégation avait entrepris la construction d’une église en pierre qui existe toujours. Le début des travaux n’a finalement eu lieu qu’en 1857 et la bénédiction de l’église en 1861.
John Jeffries avait acheté un grand bloc autour de l’église presbytérienne dès la mise en vente des lots (10 lots). En 1851 John Jeffries a reçu une médaille du Prince Albert pour un specimen de graine de trèfle rouge, Rawdon red clover qu’il avait présenté lors de la 1ère exposition industrielle à Londres en 1850. Dans les journaux anciens on trouve une multitude d’annonces pour la vente de ce trèfle rouge de Rawdon qui a été une des richesses du patrimoine de Rawdon.
Le village de Ste-Julienne a aussi été fondé à cette époque ainsi que la paroisse de St-Alphonse de Liguori et le territoire du township de Rawdon a été divisé, la paroisse St-Patrick de Rawdon ne conservant que le nord du territoire. Il y avait plusieurs moulins sur la rivière St-Esprit et de nombreuses transactions ont été faites.

Lire: Les fondateurs du village de Sainte-Julienne de Rawdon
En 1854 le curé de la paroisse catholique St-Patrick était le révérend L. L. Pominville et il a annoncé à ses paroissiens sa nomination dans une autre paroisse.
Pendant l’été 1854 la congrégation wesleyan avait construit une église inaugurée par le révérend W. Jeffers de Montréal.
The Industry village and Rawdon Railroad a été inauguré en 1852 et a fonctionné pendant quelques années.
Le train permettait de se rendre de Rawdon à Lanoraie où des bateaux à vapeur assuraient la correspondance vers Montréal ou Québec.
On trouve dans les journaux de très nombreux avis de poursuites légales, de vente de propriétés, des avis de naissance, mariage ou décès et je ne pouvais pas tous les retenir. Le village de Rawdon était en construction et de nombreuses transactions ont eu lieu: 2 terrains situés au village de Rawdon.
Pour un non initié c’est bien compliqué de s’y retrouver dans les sectes protestantes. En 1855 un rapport de l’union de l’école du dimanche mentionne qu’il y avait 5 écoles à Rawdon: 3 wesleyan, 1 episcopalian et 1 union. Il y avait ausi des anglicans, des presbytariens et des méthodistes!
En 1854 les travaux du chemin du Gouvernement qui devait ouvrir les cantons du nord à partir de Rawdon vers Doncaster en passant par le centre du canton de Chertsey ont été arrêtés. Le 30 août une pétition signée par près de 200 citoyens de Rawdon et Chertsey contre le conducteur des travaux Alexander Daly, agent des terres de la Couronne, a été envoyée au Gouverneur Lord Elgin. Une enquête a été faite pour les membres du Parlement dont le rapport de 70 pages a été publié dans les journaux du conseil législatif en 1856.
Lire: Crise politique à Rawdon en 1854
Alexandre Daly catholique était agent des terres de la couronne. Dans son témoignage il affirmait que le township avait d’abord été colonisé par des Old Country people habités par l’esprit Tory, des Orangemen qui n’acceptaient pas les changements qui avaient alors cours. L’immigration catholique irlandaise était très forte et des canadiens français venaient aussi s’installer dans le township alors que les premiers colons protestants déménageaient vers l’ouest canadien.
Les terres des cantons de Chertsey et Wexford (Entrelacs) étaient alors mises en vente par le bureau des Terres de la Couronne et son agent Alexandre Daly.
La boisson était un problème important à cette époque. Robert McGowan de Rawdon a été arrêté à Montréal pour avoir pointé un revolver en état d’ébriété. On trouve aussi de nombreux faits divers dans la presse, crimes, accidents et faits cocasses.
John Jeffrey (Jeffries?) de Rawdon a déposé une pétition au parlement provincial pour l’adoption d’une loi de prohibition de l’alcool, le sujet de la tempérance va souvent donner lieu à des débats.
John Daly fils de Luke Daly esquire âgé de 19 ans est décédé. J’ai aussi trouvé de très nombreux avis de décès d’enfants très jeunes, la mortalité infantile était forte.
Le colonel de la milice de Rawdon en 1837-1838 Thomas Griffith avait déménagé dans l’ouest canadien où il est décédé. On a vu qu’il avait acheté de nombreux lots dans le village de Rawdon vers 1838. Ses héritiers ont mis en vente à l’encan 40 lots à construire dans le village en 1856.
Le commerce du bois a été la première industrie dans les cantons du nord, avant l’agriculture qui n’était pas facile dans les terres rocailleuses des montagnes. Peter McGill et J.H. Dorwin ont été les premiers à acheter des droits de coupe dans les Terres de la Couronne sur la rivière Lacouareau, 107 miles carrés en 1857 plus 25 sur la rivière L’Assomption.
En 1857 les actionnaires de la Industry village and Rawdon Railway Co. commençaient à demander des comptes à la compagnie qu’ils n’arrivaient pas à obtenir.
La carte dessinée en 1858 par Joseph Bouchette fils montre le tracé de la ligne jusqu’au village Montcalm et le tracé projeté jusqu’à Rawdon qui n’a jamais été construit. Les chemins existant à cette date sont dessinés ainsi que les villages de Ste-Julienne et Dixon’s corner au nord de St-Ambroise dans Kildare. Celui de St-Liguori n’existait pas encore alors que des maisons sont dessinées au village Montcalm.
Au printemps 1858 la locomotive du train de Rawdon était à vendre bon marché par Peter McGill et J.H. Dorwin, une machine construite par Grosvenor & Co. du New Jersey; il semble que la ligne de train ne fonctionnait plus à partir de cette date.
La moitié sud-ouest du lot N°14 du 6ème rang appartenant aux enfants mineurs de James Kenny et Ann Mealy a été vendue par autorité de justice. C’est un exemple des nombreuses ventes de terres.
Des progrès avaient été faits à Ste-Julienne pour y attirer des colons: un moulin à scie, un moulin à farine, une fonderie, un moulin à carder et à fouler avec une machine à broyer le lin, une tannerie et l’immense fabrique de moulins à battre le grain de M. C. Capistrand. Un aqueduc amenait l’eau potable dans les maisons du village.
En 1858 les lots du village Lafontaine au centre du canton de Chertsey ont été mis en vente par Alexander Daly. Il y avait des lots de Village et des lots de Park.
Le plan de ce village projeté avaient été dessinés en 1852 par l’arpenteur de Rawdon Francis Quinn et un premier noyau villageois y a été construit avec une chapelle en bois mais le site ne faisait pas l’unanimité. En 1867 l’Évêque a ordonné la démolition de l’église du Village Lafontaine et son déménagement à l’emplacement actuel du village de Chertsey ce qui a causé une grosse chicane, certains paroissiens ont même abjuré leur religion.
Lire: Des missionnaires protestants à Chertsey en 1867
George W. Dorwin était le fils de Jedediah Hubell et en 1859 il semble que ce soit lui qui s’est marié à Mary Eliza Winn de San Francisco. Il a ensuite été pendant longtemps le secrétaire-trésorier de la municipalité de Rawdon. En 1851 il avait été recensé avec son père comme propriétaire de moulins à Rawdon.
Mr. Mathews était le maître de l’école modèle catholique de Rawdon créée par Messire J. Quinn curé pour permettre aux canadiens de recevoir une bonne éducation en anglais.
En 1859 un homme nommé Nulty a été condamné pour avoir menacé l’arpenteur François T. Quinn dans l’exercice de son travail. La famille Nulty a souvent fait parler d’elle pour des accidents tragiques, des infractions et sutout pour la boucherie de Rawdon perpétrée par Tom en 1897.
Les écoles de Rawdon avaient dû fermer en partie par manque de bois de chauffage; celles de Ste-Julienne étaient mieux financées bien que la paroisse soit plus pauvre. Une école dissidente y avait été ouverte sous la conduite de Mrs. McAdam.
À la fin de l’année 1859 les actifs de la compagnie du chemin de fer du village d’Industrie et de Rawdon ont été mis en vente par le shérif à la demande de Benjamin Holmes de Montréal.
1860-1870
C’est Peter McGill qui a racheté les biens restant de la compagnie pour 450 livres. Les messieurs du Séminaire de St-Sulpice avaient une hypothèque de 1.000 livres sur les actifs depuis 1852, ils ont donc été remboursés en partie alors que les actionnaires ont tout perdu.
Les habitants de Ste-Julienne avaient fait une répartition pour le financement de la construction d’une église selon les plans de V. Bourgeau. Les emplacements du village avaient été tracés et mis en vente.
Les infrastructures municipales commençaient à se former: Nazaire Bordeleau était maire de Rawdon, Joseph Edouard Beaupré maire de Ste-Julienne et préfet du conseil municipal du Comté de Montcalm.
Le plan du village Beaupré (Ste-Julienne) a aussi été tracé, les maisons déjà construites sont dessinées ainsi que les lots mis en vente. L’emplacement de l’église a été réservé, les moulins sur la rivière St-Esprit sont précisément situés.
En 1860 les moulins à scie et les limites de coupe de bois connus comme Rawdon Mills appartenant à Peter McGill et J.H. Dorwin ont été mis en vente.
L’académie anglaise de Rawdon semble être l’école modèle anglaise catholique fondée en 1859; ses syndics étaient en 1861 le révérend H. Th. Clément, A. Daly, M. Rowan, R.E. Corcoran, Thos. Rowan, Thos. Price et J. Carroll.
Depuis que les municipalités avaient commencé à s’organiser légalement elles avaient voté des taxes à payer par les habitants mais comme de nombreux emplacements concédés n’étaient pas vraiment occupés des terres ont été vendues à l’encan pour taxes impayées. Les journaux publiaient des avis à la fin de chaque année.
En 1862 le département des terres de la Couronne pouvait encore annoncer la vente à l’encan de 10.000 acres de terres de la Couronne dans le township de Rawdon qui n’était donc pas encore entièrement occupé.
Le 16 décembre 1861 l’évêque anglican de Montréal le révérend Fulford a fait une visite à Rawdon pour être présent à l’inauguration de la nouvelle église dont les travaux avaient commencé en 1857.
En juin 1862 le synode de l’église anglicane a publié un rapport sur ses activités. La mission de Rawdon avait été établie dans les années 1820 et elle était alors dirigée par le rév. C. Rollit assisté de W. Serogg et Thos. Pigott. En 1861 le territoire de Kildare avait été séparé; les colons des townships étaient très pauvres et dispersés.
En 1862 les 177 miles carrés de limites de coupes de bois appartenant à Rawdon Mill Establishment de Peter McGill & Co. décédé étaient encore à vendre.
Les travaux du chemin de Chertsey entrepris par A. Daly et qui avaient été arrêtés à la suite de pétitions ont été achevés par Magloire Granger de Chertsey. Curieusement il en manquait une section pour le faire communiquer avec Rawdon, sans doute le segment allant du lac Gratten à Rawdon le long de la rivière Ouareau.
L’agriculture était une activité de plus en plus importante au fur et à mesure que les villages se développaient. La société d’agriculture du comté de Montcalm a organisé une Exposition Agricole et Industrielle sur le terrain de M. Skelly en 1862. Antoine Leblanc de St-Alexis a obtenu la palme pour la terre la mieux cultivée.
James McCutcheon au nom des héritiers de Peter McGill a intenté une poursuite contre la compagnie The St-Lawrence and Industry village Railroad Company pour 1.000 livres dont 500 représentaient la valeur du fer de la ligne de Rawdon qui avait été démonté et devait être livré à Lanoraie pour être vendu.
En 1863 les limites de bois de la maison P. McGill et Cie ont encore été mises en vente à l’encan: l’établissement de Rawdon n’est éloigné du noyau où se trouve le bois de pin que de 25 miles.
Le Montreal witness a publié cette réponse à un dissentient en 1864 qui montre les tensions existant entre les différentes communautés de Rawdon. Le financement des écoles publiques était une des principales causes de conflit.
Cet autre lettre à l’éditeur vient d’un protestant qui se plaint de la division du township qui obligeait les habitants du sud du township à envoyer leurs enfants à l’église catholique de St-Liguori.
Plusieurs échanges de lettres ont été publiés dans le même journal. Fortement imprégné de sa mission chrétienne et défenseur du libéralisme économique, The Montreal Witness (1845-1938) est demeuré une entreprise familiale durant toute son existence (Information BANQ).
En 1864 J.H. Dorwin et son fils George ont mis en vente leur part de Rawdon Mill Property à St-Liguori appartenant à Peter McGill & Co. Ils vendaient aussi une ferme de 100 acres à Rawdon près du village avec une chute de 100 pieds de hauteur sur la rivière Lacouareau, sans doute le meilleur pouvoir d’eau dans l’est du Canada; aussi un plaisant cottage et autres bâtiments, une superbe résidence pour un gentleman amateur de pêche à la truite et chasse à la perdrix.
L’école modèle de Rawdon cherchait un professeur, homme ou femme, détenant un diplôme de l’école normale McGill de préférence.
Je ne sais pas situer le moulin à scies de Aaron Ketcheson de Rawdon qui aurait été incendié par un malfaiteur. Il y avait un autre Rawdon près d’Halifax, j’ai fait bien attention de ne pas les confondre mais il se peut que dans ce cas il y ait confusion.
En 1865 Daniel Parkinson et plusieurs autres n’avaient pas payé leurs taxes municipales.
Les soeurs de Ste-Anne venaient juste de s’installer dans la bâtisse construite par R.E. Corcoran quand leur couvent a été détruit par un incendie. Les journaux rapportent de nombreux incendies alors qu’il n’y avait pas encore de pompiers ni de bornes-fontaines.
Un fermier de Rawdon avait retiré $400 de la banque puis il s’était saoulé et avait été emmené au poste de police. Le lendemain il a été relâché avec ses $400 mais il s’est encore saoulé et on lui a volé tout son argent.
Le rapport sur les écoles en 1866 est bien meilleur mais les écoles dissidentes posaient encore quelques problèmes à Rawdon et à Ste-Julienne.
En juin 1866 la conférence des ministres wesleyans a résolu de vendre l’église à condition d’en acheter une autre dans le village de Rawdon.
John Jefferies qui a été un des pionniers de Rawdon avait déménagé dans l’ouest où il est décédé à 83 ans. Il avait d’abord été boucher à Montréal puis s’était installé dans les 2 premiers rangs de Rawdon au bord de la rivière Lacouareau; c’est lui qui avait reçu une médaille du prince Albert pour ses graines de trèfle rouge de Rawdon.
Il y avait de moins en moins de terres vendues pour non-paiement de taxes mais il y en avait quand même chaque année.
Le travail de bûcheron était dangereux et il y avait de nombreux accidents. Thomas Seales âgé de 22 ans avait été tué par la chute d’un pin sur le chantier de Mr. Trusdell.
En 1867 l’église anglicane de Rawdon construite en pierre était estimée à $4.800 et le presbytère en bois à $600; la mission avait été établie en 1820.
Les feux de forêt étaient un autre fléau; les nombreux lieux nommés Brûlé en témoignent.
George Dorwin secrétaire-trésorier du conseil municipal de la paroisse de St-Patrick de Rawdon demandait des soumissions pour la construction d’un pont sur la rivière Lacouareau semblable à celui de Chertsey (pont du gouvernement).
Avis de taxes impayées par des non résidents en 1868 pour St-Patrick de Rawdon.
Poursuite de Foucher vs Currier pour un terrain du 1er rang de Rawdon avec un moulin à fouler et à carder et autres bâtisses (Ste-Julienne).
En 1869 les compagnies de volontaires de la milice de Rawdon commençaient à se diversifier après avoir été très loyalistes et anglophones; l’harmonie entre les langues et les religions était de mise.

La prospection de mines d’or et autres minéraux a englouti beaucoup de fonds; George Dorwin avait dépensé près de $2.000 sur ses terres, Ed. Cahill était un autre chercheur d’or.
De nombreuses études ont été publiées pour capter l’eau de la rivière Ouareau à Rawdon ou Chertsey et l’amener jusqu’à Montréal pour alimenter l’aqueduc municipal.
On dirait que l’économie a été moins florissante en 1869 puisque de nombreuses taxes sont restées impayées.
1870-1880
À partir de 1866 les milices ont été conscrites pour défendre le Canada. Après la guerre de sécession aux États-Unis de nombreux irlandais avaient conservé leurs armes et voulaient s’attaquer à la Grande-Bretagne qui opprimait leurs frères irlandais. Ils s’appelaient fenians aux États-Unis et hibernians au Canada. En attaquant le Canada ils pensaient affaiblir l’armée anglaise en Irlande. L’armée britannique avait repoussé une première attaque de l’IRA à la bataille de Ridgeway.
La milice de Rawdon avait été mobilisée et la taverne Joe Beef à Montréal a fait sa publicité pendant tout l’été 1870 en la vantant.
En fait les milices n’ont pas eu à se battre et la mobilisation s’est terminée en party au camp de Berthier pendant l’été 1870. Un chariot en route pour Rawdon était tombé en bas d’un pont de 20 pieds de haut. Le Dieu qui protège les ivrognes protège aussi les soldats et il n’y eut pas de perte de vie. Pas plus dangereux que les féniens.
Le bataillon de Trois-Rivières comprenait 2 compagnies de Rawdon, la N°1 de 34 hommes était commandée par le capitaine F.P. Quinn, le lieutenant Thos. Blair et l’enseigne J.E.B. Beaupré, la N°2 de 49 hommes par le capitaine George Shap (Sharpe), le lieutenant Ed. Mason et l’enseigne Geo. Smiley.
J. H. Dorwin s’était retiré des affaires et demeurait à Montréal. En 1870 il a publié une courte chronique dans le Canadian Illustrated News où il décrit les Dorwin Falls à qui il avait donné son nom. Il raconte les projets de canaliser l’eau des chutes jusqu’à Montréal pour alimenter l’aqueduc.
Il raconte aussi une curieuse histoire difficilement vérifiable. Sir William Johnson qui dirigeait le département des Affaires Indiennes aurait promis en 1762 des terres à un chef indien sur 20 miles à partir du confluent des rivières L’Assomption et Lac Ouareau en allant vers le nord, c’est-à-dire tout le territoire de Rawdon.
Mr. Connoly Cassidy était né en Irlande et il avait été dans les premiers habitants du township de Rawdon où il avait élevé sa famille. Il était décédé à St-Léonard à 85 ans.
La fièvre de l’or continuait à St-Alphonse par M. Dupuis, à Chertsey chez M. Emond et à Rawdon chez M. Dorwin.
En 1872 George Dorwin a publié un avis demandant des soumissions pour la construction de l’Hotel de Ville du village de Rawdon.
Les licences d’auberge étaient accordées par A. Delisle percepteur du Revenu de l’intérieur pour le district de Joliette; pour l’année terminant le 30 avril 1873 il en avait émis 4 à St-Patrice de Rawdon, à P. Mooney, P.O. Morin, F. Mireault et Ed. Trusdell. Mais les ligues de tempérance étaient très actives et réclamaient leur abolition.
En 1873 un autre membre de la famille Cassidy est décédé. Francis Cassidy avait été maire de Montréal mais il était né en 1827 à Rawdon, il était sans doute le fils de Connoly Cassidy décédé en 1871.
CASSIDY, FRANCIS, avocat, président de l’Institut canadien et de la Société Saint-Patrice de Montréal, membre du parlement provincial, maire de Montréal, né le 17 janvier 1827, à Saint-Jacques-de-l’Achigan (comté de Montcalm), de parents irlandais, Francis Cassidy et Mary McPharlane, qui avaient quitté le comté de Cavan, en Irlande, pour émigrer au Canada, décédé à Montréal le 14 juin 1873.
Dictionnaire biographique du Canada
Les poteaux du télégraphe qui doit relier la paroisse de St-Jacques aux grands centres sont posés entre cette place et Rawdon et St-Alexis.
Le concours annuel de la 5ème brigade militaire, 6ème district, a eu lieu les 28 et 29 octobre dernier à Rawdon sur la propriété de M. Sminie…
M. Alex. Daly de Rawdon nommé inspecteur des bois et forêts pour les townships au nord de Montréal pourrait être le fils de Alexander Daly agent dans les années 1850-1860.
En 1870 le curé de Rawdon s’appelait Plamondon et il remerciait ses paroissiens pour leur générosité lors du bazar annuel en faveur de l’église catholique.
Un catholique romain avait labouré une partie du cimetière protestant profanant des tombes.
Le Daily witness (1860-1913) va devenir à partir de cette date la principale source d’informations sur Rawdon. L’information donnée par la BANQ à propos de ce journal est: ce quotidien montréalais est marqué par la personnalité de son fondateur, John Dougall, convaincu que les peuples anglo-saxons sont investis d’une mission divine.
La I.O.G.T. ou International Organisation of Good Templars a été fondée en 1851 sur le modèle de la franc-maçonnerie pour promouvoir la tempérance anti-alcoolique. La loge de Rawdon avait été formée 2 ans auparavant et la réunion du 25 septembre organisée par Archibald Burns, William Robinson junior et autres avait été présidée par le Capitaine Blair.
Le publicités étaient encore rares et J.A. Martin arpenteur provincial a été un des premiers à Rawdon à en publier pour se faire connaître.
1880-1890
Le moulin à farine de Wm Smith situé à 1 mile du village de Rawdon a été mis en vente en 1880.
Le daily witness a commencé à multiplier les reportages sur l’actualité à Rawdon. Un picnic a eu lieu le 14 juillet au bénéfice de l’église Presbytérienne aux chutes Dorwin. Les révérends Mr. Townsend et Mr. Delong ont fait des discours. Les revenus devaient servir aux réparations de l’église.
Un autre picnic a eu lieu au même endroit le 27 juillet organisé par les dames de Rawdon et d’autres de la ville qui étaient en villégiature à l’hotel de Tempérance Burns.
Les avis légaux de vente de propriétés étaient très nombreux, par exemple ces propriétés de Athur McGee vendues à la requête de Sara McGee: une partie du lot N°20 du 6ème rang tenant à la veuve Hannah et à un autre terrain lui aussi vendu et tenant à Patrick Mason et Peter S. Kelly.
William Burns était propriétaire du Temperance Hotel et il écrivait de plus en plus souvent au daily witness pour faire la promotion du tourisme à Rawdon; cet article signé W. B. T. H. est certainement de sa plume.
En juin 1881 un nouvel accident affectait la famille Nulty. La femme de Michael avait été gravement brûlée quand ses vêtements se sont enflammés.
Pendant l’été 1881 Wm. Burns a publié des annonces dans le daily witness pour sa maison de chambres. Il commentait aussi la météo pour les lecteurs du Montreal weekly witness, il était très actif pour publiciser le village de Rawdon et ses attraits.
L’église catholique de Rawdon était encore une chapelle de bois et Thomas Tiffin un riche marchand de Montréal associé de James Skelly a légué $5.000 pour la construction d’une nouvelle église.
De 1881 à 1885 un citoyen de Rawdon signant B. a publié des articles comme correspondant du daily Witness commentant la vie du village de Rawdon et ses alentours. Ça s’appelait Rawdon News et on y trouve beaucoup de détails sur la vie d’un petit village de cette époque. Les premières publications de 1881 ne sont pas signées mais il semble presque évident que le rédacteur de ces chroniques était William Burns.
Il commente l’actualité politique et la température; le courrier de la malle de Joliette avait fait son premier voyage en sleigh même si la neige n’était pas encore très épaisse. Les hommes et les chevaux montaient vers les chantiers de bois.
Mr. John Lane avait perdu une jument qui s’était cassée une patte et qu’il a fallu abattre. Les catholiques romains se préparaient à construire une nouvelle église de $10.000. Mr. W. Burns projetait faire un voyage aux États-Unis pour trouver des investisseurs pour développer une carrière de marbre récemment découverte à 16 miles au nord de Rawdon.
Les limites de la paroisse Saint-Patrice du diocèse catholique romain de Montréal ont été modifiées par décret; elle était bordée par le canton de Chertsey, les paroisses de Saint-Alphonse de Liguori, Ste-Julienne, Saint Calixte, Saint-Ambroise de Kildare, du Bienheureux Alphonse de Rodriguez.
Firmin Dugas a été réélu au parlement fédéral en 1882 contre M. Magnan; presque tous les électeurs de Rawdon ont voté Dugas alors que presque tous ceux de Ste-Julienne ont voté Magnan.
Pour l’été 1882 Wm. Burns a annoncé un Summer resort plutôt qu’une maison de chambres: pure air, pure water, picturesque scenery, good boating and fishing, magnificent croquet lawn, etc. On peut dire que c’est le précurseur de l’industrie touristique à Rawdon.
Il y avait aussi une école modèle protestante dans le village de Rawdon qui recherchait des professeurs diplomés avec de bonnes références.
Le 5 février 1881 les Rawdon news rapportent l’incendie des moulins à laine et à scie de Charles Magnan sur la rivière Lacquereau à un demi mile du village (situés au niveau du barrage du lac Pontbriand actuel).
L’aqueduc de St-Jacques était en construction et l’eau était captée sur le côté ouest de la rivière du Lac Ouareau en arrière de la ferme de M. Hamilton dans la fameuse côte de sable du chemin de Rawdon.
Le chroniqueur des Rawdon news publiait régulièrement dans le daily news et je ne peux pas reproduire toutes ses chroniques. Dans celle-ci il rapporte le débat au conseil municipal pour l’octroi de licences de débit de boisson.
La maison de Mr. et Mrs. John Wilson, un vieux couple, a brûlé mais leur Bible a été sauvée. L’église presbytérienne était fermée depuis octobre car il n’y avait plus de ministre pour la diriger.
Michael Skelly construisait un mur en style ancien autour de l’hôtel de ville! La mention du Summer Resort House semble confirmer que le signataire B. des Rawdon news est bien William Burns. Il était prêt à recevoir les touristes à partir du 20 juin.
Michael Skelly président des syndics pour la construction de l’église catholique a publié une demande de soumissions en juillet 1883.
William Burns était un irlandais presbytérien, je crois, et il s’inquiétait de la dégradation de l’église de la congrégation. Elle avait été construite 50 ans auparavant et elle avait été abandonnée pendant 30 ans mais quelques années auparavant les membres restant de l’église l’avaient retapé et avaient demandé un missionnaire. Pendant 3 ans des étudiants du collège de Montréal étaient venus assurer le service mais depuis octobre 1882 l’église était de nouveau abandonnée.
L’Église connut son lot de difficultés. Ainsi, vers 1880, elle dut cesser ses activités religieuses, faute de fidèles. Quelques années plus tard, une secte religieuse fondée en Angleterre vers 1830, les Plymouth, prit la relève. Comme la précédente, elle connut elle aussi des difficultés d’organisation et s’éteignit d’elle-même vers 1900. En 1916, retour de l’Église presbytérienne qui rouvrit ses portes au même endroit grâce aux bons offices du révérend Robert E. Welsh. Huit ans plus tard toutefois, soit en 1924, l’Église presbytérienne s’éteignit définitivement lorsqu’elle fusionna avec deux autres Églises pour former l’ Église unie du Canada.
Histoire de Rawdon
Le chroniqueur des Rawdon news rapportait en octobre 1883 un accident arrivé à John Burns fils de William Burns, un homme très respectable de cette ville, en transportant les pierres d’un monument funéraire pour son père au cimetière méthodiste de Rawdon. Il s’agirait d’une autre famille Burns puisque ce William était décédé. On apprend que les moulins à scie et à farine de Dugas & Copping étaient abandonnés depuis que la rivière avait emporté la chaussée en amont du pont sur la rivière Rouge.
Le puits du maire Michael Skelly avait été empoisonné et il semble bien que l’harmonie ne régnait pas dans le village.
Trouble in Rawdon: des maisons ont été cambriolées, des portails emportés, des moissons encore vertes rasées et des piles de bois incendiées, etc, etc. Il y avait des tensions entre les payeurs de taxes et les autorités scolaires.
Jeddiah Hubbell Dorwin est décédé à Montréal à 92 ans. Il était arrivé à Montréal en 1815. Vers 1840 il s’était associé à Peter McGill dans le commerce de bois à Rawdon jusqu’à l’incendie de ses moulins. Il était le plus vieux franc-maçon du Canada initié en 1819 et actif jusqu’à son décès.
George Dorwin son fils est décédé peu après à 65 ans après une longue et douloureuse maladie.
Beaucoup de familles protestantes de Rawdon étaient parties s’installer ailleurs et leur place était toujours prises par des catholiques romains qui prenaient possession du territoire. Il y avait malgré tout de nombreuses maisons inoccupées puisque les catholiques aussi immigraient ailleurs à cette époque. Le chroniqueur était un fervent militant du mouvement de tempérance.
Le juge de paix Skelly de Rawdon, entre autres, avait été arrêté pour émeute à l’ocasion d’un charivari; il devra aller s’asseoir sur le banc des accusés.
Le journal de Joliette L’étoile du nord a été fondé en 1884 et ses premières parutions étaient bilingues. Les Rawdon news y ont été publiées une seule fois le 6 septembre 1884.
Décès de Patrick Burns 81 ans natif du comté de Carlow en Irlande situé au sud-ouest de Dublin.
Les volontaires de Rawdon en 1837 devaient être assez âgés en 1885 mais ils demandaient une pension pour leurs services. The loyal Rawdon volunteers avaient envoyé 500 hommes défendre leur pays alors qu’il était en danger.
Rawdon’s attractions: le train quitte Montréal à 5.15 p.m. et la malle de Rawdon quitte Joliette le lendemain matin pour arriver à Rawdon à 10.30; le meilleur hotel de Joliette est l’hotel Chevalier. Des messieurs des États sont installés chez Burns pour la pêche à la truite…
La publication des Rawdon news du 8 décembre 1885 est la dernière dans le daily news. Il donne des nouvelles de la campagne de tempérance, de la diphtérie et du décès de Samuel Scroggie.
La colonisation: depuis le début de la semaine plus de 100 colons sont passés par Montréal pour aller s’établir au Nipissing, au Témiscamingue et dans le nord-ouest. Le curé Labelle et les autorités religieuses essayaient de rapatrier ceux qui étaient partis aux États-Unis. 30 familles catholiques irlandaises de Rawdon installées au Vermont devaient revenir pour s’installer à North Bay sous la direction de Edward Green.
Le 26 juin 1886 un avis était publié par Taylor Lindsay & Co. contre les biens meubles et immeubles de William Burns hôtelier et marchand en général à Rawdon.
Cet annonce publiée pour recruter des professeurs pour les écoles protestantes dissidentes de Rawdon mentionne que Wm. Burns était le secrétaire-trésorier et qu’il fallait s’adresser au Temperance Hotel de Rawdon.
Les Rawdon news ont encore été publiées une fois dans un autre journal. Les limites de coupes de bois de L’Assomption lumber company en faillite avaient été rachetées par des investisseurs de Montréal menés par Mr. A. MacLaurin. Ils devaient remettre en marche les moulins à vapeur de Charlemagne et le moulin à scie du village Montcalm.
J’ai relevé plusieurs mentions de noyades à Rawdon dans les rivières Ouareau et Rouge. En 1887 Cameron et Smith se sont noyés près du pont Dorwin.
La nouvelle église catholique de Rawdon avait été construite et en juin 1887 la bénédiction des cloches a été célébrée en grand; plusieurs protestants avaient offert leur obole.
Les feux de forêt ont fait rage autour de Rawdon pendant l’été 1887. Le tourisme prenait son essor, la pêche et la chasse étaient miraculeuses. Benjamin Dupuis de Ste-Julienne avait fait miner un cap sur un de ses lots pour chercher du fer et de l’argent.
Thomas Blair poursuivait Thomas H. Kite pour un lopin de terre du 4ème rang borné par les terres d’Archibald Burns bâti de 2 maisons, une étable et un moulin à scie.
En 1888 les juges de paix de Rawdon étaient Samuel Eli Copping, John H. Daly, Patrick Nulty, Thomas Copping, Archibald D. Burns, George Sharp, John Parkinson et Octave Désilets.
Firmin Dugas décédé était le fils de Philemon Dugas qui a été un des premiers à s’installer dans le canton de Rawdon où il avait construit des moulins sur la rivière Rouge. Firmin avait été élu député de nombreuses fois et il avait été un industriel faisant le commerce du bois.
1890-1900
En 1890 le moulin à scie et le moulin à farine d’Edward Mason situés sur le 5ème rang à ½ mile du village ont été mis en vente avec 200 acres de terre; s’adresser à James Mason junior.
James Mason semble avoir changé d’idée ou n’avoir pas trouvé d’acheteur; il a fait réparer le moulin à farine pendant l’été.
Le musée McCord a une collection de photos anciennes de Rawdon très intéressante. Celles-ci de l’église catholique et du couvent des soeurs de Ste-Ane semblent être les plus anciennes prises à Rawdon
Le long récit suivant a été écrit par Nelly Frances Burns la fille de William née en 1876 selon Daniel Parkinson historien de Rawdon. Elle était donc très jeune, 15 ans environ, ce qui est étonnant pour un récit aussi documenté.
Elle raconte des souvenirs de ses grands-parents arrivés avant 1827 à Rawdon; son grand-père était décédé en 1884 et on peut supposer qu’il ‘agit de Patrick Burns décédé à cette date. Arrivés en automne à pieds depuis Montréal ils avaient trouvé une ferme sur le 3ème rang entre les rivières Rouge et Blanche. 2 bandes d’indiens semblant ne pas s’accorder avaient établi leurs campements près de chez eux et les contacts avec eux étaient fréquents.
À l’automne de la 2ème année alors que les parents avaient dû s’absenter le plus jeune des 3 enfants âgé de 2 ans avait disparu. Avec l’aide d’une squaw la mère avait fini par retrouver son bébé dans un des wigwams. Ces souvenirs viennent certainement d’une histoire vraie mais ils ont dû être romancés à force d’être racontés à la veillée.
La seconde histoire est aussi très intéressante. En 1838 pendant la Papineau’s war Patrick Burns avait fait partie des Rawdon Volunteers et un jour en rentrant chez lui seul dans la nuit avec son mousquet et son couteau il avait été assailli par 4 ou 5 rebelles qui voulaient le tuer. Par miracle il avait réussi à sortir son couteau et à mettre les assaillants en déroute pour sauver sa peau. La troisième histoire est le récit d’une lutte contre un ours venu dévorer ses moutons.
Les récits des journalistes étaient de plus en plus précis car leurs lecteurs voulaient connaître les terres de colonisation et la vie de leurs habitants. En 1891 le Dominion Illustrated a publié un long reportage en 4 parties illustré de belles gravures intitulé To the lumber regions: 4 avril (page 322) – 11 avril (page 342) – 18 avril (page 361) – 25 avril (page 401)
Les journalistes avaient été invités par A. MacLaurin gérant de la compagnie Charlemagne and Lake Ouareau Lumber à visiter ses chantiers de bois du lac Ouareau. Un dessinateur, E. Habener, les accompagnait et ses dessins sont de précieux documents d’archives. Le moulin à scie du village Montcalm n’a jamais été photographié c’est donc la seule représentation qu’on en ait je crois. À Rawdon le groupe avait couché à l’hotel Burns et le lendemain il avait été escalader les chutes Dorwin gelées. Je ne peux pas reproduire toutes les gravures qui sont toutes très intéressantes et j’invite le lecteur à les consulter avec les liens que j’ai donnés.
M.J.B. Laporte ferblantier – couvreur a publié cette annonce pendant plusieurs mois alors que les publicités étaient encore rares; c’est le seul commerçant de Rawdon à s’annoncer à cette époque.
Ce reportage sur un voyage de chasse et pêche à Rawdon n’est pas très original mais il montre l’intérêt croissant des journalistes pour de nouvelles activités récréatives destinées aux gens fortunés de la ville.
Rawdon a présenté des sapins de Noël du monde pendant les fêtes 2024-2025; en 1892 il y en avait déjà 2 présentés par l’église anglaise et l’église méthodiste à l’hotel de ville. La maison du capitaine Thomas Copping avait malheureusement brûlé.
Les Rawdon news avaient cessé de paraître mais il semble que le même chroniqueur ait repris la plume en 1892. Il parle de la construction du train espérée, il prévient les touristes que grâce à la loi de prohibition il n’y a pas de débit de boisson dans le village et vante l’école modèle dirigée par Mr. Charles W. Ford.
William H. Holliday qui annonçait dans les journaux son auberge a publié cette lettre dans le daily witness pour réclamer la construction d’une ligne de train pour desservir Rawdon.
La ligne de train entre Rawdon et L’Épiphanie n’a été ouverte qu’en 1910, en attendant le gouvernement avait octroyé la somme de $1.100 pour ouvrir un chemin dans le haut du chemin du 4ème au 9ème rang pour communiquer avec le dépôt du chemin de fer de L’Épiphanie; Ambrose Rowan a été chargé des travaux.
Les journaux de Joliette, la Gazette de Joliette et L’étoile du nord ne s’occupaient pas beaucoup de Rawdon jusque là, ils vont commencer à donner plus de nouvelles des villages environnants. En 1894 cet article donne le programme d’une fête d’Halloween à Rawdon.
Frédéric Alexandre Baillargé a été nommé curé de Rawdon en 1893 et c’est un personnage intéressant à qui j’ai consacré une chronique. En 1895 il publiait le journal Le couvent à l’usage des jeunes filles à Rawdon. Pourquoi les demoiselles ont-elles le travail en horreur ? Le journal La patrie aimait bien se moquer de ses publications.
John Lane avait invité les membres de la société d’agriculture pour le comté de Montcalm à un banquet bien apprécié qui a duré toute la nuit avec de la danse, de la musique et du chant.
1896 les moulins à sie et à farine de M. James C. Mason ont été détruits par le feu.
Double noyade à Rawdon de Mr. Willie Smith et Miss Mary Smith sa cousine; ils étaient fiancés. Le frère de Mr. Smith et Mr. Cameron s’étaient noyés au même endroit en 1886.
Les directeurs de la compagnie du chemin de fer électrique de Chateauguay-nord étaient venus à St-Jacques pour promouvoir un autre projet de train.
En 1897 la boucherie de Rawdon perpétrée par Tom Nulty va donner lieu à de très nombreux articles de journaux. Ceux publiés par le journal La presse sont les mieux illustrés.
Lire: Le procès de Tom Nulty
Le 12 novembre à Joliette un encart avait été placardé et publié en première page de la Presse pour appeler les citoyens à venir lyncher Tom Nulty: le meurtrier, en raison de sa nationnalité, pouvait compter sur la protection de personnages haut placés…
En fait le curé Baillargé a été un des seuls à prendre la défense de Tom Nulty. Dans l’édition du 13 novembre de La Presse de belles illustrations des bâtiments du village de Rawdon ont été publiées: le couvent des soeurs de Ste-Anne, l’école catholique, l’hotel de ville, l’église et le presbytère avec le portrait du maire Peter Skelly et celui du curé.
Pendant plusieurs années les journaux vont reparler des crimes de Tom Nulty à chaque nouveau crime sordide en le donnant en exemple.
En 1898 la congrégation méthodiste de Rawdon sous la conduite du Rév. W. L. Keough a fait construire une église en brique de 45 pieds par 28 avec une tour dans le coin sud-est.
1900-1910
L’industrie du bois s’était transformée et dans les années 1900 le bois de pulpe pour la fabrication du papier a été en demande. Le bois de pin avait été surexploité mais il restait beaucoup d’autres essences de bois dans les forêts à couper. Plusieurs projets de manufactures ont vu le jour à Rawdon, le village possédait des pouvoirs d’eau attractifs pour les industriels. La partie sud-ouest du village était en train d’être divisée pour être bâtie.
Le journal L’étoile du nord donnait alors régulièrement des nouvelles de Rawdon alors que les journaux anglophone ne publiaient plus que des avis de mariages et décès. Ce journal très catholique était fier de rapporter la conversion de Betsie McEwen de religion protestante au catholicisme. La fête de St-Patrice commençait à être célébrée et une statue du saint allait être installée dans l’église.
Enfin à Rawdon: un tramway pour Rawdon, Chertsey et St-Donat ! La Cie Ross, Barry & McRay faisait exécuter des travaux près de la célèbre chute Darwin…
Les journaux ont commencé à nommer la chute Darwin et les photographies qu’on en trouve à la BANQ sont toutes identifiées ainsi. La confusion s’est officialisée et a persisté jusqu’à aujourd’hui.
J.B. Rolland grand manufacturier de papier de St-Jérôme a fait une visite à Rawdon pour étudier la possibilité d’y construire une manufacture de pulpe.
Des rumeurs vont à dire que la chute Darwin a été vendue à la Belt Line Co et que cette compagnie va pousser les travaux de construction d’une ligne de tramway de Montréal à Rawdon. Les rumeurs étaient nombreuses et pas toujours fondées.
La solennité de la St-Patrice a de nouveau été célébrée en 1901. Ce n’était pas encore la fête des irlandais puisque dans la liste des artistes de distinction les noms sont plutôt francophones.
L’exposition de produits agricoles et industriels tenue par la Société d’agriculture du comté de Montcalm a été tenue à Rawdon en 1901. La liste des prix qui ont été remis donne une bonne idée de la production agricole à cette époque alors que l’agriculture était la principale industrie.
La grande et belle rue Quinn (sic) devait être prolongée jusqu’à l’intersection du chemin public menant au moulin Magnan dont la superbe chute devait être bientôt achetée par une puissante compagnie pour y construire une pulperie. M. E. Morin faisait bâtir un superbe magasin; pas moins d’une douzaine de constructions en moins d’une année. Vive le progrès !
Des agents de puissantes compagnies sont à étudier le projet d’établir un immense réseau de lumière électrique partant des superbes pouvoirs hydrauliques de Rawdon… On a découvert à Ste-Julienne une mine de fer très riche et à Rawdon une couche de peinture rouge indien (ocre rouge) d’une épaisseur de 8 pieds; on parle d’exploiter une carrière granitique et de construire un hotel auprès d’une précieuse source d’eau minérale.
Les soeurs de Ste-Anne ont fait une demande de subvention de $8.000 pour agrandir leur couvent où se donnait une éducation supérieure en anglais et en français. On y parlait anglais mais un grand nombre d’élèves d’autres nationalités de Rawdon et même des États-Unis y venaient apprendre le français.
La construction du prolongement de la ligne de train jusqu’à Rawdon a été annoncée de nombreuses fois avant de se réaliser.
La ligne n’allait pas se rendre seulement à Rawdon mais jusqu’à St-Donat dans la Suisse Canadienne et même jusque dans la Mantawaisie. Rawdon était renommé pour ses chutes: Darwin, Magnan, Jones, Mason, 5ème chute, etc, etc.
À vendre une tannerie située à deux milles du village, s’adresser à M. Donat Morin sacristain.
Terre de haute valeur à vendre de 340 acres près de l’église et du village, s’adresser à John Copping.
Les touristes cet été vont être plus nombreux encore que par le passé. Un capitaliste a fait l’acquisition d’un terrain de 20 acres situé près du couvent et de l’église qu’il va diviser en lots à bâtir. La construction de la voie ferrée se fera bientôt et la construction du nouveau couvent est sur le point de débuter. Il est aussi question de construire un aqueduc.
La première pierre du couvent a été posée lors d’une cérémonie en octobre 1902, en novembre la construction avançait rapidement. Des transactions immobilières importantes étaient rapportées par le journal. Patrice Beauséjour a acheté la magnifique propriété de Atchez Burns située dans le rang Kildare près de l’école catholique pour $5.500; M. O. Breault a payé $2.800 pour la terre Johnny Booth dans le 2ème rang et Cyrille Breault $4.000 pour la propriété de Thaddée Bordeleau dans le rang de Kildare. Ce sont de belles terres agricoles dans la plaine.
Le nouveau couvent des soeurs de Ste-Anne a été béni le 11 juin 1903. Une photo de la BANQ datée de 1903-1910 montre le bâtiment.
Grandes courses pour trotteurs et ambleurs sur le parc Daly à Rawdon. Ce serait intéressant de savoir où se trouvait ce parc.
M. Edouard Rowan maître de poste et le Dr. J.M. Aumont de St-Esprit ont acheté les chutes Jones pour y installer un moulin à pulpe; ils ont aussi acheté des terres à bois dans le haut de Rawdon.
Pendant l’été 1904 un grand nombre d’étrangers sont venus passer la belle saison. Le nouveau moulin à scie de M. Henry Howe employait une quinzaine d’hommes, les propriétaires de scieries faisaient des affaires d’or. Une grande quantité de bois a été achetée pour construire une académie anglaise catholique, une tombola devait aider son financement avec comme gros lot un terrain à bâtir.
Un reportage sur les pouvoirs hydrauliques de Rawdon a été publié par l’Album universel en 1905 avec plusieurs illustrations.
Le lac Ouero alimentait de puissants pouvoirs hydrauliques et il y avait à Rawdon beaucoup de bois de pulpe et de construction; on attendait avec impatience la construction de la nouvelle voie pour laquelle la compagnie Châteauguay Nord avait reçu un subside de $50.000.
The Standard a publié une photographie des chutes Darwin en 1906. Les journaux anglais l’avaient aussi rebaptisée Darwin,
La découverte d’or par le Dr. E.A. Allan de San Francisco avait causé un peu d’émoi. Une compagnie de New York devait commencer des travaux d’exploitation. 51 maisons avaient été construites dans le village depuis 4 ans.
Si le Grand Nord ne construisait pas sa ligne depuis St-Jacques la nouvelle compagnie à bois de Rawdon projetait de construire un embranchement vers la ligne du Canadien Pacifique en reprenant le tracé du premier train vers Joliette. Le journal dit qu’il avait été construit par Barthélémy Joliette ce qui est faux.
Les journaux anglophones ne donnaient plus beaucoup de nouvelles de Rawdon, cet article de 1906 est exceptionnel. Il est titré Rebelion recalled et c’est le récit d’un visiteur de St-Louis Missouri, William Bagnall. Son grand-père Robert Bagnall avait été major de la milice de Rawdon et son père capitaine pendant la rébellion de Papineau en 1837-1838. Ils avaient marché à la tête de 70 hommes de Rawdon à Montréal pour défendre le pays avec seulement des épées pour aller chercher des fusils; leur colonel était Thomas Griffith. La ferme de son père était maintenant occupée par Mr. P. Markey; son père avait été propriétaire des moulins Archambault (Magnan) qui appartenaient alors à un syndicat américain.
Rawdon notes – Les méthodistes ont vendu leur vieux presbytère à Mr. Lewis Crow et ils ont préparé des plans pour en construire un nouveau. La compagnie du nouveau moulin à scie endossé par un capital de $100.000 avait jeté à terre le vieux moulin Manual (Magnan?) et se préparait à construire le nouveau, encouragée par les promesses de l’arrivée du train bientôt.
En décembre 1906 The Rawdon Lumber Company Limited a reçu ses lettres patentes pour l’exploitation et le commerce du bois: président Théodore Bélanger, vice-président Louis Eugène Simard, secrétaire-trésorier Amédée Bélanger.
En 1906 le sous-ministre des Terres et Forêts a mis en vente des limites de coupes de bois dans le 11ème rang de Rawdon et les 5 premiers de Chertsey, 13½ milles carrés.
Les accidents de travail étaient fréquents, Edmond Dulong employé au nouveau moulin à scie de MM. Bélanger est décédé.
Le village cherchait à s’ériger en municipalité de village pour y construire un aqueduc et fournir la lumière électrique; 23 nouvelles maisons avaient été construites depuis le printemps. La Cie Copping de Joliette avait installé des boîtes téléphoniques. Un moulin très considérable avait été construit sur la chute Magnan par The Rawdon Lumber Company au coût de $60.000 et il donnait de l’ouvrage à 60 chefs de famille. Les moulins de Howe, de Pearson, de Barry et The Laurentian Lumber Co participaient au progrès général. Mais la ligne de train n’était toujours pas construite.
En septembre la nouvelle du commencement des travaux de construction du chemin de fer de Saint-Jacques à Rawdon par la compagnie du C.N.R. a de nouveau été publiée.
Le journal La presse a publié un article illustré qui a été mal numérisé par la BANQ à l’occasion du prolongement de la ligne de train jusqu’à St-Jacques. Les avantages des pouvoirs d’eau de Rawdon y sont encore mis en avant.
The Rawdon Lumber Co. n’a pas pu attendre que le train se construise et en novembre 1908 ses actifs étaient mis en vente après une brève existence.
Cet avis de taxes impayées montre qu’elle possédait, entre autres, 100 acres de terre dans le 5ème rang de Rawdon, lot 44.
Le printemps suivant Robert Reford et Donald-William Ross de Montréal ont acheté le lit de la rivière du lac Ouareau entre les lots 16A et 16B du rang 5 et les lots 15, 16, 17 et 18 du rang 4 y compris les 2 chutes de Darwin et de Manchester, les rapides ainsi que les îlots et les rochers appartenant encore à la Couronne, une superficie de 70 acres environ et 4.700 chevaux de force utilisable pour $1.500.
Reford avait beaucoup d’autres investissements. En 1885, lui-même et ses associés dans la rizerie [usine de traitement du riz] acquirent des concessions forestières et des scieries sur la rivière L’Assomption dans la province de Québec pour 30 000 $ et investirent 100 000 $ en machinerie, barrages, minoteries et travaux de maçonnerie. Reford était président de l’entreprise, appelée Charlemagne and Lac Ouareau Lumber Company.
Robert Wilson Reford
Le moulin de M. Pearson a été détruit de fond en comble par un incendie; à cause de la tempête on a craint pour le village. M. le curé a sorti le Saint-Sacrement et les menaces cessèrent.
Finalement en septembre 1910 avait lieu la première excursion depuis Montréal jusqu’à Rawdon par la nouvelle ligne de chemin de fer du C.N.Q.
Photos anciennes de Rawdon
On trouve aussi quelques belles photos anciennes de Rawdon sur le site QAHN: Réseau du patrimoine anglophone du Québec.
En 2011 pour le centenaire de la ligne de train le magazine Canadian rail a publié un long reportage avec quelques photos anciennes. La gare de Rawdon était située juste après le pont traversant la rivière Ouareau au bout de la rue Metcalfe en amont de la chute de Manchester.
Dans la plaine une ligne montait vers Rawdon à partir d’un embranchement à Rawdon junction. Pour venir de Montréal il fallait passer par Montfort junction à côté de St-Jérôme selon le magazine.
Les 2 photos suivantes sont identifiées comme The Rawdon turntable mais on trouve la même photo sur le site de la ville de Wentworth-nord. Il semble bien qu’il y ait confusion dans l’article du magazine puisque le village de Montfort ne se trouve pas au sud de St-Jérôme mais au nord et sa ligne de train n’a rien à voir avec celle de Rawdon. Un exemple parfait de fake news.
Vous êtes près de l’ancienne gare du hameau de Montfort. Le nom de ce parc rappelle le mécanisme utilisé pour changer l’orientation de la locomotive de tête et lui permettre de faire demi-tour. Selon un résident de Montfort, témoin de la manœuvre, la plaque effectuait sa rotation grâce à un moteur à air comprimé actionné par la vapeur de la locomotive.
Hameau de Montfort
Le journal L’action populaire de Joliette était publié par l’évêché. L’historique de Rawdon qu’elle a publié en 1924 raconte l’histoire de ses curés et de leurs paroissiens catholiques. On ne pourrait pas imaginer qu’il y avait aussi eu une communauté protestante à Rwdon en lisant ce récit.
Tu fais un très beau travail Guillaume, merci.