Catégorie: Histoire de Lanaudière
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Les moulins de la rivière Ouareau 1850-1861

L’histoire des moulins de la rivière Ouareau raconte une partie de l’histoire de la région de Lanaudière mais les historiens de St-Jacques, St-Liguori, Crabtree et Rawdon ne racontent pas tout à fait la même histoire. J’ai essayé de trouver des documents fiables permettant de les situer et les documenter plus précisément.

Le premier moulin sur la rivière Ouareau à St-Liguori a été construit en 1811 par Joseph Ratelle, j’ai documenté l’histoire des moulins construits avant 1850 dans cet article: Les premiers moulins de Saint-Liguori.

Le recensement de Saint-Liguori en 1861

Le recensement de 1861 de Saint-Liguori présente une carte très précise qui permet de situer les moulins et les ponts sur la rivière Ouareau dans la paroisse de St-Liguori. On peut agrandir la carte pour voir tous les détails.

La rivière s’appelait alors Lacouareau. En descendant la rivière il y avait d’abord les Brault Mills et un pont bien dessiné en amont des moulins. Il y avait un autre pont dans le village.

Théophile, Jules, et Gerard(?) Brault ont été recensés comme meuniers, Joseph comme scieur. Le moulin à farine valait $2.000 et le moulin à scies $1.500. Dans le recensement de 1851 Joseph Bro était inscrit comme scieur au moulin à scie et Théophile Bro meunier au moulin à avoine; voici la description des moulins:

Les moulins Breault, St-Liguori

Le moulin à farine semble avoir été construit vers 1843. Le 28 août John Jeffries de Rawdon a déposé 3 protêts contre Augustin Bro, Joseph Ratelle et Théophile Bro; la digue qu’ils avaient construit pour leur moulin inondait ses terres en amont. Sur le plan de 1861 le pont Jefferies sur la rivière Ouareau est dessiné en amont des moulins Breault (pont du Camp Notre-Dame aujourd’hui).

Le 25 janvier 1845 Théophile Brault avait obtenu des Sulpiciens un bail pour construire un moulin à scie à la limite nord de la paroisse. Yves Forest en a fait une transcription complète.

Le 1er septembre 1847 dépôt de 3 nouveaux protêts par John Jeffries fils contre la digue du moulin Brault. Le 17 mars 1848 Charles Veine a fait donation à Joseph Bro scieur d’un terrain à prendre un demi arpent plus bas que la chaussée du moulin à scie du donataire en remontant la rivière jusqu’au terrain de John Jefferies tenant au donateur.

Le 21 septembre 1849 Théophile Brault a échangé sa moitié du moulin à scie à Joseph Brault contre sa moitié du moulin à farine d’avoine. Le 6 novembre 1850 Joseph Brault scieur a fait donation Théophile Brault meunier de sa moitié d’un terrain indivis situé à un demi arpent en aval de la digue du moulin à scie. Le 17 décembre 1850 Théophile Brault a vendu à Julien Brouillet un terrain de 3 arpents par 5 avec le moulin à scie et le moulin à farine d’avoine; il semble en garder la jouissance pour 4 ans(?). Le 27 mars 1851 John Jeffries a conclu un accord avec Théophile et Joseph Brault en leur cédant le terrain en amont des moulins; il leur donnait l’autorisation d’inonder ses terres jusqu’au 2ème rang de Rawdon.

Le 21 novembre 1859 Joseph Brault a conclu un marché avec Cyrille Ayotte pour la construction d’une maison au Village Montcalm, c’est la première mention de ce village que j’ai trouvée.

Le 8 août 1861 Joseph Brault comerçant de bois a vendu des billots à Robert Dalrymple meunier de la paroisse de L’Épiphanie à prendre tant dans le «boome» du capitaine Perreault au Haut de la rivière de l’Assomption [au confluent des rivières Ouareau et L’Assomption], que dans la rivière de l’Assomption, jusqu’au Bout de l’Île et marqués des lettres de T. J. B., J. B. L. et marqués aux marques de Messieurs Dorwin et Compagnie. J. Brault a conclu ce marché en association avec Théophile J. Beauregard boulanger et commerçant de bois de St-Liguori.

Le 28 mars 1863 Joseph Brault a transporté à ses fils mineurs Joseph et Urgel le bail qu’il détenait. Le 4 avril 1863 Joseph et Urgel Brault ont conclu un marché avec Alphonse Leblanc et Urgel Ratelle pour leur scier leurs billots en priorité à leur moulin à scie.

Le 4 février 1864 Théophile Brault a transféré le bail du moulin à avoine et du moulin à scier à ses fils Élie et Israël Brault. Un autre bail a été signé le 3 août 1864 entre Théophile Brault et Élie Brault seulement pour les 2 mêmes moulins.

Ces moulins étaient délaissés dans les années 1865 et mis en vente en 186 après la mort de M. Joseph Breault. Ils étaient achetés par M. Nazaire Gagnon puis par Firmin Dugas et Louis Dugas par succession en 1889… Louis Dugas vendait aussitôt à la compagnie L’Asomption & Lac Ouareau Lumber en 1890 (Jean Gagnon).

Sur le plan du Township de Rawdon dessiné par J. Bouchette en 1821 il y avait 2 ensembles de moulins situés sur la rive nord de la rivière. Le moulin des Sulpiciens est plus bas sur la carte (presque effacé). Les moulins dessinés à l’emplacement de Manchester Place en amont du village ne sont pas dessinés sur le plan du recensement.

Le prochain moulin sur la rivière Ouareau était le moulin des seigneurs de St-Sulpice. En 1861 les meuniers étaient N(?) et Joseph Goulet, le moulin valait $8.000 et employait 3 personnes. Il a été construit en 1819 et son histoire est bien documentée: Le moulin des seigneurs de Saint-Sulpice.

Le moulin de St-Liguori

En 1846 Joseph Jarret dit Beauregard fils, meunier des seigneurs, leur a racheté le mouin avec Narcisse Goulet et J.-B. Demers de Chambly; celui-ci a quitté la paroisse vers 1851 après avoir fait d’importantes améliorations à l’immeuble. Quelques années plus tard J. Beauregard allait bâtir le moulin de pierres des Dalles et N. Goulet demeurait le seul propriétaire du moilin banal (Jean Gagnon).

Le 29 novembre 1858 Alexis Bourgeois meunier avait notarié un protest contre Narcisse Goulet maître-meunier et représentant légal de Messieurs les écclésiastiques du Séminaire de Montréal quant aux droits de banalité et privilèges d’eau sur la rivière du Lacouareau pour les charges et obligations que ces derniers avaient contractés avec A. Bourgeois et Antoine Leblanc par un bail pour les autoriser à faire de la farine d’avoine dans un moulin situé dns une petite île près du moulin banal. A. Bourgeois prévoyait abandonner ce moulin à N. Goulet à l’expiration de son bail mais N. Goulet était en train de construire un moulin pour cet usage qui ne servirait à rien.

Après le village il y avait la brasserie de Placide Morin; en 1851 il est recensé comme brasseur, il avait fabriqué 35 tonnes(?) de bière.

Brasserie Placide Morin

Le 21 février 1846 Cyrille Morin a vendu un terrain à Magloire Melançon situé à côté de la brasserie; le contrat décrit aussi un four à chaux appartenant à C. Morin. Le 29 mars 1847 Magloire Melançon et Placide-Octave Morin ont formé une société pour exploiter la brasserie. Le 3 avril 1847 Cyrille Morin a vendu à Magloire Melançon maître-brasseur un autre lopin de terre situé à côté.

Le 12 février 1848 Magloire Melançon a vendu la brasserie à Placide-Octave Morin instituteur.

Le 21 août 1849 Placide-Octave Morin a engagé Eusèbe Dupuis pour aller en Californie pour trouver de l’or; il était convenu que les bénéfices seraient partagés à son retour. La brasserie a fonctionné pendant plusieurs années, elle est encore mentionnée en 1865 dans une obligation de Placide Octave Morin à Pierre Urgel Archambault.

Ensuite il y avait les moulins Bourgeois de l’autre côté de la rivière. Dans le recensement de 1851 on lit que Alexis Bourgeois, Jean-Baptiste Demers et Joachim Cabana étaient meuniers mais leur moulin à farine d’avoine se trouvait sur la rivière L’Achigan. Je n’ai pas trouvé dans le recensement de 1861 de meunier ou scieur correspondant aux moulins Bourgeois dessinés sur le plan (j’en ai sûrement manqué).

Alexis Bourgeois et Antoine Leblaanc possédaient aussi un moulin en vertu d’un droit acheté des seigneurs vers 1836; ce moulin était situé à quelques pas à l’est du moulin banal de l’autre côté de la rivière. Il a été en opération jusque vers 1861 car leur bail de 25 ans n’a pas été renouvelé (Jean Gagnon).

Moulins Bourgeois, St-Liguori

Le 9 octobre 1841 Antoine Leblanc avait fait bail à loyer à Alexis Bourgeois de la moitié d’un moulin à farine d’avoine et de sa chaufferie. Le 5 août 1844 Antoine Leblanc a vendu à Alexis Bourgeois une moitié du moulin à avoine. Le 20 septembre 1845 Alexis Bourgeois a décrit son moulin pour garantir une obligation à Bénoni Dalpé.

Le 29 novembre 1858 Alexis Bourgeois, meunier de St-Liguori, a déposé un protêt contre Narcisse Goulet maître-meunier et représentant légal des seigneurs de Saint-Sulpice. Ceux-ci avaient accordé le droit de construire un moulin à avoine à Alexis Bourgeois et Antoine Leblanc acquis par Bourgeois qui voulait mettre terme à son bail et protestait contre Narcisse Goulet qui projetait de construire un autre moulin à avoine inutile.

Samuel Anderson et George Gilmour, cardeurs, possédaient un moulin à carder et à fouler sur la rivière Lacouareau en 1851. Ce moulin était situé à côté du moulin des seigneurs de St-Sulpice, sur le plan du recensement il fait partie des moulins des Seigneurs. En 1861 George Gilmour a été recensé comme cardeur, son moulin à carder et à fouler valait $3.500. Le moulin à carder de Samuel Anderson a été construit entre 1830 et 1838 pour le compte de 2 industriels de Chambly, les frères Andres: Les moulins de St-Liguori en 1831

Moulins Anderson, St-Liguori

Le 28 juin 1843 Samuel Anderson, Antoine Leblanc et Alexis Bourgeois s’étaient mis d’accord pour construire la digue de leurs moulins à partir de leur île jusqu’à un moulin à scie situé à côté du moulin seigneurial.

Le moulin Bourgeois du plan de 1861 est plus en aval. Le 12 mars 1851 Samuel Anderson a vendu son moulin à carder à George Gilmour, les machineries sont décrites dans le contrat.

Un peu en arrière du moulin banal on en voyait un autre destiné à l’industrie de la laine construit par Henry Anderson qui a été détruit par un incendie le 18 septembre 1871; George Gilmour son gendre devenu propriétaire du moulin banal avait récupéré les machines pour les installer sur le premier plancher de son moulin (Jean Gagnon).

Pendant qu’il était au Lac Ouareau, M. Jean-Baptiste Demers s’était fait bâtir un moulin à bois entre le moulin banal et le moulin à cardes; vers 1850 il était déménagé sur le canal, derrière le moulin à cardes, puis enfin fixé de l’autre côté de la rivière, sur l’emplacement même où se trouvait celui de MM. Alexis Bourgeois et Antoine Leblanc. M. Joseph Bro l’achetait en 1867, puis M. Luc Arpin et enfin Edouard Fisk de Joliette qui en transportait tout le mécanisme aux Dalles sur la rivière Ouareau (Jean Gagnon).

Un descendant de Cyrille Morin, premier maire de Chertsey en 1856, m’a envoyé la copie d’un contrat où Cyrille Morin et Narcisse Dugas propriétaires d’un moulin à scie ont fait bâtir un moulin à avoine en 1832 sur la rivière Ouareau. Leur terre (111 sur le plan plus bas) se trouvait juste au niveau du domaine Fisk, peut-être un peu en amont (Les Dalles). Selon l’histoire de Crabtree et celle de St-Liguori le moulin le plus ancien construit à cet emplacement daterait de 1854, ce n’est certainement pas vrai.

Le moulin de C. Morin, Crabtree

J’ai trouvé ensuite que ce moulin existait avant 1826 et qu’il appartenait aux seigneurs de Saint-Sulpice; il semble être le premier qu’ils aient construit sur la rivière Ouareau.

2 octobre 1826 – Bail emphytéotique du moulin à scie de Saint-Jacques de l’Achigan, passé entre les seigneurs de l’île de Montréal, et de Saint-Sulpice, et Jean-Baptiste Morin et François Dugas. Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal. (439)

le moulin à scie les chemins et autres droits que les dits preneurs auroient acquis de Paul et Etienne Mercier

si les dits messieurs exclésiastiques de Montreal désirent batir, au dit lieu un moulin à farine, et ce à l expiration du present bail, au dit cas, ils auront le droit de reprendre ce que dessus baille avec le dit moulin

Notaire François Allard, (BAnQ / CN605,S1 / M-349.5)

Le 10 décembre 1846 Cyrille Morin et Narcisse Dugas ont conclu un bail avec Joseph Chevaudier de St-Alphonse d’un moulin à avoine sur la rivière Ouareau. Le 2 mars 1848 Jean-Baptiste Demers, Cyrille Morin, Narcisse Dugas et Samuel Anderson ont conclu des accords pour aménager une nouvelle chaussée près du moulin à scie de Morin et Dugas, Samuel Anderson prévoyait construire un moulin à carder et J.-B. Demers un moulin à farine. Le 3 mars J.-B. Demers et S. Anderson se sont donné des garanties mutuelles et le contrat rapporte que Peter McGill et J.-H. Dorwin avaient obtenu un bail des seigneurs de St-Sulpice pour construire un moulin sur la rivière Ouareau.

Le 12 juin 1848 la succession Samuel Andres a vendu à Samuel Anderson tous ses terrains à l’encan. Samuel Anderson était marié à Sarah Andres.

Le 14 novembre 1849 Cyrille Morin et Narcisse Dugas ont vendu un pouvoir d’eau à Gédéon Brien dit Desrochers de même force à peu près que celui dont il jouissait dans leur moulin qui a brûlé pour faire marcher une scie ronde avec le droit de construire un bâtiment. Le 22 novembre 1851 Antoine Parent maître-menuisier de St-Jacques a cédé à Narcisse Dugas une terre tenant à la rivière Ouareau où se trouvait un moulin à scie appartenant à Alexandre Dugas.

Le 17 décembre 1851 Cyrille Morin et Narcisse Dugas ont racheté le moulin à scie de G. Brien. Le 12 novembre 1855 Narcisse Dugas a accordé un bail à John Crean et Marc Graham meubliers de St-Charles-Borromée (Joliette) un bâtiment situé à côté du moulin à scie du vendeur avec droit de jouir des pouvoirs d’eau pour actionner leurs outils. Le 13 juillet 1857 Cyrille Morin qui avait déménagé à Chertsey a vendu a notaire Marcel Poirier de l’Assomption une terre de 3½ arpents par 40 tenant à la rivière du Lac Ouareau, à Narcisse Dugas et à Octave Morin et tous ses droits sur un terrain de 6 arpents en superficie avec un moulin à scie avec ses droits sur le pouvoir d’eau

Le 7 novembre 1857 Marcel Poirier et Narcisse Dugas ont vendu à Joseph Jarret dit Beauregard maître-meunier de St-Paul un terrain bâti d’un moulin à scie et de quilles (kiln=four?) pour sécher l’avoine avec tous les privilèges que les seigneurs de Saint-Sulpice avaient acordés à Jean-Baptiste Morin et François Dugas transmis à Cyrille Morin et Narcisse Dugas. Joseph Beauregard a donné en garantie son moulin à farine situé à St-Paul, il semble que ce soit sur la rivière Ouareau, peut-être juste un peu en aval au pont des Dalles.

Les seigneurs de Saint-Sulpice ont construit de nombreux moulins, les plus anciens seraient ceux du ruisseau Vacher et du lieudit les Dalles sur la rivière Ouareau.

D’autres moulins sont plus difficiles à situer. Le 12 juin 1841 Isaac Dugas a donné son moulin à scie à ses fils Nazaire et Wilfrid; le moulin était situé sur la Ouareau entre les terres de François Landry fils, Antoine Lanoue et Paul Sourdif, ce qui semble être proche du village. Le 21 février 1844 Nazaire Dugas a vendu le moulin à scie à Joseph Beauchamp maître-menuisier. Le 19 juin 1845 Wilfrid Dugas a vendu à Médard Marion sa moitié indivise d’un moulin à scie.

Le 22 novembre 1851 un acte de vente entre Antoine Parent et Narcisse Leblanc précise qu’un moulin à scie appartenant à Alexandre Dugas est érigé sur la rivière Ouareau entre les terres de Jean Parent et Alexis Brien. Le 6 mai 1854 Édouard Dugas a vendu à Narcisse Leblanc un moulin à scie situé sur la terre de David Trembler sur la rivière Ouareau. Le 29 septembre 1854 Narcisse Leblanc a revendu le moulin à scie à David Trembler. Le reçu signé par Pierre Brien dit Desrochers le même jour précise que David Trembler a acquis le moulin de Narcisse Leblanc qui l’avait acquis de Antoine Parent.

Il y avait encore un autre gros moulin à farine appartenant à Gaspard De Lanaudière vers le pont des Dalles de la rivière Ouareau. Le 12 décembre 1853 Gaspard DeLanaudière a conclu un marché avec Médard Desmarais pour le devis du bois de construction de l’écluse de son moulin sur la rivière Lacouareau.

Le 23 novembre 1857 Gaspard DeLanaudière avait mis son moulin à farine construit sur la rivière Ouareau en garantie hypothécaire dans une obligation envers Edouard Scallon: un moulin à farine à deux étages sur le derrière et à un seul étage sur le devant avec cinq moulanges pour moudre le grain et écaler l’avoine avec une chaufferie

Un plan de la seigneurie de St-Sulpice permet de connaître les propriétaires des lots (censitaires) en 1840.

St-Liguori 1840
St-Liguori 1840

La limite entre Rawdon et St-Liguori a varié avec le temps, en 1840 c’était une partie de la seigneurie qui allait jusqu’au Township. Le plan du recensement de 1861 montre la paroisse de St-Liguori.

Jean Gagnon dans Sous le clocher de St-Liguori raconte l’histoire de quelques autres moulins. Le moulin à farine de Joseph Beauregard a été construit près des Dalles vers 1854 et il a fonctionné jusqu’en 1952. De l’autre côté de la rivière Antoine Gaudette a construit un moulin à scie vers 1875 vendu à Edouard Fisk vers 1878.

Entre St-Liguori et Rawdon

François Lanoue dans Une nouvelle Acadie a publié la liste des censitaires de St-Jacques en 1861 selon le livre terrier de la seigneurie de St-Sulpice. Peter McGill et J.-H. Dorwin avaient aussi des terres plus en amont sur la rivière Ouareau, les lots 574, 643, 644 et 645 sur le plan plus bas. Peter McGill avait sans doute acheté le moulin à scie construit par Joseph Ratelle en 1811 nommé moulin Oldham: Le premier moulin concédé par les Sulpiciens à J. Ratelle

Le plan montre les occupants des lots vers 1800 ce qui permet d’en connaître le propriétaire dans la liste de 1861:

Plan terrier 1800
Plan terrier 1800
Saint-Sulpice secteur St-Liguori
Plan terrier 1861

En 1861 Peter McGill avait les lots 643 et 644 (commué). Joseph Jarret dit Beauregard avait une partie du 643 avec un moulin. J.H. Dorwin avait le lot 645 et le 574 (commué) situé en face sur la rivière. Samuel Anderson, Russell Twiss et George Gilmour avaient les lots 590 et 591 (commué), sur la rive sud-ouest de la rivière. Russell Twiss avait aussi des parties des lots 594 et 595 (commué) vers le village. Messire Barette, prêtre, était sur le lot 593 (commué). Plus bas sur la rivière, près du moulin de Morin et Dugas, Joseph Beauregard était sur une partie du lot 617 (commué).

Il semble y avoir un léger décalage dans le numérotage des cartes de 1840 et 1861, il faudrait donc contrevérifier.

Le Quotidien, 8 août 1936
Le Quotidien, 8 août 1936

Ces lots commués après l’abolition du régime seigneurial en 1854 sont les seuls dans ce secteur de la seigneurie, il fallait du capital pour payer les droits. Le chemin de fer de Rawdon avait un droit de passage sur tous les lots situés de l’autre côté depuis le moulin de P. Dugas jusqu’au pont sur la rivière Rouge menant au village d’Industrie.

Le numérotage des lots du plan de 1840 et celui du plan terrier sont différents, il n’y a qu’au niveau de Manchester Place qu’ils correspondent ce qui permet de les situer.

La succession de Peter McGill a mis sa propriété d’Oldham Farm à vendre en 1861 et un plan a été fait. Si on le compare avec une carte actuelle il semble que ce soit le site des moulins de Manchester. Dorwin et McGill ont commencé leur association vers 1840, ils étaient francs-maçons dans la même loge. Dans la biographie de Dorwin on lit qu’il a cessé ses activités à Rawdon et St-Liguori en 1859 quand ses moulins de Rawdon ont brûlé mais c’est faux puisqu’un acte notarié de 1864 montre qu’il était toujours propriétaire de son moulin à scie de St-Liguori acquis en 1845.

La Minerve 13 décembre 1849
La Minerve 13 décembre 1849

Sur le plan qui a été dessiné pour le train de Rawdon les moulins du village sont dessinés ainsi que ceux de P. Dugas sur la rivière Rouge. Le dessinateur qui travaillait pour Dorwin n’a rien dessiné au niveau de Manchester Place ce qui est très curieux. Les seigneurs de St-Sulpice avaient aussi participé à la levée de capital de la compagnie.

Quand J.-H. Dorwin et ses associés ont construit ce chemin de fer c’était un projet industriel ambitieux qui demandait de gros capitaux. Ce n’était pas pour desservir les petits moulins à scie de St-Liguori. Dorwin, McGill et Gilmour avaient de grosses réserves de bois en amont sur la rivière, 177 miles carrés lors de la vente des Rawdon Mills.

Montreal Herald 23 juin 1860
Montreal Herald 23 juin 1860
Montreal Herald 9 mai 1864
Montreal Herald 9 mai 1864

Lire Industry Village and Rawdon Railway

Le 25 avril 1860 un acte de vente de terrain à St-Liguori entre Joseph Eugène Ecrement et Louis Goulet mentionne un terrain bordé d’un côté par J.H. Dorwin et de l’autre par Ludger Leblanc.

Le 3 décembre 1862 P. U. Archambault marchand de l’Assomption a conclu un marché et convention avec James Payton marchand de bois de Rawdon pour l’approvisionnement de son chantier de bois à Chertsey. Le marché mentionne le moulin à scie de Payton situé sur la rivière Ouareau paroisse de St-Liguori sans qu’il soit exactement situé.

Les moulins de Rawdon en 1851

La rivière Ouareau

Le recensement de Rawdon en 1851 est intéressant car le recenseur a localisé les moulins et ajouté quelques détails.

Il n’y avait aucun moulin en amont jusqu’au village de Rawdon où se situaient ceux de J.-H. et George Dorwin: un moulin à scie et un moulin à farine (oates?). Ils étaient situés sur le lot 15 du 5ème rang en amont des chutes Dorwin. J.-H. Dorwin et son fils sont enregistrés comme américains.

Moulins Dorwin, Rawdon

Le 22 décembre 1852 J.-H. Dorwin s’est associé avec Edward Scallon marchand de bois du village d’Industrie (Joliette). Le greffe du notaire Denis-Émery Papineau n’a pas été numérisé, seulement l’index:

Le 26 décembre 1853 il a déposé un protêt pour dissoudre la société Edward Scallon & Company puisque E. Scallon ne s’était pas bien occupé de la gestion de son moulin:

Plus haut, à la Chute-à-Magnan, Médard et Louis Archambault sont enregistrés comme meuniers sur le lot 15 (ou 16) du 6ème rang. Ils avaient des moulins à farine et à grist, je ne connais pas la nuance.

Moulin Archambault, Rawdon

Un acte notarié de 1846 montre qu’il y avait un moulin à scie en aval du moulin Archambault appartenant à Pierre-Laurent Riopelle et Joseph Charbonneau. Il n’est pas recensé en 1851.

Le 1er avril 1846 Jean-Louis et Médard Archambault ont déposé un protêt contre Laurent Riopelle, le moulin à scie était en amont et dérangeait les activités du moulin à farine situé en aval. Le 31 juillet 1847 ils ont déposé un autre protêt contre Hypolite Morneau pour la reconstruction de leur moulin endommagé.

Le 1er avril 1851 Thomas Hewitte ancien marchand de Rawdon a vendu à Jean-Louis Archambault meunier de Rawdon une maison en bois occupée par le vendeur et la moitié d’un caveau (root house) avec la moitié nord-ouest du lot 15 dans le 6ème rang de Rawdon avec une maison; le vendeur réservait 2 arpents de terrain pour les emplacements de William Bagnall et Joseph Clerkson ainsi qu’un emplacement où Pierre-Laurent Riopel avait construit un four à chaux et encore les approches du pont de Médard Archambault. T. Hewitt avait acheté la maison le 21 mai 1849 de J.-L. Archambault.

Le 2 avril 1859 Louis Morache père a donné à Louis Morache fils un terrain situé sur le lot 15 du 6ème rang de Rawdon bâti d’un moulin à scie et d’un moulin à farine.

Le 19 janvier 1865 Charles Magnan maître-menuisier de Rawdon a signé une obligation où il donne en garantie un terrain sur la rivière Ouareau avec un moulin à scie sur le lot 6 du rang 6 (?).

Le 12 octobre 1865 Ludger Brien dit Desrochers a vendu à Édouard Brien, Blaise Dugas et Sévère Dugas un terrain sur le lot 15 du rang 9 avec un moulin à scie.

Une entrée dans le recensement mentionne un moulin à construire mais il n’est pas localisé et je ne suis pas sûr du propriétaire, il n’y a pas de miller ou de millwright sur la page correspondante. Je crois que c’est la famille Robinson et que ça pourrait être entre St-Liguori et Rawdon sur la rivière Ouareau.

Moulin Robinson

La rivière Rouge

La description des moulins de Philemon Dugas est intéressante: grist mill 4 run of stones, 2 saw mills 5 run of saws; un moulin à farine et deux moulins à scie. Il avait un privilège sur la rivière Rouge à partir du lot 24 du premier rang jusqu’aux lots 19 et 18 du 5ème rang, personne n’avait le droit de construire d’autre moulin.

La question des privilèges est importante, ce serait instructif de connaître ceux sur la rivière Ouareau.

Philemon Dugas 1851
Philemon Dugas 1851

En 1861 il ne restait qu’un moulin à farine valant $4.000 et employant 3 personnes, le propriétaire était Firmin Dugas.

P. Dugas avait son privilège sur la rivière Rouge jusqu’au village, le moulin de Daniel Trusdelle se trouvait à cette limite sur le lot 18 du 5ème rang et lui avait le privilège dans le village pour ses 2 moulins à scie.

Moulin de D. Trusdelle, Rawdon

Le 8 août 1862 obligation par Firmin Dugas fils et John Copping, meuniers; F. Dugas met en garantie un moulin à farine et ses privilèges de pouvoir d’eau sur la rivière Rouge. Le 26 septembre 1867 Firmin Dugas et John Copping maîtres meuniers ont signé une obligation envers François Normand maître tanneur de St-Jacques. F. Dugas a donné en garantie le lot 24 du 1er rang de Rawdon avec un moulin à faire la farine. Le 15 mai 1868 John Copping maître-meunier et dame Anne Dugas veuve de William Lord mécanicien ont transporté à François Normand une somme de 2.400 dollars que le meunier de Rawdon John Rowan leur devait. Ils ont hypotéqué leurs propriétés pour garantie. Firmin Dugas, membre du Parlement, et William Copping ont dû aussi les cautionner en mettant leurs propriétés en garantie: un moulin à farine et un moulin à scie sur le lot 24 rang 1 pour F. Dugas, un moulin à farine avec chaufferie situé à St-Liguori pour W. Copping.

Firmin Dugas fils est décédé le 16 mars 1889. Le moulin a été délaissé puis vers 1900 Louis Dugas son fils, député provincial, a vendu le pouvoir d’eau à Sam, Georges et William Lord ses cousins qui ont rebâti au complet les 2 moulins et creusé un canal de 7 arpents (400 mètres environ), les moulins étaient en opération en septembre 1902… Le moulin à farine de blé d’Inde et sarrazin était progressivement abandonné mais le moulin à scie tournait. Il était vendu à un dénommé Chicoine dans le temps de la crise lequel, faute de paiement devait le rendre. M. Alcide Lévesque, le propriétaire actuel des lieux, l’achetait de M. Georges Lord en 1938. M. Lévesque, jusqu’à l’incendie de 1976, le tenait en marche, sciant en moyenne un million de pieds de bois par année, ce moulin était encore mu par eau dans les années 50… (Jean Gagnon – Sous le clocher de St-Liguori)

Sur le lot 22 du 7ème rang George Munroe avait 1 moulin à scie.

Moulin de George Munroe, Rawdon

Joseph, Louis et son fils Brien dit Desrochers avec Joseph Allard avaient un moulin à farine et un moulin à scie sur le lot 28 du 10ème rang.

Moulin Brien, Rawdon

Sur cette carte de 1844 le Desrochers Grist Mill était déjà dessiné.

Le dernier moulin recensé se trouvait à la décharge de la Rivière Ricard sur le lot 5 du 10ème rang et il appartenait à la famille Varin. Il y avait un moulin à farine et 1 moulin à scie. J’ai essayé de le situer sur un plan mais je n’ai pas trouvé de rivière sur ce lot.

Moulin Varin, Rawdon

Le 8 juillet 1843 Noël Robichaud a vendu un moulin à scie à Charles Dupuis situé sur le lot 10 du rang 4 de Rawdon ce qui correspond à peu près au lac Quinn sur la route 125 au nord de Ste-Julienne.

La rivière Ouareau en amont

Il n’y avait pas d’autre moulin en amont jusqu’à St-Donat, selon les cartes. Une carte de 1843 montre le chemin de chantier Dorwin qui longeait la rivière jusque près de St-Donat pour se rendre aux chantiers forestiers de Dorwin, Dugas et Leblanc.

Une carte de 1865 montre qu’il y avait toujours beaucoup d’activité forestière dans ce secteur. Sur la carte on voit 2 barrages appartenant à Parker, son chantier, celui de Dorwin, 3 campements indiens et d’autres annotations intéressantes.

Sur le site de la Société Historique de St-Donat Claude Lambert parle d’un moulin relié à une mine d’or sur la rivière Ouareau à Chertsey mais il ne précise pas où:

Dans le rang 5 sur le lot 15 vers 1866, une nouvelle concession est exploitée. On y dépense environ 11,000$ sur une période de trois ans. Les principaux travaux consistent en un puits de 35 pieds de profondeur. Le minerai est transporté à un moulin sur le bord de la rivière Ouareau. Lorsque Adams le visite, il est presque en ruine. Dans sa description il rapporte que ce moulin contient 5 bocards (machine à broyer) ainsi que 10 bassins d’amalgation (servant à extraire l’or ou l’argent au moyen du mercure !)

Lire: L’exploitation industrielle du bois sur la rivière Ouareau

Une recherche à compléter

J’ai soigneusement regardé toutes les feuilles des recensements de 1851 et 1861 mais il se peut que j’en ai oublié quand même. C’est un travail à compléter pour faire un portrait complet de ces moulins jusqu’à leur disparition vers 1900.

Par exemple j’ai trouvé 2 documents qui montrent que Dorwin a peut-être eu un moulin à Manchester Place, mais ce sont des informations moins précises qu’il faudrait documenter plus sérieusement avant de faire des affirmations. Dans l’article de journal il est écrit que le moulin de Manchester est la propriété de M. Dorwan, il décrit de nombreux autres moulins.

L'Aurore des Canadas 2 juillet 1844
L’Aurore des Canadas 2 juillet 1844

Dans la poursuite contre la succession Oldham J.-H. Dorwin est voisin de celui-ci, ce qui n’est pas très clair sur la situation exacte de sa propriété.

La Gazette de Québec 22 octobre 1846
La Gazette de Québec 22 octobre 1846

Un autre document datant de 1840 montre qu’il y avait un moulin à scie sur le lot 16 du 4ème rang, soit un peu en aval de celui des Dorwin sur le 5ème rang. D. Parkinson m’a écrit que ce moulin a été acheté par Peter McGill en 1840 ou 1841:

Gazette de québec 28 mai 1840
Gazette de Québec 28 mai 1840

J’ai essayé de trouver des photos anciennes des moulins de la rivière Ouareau pour illustrer cet article. Il y en a quelques unes du moulin de la Chute-à-Magnan mais elles ne sont pas de très bonne qualité. Je crois que ces 2 photos d’un moulin de Chertsey permettent de bien illustrer le genre de moulins qu’on retrouvait sur les rivières en 1850. Le moulin des Sulpiciens et peut-être ceux de Dorwin/McGill étaient des installations plus importantes, la rivière Ouareau est beaucoup plus large que la rivière Burton, mais le principe est le même.

Moulins sur la rivière Burton 1902
Sur la rivière Burton, le moulin à scie et à farine de Joseph Varin vers 1902 (col. M. Fournier)
Moulin de la rivière Burton en face du village
Carte du Québec

2 réflexions au sujet de “Les moulins de la rivière Ouareau 1850-1861”

    • Gérard Brady a écrit sur l’histoire plus récente de Rawdon, à partir de 1900 environ. Il ne parle pas des moulins anciens dans son livre. Ce qui n’enlève rien à l’intérêt de son livre. Pour connaître l’histoire ancienne de Rawdon je conseillerais plutôt le livre de Marcel Fournier pour les francophones. Il y en a d’autres en anglais.

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