En 1851 John Jeffries de Rawdon recevait une médaille du Prince Albert lors de la 1ère exposition industrielle pour un specimen de graine de trèfle rouge, Rawdon red clover. Dans les journaux anciens on trouve une multitude d’annonces comme celle-ci de l’apothicaire Devins & Bolton. Le trèfle rouge a été une des richesses du patrimoine de Rawdon pendant tout le XIXème siècle mais en faisant une recherche à ce sujet sur Google je n’ai rien trouvé, un autre patrimoine disparu.
Le 23 septembre 1853 le Montreal Herald écrit que John Jeffries est venu présenter la médaille et le diplôme signés par le Prince Albert qu’il a reçus pour le specimen de graine de trèfle de Rawdon qu’il a présenté à la grande Exposition Industrielle Britannique qui a eu lieu à Londres au Crystal Palace en 1851.
En 1855 à l’Exposition Universelle de Paris John Jeffries présente de nouveau des graines de trèfle rouge de Rawdon.
Ce sont certainement les irlandais de Rawdon qui ont apporté et acclimaté cette variété de trèfle qui permettait d’enrichir les prairies pour les pâturages et le foin. À partir de 1846 on trouve dans tous les journaux des annonces pour cette semence qui devait être très utile puisque qu’elle se vendait même à l’exportation.
En 1853 James Bright déçu de ne pas avoir gagné le 1er prix à la Grande Exposition de Montréal offre 100£ (une très grosse somme) à celui qui pourra produire une meilleure graine que la sienne!
Dans le Journal d’Agriculture Illustré de janvier 1889 on trouve un exemple de l’utilisation de cette semence dans les prairies, mélangée à du mil et d’autres trèfles:
En 1862 dans un article du Montreal Herald on rapporte même que des spéculateurs vendent des semences de seconde qualité en les faisant passer pour celles de Rawdon. Le journaliste conseille aux fermiers de Rawdon de créer une sorte d’Appellation d’Origine Contrôlée pour protéger la marque « Rawdon ».
À partir de 1880 on trouve beaucoup moins de mentions de la graine de Rawdon. La production des graines demandait beaucoup de travail et était très dépendante de la météo; la production laitière était plus simple et régulière.
Dans un long article de La Presse de 1908 décrivant la vie à Rawdon à cette époque le journaliste parle déjà du trèfle de Rawdon au passé.
En 1908 tout le monde connaissait encore le trèfle de Rawdon.
Dans cet autre article de 1908 du journal Le Canada F. M. Liguori de l’Institut Agricole d’Oka explique comment on récoltait la graine de trèfle de Rawdon. Il explique aussi pourquoi cette production si populaire dans les comtés de Montcalm, L’Assomption et Joliette où on en récoltait beaucoup autrefois a été abandonnée.
En faisant mes recherches sur l’histoire de Rawdon dans la presse sur le site de la BANQ Numérique la plupart des résultats concernait le « trèfle de Rawdon », c’était même un peu fatigant. Sur Google par contre on ne trouvait rien. Comme quoi Google n’a pas la réponse à tout.
Maintenant que j’ai publié cet article les internautes qui chercheront « trèfle de Rawdon » ou « Rawdon clover » sur Google trouveront des informations mais il faut que quelqu’un les lui fournisse pour qu’il puisse faire son travail.
Si on fait la recherche « histoire » sur le site internet de Rawdon voilà le résultat. Il n’y a pas un mot sur l’histoire de Rawdon sur leur site internet. Mais ils ont certainement un service de la culture qui coûte cher.
Le trèfle rouge encore dans le paysage
À la fin de l’été, le 28 août, je me rends compte que le trèfle de Rawdon est encore présent dans notre paysage puisqu’il y en a dans mon jardin qui pousse naturellement. C’est peut-être une forme dégénérée mais il fait de belle tiges hautes.
J’adore vous lire
Très intéressant, merci
Avec photo à l’appui
Merci pour le commentaire. J’ai beaucoup de plaisir à rédiger ces chroniques, c’est très distrayant, il faut faire des recherches et trouver des sujets originaux. J’aime mieux ça que de faire des mots-croisés ou regarder des télé-romans pour m’occuper. Mais le plaisir est encore plus grand quand on me dit que mon travail est intéressant et que ça apporte aussi du plaisir aux autres.
J’invite d’ailleurs les visiteurs du site à ne pas avoir peur de faire des commentaires, à me proposer des sujets de chronique et à me donner des informations complémentaires (ou à corriger mes erreurs).
Je suis nouvelle a Rawdon et ce site et la quantité d’informations est superbe. Bien dit! C’est vrai qu’il est dommage qu’il n’y a aucune trace de l’histoire de Rawdon nul part. Je vois peut de respect et d’intérêt pour le patrimoine qui ont fondé et construit Rawdon.
Bravo Guillaume pour cette approche nouvelle des sujets patrimoniaux. Tu peux être fier de toi. Merci…