On subit leur expertise à cause de la pandémie: les experts savent et il faut leur faire confiance. Maintenant en temps de crise ce sont les experts qui disent aux politiciens quoi faire. Mais il y a une limite à leur expertise, ils ne sont experts que dans ce qu’ils ont pu apprendre à l’école. Face à une situation inédite ils devraient avoir l’honnêteté de dire qu’ils ne savent pas. Un expert archéologue est gentiment venu examiner mon terrain pour m’aider dans mes recherches.
Être un expert comporte une responsabilité. Dans un procès les experts viennent étayer les preuves, on doit pouvoir leur faire confiance. Surtout qu’aujourd’hui les politiciens doivent presque toujours se fier à l’avis de leurs experts tellement tout est devenu complexe.



Alors oui, je trouve ça drôle qu’un expert soit venu sur mon terrain pour m’affirmer qu’il n’y avait rien d’amérindien là mais c’est troublant. C’est vrai que c’était compliqué car le site a été modifié par la construction des moulins mais il faut vraiment qu’il ait été aveugle pour ne pas avoir remarqué toutes les pierres brûlées, taillées, polies qui sont partout sur la rivière. Il y en a peut-être trop justement, ça semble impossible mais c’est la réalité.
J’ai appris depuis sa visite que les pierres brûlées étaient un signe très distinctif des sites amérindiens.
Si j’avais trouvé une belle pointe lancéolée comme on les étudie à l’école il n’y aurait pas eu de doute. Mais un site entièrement aménagé avec des pierres taillées plus ou moins déplacées et érodées par la rivière ça n’existe pas dans les livres donc c’est impossible en partant et on devient aveugle.
Heureusement j’ai suffisamment confiance en mon propre jugement pour ne pas me laisser impressionner par un expert. J’ai continué mes recherches, étudié la géologie locale, la minéralogie; j’ai observé plus attentivement le site et j’ai trouvé toutes les preuves dont j’avais besoin. Une faille géologique a mis à nu des filons de minerai le long de la rivière. Au pied de la falaise sur mon terrain il y a de gros dépôts d’oxyde de fer (ocre rouge), une teinture rouge utilisée par les amérindiens. Selon mon livre de minéralogie c’est LE signe indicateur des dépôts de cuivre naturel et j’en ai trouvé plusieurs.









Des gisements de sulfure métalliques, notamment de sulfures de cuivre, sont dûs à ce type d’altération (par les eaux souterraines)… L’enrichissement secondaire peut atteindre dix fois la teneur d’origine et rendre ainsi exploitable des zones qui ne l’étaient pas initialement. Un trait de surface caractéristique de ces gisements est la présence d’un dépôt résiduel qui contient principalement des oxydes de fer. Étant résistant à l’érosion, il tend à persister, formant une sorte de carapace proéminente brun-rouge, appelée chapeau de fer, qui a attiré l’attention des premiers prospecteurs.
Encyclopédie des minéraux – Elsevier page 198





De toute façon il suffit d’aller à la pêche dans la rivière pour trouver des objets taillés; j’en vois aussi dans le bois, sur le bord des routes, il y en a plein dans le chemin du terrain de la municipalité à la Cascade Rochon… Je crois même avoir trouvé du métal mais je n’ose pas trop faire d’expériences pour en savoir plus, ce sont des objets archéologiques.
On a à Chertsey un site amérindien qui a été fréquenté pendant très très longtemps pour les minerais qui affleurent dans la rivière Jean-Venne. La seule source de cuivre amérindien connue au Canada se trouve sur le Lac Supérieur mais on sait qu’il y en avait d’autres. Étant donné les travaux gigantesques d’extraction de pierre qui ont été faits sur la rivière il s’agit certainement d’un de ces sites et sa découverte va permettre de mieux comprendre les civilisations qui s’y sont succédé pendant des millénaires. Un site en très grande partie préservé.


Les experts c’est utile, ce sont eux qui démontrent le réchauffement climatique par exemple. Mais il ne faut pas se fier aveuglément à eux, ils ne savent pas tout. Quand ils ne sont pas sûrs ils devraient donc avoir l’honnêteté de le dire car leur avis peut avoir des conséquences.
Il faut surtout avoir confiance en son propre jugement et chercher à comprendre par soi-même quand on n’est pas convaincu par l’avis des experts.
En fait c’est amusant, il suffit de descendre le chemin du terrain de la municipalité à la Cascade Rochon pour se faire une belle collection de pierres taillées en quelques minutes. Ou en fouillant dans le tas de vidanges sur l’île:


Journal d’une découverte
Le 14 juin j’ai signalé au Ministère de la Culture une découverte archéologique; voici toute la documentation que j’ai rassemblée depuis:
- Archéologie amérindienne – 14 juin
- Chertsey centre amérindien – 21 juin
- Une collection de cailloux – 25 juin
- Le parc des Cascades Rochon revisité – 27 juin
- Géologie: le faciès de Chertsey – 30 juin
- Les vrais fondateurs de Chertsey – 2 juillet
- Une mine dans la rivière – 5 juillet
- Exploitation d’une mine préhistorique – 9 juillet
- Archéologie amérindienne (suite) – 13 juillet
- La politique culturelle du Québec – 17 août
Avez-vous vous vérifié les références de l’expert? Est il spécialisé en archéologie amérindienne? Si oui de quelle période exactement?
Le problème des archéologues est qu’ils sont hautement spécialisés, certains par exemple sur des périodes précises, d’autres sur les céramiques, ou encore les pierres taillées. Dès qu’ils ne sont plus dans leur champs d’expertise précis, leur interprétation des données est très limitée. De plus, rechercher et identifier des sites archéologiques demande d’être pluridisciplinaire de connaître un peu de géologie, topographie, botanique, minéralogie… et n’est pas réellement enseigner à l’université.
Et pour finir l’expert se méfie toujours à priori du non expert, jugé d’amateur, et avec qui il est souvent d’usage d’être en contradiction (pour mieux affirmer son expertise, ce sont les jeux de pouvoir….)
(J’ai une maîtrise en archéologie qui date un peu mais je suis assez renseignée).
Je dispose de quelques connaissances en archéologie et il me semble évident que la rivière a fait l’objet d’aménagements importants. J’y ai également trouvé quelques belles pierres taillées.
Tout votre travail d’identification et de recherche me paraît complètement précis et hautement pertinent.
Il s’agit d’un spécialiste des civilisations amérindiennes avant l’arrivée des européens.
Et oui l’expert se méfie à priori de l’amateur, il doit sûrement rencontrer des gens farfelus parfois. J’ai quand même attendu plusieurs années pour affirmer ce que je pressentais en observant la rivière et je comprends que ce n’est pas évident à saisir du premier coup.