Catégorie: Histoire de Lanaudière
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L’attribution des lots du Township de Rawdon

Une des revendications des canadiens-français ayant mené aux rébellions de 1837 et 1838 était que les terres des cantons ou townships étaient attribuées aux amis du gouvernement par favoritisme alors que les familles canadiennes-françaises n’obtenaient rien. Elles avaient pourtant besoin de nouvelles terres puisque les seigneuries où elles habitaient étaient surpeuplées. L’attribution des lots de colonisation dans le canton de Rawdon prouve ce fait historique.

Sommaire:

Les premiers arpentages du territoire de Rawdon

William Fortune a été le premier à prendre des relevés pour l’arpentage du territoire du township de Rawdon en 1792. Il avait engagé 4 indiens de Caganawago (Kahnawake) pour l’aider dans son travail.

La première demande pour un lot dans le Township de Rawdon avait été faite par Margaret Tucker veuve du sergent Tucker en 1792. Les townships venaient d’être créés et elle a demandé au lieutenant-gouverneur de la Province de Québec de lui accorder 400 acres de terrain dans le township situé en arrière de la seigneurie de St-Sulpice qui n’avait pas encore été officiellement nommé Rawdon.

Le 14 novembre 1797 James Sawers commissaire a certifié qu’elle avait prêté les serments devant lui pour pouvoir obtenir les lots qu’elle avait demandé en 1792.

Le 22 janvier 1799 Samuel Holland du Surveyor General’s Office à Québec a remis son rapport de l’arpentage du Township de Rawdon et de l’attribution des premiers lots. C’est à cette date que le canton a été nommé Rawdon.

Ce deuxième arpentage du canton de Rawdon a été complété le 27 août 1798 et les 2 premiers rangs ont été subdivisés en lots de ferme.

Après avoir marqué les limites sud du canton S. Holland a subdivisé les 2 premiers rangs pour les attribuer aux premiers pétitionnaires, 56 lots de 200 acres. Il a attribué les lots 11, 12 et moitié sud-ouest du 13 dans le 2ème rang à George McBeth.

Ephraim Sanford s’est vu attribuer les lots 17, 18, 20 et moitié sud-ouest du 21 dans le 1er rang. James Sawers a eu les lots 22, 24 et moitié nord-est du 21 du 1er rang. Margaret Tucker qui avait épousé James Sawers a eu le lot 25 du 1er rang.

Le lot 19 et le lot 26 (divisé en 9/10 et 1/10 du 1er rang ont été réservés pour le clergé protestant. Le lot 16 et le lot 23 (divisé en 9/10 et 1/10) du 1er rang ont été réservés pour la Couronne. Ces réserves représentaient le septième des terres allouées. Le bois de charpente était réservé à l’usage de la Royal Navy. Les terres attribuées étaient de bonne qualité, en particulier pour la culture du chanvre et du lin.

Township de Rawdon 1795
Township de Rawdon – 1799 (BANQ)

Le tarif pour un lot de 200 acres était de 13 shilling et 4 pence. L’orthographe des noms était approximative à cette époque, le nom Sawers devenait Sawyer ou Sawyers.

Le révérend John Doty avait obtenu 840 acres à Rawdon mais il a préféré aller dans le canton de Clfton. Oeuvrant pour la Society of the Propagation of the Gospel in Foreign Parts, Doty fonde la paroisse de Christ Church à William Henry (Sorel-Tracy) en 1784, dont il demeure révérend de 1784 à 1803 (Répertoire du Patrimoine Culturel du Québec).

En 1800 James Sawers était commissaire à William Henry (Sorel) chargé de transmettre aux autorités les demandes de terres dans les cantons. Margaret Tucker sa femme réclamait d’autres terres à Rawdon. On remarque aussi Charles St-Ours, seigneur de St-Ours et fondateur de St-Roch de l’Achigan, qui réclamait aussi des terres.

Le 16 janvier 1802 Ralph Henry Bruyeres et George Selby ont déposé une demande pour l’octroi de 4200 acres dans le canton de Rawdon; Le lieutenant-gouverneur Robert Milnes a transmis leur demande au bureau du Surveyor General le 17 février 1804.

Joseph Bouchette, du bureau du Surveyor General, a répondu le 29 mars 1804. Il a réservé à Ralph Henry Bruyeres et George Selby, seuls héritiers du capitaine William Dunbar décédé, les lots 1, 3, 4, 6, 7, 8, 10 et 11 du 1er rang et les lots 1, 2, 4, 5, 6, 8 et 9 du 2ème rang, soit 15 lots contenant 3000 acres moins les 5% réservés pour les chemins. Il a aussi réservé le lot 5 du 1er rang et le lot 3 du 2ème rang pour le clergé protestant et les lots 2 et 9 du 1er rang et le lot 7 du 2ème rang pour la Couronne. Ces lots étaient bons pour la culture du chanvre et du lin.

La pétition de Bruyeres et Selby du 16 janvier 1802 mentionnait qu’en 1789 le Surveyor General avait arpenté la Seigneurie N°1 située au nord de celle de St-Sulpice et qu’il avait attribué au capitaine Dunbar les lots 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et la moitié du 12 dans les 2 premiers rangs formant 3000 acres mais que W. Dunbar n’avait jamais reçu ses lettres patentes pour ces lots.

Ils avaient joint à leur pétition la lettre de 1789 accordant ces lots au capitaine Dunbar.

L’arpentage du canton de Rawdon avait alors été complété et un diagramme des 11 rangs de 28 lots accompagne le rapport de Joseph Bouchette. Le canton situé au nord s’appelait Wexford alors que par la suite il s’est appelé Chertsey et que le canton de Wexford a été déplacé à l’ouest.

Le 21 décembre 1804 Bruyeres et Selby se sont vu accorder leurs lettres patentes pour 15 lots formant 3000 acres.

Le 24 décembre 1807 le bureau du shériff Edward Gray a annoncé la mise en vente des lots appartenant à Ephraim Sanford chapelier de Montréal décédé, les lots 17, 18, 20 et la moitié du 21 du 1er rang de Rawdon.

Gazette de Québec 10 mars 1808
Gazette de Québec 10 mars 1808

La règle édictée par le gouvernement en 1818 était que pour obtenir un titre définitif il fallait résider sur le lot attribué pendant 3 ans, qu’au moins 4 acres de terrain soient cultivés et qu’une maison y soit construite; le propriétaire pouvait engager un fermier résidant sur le lot à sa place.

Pétition à Lord Dalhousie du 29 septembre 1820

À partir de 1820 une nouvelle vague de colons est arrivée pour réclamer des lots dans les Townships de Rawdon et Kildare. La première pétition date de 1820, la liste des pétitionnaires est longue.

À Son Excellence George Earl of Dalhousie, Chevalier Grande Croix du très Honorable Ordre Militaire du Bain, Capitaine Général et Gouverneur en Chef dans et sur la Province du Haut et Bas Canada Vice amiral du même. Les loyaux sujets de Grande-Bretagne et de l’Amérique Anglaise voulant trouver un nouvel établissement demandent à son Excellence de leur accorder chacun un octroi de 200 acres dans les Townships de Rawdon ou Kildare. Ils avaient désigné Alexander Rea originaire de l’Île du Prince Edouard comme leader.

Les pétitionnaires réclamaient des lots complets car les terres du Township de Rawdon étaient réputées montagneuses et peu fertiles. La pétition a été signée à Montréal et les signataires ont inscrit leur lieu de naissance à côté de leur nom: Alexander Rea leader Prince Edward Island, William Rea associate Montreal, etc. Les noms et les lieux de naissance sont difficiles à déchiffrer mais on constate que beaucoup d’entre eux venaient du Nouveau-Brunswick; John Quin et Edward Thomson venaient d’Irlande, d’autres de Montréal, etc.

La pétition se poursuit avec une majorité de signataires originaires du Nouveau-Brunswick; Isaac, Charles et John Jones venaient de Worcester en Angleterre, George Hobs était un loyaliste de New-York en 1775 et Martin Hobs venait de l’Île du Prince Edouard.

La liste des signataires a été établie en plusieurs étapes, les derniers pétionnaires de cette page ont juste inscrit leur nom.

Plusieurs listes de noms ont ensuite été ajoutés à la pétition:

Dans la dernière liste de pétitionnaires ajoutée au mémoire d’Alexander Rea et ses associés on trouve enfin 1 nom français, Louis Lamontagne, puis celui de 2 acadiens, Philemon et Joseph Dugas, tous les 2 anglophones, nés au Massachusetts.

Le rapport du Comité du Conseil

Le Comité du Conseil a examiné la pétition et remis son rapport au Gouverneur le 1er décembre 1820; il a recommandé de n’accorder que des moitiés de lots aux pétitionnaires et remis une liste des noms des pétitionnaires acceptés.

Certains obtiendront des lots dans le canton de Kildare mais on retrouve beaucoup de noms des familles des premiers habitants de Rawdon dans cette liste.

Louis Lamontagne et les 2 Dugas ne sont pas dans cette liste de noms exclusivement anglophone.

Dans le dossier des archives du Canada consacré à John Jefferies on trouve une autre liste datée du 5 mars 1821 de loyalistes américains demandant des lots à Rawdon ou Kilkenny. François et Louis Monmellion et Zachire Cloutier ont des noms à consonnance française.

Les lots disponibles dans le canton de Rawdon

Les meilleurs lots situés dans les premiers rangs de Rawdon dans la plaine fertile avaient été attribués en premier et accaparés par des spéculateurs. Les cultivateurs canadiens-français de St-Jacques dans la seigneurie de St-Sulpice située au sud du canton ont dû racheter des parcelles de terrain à leurs propriétaires, le Gouverneur leur ayant attribué très peu de terrains. Les archives des notaires montrent qu’ils ont conclu de nombreux achats pour des terres à Rawdon à partir de 1822 et qu’ils habitaient eux aussi le territoire. Mais on ne retrouve pratiquement aucune trace de leur présence dans toutes les archives consultées comme on va le constater.

En 1820 et 1821 les agents du gouvernement ont dressé des listes des lots encore disponibles pouvant être attribués. La première concerne les lots 1, 3, 4, 5 dans le 4ème rang, 1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 12, 13, 15, 16 et 18 dans le 5ème et 1, 3, 4, 5, 7, 8, 10, 11, 12, 14, 15 dans le 6ème de 200 acres chacun.

Joseph Bouchette du bureau du Surveillant Général a émis un avis le 29 septembre pour certifier que 60 lots de 200 acres dans les rangs 7, 8 et 9 du canton étaient disponibles.

Le 20 janvier 1821 il a certifié que les lots 27 et 28 dans le 1er rang, 18, 19 et moitié du 27 dans le 2ème, moitié du 28 dans le 3ème, contenant 1000 acres en tout étaient aussi disponibles.

Le 23 mars 1821 dix lots des 10ème et 11ème rangs ont été ajoutés à la liste.

Le 25 septembre J. Bouchette a encore ajouté les lots 13, 14 et 15 du 1er rang à la liste des lots disponibles.

Plan of the Township of Rawdon par J. Bouchette – 1821

La BANQ possède une reproduction de la carte des cantons de Rawdon et Kildare dessinée par Joseph Bouchette en 1821 après son arpentage; elle est un peu différente de celle publiée sur le site Up to Rawdon. La carte montre les premiers chemins et les premiers établissements. Le chemin de St-Jacques par où arrivaient les colons de la seigneurie de St-Sulpice, St-Jacques settlers, avait été prolongé le long du lot des Marshals, c’est aujourd’hui la montée Hamilton. Joseph et Philemon Dugat étaient sur les lots 22 et 24; Joseph Dugas était en réalité sur la partie sud du lot 22 du 2ème rang et il était en conflit avec George Robinson son voisin. On voit aussi le nom de Tho. Robinson. Il y avait des moulins chez Philemon Dugas sur la rivière Rouge et à Manchester Place sur la rivière Lacouareau dans la seigneurie. Des routes longeaient ces rivières.

Sur le lot 17 entre les 3ème et 4ème rangs Finlay avait défriché un clearing. Un chemin arrivait du canton de Kildare à l’est directement à l’emplacement du futur village de Rawdon à la 2ème chute de la rivière Ouareau.

Au nord du canton il y avait aussi 2 emplacements marqués Evely et un autre marqué Hobbs; un chemin aboutissait au lot 26 du 6ème rang. Tout est écrit en anglais sauf la Montagne de Roches!

La distribution des lots: le révérend James E. Burton

Le révérend James E. Burton résidait alors à Terrebonne mais son territoire (diocèse anglican) comprenait les cantons de Kilkenny et Rawdon; il a été parmi les premiers à faire une demande pour obtenir les lots, il a réclamé les lots 13, 14 et 15 du 1er rang le 16 septembre 1821.

Le 8 janvier 1822 Jonathan Sewell président du Conseil Législatif a appuyé sa demande et le 10 juillet 1822 il a reçu son ticket de location pour le lot 16 du 1er rang signé par l’agent A. Rea.

Le 23 janvier 1823 le colonel Bouchette lui a encore attribué les lots 13, 14 et 15 du 1er rang. Les lots du 1er rang étaient les plus fertiles et de bonnes relations avec le gouverneur au Château St-Louis étaient utiles pour les obtenir. Le révérend James E. Burton et le gouverneur Francis N. Burton semblent s’être bien accordés, ils étaient cousins.

Le 24 mai 1823 le nouvel agent du gouvernement G. Colclough a certifié avoir visité les lots 13, 14, 15 et 16 attribués au Rév. Burton et constaté qu’il avait complété les améliorations exigées dans ses tickets de location. Le 4 juin J. Bouchette a donc recommandé de lui accorder ses lettres patentes, ce qui a été fait le 26 juin.

Le révérend Burton était un vrai colonialiste. En 1825 il a écrit un mémoire au Gouverneur Francis Burton pour lui demander d’accorder 500 acres de terre à chacun de ses 16 enfants; il précise dans son mémoire qu’il a abandonné une situation exceptionnellement prestigieuse en Irlande pour venir au Canada. Et que les canadiens ne sont pas capables de mettre ces terres en valeur.

Il a joint à son mémoire la liste de ses enfants et de ceux de sa femme issus d’un autre mariage.

Mais le gouverneur Francis Burton a été remplacé avant de répondre à sa demande, au grand regret du révérend. En 1826 il a envoyé un mémoire presque identique au nouveau gouverneur Dalhousie, il y réclamait seulement 1200 acres pour sa nombreuse famille. En 1827 dans un nouveau mémoire au gouverneur pour réclamer des terres il avait 17 enfants et résidait à Burtonville Rawdon L’Assomption.

Le 6 novembre 1827 il se plaignait encore au nouveau gouverneur James Kempt que ses terres étaient incultes à part le lot où il résidait acheté d’un américain nommé Marshall, ce n’était pas suffisant pour faire vivre sa famille.

Le révérend Burton était devenu agent des terres du canton de Kilkenny (St-Calixte) où il avait attribué des lots à sa famille. En 1834 il a encore réussi à obtenir le lot 12 du 1er rang de Rawdon et des lots dans le canton de Kilkenny.

Ce document semble être la lettre patente officielle pour le lot 12 du 1er rang mais elle n’est pas datée.

Avec de bonnes relations au gouvernement l’agent des terres du canton de Kilkenny James E. Burton pouvait favoriser sa famille. Dans la liste des lots atribués dans le canton de Kilkenny on voit qu’en 1832 ses enfants Richard G. Meredith, Francis A. Burton, W.C. Meredith, Edward Burton, T.M. Burton, Robert Wm. Burton, Richard G. Burton, Thomas L. Meredith, Henry K. Burton, Ralph Meredith se sont vus attribués des lots. En 1836 le Rév. James E. Burton a encore reçu 447 acres.

Le 10 mars 1836 ce formulaire signé J. Bouchette attribuait les lots 27 du 7ème rang, moitié du lot 23 du 8ème, lot 18 dans le 4ème et moitié du 9 dans le 7ème du canton de Kilkenny au révérend James E. Burton et ses enfants. Le 7 juillet 1836 il avait obtenu ses lettres patentes, les formalités ne traînaient pas dans son cas. Pourtant selon l’histoire de Rawdon il était retourné habiter en Irlande en 1833 et n’est jamais revenu au Canada.

La distribution des lots aux autres pétitionnaires

La distribution des lots se faisait d’abord par relation; le loyaliste John Jefferies a pu bénéficier d’une recommandation signée par Jonathan Sewell, membre important de la clique du Château St-Louis, datée du 24 avril 1821.

Mais comme il fallait aussi occuper le lot convoité et le défricher de simples agriculteurs ont pu obtenir des tickets de location. Le colonel Joseph Bouchette du bureau du Surveyor General a publié une liste des individus ayant obtenu des permis d’occupation dans le Township de Rawdon en 1823. Sur la première page on remarque plusieurs noms de canadiens-français: Paul, Augustin et Joseph Brault, Baptiste Dupuis, Joseph Senet et Joseph Payete. On verra dans la liste officielle de l’attribution des lots publiée à la fin de cet article que les frères Breault ont dû attendre jusqu’en 1842 pour obtenir leurs lettres patentes; Joseph Payette les a eues plus rapidement en 1832. Charles Dupuis les a eues en 1843 mais c’était peut-être une autre famille de Dupuis; Senet ne les a jamais eues. Tout le monde n’avait pas de bon contact au Château St-Louis comme le révérend Burton.

Francis La River s’était vu attribuer les lots du village. Sur le site Up to Rawdon j’ai trouvé cette information à propos du révérend Burton qui n’approuvait pas sa présence à cet emplacement:

Burton states that Le Rivier [probably François Larivière, a squatter, who headed a family
of 8 on the 1825 Census and was not on 1831 Census] had departed at a time previous to his
current letter. “I gave general notice that, no person should re-occupy the premises, as I laid
claim to them for myself and my successor [contradicting his earlier statement].

Le 3 octobre 1823 le colonel Bouchette a établi une deuxième liste d’individus ayant obtenu des permis d’occupation puis d’autres listes en 1824; il n’y a plus aucun nom de canadiens-français dans ces listes.

L’agent nommé par le gouvernement, le capitaine Guy Colclough, a fait une nouvelle liste de colons ayant reçu leur permis d’occupation ou leur ticket de location le 24 mai 1825. Les annotations de la marge de droite décrivent des cas litigieux; La moitié sud-ouest du lot 21 du 2ème rang a été contestée entre George Robinson et Joseph Dugas qui a obtenu ce lot comme nous le verrons plus loin.

La différence entre les permis d’occupation, les tickets d’occupation et les tickets de location semble assez floue; certains occupaient leurs lots sans aucun permis.

Des avis légaux ont été publiés dans la Gazette de Québec pour que les propriétaires légalisent leurs titres de propriété en payant leurs lettres patentes:

Gazette de Québec 29 octobre 1835
Gazette de Québec 29 octobre 1835
Gazette de Québec 12 novembre 1835
Gazette de Québec 12 novembre 1835

La pétition de Joseph Dugas contre George Robinson

Joseph Dugas aurait été le premier colon à défricher des terres dans le canton de Rawdon en 1816 selon les témoignages de ses voisins déposés dans une pétition contre George Robinson qui voulait lui prendre sa terre sous prétexte qu’il était un yankee n’ayant pas prêté le serment d’allégeance au Roi. Le 5 décembre 1823 Joseph Dugas a présenté une pétition à son Excellence George Earl of Dalhousie gouverneur général de la Province du Bas-Canada.

Il prétendait avoir résidé dans le Township de Rawdon depuis 1816, un an avec aucun autre habitant du canton à 8 miles à la ronde. Il aurait dépensé beaucoup d’argent pour faire des routes et des ponts. En 1821 il avait reçu son ticket de location d’Alexander Rea alors agent de colonisation du canton pour la moitié du lot 21 dans le 2ème rang. Il avait toujours demeuré là sauf l’année précédente où il avait dû aller habiter dans la paroisse voisine à cause du décès de sa femme.

Il avait bien défriché son quota de terre comme spécifié dans son ticket de location. Mais comme il va le démontrer à l’aide de nombreux témoignages il y aurait eu un malentendu avec le nouvel agent de colonisation Guy Colclough qui aurait voulu l’expulser de son lot.

La route du pétitionnaire avait été la première a être complétée dans le Township et il avait défriché 2 fois la superficie requise dans son ticket de location.

Son ticket de location signé par A. Rea pour la moitié sud-ouest du lot 21 du 2ème rang date de 25 octobre 1821.

Le diagramme de son lot montre 2 zones défrichées au sud et au nord; la route longeait son terrain au sud sur le cordon entre le 1er et le 2ème rangs.

Le document suivant daté du 19 août 1823 au Château St-Louis de Québec montre que le nouvel agent des terres de Rawdon nommé Guy Colclough aurait déclaré que Joseph Dugas n’avait pas construit de maison sur son lot dans le délai requis et qu’il ne résidait pas dans le canton. Une note ajoutée en marge semble pourtant signifier que l’agent aurait dû attendre jusqu’au 25 octobre 1823, la date inscrite à son ticket de location pour avoir le droit de lui retirer son lot.

Le 21 novembre 1823 Guy Colclough avait informé J. Dugas qu’il allait accorder sa moitié de lot à George Robinson qui lui paierait les améliorations qu’il avait faites, à être évaluées par 2 personnes, une nommée par lui et l’autre par G. Robinson.

Joseph Dugas s’est défendu en convoquant des témoins de sa bonne foi. Le premier a été Piere Mavill (Pierre Mainville) qui a juré sur les Évangiles qu’il était sur la moitié de lot 21 du 2ème rang possédé par Joseph Dugas le 24 octobre 1823, qu’il avait défriché 1 acre et plus sur la façade du lot et que 3 acres dans le fond du lot étaient presque terminés; J. Dugas avait fait une route de 20 pieds de large sur le cordon du lot. Andrew Smart et ? Richardson ont aussi témoignés et Martin S. Parker a pris les dépositions en tant que juge de paix du district de Montréal le 1er décembre 1823.

Edward McGee, Andrew Smart, John Kite, Daniel Grisnold(?) et Louis Madrand sont aussi venus témoigner en faveur de Joseph Dugas. Le 4 août 1824 Joseph Dugas a rédigé une lettre de justification expliquant qu’il avait fait sa route en octobre 1822 et commencé à défricher son lot. George Robinson savait qu’il y travaillait puisque Dugas logeait chez lui. G. Colclough avait convoqué un meeting chez son ami le révérend Burton en juin 1823 pour régler son cas. Le travail de l’agent Guy Colclough a semé la zizanie dans le canton comme nous verrons plus loin.

Quand il avait demandé pourquoi il ne pouvait pas garder son lot la réponse avait été qu’il était un yankee et possédait du terrain dans la seigneurie et surtout qu’il n’avait pas fait le serment d’allégeance au Roi.

Le 4 août 1824 Joseph Bouchette agent du gouvernement est venu faire une enquête sur le cas de Joseph Dugas et d’autres, il avait convoqué les colons du canton à une réunion au moulins de Manchester situés dans la Seigneurie de St-Sulpice sur la rivière Lacouareau au sud du canton de Rawdon.

David Manchester a été le premier à témoigner; il a déclaré que J. Dugas avait bon caractère et qu’il s’était installé à Rawdon 9 ans plus tôt. John Jefferies a déclaré qu’avec plusieurs personnes ils avaient constaté que la route du cordon entre le 1er et le 2ème rang was a pattern to the Township, une utilité pour le canton(?). Andrew Smart et John Kite l’ont aussi appuyé disant qu’il était le premier colon du canton.

James Kirkwood était présent quand le capitaine Colclough lui avait demandé de présenter son certificat de serment d’allégeance au Roi. George Hobs était présent au meeting chez le Révérend Burton le 10 juin où Colclough aurait dit à Dugas qu’il lui donnerait son ticket de location quand il aurait prêté le serment. Le 6 août J. Bouchette a été visiter le lot de Dugas accompagné de John Jefferies, Th. Finlay, Th. Robinson, Philemon Dugas, et George Robinson; Joseph Dugas aurait dépassé de sa limite de son terrain de 1/3 d’acre (ou le contraire?).

J. Dugas avait défriché 6 acres mis en culture, principalement en blé, aussi en maïs, patates et (?). 2½ à 3 acres supplémentaires étaient défrichés en arrière du lot et une petite maison de chantier était construite. Aucune preuve du travail fait par George Robinson sur cette partie du lot n’a été apportée.

Joseph Bouchette a pris le parti de Joseph Dugas; George Robinson aurait essayé de s’approprier plus de terrain alors que sa famille s’était déjà vue accorder 700 à 800 acres.

Le 15 janvier 1827 Joseph Dugas a reçu un nouveau ticket de location pour la moitié sud du lot 21 du 2ème rang signé par Antony Lyon le nouvel agent des Terres de la Couronne.

En 1828 l’agent des terres a certifié que Joseph Dugas avait fait sa route et défriché 10 acres de terrain, il avait construit une maison, une grange et une étable, il avait un fermier résidant sur son lot.

Un autre document officiel lui a été donné mais je n’arrive pas très bien à le lire ni à trouver sa date. Il semble que ce soient ses lettres patentes pour la moitié du lot 21 du 2ème rang de Rawdon.

Pétition de Philemon Dugas

Philemon Dugas avait acheté un moulin à scie sur le lot 24 du 1er rang le 21 juin 1817: Vente par Pierre Richard et Isaac Dugast à Philemon (Firmin) Dugas marchand et son épouse Pathy Edwards tous résidants à St-Jacques. Le lot 24 du 1er rang avait été accordé à James Sawers en 1799 et on ne sait pas quand ni comment ils ont acquis l’emplacement.

Dans un rapport du Comité du conseil on lit que le 31 juillet 1820 il avait pétitionné pour avoir les lots 23 du 1er rang et 21 du 2ème rang. Le comité a recommandé de lui accorder un seul lot.

Ce document daté du 13 juillet 1820(?) il montre que c’est le lot 23 du 1er rang de 200 acres qu’il a obtenu.

Le 25 octobre 1821 il a ensuite reçu un ticket de location pour la moitié nord-ouest du lot 20 du 2ème rang.

Philemon Dugas était une personnalité importante du canton de Rawdon et plusieurs avaient demandé qu’il devienne agent des terres quand la zizanie a éclaté en 1824-1825. L’agent G. Colclough avait convoqué un meeting aux moulins de Dugas le 20 juin 1824 pour essayer de régler les nombreux litiges.

Les documents officiels pour l’octroi des lots sont difficiles à comprendre. Le 26 mai 1826 Joseph Bouchette a accordé la moitié du lot 20 du 2ème rang de 100 acres à Philemon Dugas. Il a aussi réservé 20 acres pour les chemins sur le lot 1 du 3ème rang et 20 acres pour le clergé dans le lot 11 du 11ème rang. Il faisait des réserves pour le Clergé et la Couronne chaque fois qu’il octroyait un lot.

Les documents suivants doivent être les lettres patentes donnant la propriété définitive du lot 20 à Philemon Dugas mais leur date est encore difficile à lire: 1831 pour le premier et 1832 pour le second ?

Pétitions contre les agents du gouvernements

En 1824 Joseph Bouchette est venu inspecter les cantons de Rawdon et Kilkenny pour le compte du gouvernement. Dans son rapport il décrit les conflits entre les agents du gouvernement, Mr. Rea et le Captain Colclough, et les colons.

Appendix A (5 pages)

Rawdon: 5.700 acres granted under letters patent, 18.000 under military conditons, 20.300 vacant and grantable.

John Jefferies, Guy Colclough, le révérend Burton et d’autres se sont beaucoup chicanés. Il y avait des anglais anglicans, des presbytériens, des wesleyens, des écossais, des irlandais protestants et catholiques, des loyalistes américains (yankees) et quelques canadiens-français, ce n’était pas l’harmonie totale comme aujourd’hui. Alexander Rea le premier agent des terres a été remplacé par Guy Colclough qui n’habitait pas la canton mais à D’Ailleboust; les colons se sont vite plaints de son travail négligé et il a été remplacé par Anthony Lyon.

Cette pétition de John Jefferies pour dénoncer la négligence de Colclough encouragé par le révérend Burton est une de nombreuses pétitions de cette époque.

Alexander Rea approuvait John Jefferies et dénonçait lui aussi son successeur.

D’autres pétitions ont été signées par des groupes de colons pour réclamer la construction de chemins et de ponts que l’agent du gouvernement n’entreprenait pas.

Sur ce document de 1824 on trouve la signature de Alexander Rea pour une protestation contre G. Colclough qui lui a été remise à son domicile de la seigneurie de Daillebout en présence des témoins Philemon Dugas et H. Vanhouse(?).

Le 24 août 1824 Joseph Bouchette a écrit dans un long rapport qu’il avait convoqué un meeting à Manchester mills le 2 août. Les conflits entre A. Rea, G. Colclough, le révérend Burton ont été examinés ainsi que les cas particuliers de Rea et Finlay, Dugas et Robinson, Byron et Lane, Byron et Green, les pétitions de John Tiffin, William et Phillip Masterson, etc. Le rapport de J. Bouchette recommande de nommer un agent résident à Rawdon à la place de G. Colclough.

Le 1er octobre 1828 nouvelle pétition des colons de Rawdon au gouverneur James Kempt.

Tickets de location et titres de propriété

Le 8 juillet 1820 Richard Finlay émigrant a reçu un avis qu’il avait droit à 200 acres sur le lot 18 du 4ème rang.

Richard Finlay 1820

Le permis d’occupation du lot 18 du 5ème rang a été accordé à Edward McGie par l’agent for superintending the settlement of the Township of Rawdon Alex. Rea le 19 septembre 1822.

Permis d’occupation Edward McGie 1822

Le 21 octobre 1823(?) Richard Finlay junior(?) a reçu son ticket de location pour la moitié du lot 16 du 2ème rang de l’agent G. Colclough.

Ticket de location Richard Finlay 1823(?)

C’est Anthony Lyon qui a été nommé pour remplacer Guy Colclough comme agent des terres. Celui-ci lui avait donné son ticket de location pour le lot 15 du 2ème rang le 12 octobre 1824 juste avant d’être démis de ses fonctions.

Ticket de location Anthony Lyon 1824
Ticket de location John Finlay 1826
Ticket de location John Jefferies 1826
John Jefferies 1828
J. Jefferies – Lots du village – 1832
Zachariah Cloutier 1826
Zacariah Cloutier 1828
Ticket de location David Manchester 1824
Ticket de location David Manchester Senior 1826
Ticket de location Roderick McKenzie 1826

Les méthodes d’attribution des lots et les formulaires ont évolué avec le temps. Thomas Griffith militaire à la retraite a obtenu plusieurs lots pour ses services. Ce premier octroi de la moitié nord-ouest du lot 19 du 7ème rang n’est pas daté, les suivants datent de 1832.

En 1833 il avait été nommé agent du gouvernement et percevait les paiements pour les lots.

On trouve plusieurs fois le document suivant dans les archives mais il n’y a pas de nom ni de date l’expliquant; je pense que c’est la lettre patente officielle accompagnant les différents octrois de terrain.

L’annexion des premiers rangs de Rawdon à St-Liguori

Le livre Sous le clocher de St-Liguori de Jean Gagnon rapporte une requête trouvée dans les archives du diocèse.

Requête du 16 novembre 1853 à Mgr Ignace Bourget par les habitants des 2 premiers rangs de Rawdon du lot 28 à la ligne de Ste-Julienne.
Les 3 premiers points font état de l’éloignement de l’église de Rawdon (2 lieues pour 1 lieue vers St-Liguori) par des chemins montagneux et rocheux…

4° Que le fanatisme de plusieurs des frères séparés établis dans Rawdon, joint au nombre d’auberges et d’autres maisons de désordre qui règnent, expose leurs enfants à beaucoup de dangers pour leur âme surtout lorsqu’ils sont obligés d’aller au catéchisme et de vaquer aux affaires de leur salut, environnés qu’ils sont par des gens toujours prêts à déverser l’injure et le mépris sur le saint culte de leur religion et au milieu de jeunes camarades débauchés et déjà vieux dans le crime.

5° Que plusieurs de vos suppliants se sont vus et se voient journellement en prise à toute sorte de désagréments en conséquence de la différence d’origine, de religion, de langue et d’usages qui existent entre les divers membres de la société de ce coin du diocèse et où la charité chrétienne et l’union font de si fréquents et si tristes naufrages dans les rixes, les querelles et les excès de l’intempérance.

Les 2 derniers points mentionnent que les moulins à farine et les centres d’intérêt privés sont vers le sud, Montréal, Joliette et St-Jacques.

Listes des terrains concédés par la Couronne 1799-1890

On retrouve aux Archives du Canada la liste complète de terrains concédés par la Couronne de 1763 à 1890 dans les cantons; le canton de Rawdon commence à la page 661. Les premiers à y avoir obtenu des terrains sont bien Ephraim Sandford, James Sawers, Margaret Tucker et George McBeath suivis de Ralph Henry Bruyeres et George Selby. Le révérend James Edmund Burton a été le premier a obtenir ses lettres patentes après l’arpentage du canton en 1821, le 14 août 1823.

Les lots ont d’abord été attribués presque exclusivement à des anglophones, sauf quelques exceptions comme Joseph Payet en 1832.

Il y a un autre francophone sur cette deuxième page, Charles Laporte en 1833.

Il n’y avait plus aucun francophone dans les listes mais Joseph Tremble en 1836 pourrait être un Temblay; Jacques Cantin en 1839 était certainement canadien-français.

Joseph Breau et Paul Breau ont obtenu leur lot en 1842; en 1823 ils étaient les premiers sur une liste, ils ont dû attendre près de 20 ans et Augustin a eu le temps de mourrir. Charles Dupuis a eu son lot en 1843, Alexandre Daigle et Frederique Lapage en 1844, Jean Pierre dit Daigle en 1845, Joseph Edouard Beaupré et Denis Muhau en 1848; il semble que les rébellions de 1837 et 1838 aient un peu fait évoluer la situation.

Robert Graine ou Craine pourrait être français ou anglais, Jules Poirier et François Chapert ((Chaput?) en 1853, François Archambault, Alexis Payette, François Colla, Michel Duquette, François Dandurant, Joseph Beaudry, Louis Turgeon ont obtenu leurs lots en 1855 dans le secteur de Ste-Julienne

En 1860 Joseph Lepage, en 1862 François Thom, Joseph Dupuis et François Foucher, en 1865 Joseph Laporte, en 1866 Gilbert Foucher, en 1869 Joseph Déchêne et Joseph Langlois(?) dit Lachapelle, en 1870 François Foucher.

En 1876 Simon Richard, Aimé Gaudet, Pierre Plouf et Jean L. Richard ont eu 300 acres dans le lot 17/11, Siméon et Edmond Grenier 100 acres en 1876; Félix Aumond, Geo. Antoine Champagne en 1877, Jean-Baptiste Hétu en 1878, Alex. Rivard en 1887.

Dans le village de Rawdon il n’y a d’abord pas eu de francophones non plus; les premiers emplacements ont été attribués au Révérend Milton et à l’évêque protestant du Québec en 1839 ensuite à John Jefferies.

Jedediah H. Dorwin a obtenu plusieurs emplacements dans le village en 1848 et 1852.

Le premier francophone à obtenir un emplacement dans le village a été François Foucher en 1863 suivi de l’Honorable A. N. Morin et de l’Honorable Edouard Morin en 1863. À partir de 1868 de nombreux canadiens-français ont finalement pu obtenir des lots dans le village de Rawdon.

C’est curieux de retrouver ces 2 honorables Morin dans le village de Rawdon:

Augustin-Norbert Morin: Chef de la rébellion de 1837 à Québec, il conserve son siège jusqu’à la suspension de la Constitution le 27 mars 1838. En 1839, il est emprisonné pour haute trahison, mais libéré peu après. Député de Nicolet de 1841 à 1842, il fait partie du groupe canadien-français et est antiunioniste.

J’ai cherché qui était Edouard Morin sans succès, il avait sûrement un lien de parenté avec Augustin-Norbert.

On trouve plusieurs plans du village de Rawdon en 1845 au moment de sa création; le plan dessiné par James Dingman (Dignan) montre qu’il n’y avait que quelques maisons construites à cette date avec quelques chemins. Au sud la rue du Moulin (Mill street) était bordée par les maisons de Médard Tremblay, Henri Lépine, Paul Lamontagne, William Grigg et Augustin Chalifoux. On peut supposer que c’étaient des employés de J. H. Dorwin puisque ce chemin menait au moulin de Dorwin; ils n’étaient pas propriétaires de leur emplacement.

Le chemin qui traversait le village du sud au nord ne suivait pas le plan quadrillé, il était bordé par les maisons de Will. Walsh, Widow Bagnall, Old Develluy(?) House, Smithy, James Daly, le presbytère, l’église catholique et une école.

Dans le centre du village le chemin passait par les maisons de James Armstrong, McMannus, l’église anglicane et le parsonage (presbytère) sur le lot attribué à l’évêque de Québec, en face l’église presbytérienne se trouvait sur le lot attribué à John Jefferies; le colonel Griffith habitait au coin de la rue Queen et de la 3ème rue. Le révérend Milton avait reçu un lot situé à cheval sur la rivière Rouge au-dessus de celui de l’évêque anglican.

Rawdon en 1858 (détail) – BANQ

Référence – La recherche pour cette documentation a été faite dans les documents des Archives du Canada dans le dossier: Demandes de terres du Bas-Canada, 1764-1841

Les archives des journaux de l’assemblée

Les journaux de la Chambre d’Assemblée du Bas-Canada puis du Canada Uni documentent des statistiques et des pétitions, on y trouve d’autres détails sur l’histoire des habitants du township de Rawdon. En 1828 il y avait 92 familles presbytériennes, 72 familles catholiques et 20 épiscopaliennes.

Le pont sur la Ouareau devrait être fait sur le 6ème rang plutôt que sur le 2ème; le révérend Burton devrait faire son chemin de front comme ses voisins. Le village Glebe est l’emplacement du futur village, le coût du chemin entre Kildare et le Grand St-Esprit en traversant la rivière Ouareau sur un pont serait de 330 livres environ. Il y avait environ 300 familles.

L’Honorable Roderick McKenzie a été seigneur de Terrebonne pendant quelques années avant de s’installer à Rawdon. Il demandait 500 livres pour le chemin; il y avait environ 300 miliciens retraités de l’armée dans les cantons du nord.

La pétition suivante décrit toutes les rivières situées sur le territoire nécessitant la construction de nombreux pont que les habitants ne pouvaient pas financer. Un pont avait été construit sur le 1er rang pour traverser la rivière Ouareau (pont Jefferies) qui avait coûté 9 shilling et 10½ pence pour 100 acres aux habitants. Un deuxième pont était demandé sur la terre de J. S. Turner sur le rapide du lot 17 du 2ème rang. Un troisième sur la rivière Rouge chez Thomas Green au lot 26 du 1er rang, un autre sur le lot 28 du 1er rang près de chez Andrew Kirkwood. L’église anglicane du 1er rang avait été construite mais les chemins pour y accéder devaient être améliorés.

En 1831 un chemin de 7 miles partant du lot Glebe a été tracé par l’arpenteur J. Sullivan jusqu’au Grand St-Esprit. Les commissaires chargés de ce rapport étaient Julien Poirier, Henry Donoughue et Rob. Bagnal.

En 1831 un voyage d’exploration des Laurentides a été organisé entre Grenville sur l’Outaouais et Trois-Rivières. Les 25 et 26 octobre le parti a traversé le canton de Rawdon à la hauteur des rangs 7 et 8. Ils ont vu quelques maisons et rencontré des habitants faisant de la potasse. Un peu plus au nord en traversant la rivière Lac-Ouerreau des indiens qui campaient là leur ont expliqué que la rivière tenait son nom d’un grand lac situé à une demie journée de canotage qui était la source de la rivière du Nord (!) et que les rivières Matawa et Vermillon étaient proches. Une route sur l’autre rive de la rivière communiquait avec le sud du canton et la seigneurie de L’Assomption (!). Le lendemain après avoir atteint le lot 15 du 7ème rang chez M. Bagnal une charette a emmené les explorateurs jusqu’aux moulins de M. Hobbs.

Aux moulins de M. Hobbs une autre charette les a emmenés jusque chez M. Brown sur le lot 28 du 7ème rang.

La rivière Blanche est aujourd’hui un ruisseau mais en 1831 les habitants de Kildare et Rawdon demandaient une subvention pour le rendre navigables depuis le 9ème rang de Kildare jusqu’à la seigneurie de Lavaltrie.

Philemon Dugas était propriétaire d’un moulin à scie, à farine et à orge sur le lot 24 du 1er rang et il avait construit des ponts et des chemins à ses frais, il a déposé des pétitions pour se faire rembourser. Il aurait possédé 5 terres de 200 acres.

Barthélémi Joliette parle plutôt d’un moulin à écaler l’avoine, il ajoute que P. Dugas avait aidé les Emigrés et nouveaux Colons à s’installer sur leurs lots.

Le secteur situé au confluent des rivières Rouge et Blanche s’appelait The Forks en anglais et les Fourchettes en français.

La rivière L’Assomption fait de nombreux méandres et n’est toujours pas navigable mais de nombreuses demandes de subventions ont été faites depuis celle-ci en 1834.

100 livres avaient été octroyées pour le chemin entre le 7ème rang et le 12ème en 1834; Hercule Olivier de Berthier et M. Boucher de Kildare avaient été les entrepreneurs.

Dans ces anées la contruction de chemins et de ponts était le souci principal des habitants de Rawdon et Kildare.

Ce tableau des Townships en 1831 montre une population de 1309 habitants à Rawdon.

L’assemblée a cessé de fonctionner entre 1837 et 1840; en 1841 un connétable de police rurale avait été appointé à Rawdon.

Thomas Griffith tenait le bureau de poste de Rawdon depuis au moins juillet 1841; il recevait des commissions sur le port des lettres et une allocation de papeterie.

Wm. Morrison était l’agent percevant les droits sur le bois coupé sur les terres de la Couronne, il avait fait un voyage à Rawdon pour affaires avec Bagnal et Dorwin au sujet de billots. James Dignan avait arpenté la rivière Lacquareau pour tracer et limiter les chantiers. Victor Richards avait passé 23 jours à compter les billots sur la rivière L’Assomption.

Wm. Morrison avait encore visité Rawdon 2 jours pour connaître le nombre de billots coupés par J.H. Dorwin sur le Lac Ouareau pendant l’hiver.

En 1844 il y avait 10 écoles à Rawdon pour 204 élèves.

445 maisons étaient habitées à Rawdon en 1846, 5 inhabitées et 15 en construction.

Le révérend R. H. Bourne Ministre Protestant Episcopal pétitionnait aussi en 1841 pour que le tarif postal soit réduit afin de permetre la diffusion de la religion, de la science et de la civilisation.

Pour le recensement de St-Grégoire de Rawdon en 1844 John Royan (Rowan), William Robinson et Edward Corcoran ont remis leur facture; Alexander Daly semble avoir été l’organisateur.

Thomas Griffith lieutenant-colonel des volontaires loyaux de Rawdon avait vu sa propriété incendiée alors qu’il était parti remplir ses devoirs militaires pendant les troubles de 1837 ou 1838; il demandait à être indemnisé.

Pour l’hiver de 1847 William Morrison a réclamé 184 livres; il avait fait un voyage à Rawdon en 1844 pour compter les billots de Dorwin et un autre en 1845 pour régler un différent entre Leodel et Rood. P. C. Loedel était le coseigneur de Lavaltrie qui avait obtenu des droits de coupe sur la rivière L’Assomption avec B. Joliette; les frères Rood avaient acquis des droits de coupe en 1843 sur les rivières Rouge, Ouareau et L’Assomption.

Le rapport à l’Assemblée de 1849 donnait 13 écoles pour 347 élèves à Rawdon.

En 1849 l’Assemblée Législative a demandé un rapport sur la vente des lots du village de Rawdon. La vente des lots avait été annoncée le 13 août 1845 pour le 22 septembre dans la Gazette et les journaux locaux. Les lots réclamés par une seule personne ont été adjugés par l’agent Alexander Daly puis le 2 octobre il a réglé à l’amiable les lots réclamés par plusieurs personnes. W. Walsh est le seul à avoir fait des difficultés malgré ses 18 lots; suite à une erreur d’arpentage il s’était bâti sur 2 lots appartenant au Colonel Griffith.

En 1851 il n’y avait plus que 12 écoles pour 377 élèves à Rawdon.

En 1852 la population de St-Patrice de Rawdon était de 2279 habitants, 65 anglais, 21 écossais, 570 irlandais, 1161 canadiens non français, 441 canadiens-français et 20 américains. Ste-Julienne avait été séparée de Rawdon.

Licenses de bois sur l’Outaouais et ses tributaires accordés par l’agent Alexander Daly en 1852 sur 399 miles carrés, 200 morceaux pour 14.000 pieds. J.H. Dorwin et Henry R. Symmes avaient des licenses sur la rivière Lacourreau, Coll. McDonnell, J.H. Dorwin, Dugar ((Dugas), Trusdell et M. Coglan & Co. avaient des licenses dont l’emplacement n’est pas précisé, sans doute en partie sur la rivière Rouge.

Religions en 1852: 893 de l’église d’Angleterre, 100 de l’église d’Écosse et 1026 de l’église de Rome.

La Compagnie du Chemin de Fer du Village de L’Industrie et de Rawdon a inauguré sa ligne jusqu’au village Montcalm en 1852 et elle a aussitôt présenté une pétition à l’Assemblée pour construire un embranchement jusqu’à l’église de St-Jacques. L’amendement a été examiné par l’Assemblée et aurait été accepté si la compagnie n’avait pas fait faillite avant l’aboutissement du processus législatif.

Après la séparation de Rawdon et Ste-Julienne il y avait 9 écoles avec 350 élèves à Rawdon et 4 écoles avec 76 élèves à Ste-Julienne,

Un rapport de l’inspecteur des écoles donne les détails de la situation avec un total différent de 494 élèves fréquentant les écoles de Rawdon.

Ce rapport à l’Assemblée des dettes actives par le chemin de fer de Rawdon et pour la balance du prix des moulins du Lac Ouareau n’est pas expliqué; la compagnie du chemin de fer avait des difficultés dès sa fondation et les moulins du lac Ouareau sont peut-être ceux de Dorwin et McGill dirigeants de la compagnie.

Statistiques sur les moulins du comté de Leinster issues du recensement de 1851: 5 moulins à farine et 8 moulins à scie à Rawdon tous à eau; 3 et 5 à Ste-Julienne; 2 moulins à scie à Chertsey.

Un rapport géologique à l’Assemblée mentionne quelques moulins sur la rivière Naquoarau; c’est amusant de voir toutes les façons dont le nom de cette rivière a été orthographié. Le moulin à scie de Dorwin était au sud de la limite de Rawdon a St-Liguori vis à vis de la ligne entre les lots 23 et 24; il avait d’autres moulins au village de Rawdon.

Ce tableau des passagers et du fret montant et descendant sur le chemin de fer du Village d’Industrie et Rawdon pour la saison de 1853 est très instructif. Il montre les importations et les exportations qui faisaient l’économie du canton. 1.985.546 pieds de bois scié ont été transportés plus 2.407 perches pour les clôtures et 3 paquets de bardeaux. J. U. Donvin est J.H. Dorwin.

En 1854 une pétition menée par le Lieutenant Colonel John Jefferies a réclamé la démission de l’agent des terres de la Couronne Alexander Daly. Cette pétition fait partie de plusieurs autres que j’ai documentées dans la chronique Crise politique à Rawdon en 1854.

Un autre raport sur les écoles de Rawdon ne compte plus que 5 écoles et fait état de la diversité ethnique et religieuse du canton ainsi que de l’étendue du territoire qui empêchent le bon fonctionnement de ces écoles.

Un autre rapport géologique mentionne une grand masse de quartzite courant à travers le canton notamment sur le lot 20 du 7ème rang chez M. Corcoran.

Sur le lot 27 du 3ème rang chez Alexander Connoly et sur le lot 25 du même rang des sources alcalines ont été observées.

Le rapport d’inspection des écoles en 1856-1857 dénonce l’état d’esprit qui empêche les améliorations; certaines des maisons d’école étaient de vrais bouges et manquaient de meubles.

William Holtby a été instituteur à Rawdon pendant 16 ans et une pension de 18 livres lui a été accordée pour 1858.

Un nouveau rapport dénonce la situation des écoles de Rawdon alors que celles de Ste-Julienne, paroisse pauvre, étaient propres et bien meublées.

L’attribution des lots du canton de Kildare

Le canton de Kildare a été colonisé avant celui de Rawdon car les terres y étaient plus fertiles. Les seigneurs de Lavaltrie ont pu obtenir de nombreux lots dans ce canton et c’est intéressant de constater qu’ils les ont transformés en censives parce que les canadiens-français qui les réclamaient ne voulaient pas les avoir en franc et commun soccage comme les anglophones.

Franc et commun soccage: Système de tenure de propriété, issu du système anglais, qui désigne un mode de concession de terre en pleine propriété, sans rendement attaché aux titres de concession.

Les premiers actes notariés conclus par les seigneurs de Lavaltrie datent de 1809 mais sur ce formulaire datant de 1819 on peut plus facilement lire que la Dame De Lanaudière ayant proposé de vendre et céder le terrain pour une certaine somme d’argent, en franc et commun soccage, le preneur a refusé et a préféré prendre la terre à bail à charge perpétuelle.

Pierre-Paul Marganne De la Valtrie a reçu 6 lots en 1803 mais selon les historiens il en aurait obtenu plusieurs autres grâce à des prêtes-noms.

Le major Beauchamp Colclough et son fils Guy Colclough, agent à Rawdon, étaient actifs dans ce canton, leurs lots sont marqués BAU.

Histoire de St-Ambroise – J.-C. Lapierre

Cette carte de 1862 a été annotée pour y ajouter le chemin de Chertsey en cours de construction. Dans le canton de Rawdon on voit le village au centre et le village de Petit Saint-Esprit (Ste-Julienne) au sud-ouest avec les chemins principaux. Les lots des cantons de Rawdon et Kildare étaient deux fois plus grands que ceux des cantons ouverts par la suite; certains lots de Chertsey ont été tracés horizontalement le long du nouveau chemin et de la rivière Ouareau.

Carte du Québec

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