Catégorie: Histoire de Lanaudière
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Les moulins des seigneuries de Dautray et de Berthier

Les seigneuries de Dautray et de Berthier n’ont pu se développer qu’après la Grande Paix de 1701 qui a mis fin aux guerres avec les iroquois qui arrivaient par la rivière Richelieu (rivière des Iroquois autrefois) située juste en face à Sorel pour attaquer Villemarie. Le premier moulin à être documenté par un acte notarié dans ces seigneuries est le moulin Dautray construit vers 1711 pour Jean-Baptiste Neveu seigneur.

Des plans détaillés des territoires défrichés de ces seigneuries ont été faits par les armées anglaises au moment de la conquête vers 1761. Celui de Berthier montre l’église, les maisons, les champs cultivés et la limite de la forêt mais il ne situe pas les moulins. Il y avait alors 145 familles dans la paroisse de Berthier et 34 à l’île du Pas.

Berthier – Atlas Murray 1761

Les moulins à farine et à scie de la seigneurie Dautray

Sur le Chemin du Roy d’aujourd’hui on remarque facilement le site du manoir et du moulin D’Autray; en venant de Montréal on traverse la rivière St-Joseph où se trouvait le moulin et on voit un peu plus loin un ancien motel qui se trouve à côté du site du manoir seigneurial disparu.

Les plans de 1761 sont très précis et on peut agrandir l’image en cliquant dessus. Le moulin à eau Dautray se trouvait sur la rivière Dautray située au milieu de cet agrandissement de la carte, sans doute dans la petite boucle de la rivière:

Dautray (détail) – Atlas Murray 1761

Il y avait alors 42 familles à Dautray dont 52 hommes capables de porter des armes et l’église était à Lanoraie. La seigneurie de La Norray et Dautray appartenait à madame Neveu.

Dautray (détail)

Jules Guérard, paléographe, a retranscrit des actes notariés anciens, son précieux travail est accessible sur le site de la BANQ: Actes notariés transcrits sur les moulins du Québec. J’ai noté la page de chaque acte cité.

4 mai 1711 – Marché de construction d’un moulin à eau sur la seigneurie de Dautray; par Léonard Paillé dit Paillard, maître charpentier, de la ville de Villemarie, et Jean-Baptiste Neveu, marchand et seigneur propriétaire de la seigneurie de Dautray, demeurant en la ville de Villemarie. Notaire Michel Lepailleur de Laferté, no-943 (page 4926)

…un moulin a eau dont le batiment sera de charpente clos de madriers de pruche clos joints a la verloppe # en coulisse a joints carré # qui auront trois poulces d épaisseurs…

…fera la rouë dudit moulin a tourner par-dessous ensemble generallement tous les harnois sans aucunes exception fournir de moulanges les faire placer bons et vallables qui auront six pieds et demy de diametre # et un pied d epaisseur dans le filet #

…faire les chaussées et ecluses necessaires bonnes et bien faittes et sujettes a visittes faire coupper la pointe qui formera le canal qui doit faire aller ledit moulin ledit canal sera planché au fond et aux costez de madriers de pruche ou pin…

Le marché a été conclu pour 1600 livres et il a été enregistré dans un acte notarié mais on ne peut pas être certain que le moulin ait été effectivement construit. C’était un moulin à farine puisqu’il y avait des moulanges. 2 ans plus tard un autre marché a été conclu pour l’agrandir ou le construire.

Jean-Baptiste Neveu (1676-1754) le 28 novembre 1710, il se portait acquéreur de la seigneurie de Dautré, située sur le Saint-Laurent… il acheta de différents propriétaires la seigneurie de Lanoraie qui lui appartint en totalité en 1721.

5 mars 1713 – Marché de construction d’un moulin à eau sur la seigneurie de Dautray entre Jean-Baptiste Neveu, marchand bourgeois et seigneur et propriétaire de la seigneurie de Dautray, demeurant en la ville de Villemarie, et Léonard Paillé, maître charpentier, de la ville de Villemarie. Notaire Michel Lepailleur de Laferté, no-1871 (page 4930)

tailler lever et couvrir un batiment de quarante pieds de long sur vingt deux pieds de large et dis pieds de hauteur de quarré sur le domaine de ladite seigneurie de Dautray et au lieu qui luy sera indiqué par ledit sieur Neveu

s oblige aussy ledit sieur Paillé d emmoulanger ledit moulin poser et cercler la meule et le lit dudit moulin l empater et faire generallement tout ce qui sera necessaire pour le bien emmoulanger et mettre sur farine aussytots que ledit sieur Neveu luy aura fait mener un moulange taillé audit lieur de Dautray

payer audit sieur Paillé la somme de huit cents livres a fur et mesure que lesdits ouvrages seront, et une paire de bas de Saint-Mariant pour homme

Le marché a été conclu pour 800 livres et une paire de bas ce qui semble indiquer qu’il s’agit de l’agrandissement du moulin déjà existant construit pour la somme de 1600 livres en 1711.

Un moulin à scie avait aussi été construit sur la rivière Dautray puisqu’il a été vendu en 1753 par les seigneurs Neveu à leur fils Pierre-Paul dit Sevestre.

9 septembre 1753 – Vente d’un moulin faisant le bois sur la rivière de Dautray; par Jean-Baptiste Neveu, seigneur de Dautray et Lanoraie et Françoise Legras, son épouse, de la ville de Montréal, rue Saint-Paul, à Pierre-Paul Neveu dit Sevestre, de la ville de Montréal, rue Saint-Paul, leur fils. Notaire Louis-Claude Danré de Blanzy, no-5498 (page 2514)

Furent presents Jean Baptiste Neveu seigneur de Dautray et Lanoray et dame Francoise Legras son epouze deument autorize a l effet des presentes demeurants en cette ville rue Saint Paul lesquels reconnoissent avoir vendu et promettent solidairement l un pour l autre sans division ni discution…

26 août 1772 – Vente par Pierre-Paul Neveu Sevestre et Elizabeth Hertel à James Cuthbert. (BANQ)

Ce contrat de vente récapitule les différents propriétaires du moulin à scie Dautray et Lanoraye:

Le manoir et le moulin d’Autray 1857 – BANQ

Un moulin existait encore en 1950 sur la rivière St-Joseph selon cette photographie de la BANQ. Il avait dû être reconstruit plusieurs fois depuis 1711 mais je ne crois pas qu’il existe encore.

Berthier-en-Haut, Berthier – Moulin d’Autray, 1950 – BANQ

Dans un conte particulièrement savoureux, La bête à grand’queue, Honoré Beaugrand a décrit le pont du moulin d’Autray vers 1850.

Les moulins de Pierre de Lestage sur la rivière Okouvary

En 1721 Pierre de Lestage seigneur de Berthier a fait construire un moulin à scie sur la rivière Bayonne à la pointe Esther. Dans l’acte notarié la rivière est nommée Okouvary et Okvary, un nom qui pourrait être d’origine basque comme Pierre de Lestage. Il semblerait plutôt que le nom soit d’origine iroquoise et qu’il signifie la rivière à l’Ours.

Pierre de Lestage avait épousé Esther Sayward une anglaise enlevée enfant par les indiens et convertie au catholicisme par Marguerite Bourgeoys.

…il épousa Esther Sayward (Sayer) à Montréal le 5 janvier 1712… Le 26 avril 1718, il achetait de Nicolas Blaise Des Bergères de Rigauville la seigneurie de Berthier-en-Haut au coût de 6 000#, calculant que c’était un investissement avantageux… En 1721, il expliqua, qu’« ayant déjà dépensé de fortes sommes pour fournir à ses habitants les scieries et les meuneries dont ils avaient besoin », l’addition d’une église suffirait à attirer sur ses terres les colons dont il avait besoin.

Pierre de Lestage

En 1889 le curé Moreau a publié Précis de l’histoire de la seigneurie, de la paroisse, et du comté de Berthier où il raconte que Pierre de Lestage avait fait construire une église et un moulin qui servit à déboiser la Pinière de Berthier située à une lieue (4,8 kilomètres) de l’église et du St-Laurent. Le moulin à scie était à une lieue et quart.

30 janvier 1721 – Marché de charpenterie d’un moulin à scie situé sur la pointe Esther au rapide de la rivière Okouvary dans la seigneurie de Berthier entre Jean Bougran dit Champagne, Pierre Ratel, charpentier, de Berthier, et Pierre de Lestage, seigneur de Berthier. Notaire Pierre Raimbault (page 6917)

…un moulin a sçier propre a sçier des bois de trente a quarante pieds de long # a deux arnois de vingt quatre pieds de large par la longeur necessaire et de la hauteur qu il (mot rayé) plaize au dit sieur de Lestage # sur la pointe Esther au rapide de la riviere Okvary dans la seigneurie de Berthier a l’effet de quoy lesdits entrepreneurs feront la charpente dudit moulin # meuble les ponts de communication dont il sera besoin pour monter les pieces sur ledit moulin et ce # avec tous les mouvements creuseront un canal necessaire en coupant ladite pointe d Esther pour tirer l eau suffisante pour faire tourner et travailer ledit moulin en sorte qu’il par-dessous avec la pente et force necessaire pour faire au moin deux cent de planches ou madriers pour chacun jour…

…pour faire ledit coffre ou canal, trante pots d’eau de vie et des clouds qui seront absolument necessaire # qui seron aussy fourni par ledit seigneur aux dits entrepreneurs # avec trente livres de poudre et dix livres d’avance au cas qu’ils seront obligez # de miner # , une masse deux pinces, un cable de dix brasses, et les sçies, manivelles, et autres ferures necessaires au dit moulin…

Le salaire des ouvriers comprenait 30 pots d’eau de vie entre autres. Sur cet agrandissement de la carte de 1761 on peut supposer que la Pointe Esther était un peu en amont des boucles de la rivière.

Berthier – Atlas Murray 1761

Le moulin à scie a été construit sur un rapide de la rivière situé à la pointe Esther. Dans le livre publié par Zone Bayonne il est localisé au 1080 rang Bayonne sud soit un peu en amont du rond-point en allant vers Ste-Élisabeth.

Une ordonnance de 1732 pour l’agrandissement de la seigneurie accordée à Pierre de Lestage raconte qu’il avait fait construire un moulin à scie dans la profondeur du fief qui a brûlé en 1724 avec tout le bois de sciage. Il a ensuite fait construire un moulin à farine et rebâtir le moulin à scie.

Il avait obtenu une augmentation de sa seigneurie de 9 miles par 9 miles, la seigneurie de Berthier avait alors 12 à 15 miles de profondeur. Dans son Histoire de la Paroisse de Saint-Cuthbert Florian Aubin a documenté l’histoire du premier manoir seigneurial construit près de l’église de Berthier par Pierre de Lestage (tome 1 – page 70). Le contrat de sa construction enregistré par le notaire Rimbault est daté du 12 février 1725 et il permet de le situer au 720-724 rue Frontenac.

Un acte de 1736 montre qu’il y avait alors un moulin à farine dans la seigneurie de Berthier mais sa date de construction est inconnue et il n’est pas localisé.

Le 17 septembre 1736 – Engagement de Joseph Chevaudier, farinier, à Gabriel Paillé. Notaire Claude-Cyprien-Jacques Porlier, no-241 (page 6346)

Joseph Chavaudier farinier lequel s est engagé a sieur Gabriel Paillez pour un an seulement pour faire tourner, et faire valloir le moulin de la seigneurie de Berthier appartenant au sieur Lestage, moyennant la somme de deux cent livres payable moitié en argent et moitié en marchandises

En 2018 la meule du moulin à farine de la Pointe Esther a été exposée devant la bibliothèque de Sainte-Geneviève-de-Berthier.

Meule de la pointe Esther

Suite à la découverte d’une meule de moulin sur le territoire de la municipalité, l’Organisme des bassins versants de la Zone Bayonne, la municipalité de Sainte-Geneviève-de-Berthier et l’artiste Yves Louis-Seize ont décidé de s’allier afin de mettre en valeur ce bien de haute importance patrimoniale.

MRC de D’Autray

La pointe Esther a été nommée en l’honneur de Marie Josèphe Esther Sayer épouse de Pierre de Lestage.

Le moulin à scie de la pointe Esther a été reconstruit en 1738 pour la somme de 300 livres ce qui semble encore indiquer une remise en état plutôt qu’une reconstruction complète.

25 janvier 1738 – Marché de construction d’un moulin à scie sur la pointe Ester, rivière Bayonne en la seigneurie de Berthier entre Michel Lague dit Sancartier, charpentier et menuiser, de Chambly, et Pierre de Lestage, marchand, bourgeois, seigneur et propriétaire de la seigneurie de Berthier, demeurant en la ville de Montréal. Notaire François Lepailleur dit Laferté (page 4894)

un moulin a scie sur la pointe Ester riviere de Baillonne en la ditte seigneurie de Berthier # pour tout ce qui concerne consant la charpente et menuiserie et sans exception tout ce qui est nécessaire a la perfection dudit moulin et pour le mettre en etat de sier des planches de touttes longueur de trente cinq a trente six pieds de long demande courant # lequel moulin aura soixante pieds de long sur vingt six a trente pied de large suivant que la situation (mots rayés) du lieu le permettra pour la largeur

La pinière de Berthier semble avoir été une source de revenus importante et il en est souvent fait mention. La vallée du fleuve Saint-Laurent était bordée par de grandes forêts de pins centenaires qui ont presque entièrement disparues.

En 1739 un contrat a été conclu pour la construction d’un moulin à farine sur la pointe Esther.

3 mai 1739 – Contrat rédigé sous seing privé entre Pierre de Lestage et Pierre Mercereau, pour la construction d’un moulin à Pointe-Esther, près de la rivière Bayonne, à Berthier (BANQ)

21 août 1744 – Procès-verbal du serment des experts nommés pour faire la visite des moulins de Berthier, appartenant à la succession de de Lestage et dresser la liste des réparations requises (BANQ)

Les experts avaient recommandé de construire une muraille de 36 pieds entre le moulin à scie et le pignon sud du moulin à farine qui risquait de tomber sans cela.

Pierre de Lestage est décédé en 1743; Nicolas Gervaise était devenu le fermier des moulins de la seigneurie. Le sieur Gervaise serait arrivé de France avant l’agrandissement de la seigneurie en 1732 et il aurait construit un moulin sur une chute au-delà de la seigneurie selon l’histoire de la seigneurie de Berthier.

4 août 1748 – Marché de construction d’une allonge au moulin situé en la seigneurie de Berthier entre Charles Chenaye dit Lachenaie, maçon, de la ville de Montréal, rue Notre-Dame; et Nicolas Gervaise, fermier des moulins, de la seigneurie de Berthier. Notaire Louis-Claude Danré de Blanzy, no-3750 (page 2494)

une alonge au dit moulin de Berthier de vingt pieds de long sur la largeur de la maison qui est construite # laquelle a trentes trois pieds # et laquelle alonge aura dix huit pieds de haut d une pierre a l autre avec un pignon proportionné, dans lequel dit pignon il y aura une cheminée qui aura quatre pieds de haut au par dessus du faite

Jean-Baptiste Courthiau était agent des héritières de la seigneurie qui a été vendue en 1750 à son frère Pierre Noël demeurant à Bayonne au pays basque.

16 septembre 1750 – Partage et transaction entre Marie Joseph Ester Sayer, veuve de Pierre Lestage, et le sieur Pierre Noël Courthiau. (BANQ)

Le bail de Nicolas Gervaise daterait d’au moins 1747. Le partage incluait 3 esclaves, une fille esclave panize, un esclave nègre et une esclave négresse nommé Valentin iceluy mentionné aud. inventaire.

En 1753 le farinier du moulin de Berthier s’appelait Dastigny et le moulin appartenait à monsieur Courthiau à Berthier.

8 mai 1753 – 7 septembre 1753 – Procès entre François Laventure, charpentier, habitant la rivière Bayonne, demandeur, et Dastigny, farinier, de monsieur Courthiau à Berthier, défendeur, pour le paiement de travaux. (page 4553)

Memoir des ouvrages et journées que moy Laventure charpentier à fait et fourny au sieur Dastigny farinier chez monsieur Courthiau à Berthier.

Sur ce plan plus tardif deux sites de moulins sont localisés en amont de ce qui semble être la pointe Esther où une source d’eau salée est indiquée. Les moulins à scie et à fouler la laine se trouvaient en aval des moulins à farine.

En 1754 il semble qu’un autre moulin ait été construit dans la seigneurie de Berthier. Les actes notariés ne sont pas toujours faciles à interpréter.

12 octobre 1754 – Démission d’un moulin et emplacement par Pierre Fortin dit Paris et Marie-Angélique Martin, son épouse, de Lanoraie, à Pierre Dérosier dit Frenière, de Lavaltrie. Notaire Cyr de Monmerqué dit Dubreuil, no-1271 (page 5532)

ont dit et declaré que ne pouvant faire valloir un moulin qu’ils ont desertte? avec ledit sieur Derosier dit Frenière habitans de Berthier qui se construit sur la terre apartenant ou il sera par ces presentes ceddé quitté et abandonné des present et a toujours au dit sieur Lafrenière ses hoirs et ayant cause ledit moulin, assie sure l emplacement ou se construit ledit moulin

Le bail consenti en 1759 par Pierre-Noël Courthiau seigneur de Berthier, Randin et Trivoisins semble indiquer qu’il y avait alors 2 moulins à farine sur la rivière Bayonne mais qu’il n’y avait que le moulin à scie sur la pointe Esther.

22 octobre 1759 – Bail à ferme de deux moulins à eau situés sur la rivière Bayonne, seigneurie de Berthier et d’un moulin à scie situé sur la pointe Esther sur la rivière Bayonne, seigneurie de Berthier; par Jean-Baptiste Courthiau, négociant, de Berthier, au nom et comme procureur de Pierre-Noël Courthiau, seigneur de Berthier, Randin et Trivoisins, son frère, à Alexis Desrosiers dit Lafrenière, habitant, de Berthier. Notaire Louis-Claude Danré de Blanzy, no-8130 (page 2537)

deux moulins a eau faisants de bled farine assis sur la rivierre de Bayonne seigneurie de Berthier, garnis de leurs meules tournants et travaillants et autres ustanciles plus le moulin a planches a deux scies sis a la pointe Esther sur le meme rivierre de Bayonne…

pour faire l’exploitation du moulin a scie ledit preneur prendera par chacune desdites trois années dans la piniere dudit sieur bailleur les arbres ncessaires pour la quantite de douze cens piéces de sciage

les prendera tant avenir fors que ce ne soit des arbres qui ont eté cy devant entaillés pour faire du braye ou godron que ledit preneur jugera ne pouvoir regler plus longtemps sur pied sans dépérir et secher entierement

moyennant la somme de deux milles livres et la quantite de cinq cens minots de farine bonne loyale et marchande du poids de cinquante quatre livres net et franche du droit de moulin

veillera et empechera que personne ne couppe aucuns pins dans la pinierre ni prendre aucunes pierres dans ses carrierres et ne fasse aucuns torts de gradations et dommages sur ses domaines

Le gardien des moulins devait surveiller la pinière du domaine et s’assurer de couper en priorité les pins qui avaient été entaillés pour faire du goudron et du brai. Sur la carte de 1761 on voit que la pinière située sur la rive droite de la rivière Bayonne avait été mieux préservée, le chemin passait sur la rive gauche où la plupart des bâtiments étaient situés.

On fait aussi du brai avec de la résine et autres matières gluantes qui font un corps dur, sec et noirâtre; dans cet état on l’appelle brai sec, et il n’est pas propre à être employé ainsi pour la marine. Il faut en faire du brai gras en jetant du suif dedans quand on le fond pour l’employer à enduire les coutures et les carènes des vaisseaux.

Goudron de pin – Wikipedia
Édouard Manet – Le Bateau goudronné

En 1762 après la conquête le bail de 2 moulins à farine et 1 moulin à scie a été transféré à Nicolas Gervaise et Marie Lenoir; les arbres entaillés pour faire du goudron devaient toujours être coupés en priorité.

31 septembre 1762 – Bail à ferme de deux moulins à eaux situés sur la rivière Bayonne et d’un moulin ‘’à planches à deux scies’’ situé à la Pointe Esther sur la même rivière; par Jean-Baptiste Courthiau, négociant, de Berthier, procureur de Jean-Noël Courthiau, seigneur de Berthier, Randin et Trivoisins, son frère, à Nicolas Gervaise et Marie Lenoir, son épouse. Notaire Pierre Panet de Méru, no-1681 (page 5833)

faire joüir a Nicolas Gervaize et a Marie Lenoir (blanc) sa femme pour en authorisez a ce presents et acceptants preneurs pour eux durant ledit tems, deux moulins a eau faisant de bled farine assis sur la riviere Bayonne seigneurie de Berthier garnis de leurs meules tournans et travaillants et autres ustenciles, plus le moulin a planches a deux scies sis a la Pointe Esther sur la meme riviere Bayonne et seigneurie de Berthier avec tous les ustencils y annexés et en dependants mentionnés

pour faire l exploitation du moulin a scie lesdits preneurs prendront par chacune desdites trois [sic] années dans la piniere dudit sieur bailleur les arbres necessaires pour la quantité de douze cents pieus de sciage sans pouvoir sous quelque cause et pretexte que ce soit et puisse etre en couper ny abbattre au dela de la susditte quantité, ny courir la piniere, mais au contraire les prendra tous a main, a moins qui ce ne son des arbres qui ont eté cy devant en laittes pour faire du godron

veiller a ce que ladite riviere de Bayonne ne soit embarrasser afin que la navigation soit libre en icelle et que les canots puissent aller au dit moulin et sur retourner librement.

Le montant du bail était de 2000 livres et 650 minots de farine. En 1763 des travaux d’entretien ont été fait et le seigneur a fait construire un four à chaux.

16 juillet 1763 – Marché de maçonnerie pour un four à chaux et un moulin entre Jean-Baptiste Courthiau, seigneur de Berthier, Randin et Trivoisin, demeurant à Berthier, et Antoine Leblanc, maître maçon de Sorel. Notaire Cyr de Monmerqué dit Dubreuil, no-1950 (page 5534)

faire les travaux de massonne cy apres nomé, le four a chaux le charger prest a metre le feux, pour la somme de vingt quatre livres; en outre le pent des pelle du moulin a raisson de dix livres la toisse, le mur de refentes egallement aussy a dix livres la toisse, plus la chaussée dudit moulin la faire et parfaire prest a metre les madrier pour la somme de soixante et dix livres

Jean-Baptiste Courthiau a vendu la seigneurie à James Cuthbert après la conquête et il est retourné en France. Il a vendu des moulins à farine et à scie en plus de la maison seigneuriale et il a dû laisser son castor et sa robe de chambre.

Les moulins des seigneurs Cuthbert

En 1770 le nouveau seigneur de Berthier James Cuthbert a fait refaire le moulin à scie à neuf.

7 décembre 1770 – Marché de construction d’un moulin situé sur la rivière Bayonne entre Pierre Desrosiers dit Lafrenière, de la rivière Bayonne, paroisse de Berthier, et James Cuthbert, écuyer et seigneur de Berthier. Quittance, le 21 octobre 1771. Notaire Barthélemy Faribault (page 3396)

faire et parfaire bien et deûment, à dire d’ouvriers et gens à ce connoissans un moulin au dit neuf à deux scies dans l’endroit ou est situé celui qui se trouve actuellement sur ladite riviere Bayonne

ne poura pendant ledit entrepreneur démolir ni toucher à l’ancien moulin que le nouveau ne soit en etat d’etre placé;

Le marché a été fait pour un montant de 900 chellins et le 21 octobre 1771 Cuthbert a signé une quittance se disant satisfait des travaux.

Portrait de James Cuthbert
James Cuthbert – Musée McCord

Dès 1756, les habitants de la rivière Chicot désiraient une église et un prêtre. À cette époque, ils fréquentaient l’Église de Berthier (1729 à 1767). C’est l’abbé Kerbério de Berthier qui fut l’instigateur infatigable, le véritable fondateur de la paroisse de Saint-Cuthbert avec Jean-Baptiste Courthiau et évidemment James Cuthbert. L’abbé Kerbério choisit lui-même le site de la future église en plantant une croix. C’était le 21 avril 1765.

Histoire de Saint-Cuthbert

En 1767 James Cuthbert avait autorisé les habitants de St-Cuthbert à construire leur moulin à farine sur la rivière Chicot; ils se sont mis d’accord pour fournir les matériaux nécessaires.

30 mars 1767 – Engagement concernant la fourniture de matériel pour la construction d’un moulin à farine à Saint-Cuthbert entre les habitants de Saint-Cuthbert, et l’honorable James Cuthbert écuyer et seigneur de Berthier. Notaire Barthélémy Faribault (page 3423)

…Jean-Baptiste Brisset dit Courchêne Joseph Rinville, Nicolas Silvestre sindic préposé pour la batise les fournitures nécessaires d’un moulin à farine en la cote de Saint-Cuthbert, Jean-Baptiste Dubois et Joseph Roberge habitants dudit lieu lesquels ont réprésentés un écrit signé de l’honorable James Cuthbert ecüier seigneur de Berthié contenant que le dix sept décembre dernier tous les habitants dudit lieu de Saint-Cuthbert s’étant assemblés du consentement de mondit sieur seigneur en la maison dudit Baptiste Brisset pour et au sujet de la batisse du moulin cy devant mentionnés ils se seroient trouvés au nombre de quarante huits personnes démommés dans par ecrit inserée au dit ecrit… pour la construction d’un moulin de quarente piés de long sur trente de large

Dans sa Description du Bas-Canada en 1815 Joseph Bouchette disait que la rivière Chicot était alors navigable jusqu’au moulin seigneurial situé à 2 lieues du fleuve.

Les moulins de St-Cuthbert vers 1840? (BANQ)

L’acte suivant montre que les moulins de Berthier et de St-Cuthbert étaient affermés à Louis Bélair et son frère. Une estimation du moulin de St-Cuthbert a été faite pour la répartition des coûts d’entretien.

7 juin 1771 – Accord entre James Cuthbert, écuyer et seigneur de Berthier et Michel Bélair, de Berthier. Une estimation d’un moulin situé à Saint-Cuthbert, en date du 29 juillet 1771. Dépôt de l’estimation, 25 novembre 1771. Notaire Barthélémy Faribault (page 3390)

le vingt six may mil sept cent soixante sept il avoit affermé les moulins dudit Berthier et Saint-Cuthbert conjointement, avec Loüis Belair son frere lequel seroît parti pour les païs d’en haut sans lui en donner aucune connoissance, en sorte que son evasion le plonge dans un embarras extrême et le met hors d’etat de continuer cette ferme… en conséquence suplie mon dit sieur Cuthbert de vouloir bien consentir à la résiliation du bail desdits moulins…

nous arbitre denomé part l Onnorable James Cuthbert ecuier seigneur de Berthié et autre lieux et le sieur Michel Beillaire fermiée des moulins de Berthié scavoire de la part de mondit sieur Cuthbert et dudit Beillaire le sieur Antoine Parant maître mason…

Le bail du moulin de St-Cuthbert a ensuite été accordé en 1771 à Michel Vacher dit Saint-Antoine.

17 août 1771 – Bail à ferme d’un moulin situé à Saint-Cuthbert; par Charles Gervais, contremaître des moulins de Berthier et de Saint-Cuthbert, agissant pour James Cuthbert, écuyer et seigneur de Berthier, à Michel Vacher dit Saint-Antoine et Angélique Mercier, son épouse, de la paroisse de Berthier. Notaire Barthélémy Faribault (page 3409)

baillé et affermé pour le tems et espace d’une année à commencer du vingt courant et qui finira à pareil jour de la prochaine à Antoine Michel Vacher dit Saint-Antoine et Angèlique Mercier sa femme… le moulin de Saint-Cuthbert faisant de blé farine, à la charge de fournir et bailler livrer au dit moulin la quantité de six cent minots de blé froment

8 janvier 1772 – Marché de couper et de livrer du bois à la pinière de Berthier entre Jacques Tessier, de la rivière Bayonne, paroisse de Saint-Antoine en la seigneurie de Dautray, et Charles Gervaise, contremaître dans des moulins de Berthier. Notaire Barthélémy Faribault (page 3400)

fut engagé par ces présente envers le sieur Charles Gervaise contremaître des moulins dudit Berthier de couper, ( lettre rayée ) voiturer et rendre a pié d’oëuvre au plustard à la fin de mars prochain la quantité de cent billots de bois de pin

Un plan de la seigneurie de Berthier daté de 18-? montre l’église et le manoir de James Cuthbert.

La gazette de Québec, 15 mai 1773
La gazette de Québec, 15 mai 1773

Le seigneur Jacques Cuthbert avait du mal à s’entendre avec ses censitaires, en 1773 son manoir a été incendié et il offrait une récompense à ceux qui dénonceraient les coupables. Dans les livres d’histoire on lit que ce sont les américains qui auraient incendié le manoir en 1776 en représailles car James Cuthbert aurait été un héros; ce serait plutôt une légende transmise par la famille Cuthbert.

Le dernier manoir seigneurial de Berthier en 1938 – BANQ

James Cuthbert aurait d’abord habité l’ancien manoir de Pierre de Lestage dans le village de 1765 à 1769 puis il s’est fait construire un manoir en amont sur la rivière Bayonne qui a brûlé jusqu’à terre en 1773. Le manoir a été aussitôt reconstruit.

11 juin 1775 – Dépôt d’une décharge de James Cuthbert, écuyer et seigneur de Berthier, à Michel Bélair, farinier, de l’île Bizard, et Louis Bélair, son frère. Notaire Louis-Joseph Soupras, no-1174 (page 7596)

Moi James Cuthbert, ecüier seigneur de Berthier et autres lieux déclare décharger de toute hypothéque que je pourois prétendre sur une terre de deux arpens de front sur quarante de profondeur située no 51, au nord est, de la riviere Bayonne seigneurie de Berthier, tenant d’un côté à Ambroize Trampe et d’autre au nommé Cadoury en vertu de l’obligation qu’il m’a consentie cy devant, conjointement avec Loüis Belair son frere, consentant qu’il en fasse et, dispose par ventes donation ou autrement dès qu’il m’aura satisfait de la somme de cinq cents quatre vingt neuf livres ou chellins

En 1778 un marché a été conclu pour construire un moulin à farine en pierre à l’endroit appelé le Saut sur la rivière Bayonne pour la somme de 600 shellins plus 50 shellins de gratification à la femme de l’entrepreneur.

22 septembre 1778 – Marché d’ouvrage de maçonnerie d’un moulin à farine sur la rivière Bayonne à l’endroit appelé le Saut entre Nicolas Béland, maître maçon, de la Rivière-du-Loup, et James Cuthbert, écuyer et seigneur de Berthier. Notaire Barthélémy Faribault (page 3414)

la maçonne d une maison en pierre pour bâtir un moulin à farine sur la riviere Bayonne à l’endroit appellé le Saut laquelle sera de cinquante un piés de long sur trente six de large de dehors en dehors, onze piés de haut

Ce marché conclu pour 450 shellins peu après semble concerner le même moulin de la chute de la rivière Bayonne; le suivant concerne la toiture en bardeau du moulin qui a coûté 250 shellins.

22 décembre 1778 – Marché d’ouvrage de charpente et menuiserie pour le moulin de la chute sur la rivière Bayonne entre Antoine Bilau, maître menuisier, de Saint-Cuthbert, et Charles Gervaise, contremaître des moulins de la seigneurie de Berthier. Notaire Barthélémy Faribault (page 3418)

toute la charpente et menuiserie qu’il conviendra de faire au moulin à farine qui doit se construire au lieu de la chutte sur la rivière Bayonne à la reserve des mouvements dudit moulin

Ce moulin est nommé Moulin Doucet au Saut ou Mill Craig dans le livre publié par Zone Bayonne.

5 avril 1779 – Marché d’une toiture en bardeau du moulin au saut de la rivière Bayonne entre Joseph-Marie Boucher, maître couvreur de bardeaux, de la côte Saint-Antoine, seigneurie de Dautray, et James Cuthbert, écuyer, seigneur de Berthier. Notaire Barthélémy Faribault (page 3380)

toute la couverture en bardeau avec les pignons nécessaire au moulin qu’il doit faire construire au saut sur la riviere Bayonne

Le manoir du seigneur Cuthbert
Le manoir reconstruit – Éditions Réjean Olivier (BANQ)

Après inspection par un expert les moulanges ont été déclarées défectueuses.

28 octobre 1779 – Déclaration et visite de moulin par Pierre Arsenault, maître constructeur de moulin de la Rivière-du-Loup. Notaire Barthélémy Faribault (page 3421)

pour y visiter les moulanges d’un moulin neuf que l’honorable James Cuthbert ecüier seigneur dudit Berthier que fait construire et dont les moulanges sont entreprises par le sieur Gabriel Bellisle dit Chevrefils, après les avoir examinés avec toute l’attention possible il les avoit trouvées défectueuses et imparfaittes tellement qu’elles sont hors d’etat de pouvoir être assemblées et posées au dit moulin

Pendant toutes ces années la propriété des moulins a été peu à peu partagée en parts. En 1780 Jacques Cuthbert pouvait affermer 5/8 du moulin à farine Dautray et il était propriétaire du moulin à scie.

La Gazette de Québec 27 janvier 1780
La Gazette de Québec 27 janvier 1780

Le dit moulin à scie est situé sur un beau ruisseau (le même sur lequel est le moulin à farine) et n’est pas éloigné d’un mile du fleuve St-Laurent. Ce qui semble signifier que le moulin à scie était en amont du moulin à farine sur la rivière Dautray. James Cuthbert avait toujours des démêlés avec ses censitaires mais je ne suis pas certain que ceux-ci lisaient la Gazette de Québec. Il était interdit de chasser ou pêcher dans sa seigneurie après le 1er août.

La gazette de Québec 7 juillet 1785
La gazette de Québec 7 juillet 1785

16 mai 1788 – Marché de moulange au moulin de Dautray entre Robert Elliot, maître constructeur de moulin, de la Rivière-du-Loup, et Pellan, pour et au nom de James Cuthbert, écuyer et seigneur de Berthier, Dautray et Lanoraie. Notaire Barthélémy Faribault (page 3405)

commencer au dix juin prochain les mouvements et poser deux moulanges du moulin de Dautrai qui marcheront par la même roue et le même arbres lesdits moulanges seront dans de bonnes garnitures, et l’ouvrier fera la tremïe, l’augette et la huche tellement que tous l’ouvrage dépendants des moulanges soit accompli, et chaque paire de moulange fera six a sept minots de farine par heure pourvû qu’il ait de l’eau…

par le même mouvement fera marcher un bluteau de douze a quinze piés lequel fera de quatre sortes de farine en lui fournissant les toiles nécessaaires pour blutter quarante minots de farine par vingts quatre heures…

ledit sieur seigneur promet et s’oblige de fournir deux paires de moulange bien emmoulangées prises dans leur cercle a la porte du moulin

Ce marché a été conclu pour 112 livres et 10 chelins.

22 juillet 1788 – Marché pour faire les ferrures et fers pour le moulin de Dautray entre Archibald Brown, forgeron, de la Rivière-du-Loup, et John Drake, au nom et comme procureur de James Cuthbert, écuyer et seigneur de Berthier, Dautray et Lanoraie. Cautionnement de Robert Elliot en faveur d’Archibald Brown, le 29 juilllet 1788. Notaire Barthélémy Faribault (page 3411)

fournir a la demande de Robert Elliot maître entrepreneur de moulin de Dautrai toutes les ferrures et fers de quelques espece qu ils puissent être nécessaires pour ledit moulin de Dautrai

James Cuthbert a publié une annonce dans la Gazette de Québec en 1790 pour louer ses moulins et il en donne une description:

La gazette de Québec, 23 décembre 1790
La gazette de Québec, 23 décembre 1790
  • Le moulin de Dautrai (avec tout le droit de péage de Dautrai, Lanorai et du Petit Bois) avec deux paires de meules… les bateaux et les canots peuvent monter jusqu’à la porte du moulin.
  • Le moulin appelé Milleraige situé sur la rivière Bayonne qui ne tarit jamais avec deux paires de meules françaises en très bonne condition.
  • Le moulin de Berthier, avec un moulin à scie, l’un et l’autre situés sur le même cours d’eau… on a construit depuis six mois un moulin à orge…
  • Le moulin de la paroisse de St-Cuthbert (moulin à farine).
  • À louer le privilège de construire un moulin à farine sur la rivière Maskinongé.

James Cuthbert a continué à se chicaner avec ses censitaires jusqu’à sa mort en 1798.

La gazette de Québec, 21 janvier 1790
La gazette de Québec, 21 janvier 1790

En 1799 les héritiers de James Cuthbert, Alexander, James et Ross ont fait construire un autre moulin à farine à 2 moulanges pour 550 livres sur la rivière Cachet dans la seigneurie de Nouvelle-York (Dusablé) au nord de St-Barthélémy.

6 juin 1799 – Marché de construction d’un moulin à farine situé en la seigneurie de Nouvelle-York [seigneurie du Sablé] sur la rivière Cachet par; Alexander Cuthbert, James Cuthbert et Ross Cuthbert, écuyers, syndics de la succession de feu James Cuthbert, leur père, et, Jean Baptiste Saint-Louis maitre charpentier, demeurant au faubourg Saint-Laurent. Notaire John Gerbrand Beek, no-1323 (page 1259)

batir un moulin neuf tout en bois dans la riviere Cachet en la seigneurie de Nouvelle York appartenant a la dite succession dans la place déja fixée de quarante huit pieds de longeur sur vingt huit pieds de large et quatorze pieds de hauteur a deux moulanges

30 juillet 1800 – Marché d’ouvrages de maçonnerie, charpenterie et menuiserie pour la construction d’un moulin à farine situé sur la rivière Bayonne; entre Jean-Baptiste Saint-Louis, maître-entrepreneur demeurant au faubourg Saint-Laurent et Ross Cuthbert, écuyer, seigneur de Lanoraie et Dautray demeurant à Montréal. Quittance, le 31 juillet (l’année a été omise). Notaire Thomas Barron, no-65 (page 942)

la construction entière et parfaite d’un moulin à farine sur la riviere Bayonne près de la place où demeurent les nommés Lavallée et Desalieres, lequel sera de quarente six pieds mesure françoise de longueur sur trente pieds de largeur et seize de hauteur, faire tout le corps du dit moulin et autres murs necessaire en bonne maçonne et d épaissseur convenable…

Le marché a été conclu pour 500 livres et le 31 juillet Saint-Louis a signé un avenant pour garantir la solidité du moulin pendant 1 an à l’exception des mouvements promettant les retablir et reparer en cas de ruine au detoriations.

Ce moulin était situé au 1160 rang sud de la rivière Bayonne, il est nommé moulin Magnan ou Sainte-Claire dans le livre publié par Zone Bayonne.

Description de Berthier en 1815 par Joseph Bouchette

En 1815 Joseph Bouchette a publié des cartes du Bas-Canada accompgnées d’une description.

La carte montre le moulin D’Autray sur une rivière nommée St-Joseph. Le moulin était situé entre le fleuve et le Chemin du Roy. Sur la rivière Bayonne 3 sites de moulins ont été marqués entre la source d’eau salée et Ste-Elisabeth. Les pictogrammes sont différents pour chacun.

Il y avait un autre moulin loin en amont sur la rivière Bayonne en-haut de St-Félix-de-Valois près de Castle Hill.

Un moulin était alors situé en amont de l’église de St-Cuthbert vis à vis du rang St-Catherine; J. Bouchette n’a pas dessiné tous les moulins sur ses cartes et il a peut-être oublié le moulin à farine situé près du village.

Dans sa Description du Bas-Canada Joseph Bouchette décrit la seigneurie de Berthier, il ne parle pas de la pinède de Berthier:

Le village et ses environs étaient souvent inondés à la fonte des neiges causant beaucoup de dommages. Il y avait deux moulins à grain, deux scieries et une manufacture de potasse dans Berthier et ses dépendances.

Les îles à l’entrée du lac Saint-Pierre étaient encore couvertes de bon bois de construction.

Le moulin Dautray était situé sur une rivière qui avait un courant permanent grâce au petit lac Romer situé dans la tourbière de Lanoraie. Le bois de chêne et de pin était encore abondant dans ce secteur.

Les moulins de Dautray et de Berthier après 1815

L’histoire des moulins de Dautray et de Berthier a continué après 1815, de nombreux moulins ont été construits sur la rivière Bayonne. J’ai déjà essayé de documenter ceux de Saint-Félix-de-Valois en 1871 et je vais continuer ces recherches.

En 1844 James Cuthbert a fait refaire le plan terrier de sa seigneurie; le notaire Firmin Perrin a rédigé les contrats et l’arpenteur James Dignam a arpenté tous les lots concédés.

Certains titres concernant des lots de forme irrégulière sont accompagnés de plan comme celui de Pierre Girard situé près d’un pont sur la rivière Bayonne. Il faudrait regarder tous les titres pour trouver les moulins.

Le pont de Berthier sur la rivière Bayonne
Pont de Berthier sur la rivière Bayonne, 1781 – BANQ

Par recoupement on pourrait localiser les moulins; par exemple cette description de la terre de Pierre Paradis mentionne une petite coulée qui sépare ce terrain d’avec celui du moulin, bordé par les terres de Plutarque Lavallée, Pierre Lavallée et Narcisse Gervais.

Le 30 septembre 1844 un jugement arbitral a été rendu en vertu d’un compromis entre James Cuthbert coseigneur de Berthier, Joseph Lavallée père, Joseph Lavallée fils et Plutarque Lavallée, meuniers dans le moulin de Berthier. Les arbitres étaient William Berczy seigneur de Daillebout et Barthélémy Joliette seigneur de Lavaltrie.

Le 11 octobre 1847 vente par Alexis Fuseau dit Roque et Henriette Doiron sa femme à Joseph Edouard Faribault du moulin à scie d’Autray. Ils l’avaient acquis de Pierre Beaugrand dit Champagne (1/3) et Zéphyrin et Onésime Doiron (2/3); Ross Cuthbert l’avait vendu en 1799 à Philippe Jacques Heingre(?).

Le recensement de Berthier en 1851 décrit les moulins. Un moulin à farine mû par l’eau dans une bâtisse en pierre et en bois. Ce moulin employait 3 personnes et il appartenait aux héritiers du second James Cuthbert décédé en 1849. On trouve les noms de 2 meuniers sur la page correspondante, Elzéard Olivier et Jacques Ménard.

Sur un autre site il y avait 3 moulins: un moulin à farine et un moulin à fouler et à presser dans le même bâtiment et un moulin à scier dans une bâtisse en bois. C’était donc un ensemble de moulins nettement plus important que le premier.

Cet ensemble de trois moulins employait 5 personnes et il appartenait à Firmin Perrin écuyer, notaire de Berthier. Nazaire W. Bédard et David Dauphinais ont été recensés comme meuniers.

Expertise des moulins de Firmin Perrin à Berthier en 1862 – Un procès entre les héritiers de J. Cuthbert et le notaire Firmin Perrin à propos de ces moulins a donné lieu à une expertise très complète.

Il y avait encore un moulin à carder et un moulin à fouler appartenant à Joseph Derouin marchand.

Dans le terrier de la seigneurie en 1844 j’ai trouvé cette description de la terre de Henry Barthe dit Belleville faisant partie de la terre de Narcisse Gadoury qui était bordée par un chemin menant au moulin à carde.

L’Organisme des bassins versants de la Zone Bayonne a publié une documentation sur l’histoire de la rivière Bayonne. La carte qui se trouve à la fin situe le moulin de la Pointe Esther (1) près du village juste en amont de l’autoroute 40. Je ne pense pas que ce soit le bon endroit puisque la pinière de Berthier était située à 1 lieue de l’église et le moulin à 1 lieue et quart (environ 6 km); il se situerait plutôt vers le numéro 2 où il y aurait eu plusieurs moulins.

Sur ce plan de 1857 un moulin seigneurial est indiqué un peu en aval du moulin Joly (numéro 4 sur le plan ci-dessus); une île forme le terrain attaché au moulin, l’île Tessier. Je n’ai trouvé aucune information à propos de ce moulin seigneurial situé très haut sur la rivière Bayonne.

Carte du Québec

2 réflexions au sujet de “Les moulins des seigneuries de Dautray et de Berthier”

  1. Super intéressant! le moulin en bas de le chute sur la rivière Bayonne a appartenue à mon beau père Romuald Doucet . Je crois que ma belle maman a eu ces enfants là . Le moulin de St Cuthbert était le grand père de mon mari . Et si je comprend bien le moulin à scie de Lanoraie dans le temps que je demeurais près de la villa d’Autray c’était un monsieur Bonin . Merci beaucoup je vais garder et relire ce histoire des moulins .

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    • Vous pourrez relire cet article en y trouvant de nouvelles informations puisque des lecteurs m’en envoient et que je les ajoute au fur et à mesure. Voici celle que j’ai reçue hier à propos du moulin à scie d’Autray:
      Le 11 octobre 1847 vente par Alexis Fuseau dit Roque et Henriette Doiron sa femme à Joseph Edouard Faribault du moulin à scie d’Autray. Ils l’avaient acquis de Pierre Beaugrand dit Champagne (1/3) et Zéphyrin et Onésime Doiron (2/3); Ross Cuthbert l’avait vendu en 1799 à Philippe Jacques Heingre(?).

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