En juillet j’avais fait une recherche sur le Vieux Moulin de Saint-Paul. Je suis retourné plusieurs fois revoir le site cet été, c’est une belle promenade à faire par la piste cyclable en longeant la rivière L’Assomption. J’ai lu qu’il y aurait eu un moulin à scie à cet emplacement avant le moulin à farine des seigneurs de Lavaltrie. J’ai été photographier les traces de ces deux moulins construits à partir de 1770.
En 1770 la région de Joliette n’était pas encore colonisée, il s’agit donc du plus ancien site historique de la région. C’est en plus un magnifique site naturel sur la rivière L’Assomption.
Après avoir publié ma recherche sur le Vieux Moulin de Saint-Paul j’ai lu dans le livre de Jean Hétu sur l’histoire de Lavaltrie et ses ancêtres cette information:
Le 9 octobre 1769 Pierre-Paul Margane de Lavaltrie et sa soeur accordaient à Antoine Beaudry fils le droit de construire un moulin à scie «moyennant le nombre et quantité de mille morceaux de bois de sciage»… Antoine s’empressa de construire ce moulin au pied d’une cascade de la rivière l’Assomption à environ quatre kilomètres de l’endroit où Barthélémy Joliette viendra plus tard fixer ses premiers chantiers de L’Industrie.
Georges Estu(r) dit Lafleur
La cascade décrite correspond au site du Vieux Moulin de Saint-Paul. Il y aurait donc peut-être eu deux moulins construits à cet emplacement: un moulin à scie vers 1770 puis un moulin à farine avant 1798. Un plan dessiné en 1835 montre le site de ces moulins près des îles Vessot (nom actuel).
Le moulin à scie de 1770
Voici la vue qu’on a en arrivant de la piste cyclable à l’emplacement du Vieux Moulin de St-Paul. Le site est très fréquenté puisqu’il est magnifique mais personne ne sait que c’est un site historique, le plus ancien de la région.
En observant la rivière en amont de la cascade on voit qu’un chenal a été élargi pour amener l’eau vers les moulins sur le bord de la rivière. Le rocher sur la rive a été taillé puis il a été érodé par l’eau.
Il amenait l’eau dans un chenal qui a été taillé dans le rocher. Une roue à eau pouvait être installée à cet emplacement mais c’était pour une roue de petite dimension, pour un petit moulin à scie de campagne. J’avais d’abord pensé que c’était une sorte de canal de dérivation.
Mais on voit qu’un gros travail a été fait pour creuser ce chenal. On peut voir les marques de la scie qui a permis d’extraire des blocs du rocher, les couches superposées de la roche ont permis de dégager des surfaces bien plates.
Le rocher sur la rive a été taillé en escalier pour dégager le chenal et permettre au courant de s’écouler facilement.
Un chenal a été dégagé pour installer un moulin à scie mais en observant la rive en aval on remarque que le rocher à la limite de la forêt est parfaitement plat avec une légère pente jusqu’à l’emplacement d’autres marques dans le rocher.
Le moulin à farine
Je fais des hypothèses qui demanderaient à être vérifiées par des archéologues mais il est évident qu’il y a eu d’autres bâtiments plus en aval. Le rocher plat sur la rive a permis de construire un canal assez long pour augmenter la hauteur de la chute et actionner un moulin plus important, sans doute le moulin à farine construit par les seigneurs de Lavaltrie.
Depuis le premier moulin le rocher est bien plat et descend vers le deuxième site.
Des blocs de rocher coupés à la scie témoignent du travail qui a été fait.
Le canal sur la rive aboutissait à un emplacement où une roue à eau de plus grande dimension pouvait être installée. Le rocher a été taillé verticalement, le temps n’a pas trop érodé les marques du travail qui a été fait.
À la fin du canal l’eau se déversait sur la roue à eau située le long de la rive. Les gros blocs de rocher sciés bien droits ne sont certainement pas naturels. Ils servaient peut-être à protéger ou fixer la roue à eau.
Selon la description qui est restée des vestiges du vieux moulin à farine de St-Paul il comportait 2 bâtiments attachés. Le rocher a aussi été taillé verticalement un peu plus loin après une échancrure pour recevoir le deuxième bâtiment.
Sur la surface du rocher des encoches ont été taillées à angle droit, pour fixer les bâtiments sans doute. En fouillant la terre à cet emplacement on devrait trouver les pierres des anciens bâtiments.
Les marques d’outil sont très nombreuses partout sur le site, la cascade a été transformée pour que l’eau s’écoule facilement.
Il reste de nombreuses questions à résoudre. Si le canal était en haut sur la rive je me demande pourquoi le rocher a été si bien taillé sur le côté, comme si il y avait un second canal plus bas. Et à quoi servaient les blocs coupés qui restent.
Les traces du travail des constructeurs de ces moulins sont omniprésentes, je me suis amusé à essayer de les interpréter mais je ne suis pas archéologue bien sûr.
C’est assez rare qu’un site archéologique soit situé dans un lieu public sur le bord d’une piste cyclable à 4 kilomètres du centre-ville. Le site est très spectaculaire pour expliquer le fonctionnement des moulins à eau qui ont permis la colonisation du Québec.
La ville de Joliette pourrait en faire une belle attraction touristique. Pour l’instant les visiteurs marchent sur ces vestiges sans même les remarquer.
