Le 4 novembre 1897 Tom Nulty âgé de 20 ans massacrait ses 3 sœurs et son frère plus jeunes à coups de hache, un crime horrible qui fit les manchettes des journaux. Lors de sa comparution à Rawdon la police dut le protéger de la foule; le 12 novembre à Joliette un encart est placardé et publié en première page de la Presse pour appeler les citoyens à venir le lyncher. À cette époque la Justice ne perdait pas de temps, il a été pendu à la prison de Joliette le 20 mai 1898.
À cause de sa nationalité il pouvait compter sur la protection de personnages haut placés et pouvait ainsi échapper au châtiment… À mort le fratricide.
En fait la famille Nulty était tellement pauvre que personne n’a voulu défendre Tom à part son curé. Même si Tom était anglophone.
La boucherie de Rawdon
Le crime de Tom Nulty a fait la une de La Presse pendant plusieurs mois:
Tom voulait se marier et amener sa future femme à la maison familiale mais ses parents ne pouvaient pas l’aider, ils étaient très pauvres et il y avait déjà assez de bouches à nourrir. Un jour que ses parents étaient partis Tom a pris sa hache et il a fait de la place: un coup net et précis pour chacun, une vraie boucherie.
Il avait 20 ans et semblait déjà un peu dérangé avant les événements. Son attitude après la tuerie semble être celle d’un innocent qui ne comprend pas ce qui se passe et ne ressent aucun remords. Était-il fou ou juste une bête sans aucune moralité?
C’est le débat qui va se tenir lors du procès.
Le procès à Joliette
Tom Nulty va avoir de la difficulté à trouver un défenseur, sa culpabilité ne fait aucun doute et il est pauvre. Le curé Baillargé de Rawdon va faire honneur à son rôle de Bon Pasteur. Il est le seul à prendre sa défense malgré la foule de ses paroissiens qui veut le lyncher.
C’est un drame horrible mais il y a des explications. Le curé écrit 2 lettres aux journaux le 13 et le 20 novembre pour raconter les conditions de vie de la famille Nulty, des gens très pauvres ne fréquentant pas l’école et très peu l’église, la misère noire. Tom aurait souffert de troubles épileptiques depuis quelques années déjà et son comportement lors du crime n’est certainement pas celui d’une personne saine d’esprit. Le grand-père Nulty aurait été un ivrogne notoire et sa descendance en est marquée.
Le supérieur du curé Baillargé, Mgr Bruchési, lui ordonne de cesser d’écrire dans la presse. Il se consacre malgré tout à la défense de Tom.
Le 26 novembre la presse rapporte que le père Nulty a vendu la porte ensanglantée du sang de ses enfants ainsi que plusieurs objets leurs appartenant au Musée Eden de Montréal pour $10 pour pouvoir payer les frais de la défense.
Le 15 décembre Tom Nulty est accusé de meurtre à l’issue de l’enquête préliminaire tenue à Joliette. Le 21 la Couronne accepte de payer les frais de sa défense et Me de Salaberry est choisi comme avocat.
Le procès commence le 17 janvier 1898 à Joliette. Le curé Baillargé et Me de Salaberry vont faire tout leur possible pour plaider la folie ou au moins l’irresponsabilité: Tom Nulty présente des symptômes d’épilepsie mais c’est une maladie encore mal définie. Ils produisent les avis de 2 experts et la Couronne présente 3 contre-experts.
Le 26 janvier le curé Baillargé témoigne pendant 3 heures à la défense de son malheureux paroissien Tom Nulty.
Rien n’y fait, le jury le déclare coupable le 4 février après seulement quelques minutes de délibération. Les jurés avoueront s’être mis immédiatement d’accord mais avoir préféré attendre ces quelques minutes avant de revenir en cour prononcer le verdict.
Tom Nulty a été pendu le 20 mai 1898 à la prison de Joliette devant une foule estimée à plus de 3.000 curieux avec femmes et enfants.
La Société d’Histoire de Joliette (SHJL) a conservé dans ses archives cette photo prise illégalement lors de la pendaison de Tom Nulty pour satisfaire les curieux. On remarque l’échelle contre le mur qui a permis à quelques chanceux d’être aux premières loges.
Ajout
En lisant La tradition musicale à Joliette, 150 ans d’histoire de Raymond Locat je découvre quelques faits intéressants. Le 17 mars 1898 Tom Nulty s’était procuré un violon et il exécutait ses morceaux les plus enlevants pour faire danser les autres prisonniers dans la salle de récréation de la prison. A. Gervais s’est empressé d’imprimer La complainte de Rawdon sur la musique de Tom Nulty illustré de son portrait qu’il vendait 5 cts.
Le Musée Eden
Ouvert en 1891 dans le sous-sol du Monument National rue Saint-Laurent à Montréal, le Musée Eden s’est précipité sur la boucherie de Rawdon pour en faire une attraction; ce fut un grand succès!
Le curé Baillargé
Dans « Tom Nulty, le drame de Rawdon » Simon Riopel raconte en détail toute l’affaire Nulty. Il consacre un chapitre à l’abbé Frédéric-Alexandre Baillargé, prêtre-écrivain.
Il a été faire ses études au séminaire de St-Sulpice à Paris puis à Rome où il a obtenu un doctorat en philosophie. Il est curé de Rawdon depuis 1893. S. Riopel nous apprend qu’il avait déjà polémiqué dans la presse avec le poète Louis Fréchette et que lors de la nouvelle polémique à propos de Tom Nulty Mgr Bruchési lui aurait ordonné de cesser de s’exprimer publiquement dans la presse.
Il a malgré tout écrit une dernière lettre publique le 17 mai au Gouverneur du Canada Lord Aberdeen pour demander que la peine de Tom Nulty soit commuée, sans succès.
Il faut donc souligner son courage et sa modernité. Aujourd’hui il semble évident que Tom Nulty serait reconnu irresponsable mentalement; il aurait passé le reste de ses jours en prison ou à l’asile.
Ce qui n’est pas beaucoup mieux que la pendaison expéditive à bien y penser.
Tom et ses 4 victimes ont été enterrés dans le cimetière de Rawdon dans la fosse commune puisqu’ils n’avaient pas d’argent.
Intéressant! Merci à l’auteur
Très intéressant merci.
J’aimerai beaucoup recevoir les coordo de ton site.
Je ne comprends pas ce que vous voulez au juste, l’adresse du site est montrealbb.ca.
The story of Thomas Nulty is told by Montreal storyteller John David Hickey.
Si vous aviez fait un petit effort pour faire le même commentaire en français j’aurais peut-être laissé le lien vers votre story mais je vois bien que vous ne cherchez qu’à faire votre publicité. J’imagine que vous ne vous rendez même pas compte que c’est un manque de respect.
This is a project I was proud to be involved in and I wanted to share it with you. How is it disrespectful to write a comment in English, especially since the video storytelling is in English? Are you implying that English-speakers should have no voice on your page? That would be interesting considering Thomas Nulty was of Irish descent, probably spoke both languages, and both language communities have a rich history in this area. I really thought that you’d be interested in this bit of storytelling. I’m really disappointed that you would rather focus on language politics instead of art and history.
C’est un projet auquel j’ai été fier de participer et je voulais le partager avec vous. En quoi est-ce un manque de respect d’écrire un commentaire en anglais, d’autant plus que la narration de la vidéo est en anglais ? Voulez-vous dire que les anglophones ne devraient pas avoir voix au chapitre sur votre page ? Ce serait intéressant, étant donné que Thomas Nulty était d’origine irlandaise, qu’il parlait probablement les deux langues et que les deux communautés linguistiques ont une riche histoire dans cette région. Je pensais vraiment que vous seriez intéressé par cette histoire. Je suis vraiment déçu que vous préfériez vous concentrer sur la politique linguistique plutôt que sur l’art et l’histoire.
(Mes excuses. Je voulais poster la version française de mon commentaire et j’ai posté la version anglaise par erreur. Vous pouvez supprimer la version anglaise si vous le souhaitez).
Je n’ai pas supprimé votre commentaire, j’ai seulement enlevé le lien vers YouTube car j’évite de faire de la publicité aux réseaux sociaux et aux sites commerciaux. Les gens intéressés n’auront qu’à faire une petite recherche pour le trouver.
Vous n’avez pas seulement supprimé le lien : vous avez également décidé de me traiter d’ignorant, d’irrespectueux, et d’afficher vos théories sur mes véritables intentions. Il n’est indiqué nulle part sur la page que les commentaires doivent être en français, mais à partir de mon seul commentaire, vous avez décidé que vous me connaissiez suffisamment bien pour parler de mes intentions. Tout ce que je voulais faire, c’était partager mon art avec quelqu’un qui avait un intérêt mutuel pour un événement historique, et je me fais traiter d’ignorant et d’irrespectueux. C’est très décevant.
Si c’est ainsi que vous traitez vos visiteurs, je ne vous ferai pas perdre votre temps plus longtemps. Bonne chance à vous.
Je sais que c’est difficile pour un anglophone de comprendre la sensibilité des francophones, Air Canada nous l’a encore rappelé récemment. Il me semble pourtant que c’est une marque de respect élémentaire de faire un commentaire en français sur un site francophone, surtout que vous écrivez très bien en français.
Ce n’est pas un commentaire sur mon article que vous avez fait, c’est juste un commentaire pour faire connaître votre travail à vous.
Je me demande bien comment vous auriez réagi si j’étais venu sur votre site faire un petit commentaire en français pour faire connaître mon article sur Tom Nulty?
Monsieur, vous ne me connaissez pas, ni moi ni ma famille (Hickey/Dubuc), alors s’il vous plaît, ne me faites pas la leçon sur ce que je ne sais pas ou ne comprends pas. Je suis né au Québec, j’y ai vécu toute ma vie (5e génération Québécois), et je suis immergé dans la culture francophone. Comment osez-vous me dire ce que je ne comprends pas ? Le côté maternel de ma famille qui porte le fier nom de Dubuc est insulté.
Je dirige plusieurs groupes canadiens sur Facebook et les gens publient leurs commentaires dans la langue qu’ils jugent la plus appropriée, alors non : je n’aurais aucun problème à ce que vous publiiez des commentaires en français sur mon blog. En fait, je vous encouragerais à poster un lien vers votre page sur la vidéo YouTube si vous l’avez encore.
Je ne suis pas votre ennemi et tout ce que je demande, c’est un minimum de respect au lieu d’afficher des hypothèses sur qui je suis, ce que je valorise et ce que je suis capable de comprendre.
The story of Tom Nulty has already been told by M. Hickey, thank you very much. So why does Guillaume dare publish something else? This is what you wrote and what I did understand very well.
Your comment was just to plug you YouTube but there is no YouTube and no Facebook on this site if you notice.
Ce n’est pas ce que je voulais dire. En le relisant, je vois comment tu as pu l’interpréter de cette façon. Je voulais seulement dire que j’ai aussi travaillé sur cette histoire et que je voulais la partager avec vous. Je vous prie de m’excuser de m’être mal présenté.
Ceci étant dit, il faut faire un grand pas pour arriver à cette conclusion. Je n’ai jamais dit que vous n’aviez pas le droit de publier quoi que ce soit sur les meurtres de Nulty, et je ne l’ai jamais sous-entendu. Trouvez-vous les anglophones si menaçants que s’ils osent affirmer un intérêt mutuel, cela signifie qu’ils disent que vous êtes inférieur ? Je n’ai jamais dit cela, et je ne l’ai pas sous-entendu. J’aurais pu mieux le formuler, mais lorsque j’ai écrit mon message initial, je pensais naïvement que nous partagions un intérêt commun pour l’affaire Thomas Nulty. Mes amis m’accusent souvent d’être trop optimiste et de ne voir que le bon côté des gens. Je suis désolé de voir que j’ai à nouveau fait cette erreur ici et j’aurais aimé pouvoir formuler mon commentaire initial dans cette optique. Je vous souhaite le meilleur en 2022 et j’espère que nous tirerons tous deux les bonnes leçons de cette interaction.
arreter de vous chicaner Recherches sur l’histoire de Rawdon dans la région de Lanaudière au Québec. L’histoire de la colonisation du Township de Rawdon est riche car les colons étaient irlandais, anglais loyalistes et canadiens français. Les plus ardents loyalistes ont quitté pour l’ouest, les francophones et les anglophones ont dû faire ensemble et aujourd’hui Rawdon accueille une population multi-ethnique particulière dans la région de Lanaudière.