Catégorie: Histoire
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Archéologie amérindienne (suite)

J’avais d’abord remarqué que les cailloux de mon terrain étaient plutôt des éclats de roche que des cailloux et qu’il y en avait de toutes les couleurs, ça ne pouvait pas venir de la construction des moulins que je fouillais. J’ai signalé ma découverte au Ministère de la Culture qui m’a demandé de la documenter.

Indiana Jones

Depuis un mois je suis donc parti à la recherche de preuves de ma découverte: le secteur des 3 chutes de la rivière Jean-Venne a été intensément habité pendant des centaines ou des milliers d’années par les amérindiens qui y trouvaient des matériaux rares. Les 3 chutes et les falaises sont des carrières, on y trouve des minéraux entre les couches de roche volcanique.

C’était une intuition mais je l’ai vérifiée en étudiant la carte géologique de Chertsey. Peu après j’ai découvert des dépôts de cuivre naturels sur le rocher devant chez moi et une source de minéraux dans la falaise, le site n’est pas anodin.

Hier j’ai été revoir la Cascade Rochon pour chercher de nouveaux indices. J’ai surtout fait une nouvelle découverte: le rocher sous le pont Rochon (rive droite) est entièrement strié de marques gravées dans le rocher. C’est comme ça que les hommes préhistoriques polissaient et aiguisaient leurs outils; c’est très rare et rien que ça mettrait Chertsey sur la carte archéologique du Québec.

Heureusement les citoyens de Chertsey sont propriétaires du magnifique terrain qui borde la cascade et ils pourront avoir un accès public à ce site archéologique et le mettre en valeur.

Ma nouvelle collection de cailloux

Toutes les pierres de mon terrain ou presque semblent avoir été plus ou moins taillées. J’ai ramassé des échantillons de ce qui me paraissait le plus intéressant. Beaucoup de pierres semblent avoir été dans le feu. Certains fragments sont très rares, d’autres se trouvent en abondance:

Quand j’avais trouvé les morceaux de meule je les avais trouvés très étranges pour la meule d’un moulin. Il s’agit plutôt de meules très dures pouvant servir à polir la pierre et il y en a beaucoup de morceaux sur mon terrain. Il s’agit d’une roche minérale qu’on trouve dans les fissures du rocher (j’en ai extrait le petit fragment d’une fissure du rocher) et je crois que c’est de la pierre de travertin.

De la pierre à polir

J’ai trouvé sur le bord de la rivière beaucoup de blocs d’une sorte de basalte qui ont été extraits du rocher avec des outils. J’en ai cassé un éclat et j’ai essayé de le polir avec un fragment de meule; j’ai pu polir un beau tranchant et même un biseau sur le tranchant.

Il y a aussi cette roche sédimentaire plus friable mais qui a aussi été utilisée:

La pierre de taille

C’est plus compliqué de s’y retrouver dans les roches dures pouvant servir à confectionner des objets. Je remarque une très grande diversité et certaines doivent venir d’ailleurs. Dans un filon comme celui-ci on trouve une roche très utilisée dans la préhistoire, la dolérite. Selon mes recherches certains rochers de la rivière sont des boules de dolérite, une roche qui s’érode en pelure d’oignon et est donc facile à travailler.

Voici quelques exemples de pierres dures qui semblent avoir été utilisées:

Même les beaux petits cailloux semblent avoir été taillés en forme de pointe, certains sont noircis par le feu.

Le plus amusant c’est que comme il y avait partout de belles pierres taillées sur place, tout le monde s’en est servi: les constructeurs des moulins, les constructeurs du pont Grégoire et même les constructeurs de ma maison. En regardant bien on voit que ce ne sont pas des pierres des champs mais de belles pierres, beaucoup plates et lisses comme des dalles. Il y en a même qui ont été noircies par le feu.

Journal d’une découverte

Le 14 juin j’ai signalé au Ministère de la Culture une découverte archéologique; voici toute la documentation que j’ai rassemblée depuis:

Carte du Québec

2 réflexions au sujet de “Archéologie amérindienne (suite)”

  1. Sacrée belle recherche que tu mènes là Guillaume.
    Et si ton travail permettait d’assurer la pérennité du caractère public du site ainsi que sa protection, je serais d’accord pour qu’on le renomme « Les chutes à Guillaume ». Je plaisante un peu mais quand même, beau travail.
    Serge Clément

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    • Les autorités municipales et provinciales suivent mes recherches et il est évident que pour tout projet au terrain de la municipalité il faudra en tenir compte. De toute façon il faudra aviser tôt ou tard les nations autochtones puisque c’est leur patrimoine avant tout; je suis sûr qu’ils essaieront de le protéger!

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