Le village de Sainte-Julienne de Rawdon a été créé sur les lots 5 et 6 du 1er rang du township de Rawdon sur la rivière Saint-Esprit où des moulins ont été construits avant 1827. Le lot 5 avait été réservé pour l’usage du Clergé anglican lors de la création du canton de Rawdon et le lot 6 attribué à deux spéculateurs; l’histoire de la fondation d’un village sur ces deux lots est donc plutôt particulière.
Lors du premier arpentage du township de Rawdon en 1795 la propriété des lots des 2 premiers rangs dans la partie ouest où le village de Ste-Julienne allait bientôt se bâtir n’avait pas encore été attribuée.
Le 16 janvier 1802 Ralph Henry Bruyeres et George Selby ont déposé une demande pour réclamer l’octroi de 4.200 acres dans le canton de Rawdon. Le lieutenant-gouverneur Robert Milnes a transmis leur demande au bureau du Surveyor General le 17 février 1804. Joseph Bouchette est venu arpenter tous les lots du canton et il a réservé à Ralph Henry Bruyeres et George Selby les lots 1, 3, 4, 6, 7, 8, 10 et 11 du 1er rang et les lots 1, 2, 4, 5, 6, 8 et 9 du 2ème rang, soit 15 lots contenant 3.000 acres. Il avait réservé le lot 5 du 1er rang et le lot 3 du 2ème rang pour le clergé anglican et les lots 2 et 9 du 1er rang et le lot 7 du 2ème rang pour la Couronne.
Mais les lots attribués à cette époque n’ont pas été colonisés par leurs propriétaires, il ne s’agissait que de spéculation immobilière par des amis du Gouvernement dans des territoires à développer. Comme nous allons le découvrir les premiers colons à s’installer sur ces lots n’avaient pas de titres de propriétés, ils s’y sont installés et ont construit des maisons et des moulins en espérant régulariser leur situation plus tard quand ce serait possible.
Les moulins de la rivière Saint-Esprit
Les plus anciens actes notariés ne localisent pas précisément les moulins lors des transactions immobilières puisque le territoire était mal connu des autorités. Il y a eu de nombreux moulins construits sur la rivière du Saint-Esprit, les premiers ont été construits en aval vers le confluent avec la rivière de l’Assomption dans les seigneuries.
Le premier acte notarié décrivant un moulin sur la rivière du St-Esprit date du 16 avril 1781: Bail d’un moulin à scie situé sur la rivière Saint-Esprit, seigneurie de Bailleul par Alexis Desauniers fils, propriétaire, et Ambroise Marais, habitant, de Saint-Pierre-du-Portage-sur-L’Assomption. Délaissement, le 24 février 1785 (Greffe du notaire Louis-Léonard Aumasson de Courville, no-688).
Le 5 mars 1810 Jacques Gosselin a conclu un marché avec Louis Dufraine de St-Paul pour qu’il fasse marcher le moulin que le sieur Gosselin tenait de monsieur Martigny à titre de loyer, ledit moulin sis au grand Saint-Esprit…
Le 23 novembre 1824 un marché de bois a été conclu pour être livré au moulin à scie de Nicolas Dufresne; un second marché du 25 novembre précise que le moulin se trouvait au St-Esprit. Le 18 janvier 1827 Louis Dufrêne cultivateur à L’Assomption et Thérèse Devos dite Jolicoeur son épouse ont fait donation à leur fils Joseph Dufrêne de plusieurs terrains dont un situé sur la rivière St-Esprit tenant au 2ème rang sur lequel était construit un moulin à scie avec une grande roue de 6 pieds sur des îlets de la rivière St-Esprit; la donation a été annulée par un avenant du 9 janvier 1829. Le 30 janvier 1827 Joseph Dufrêne a conclu un important marché de bois avec Louis Partenais de Montréal pour rembourser une dette liée à cette donation.
En 1824 Joseph Bouchette a fait l’arpentage du canton de Rawdon pour le gouvernement. Dans son rapport il a noté que le seigneur de l’Assomption avait empiété sur le canton de Rawdon et concédé des terres sur les lots appartenant à la couronne, au clergé anglican et aux Bruyères.
Louis Dufrêne fils meunier du township de Rawdon
En 1831 Louis Dufrêne fils est décrit comme meunier à Rawdon et propriétaire d’un moulin à scie. Le 5 novembre 1831 Eustache Martel Vienne a résilié le bail conclu avec Louis Dufrêne fils maître-meunier résidant au township de Rawdon.
Le 10 novembre Louis Dufrêne a vendu à Joseph Riopelle scieur une terre avec un moulin à scie situé sur le ruisseau de la Fourche du St-Esprit dont le vendeur n’était propriétaire qu’à moitié. Le 21 février 1832 Joseph Riopelle a vendu à son frère Pierre scieur une terre avec une moitié de ce moulin à scie. Le 21 août 1834 Louis Dufresne meunier de Rawdon a engagé Ovide Peltier menuisier de Dailleboult et Joseph Peltier menuisier de St-Paul pour travailler au moulin à farine qu’il bâtit dans le township de Rawdon.
Un acte notarié de 1835 transcrit par le paléographe Jules Guérard décrit précisément un terrain acheté par Louis Dufresne dans le même secteur. Bien sûr on se demande selon quel titre de propriété ces terrains pouvaient être vendus, le lot 5 appartenant au Clergé anglican et le 6 à Bruyères et Selby.
5 janvier 1835 – Vente d’un lopin de terre; par Antoine Bénard dit Bonenfant, cultivateur, demeurant paroisse du Grand Saint-Esprit, à Louis Dufresne, meunier, demeurant au township de Rawdon (Greffe du notaire Joseph Dufresne, no-197).
Louis Dufresne, meunier demeurant au township de Rawdon, present et acceptant acquéreur pour lui ses hoirs et ayant cause, à l’avenir c est à savoir, un lopin de terre situé en la dite paroisse du Grand Saint-Esprit, dans le township de Rawdon, renfermé dans les limites qui suivent, tenant devant et d’un côté à la riviére du Grand Saint-Esprit de l’autre bout au dit vendeur et de l’autre côté à Narcisse Madry dit Duquette, étant cette pointe de terre à partir d’une barrière qui est près de la maison dudit vendeur et allant en ligne droite à un piquet que les parties ont ci devant planté sur le bord de la dite riviére, avec le droit et privilêge exclusif de batir toute espèce de moulin ou manufacture sur ce terrain, barrer la dite riviére à son besoin, faire chaussé…
Transcription Jules Guérard
Le 2 octobre 1839 Louis Dufresne fils meunier de Rawdon a conclu un marché avec Benjamin Beaupré marchand de L’Assomption car il était incapable de rembourser ses dettes; il a offert de céder le tiers des moûtures de son moulin pour chaque espèce de grain jusqu’à ce qu’il ait remboursé. Les moûtures devaient être livrées à Antoine Benard dit Bonenfant son voisin.
Un autre acte notarié datant de 1839 localise plus précisément un moulin à farine sur le lot 5 du 1er rang.
31 décembre 1839 – Vente par Charles Laporte et Sophie Bouin dite Dufresne de St-Esprit à Félix Bourgeois meunier et Marie Godet de St-Grégoire de Rawdon d’un terrain situé sur le lot 5 du 1er rang de Rawdon connu sous le nom de Terrain du Roy de 10 arpents sur 5 sans aucun titre tenant à Antoine Benard dit Bonenfant, Louis Racet, Narcisse Madri dit Duquette et Narcisse Payet dit St-Amour avec un moulin à farine érigé acquis de Nicolas Bouin dit Dufresne le 16 septembre 1835; vendu pour 4.000 livres.
12 avril 1841 – Vente par Félix Bourgeois maître-meunier de Rawdon à Joseph Dufresne notaire de St-Jacques d’un terrain situé dans le 1er rang de Rawdon tenant à la rivière St-Esprit, Louis Dufresne, les représentants de feu Jean-Baptiste Etu sans bâtiment acquis de Pierre Moreau dit Desrosiers pour 120 livres. Le 12 mai 1842 Joseph Beauchamp et Thomas McCarthy de Rawdon se sont donné une quittance réciproque. Le contrat précise que des billots ont été livrés au moulin à scie de feu Joseph Brisson sur la rivière Saint-Esprit.
27 mai 1842 – Cession par Joseph Madry dit Duquette cultivateur de Rawdon à Joseph Dufresne notaire à St-Jacques du droit et privilège pour lui et le public en général de communiquer à ses moulins en passant sur la terre de J. Madry pour 12 livres. Le 29 juillet 1842 Joseph Dufresne a conclu un bail avec Joseph Riopelle pour un moulin à farine sur la rivière Saint-Esprit situé sur le lot 5 du 1er rang de Rawdon, soit dans le village de Ste-Julienne.
7 novembre 1842 – Quittance par Louis Dufresne meunier de Rawdon et Marguerite Varin dite Lapistole à Joseph Edouard Beaupré pour la vente du 4 avril 1842 devant le notaire Prévost (greffe non numérisé); il s’agit du contrat de vente de son moulin.
Le 23 février 1843 Louis Dufresne meunier de Rawdon a fait une offre à Louis Beaudry meunier de la paroisse de St-Esprit pour éviter un procès que L. Beaudry lui aurait intenté. Une 2ème offre faite le même jour a été refusée.
La plupart de ces contrats ont été conclus par des membres de la famille Dufresne ou Dufraine ou Dufrêne ou Bouin dit Dufresne qui a été active dans plusieurs autres moulins de la région.
Les photos des moulins de Ste-Julienne trouvées dans les archives sont beaucoup plus récentes mais elles permettent de se faire une idée des moulins construits à Ste-Julienne depuis cette époque.
23 février 1843 – Acte d’offre portant protestation par Louis Dufresne contre Louis Beaudry qui s’était engagé comme meunier en novembre 1842 et n’a pas respecté son contrat.
10 mai 1843 – Bail d’un moulin à eau par Joseph Edouard Beaupré à Louis Fontaine dit Bienvenu meunier de la paroisse de Rigault acceptant un moulin faisant de la farine de blé et autres grains situé sur la rivière St-Esprit à Rawdon pour 3 ans pour le tiers des profits.
Le lot 5 connu comme le Terrain du Roy
L’acte notarié de 1839 désigne le lot 5 du 1er rang de Rawdon comme étant le Terrain du Roy. Lors d’une transaction faite par J.E. Beaupré en 1845 on verra que ce lot appartenait au clergé anglican et qu’en 1831 le secrétariat des biens du Clergé avait accordé des baux à plusieurs colons qui s’y étaient installés sans titre légal.
9 juillet 1842 – Vente par Alexis Corsin dit Prêt à Boire cultivateur de Rawdon à Pierre Galarneau d’un morceau de terre situé dans le township de Rawdon connu sous le nom de Terrain du Roy tenant par devant au chemin Royal, par derrière au vendeur, d’un côté à Joseph Foisy et de l’autre au vendeur sans bâtiment pour 150 livres. Le 9 juillet Pierre Galarneau a acheté un autre terrain à Jean-Baptiste Etu fils faisant partie du Terrain du Roy tenant par devant au chemin Royal, par derrière à la rivière St-Esprit, d’un côté à Alexis Corsin et Barthélémy Bertrand, de l’autre à Narcisse Madry dit Duquette et Joseph Etu père bâti d’une grange et une écurie et un autre emplacement voisin avec une maison pour 450 livres.
En fait ce ne sont pas les terrains qui étaient vendus mais les travaux de défrichage qui y avaient été accomplis: tous les travaux qu’il y a de faits sur un morceau de terre…
Le 9 juillet William McGarety cultivateur de St-Grégoire de Rawdon a vendu à Jean-Baptiste Etu un morceau de terre situé sur le Terrain du Roy de 10 arpents sur 14 tenant par devant à Antoine Dandurand, par derrière au nommé Duffy, d’un côté à François Chaput et de l’autre aux terres de la Couronne avec maison, grange et autres bâtiments pour 336 livres. Le 28 juillet 1842 Charles Bryère dit Bélaire cultivateur de Rawdon à vendu à Charles Courtemanche un morceau de terre situé sur le Terrain du Roy n’ayant jamais eu de titre de concession de 2 arpents sur 28 tenant par devant à la seigneurie de L’Assomption, par derrière aux terres non concédées, d’un côté à Léon Majeau et de l’autre à diverses personnes bâti de maison, grange et étable pour 900 livres; le lot appartenait aux héritiers Bryère. Est-ce qu’il s’agit des héritiers de Ralph Henry Bruyères à qui des lots avaient été attribués en 1804, c’est bien possible; en 1842 Charles Bryère était un simple cultivateur ne sachant pas signer de son nom.
Le 29 juillet 1842 Joseph Dufresne notaire à St-Jacques a conclu un bail avec Joseph Riopelle pour un terrain situé sur la rivière Saint-Esprit sur la moitié nord-ouest du lot 5 du 1er rang du township de Rawdon, tenant par devant au 2ème rang, en profondeur partie à Joseph Edouard Beaupré, partie à Pierre Brousseau(?) et partie à Joseph Lauguier, d’un côté partie à Antoine Bénard, partie à Narcisse Madry dit Duquet et de l’autre côté au lot 6 avec un moulin à farine, une maison et une écurie. Le prix du bail était les 2 tiers des profits du moulin.
4 octobre 1842 – Vente par Michel Prud’homme cultivateur à Kingstown à Pierre Moreau dit Desrosiers cultivateur à Rawdon d’un terrain de 20 arpents sur la rivère St-Esprit tenant au fief Martel bordé par Joseph Lespérance et Antoine Bénard sans bâtiment pour 108 livres.
1er juillet 1843 – Vente par Pierre Brousseau cultivateur de Rawdon à Louis Dufresne maître-meunier de Rawdon d’une partie du lot 7 du 1er rang de 3 arpents par 4½ tenant au chemin du Roy, à Joseph Dufresne, d’un côté à Joseph Lauguier(?) dit Lespérance et de l’autre à Joseph Edouard Beaupré sans bâtiment pour 200 livres.
31 octobre 1843 – Déclaration et cession par Louis Dufresne en faveur de Joseph Edouard Beaupré pour déclarer que l’acquisition de la terre de Pierre Brousseau a été faite pour le bénéfice de J. E. Beaupré et qu’il avait oublié de le mentionner dans le contrat.
4 novembre 1843 – Rapport d’arbitre entre Mme Selby et divers habitants de Rawdon; les lots des rangs 1 et 2 situés à l’ouest du canton de Rawdon avaient été attrbués en 1804 à Ralph Henry Bruyères et George Selby qui ne les avaient pas occupés. En 1843 Marguerite Baby veuve de William Dunbar Selby qui en avait hérité a réglé par arbitrage ses comptes avec les très nombreux squatters qui s’étaient installés sur ses terres sans titres légaux pour leur donner des titres de propriété authentiques basés sur ceux qu’elle détenait. Charles Payette dit St-Amour avait un moulin à scie édifié sur son terrain:
Elle avait fait signifier à chacun par protet déposé par le notaire L.A. Moreau ses intentions le 4 octobre 1843:
Le recensement de 1831 des lots 5 et 6 du 1er rang de Rawdon
Le recensement du township de Rawdon a été fait par un anglophone qui avait du mal à comprendre les noms des habitants francophones et à les écrire. Il n’y avait pas encore de village à Ste-Julienne mais plusieurs familles de colons demeuraient sur les lots 5 et 6 du 1er rang.
Lot 5 du 1er rang – John B. Gearveuy [Jean-Baptiste Gervais], farming, 5 pers., 1 maison, 25 acres – Antoine Bonnoir(?), farming, 5 pers., 1 maison – Antoine Juno Tulip, farming, 5 pers., 1 maison – Charles Payet, farming, 2 pers., 1 maison – Pierre Payet, farming, 6 pers., 1 maison – Charles Payet, farming, 9 pers., 1 maison – Nurses (Narcisse?) Payet, farming, 4 pers., 1 maison.
Lot 6 du 1er rang – Pierre Darozea (Desrosiers?), farming, 7 pers., 1 maison – Baptiste R. D. Darche(?), farming, 8 pers., 1 maison – Batiste Bellair, labourer, 4 pers., 1 maison – Louis Payet, farming, 5 pers., 1 maison.
Sur le lot 6 du 2ème rang il n’y avait que Jacques Bertrand avec sa famille de 7 personnes, le lot 5 était inhabité.
Les moulins de Joseph Edouard Beaupré
Les actes notariés plus haut montrent qu’en 1842 Joseph Edouard Beaupré avait déjà des terres près du futur village de Ste-Julienne; en 1843 il a acheté le moulin à farine de Joseph Dufresne avec la plus grande partie du lot 5, presque la moitié.
Le 11 février 1843 Joseph Edouard Beaupré a conclu un marché avec Louis, Joseph et Pierre Varin charpentiers et maçons du township de Rawdon et de St-Jacques pour construire un moulin à carder près du moulin à farine de Beaupré selon le devis annexé pour 4.200 livres.
19 septembre 1843 – Vente par Joseph Dufresne notaire de St-Jacques à Joseph Edouard Beaupré marchand de L’Assomption de la plus grande partie du lot 5 du 1er rang de Rawdon de 80 à 90 arpents tenant au 2ème rang, à la rivière du St-Esprit, Antoine Benard dit Bonenfant, l’acquéreur, Narcisse Madry dit Duquette et divers propriétaires au nord-ouest, avec une maison et moulin à eau faisant bled de farine et le droit exclusif de bâtir des manufactures depuis la ligne sud-ouest jusqu’au moulin à scie du nommé Charles-Octave Madry et un chemin. La liste des titres de propriété est énumérée. Vendu pour 666 louis 13 chelins et 4 deniers plus diverses créances à rembourser; une quittance générale a été ajoutée à l’acte par J. Dufresne le 29 janvier 1848.
3 février 1844 – Bail d’un moulin par J. E. Beaupré à Louis Fontaine père et fils meuniers à Rawdon pour 3 ans au mêmes conditions que le bail de 1843.
Le 12 août 1844 Joseph et Pierre Varin entrepreneurs du township de Rawdon ont conclu un marché avec J. E. Beaupré bourgeois du village de L’Assomption pour faire des ouvrages de charpente consistant en la slide de la chaussée du moulin appartenant à J.E. Beaupré à Rawdon avec un quai qui devra garantir les eaux provenant du moulin à carde pour que la débâcle des glaces ne puisse faire aucun dommage à la chaussée ou au moulin. Les entrepreneurs s’engageaient à rétablir le moulin à cardes tel qu’il était avant d’être endommagé. Le marché a été conclu pour la somme de 700 livres. Le 13 août le notaire a été signifier à J. E. Beaupré au nom de J. Varin un transport à lui consenti par Antoine Benard dit Bonenfant de Rawdon; il s’agit sans doute d’une garantie.
Le 8 octobre 1844 Louis Fontaine dit Bienvenu et Louis son fils meuniers du township de Rawdon ont vendu à J. E. Beaupré bourgeois de L’Assomption tous les droits, prétentions, travaux, ouvrages et améliorations faits sur un lot non précisé du 2ème rang de Rawdon où résidait Charles Duquette le ci-devant propriétaire contenant le terrain qui peut se trouver du côté nord et sud de la rivière du St-Esprit appartenant aux vendeurs joignant celui de Louis Racet d’un côté et d’autre côté partie à Baptiste Brien dit Desrochers et partie à François Laugué bâti d’une maison en bois et d’un moulin à scie. Sur le nord de la rivière St-Esprit le terrain tenait à Narcisse Madry dit Duquette, Baptiste Beaudry et Olivier Etu et encore aux terrains de Messieurs McCartie, Baptiste Beaudry et Joseph Beauchamp. Vendu avec le droit et privilège de construire toutes espèces de moulins et manufactures pour 1.200 livres. Ce terrain avait été vendu à Louis Fontaine père et fils par Charles Duquette et son épouse la veille 7 octobre.
Selon le plan plus bas ce moulin à scie se trouvait à la limite nord du lot 5 du 1er rang, ce lot acheté par J.E. Beaupré semble donc être la partie sud du lot 5 du 2ème rang.
Le 17 août 1846 Thomas McCarthy a vendu des billots à Damase Rivest à livrer au moulin à scie d’Édouard Beaupré sur la rivière du Saint-Esprit,
La création de la paroisse Sainte-Julienne de Rawdon
François Lanoue a publié en 1989 un historique de Sainte-Julienne de Montcalm pour le 150ème anniversaire de la fondation de la paroisse en 1849. Le 1er mars 1838 le notaire Louis Dufresne de Rawdon avait établi une liste de 44 familles trop éloignées des églises de St-Jacques, Rawdon ou St-Esprit réclamant une paroisse sur le futur territoire de Ste-Julienne (page 56). J.E. Beaupré aurait écrit à Mgr. Bourget à qui la décision revenait le 8 juin 1844 pour lui faire part de sa volonté de faire don d’un terrain pour y ériger un presbytère/chapelle. Le 16 novembre 1844 le nouveau curé de Rawdon Flavien Amable Cholette a écrit à son évêque qu’il avait célébré une messe à Sainte-Julienne, première mention de ce nom, et que des protestants y avaient assisté (page 57).
À Ste-Julienne, Joseph-Édouard Beaupré, homme d’initiative possède 100 acres de terre, deux moulins à farine sur la rivière Saint-Esprit, une manufacture d’étoffe et un magasin général. Plus tard, rappelons-le, il sera maire, préfet et régistrateur du comté de Montcalm. Souvent bailleur de fonds, son nom apparaît une quarantaine de fois dans les contrats.
F. Lanoue – Page 58
François Lanoue a publié un plan d’arpentage venant des archives de l’évêché de Montréal dessiné par Laurent Dorval en 1843 et montrant l’emplacement du village de Ste-Julienne tel que projeté sur les lots 5 et 6 du 1er rang de Rawdon. Le chemin du Moulin au nord menait au moulin à scie (qui n’est pas marqué) à la limite du 2ème rang.
Le 20 juin 1844 une première assemblée de citoyens de Rawdon a procédé à la nommination de syndics pour la construction d’une église sur le terrain que Joseph Edouard Beaupré était prêt à donner. Narcisse Madry dit Duquet, J. E. Beaupré, Pierre Riopelle, Thomas McArty et James Duffy ont été élus.
Le même jour 20 juin 1844 les habitants de Rawdon ont notarié un acte où ils s’engageaient auprès de leur évêque à soutenir les frais d’un missionnaire et s’engageaient à participer à la construction de l’église en argent ou en nature.
Le 4 mars 1845 une assemblée de la paroisse catholique sous le nom de Paroisse Ste-Julienne dans le township de Rawdon a été convoquée par Monsieur F. Cholette nouveau prêtre curé de Rawdon pour choisir des syndics pour surveiller la construction d’un presbytère; ont été choisis le curé Cholette, Narcisse Madry dit Duquette, Pierre Riopelle, Alexis Corsin dit Prêtaboire, Pierre Galarneau et Thomas McCarty. Fait et passé dans la maison de Thomas Corriveau marchand. Suit la liste de tous les habitants de Ste-Julienne ayant participé à cette première assemblée:
Joseph Edouard Beaupré était prêt à donner 2 arpents de terre pour le site du presbytère, cimetière et autres dépendances.
7 syndics ont aussi été nommés pour surveiller la construction du presbytère: messire Cholette, J. E. Beaupré, Thomas McCarty, Narcisse Madry dit Duquette, Pierre Galarneau, Pierre Riopelle et Alexis Corsin dit Pretaboire. Une souscription a ensuite été ouverte pour réunir des fonds et des matériaux de construction avec une nouvelle liste de noms.
Les habitants ont renouvelé leur souscription en nature (planches, journées de travail ou de corvée, toises de pierres, bardeaux) ou en argent dans une liste de 4 pages:
Un feuillet est inséré dans cet acte notarié très long, une reconnaissance de dette de Louis Coitou dit St-Jean à J. E. Beaupré pour un terrain acquis de Charles Payet dit St-Amour et François Archambault mais il ne semble pas avoir rapport.
La municipalité de Ste-Julienne a fêté en 2023 le 175ème anniversaire de sa fondation mais 1848 est une date très arbitraire, celle où la paroisse a été érigée par un décret canonique de l’évêque Ignace Bourget. Le village de Ste-Julienne est plus ancien que sa paroisse.
On pourrait dire que dès 1830 des colons ont arpenté ce territoire et y ont construit des moulins.
Le portrait ci-dessus n’est pas celui de Joseph Edouard Beaupré mais celui de son père Benjamin Beaupré célèbre marchand de L’Assomption qui n’a rien à voir avec l’histoire de Ste-Julienne. On aurait aussi bien pu utiliser la photo du géant Beaupré cousin de Joseph Edouard.
La régularisation des titres de propriété du lot 5 du 1er rang
Le 17 mars 1845 quelques jours après l’assemblée des syndics de la paroisse Joseph Edouard Beaupré est retourné chez son notaire pour rédiger un acte de substitution et subrogation de droits. François Brisson dit Laroche, Louis Coitou dit St-Jean, Jean-Baptiste Beauchamps, Pierre Desrosiers, Barthélémy Berthrand, Joseph Beauchamps et Antoine Benard dit Bonenfant tous cultivateurs du township de Rawdon et propriétaires de terrains sur le lot 5 du 1er rang de Rawdon ont exibé leurs titres de propriété, les plus anciens datant de 1831 avaient été accordés par J. H. Thomson secrétaire de la corporation pour les réserves du Clergé anglican puisque le lot 5 avait été réservé pour le clergé au moment de l’arpentage du canton.
Mais ce n’étaient que des baux ou billets de location et en substituant et subrogeant leurs titres de propriété à J. E. Beaupré ils le mandataient pour régulariser leurs titres auprès du gouvernement. Dans un deuxième acte du même jour les propriétaires de ces terrains ont conclu un accord et convention avec J. E. Beaupré pour payer leur quote part des frais encourus pour régulariser leur titre et pour que l’acte de substitution soit annulé si J. E. Beaupré ne pouvait pas obtenir de titre légal pour les terrains du lot 5 du 1er rang de Rawdon.
Il a obtenu les titres légaux et retrocédé les terrains à leurs propriétaires en 1846.
Construction du presbytère et donation du terrain
Le 18 juin 1845 les syndics ont conclu un marché avec Joseph Varin entrepreneur de Rawdon pour construire un presbytère sur le terrain appartenant à J. E. Beaupré, un corps de logis de 50 pieds par 36 avec une cave de 25 pieds par 18 de 6½ pieds de profondeur… la maçonne aura 16 et 17 pieds de hauteur, faire la charpente d’un clocher à peu près semblable à celui du collège de L’Assomption. Les syndics devaient fournir les matériaux et 36 journées d’hommes de corvée en commençant le 1er juillet et payer la somme de 2.000 livres à J. Varin comme salaire. Pierre et Laurent Varin de St-Jacques se sont portés garants de J. Varin. Fait et passé dans la maison de Thomas Corriveau marchand.
Le 28 juillet 1845 J. E. Beaupré a rédigé un acte de donation notarié aux syndics de la paroisse Ste-Julienne pour leur céder un terrain de 8 arpents sur le lot 6 du 1er rang pour y construire une église, un presbytère, un cimetière et autres dépendances, étant le dit lot de terre enclavé dans celui du dit Joseph Edouard Beaupré qui s’oblige à permettre à l’arpenteur d’en mesurer et borner le terrain. Le donataire se réservait le droit de jouir de 6 arpents de ce terrain en attendant que les syndics y construisent des bâtiments.
Le 29 août 1845 les syndics de la paroisse Ste-Julienne ont emprunté la somme de 25 livres cours actuel à la mère de J. E. Beaupré Charlotte Robillard veuve de Benjamin Beaupré de L’Assomption comme tutrice de son fils mineur et ils ont dû donner chacun leur propriété en garantie qui est décrite en détail. Un avenant du 2 mars 1848 signé par Cyriac Chaput époux de Charlotte Robillard donne quittance aux syndics qui lui ont remboursé la somme de 600 livres ancien cours(?).
Le 10 janvier 1846 J. E. Beaupré bourgeois du village de L’Assomption a vendu aux commissaires d’école de Rawdon soit Messieurs R. H. Bourne ministre de l’église anglicane, F. Cholette prêtre et curé, Luc Daly, Thomas Corriveau et R. E. Corcoran un terrain sur le lot 6 du 1er rang de Rawdon de 1 arpent en superficie bordé par le chemin et le terrain de J. E. Beaupré avec une maison en bois; vendu pour 58 louis et 10 chelins argent courant, somme determinée par Joseph Varin, Pierre Riopelle et Pierre Galarneau arbitres.
Rétrocession des terrains du lot 5 du 1er rang
En 1845 J. E. Beaupré s’était engagé à régulariser les titres de propriété du lot 5 faisant partie des réserves du clergé anglican. En 1846 il avait obtenu des titres en franc et commun soccage et il a rétrocédé les terrains à leurs propriétaires en se faisant payer ses services et les frais encourus. Le 7 mai il a retrocédé à Narcisse Madry dit Duquette un lopin de terre de 22 acres pour 396 livres et 18 sols en lui promettant de lui fournir ses lettres patentes. Le même jour il a retrocédé à Léon Majeau son terrain de 1½ arpent pour 22 livres et 1 sol, à Antoine Bénard dit Bonenfant un terrain de 14 acres pour 205 livres et 16 sols, à André Desrosiers 1 arpent pour 23 livres et 14 sols, à Barthélémy Berthrand 15 acres pour 220 livres et 10 sols, Thomas Corriveau marchand 8½ arpents pour 124 livres et 19 sols, François Brisson dit Laroche 12 arpents pour 176 livres et 8 sols, Jean-Baptiste Beauchamp 8½ arpents pour 124 livres et 19 sols et Alexis Corsin dit Pretaboire 25 arpents pour 367 livres et 10 sols. Le 6 août 1846 le terrain de Louis Coitou dit St-Jean de 8½ arpents lui a aussi été rétrocédé pour 124 livres et 19 sols et le 4 novembre 1846 celui de Hilaire Etier de 10 arpents pour 147 livres.
Le titre de propriété officiel du gouvernement pour le lot 5 du 1er rang de Rawdon de 200 acres en superficie a été accordé à J. E. Beaupré le 23 mars 1848; il est inscrit au registre comme Sales alors que la plupart des autres lots sont inscrits comme Grants. Mais en réalité il n’était pas propriétaire de tout le lot puisqu’il en avait rétrocédé une bonne partie.
Le 8 mai 1845 Joseph Madry dit Duquette a vendu un chemin à J. E. Beaupré à prendre sur son terrain, chemin originant du terrain d’un nommé Goulet et se terminant au chemin passant sur le terrain de Narcisse Madry, le chemin continuant pour arriver au moulin à farine appartenant à Beaupré; vendu pour 18 francs ancien cours.
28 juillet 1845 – Donation par Charles Payette dit St-Amour et Josephte Nouviou(?) de Rawdon à Joseph Gautron dit Larochelle de St-Jacques de tous les travaux faits sur un lot du 2ème rang bordé par Louis Payette et François Payette acquis de François Archambault.
L’échange entre J. E. Beaupré et Joseph Beauchamps
La famille Beauchamps de St-Jacques avait plusieurs terres dans le secteur, surtout vers St-Jacques, et Joseph Beauchamps menuisier a voulu devenir le principal propriétaire de la paroisse de Ste-Julienne en train de se développer.
13 septembre 1845 – Donation par Jean-Baptiste Beauchamps et Véronique Gariépy à Dosithée Beauchamps forgeron tous de Rawdon d’une terre du 1er rang de 2 arpents par 30 tenant à la rivière (St-Esprit?), au nommé Chaput, d’un côté à François Brisson et de l’autre à Louis Coitou bâtie de maison, grange, étable, laiterie et autres bâtisses. Ce terrain n’est pas exactement situé, il faisait toute la longueur d’un lot.
15 avril 1846 – Échange entre Thomas Corriveau marchand et Joseph Beauchamps cultivateur de Rawdon – T. Corriveau a cédé un lot de terre du township de Rawdon de 5 arpents par 27 tenant à Jean-Baptiste Leblanc, Bill Skill(?), Joseph Beaudry et Joseph Martin dit Bernabé avec maison, grange, étable et autres bâtiments, avec une potasserie. J. Beauchamps a cédé une partie du lot 5 du 1er rang de Rawdon de 2 arpents par la profondeur entre le chemin du Roy et la rivière St-Esprit tenant à Barthélémy Bertrand et Alexis Corsin d’un côté et à Narcisse Madry dit Duquette avec une grange et une étable; et un autre lot d’un quart d’arpent quarré tenant au chemin du Roy et à Léon Majeau; et un droit de passage sur le terrain de Joseph Etu.
En 1846 J. E. Beaupré résidait à L’Assomption et le 2 novembre il a échangé toutes ses terres de Ste-Julienne à Joseph Bauchamps menuisier contre des terres à St-Jacques. L’acte notarié est très long, je vais essayer de le résumer.
Terrains cédés par Joseph Edouard Beaupré et Josephine Delisle son épouse
Joseph Edouard Beaupré a cédé: 1° la plus grande partie du lot 5 du 1er rang de Rawdon de 100 acres bâti d’une maison en bois et autres bâtisses, 2 moulins à eau sur la rivière St-Esprit, un faisant le blé et l’autre pour carder la laine avec tous leurs mécanismes et ustensiles; 2° un terrain de 4 arpents sur le lot 3(?) du 2ème rang bâti d’une vieille maison et d’un moulin à scie; 3° un terrain du côté nord de la rivière St-Esprit sans bâtiment; 4° un terrain au même lieu du côté sud de la rivière de 2 arpents sur 7 sans bâtiment avec le droit et privilège d’y construire toutes sortes de moulins; 5° le privilège d’un chemin sur le terrain de Joseph Madry. J. E. Beaupré a cèdé tous ses terrains à l’exception du terrain donné aux syndics pour l’église et celui vendu aus commissaires d’école.
Ses titres de propriété sont détaillés: 1° vente par Pierre Riopelle à Joseph Dufresne notaire le 6 août 1838; 2° vente du même terrain à Louis Dufresne son frère le 6 novembre 1838; 3° retrocession à Joseph Dufresne le 21 décembre 1841; 4° vente par Charles Laporte et Sophie Bouin dite Dufresne son épouse à Félix Bourgeois meunier et Marie Goulet le 31 décembre 1839; 5° vente par Félix Bourgeois à Joseph Dufresne le 12 avril 1841; 6° vente par Pierre Moreau dit Desrosiers à Félix Bourgeois le 2 mars 1839; 7° vente par Félix Bourgeois à Joseph Dufresne le 7 avril 1841; 8° vente par Louis Dufresne meunier du township de Rawdon et Marguerite Varin dite Lapistole à Joseph Edouard Beaupré le 4 avril 1842; 9° vente par Joseph Dufresne et Julie Breault dite Pomainville à J. E. Beaupré le 29 juin 1842; 10° vente par Joseph Dufresne et Julie Breault dite Pomainville à J. E. Beaupré le 19 septembre 1843; 11° vente par Charles Madry dit Duquette et Sophie Laugué dite Lespérance à Louis Fontaine père et fils meuniers le 7 octobre 1844; 12° vente par Louis Fontaine père et fils à J. E. Beaupré le 9 octobre 1844; 13° vente par Joseph Madry dit Duquette à J. E. Beaupré du 8 mai 1845; finalement lettres patentes et jugements authentiques obtenus du gouvernement qui devront être remises dans le mois de janvier 1848.
Josephine Delisle épouse actuelle de J. E. Beaupré a approuvé l’acte de cession et abandon.
J.E. Beaupré a acquis plusieurs terrains dans la paroisse de St-Jacques en échange.
Terrains cédés par Joseph Beauchamps et Esther Menard dite Brindamour
1° Un emplacement situé dans la paroisse de St-Jacques bâti d’une maison de pierre, boutique, hangard, remise et autres bâtisses; 2° un autre terrain attenant avec grange et étable; 3° un autre terrain à St-Jacques sur la rivière Lacouareau de 3 arpents sur 12 avec une petite maison en bois et une grange; 4° un autre terrain à St-Jacques de 2 arpents sur 30 bâti de maison, grange et autres dépendances; 5° un autre terrain à St-Jacques de 2 arpents sur 5 sans bâtiment; 6° un emplacement situé au faubourg Ste-Marie à Montréal de 40 pieds sur 12 sur la rue Beaudry bâti d’une maison en bois que J. Beauchamps s’engage à terminer. Les titres de propriété sont aussi énumérés.
Dès le lendemain 3 novembre 1846 Joseph Beauchamps a vendu à Joseph Varin dit Lapistole menuisier entrepreneur un emplacement à prendre du lot 5 du 1er rang de 90 pieds de front par 1½ arpent borné par la rivière du St-Esprit et de chaque côté par le vendeur avec une maison et une petite étable avec interdiction d’y bâtir aucun moulin ou manufacture et réserve d’un chemin à l’usage de M. Landry tanneur; vendu pour 900 livres.
Un autre plan d’arpentage de Laurent Dorval daté de 1847 montre plus précisément l’emplacement des moulins, la maison de Joseph Beauchamps, la chapelle et l’école.
Joseph Edouard Beaupré marchand de bois et créancier
J. E. Beaupré habitait au village de L’Assomption, il avait abandonné toutes ses propriétés de Ste-Julienne mais il continuait à y faire des affaires.
21 octobre 1846 – Marché entre J.E. Beaupré bourgeois de L’Assomption et James Payton cultivateur à Rawdon pour la livraison de 1.000 cordes de bois au village de L’Assomption, une très grosse quantité de bois.
Le 30 janvier 1847 Thomas McCarty cultivateur de Rawdon a signé une obligation à J. E. Beaupré pour une somme de 351 livres garantie par la terre où il résidait de 10 arpents sur 35 avec maison et autres bâtisses.
Le 29 janvier 1847 Thomas Corriveau marchand de Rawdon et J. E. Beaupré bourgeois de L’Assomption ont fait l’inventaire de toutes les marchandises du magasin qu’ils possédaient en société depuis 1844. Voici la première de 10 pages d’inventaire:
Il s’agissait essentiellement de tissus et mercerie, d’un peu de quincaillerie, d’épices, d’alcool, de provisions; aussi 3 chevaux à 900 livres, une terre à 900 francs pour un total de 6.628 livres. Le livre de compte montre que diverses personnes devaient au magasin 8.980 livres. La société existait depuis le 1er mai 1844 et les comptes n’ayant jamais encore été réglés entre eux les associés voulaient former une nouvelle société, ils ont donc demandé au notaire Therien de faire un inventaire et un état des dettes passives et actives. Le 14 juin un avenant a été ajouté à l’acte pour dissoudre la société en se mettant d’accord pour régler les sommes dûes à des marchands de Montréal, autre signe que J. E. Beaupré voulait se retirer de Ste-Julienne.
Le 29 juin 1847 Thomas Corriveau marchand de Rawdon a signé une obligation à J. E. Beaupré pour 1.367 livres garantie par tous ses biens pour terminer le règlement de leurs comptes.
Transactions dans le village naissant de Ste-Julienne
14 novembre 1846 – Vente par Joseph Chartier dit Robert à Joseph Etu cultivateurs à Rawdon de tous les travaux, droits et prétentions qu’il peut avoir sur un terrain faisant partie du lot 5 du 2ème rang de 2 arpents sur 14 tenant à Joseph Beauchamps, Thomas McCarty, l’acquéreur et Charles Duquet bâti de maison et grange acquis de François-Xavier Trudeau le 25 mars 1844; vendu pour 400 livres.
10 mars 1847 – Obligation par Joseph Varin dit Lapistole maître-menuiser et charpentier à Thomas Corriveau commerçant de Rawdon pour la somme de 1.342 livres garantie par un terrain de 3/4 d’arpent par 2 sur la rivière St-Esprit et sur 3 côtés à Joseph Beauchamps.
26 juillet 1847 – Obligaton par Joseph Woolf cultivateur de Rawdon et Paul Woolf de Kilkenny à J. E. Beaupré garantie pour Joseph par une partie du lot 6 du 2ème rang bordée par Henry Smith et Joseph Terrien avec maison et grange.
7 janvier 1848 – Vente par André Moreau dit Desrosiers cultivateur de Rawdon à Damase Rivest de St-Jacques d’une terre du township de Rawdon de 3 arpents de front tenant par devant à Joseph Beauchamps, par derrière au cordon, d’un côté à Barthélémy Bertrand et de l’autre à Victor St-André et J. Beauchamps bâtie de maison, grange, laiterie et autres bâtiments pour 25 livres.
14 janvier 1848 – Vente par Jean Damase Rivest à Geneviève Starnes épouse séparée de Pierre Célestin Ste-Marie maître-meunier et cardeur de Rawdon d’un terrain du 1er rang de Rawdon de 3 arpents par 23 tenant à Joseph Beauchamps, au cordon du 1er et 2ème rangs, à Barthélémy Bertrand et à Victor St-André avec maison, grange, laiterie et autres dépendances pour 1.100 livres et une rente de 60 minots d’avoine.
18 février 1848 – Vente de meubles par Joseph Varin maître-menuisier et charpentier à Jules Royal meunier de Rawdon; J. Varin vend ses meubles et outils à J. Royal pour une dette de 197 livres; il se réserve le droit de les racheter dans un délai de 8 mois.
28 août 1848 – Protest par Jean Damase Rivest contre Léon Majeau aubergiste de Ste-Julienne pour qu’il paye la somme de 21 livres d’un jugement obtenu contre Pierre Galarneau aubergiste retiré.
30 septembre 1848 – Vente par Geneviève Starnes à Louis Payette dit St-Amour de St-Jacques d’un terrain situé à Rawdon tenant devant à la rivière du St-Esprit, derrière au chemin de la Reine, d’un côté à Barthélémy Bertrand et de l’autre à Joseph Beauchamps et un autre terrain tenant au cordon du fief Martel, B. Bertrand, à Gilbert Beauchamps et Victor Botquain.
13 novembre 1848 – Vente par Thomas McCarty à François Languier dit Lespérance et Vital Majeau tous cultivateurs de Ste-Julienne d’un terrain de 30 arpents du lot 5 du 2ème rang appartenant à M. Briaire (Bruyères?) tenant à la rivière, à François Languier, Charles Madry dit Duquette, Vital Majeau, Joseph Etu et Patrick McCarty sans bâtiment pour 400 livres.
28 juin 1849 – Notification à Joseph Allard meunier par Pierre Célestin Ste-Marie cardeur de Ste-Julienne pour l’aviser qu’il désirait reprendre le moulin à farine lui appartenant pour le faire marcher lui-même
La construction de la chapelle de Ste-Julienne
8 février 1848 – Obligation par Pierre Riopelle, Narcisse Madry dit Duquet, Thomas McCarty et Alexis Corsain dit Prêt à Boire agissant comme syndics de la chapelle de Ste-Julienne et Pierre Célestin Ste-Marie maître-meunier à Joseph Beaudry de St-Jacques pour la somme de 150 livres garantie par leurs propriétés.
29 février 1848 – Marché entre Joseph Beauchamps et les syndics de la chapelle de Ste-Julienne pour la construction et érection d’une chapelle pour terminer les travaux entamés par Joseph Varin selon les devis annexés au contrat pour la somme de 100 livres. Pierre Célestin dit Ste-Marie a été nommé pour surveiller les travaux dont il a établi les plans. Charles Cyrile Archambault de St-Jacques s’est porté caution de J. Beauchamps qui a donné en garantie une terre du lot 5 du 1er rang de 98 acres.
26 novembre 1848 – Election de Joseph Riopelle, Charles Dupuis et Patrick Roach comme marguilliers de la paroisse Ste-Julienne de Rawdon.
11 octobre 1848 – Protest par les syndics de l’église de Ste-Julienne contre Joseph Beauchamps maitre-menuisier et meunier pour qu’il termine les travaux du devis de construction. Le 12 octobre Joseph Beauchamps a répondu par un protest contre les syndics car la chapelle a été bâtie sur son terrain qui n’a pas été délimité; 2 autres protests suivent, les témoins étaient Jules Royal et Simon Chamberland meunier et menuisier, Léon bouchard commerçant. Le 14 Geneviève Starnes a déposé un autre protest contre J. Beauchamps maître-menuisier et meunier à propos de titres de propriété consentis par J. E. Beaupré.
19 décembre 1848 – Compromis entre les syndics de la chapelle et Joseph Beauchamps maître-menuisier de Ste-Julienne pour éviter un procès ont choisi des arbitres pour examiner les travaux faits pour la chapelle.
23 décembre 1848 – Rapport rendu par François Guyon dit Lemoine et Olimpe Larivée experts qui sont d’avis qu’une déduction de 5 livres 17 chelins et 6 deniers soit faite au montant à verser à Joseph Beauchamps.
Les difficultés de Joseph Beauchamps
J. Beauchamps avait des difficultés à réaliser les travaux de la chapelle mais il avait aussi des problèmes avec ses moulins et n’arrivait plus à payer ses dettes.
2 novembre 1848 – Acte d’offre de J. E. Beaupré à Joseph Beauchamps car un des terrains qu’il lui avait échangé était sans mesure précise et plus petit que décrit dans l’acte notarié; J. Beauchamps menaçant de ne pas honorer ses engagements J.E. Beaupré lui a offert de trouver un compromis en lui payant les acres manquants sous peine d’engager des poursuites légales contre lui.
En juin 1847 Joseph Beauchamps avait mis en vente le moulin à farine et le moulin à carder et à fouler avec la filature attenante en publiant des annonce dans les journaux. Geneviève Starnes les avait acheté mais elle avait du mal à payer ses dettes.
Le 29 novembre 1848 J. E. Beaupré a signé un acte de délai de paiement à Geneviève Starnes épouse séparée de biens de Pierre Célestin Ste-Marie meunier de Rawdon; Joseph Beauchamps lui avait fait une promesse de vente le 21 juillet 1847 d’un lot de terre avec moulins dessus érigés pour la somme de 1.400 livres qu’elle devait payer à J. E. Beaupré; n’étant pas en mesure de payer ce montant elle demandait un délai à J. E. Beaupré qui le lui a accordé en prenant de sérieuses garanties auprès d’elle et J. Beauchamps.
Le même jour J. E. Beaupré a signé un reçu à Joseph Beauchamps pour la somme de 400 livres que Geneviève Starnes lui avait payé en acompte et le 16 décembre le notaire a été signifier à Joseph Beauchamps la quittance obtenue par Geneviève Starnes de J. E. Beaupré.
17 décembre 1848 – Vente par Joseph Beauchamps à Joseph Beaudry cordonnier de Ste-Julienne de Rawdon d’un terrain faisant partie du lot 5 du 1er rang de 90 pieds par 139 bordé par le vendeur avec une maison construite par l’acquéreur pour 636 livres.
Le 23 février 1849 J. E. Beaupré a racheté à Joseph Varin le terrain que J. Beauchamps lui avait vendu en 1846 pour le même prix de 900 livres. Il s’apprêtait à revenir à Ste-Julienne.
Le 23 février 1850 Joseph Beauchamp poussé par ses créanciers a conclu un nouvel échange avec J. E. Beaupré. Comme il n’était plus solvable ses créanciers voulaient se faire payer en saisissant les biens de J. E. Beaupré. Joseph Beauchamps pour éviter un procès lui a proposé de faire un nouvel échange. Il lui a donc remis tous les terrains qu’il avait acquis à Ste-Julienne moins ceux qu’il avait vendu. Un terrain de 100 acres situé sur le lot 5 du 1er rang de Rawdon avec ses 2 moulins appartenant à Geneviève Starnes qui devait encore payer 850 louis, dette transférée à J. E. Beaupré et 3 terrains du 2ème rang sur la rivière St-Esprit avec un moulin à scie. Il lui cèdait aussi plusieurs rentes constituées, des prêts consentis pour placer son capital. Il a obtenu en échange un emplacement situé au faubourg Ste-Marie à Montréal sur la rue Beaudry avec une maison en bois de 2 étages.
J. E. Beaupré s’engageait à payer les créanciers de J. Beauchamp mais des conditions spéciales s’appliquaient pour les moulins de Geneviève Starnes qui n’avait pas payé ses dettes à J. Beauchamps ainsi qu’à Léon Bouchard locataire des moulins et le meunier précédent, Nicolas Lacroix.
Le retour de J. E. Beaupré au village de Ste-Julienne en 1850
Le 2 avril 1850 J. E. Beaupré a signifié par son notaire à Léon Bouchard meunier et cardeur demeurant dans le moulin à farine l’acte d’échange avec J. Beauchamps en sa faveur en lui réclamant les grains dûs selon son bail et les montants des dommages aux moulins. Le 17 avril il a signifié à Geneviève Starnes épouse séparée de Pierre célestin Ste-Marie meunier de Rawdon l’acte d’échange, de ne pas payer sa dette de 850 livres pour l’achat des moulins à J. Beauchamps mais à lui. Le même jour il a fait remettre une notification et sommation à Léon Bouchard qui avait signé un bail de 4 ans pour le moulin à farine le 20 juillet 1849 à la suite de Nicolas Lacroix, pour lui signifier qu’il était tenu de remettre le tiers des profits du moulin au propriétaire et de réparer et entretenir les mécanismes du moulin, qu’il n’avait pas rempli son contrat particulièrement dans l’entretien du moulin à avoine faisant partie de la bâtisse, qu’il était sommé de faire toutes les réparations dans un délai de 8 jours. Le 6 juin une nouvelle sommation lui a été signifiée.
Le 23 juillet 1850 Geneviève Starnes incapable de payer les montants restant dus sur l’achat des moulins les a rétrocédés à J. E. Beaupré: un terrain de 2 arpents situé dans le lot 5 du 1er rang avec un moulin à farine, un moulin à carder et un moulin à fouler, une filature, une écurie et autres dépendances; un terrain au nord de la rivière St-Esprit depuis le pont qui communique avec le moulin de 2 arpents sur 3/4. Le 24 juillet J. E. Beaupré avait déjà trouvé un nouveau locataire pour le moulin à carder et il signait un bail de 9 mois avec Victor St-André dit Botquin cardeur de St-Joseph de Lanoraye pour un moulin à carder et un moulin à fouler avec un jardin pour les 2/3 des profits.
Ventes d’emplacements au village de Ste-Julienne
En 1850 J. E. Beaupré demeurant toujours au village de L’Assomption a commencé à vendre des parcelles de terrain dans le village. Le plan du village Beaupré datant de 1860 montre ces lotissements.
Le 16 novembre 1850 vente à constitut par J. E. Beaupré à Louis Lemire dit Marsolais cordonnier de Ste-Julienne d’un emplacement dans le village de 100 pieds par 140 avec une maison en bois pour 600 livres, soit une rente constituée et perpétuelle de 6 livres par année à un taux de 6%.
Le 16 novembre 1850 vente à constitut par J. E. Beaupré à Simon Chamberland menuisier pour 600 livres, soit une rente constituée et perpétuelle de 6 livres pour un taux de 6% d’un emplacement situé près du moulin en spécifiant qu’il n’aurait pas le droit d’y construire de moulin.
Le 30 mai 1851 J. E. Beaupré a vendu à Gédéon St-André cardeur de Ste-Julienne un emplacement de 113 pieds par 133 tenant au chemin de la Reine, Louis Lendry, Simon Chamberland et J. E. Beaupré pour 42 livres de rente ou 700 livres de capital.
Le 18 juillet 1851 J. E. Beaupré a été nommé secrétaire-trésorier par les commissaires d’école représentés par Thomas McCarty. Le 27 août 1854 vente par J. E. Beaupré capitaine de milice et marchand de Ste-Julienne à Etienne Dufault de St-Lin d’un emplacement de 98 pieds entre la rue de l’Église et le chemin de la Reine tenant à Lendry Chaput et au vendeur pour 36 livres de rente ou 600 livres de capital.
Le 11 mars 1853 Laurent Auguste Moreau procureur de Marguerite Baby veuve de William Dunbar Selby a vendu à Joseph Moreau dit Duplessis cultivateur de Ste-Julienne deux morceaux de terre faisant partie des lots 1 et 3 dans la 1ère concession de Rawdon, soit les lots 15 et 22 de l’arpentage fait par Laurent Dorval en 1843; ces terrains lui appartenaient en vertu du testament olographe de George Selby de 1830 et des lettres patentes de sa Majesté de 1805. Le même jour il a vendu à Charles Rivet le lot N°2 du 2ème rang de 200 acres et une partie du lot N°1; à Michel Madry dit Duquette la partie nord-ouest du lot N°1 du 2ème rang; à Jean-Baptiste Perrault fils une partie du lot N°1 du 2ème rang. Ces ventes ont été faites selon les promesses de la venderesse.
Le 26 mars 1856 Gédéon Botquin dit St-André cardeur de St-Ambroise de Kildare agissant aussi pour son frère Joseph a rétrocédé à Thomas McCarthy un terrain de Kilkenny.
Le 2 mai 1859 Marcel Poirier régistrateur, Joachim Damien Thérien tailleur et Amable Elzéard Archambault marchand de L’Assomption ont renoncé aux hypothèques qu’ils détenaient sur un terrain du village de 100 pieds par 150 pour y construire la cour de circuit du comté de Montcalm. Ce terrain était indivis d’un terrain appartenant à J.E. Beaupré dans le lot 5 du 1er rang de 80 arpents tenant à Antoine Benard dit Bonenfant, Narcisse Madrid(sic) dit Duquette et la fabrique.
En continuant à documenter les archives des notaires on devrait trouver d’autres actes de vente…
Joseph Edouard Beaupré en difficulté en 1862-1863
En 1862 et 1863 J.E. Beaupré a eu des difficultés financières qui l’ont obligé à mettre ses propriétés en garantie et à en vendre quelques unes ce qui permet de les recenser.
Pour rembourser une dette de 2.300 piastres J.E. Beaupré a transporté les loyers de ses moulins de Ste-Julienne et ceux de plusieurs maisons de L’Assomption à P.U. Archambault. Le moulin à farine était situé sur le lot 5 du 1er rang (lot 47 du plan du village de Ste-Julienne) et son meunier était Charles Chamberland, le moulin à scie dans le 2ème rang (lot 50 du village). Pour garantir sa dette il a hypothéqué une terre de 195 arpents partie du lot 4 dans le 2ème rang de Rawdon, la moitié du lot 3 du 3ème rang de 100 acres, un lopin dans le lot 6 du 3ème rang et plusieurs autres terrains à Rawdon et Wexford.
- Une terre sur le lot 4 du 2ème rang de 195 arpents tenant à la veuve Olivier Etu, Thomas McCarty et à la rivière St-Esprit avec maison, gange et autres bâtisses.
- La moitié nord-est du lot 59 du 1er rang de Wexford de 74 acres.
- Un emplacement dans le village Beaupré N°33 du plan de André William Lippé de 1860 tenant à la rue Cartier, au cédant, à Louis-Vincent Bouvier bâti d’une maison.
- Un lopin de terre formant la moitié du lot 3 du 3ème rang de Rawdon de 100 acres tenant à Alexis Corsin, un nommé Brisson, Dosithée Beauchamp et Charles Rivest sans bâtiment.
- Un autre lopin du lot 6 du 3ème rang au nord-est de la rivière de 1 arpent par 1½ enclavé dans la terre de James McCarty sans bâtiment.
- Un autre lopin de 1½ arpent par 7 tenant au chemin public, au cordon du 2ème rang et des 2 côtés à Joseph Languier Lespérance sans bâtiment.
- Un autre lopin au même lieu de ¼ d’arpent tenant au chemin public, à Pierre Galarneau et à Jean-Baptiste Majeau avec une maison.
À la suite de la lecture de cet article Yves Forest m’a envoyé la transcription d’un acte notarié qu’il avait trouvé à propos de Joseph Edouard Beaupré qui semble avoir eu des difficultés financières en 1863.
Transport par J.E. Beaupré à P. U. Archambault, le 12 novembre 1863
L’An 1863, le 12e jour du mois de novembre, avant-midi, par devant les Notaires Publics soussignés, résidant dans le district de Joliette, Bas-Canada.
- Est comparu : Joseph-Édouard Beaupré, Écuier, Registrateur du comté de Montcalm, résidant dans la paroisse de Ste-Julienne de Rawdon.
Lequel a volontairement cédé, quitté et transporté et, par ces présentes, cède, quitte et transporte, avec promesse de garantir, fournir et faire valoir à l’Honorable Pierre Urgel Archambault, Conseiller Législatif et marchand, du village de l’Assomption, à ce présent et acceptant cessionnaire, savoir :
- Tous les loyers, fruits et revenus d’une terre que le sieur cédant possède dans la paroisse de l’Assomption, contenant 5 arpents et 3 perches de front sur environ 50 arpents de profondeur, le tout plus ou moins, tenant devant partie à la rivière de l’Assomption partie au manoir seigneurial, allant rejoindre derrière les terres de l’Épiphanie, d’un côté à Roch Simard et de l’autre côté au capitaine François Archambault, avec une maison, grange et autres bâtisses dessus construites;
- La somme de 1 400 piastres que lui doit le nommé Patrick Flanagan, cultivateur, de la dite paroisse de l’Assomption suivant acte d’échange intervenu entre le sieur cédant et le dit Patrick Flanagan, passé devant Me Eug. Archambault et son confrère notaires, les jour et an y mentionnés, la dite somme payable par le dit Flanagan 200 piastres par année, le 15 du mois de février et dont le premier paiement sera échu le 15 du mois de février prochain (1864), icelle somme de 1 400 piastres productive d’intérêt au taux de 6 par cent payable aussi annuellement, le 15 de février et dont les premiers intérêts seront dûs le 15 de février prochain (1864);
- La moitié de tous les profits que donneront et produiront le moulin à carder et à fouler que le Sr cédant tient et possède au dit lieu de Ste-Julienne de Rawdon et érigé sur un terrain contenant environ 2 arpents de terre en superficie, tenant devant et derrière à la rivière du St-Esprit, d’un côté à Alexis Corsin fils et de l’autre côté au chemin public, l’autre moitié des profits des dits moulins à carder et à fouler est et appartient au cardeur pour faire mouvoir les dits moulins, à toucher par le Sr cessionnaire la moitié des produits des dits moulins, à compter de ce jour.
- Tous les loyers qui, à compter de ce jour, deviendront dûs et écherront d’une fonderie et dépendances que le Sr Cédant possède au dit lieu de Ste-Julienne de Rawdon et occupée ce jour, à titre de bail à loyer par un nommé Imbleau, érigée icelle fonderie sur un terrain appartenant au sieur cédant dans la dite paroisse de Ste-Julienne, contenant environ 6 arpents en superficie, tenant devant, d’un côté et par derrière à la rivière du St-Esprit et de l’autre côté partie au sieur cédant et partie à Thadé Minville.
- Le loyer d’une maison et emplacement occupé par Christophe Capistrant, situé dans la dite paroisse de Ste-Julienne de Rawdon, contenant environ 4 arpents en superficie et tel que renfermé dans les limites ci-après: borné en front par la rivière du St-Esprit, en profondeur et des deux côtés par le sieur cédant;
- Tous les fruits et revenus d’un lopin de terre situé au dit lieu de Ste-Julienne de Rawdon, contenant 3 arpents de front sur 14 arpents de profondeur, tenant devant au chemin public, par derrière au sieur cédant, d’un côté au sieur cessionnaire et à la veuve Olivier Étu et de l’autre côté partie à la rivière du St-Esprit et partie à Jean-Baptiste Beaudry, sans bâtisse;
- Un constitut de la somme de 500 piastres au capital de la somme de 83 piastres et 34 centins, que lui doit annuellement la veuve Alexandre Thinel, suivant acte de vente à constitut reçu par Me Louis Jannot et son collègue notaires, le 23 décembre 1854, duement enregistré et payable tous les ans à la St-Michel et qui sera dû et échu pour la première année à la St-Michel 1864
- Un autre constitut de 4 piastres par année qui deviendra dû et échu à la St-Michel prochaine (1864) et payable ensuite tous les ans à la St-Michel, au capital de 66 piastres et 67 centins, dû par la dite Dame Alexandre Thinel, suivant acte reçu par Me A. H. de Caussin (Adrien Henri) et son collègue notaires, le 23 mars 1858, duement enregistré;
- Un autre constitut de la somme de 6 piastres par année, au capital de la somme de 100 piastres, payable tous les ans dans le mois de juin, dû par Jean-Baptiste Goulet, suivant actes reçus par Me Louis Jannot et son confrère notaires, le 22 avril 1854 et le 17 juin1854, duement enregistrés;
Suit une liste de 11 autres constituts de rente dans le village de Ste-Julienne et ses alentours…
Pour le dit cessionnaire avoir, demander, recevoir et toucher de qui il appartiendra les produits et revenus des moulins, la jouissance et loyers des terrains et des emplacements, les constituts et rentes annuelles, les sommes capitales et intérêts, tout ce que dessus transporté tant et aussi longtemps que le cessionnaire n’aura pas touché et perçu une somme suffisante pour compléter une somme de 4 700 piastres sur ses simples quittances et en faire ce que bon lui semblera.
À l’effet de quoi le Sr. cédant met et subroge le sieur cessionnaire dans tous ses droits, privilèges et hypothèques lui résultant de tout et chacun des actes ci-dessus cités tels qu’enregistrés.
Le présent transport et cession ont été ainsi consentis par le dit sieur Joseph Edouard Beaupré au profit du dit Mr. Pierre Urgel Archambault dans le but d’assurer à ce dernier le paiement en capital et intérêt d’une somme de quatre mille sept cents piastres que le sieur cédant doit au sieur cessionnaire tant en vertu d’un transport du 11 septembre 1862 devant Camille Archambault, autant qu’une obligation consentie devant Me Henri Damase Grégoire et son collègue notaires, le 11 de juillet dernier (1863)…
Avenant – Le 13 novembre 1863 est comparu Joseph Dufresne notaire à St-Alexis qui a approuvé le transport.
Avenant – Le 5 novembre 1864 Joseph Edouard Beaupré et Pierre Urgel Archambault ont annulé le transport, J. E. Beaupré avait sans doute réussi à payer ses dettes.
Cet acte notarié montre que la famille de fondeurs de Joliette Imbleau avait éabli une fonderie au village de Ste-Julienne avant 1863.
Échange entre J. E. Beaupré et Patrick Flanagan, le 12 août 1857
Le transport ci-dessus mentionne un échange de terrains entre J. E. Beaupré et Patrick Flanagan:
Sont comparus : le sieur Joseph Édouard Beaupré, ci-devant marchand et actuellement bourgeois de la paroisse Ste-Julienne, d’une part. Et le sieur Patrick Flanagan, cultivateur de la paroisse de l’Assomption, d’autre part.
J. E. Beaupré a cédé une terre de 6 arpents sur environ 40 sur le ruisseau Point du Jour dans la paroisse de L’Assomption.
Patrick Flanagan a cédé en échange une partie du lot 4 du 2ème rang de Rawdon de 5 arpents sur 9 et un lot de terre du 2ème rang de 10 arpents sur 15 tenant au précédent et à la rivière St-Esprit et s’engageait à payer 700 livres. Les dits deux lots de terre ci-dessus donnés en échange par le dit Patrick Flanagan lui appartenaient suivant acte de vente que lui a consenti le dit sieur Beaupré, devant Me J. Dufresne et collègue notaires, en date du 29 octobre de l’année 1855.
… le dit sieur Beaupré, pour sûreté et garantie de la clause de franc et quitte et nette stipulée au commencement des présentes…
- Un lot de terre, sis et situé au 1er Rang du Township de Rawdon, dans la paroisse de Ste-Julienne, dans le Comté de Montcalm, contenant environ 48 arpents de terre en superficie, tenant par devant à Antoine Bernard dit Bon Enfant, en profondeur au 2e Rang du dit Township, d’un côté à Narcisse Madry dit Duquette, d’autre côté au terrain de la Fabrique de Ste-Julienne, avec une maison, un moulin à farine, un moulin à cardes et autres bâtisses, dessus construites;
- Un autre lot de terre, situé au 2e Rang du dit Township de Rawdon, dans la dite paroisse de Ste-Julienne, dans le dit Comté de Montcalm, contenant 2 arpents de terre en superficie, tenant par devant au 1er Rang du dit Township, par derrière à Joseph Chaillé, d’un côté à Jean-Baptiste Baudry et d’autre côté à la rivière du St-Esprit, avec un moulin à scie seulement dessus construit.
28 novembre 1864 – Vente par l’Honorable Pierre-Urgel Archambault conseiller législatif et marchand de L’Assomption à Charles Chamberland meunier de Ste-Julienne de Rawdon d’une terre de 195 arpents du lot 4 du 2ème rang tenant à la veuve d’Olivier Etu, Thomas McCarty, à la rivière St-Esprit et J.E. Beaupré avec une maison et autres bâtisses acquise de J. E. Beaupré le 10 novembre 1863 pour 1535 piastres.