Catégorie: Histoire de Lanaudière
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Décès et succession d’Edward Scallon en 1864

Edward Scallon est décédé le 15 mars 1864 et à son décès il était de loin l’homme le plus riche de Joliette. L’inventaire des biens de la communauté entre feu Edward Scallon et dame Mathilde Ducondu sa veuve fait la liste de leurs biens mobiliers et immobiliers. La vente à l’encan qui a suivi a été un évènement régional exceptionnel. La documentation du règlement de sa succession donne de précieuses informations sur son commerce de bois.

Edward Scallon est arrivé au village d’Industrie vers 1839 comme employé de Barthélémy Joliette. En 1864 il était devenu le baron du bois de Lanaudière, il avait racheté presque tous les biens des seigneurs de Lavaltrie, il faisait travailler les habitants de la région dans ses entreprises et leur prêtait de l’argent pour acheter leurs terres. Il a aussi fait des donations importantes pour la communauté à son décès.

Donations pour l’hopital et l’Union St-Joseph

nLe 3 février 1862 Edward Scallon et son épouse Mathilde Ducondu avaient fait une importante donation à la Corporation Épiscopale Catholique Romaine de Montréal: une somme de 833 livres équivalente à $3.333 dûe par Prosper Lavoie qui avait acheté le moulin à farine de L’Entreprise sur l’Assomption (2ème rang de Kildare); une rente perpétuelle de 75 livres pour un capital de $5.000 aussi dû par Prosper Lavoie pour l’achat du moulin et garanti par plusieurs terrains; un lopin de terre situé en la paroisse St-Pierre de Sorel. Le premier montant de la donation devait servir à l’érection et construction d’un Hopital ou Maison d’Industrie dans le dit village d’Industrie pour y recevoir et loger les pauvres malades invalides ou infirmes Catholiques Romains du village d’Industrie. La rente devait servir au maintien, soutien et entretien de l’hopital.

Le 10 décembre 1863 E. Scallon et sa femme Mathilde Ducondu avaient fait une autre donation à l’Union St-Joseph de L’Industrie d’un emplacement de 25 pieds de front par un arpent sur la rue du Moulin avec une maison et autres bâtiments.

Le testament d’Edward Scallon et son codicille

Edward Scallon avait fait son testament le 13 août 1862. Il léguait à son épouse Mathilde Ducondu leur résidence de la rue du Moulin avec tous ses meubles, une terre aux Prairies et une portion de terre sur le chemin des Prairies avec tous les ustensiles de culture en usufruit seulement. Pour sa subsistance il lui laissait une rente viagère de 600 piastres à prendre sur les intérêts d’un capital de 21.639 piastres dû par le gouvernement pour lods et ventes acquis de Madame veuve Barthélémy Joliette et Gaspard de Lanaudière. Il léguait à sa fille adoptive Hermine Scallon et à demoiselle Sara Cornellier 120 piastres de rente viagère chacune.

Il léguait aussi à la Corporation Episcopale Catholique Romaine 1.000 louis à être placés pour assurer les rentes de Hermine Scallon et Sara Cornellier et le capital de 21.639 piastres qui devait être placé pour rapporter des intérêts servant à construire des églises et chapelles dans les nouveaux établissements de colons et pour construire une maison d’industrie au village d’Industrie.

Il lèguait à Joseph Brouillet son commis ce qui lui restait des droits et privilèges obtenus du gouvernement pour couper du bois sur les terres de la Couronne et il lèguait tout le reste en parts égales à Clauthilde Scallon sa soeur consanguine, à Charles Edward Scallon son cousin et à Joseph Brouillet son fidèle employé. Mgr. Ignace Bourget évêque de Montréal, Charles Edward Scallon et Joseph Brouillet avaient été nommés exécuteurs testamentaires.

Le 13 juin 1863 Edward Scallon est retourné chez le notaire pour ajouter un codicille afin de déshériter son cousin Charles Edward et transporter le legs qu’il lui avait fait à la Corporation Episcopale Catholique Romaine. La raison en est inconnue.

Ce portrait de la collection Notman du musée McCord a dû être pris peu avant son décès, c’est le seul portrait de E. Scallon qui nous soit parvenu: Edward Scallon, copie réalisée en 1864 – Photographe William Notman – Halogénures d’argent sur papier monté sur papier, procédé à l’albumine – Musée McCord Montréal.

Le décès d’Edward Scallon le 15 mars 1864

Il était convenable que M. Scallon mourût comme il avait vécu, dans les bois, dans les neiges, au milieu de ses hommes de chantier sur lesquels il exerçait un si vaste ascendant. Il y mourut en effet au mois de mars 1864. Dans la semaine du 15 mars nous apprîmes, me dit mon obligeant bailleur de notes, que M. E. Scallon était mort dans son chantier. Grande et profonde sensation à L’Industrie! On nous annonça bientôt que le corps du défunt arriverait à Joliette le mercredi après-midi, vers 4 heures. À l’heure précise, toute L’Industrie était échelonnée le long de la rue Saint-Charles-Borromée, y compris les élèves du collège…

Le Messager de Joliette parle de l’encan du regretté défunt, l’un des plus considérables faits à Joliette et qui eût lieu le 29 août suivant. L’énumération seule de tout le mobilier nous donne une idée de la richesse et du confortable qui régnait en cette maison spacieuse si longtemps connue à l’angle des rues St-Charles-Borromée et de Lanaudière. Il s’y est vendu une énorme quantité de chevaux, de voitures, de boeufs et, en plus, 36 quarts de lard…

A.-C. Dugas – Gerbes de souvenirs

2.000 personnes au moins sont venues assister à ses funérailles selon cet article du Messager de Joliette du 28 mars. Il habitait à Joliette depuis 27 ou 28 ans et avait fait fortune en travaillant très fort malgré sa faible constitution maladive. Il faisait travailler des centaines de pauvres travailleurs à qui l’ouvrage qu’il procurait donnait le pain nécessaire à l’existence de leurs familles.

Le Canadien 28 mars 1864
Le Canadien 28 mars 1864

Un inventaire qui a pris 18 jours de travail

L’inventaire des biens de la communauté a été commencé le 16 mai 1864 et il aura fallu 18 journées de travail par les notaires et les exécuteurs testamentaires pour le mener à bien: faire la liste de tous ses biens meubles et immeubles, de ses créances et de ses dettes, des contrats commerciaux conclus, des poursuites en justice en cours, etc.

Le 16 mai 1864 à 9h du matin à la requête et en présence de dame Mathilde Ducondu veuve de Edward Scallon décédé le 15 mars l’inventaire des biens de la communauté de biens qui a existé entre eux selon la Coutume de Paris a été commencé, il a été terminé le 21 juillet.

Plus à la requête de: sa Grandeur Monseigneur Ignace Bourget évêque du diocèse de Montréal l’un des légataires nommé exécuteur testamentaire conjointement avec Joseph Brouillet marchand de bois de la ville de Joliette…

L’inventaire fait plus de 300 pages que je dois donc résumer. Mgr. Bourget a nommé Alexis Frédéric Truteau vicaire et chanoine de la cathédrale de Montréal comme son représentant pour assister à l’inventaire. Joseph Brouillet et Clothilde Scallon soeur d’Edward épouse de Pierre Pélissier, avec l’autorisation de son mari, y ont aussi assisté. Un vrai inventaire fidèle et exact de tous les biens meubles et immeubles, acquêts, conquêts et propres, argent monaié et non monaié, or, dettes actives et passives, titres et papiers, droits et actions et généralement tout ce qui compose la communauté de biens… Joseph Brouillet et Pierre Edouard McConville arpenteur comme employés de feu Scallon ont prêté serment pour rendre compte, tout montrer et enseigner. Jean-Baptiste Chapdelaine marchand et Louis Pierre Hubert Turgeon seigneur ont prêté serment pour priser et estimer les biens. Il y avait encore les notaires Barthélémy Vézina et Dieudonné Désormier.

9 personnes ont procédé à cet inventaire pendant 18 journées de travail.

Ils ont d’abord fait la liste de tous les meubles et objets se trouvant dans la maison en décrivant chaque pièce. Dans la cuisine donnant vue sur la cour il y avait un poële de cuisine avec ses accessoires estimé à $27.34, une horloge à $2.50, des meubles et ustensiles…

L’inventaire a commencé à 9h et a été interrompu de midi à 13h avec un montant de $36.60 pour la première vacation. Puis il a été repris à 14h pour terminer l’inventaire de la cuisine. Dans la salle à dîner il y avait une table à $10, 10 chaises pour $4, un poële bas à $10.25, 2 buffets imités de bois de rose à $20, etc. Faïance 3 soupières à $5, un service à thé imitation porcelaine à $6, etc. Verrerie on remarque 18 verres à vin, 12 verres à champagne parmi la longue liste. À 17h l’inventaire a été suspendu, le montant de la deuxième vacation était de $134.69.

Le 17 mai à 9h tout le monde était de retour pour la suite. Dans le grenier il y avait de la quincaillerie et des objets divers, une machine à tordre le linge à $4, 5 pots de chambre à $0.90, un lot de peaux de veau en cuir noir pour chaussures à $5.50, 95 livres de savon du pays à $9.50, etc. pour un total de $100.60 pour la troisième vacation.

À 14h l’inventaire a repris. Dans un grenier avoisinant un passage il y avait une couchette américaine en acajou à $10, un harnais complet à $28, une selle, un tapis et une bride à $24, environ 100 livres de sucre blanc à $12.50, etc. Dans le passage de l’étage supérieur un poële à $11. Dans un autre passage au-dessus de la cuisine quelques objets. Dans une chambre à coucher au second étage ayant vue sur la rue de l’Église et sur la rue du Moulin un set de chambre, une couchette, une table, un canapé, 2 matelas de coin, un lit de plumes. La quatrième vacation faisait un total de $225.95.

Le mercredi 18 mai à 9h. Dans une autre chambre à coucher ayant vue sur la rue du Moulin une couchette de fer avec lit de plumes, une autre avec 3 matelas et couvertes, une autre, 2 pots de chambre, etc. $82.77 pour la cinquième vacation. Dans une chambre à coucher ayant vue sur la rue du Moulin et avoisinant la précédente une couchette de fer, etc. Dans une salle de réception dans le haut de la maison ayant vue sur la cour de nombreux meubles dont un pistolet à $12 et un crachoir à $0.06. Dans une petite chambre à coucher ayant vue sur la rue du Moulin, Dans la salle d’entrée du rez-de-chaussée ayant vue sur la rue du Moulin. $115.52 pour la sixième vacation.

Le jeudi 19 mai Dans le salon donnant sur la rue de l’Église et du Moulin un cadre avec gravure représentant la déclaration d’indépendance des États-Unis, une autre représentant le collège de Joliette, une statue de la Ste-Vierge en marbre blanc avec un piédestal en marbre noir estimée par Anatole Partenais statuaire de Joliette à $160.

Dans l’office ayant vue sur la rue du Moulin et ouverture sur la cour un safe estimé à $100; pour la septième vacation $353.17. Dans une cave au-dessous de la cuisine, Dans une autre cave au-dessous de la salle-à-dîner: 20 bouteilles de vin, 2 bouteilles de sherry, 5 bouteilles de brandy Martell, 25 bouteilles de vin St-Julien, 7 bouteilles de vin Paul Barsac(?), 11 bouteilles de vin de Porto(?), 15 bouteilles de champagne. Dans le haut du hangard faisant face sur la rue du Moulin. Montant de la huitième vacation $70.27.

Le vendredi 20 mai suite du hangard ci-dessus. Effets du chantier 111 couvertes blanches estimées à $105, 65 couvertes grises à $54, des bourrages, des attelles, des serres de colliers, des harnais, des guides, 5 quarts contenant du biscuit, etc. Montant de la neuvième vacation $265.85. Continuation des effets de chantier 9 paires de raquettes, des godendards, des limes, des haches, des tarières, des leviers, environ 125 minots d’avoine, 36 quarts de fleur, 6 douzaines de manches de haches, des câbles, des poulies, des tentes, des casseroles, etc. Montant de la dixième vacation $282.78.

Le lundi 23 mai Continuation des effets de chantier 9 paires de souliers de chevreuil et 1 de boeuf, des colliers, des étrilles, des traits de fer, des chaînes, des barres ou piques à miner en acier, des barres de fer, 2.133 livres de fer en barre provenant du chemin de fer à l’usage des chantiers et des booms, etc. Montant de la onzième vacation $87.40. Continuation 14 gaffes ferrées à billots, 52 avirons, 45 leviers ferrés, etc. Dans la cave du hangard 36 quarts de lard à $612, 80 livres de lard à $15.30, 19 minot de pois, 14 sleighs à billots, 9 gaffes, 6 jougs à boeufs, 2 quarts de sel, 7½ minots de sarazin, 1 pompe aspirante et foulante, 8 minots de blé, 38 livres de graine de trèfle, etc. Montant de la douzième vacation $850.55.

Le mardi 24 mai Continuation 1 poële, 1 pompe à jardin à $20, etc. Dans le grenier du hangard 15 bouteilles de oriental turkish wine à $50, un assortiment de nerve and bone liniments et pain kyller pour soigner les bûcherons, etc. Montant de la treizième vacation $79.93.

Continuation 2¼ minots de graine de mil, 1 machine à percer le bois, 3 bancs à chandelles avec moules en plomb, une balance patentée avec poids à $10, des jalousies, des contrevents, des portes, etc. Montant de la quatorzième vacation $63.53.

Le mercredi 25 mai Dans le hangard à bois 14 cordes de bois d’érable, etc. Dans la laiterie, dans la boulangerie quelques objets divers. Dans une remise 1 wagon simple de travail et 1 wagon double, une charrue, etc. Montant de la quinzième vacation $120.20. Dans une remise à voitures 1 wagon couvert à $60, 1 sleigh couvert à $20, 1 sleigh à $10, des harnais, des colliers, des traits, des brides, des attelles, etc. Dans la grange 1 grande charrette, 1 crible, etc. Dans une autre remise 1 wagon à $16, etc. Dans l’écurie 1 jument à $120, 1 autre à $60, etc. Montant de la seizième vacation $276.16.

Et attendu qu’il se trouve divers effets dans le chantier de bois dans le township de Cathcart et ailleurs dans les limites du dit feu Edward Scallon qui ne peuvent être descendus pour être estimés… il a été convenu de nommer pour aller les estimer Féréol Majeau conducteur de chantier et Jean-Baptiste Tessier chartier tous deux de la ville de Joliette.

Le vendredi 27 mai Sur une terre aux Prairies dans les bâtiments 1 charrue à $10, 250 bottes de foin, 4 vaches, 1 herse double à dents de fer avec baculs, etc. Montant de la dix-septième vacation $108.77. Sur une terre appartenant maintenant à Charles Chaput 70 madriers de merisier, 8.000 barreaux à galerie, etc. De retour à la maison de la veuve Scallon 1 tombereau. Au couvent des Soeurs de la Providence 1 piano à $100. Montant de la dix-huitième vacation $127.98.

Le 30 mai F. Majeau et J.-B. Tessier ont rapporté l’inventaire des chantiers du canton de Cathcart. Effets de chantier 6 grands sleighs à billots, 3 paires de bob-sleighs, 20 livres de thé, 36 livres de chandelles, 3 quarts de fleur, 11 douzaines d’écuelles de fer blanc, des chaînes à billots, des outils et des ustensiles, 143 haches, 9 godendards, 6 poëles bas, 15½ paires de raquettes, 6 minots de pois, 68 livres de tabac, 15 minots d’avoine, 1 presse à foin, etc. Chez Élie Lachapelle 1 paire de boeufs, 4 quarts de fleur, 1 quart de biscuit à chantier, etc. Chez Placide Reanaud à St-Alphonse 1 quart de lard. Chez Messire Provost prêtre de St-Alphonse 1 paire de boeufs. Chez le nommé Marion 1 chaudron.

Continuation chez la veuve Scallon quelques objets. Montant de la dix-neuvième vacation $466.21. Dans l’office bibliothèque des pamphlets, des livres de statuts et lois parlementaires, de statistiques, des journaux reliés, le Canada directory de Lovell, de nombreux livres, de la papeterie, etc. Montant de la vingtième vacation $62.80.

Le mardi 31 mai Argenterie dont la prisée a été faite par Antoine Laporte orfèvre et bijoutier de Joliette, 1 douzaine de couteaux, 5 douzaines de cuillers, 2 douzaines de fourchettes, 2 paires de chandeliers, 1 service à thé, 1 pendule, 1 baromètre, 1 longue-vue, 1 chaîne de montre en or, un montre en or de $50, une autre à $80, une autre à $30, des épinglettes, médaillons et bijoux, 1 crayon en or, 1 râtelier en or et 1 en argent, etc. Montant de la vingt-et-unième vacation $449.83. Continuation chez la veuve Scallon 1 brosse à peau, 1 brosse à cheval, 15 peignes, des serviettes, des draps, des nappes, des rideaux, etc. Montant de la vingt-deuxième vacation $61.66.

La Minerve 31 mai 1864
La Minerve 31 mai 1864

Le 1er juin Continuation des couvertes, 1 brosse à chapeau, 1 brosse à hardes, 2 brosses à dents et 2 brosses à ongles, etc. Hardes et habillement ne seront pas estimés par délicatesse ainsi que certains objets religieux; le piano qui se trouvait dans le salon ayant été acheté pour mademoiselle Hermine Scallon a été exclu de l’inventaire.

Avoine achetée pour les chantiers, 122 minots chez Isaac Mondor de Brandon, 50 chez Cyprien Archambault de St-Jean-de-Matha, 1 cheval chez Jannot dit Lachapelle de Joliette lui appartenant à moitié. Montant de la vingt-troisième vacation $140.93.

Le lundi 6 juin Effets dans la maison qui ont été omis: quelques objets. Montant de la vingt-quatrième vacation $30.25. J. Brouillet et P.E. McConville déclarent qu’il y a une assez grande quantité de bois au moulin à scie de Mr. de Lanaudière et Mme. Joliette et une autre quantité assez considérable au dépôt du chemin de fer à Joliette et à Lanoraie. De plus il y a environ 1.000 billots au boom du moulin et un nombre indéterminé sur la rivière de l’Assomption et ses tributaires. Ce bois ainsi que le boom et les chaînes seront estimés quand les circonstances le permettront, la compagnie Nathan B. Gibbs & Benjamin J. Burgess revendiquant une grande quantité du bois.

En 1863 Nathan B. Gibbs et Benjamin J. Burgess de Boston avaient poursuivi Theophilus Cushing de Repentigny; le moulin à scie vendu par Edward Scallon à Kildare et les limites de bois sur les rivières de l’Assomption, Noire et Ducharme avaient été mis en vente par le sheriff de Joliette.

Gazette du Canada 6 juin 1863

Avenant le 9 juin Or et argent comptant madame Scallon possède $4.27 en mains. Dans un coffre-fort selon J. Brouillet et P.E. McConville il y avait environ $1.081 en or, argent et billets et un chèque de M. Benson Benett payable à la Banque de Montréal de $728.74, une traite pour M. Cushing signée par Richard Bell et B.B. Angus à M. Scallon de $8.484.70, une autre traite payable à la Bank of New-York de $461.67, un dépôt à la Banque de Montréal de $704.85 et chez Thomas Tiffin de Montréal de $1.258.75. Toutes lesquelles sommes ont été retirées par P.E. McConville pour acquitter une somme de $3.394.25 par la succession à M. Scholefield & Son aux mains de James Dignan leur agent pour prix des droits et créances que M. Scallon avait acquis dans le township de Brandon, pour acquiter les dépenses de chantier 1863-1864 et pour acquitter 2 billets à la Banque d’Ontario.

Dettes actives à la succession

Par François Landry marchand du Village d’Industrie $10.12½ (douteux); par G. Baby avocat $35.08; par Joseph Dalbec $15.51 (douteux); par André Chalut tonnelier $5.40; par L.P.H. Turgeon $0.41; par L. Désaunier notaire $10.00; par Jos. Brouillet $23.71; par Louis Champagne de Lanoraie $10.00; par l’Institut d’artisans et de Bibliothèque du village de l’Industrie $38.80; … ; par J.O. Leblanc notaire $46.80; par la Corporation Episcopale pour l’hopital de Joliette $308.96; … ; par Pellant et Gadourie faiseurs de billots $79.70; par Forget et Lafond faiseurs de billots $22.70; par Charles-Edward Scallon $12.30; … ; par le collège de Joliette $66.08; par la Compagnie du Chemin à lisses $8.78; … ; par Gaspard de Lanaudière $145.37; etc. Il y a 8 pages de dettes énumérées.

Edward Scallon prêtait son argent au taux de 12% qui était le plus haut que j’ai documenté à cette époque; il variait de 6 à 12% selon les prêteurs.

Dettes actives dans le township de Brandon

La liste des dettes actives se poursuit avec une liste de plus de 30 pages de dettes actives dans le township de Brandon d’après le livre B, tiré du livre A concernant les créances portant hypothèque suivant titres à cet égard. On remarque sur la première page le nom de Bernard Monday un des fondateurs de St-Gabriel de Brandon, au fil des pages je crois qu’on pourrait retrouver une grande partie des habitants de Brandon à cette époque.

La plupart des hypothèques sont à 12%, certaines sont à 6% de taux d’intérêt selon que c’était Edward Scallon ou James Dignan qui avaient conclu le contrat.

Toutes ces créances dans le township de Brandon viennent de l’achat le 13 décembre 1858 par Edward Scallon de créances appartenant à Joshua Scholefield & Sons représentés par James Dignan équivalentes à la somme de 5.734 livres. Ils avaient eux mêmes acheté ces créances, une moitié de Louis Massue le 12 octobre 1848 pour 7.238 livres et l’autre moitié le 8 janvier 1850 de Pierre Boisseau pour 6.963 livres et en avaient recouvré une bonne partie. Ils ont vendu le restant à E. Scallon pour 4.301 livres qui a reçu 152 créances. Les lots du canton de Brandon avaient été vendus par James Dignan arpenteur à des habitants qui ne pouvaient pas payer comptant. La cédule A fait la récapitulation des dettes avec le nom de l’acquéreur, la date du contrat de vente, le nom du notaire et le montant de la créance.

Edward Scallon avait ensuite renouvelé les hypothèques de ceux qui étaient en retard dans leur paiement en augmentant le taux d’intérêt de 6% à 12% pour faire son profit. En 1859 il avait fait signer des conventions et reconnaissances de dettes à Joseph Brissette, Antoine Beauchamps, Louis Lanoix, Olivier Asselin, Jean-Louis Granger et de nombreux autres habitants de St-Gabriel, leur accordant un délai de 4 ans pour payer leur dette en augmentant le taux d’intérêt.

Dettes actives en vertu d’actes notariés

L’inventaire se poursuit en faisant la liste de dettes conclues par contrat. La liste fait 12 pages dont voici quelques noms. Dû par D. Leavitt suivant son billet sous seing privé $3.000 plus $342.50 d’intérêt; par François-Xavier Trudeau de St-Charles-Borromée par acte notarié $84.12 avec les intérêts; par Messire Barrette curé de St-Liguori $333.66; par dame veuve Barthélémy Joliette $6.582.94; par Solomon Lachapelle de St-Charles-Borromée $368.55; par Peter-Charles Loedel seigneur et médecin de Joliette $558.50; par Bazile Trudeau meunier de Joliette $108.84; par l’Institut d’Artisans et Bibliothèque du Village d’Industrie $218; par Gaspard de Lanaudière $4.591.14; par Georges Baby avocat $333.75; etc.

Le 28 mai 1862 madame veuve Barthélémy Joliette avait emprunté $4.891.35, le 1er juin 1864 l’intérêt était de $1.178.81; le 4 décembre 1861 elle avait emprunté $461.66 en plus et elle devait $6.582.94 en tout qu’elle ne pouvait évidemment pas rembourser: le cercle vicieux de l’endettement.

Convention pour le bois de sciage

Un arrangement a été conclu avec la société Benjamin Burgess & Son au sujet des billots dont il a été fait mention. Pierre Edouard McConville a été nommé procureur pour voir à leur sciage en madriers et planches et leur commercialisation.

Continuation de la liste des dettes actives

Le 8 juillet l’inventaire des dettes actives a été poursuivi. Il y a une trentaine de pages supplémentaires, souvent de petits montants et plusieurs dettes douteuses. Certaines dettes sont importantes: par Joseph Brouillet $2.681.96, par la compagnie Nathan B. Gibbs et Benjamin J. Burgess de Boston $5.971.20, par Magloire Perrault cultivateur de St-Paul $5.333.33, par Bernard Henry Leprohon sheriff de Joliette $775.50, par Peter-Charles Loedel et Gaspard de Lanaudière solidairement $1.680.00, par Theophilus Cushing $1.937.28, par la communauté des clercs de St-Viateur $800.00, etc. Edward Scallon possédait 32 actions à 25 louis dans le fonds commun de la Société du chemin à lisses de l’Industrie et du St-Laurent pour un capital de $3.200.00.

La liste se termine par la mention il est probablement dû encore par d’autres débiteurs dont les noms et les créances ne sont point connus par les dites parties…

La plus importante dette active est celle du gouvernement de cette province du Canada pour les droits seigneuriaux dûs à madame Joliette et Gaspard de Lanaudière que Scallon a rachetés en 1861 représentant la somme de $21.944.13; le gouvernement ne payait que 6% d’intérêt et le montant total était de $22.472.74.

Dettes passives

Le 21 juillet l’inventaire des dettes passives a été établi. Dû à la Gazette de Montréal $4.00 pour un abonnement jusqu’au 22 mai 1864 et $24.36 pour des annonces, à Antoine Laporte bijoutier $2.00, aux notaires Désaunier $8.00 et Magnan $35.00, à Charles-Edward Scallon selon un transport de James Payton $363.00 et un autre montant de $340.80, à Louis Archambault pour une inondation sur son terrain de St-Charles-Borromée $216.66, à Olivier et Baby avocats $705.38, à John McDougal $892.18, à Thomas Pringle de Montréal $372.32 et quelques autres montants moins importants. La liste des dettes passives ne fait que 3 pages.

M. McConville déclare que les frais funéraires de feu M. Scallon ont été de $472.16, il a de plus payé $75.83 pour faire garder le corps et procéder à une autopsie.

Liste des biens immobiliers de la communauté

La liste commence par la mention Propre néant – Acquêts néant.

  • Un emplacement dans la ville de Joliette de 120 pieds sur la rue du Moulin maintenant nommée rue de Lanaudière bordé par la rue de l’Église maintenant rue St-Charles-Borromée et la rue du Canal avec une maison en bois à 1 étage où réside madame Scallon avec hangards à grain, à bois, laiterie, boulangerie, glacière, grange, remise, étables et dépendances.
  • Un emplacement dans la ville de Joliette de un demi arpent par un arpent sur la rue du Moulin avec une maison en bois à 2 étages et autres bâtisses.
  • Un emplacement dans la ville de Joliette sur la rue du Moulin tenant à la rue St-Pierre avec une maison en briques à 2 étages et autres dépendances.
  • Un lopin de terre situé en la ville de Joliette tenant au chemin de ligne des Prairies et à Gaspard de Lanaudière.
  • Une terre située dans la paroisse St-Charles-Borromée seigneurie de Lanoraie de 1½ arpent sur 26 sur le chemin de front des Prairies avec une grange.
  • Une terre située dans la paroisse St-Charles-Borromée au nord-est de la rivière de l’Assomption seigneurie de Lanoraie de 3 arpents sur 20 tenant au cordon de Ste-Rose.
  • Une terre située dans la paroisse de St-Charles-Borromée dans le 2ème rang de Kildare de 4 arpents sur 20 sur le chemin de ligne connu comme chemin Lacombe.
  • Une terre située dans la concession Ste-Rosalie paroisse de Ste-Elisabeth de 2 arpents sur 30 tenant au chemin de la Reine et à la rivière de la Chaloupe bâtie de maison, grange et autres bâtiments.
  • La moitié sud-ouest du lot N°14 dans le 11ème rang de Brandon contenant 100 acres bâti d’une maison et autres bâtisses.
  • Une terre située en la paroisse de St-Gabriel de Brandon tenue en franc et commun soccage de 3 arpents sur 30 au sud-ouest du chemin Ste-Catherine sans bâtisse.
  • Une terre dans le 8ème rang de Brandon de 2½ arpents sur 25 avec une maison, une grange et autres bâtisses.
  • 12ème une autre terre: etc. Il y en a 17 en tout, les suivantes sont situées dans le township de Brandon, la 17ème à Joliette.
  • Il existe encore une bâtisse ou hangard que M. Scallon parait avoir fait construire à ses frais sur le terrain de la compagnie du chemin de fer à joliette pour abriter son bois de sciage destiné à l’exportation.

La liste des propriétés d’Edward Scallon se poursuit par la description des limites de coupes de bois sur les terres de la couronne achetées le 14 janvier 1857 portant les N°90, 91, 92, 93, 132 et 133. Le lot N°90 commençait à la première chute au-dessus du moulin de James Benny sur la rive sud-ouest de la rivière de l’Assomption sur 8 miles par 3 dans les terres inoccupées du canton de Cathcart dans les rangs 6 à 11. Le N°91 continuait au nord sur la rivière de l’Assomption sur 6 miles par 3. Le N°92 se trouvait de l’autre côté de la rivière de l’Assomption au-dessus du moulin de James Benny sur 8 miles par 3, etc. Les N°132 et 133 se trouvaient sur la rivière Noire.

Le 4 décembre 1863 Edward Scallon avait encore obtenu de (?) Belle agent des terres de la couronne le N°69 sur la rive sud-est de la rivière de l’Assomption de 25 miles carrés, le N°68 sur la rive sud-ouest de 25 miles carrés, les N°70 et 71 sur les 2 rives de 12 miles carrés chacun. Le N°63 était sur la rivière l’Achigan dans le canton de Kilkenny, le N°74 sur la rivière Ducharme dans le canton de Joliette.

Le N°75 était situé sur le ruisseau appelé Bull river dans le canton de Cathcart. Toutes lesquelles limites cidessus désignées à l’exception des deux dernières paraissent avoir été vendues avec un moulin à scie et ses dépendances à M. Benjamin D. Peck de Portland le 10 juillet 1858.

19ème propriété de la liste, une terre de 2 arpents en superficie que M. Scallon s’était réservée lors d’une vente à Charles Chaput en 1861 autour de ses moulins de la rivière de l’Assomption (en face du 2ème rang de Kildare) à prendre au nord du pont qui y était construit formant une pointe de terre sur la rive est de la rivière.

Les propres aliénés

Lors du mariage de feu M. Scallon il possédait deux terrains contigus:

  • Un emplacement situé dans le village d’Industrie de ½ arpent par 1 arpent acquis de Barthélémy Joliette sur la rue conduisant à l’église bâti de maison et autres bâtiments vendu à Louis Partenais le 25 juillet 1846 pour 150 louis.
  • Un emplacement situé dans le village d’Industrie de 180 pieds sur 120 bordé par le chemin de la Reine, Barthélémy Joliette, le terrain du collège et L. Partenais qui a aussi acheté ce terrain pour 175 louis.

Titres et papiers

Le premier document est le testament d’Edward Scallon du 13 août 1862 qui a été recopié avec toutes ses clauses. Les donations à son épouse, les rentes à sa fille adoptive et à Sara Cornellier, la donation à la Corporation Episcopale, à Joseph Brouillet qui a déclaré: [je me] réserve spécialement le droit de forcer la succession du dit feu M. Scallon à racheter de Mme. Scallon sa veuve la partie des limites [de coupes de bois] qui appartient à cette dame pour pouvoir en faire la délivrance avec la moitié appartenant à la succession au dit Joseph Brouillet, au cas que la dite dame Scallon accepterait la communauté qui a existé entre elle et le dit feu son mari…

Contre laquelle déclaration le révérend Messire Alexis Frédéric Truteau ès nom et qualité et la dite dame Clothilde Scallon ès dite qualité ont fait toutes réserves et protestations de droit…

L’article dixième du testament de Scallon lèguait le surplus des biens à Clothilde Scallon sa soeur, Charles-Edward Scallon son cousin et Joseph Brouillet par parts égales. Le codicille au testament du 13 juin 1863 a exclu Charles-Edward Scallon de la succession et décidé que sa part devait revenir à la Corporation Episcopale.

La liste des titres et papiers énumère plus d’une centaine d’actes notariés et billets faisant partie des archives d’Edward Scallon et documentant les ventes et achats qu’il a faits au cours des années. En 1863 il avait pris à bail le moulin à scie appartenant à madame Joliette et Gaspard de Lanaudière et il avait conclu un marché pour y faire des travaux. J. Brouillet et P.E. McConville ont déclaré que les travaux ont été faits mais qu’ils ne pouvaient pas encore préciser leur coût. Ils avaient acheté 6 scies rondes mises en opération plus des strappes, roulettes et autres machines pour faire marcher les scies pour la somme de $2.486.19; l’estimation finale avec les booms, les ancres et les chaînes ainsi que 2 Skiff (bateaux) devait encore être faite.

P.E. McConville a déclaré avoir déjà fait transporter à Québec 3 berges de madriers de 3 pouces.

La liste des papiers se poursuit avec le contrat conclu entre Edward Scallon et Benjamin D. Peck de Portland dans le Maine le 10 juillet 1858 rédigé en anglais. Pour la somme de $30.000 il avait vendu un moulin à scie situé sur la rivière de l’Assomption devant le 2ème rang de Kildare avec tous ses ustensiles, le droit d’utiliser le chemin pour se rendre au moulin et au boom avec 4 acres de terrain.

La vente comprenait aussi les droits et titres détenus par Scallon pour couper du bois sur les terres de la couronne sur les rivières de l’Assomption et ses tributaires, la rivière Noire et la rivière Ducharme, les lots N°94, 96, 97, 98, 27, 27½, 28, 95, 92, 91, 90, 132, 133, pour un total de 256 miles carrés. Scallon avait jusqu’au 1er décembre pour retirer la machinerie de son moulin à carder et le bois lui appartenant.

Le contrat se poursuit avec les conditions du paiement. Le moulin à scie ne devait pas nuire au moulin à farine que Scallon possédait qui dépendait de la même chaussée pour son pouvoir d’eau: using water power of the same pond or dam. Scallon a vendu le moulin à farine peu après à Prosper Lavoie.

Le 19 juin 1860 E. Scallon avait vendu à Prosper Lavoie, meunier de Sorel, un terrain bâti d’un moulin à farine, un moulin à scie, un hangar, une maison et autres dépendances pour 2.000 livres. La vente excluait le moulin à scie qui avait été vendu avec les limites de bois.

Plusieurs contrats notariés sont ensuite récapitulés; une facture de MM. Leblanc et Cassidy avocats de Montréal mentionne une cause pendante devant la Cour du Banc de la Reine en appel entre la Société de Construction du Village d’Industrie et Antoine Lacombe père défendeur où Edward Scallon opposant est intimé.

Il y a encore un acte d’accord et convention entre E. Scallon MM. D. Leavitt, G.R. Smith, G.M. Weston et Theophilus Cushing du 12 mai 1862. La société faisait des billots depuis plusieurs années dans des terres voisines de celles de Scallon qui avait empiété sur leurs limites.

Le 21 juillet 1864 l’inventaire a été clos et signé par les parties en cause: dernière page.

Renonciation par Mathilde Ducondu au testament de son mari

Le 27 juillet Mathilde Ducondu veuve de Edward Scallon a renoncé à son testament et accepté la communauté qui a existé entre elle et son mari.

Le réglement de la succession

Le même jour Charles-Edward Scallon geôlier de la prison commune de Joliette a donné quittance aux exécuteurs testamentaires Messire Truteau et Joseph Brouillet pour la somme de $340.80 qui lui était dûe. Le 12 septembre Jean-Baptiste Flamand scieur et Louis Pigeon scieur et driver de Joliette ont déposé leur évaluation des chaînes, ancres, booms et pires (peers?) appartenant à la succession. Qu’il y a un boom appelé Boom de Mr. Cushing avec 6 chaînes et une ancre qui appartenaient à M. Cushing.

Il y avait au moulin d’Entreprise, le moulin vendu à B. Peck à Kildare, 7 autres chaînes lui appartenant aussi.

18 chaînes et 1 ancre lui appartenaient en tout. Les caisses ou pires en haut de la chaussée du moulin de M. de Lanaudière avec leurs booms et chaînes appartenaient à la succession sauf une appartenant aux seigneurs de Lavaltrie.

Vente et encan des biens meubles de la succession

L’encan des biens meubles de la communauté qui a existé entre feu Edward Scallon et Dame Mathilde Ducondu s’est déroulé du 29 août au 3 septembre puis les 21 et 22 septembre. Le curé A.C. Dugas historien de Joliette écrivait dans Gerbes de souvenirs:

Le Messager de Joliette parle de l’encan du regretté défunt, l’un des plus considérables faits à Joliette et qui eût lieu le 29 août suivant. L’énumération seule de tout le mobilier nous donne une idée de la richesse et du confortable qui régnait en cette maison spacieuse… Il s’y est vendu une énorme quantité de chevaux, de voitures, de boeufs et, en plus, 36 quarts de lard…

La vente des biens à l’encan a pris 9 jours et il ne s’est pas vendu beaucoup de chevaux mais de nombreux objets et effets des chantiers de bois.

Tous les meubles inventoriés ont été vendus au plus offrant et le nom de l’acheteur est inscrit en marge. Il serait fastidieux de reprendre toutes les pages une nouvelle fois, voici un exemple.

La première vacation du 29 août a rapporté $1.445.60 ou 60 livres 4 shillings et 5 deniers; la deuxième du 30 août 159 livres 4 shillings et 5½deniers; les ventes ont ensuite toutes été faites en livres et shillings!

Le 21 septembre le bois de sciage a été vendu par lots pour un total de 247 livres 16 shillings et 5 deniers au moulin de M. de Lanaudière, au dépôt du chemin de fer, dans le hangar. Le 22 la vente s’est poursuivie au moulin à scie du Dr. Leprohon, dans l’étang, dans le canal près du moulin, près de la remise et de retour au dépôt pour un total de 108 livres 8 shillings et 2 deniers.

Suit la liste des effets que Dame veuve Edward Scallon a gardés au prix de l’estimation; il y en a 10 pages pour un total de 181 livres 13 shillings 10 deniers.

Madame Pélissier, Clothilde Scallon, a aussi conservé quelques objets valant 89 livres et 16 shillings.

Le partage des biens immeubles

Le 30 septembre Pierre Edouard McConville agissant au nom de Mgr. Ignace Bourget et de Joseph Brouillet exécuteurs testamentaires d’Edward Scallon a reconnu avoir reçu de Nathan B. Gibbs et Benjamin H. Burgess représentés par Theophilus H. Cushing la somme de $6.075.68 pour la vente de billots.

Le 19 octobre les héritiers de Edward Scallon ont choisi des experts pour évaluer les terres et emplacements qui avaient été énumérés dans l’inventaire situés à Joliette, Kildare, Brandon et St-Gabriel de Brandon; ils ont choisi Joseph Rivet et Joseph Langlois dit Lachapelle anciens cultivateurs de Joliette. Le 2 novembre Joseph Brouillet comme exécuteur testamentaire et comme légataire a constitué Pierre Edouard McConville son procureur en lui donnant plein pouvoir pour le représenter.

Le 12 novembre Joseph Rivet et Joseph Langlois ont déposé leur rapport d’expertise. L’emplacement de la rue du Moulin où résidait madame Scallon a été évaluée à $2.000, les 2 terres du chemin des Prairies à $500 et $700, la maison voisine de M. Turgeon à Joliette à $500, la maison de briques de Joliette à $600, la maison qui vient de M. Harnois à Joliette à $30, le hangard au dépôt à $30, la terre voisine de Lacombe à Kildare à $180, les 2 arpents sur la terre de Chaput à Kildare à $16, la terre de Ste-Julie à $200, la terre de Ste-Rose à $440, les terres de Brandon à $250, $450, $150, $72, $50, $50, $200, $300, $25 et $36; 22 propriétés ont été évaluées en tout.

Réglement de la succession

Le 16 novembre 1864 Mathilde Ducondu et P.E. McConville ès qualité ont donné une quittance générale pour une obligation à François Ratel fils pour $238. Le 24 janvier 1865 quittance par Mathilde Ducondu ès qualité à Antoine Boucher de 2.400 livres au nom de la succession; le 31 janvier quittance à Stanislas Desrosiers de St-Gabriel pour $80.33.

Le 14 février Joseph Brouillet et Charles Héliodore Panneton bourgeois de Joliette ont formé une société pour faire le commerce du bois: la mise de Mr. Brouillet consistera de plus dans l’obligation par lui de fournir et laisser couper pour le profit et avantage de la dite société durant tout le temps de la durée d’icelle sur les limites indivises connues sous le nom de « Buls river » et celles situées dans le township de Brandon qui ont été léguées au dit Joseph Brouillet par feu Edward Scallon et pour lesquelles des licenses ont été payées à la Couronne par les dits associés tout le bois qu’il y a sur les dites limites… les associés paieront en commun ce qui devra être payé à Madame Scallon en vertu d’un contrat sous seing privé entre eux et Madame Scallon.

Le 24 février Charles Edward Scallon a déposé une procuration que lui avait donnée Clotilde Scallon, épouse de Pierre Pelissier forgeron de Wakefield, pour revendiquer sa part de la succession en tant que procureur général et spécial.

Le 16 mars les exécuteurs testamentaires de Scallon et F. B. Godin avocat de Joliette nommé procureur de Theophilus H. Cushing ont régularisé l’acte de vente fait par Scallon de son moulin à scie et ses limites de bois dans un acte qui récapitule les nombreuses transactions et poursuites judiciaires ayant eu lieu depuis la vente en 1858 par Scallon. Le 22 avril 1865 Borromée Richard boulanger de St-Jacques a rétrocédé à la succession une terre de Brandon dans le lot N°7 du 10ème rang qu’il était incapable de payer.

Projet de compte-rendu de la gestion et administration des biens

Le réglement de la succession d’Edward Scallon était très complexe et plus d’un an après son décès, le 3 mai 1865, ses exécuteurs testamentaires ont produit un projet de compterendu de leur gestion et administration des biens et affaires de la communauté des biens qui avait existé entre dame Mélitide-Mathilde Ducondu et feu Edward Scallon.

Ce document d’une centaine de pages commence par le rappel des clauses de son testament et de son codicille. L’inventaire des biens avait été fait à partir du 16 mai 1864 et madame Scallon s’était d’abord réservé le droit d’accepter ou répudier la dite communauté et les legs à elle faits…

Les exécuteurs testamentaires Mr. Brouillet et Monseigneur Bourget par son procureur Messire Truteau firent marcher les affaires avec l’aide de Mr. Pierre-Edouard McConville commis employé depuis un certain temps par le défunt. Le 23 avril ils lui avaient donné une procuration pour gérer les affaires de la succession. Ils avaient aussi réglé des litiges avec George Brault cultivateur de Cathcart pour $50; avec Nathan B. Gibbs et Benjamin F. Burgess de Boston représentés par Theophilus Hamilton Cushing pour les empiétements que les chantiers de bois de Scallon avaient faits sur leurs limites, 9.000 billots avaient été coupés illégalement et la succession a dû rembourser $5.971.20 à 7% d’intérêt; avec Louis Archambault cultivateur de St-Charles Borromée le versement de $216.66 pour le dédommager des inconvénients d’une chaussée construite par Scallon en travers de la rivière de l’Assomption qui causait l’inondation de son terrain; avec Charles-Edward Scallon commerçant de bois de Joliette une somme de $340.80 pour des billots lui appartenant que Edward Scallon avait fait scier avec les siens.

P.E. McConville avait dû gérer le sciage et la vente du bois qui avait été coupé pendant l’hiver 1863-1864. Il a dû engager de fortes sommes pour engager des hommes; la plupart des madriers avaient été vendus à Mr. Benson Bennett marchand de bois de Québec avec lequel Scallon faisait ses transactions depuis plusieurs années, le reste avait été vendu à l’encan à Joliette.

Sur requête de madame Scallon, des exécuteurs testamentaires et des légataires universels la vente par encan public du mobilier corporel de toute espèce et de toute nature avait eu lieu le 29 août et les jours suivants. Les revenus de cette vente avaient été remis au notaire Barthélémy Vézina. L’acte notarié se poursuit avec le compte détaillé de la gestion et de l’administration de la succession en commençant par les frais funéraires du défunt.

Chapitre premier Dépenses

L’article 1 concerne les frais funéraires engagés lors du décès d’Edward Scallon, ils sont détailés en annexe à l’état marqué A.

À l’article 2 il y a les frais encourrus pour la dernière maladie du défunt à son chantier $57.50, pour diverses dettes de la communauté $1.262.71, pour des déboursés sur la terre de Ste-Rose $13.92½, pour l’achat de billots $373.00, pour l’inventaire et l’encan $227.57, pour liquider et réaliser l’exploitation de bois $5.876.05, pour argent versé à madame Scallon et aux légataires $2.212.69.

Article 3 Dépenses du commerce de bois $11.818.69. Tous ces comptes vont ensuite être détaillés dans les états marqués I, J, K, L, M, N, O, P et Q

Chapitre second Recettes

Article 1 Argent comptant: une somme de $12.548.40 en argent, dépôts, chèques ou billets négociables; $16.010.37 pour la vente du bois et effets de chantier; $73.78 de divers débiteurs; $1.046.66 par les débiteurs du canton de Brandon; etc.

Les recettes se sont élevées à $36.473.88 et les dépenses à $22.398.51 pour un bénéfice de $14.075.36.

Chapitre troisième Recette et dépense depuis le 26 novembre 1864

Le bilan au jour de cette reddition de comptes était un bénéfice de $15.401.41 disponible en argent comptant.

Avenant le troisième jour du mois de mai

Alexis-Frédéric Truteau procureur de Mgr. Ignace Bourget, Joseph Brouillet commerçant de bois, dame Mélitide-Mathilde Ducondu veuve de Edward Scallon, Pierre Pélissier du canton de Wakefield et son épouse Chlotilde Scallon par lui autorisée représentés par leur procureur Charles-Edward Scallon ont signé et paraphés ces états de compte en donnant une décharge à P.E. McConville pour sa gestion. Tout le monde a signé avec les notaires Barthélémy Vézina et Denis Emery Papineau.

Comptes détaillés des dépenses et des recettes

Les comptes détaillés des dépenses et des recettes ont été annexés à l’acte notarié et ils sont très instructifs. Les dépenses faites pour les funérailles de Mr. Scallon dans l’état A comprennent $10 pour pension des hommes à St-Alphonse (?), 50 centins pour la bière et les crackers, 25 pour pelleter de la neige, $41.50 pour distribuer des invitations dans la ville, $7 pour le bedeau, $66 à Messire Lajoie, $36 pour le cercueil, etc. Il se poursuit sur une deuxième page pour un total de $482.03.

L’état B fait le compte des dépenses durant la maladie de Mr. Scallon. Il avait envoyé chercher Jean-Baptiste Brazeau rebouteur pour qu’on l’amène en toute hâte au chantier où il était malade. L’état C récapitule les dépenses faites pour garder le corps du défunt avec un compte de crackers et autres effets; il se poursuit sur une deuxième page avec une dépense de $10 à S. Boulet médecin pour l’autopsie du corps et d’autres crackers et du fromage (23½ livres plus une meule).

Les comptes détaillés recensent toutes les dépenses même les plus minimes; certaines de ces dépenses donnent des informations qui ne sont pas toujours faciles à interpréter. Louis Archambault a reçu un dédommagement pour des dommages causés par le moulin bâti par Mr. Scallon qui appartient maintenant à l’Hopital du Village d’Industrie.

S. Clements pour tannage; Capitaine C. Daveluy pour montant du compte de N. Davis pour freight de 2 batteaux (skiffs) de Franckfort à Montréal, douane; abonnement 2½ ans à la Minerve et annonces; pour avoir lavé l’office; pour échange sur $40 à 3¼%; pour avoir châtré des taureaux; etc.

À la page suivante: pour transport de batteaux (skifs) de Montréal à ici; G. Ducondu pour avoir été peser le foin sur la ferme dans les limites; pour un voyage de P.E. McConville à Boston, Bangor et Montréal; etc.

L’état F fait le compte des dépenses pour les billots achetés par Mr. Scallon à James Payton. E. Cahill pour avoir toisé les billots; J. Payton pour 138 et 127 toises de billots; N. Ducharme pour louer une voiture; Perreault, Videbouteille, Mercil et Lavigne pour ouvrage; P. Paré pour cable (16lb); … ; W. H. Parker pour drivage des billots; F.(?) Majeau 12 jours au Bout de l’Isle (Repentigny) pour compter et recevoir les billots, $4 pour sa pension.

L’état G récapitule les dépenses faites pour l’inventaire, le notaire Vézina a reçu $40. L’état H fait la liste de diverses dépenses; à la Banque d’Ontario $1.500 pour 2 billets transportés à W.L. Doutney; à James Dignan $3394.25 pour balance dûe à Scholefield et Fils. Les parties intéressées avaient reçu des montants et des dépenses avaient été faites pour elles.

L’état I fais la liste des dépenses pour payer les hommes qui ont travaillé au chantier de bois. Ils étaient une centaine dont les noms sont énumérés avec la balance de leur salaire. La liste se termine par des dépenses pour l’achat d’avoine et pour la Compagnie du Chemin de Fer pour le transport du bois à Lanoraie.

L’état J fait la liste d’autres dépenses pour le commerce du bois. Il y a des salaires occasionnels pour des déplacements, le lavage et racommodage de couvertes, le port de lettres, du foin pour les chevaux, pour payer 1.200 briques que M. Scallon avait commandé pour les chantiers à M. P. Leprohon, à J.B. Coffin pour craie pour l’usage du toisage de billots au moulin, à (?) Dixon en paiement des billots pris dans leur boom en 1862, à C. Lord pour charroyage de 3.054, 2.708, 3.100 et 2.255 madriers de 3 pouces du débarcadaire au quai de Lanoraie, pour 2 douzaines de limes, pour suif pour le moulin, pour réparer le chemin dans la rue de l’étang, pour huile, pour clous, à C.E. Belle pour droits de la Couronne sur les billots coupés, etc. Les héritiers ont convenu de donner $26 à E. Micheaud pour l’accident qui lui est arrivé au moulin.

L’état K concerne l’ouvrage des billots. Pour avoir ferré des leviers, pour de la toile pour faire les tentes, pour des gaffes, des peignes et des perches, pour aller voir où sont rendus les billots et les draveurs, pour aller chercher les provisions à cheval, pour garder les billots au boom, pour transporter des canots, pour les salaires des 32 draveurs

L’état L fait le compte des dépenses pour l’achat de provisions et leur charroyage: pois, lard, foin, avoine; 4 voyages à la rivière Bull par E. Lachapelle.

État M Réparations du moulin: achat de bardeaux, salaires, vitres et mastic, clous, feuilles de vieux fer blanc, madriers, etc. État N Billots achetés depuis le 15 mars à des particuliers; la somme de $115.15 a été payée à William Berczy pour des billots coupés sur son terrain (à Ramzay sans doute).

L’état O récapitule d’autres dépenses diverses liées au commerce du bois. Salaires, achat de la scie ronde, garde du moulin, forgeron et achat de fer, déplacements, suif, freight, etc. État P Sciage de bois: salaires, taillage et bandage de 2 scies rondes, fret de 2 scies rondes par steamboat, charroyage, recipage(?) et pilage, sciage, etc.

L’état Q fait la récapitulation des dépenses ci-dessus. Les scies rondes ont coûté $1.848.35 par exemple. Les dépenses sont réparties entre les dettes de la communauté et les dépenses d’administration. Les dépenses de chantier de $3.444.75 sont attribuées à la communauté.

L’état R fait la récapitulation des argents en mains le 15 mars 1864 au moment du décès de Scallon. Un chèque par R. Bell & R.B. Angus payable à la Banque de Montréal de $8.484.70 pour le compte de Messieurs Cushing; un chèque de B. Bennett de $728.74, en dépôt chez J. Tiffin $1.276.92; etc.

L’état S fait le compte de sommes collectées par les exécuteurs testamentaires; il s’agit d’abord de petits montants à part la vente de 6 chevaux pour $280. Ensuite plusieurs versements importants pour la vente de bois à Québec et ailleurs.

État T Argents collectés des débiteurs au magasin; agents reçus des débiteurs du township de Brandon. François Mondor a payé le capital et les intérêts pour sa terre, $619.67; les autres montant sont minimes. Argents reçus pour la terre de Ste-Rose. État U autres argents collectés par les exécuteurs testamentaires pour des obligations et des billets; la Compagnie du Chemin de Fer a payé 2% de dividende soit $64 pour les 32 actions détenues; reçu de $3.000 de la Suffolk Bank de Boston pour un billet de M. Leavitt, etc.

Suit une liste de comptes faits mais non encore payés, en particulier 3 chevaux vendus par J. Brouillet, le Collège de Joliette et d’autres pour du bois, pour le pacage de chevaux, etc.

L’état V fait la liste des argents reçus depuis le 26 novembre 1864. Le montant le plus important est de $1.458.79 par T. H. Cushing. L’état Y qui suit concerne les dépenses qui sont minimes. Les États X – Z et AA terminent ce compte-rendu sans apporter d’autre information pertinente. Voici le lien pour la dernière page de l’acte notarié.

La veuve Mathilde Ducondu et sa fille Hermine

Le 4 mai 1865 dame Mathilde Ducondu au nom des légataires a donné une quittance à François-Xavier Trudeau pour le paiement de 852 livres ancien cours pour balance d’un acte de vente. Le 5 mai elle a fait bail à ferme à François-Xavier Laporte dit St-George pour 2 terres de Joliette lui appartenant. Le 6 mai P.E. McConville procureur de la succession a vendu un emplacement sur la rue du Moulin avec une maison à Jean-Baptiste Tellier dit Lafortune; le 9 septembre il a vendu à François-Xavier Bourret dit Régis de Ste-Elisabeth 2 terres du 10ème rang de Brandon; etc.

Le 12 mai elle a donné à loyer à Maxime Vinet bourgeois et son épouse pour un an la maison qu’elle habitait au coin des rues de Lanaudière et St-charles-Borromée. Elle se réservait l’appartement au coin sud-ouest, une chambre à coucher et une chambre de réception à l’étage, le libre accès dans toutes les pièces du bas pour elle et Hermine Scallon au cas où elle reviendrait habiter avec elle. Suivent de nombreuses clauses pour l’usage des pièces communes, l’écurie, la laiterie, la glacière, la grange, le jardin, le chauffage, etc. Remplir d’eau tous les soirs la citerne au moyen de la pompe, nourir le chien et les chats…

Miss H. Scallon
Miss H. Scallon 1864 – W. Notman

Le 16 mai Charles Barthélémy Gaspard Tarrieu Taillant de Lanaudière a transporté à dame Mathilde Ducondu et à la Corporation Episcopale Catholique Romaine de Montréal représentée par Mgr. Ignace Bourget une rente foncière de 169 livres 12 sous ancien cours en argent et 73 minots et 16 pots de blé provenant de divers habitants du canton de Kildare, rentes dont il avait hérité lors du partage de la seigneurie de Lavaltrie dont les termes sont récapitulés. Le transport a été fait pour la somme de 400 louis payé moitié par madame Scallon et moitié par la Corporation. La liste des propriétés concernées est annexée; elle donne le rang, le lot, la date de concession, les propriétaires successifs, la superficie et la rente en argent et en blé.

Le 23 juin 1865 Clotilde Scallon a donné son consentement à Mathilde Ducondu pour la nommination de P.E. McConville comme administrateur de la succession en échange de 10% des sommes collectées. Le 24 juin elle a vendu la terre de Ste-Rose qu’elle avait reçue en héritage à Magloire Bayeur.

Le 4 juillet 1865 dame Mélitide-Mathilde Ducondu a nommé et choisi Pierre-Edouard McConville arpenteur provincial qu’elle substitue en son nom et place pour aider à gérer et administrer les biens de la succession d’Edward Scallon dont la gestion lui avait été confiée. Cet acte précise que l’acte de liquidation et partage de la communauté qui a existé entre elle et feu Edward Scallon a été fait devant le notaire Denis Emery Papineau à Montréal le 3 mai 1865 (son greffe n’a pas été numérisé par la BANQ). Les légataires avaient alors donné une procuration à dame Ducondu pour assurer la gestion de la succession.

Le même jour P.E. McConville a fait une promesse de vente à Augustin Beauchamp pour un emplacement bâti d’une maison de briques à 2 étages sur la rue de Lanaudière à Joliette. Il a ensuite géré la succession en faisant des ventes et des transports de fonds: le 2 octobre ratification de la vente de terres à St-Gabriel de Brandon par J.-B. Duperreault; le 11 novembre vente à Louis Archambault d’une terre située en la côte de la Visitation à St-Charles-Borromée de 4 arpents et 2/3 sur 20; etc.

Le 5 janvier 1866 Messire Étienne Champagneur supérieur des Clercs de St-Viateur, messire Paschal Drogue Lajoie curé de St-Charles-Borromée, Cyrille Beaudry prêtre directeur du Collège de Joliette, Joseph Michaud et Louis Vadeboncoeur prêtres et professeurs, Léon Lévesque clerc ont constitué Louis Georges Térien Langlais clerc comme leur procureur. Le même jour celui-ci a signé une obligation à Mathilde Ducondu pour un emprunt de 4.000 piastres à 6% d’intérêt pour construire une aile au collège de 3 étages en pierre. Les Clercs de St-Viateur ont donné en garantie une pointe de terre de la paroisse St-Charles-Borromée seigneurie de Daillebout de la côte de la Visitation sur la rivière de l’Assomption et les lots N°20, 21, 22, 23, 24 25 et 26 du 8ème rang du canton de Cathcart plus une police d’assurance au montant de 10.000 piastres.

Le 22 octobre P.E. McConville procureur a cédé à Theophilus H. Cushing de Franckfurt dans le Maine 50 miles carrés de nouvelles limites de bois car il y avait un déficit de 50 miles dans les 256 vendus par E. Scallon en 1858. Il a cédé 2 lots de 25 miles au nord des lots sur la rivière de l’Assomption.

Le 20 décembre 1866 dame Mélitide Mathilde Ducondu a ajouté un codicille à son testament du 22 juin 1865 fait chez le notaire D.E. Papineau. Sa fille adoptive Hermine avait épousé Pierre-Edward McConville et elle désirait lui léguer en jouissance la maison qu’elle occupait sur la rue de Lanaudière, la jouissance pendant 12 ans de sa terre à bois de Ste-Julie pour qu’elle revienne ensuite à la Corporation Episcopale, le prix de vente d’un emplacement de la rue de Lanaudière avec une maison en briques, son argenterie et ses meubles. Une somme de 6.000 piastres qui lui avait été léguée dans le testament devait revenir si elle décédait sans enfant à la Corporation sauf 1.000 piastres pour sa soeur Zoé Ducondu épouse de Charles-Héliodore Panneton; une rente de 144 piastres devait revenir à sa soeur Sophie Ducondu veuve de François Dulong. Dans ce long codicille en 17 points elle voulait que ses legs servent à reconstruire et agrandir l’église, pour le collège et l’achat de livres. La Médaille Scallon valant 8 piastres devait être remise chaque année à l’élève le plus méritant en souvenir de son regretté mari.

Le legs à sa belle-soeur Clotilde Scallon a été annulé, celui à Caroline Loedel diminué; il y avait des legs à Edouard et Guillaume Scallon (enfants de Chrles-Edward?), à son serviteur François-Xavier St-Georges, à ses filleuls Georges Panneton et Charles Lacombe, une rente pour l’entretien de sa jument. Elle avait légué à Joseph Brouillet une somme d’argent et la permission de couper le bois sur ses limites dans le terres de la Couronne mais comme celui-ci s’était séparé de son épouse Marie Euphémie Prudhomme il transférait ce legs à celle-ci.

Le 4 février 1868 Charlotte de Lanaudière et Gaspard de Lanaudière ont donné quittance à la succession d’Edward Scallon qui avait utilisé le grand moulin à scie pour scier les billots restant et qui a remis le moulin entre leurs mains; le bail a été résilié.

P.E. McConville a continué à administrer la succession en signant des quittances, en prêtant des sommes d’argent par obligations et en vendant des propriétés…

Le testament de Mélitide Mathilde Ducondu veuve Scallon

Mélitide Mathilde Ducondu était riche et elle avait beaucoup de biens à léguer, le 21 août 1870 elle a refait son testament; c’est un autre document volumineux. Elle léguait:

  • à la Corporation Episcopale Catholique Romaine de Montréal la somme de 400 piastres pour construire une voûte en briques dans les caves del’église St-Charles-Borromée pour y déposer la dépouille mortele de mon mari et la mienne et que dans la nef de l’église il soit érigé un monument en marbre ou en bronze à notre mémoires avec inscriptions…
  • à la Corporation divers immeubles, ma maison de la rue de Lanaudière, un terrain de Joliette, une terre de la concession Ste-Julie, la moitié de l’indemnité dûe par le gouvernement pour les lots et ventes des fiefs Tarieux et Joliette pour pourvoir à l’entretien de la maison de l’Industrie et l’Hopital de la Charité…
  • une rente viagère de 140 piastres à ma soeur Sophie Ducondu veuve de François Dulong et 20 meses basses à son décès.
  • l’autre moitié de l’indemnité dûe par le gouvernement sera placée par la Corporation pour l’entretien des pauvres, des vieillards, des malades, des infirmes et des orphelins admis dans l’Hopital.
  • à la Corporation la balance de ce qui m’est dû dans les créances me revenant de la succession de Charlotte de Lanaudière veuve de Barthélémy Joliette pour la réparation ou l’agrandisement de l’église.
  • aux Clercs Paroissiaux de St-Viateur une somme de 4.000 piastres pour l’agrandissement du Collège; ils devront verser une rente viagère de 144 piastres à Julie Ducondu veuve de Maxime Vinet.
  • aux Clercs de St-Viateur une somme de 200 piastres qui sera placée pour produire une rente de 12 piastres pour faire chaque année une médaille remise au meilleur élève désignée Médaille Scallon.
  • à la Corporation une somme de 10.000 piastres qui sera placée pour fournir à ma fille adoptive Hermine Scallon épouse de Pierre Edouard McConville une rente de 600 piastres; cette somme devra être employée à l’établissement et l’entretien d’une maison d’Industrie.
  • aux enfants de ma soeur Zoé Ducondu nés de son mariage avec Charles-Héliodore Panneton 400 piastres chacun pour un total de 2.800 piastres.
  • à Marie-Louise Ducondu veuve du Dr. Roy une rente viagère de 120 piastres.
  • à la Corporation une somme de 800 piastres dûe par Gaspard de Lanaudière dont les intérêts de 48 piastres seront versés à demoiselle Marie Lacombe de l’Assomption.
  • aux enfants nés en légitime mariage de Joseph Brouillet et Euphémie Prudhomme 1.200 piastres à être placées.
  • aux enfants nés et à naître en légitime mariage de Hermine Scallon 2.000 piastres à être placées.
  • à Geneviève Leclerc veuve de Michel Fourquire(?) dit Léveillé de Joliette une rente de 24 piastres venant d’une somme de 400 piastres que je lègue à ses enfants à son décès.
  • à Delia Trumble veuve de Charles Edouard Scallon 200 piastres devant revenir à ses enfants Edouard et Guillaume si elle décédait avant moi.
  • à Antoinette de Lanaudière et son époux Peter Charles Loedel tout ce qu’ils pourront me devoir au moment de mon décès; si ils devaient décéder avant moi je fais le legs à mon amie Caroline Loedel leur fille épouse de Bernard Henri Leprohon; de plus à Antoinete de Lanaudière une somme de 100 piastres devant revenir à Charles Lacombe si ele décédait avant moi.
  • à Caroline Loedel la somme de 200 piastres.
  • à Charles Lacombe mon neveu meunier 400 piastres.
  • à Charles H. Panneton mon beau-frère 400 piastres qui reviendra à ses enfants si il décédait avant moi.
  • à Narcisse Ducondu commis marchand de Joliette 200 piastres.
  • à Edouard et Guillaume (William) Scallon fils de Charles Edouard à chacun 200 piastres.
  • à Pierre Edouard McConville comme marque de considération et d’estime 400 piastres en plus de tout ce que je pourrais lui devoir en salaire ou honoraires.
  • à Emery Leprohon mon filleul 200 piastres.
  • à George Panneton mon neveu et filleul 400 piastres.
  • à Denise Lacombe épouse actuelle de Elzéar Cornellier 80 piastres.
  • à Messire Paschal D. Lajoie curé de la paroisse pour son usage personnel comme marque d’estime 120 piastres.
  • à demoiselle Mélina Roy de Joliette 400 piastres.
  • à Hercule Roy son frère 400 piastres.
  • pour l’oeuvre de la Sainte Enfance 40 piastres, pour l’oeuvre de la Propagation de la Foi 40 piastres, à la Société St-Vincent-de-Paul 120 piastres, à la société des Dames de la Charité 400 piastres, à l’Union St-Joseph de l’Industrie 60 piastres, à la Société de Bienfaisance et de Secours Mutuels de l’Industrie 60 piastres.
  • à Messire Paschal D. Lajoie comme curé de la paroisse 800 piastres pour la reconstruction ou l’agrandissement de l’église.
  • à François Xavier St-George serviteur depuis longtemps à mon service ou à son épouse une terre dans le 11ème rang de Brandon, tous mes instruments aratoires et bêtes à cornes et une somme de 100 piastres.
  • aux Clercs de St-Viateur ma statue de la Ste-Vierge en marbre blanc au piédestal en marbre noir.
  • à mes nièces Charlotte et Léa Panneton mes hardes et linges de corps.
  • aux dames du couvent de cete ville un piano que je leur ai déjà donné.
  • tous mes bijoux, montres, chaînes et joyaux iront aux soeurs de la Providence pour être vendus au profit de l’hopital qu’elles dirigent sauf ceux légués à ma fille adoptive Hermine.
  • à ma fille Hermine toute mon argenterie, une montre en or, une petite boîte en argent rapportée d’Europe par mon mari, une médaile d’argent aux armes pontificales pour les transmettre à son fils aîné.
  • à Hermine Scallon le prix de vente d’une propriété de la rue de Lanaudière.
  • j’institue ma fille Hermine ma légataire universelle et lui lègue le reste de mes biens; si il s’élevait à plus de 400 piastres elle n’en aurait que l’usufruit le capital devant revenir à la Corporation Episcopale pour l’agrandissement, reconstrution ou maintien du ou d’un couvent pour l’éducation et l’instruction des jeunes filles.
  • je nomme comme exécuteurs testamentaires sa Grandeur Mgr. Ignace Bourget, le curé de la paroisse, Charles H. Panneton mon beau-frère et Pierre E. McConville mon gendre.
  • je révoque tout testament ou codicille que j’ai pu faire antérieurement.
L'École Industrielle
Joliette Illustré 1893

Le 6 octobre 1879 Mathilde Ducondu a fait une nouvelle donation à Hermine Ducondu sa fille adoptive d’un emplacement de Joliette faisant partie du lot N°569 sur la rue de Lanaudière. Le 19 mars 1880 elle a ajouté un codicille à son testament pour léguer à Charles Pierre Edouard McConville fils mineur de Hermine une rente annuelle de 200 piastres jusqu’à sa majorité pour l’aider à faire ses études; à M. et Mme Narcisse Brault demeurant avec moi la somme de 60 piastres pour leurs bons soins.

Mathilde Ducondu était soucieuse de sa succession et aimait la modifier à chaque nouvel évennement. Le 25 novembre 1880 elle a refait son testament (30 pages) et le 12 février 1885 elle a refait une nouvelle fois son testament (30 pages). Le 12 février 1886 elle a ajouté un codicille, le 9 février 1887 un autre codicille pour modifier quelques articles du testament; le 26 septembre 1888 nouveau codicille; le 4 mars 1890 nouveau codicille qu’elle a signé d’une main tremblante; le 19 mars 1890 nouveau codicille où ele affirme être trop faible pour pouvoir signer.

Son procureur était le notaire Barthélémy Vézina et elle a continué a administrer ses biens avec ses services jusqu’en 1894 au moins. Par exemple le 21 août 1891 les Commissaires d’école de la Ville de Joliette ont reconnu lui devoir 800 piastres avec intérêt légal de 6%.

Le 1er septembre 1886 elle avait acheté à la Corporation Episcopale Catholique Romaine de Montréal un emplacement dans le cimetière de la paroisse de 10 pieds par 12 voisin de celui de Albert Gervais pour inhumer les membres des familles Scallon et Ducondu. Le corps de son mari Edward devait être transporté depuis les voûtes de l’église où il reposait puisque l’église paroissiale devait être démolie en 1887 pour en construire une nouvelle. L’emplacement coûtait 48 piastres et il était interdit d’y enterrer le corps d’un protestant.

Procès et loi concernant la succession d’Edward Scallon

neLe moulin de L’Entreprise et des droits de coupe de bois (256 miles) avaient été vendus à des investisseurs américains qui se sont rendu compte un peu tard que 50 de ces 256 miles avaient déjà été concédés à un autre entrepreneur. Scallon avait donné une garantie et la cause Ducondu v. Dupuy s’est d’abord rendue en Cour Suprême du Canada puis les héritiers Scallon ont fait appel au Conseil Privé de Londres qui a renversé la décision de la Cour Suprême en 1883 pour leur donner le bénéfice du doute. La cause est longuement détaillée dans les archives de la cour Suprême.

En 1982 le gouvernement du Québec a encore promulgué la loi concernant la succession d’Edward Scallon. Elle règle un problème concernant le terrain de la chapelle de St-Joseph ou chapelle des Irlandais qui a servi de lieu de pèlerinage de 1876 à 1906 à Joliette.

Pour en savoir plus:

Carte du Québec

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