Le notaire Joseph-Edouard Faribault a pratiqué au bourg de L’Assomption à partir de 1791 à une époque où ce village devenait le centre commercial régional. Le territoire a alors été colonisé en remontant la rivière L’Assomption et ses affluents vers L’Achigan, Saint-Roch, Saint-Paul jusqu’à la seigneurie d’Ailleboust (aujourd’hui Ste-Mélanie). Barthélémy Joliette, son neveu, a été son clerc de notaire avant de fonder le village d’Industrie.
Sommaire:
- Création de la police de L’Assomption en 1792
- La construction de bateaux au bourg de L’Assomption
- Ponts, traverses et bacs sur la rivière L’Assomption
- Le commerce avec les pays d’en-haut
- L’industrie du cuir au Bourg de L’Assomption
- La brasserie de L’Assomption
- Construction de l’église de L’Assomption – 1819
- Nouvel acte pour nommer les syndics de police
- Le marché du bois sur la rivière de l’Assomption
- Le nouveau marché du bourg de L’Assomption
- Construction du Collège de L’Assomption
- Le mariage de Jacques-Eugène Faribault fils du notaire
Le 18 mars 1754 une ordonnance du gouverneur général Duquesne et de l’intendant Bigot à la requête des habitants de la mission de Saint-Pierre du Portage sur la rivière L’Assomption avait établi la reconnaissance civile de la future ville de L’Assomption.
Mais ce n’était encore qu’une mission avec quelques maisons. L’essor de la ville de L’Assomption n’a vraiment commencé que vers la fin du siècle.
Création de la police de L’Assomption en 1791
En 1791 le Conseil Législatif de la Province de Québec a accordé aux villes, bourgs et villages qui auraient 30 maisons habitées le pouvoir d’établir des règlements de police. En juillet les habitants du bourg de L’Assomption ont déposé une demande officielle signée des notables et des citoyens du bourg. Paul-Roch de St-Ours était membre du Conseil Législatif, il a signé en premier, les autres notables étaient Toussaint Pothier, Georges McBeath, Germain Leroux, commissaires de la Cour de requêtes, François Antoine Larocque, Alexandre Chisholm et Jean-Baptiste Bruquier, écuyers.
Les autres citoyens du bourg de L’Assomption ont aussi déposé leur demande, elle permet de connaître les principaux habitants du bourg et leur occupation. Le curé de la paroisse St-Pierre du Portage était Médard Pétrimoulx, le lieutenant de la milice Jean-Baptiste Senet, il y avait un docteur, un notaire, des négociants, des forgerons, un cordonnier, un maître d’école, des menuisiers, un ferblantier, etc.
En 1791 le bourg de L’Assomption était le centre commercial d’une région en plein développement. Christian Roy dans son Histoire de L’Assomption explique que les terres situées en amont sur la rivière et ses affluents lui assuraient sa prospérité: la culture du blé sur les riches terres agricoles le long des rivières L’Achigan et St-Esprit, l’exploitation du bois le long de la rivière L’Assomption sur les terres de St-Paul de Lavaltrie jusqu’à la seigneurie d’Ailleboust.
Barthélémy Faribault notaire à L’Assomption 1790-1798
Barthélémy Faribault père de Joseph Edouard a été notaire à Berthier mais de 1790 à 1798 il a exercé à L’Assomption à la suite d’une dispute avec le seigneur de Berthier James Cuthbert. On trouve dans son greffe quelques actes importants de l’histoire de L’Assomption à cette époque. Le 15 avril 1793 Antoine Pelletier forgeron a vendu à Régis Bruguier sa forge avec tous les ustensiles en dépendant pour 700 livres.
Thomas Corry marchand de l’Assomption est décédé en 1792; sa veuve Mary Corry a déposé une demande de tutelle pour ses enfants mineurs. Elle a été nommée conjointement avec George McBeath, les personnes consultées ayant signé étaient Thomas McCord, James McGill, Alexander Mabbut, R. Cruickshank, George Selby.
Le 16 février 1795 Mary Corry et Co négociant au bourg de l’Assomption a engagé Pierre Martin dit Barnabé comme milieu de canot pour aller hiverner dans le Mississipi. Le 5 mai Mary Corry & Cie a engagé Joseph Picard de St-Roch pour naviguer sur la goëlette mouillée à leur port en qualité de matelot et même de pilote si celui-ci était malade; le 6 mai Louis Augé navigateur de profession a été engagé comme pilote pour faire le cabotage entre Montréal et Québec; Alex Dussault du Point du Jour a encore été engagé comme matelot.
Le 11 juin Jean-Baptiste Sarrasin tanneur et François Cormier du bourg de l’Assomption se sont engagés à livrer à Mary Corry & Cie 50.000 livres de boeuf frais en quartiers du plus gras et le mieux conditionné qu’il se pourra avec les pannes, suif et rognons… Le 1er août Louis et Abraham Nantel de l’Achigan se sont engagés à lui livrer 10.000 livres et le 17 août William Cleghorn de Berthier 25.000 livres.
Le 17 septembre 1797 les marguilliers de l’oeuvre et fabrique de l’église paroissiale St-Pierre de la rivière de L’Assomption ont été unanimement d’avis d’abattre et aplanir le quai se trouvant devant l’église plutôt que de le réparer.
Le 30 septembre 1797 Joseph Beaupré maître-sellier s’est engagé à messieurs Francis Badgley et Alexander Mabbut associés dans une manufacture de cuir établie au bourg de l’Assomption; le 28 juillet 1798 William Clark a été engagé comme maître-cordonnier et David Jenkins comme maître-tanneur; le 3 août Maurice Deligny comme maître-sellier et Nathaniel Boulter comme tanneur.
Le notaire Barthélémy Faribault est retourné pratiquer à Berthier le 30 septembre 1798 après le décès du seigneur James Cuthbert le 17 septembre.
La livraison de la poste au bourg de L’Assomption
Un marché conclu par Jean-Marie Loyer le 2 avril 1803 pour la livraison de la poste 2 fois par semaine au bourg de L’Assomption montre que les communications avec Montréal et Québec se faisaient efficacement. Les notables capables de payer ce service étaient Roch de St-Ours, Barthélémy Rocher, Alexander Mabbut, Jean LeHoullier, Pierre Rottot, Leroux, Louis Raymond, Jacques Lacombe, Royer(?), Mercier.
Le 15 octobre 1820 Jacques Lacombe et Benjamin Beaupré marchands ont conclu un marché avec Charles Thavast(?) de St-Sulpice pour la livraison du courrier. Le marché a été renouvelé le 15 octobre 1821.
La construction de bateaux au bourg de L’Assomption
Le commerce se faisait par les rivières puisque les chemins étaient encore presque inexistants. La construction de bateaux était donc une activité importante. Le 22 mars 1783 Joseph Viger, négociant, a conclu un marché avec Charles Beaulieu, maître charpentier, pour construire la quantité de bateaux qui pourront se tirer du bois fourni par J. Viger, lesquels bateaux seront faits et construits suivant les proportions ordinaires que l’on observe pour ces sortes de voitures, de les bien et dûment faire et parfaire entièrement, calfeutrés, brayés et godronés et rendus bien étanches dans cette rivière de L’Assomption…
Joseph Viger payait 100 livres pour chaque bateau en fournissant tous les matériaux, bois, clous, ferrements, bray et étoupe. Le bray et le godron (goudron) étaient récoltés en entaillant les pins pour récolter leur sève.
Ce contrat ne précise pas le nombre de bateaux qui ont été construits et il pourrait être exceptionnel. Le 15 décembre 1785 un autre contrat trouvé dans le greffe du notaire Joseph-Thomas Raymond est plus précis; Charles Baubin a conclu un marché pour la construction de 50 bateaux avec Charles Beaulieu et Richard et Barthélémy Poitra. Chaque bateau devait être payé 288 livres mais ils devaient fournir les matériaux. Charles Baubin commerçant de Montréal fournissait son hangar pour construire les bateaux. Charles Beaulieu était le chef du chantier, il avait donc une bonne expertise en construction de bateaux.
La rivière L’Assomption était alors moins large et elle était navigable au moins jusqu’au bourg de L’Assomption et certainement plus haut. On trouve dans les archives du Canada des cartes de la rivière datant de 1848 détaillant son cours.
Dans le bourg de L’Assomption on remarque qu’il y avait un pont en amont de l’église qui n’existe plus. La rivière rétrécit en amont du confluent de la rivière L’Achigan et encore au niveau de la rivière Saint-Esprit. Sur la droite de ce détail de la carte on remarque aussi le manoir de M. Viger.
Les cartes sont très précises, je les ai réduites pour que les fichiers ne soient pas trop lourds. Le 3ème fichier montre le cours de la rivière jusqu’au moulin de Saint-Paul (à gauche) situé près des îles Vessot à Joliette aujourd’hui. En amont du confluent de la rivière Ouareau de nombreux méandres compliquaient la navigation; on y trouve le boom du capitaine Bénony Péreault où de nombreuses cargaisons de bois en cages ou flottant étaient livrées pour être transférées sur des barges.
Le 19 octobre 1833 James Mure navigateur de l’Assomption a déposé un protest contre Louis Rivêt à propos d’une barge qu’il lui aurait loué et abandonné à Montréal alors qu’il s’était engagé à la ramener à L’Assomption.
Ponts, traverses et bacs sur la rivière L’Assomption
Le village de L’Assomption étant en sa plus grande partie entouré d’eau, l’usage de traverses, de bacs et de ponts répondit toujours à un besoin vital de sa population. Vers 1790, à l’époque où notre bourg commençait à s’affirmer comme l’unique centre commercial et administratif d’une région en plein essor, les premiers grands ponts de bois firent leur apparition autour du Portage et sur la rivière l’Achigan. En 1790, il y avait un pont devant l’église, un deuxième un peu plus en amont vis-à-vis de l’actuel Parc Laurier, et un troisième sur la côte Marcil…
Histoire de L’Assomption (page 191)
Le pont situé en face de l’église avait été construit par Jean-Baptiste Bruquier qui l’avait vendu à Pierre Rollot en 1800. Le 7 mai 1804 P. Rollot l’a revendu pour 2.000 livres à Toussaint Pothier marchand voyageur de Montréal; le contrat de vente en donne une description. Il consistait en 40 pirogues avec diverses pièces de bois entreposées sur la place du marché en attendant la fin du dégel pour être mises en place. Il a été payé par une traite payable par Germain Pothier marchand à Michillimakinac dans les pays d’en-haut.
Le droit d’ériger un pont sur la rivière avait été affermé pour 14 ans à Régis Bruquier par les seigneurs de St-Sulpice.
Dans le Journal de l’Assemblée du Bas-Canada une requête du 24 mars 1806 par Jean-Baptiste Vincelet explique qu’en 1797 les signeurs de St-Sulpice ont donné à bail à Régis Bruguier un droit de traverse sur la rivière L’Assomption pour 21 ans; Régis Bruquier avait alors construit à grands frais un pont de bois flottant à la place du bac. J.-B. Vincelet qui avait acheté ce pont voulait empêcher Jacques Lacombe d’obtenir une licence pour en construire un autre ou alors de lui payer une indemnité de 17.000 livres.
Le 9 septembre 1808 Marie-Archange Gagnon veuve de Louis Lafaille dit Lafontaine a vendu à Louis Mersant dit Lapierre la traverse située sur son terrain avec le bac et le canot pour 600 livres. Le 1er mai 1810 Angélique Codaire veuve de Louis Mersant a revendu la traverse et son terrain à Charles Lorrion; elle était située au haut de L’Assomption.
Le 3 juin 1815 les inspecteurs des chemins de L’Assomption et de St-Jacques ont adjugé la construction d’un nouveau pont sur le ruisseau St-Jacques traversant le chemin du Roy à l’ouest de la rivière L’Assomption pour 1.294 livres à François Poitras maître-charpentier. Le 27 juin 1816 un devis et marché pour la reconstruction d’un pont sur la rivière du St-Esprit a été conclu entre Jean-Baptiste Mousseau et entrepreneur et les sous-voyers de la paroisse St-Jacques. Le 22 février 1817 Barthélémy Poitras et Alexis Guyon dit Lemoine maîtres-charpentiers ont inspecté le pont de la rivière Saint-Esprit et ont déclaré qu’il était encore en assez bon état. Un autre rapport d’experts daté du 28 mai 1825 constate que le pont construit sur la rivière Saint-Esprit est en ruine pour cause de vétusté et qu’il faut le solidifier au plus tôt.
Le 4 septembre 1820 Pierre Beaugrand maître-charpentier de Lanoraie nommé expert par Benjamin Beaupré et Bonaventure Panet commissaires pour les communications intérieures et Pierre Dufour autre expert nommé par Sr. Gigon entrepreneur d’un pont sur L’Assomption ont constaté que le pont avait été construit conformément au plan et devis.
Le 27 mars 1821 Robert Lecavelier, Laurent Dorval fils et Joseph Lesanche fils notables habitants du bourg de L’Assomption ont inspecté un pont nouvellement construit sur la rivière L’Assomption dont la moitié avait été emporté par un fort coup de vent le 21 mars. Ce pont avait été construit devant le marché en amont de l’église. Le 28 décembre 1822 tous les notables de la région ont conclu un marché avec Jean-Baptiste Desmaraitz pour sa reconstruction en offrant le terrain et les matériaux.
On remarque les noms des seigneurs de Lavaltrie, Pierre de Lanaudière, Barthélémy Joliette et Charles Peter Loedel parmi les nombreux contributeurs.
Le 23 février 1823 Jean-Baptiste Picard et Jean-Baptiste Picard journaliers de L’Assomption ont été engagés par Benjamin Beaupré jusqu’à ce que le pont de B. Beaupré soit reconstruit pour faire traverser la rivière en bac, bateaux et canots les passagers et montures pour 42 livres chacun par mois.
Le 5 avril 1823 Société pour la traverse sur la rivière de L’Assomption entre Benjamin Beaupré et Henri Miville tant en bac, bateaux, canots et sur le pont qui a été construit par le dit Miville pour B. Beaupré et qui sera rebâti à frais communs; B. Beaupré était propriétaire d’un autre pont vis à vis sa maison.
Le 19 septembre 1823 Benjamin Beaupré a conclu un marché de bois de sciage avec Louis Beaudouin de Saint-Paul pour la livraison de madriers pour faire un pontage de 400 pieds.
Le 28 mars 1824 François Gignac et Charles Pésard ont été engagés par Benjamin Beaupré en qualité de garçons-traversiers.
Le 22 mars 1830 Benjamin Beaupré marchand a vendu un abonnement à sa traverse au notaire Chagnon et au notaire J. E. Faribault, le 30 mars à Laurent Leroux marchand, pour 12 ans. . Le 30 mars 1830 Benjamin Beaupré a conclu un marché avec Jean-Baptiste Desmarais pour modifier le contrat qu’ils avaient conclu le 28 décembre 1822 où Desmarais s’était engagé pour 20 ans à construire un pont chaque année pour faire traverser la rivière L’Assomption aux abonnés, pont qu’il a effectivement construit chaque année depuis. Ce marché ne lui étant pas profitable il demande à ce que le service soit transféré au pont que B. Beaupré possède vis à vis de sa maison ce qui est accepté.
Le 20 juillet 1831 Benjamin Beaupré a vendu à Joachim Ayet dit Maleau et Charlotte Guilbault tout le bois d’un pont érigé sur la rivière L’Assomption avec 2 bacs, 4 rames, 4 canots avec 8 avirons, un palan avec tous ses agrès, un mat avec son cap(?) pour 2.400 livres plus l’obligation de faire traverser le vendeur, sa parenté et ses abonnés.
Le 21 septembre 1833 vente par Joachim Ayet dit Malo à René et Charles Lippé, premièrement, tout le bois d’un pont actuellement érigé sur la rivière l’Assomption, près de l’emplacement ci-après désigné, de plus un chaland, trois canots, une poulie et palant (palan), 3 vieux câbles et 4 avironts; secondement, un emplacement situé au dit village de l’Assomption, Seigneurie de St-Sulpice, où les vendeurs demeurent actuellement, contenant 90 pieds de front sur le niveau de la rue St-Étienne…
Le commerce avec les pays d’en-haut
Les marchands de L’Assomption faisaient alors des affaires florissantes dans la traite des fourrures en y envoyant des hommes et des marchandises, ils avaient construit de belles maisons en pierre dont certaines sont toujours existantes. Les engagements pour les pays d’en-haut sont très nombreux dans le greffe du notaire Faribault à cette époque. Par exemple le 29 janvier 1800 Pierre Petitaux dit Sainsenne s’engageait à Toussaint Pothier marchand voyageur des pays d’en-haut pour 2 ans comme milieu de canot pour 900 livres. Le 1er février Louis Lareaux s’engageait aussi comme milieu pour 2 ans pour 1.000 livres. De nombreux engagements similaires étaient conclus chaque année par les jeunes hommes de la région. Le 6 novembre 1802 Jean-Marie Beauregard demeurant au haut de L’Assomption s’est engagé à Messieurs McTavish, Frobisher & Cie en qualité de second de canot pour faire l’aller-retour à Michillimakinac.
Le 12 février 1807 Régis Bruquier de L’Assomption et François Enô dit Delorme de St-Paul s’étaient associés pour 2 ans pour faire la traite avec les nations sauvages.
Le 11 novembre 1814 Joseph Durand agriculteur de L’Assomption s’est engagé à construire 6 canots d’écorce du Nord pour François Decoigne marchand voyageur demeurant à Montréal; le prix était de 200 livres par canot. Les ceintures fléchées fabriquées dans la région de Lanaudière étaient une des monnaies d’échange pour la traite des fourrures dans les pays d’en-haut.
À noter que plusieurs grands marchands et grosses Compagnies de Montréal avaient ici à cette époque de 1800-1830 un comptoir ou un représentant attitré pour les échanges de marchandises et aussi pour le recrutement des « engagés ». Outre la Société de la Baie d’Hudson, il y eut Joseph Daguilhe, Toussaint Pothier, Régis Bruquier et François Êno dit Delorme, McTavish, Frobisher & Cie,la Cie des Marchands Associés de Montréal, la Nouvelle Société du Nord, etc.
Christian Roy – Histoire de L’Assomption (page 202)
En 1833 Gabriel Franchère de l’American Fur Company a engagé François Liard de St-Jacques comme milieu pour 3 ans à 750 livres ou 125 piastres, Charles St-Louis et Pierre Grenier de L’Assomption. En 1836 la Compagnie de la Baie d’Hudson a engagé Ambroise Morand 18 ans et Pierre Rainaud 19 ans, en 1838 Isidore Dumulon 18 ans et Jean-Baptiste Vadnais 27 ans.
L’industrie du cuir au Bourg de L’Assomption
L’industrie du cuir fut tellement active à L’Assomption vers les années 1800 qu’on est justifié de se demander si, après Saint-Henri de Montréal, notre Bourg n’occupait pas le premier rang des localités de notre province en ce domaine. Nous avions ici cinq ou six tanneries exploitées en même temps et une bonne douzaine de maîtres-cordonniers engagés dans la fabrication de chaussures et harnais.
Histoire de L’Assomption – Christian Roy (page 195)
C. Roy mentionne la tannerie d’Antoine Leduc à l’angle des rues Saint-Pierre et Saint-Joseph. Le 15 septembre 1810 Jean-Baptiste Leduc marchand tanneur a loué à bail à Antoine Guillot tanneur une boutique située au premier étage de sa maison rue St-Pierre avec une boutique de boucherie, un moulin à tan et tous ses outils de tanneur; le bois pour chauffer la boutique, le cheval pour moudre l’écorce, la fourniture de l’écorce et de la chaux étaient compris dans le bail.
Le 22 mai 1811 Antoine Guillot et Lambert Sarazin tanneurs et John McCurlay maître-corroyeur avaient été chargés d’expertiser des peaux travaillées par Nicolas Blanchard autre tanneur du bourg ont déclaré qu’elles étaient gâtées.
La boutique de tanneur de Jean-Hypolite Sarazin était à l’angle des rues Saint-Jacques et Saint-Joachim. Le 29 novembre 1806 Jean Sarazin maître-tanneur et sa femme ont fait donation à leur fils de leur maison et de la boutique de tanneur. Le 27 février 1812 Jean-Baptiste Sarazin a loué la tannerie à Michel Bousquet maître-tanneur pour 180 livres avec 3 cuves, 2 pleins(?), 1 bassin, 1 chaudière de cuivre de 9 seaux, 2 paires de pinces de fer pour tirer les cuirs, 3 couteaux de rivière, 1 sabre à décharner et 1 seau.
Le 19 février 1813 Jacques Gosselin aubergiste a conclu un marché avec Nicolas Blanchard maître-tanneur pour lui fournir des peaux de boeufs, vaches, veaux et moutons. Le 16 mars 1814 Jacques Gosselin a conclu un marché identique avec Nicolas Blanchard.
De nombreux loyalistes s’étaient installés dans le bourg après 1783 comme Thomas Corry. La Manufacture de Cuir de L’Assomption avait été établie vers 1790, elle appartenait à Mary Corry, fille de Thomas, Elizabeth Corry épouse de William Harkness et Alexander Mabbut, beau-frère de Thomas.
Le 15 mars 1800 Robert Grant négociant de la ville de Montréal a vendu à Alexandre Mabbut négociant du bourg de L’Assomption agissant au nom des propriétaires de la manufacture de cuir du bourg de L’Assomption 2 emplacements situés sur la rue St-Pierre près de la rue Notre-Dame pour agrandir la manufacture. R. Grant avait acquis ce terrain en 1793 de Samson Flemming de New-York qui l’avait acquis de Barthélémy Poitra en 1781…
Le 20 janvier 1801 Barnard Middeler (Middelair) cordonnier demeurant à la manufacture de cuir a signé une obligation à A. Mabbut de 371 livres qu’il devait à la société pour laquelle il a dû vendre des effets à l’encan.
Le 27 juillet 1827 Benjamin Beaupré marchand a vendu à Amable Contant cordonnier 54 côtés de peaux de vache, 12 peaux de veau, 18 peaux de loup marin et 48 côtés de peaux de cheval pour 1.200 livres.
La brasserie de L’Assomption
Christian Roy rapporte qu’à partir de 1800 le Sieur Pierre Rollot exploita une brasserie dans le bourg de L’Assomption; elle fut vendue le 12 janvier 1805 par le shérif de Montréal à Jean Peltier et François Proulx qui l’ont louée à William Hardy maître-brasseur le 1er avril 1806. La brasserie contenait 6 grandes cuves, 3 cuvettes, 2 bacquets, 2 entonnoirs, 1 de bois et l’autre de fer blanc, 1 demi minot, 1 sciau, 1 pelle de bois et 3 grosses champlures. Les bailleurs fournissaient 34 minots d’orge et 30 livres de houblon et le preneur devait livrer 6 barriques de bière de première qualité et 2 de seconde qualité aux bailleurs en plus d’un loyer de 288 livres.
Le 3 novembre 1807 François Proulx capitaine de milice à L’Assomption a cédé sa part de la brasserie à Jean Peltier pour 327 livres et une barrique de bière de première qualité. Le 11 novembre Jean Peltier s’est associé à Jean-Baptiste Raynaud dit Blanchard aux mêmes conditions. Le 11 décembre Jean Peltier a vendu sa moitié de la brasserie à Jacques Bérard maître-menuisier du bourg de L’Assomption encore aux mêmes conditions. Le 3 octobre 1810 Jean-Baptiste Raynaud dit Blanchard a cédé sa moitié de la brasserie à Jacques Bérard pour 200 livres; les 2 associés se sont mis d’accord pour poursuivre Jean-Baptiste Sarazin locataire d’une moitié de la brasserie pour des dommages qu’il aurait faits aux ustentiles et des loyers non payés. Le 5 juin 1811 Jean Sarazin fils maître-tanneur a vendu à Jean-Baptiste Senet fils maître-forgeron un moulin à tan actuellement érigé sur un emplacement situé au dit bourg de L’Assomption vendu par le dit Sieur Sarazin au nommé Migneront…
Il y a ensuite eu une distillerie au village de L’Assomption. Le 27 octobre 1834 Louis Rivet a vendu un terrain à Robert Dalrymple faisant agir le moulin de la distillerie de la paroisse St-Pierre. Le 17 octobre 1835 Joseph Masuret dit Lapierre a aussi vendu un terrain à Robert Dalrymple distillateur résidant à St-Pierre de l’Assomption.
Construction de l’église de L’Assomption – 1819
La construction de la nouvelle église de la paroisse Saint-Pierre du Portage au bourg de L’Assomption est une histoire à rebondissements ayant donné lieu à de nombreux actes notariés. Le projet de construire une nouvelle église a été proposé par le curé Joseph Roy le 14 septembre 1817 à une assemblée de la fabrique. Dans les jours qui ont suivi l’opposition à son projet s’est organisée et une pétition signée par la majorité des propriétaires a été déposée chez le notaire: ayant considéré la somme exorbitante que pourrait inutilement coûter une Église neuve ont volontairement déclaré s’opposer formellement à ce que l’Église actuelle soit démolie…
Le curé Joseph Roy a dû user de persuasion puisque 2 ans plus tard les marchés pour la construction d’une église neuve ont été conclus. Le 1er février 1819 les marchés pour la construction de la nouvelle église de L’Assomption ont été accordés par les sindics de la paroisse Saint-Pierre-du-Portage.
Marché pour la charpente à Pierre Dufour dit Latour maître-charpentier
Il sera fait un clocher sur l’une des tours, à deux lanternes et à flèche, semblable au plan qui en sera donné, et sera couvert en planches embouvettées, et recouvert en fer-blanc agraffé, tant en dehors qu’en dedans semblable à celui de Bonscour à Montréal. Le pont de la première lanterne sera couvert en taule agraffée, observant que les béfrois soyent encochés de l’épaisseur de la taule au moins à la hauteur de 6 pouces pour jettr l’eau sur le pont. Il sera fait deux béfrois pour 3 cloches…
L’entrepreneur démolira à ses frais toute la charpente de la vieille église et sacristie, ainsi que ce qu’il reste du vieux clocher, comme aussi descendra les cloches, galeries, etc. De plus arrachera les planches de la voûte et des couvertures et en amassera les cloux et ferrures. Tous les bois seront mis en tas dans le vieux cimetière, de manière à ne pas nuire à la nouvelle bâtisse, et le tout sera fait avec précaution afin de ne pas vicier les planches qui doivent servir à la couverture de la nouvelle église.
Les sindics de la paroisse St-Pierre du Portage en 1819 étaient: Amable Archambault, Barthélémy Joliette, François Paschal Martel, Joseph Courtois, Jean Baptiste Laporte, Frédérick Amireau, Frédérick Forest, Jean Peltier, François Proulx fils, Edouard Amireau et François Gervais Archambault.
La nouvelle église devait être terminée pour le 1er novembre 1820 mais on verra qu’il y a eu des complications. Un avenant à ce premier marché indique que ce n’est que le 19 juillet 1824 que Pierre Dufour a reçu le paiement final pour son contrat de 12.075 livres.
Marché pour la menuiserie à Urbain Desrochers, sculpteur
La menuiserie sera éxécutée dans le goût de celle de Varennes. Les planchers de l’église, des chapelles, de la tribune, des tours, du chemin couvert et de la sacristie doivent être de madriers…
Ce marché est encore plus détaillé que le précédent, décrivant les portes, les châssis, les armoires… Le bois de l’ancienne église et de sa sacristie devait être soigneusement récupéré pour être réutilisé. Il devait y avoir 2 tours en façade, un escalier pour monter à la tribune dans celle de droite. Tous les châssis, portes, cadres, éventails, oils de bouc, etc. seront peinturés en gris blanc et à trois couches; les portes du portail de l’église, des tours, du chemin couvert et de la sacristie seront aussi peinturés à trois couches, de la couleur demandée par les Sindics... Toutes les vitres seront fournies par l’entrepreneur, elles seront toutes de 10 pouces sur 12 verres blancs…
Le marché décrit ensuite les ferrures utilisant un vocabulaire aujourd’hui oublié.
Les sculptures de la vieille église ont été soigneusement démontées pour être réutilisées, l’église actuelle de L’Assomption contient donc beaucoup d’éléments plus anciens que sa date de construction.
Le marché a été conclu pour la somme de 7.800 livres et le curé Jean Joseph Roy s’est porté garant. Urbain Desrochers sculpteur de Pointe aux Trembles a reçu sa quittance finale de Barthélémy Joliette le 29 avril 1822.
Marché pour la maçonnerie à Jean-Baptiste Boutonne et André Auclair
L’église au dessus des retraites aura 144 pieds de long et 54 de large dans la nef de dehors en dehors (à mesure française qui sera celle de tous les devis conformément au procès verbal de messire F. I. Deguise prêtre, dûment approuvé par Mon Seigneur J. O. Plessis Évêque de Québec).
Ce marché est encore plus long et précis que les 2 précédents. Les fondations, les murs, les ouvertures, la sacristie, le chemin couvert, les tours, le perron, les canaux pour évacuer l’eau de pluie, les ferrures incrustées dans la pierre et scellées au plomb… Il est entendu que la grande porte sera en pierre de taille dans l’ordre ionique… Toute les pierres de la vieille église devaient être récupérées et nettoyées.
André Auclaire était maître tailleur de pierre et Jean-Baptiste Boutonne dit Larochelle maître-maçon, demeurant tous les deux au faubourg St-Laurent à Montréal. Le marché a été conclu pour un montant de 41.200 livres; Georges Fullum père, bourgeois, et François-Xavier Poitras, armurier, tous deux demeurant à Montréal se sont portés garants.
Le 27 octobre 1820 ils ont reçu leur dernier paiement. Barthélémy Joliette a remis un état de compte des sommes versées dont voici la première page:
Marché pour la couverture en fer blanc de l’église
Le 25 septembre 1819 un autre marché a été conclu par les Sindics avec Amable Archambault marchand de L’Assomption pour l’achat de deux cents caisses de ferblanc à couvrir conformément et semblable à une caisse en main des Sindics reçu de François Antoine Laroque écuyer marchand à Montréal… pour la somme de 2.000 livres. Curieusement la quittance du 17 octobre 1819 est faite pour la somme de 12.000 livres! Le 5 juillet 1820 un avenant montre que le nombre de feuilles de ferblanc dans chaque caisse était imprécis, il y en avait 211 par caisse et A. Archambault a dû livrer 4 caisses suplémentaires gratuitement.
Marché pour les bancs de la nouvelle église
Le 1er juin 1820 Laurent Dorval, Joseph Guyon, Jacques Bérard et Thimoté Dorval se sont engagés à construire tous les bans que les Sieurs Marguilliers, ou leurs successeurs jugeront appropos de placer dans l’église neuve… Lesquels bans seront fait semblable à ceux de l’église de Ste-Anne de Varennes… et que le ban des Seigneurs de St-Sulpice aura double profondeur et sera compté pour deux bans…
Le 22 février 1828 Thimothé Dorval a reçu quittance de 1.872 livres pour 52 bancs et le 3 mars 1828 Joseph Guyon et feu Jacques Bérard quittance de 3.564 livres pour 99 bancs. Avoir son banc dans l’église paroissiale était alors un signe de prestige. Le 10 février 1833 Jean Capistrand Chaput a signé un bail avec Isaïe Forest marguillier pour la location du banc numéro 124 pour la somme de 27 livres pour une année. Le 4 janvier 183 Jean-Baptiste Forais a signé un bail pour la location du banc N°136 pour la somme de 43 livres.
Certificat des maîtres maçons concernant l’église de L’Assomption
Il y a certainement eu un problème avec la maçonnerie de la nouvelle église et ses deux tours puisqu’il a fallu démolir et reconstruire.
Le 15 décembre 1823 les Sindics de l’église de L’Assomption ont demandé à Antoine Peltier et François Panneton maîtres-maçons du bourg de L’Assomption leur opinion d’experts sur la bonté et solidité de la maçonnerie de la dite église à réédifier, et qu’attendu que les dits Syndics se proposent de ne faire reédifier qu’une seule tour, ils sont d’avis, que pour la solidité et bonté de la maçonnerie d’icelle tour, en égard à la difficulté de se prouver des matériaux convenables, elle doit être placé au centre du Portail de la dite Eglise, et quelle doit avoir environ trente pieds quarrés…
Opposition de la part de la majorité des habitant de la paroisse…
Le 7 février 1824 la majorité des habitants de la paroisse se sont rendus chez le notaire pour s’opposer à ce que la tour de l’église soit construite au centre du portail. Mais bien de faire faire deux tours conformément au plan de la dite église et pour les raisons mentionnées en la dite opposition…
La majorité des habitants de L’Assomption se sont opposés à une ordonance de sa Grandeur Monseigneur Jos. Octave Plessis. Les paroissiens de cette époque n’étaient pas encore des moutons qui se laissaient tondre sans rien dire: ils avaient payé pour deux tours et il n’était pas question de n’en reconstruire qu’une seule!
Le document a d’abord été signé par quelques notables de la paroisse. 184 autres paroissiens ont ensuite signé pour signifier leur opposition à l’évêque de Québec, Mgr Plessis.
Marché pour la réédification de l’église
4 jours plus tard, le 11 février 1824 un nouveau devis a été établi: de la maçonne pour la réhédification du Portail de l’Église de L’Assomption, et pour une tour et autres ouvrages, pour parachever la dite Église.
Démolir toute la maçonne des fouilles du Portail et des deux Tours de la dite Église, et démolir par arrachées la partie des longs-pans de la dite Église qui sera jugée défectueuse par les Syndics…
Le Portail de la dite Église aura 54 pieds de largeur sur environ 60 pieds de hauteur…
Ce marché a été conclu par les Syndics avec Antoine Peltier maître-maçon de L’Assomption pour la somme de 14.600 livres. Dans le cas que les habitants de la dite paroisse fournissent aux dits Syndics les moyens nécessaires pour faire construire une seconde Tour à l’angle S.O. du Portail de la dite Église, en tel cas le dit Entrepreneur promet et s’oblige envers le dits Syndics, de construire à ses frais la sus dite Seconde Tour…
Le 5 mars 1824 Louis Henri de St-Paul a conclu un marché avec Antoine Peltier maître-maçon de L’Assomption pour la construction des 2 tours et le portail de l’église St-Pierre du Portage; le 6 mars Louis Henri a conclu un autre marché avec Louis Mercier maître-forgeron pour faire le travail.
Le 14 décembre 1824 les syndics de la paroisse de L’Assomption ont donné une procuration à Barthélémy Joliette pour pouvoir retirer et percevoir des mains du sheriff de Montréal Frederick william Ermantiger les sommes leur revenant de la vente des immeubles de François Xavier Poitras. Le 28 septembre 1825 Pierre Beaugrand dit Champagne et Barthelemi Poitras maîtres-charpentiers nommés comme experts par les syndics de la paroisse ont déclaré que Pierre Dufour dit Latour avait bien accompli les travaux mentionnés au devis du 1er février 1819 pour la charpente, les clochers et les couvertures de l’église.
Les travaux ont continué pendant des années. Le 19 novembre 1831 marché entre les marguilliers et Louis Laporte maître-charpentier pour les clochers; 19 janvier 1834 marché entre Urbain Durocher père et fils sculpteurs; 2 décembre 1834 devis des travaux à faire et marché; 21 janvier 1835 protest contre Louis Laporte charpentier; 4 octobre 1862 devis et marché entre les syndics et François Archambault père et fils; 2 février 1863 marché entre François Archambault père et fils et Onulphe Pelletier pour du bois de charpente
Nouvel acte pour nommer les syndics de police
Le 24 mars 1824 Joseph Edouard Faribault agissant comme juge de paix du bourg de L’Assomption recquiers les propriétaires du village de L’Assomption de s’assembler en la demeure de Louis Gonzague Nolin… pour procéder à la nomination de syndics pour la police pour se conformer à un acte passé par le Parlement. Les propriétaires ont unanimement élu syndics Laurent Leroux, Barthélémy Joliette, Amable Archambault, Benjamin Beaupré et Ls. Jos. Chs. Cazeneuve
Les syndics se sont ensuite assemblés pour nommer l’un d’entre eux pour être inspecteur du village de L’Assomption et ils ont choisi Louis Joseph Charles Cazeneuve.
15 juin 1826 – Acte d’élection des syndics pour la police du village de L’Assomption savoir: Joseph Lesanche fils, Timothée Dorval, Honoré Ritchot, Benjamin Cormier et Pierre Garriépy.
Le 17 novembre 1831 les propriétaires de maisons et autres édifices du bourg de L’Assomption ont élu de nouveaux syndics de police: Isidor Roy, Godefroi Chagnon, Jean-Baptiste Meilleur, Joseph Lesanche et Amable Jetté. Le même jour Jean-Baptiste Meilleur a été élu inspecteur de police pour faire une demande pour ériger un marché dans la grande rue L’Ange Gardien de 80 pieds par 24 vis à vis du terrain de Pierre Garriépy et que les règlements du marché de Ste-Hyacinthe seraient adoptés.
C’est aussi en 1831 que des syndics ont été élus pour organiser l’école élémentaire: François Labelle curé, Joseph Edouard Faribault, Louis Charles Joseph Cazeneuve et Jean-Baptiste Meilleur. Le 20 juin les syndics ont donné procuration à Errol Boyd Lindsay avocat de Québec pour les représenter auprès du gouvernement pour obtenir des fonds publics. Le 4 juillet Benjamin Beaupré leur a vendu un emplacement dans le village entre la rue St-Jacques, la rue l’Ange Gardien, la rue St-André et la rue St-Joachim sans bâtiment pour 50 livres; Charles de St-Ours s’était joint aux syndics. Le 13 janvier 1834 B. Beaupré a donné une quittance aux syndics pour avoir payé les 50 livres plus plus 124 livres ancien cours(?) pour les intérêts.
Le 13 novembre 1838 Benjamin Beaupré et François Dubreuille ayant appris que Edouard Étienne Rodier avocat de Montréal avait été emprisonné pour avoir participé aux rébellions se sont portés caution chacun pour 500 livres envers le gouvernement de sa majesté la reine Victoria.
Le marché du bois sur la rivière de l’Assomption
Le commerce du bois était important à cette époque; il fallait du bois pour construire les maisons et du bois pour les chauffer. Les contrats concernant ce commerce sont très nombreux j’en ai choisi 2 conclus par un important commerçant et par un cultivateur du bourg de l’Assomption pour illustrer ce commerce.
Le 21 avril 1810 Patrick Molloy marchand de St-Jacques a conclu un marché avec François-Xavier Metote résidant au Grand St-Esprit paroisse de St-Ours pour qu’il lui scie 260 madriers de pin de 10 pieds et 3 pouces d’épaisseur et 31 madriers de 30 pieds, un pied de largeur et 3 pouces d’épaisseur à livrer à la côte à côté de chez M. Beaupré à L’Assomption.
Le 28 août 1830 Benjamin Beaupré, un des principaux commerçants du bourg de L’Assomption, a conclu un marché de bois typique avec Jean-Baptiste Beaudry l’aîné de la paroisse de St-Paul. Le marché comprenait du bois de chauffage et du bois de construction à livrer à la côte du sieur Beaupré au village de L’Assomption.
Le 15 novembre 1834 Jean-Baptiste Poitras a conclu un marché avec Isaac Dugas de St-Jacques pour la livraison de 58 poteaux de 12 pieds (12 pouces à un bout, 8 à l’autre) plus 4 poteaux même longueur (12 pouces aux 2 bouts) en pruche; 650 planches de 10 pieds sur 1 pied de largeur en pruche; 100 planches de même dimensions en pin; 200 planches de 12 pieds en pruche; 100 planches de 10 pieds en pin resciées en triangles de 3 pouces de largeur de ½ pouce d’épaisseur; 150 madriers de 12 pieds de 1 pouce d’épaisseur et 1 pied de large en pruche; 200 madriers de 12 pieds de 2 pouces d’épaisseur et 1 pied de large en pruche.
Tout ce bois de sciage devait être livré encagé devant la maison de J.-B. Poitras cultivateur à L’Assomption sur la côte de la rivière; celui-ci devait fournir des hommes pour arrêter la cage de bois ou pour la ramener si le courant l’eut emportée. Tout ce bois venait du moulin à scie d’Isaac Dugas situé à St-Jacques, c’est-à-dire sur la rivière Ouareau ou peut-être même du moulin à scie de Philemon Dugas situé sur la rivière Rouge à la limite du canton de Rawdon.
25 novembre 1841 – Marché entre Michel Boisvert confectionneur de bois de Rawdon et son fils Prospère confectionneur de bois de Kildare avec Benjamin Beaupré marchand de l’Assomption pour préparer et confectionner autant de billots, madriers et planches qu’ils pourront pendant l’hiver à livrer au printemps au Bout de l’Île à Repentigny où M. Beaupré les inspectera avant de les mener à Québec pour les vendre. Le même jour Benjamin Beaupré a conclu un autre marché avec des entrepreneurs de Kildare pour des madriers à des conditions différentes; le marché précise que les madriers seraient embarqués sur une goëlette à Repentigny.
Les besoins en bois ont augmenté avec l’essor du bourg de L’Assomption. Le 21 octobre 1846 Joseph-Edouard Beaupré fils de Benjamin et marchand du village a conclu un marché pour la livraison de 1.000 cordes de bois (de 3 pieds et 6 pieds de long?) avec un marchand de Rawdon à livrer à L’Assomption sur la côte de la rivière. 500 cordes de bois de pruche et 500 cordes de bois d’épinette rouge c’est une grosse quantité de bois qui ne semble pas être du bois de chauffage!
Le nouveau marché du bourg de L’Assomption
Le 9 avril 1832 François Dubreuil charpentier a conclu un marché avec les syndics de police pour le village de L’Assomption pour la construction d’une halle de marché sur la rue l’Ange Gardien. Le devis de construction est accompagné d’un plan:
Le 10 septembre 1832 Laurent Dorval, Joseph Guyon dit Lemoine et Pierre Martel maîtres-menuisiers demeurant au village de L’Assomption ont été désignés comme experts par les syndics élus pour surveiller la bâtisse et construction d’une Halle à Marché. Les experts n’ont trouvé que quelques défauts mineurs à corriger.
Construction du Collège de L’Assomption
C’est aussi en 1832 que la construction du Collège de L’Assomption a débuté. Le premier marché pour sa charpente a été conclu le 13 avril avec Joseph Guyon dit Lemoine.
Le devis des travaux à faire a été rédigé par François Labelle curé de L’Assomption, Louis Joseph Charles Cazeneuve et Jean-Baptiste Meilleur qui sont considérés comme les fondateurs de ce collège qui existe toujours au centre de la ville de L’Assomption. Il a apporté un nouveau prestige à la ville mais celle-ci était déjà sur son déclin alors que le village de L’Industrie fondé par les seigneurs de Lavaltrie en amont sur la rivière L’Assomption devenait le nouveau centre industriel et commercial de la région Lanaudière.
Le 17 janvier 1837 les seigneurs de St-Sulpice ont remis aux syndics du collège François Labelle, curé, Louis-Joseph Charles Cazeneuve et Jean-Baptiste Meilleur, médecins, les cens et rentes pouvant leur appartenir en tant que seigneurs pour l’emplacement du collège. Le même jour ils ont remis les cens et rentes aux marguilliers de la paroisse pour un emplacement où était construite une chapelle sur le rue Ste-Ursule entre les rues Ste-Anne et St-Joseph
Le mariage de Jacques-Eugène Faribault fils du notaire
Le fils du notaire Joseph-Edouard Faribault, Jacques-Eugène s’est marié à Pricille Archambault fille de Amable en 1832. Les 2 familles faisaient partie de l’élite du bourg de L’Assomption et tous les notables étaient présents pour signer leur contrat de mariage le 20 février: Charles de St-Ours et Aurélie Faribault sa femme, Barthélémy Joliette cousin du marié entre autres.
Le 8juillet 1833 Barthélémy Joliette a conclu un marché avec Joseph Guyon dit Lemoine maître-menuisier pour démolir sa maison de la rue St-Étienne à L’Assomption et reconstruire une nouvelle maison de 45 pieds par 27 pour 1.200 livres. Le 29 avril 1834 il a fait le paiement final plus 359 livres pour divers augmentations au devis initial.
La ville de L’Assomption
Dans un article de 2021 j’avais fait une description du village de L’Assomption en 1846 à partir de ce beau plan qui montre les emplacements de l’église, du collège et du marché. Il y avait aussi un marché à bois sur le bord de la rivière.
Le 13 octobre 1846 des citoyens de L’Assomption ont déposé un protêt contre le conseil municipal du village de L’Assomption et son représentant Eugène Archambault secrétaire-trésorier à propos de la répartition des cours d’eau.
Le 12 juillet 1850 Pierre Martel menuisier et peintre a vendu à la municipalité du village de L’Assomption et aux commissaires d’école un terrain de 115 pieds par 100 sur la rue St-Pierre tenant à la rue St-Joseph, Joseph Edouard Beaupré et Edouard Marselais avec une maison pour 4.950 livres.
Beau travail agréable à lire, articles courts bien illustrés avec les archives.
Note: Je crois que le contrat de charpenterie du Collège de l’Assomption a été signé le 11 avril 1833.
Le marché a bien été conclu le 13 avril 1832 selon l’acte notarié et il ne semble pas s’agir d’une erreur d’écriture d’après le numérotage des actes du greffe du notaire Faribault. Avez-vous une raison de faire cette affirmation?
Merci quand même pour le commentaire.
Bonjour!
Je crois que la date du 18 avril vient d’une mauvaise lecture du marché de maçonnerie lui-même. À la fin du marché de maçonnerie…on peut très bien lire: « Fait et passé au village de l’Assomption, étude de maître Chagnon, ce onzième jour du mois d’avril après-midi, l’an mil huit cent trente deux…. »
Bravo encore pour votre travail instructif et facile à aborder par tous. Allez-vous poursuivre votre recherche et publication ici sur le net.
Je pensais que vous vouliez dire que je m’étais trompé sur l’année, 1833 au lieu de 1832. En fait je m’étais trompé sur le jour, j’avais écrit le 18 avril alors que c’est le 13 avril. J’ai fait la correction mais ce n’est pas le 11, c’est bien écrit le treizième jour du mois d’avril.
J’occupe ma retraite en rédigeant ces chroniques sur l’histoire du Québec et de la région Lanaudière. J’habite à Joliette et pour documenter l’histoire de cette ville il faut aussi documenter l’histoire de L’Assomption et de Lavaltrie et de Berthier… J’espère poursuivre tant que je le pourrai. Les commentaires sont toujours appréciés, je peux faire des erreurs d’inattention et si personne ne me corrige elles restent, merci de me l’avoir signalée.
Vous faites un excellent travail! Me prenant pour un « historien » amateur, je souhaiterais profiter de vos techniques de recherches pour explorer certains sujets reliés à L’Assomption. Puis-je avoir votre adresse courriel?
Gilbert Gagnon