En 1842 un groupe d’Indiens a déposé une pétition pour obtenir du gouvernement des terres dans les Townships de Rawdon et Chertsey. La liste de ces Indiens et leur pétition ont été conservés aux Archives du Canada. C’était un groupe de Wolastoqiyik de la rivière St-Jean au Nouveau-Brunswick qui s’était d’abord installés à St-Joseph de Maskinongé vers 1820. Ils sont mieux connus au Québec sous le nom de Malécites ou Etchemins.
La Chute-à-Michel sur la rivière Jean-Venne à Chertsey aurait été nommée ainsi en l’honneur de Michel Nicolas qui a été recensé avec sa femme Marie Nicolas près de son emplacement en 1861. Le recensement indique qu’ils étaient indiens sans plus de précision. Michel et Marie Nicolas avaient d’abord été recensés à Rawdon en 1851 et le recenseur avait précisé qu’ils étaient nés à St-Johns, Nouveau-Brunswick, ce qui paraissait très étonnant. Une nouvelle lecture, Autochtones de l’est du Québec (Éditions GID – 2023) de Serge Goudreau, m’a permis de trouver des informations sur leur histoire.
Les Wolastoqiyik ou Malécites de la rivière Saint-Jean
Les Malécites se dénomment «Wulust’Agooga’Wiks», ce qui, dans cette langue de la famille algonquienne, signifie «le peuple de la belle rivière», soit la rivière Saint-Jean. Ils utilisaient également le terme skicinuwok qui dériverait d’une racine signifiant «à la surface (de la terre)». Samuel de Champlain et les premiers missionnaires nommaient Etchemins les habitants des rivières Saint-Jean et Sainte-Croix. Le terme «malécite», apparu en 1650, est d’origine micmaque et signifie «qui parlent mal, avec mollesse». C’est de cette façon que les Micmacs désignaient leurs voisins de la rivière Saint-Jean.
Emmanuel Michaux
Dans son livre Serge Goudreau a documenté l’histoire de 2 bandes de Malécites de la rivière St-Jean qui ont décidé d’immigrer au Bas-Canada au début du 19ème siècle. La première s’est installée temporairement à St-Jean-Port-Joli et la seconde à St-Joseph-de-Maskinongé vers 1820.
Joseph-Marie avait été désigné par leur curé, Louis Marcoux, pour aller collecter les présents du gouvernement au nom du groupe de 56 malécites installés à Maskinongé. Chaque année il se rendait à Montréal recevoir ces cadeaux destinés à aider le groupe à survivre. En 1823 Joseph-Marie représentait 78 individus. Le registre de la paroisse Saint-Joseph de Maskinongé a été numérisé par la BANQ et on retrouve facilement leurs traces. La famille Launière y était déjà arrivée en janvier 1821:
Les registres d’état civil de la paroisse de Maskinongé permettent de constater que cette bande malécite serait demeurée dans cette paroisse entre 1821 et 1827. Quelques patronymes autochtones paraissent dans les registres de Maskinongé, les Bernard, les Denis, les Launière, les Pisanne, les Quatrepattes et les Trenteans.
S. Goudreau
En faisant une recherche rapide j’ai trouvé plusieurs actes de baptêmes, mariages et décès.
En 1823 Marie-Louise, sauvagesse des pays hauts(?), a été baptisée à l’âge de 19 ans.
En 1827 je n’ai plus trouvé de mention de familles autochtones dans le registre de la paroisse. Ces familles étaient très mobiles, par la rivière Maskinongé elles pouvaient monter chasser vers le lac Maskinongé et le haut de St-Gabriel de Brandon.
La tentative d’installation dans le township de Rawdon
Ce groupe malécite ne s’installe pas définitivement dans la paroisse de Maskinongé. Plusieurs familles de ce groupe cherchent plutôt à s’établir dans le township de Rawdon dans la région de Lanaudière. En février 1842, les Indiens du township de Rawdon déposent une requête afin d’y obtenir 1.600 acres de terres. L’interprète du groupe est un Indien du nom d’Ignace Picard, qui intervient pour 15 pétitionnaires… Plusieurs Malécites figurent sur cette pétition, des Denis, des Joseph, des Laporte, des Launière (3), des Neptune et des Nicolas.
S. Goudreau
Serge Goudreau donne les références de ces informations aux Archives du Canada, j’ai été les lire.
Pétition de Michael et John Nicholas, indiens malécites – 23 mars 1840
Michael et John Nicholas affirment qu’ils sont arrivés à Rawdon il y a 19 ans et qu’ils ont été successivement chassés des cabanes qu’ils avaient construites. Ils se sont ensuite installés sur 2 lots qui semblent être les 5 et 6 du 11 ème rang du township de Rawdon il y a 6 ans et depuis 4 ans ils ont construit une maison et ont commencé à défricher et faire des cultures. En fait ce sont les lots 6 et 7 qui étaient occupés. M. Napier secrétaire des Affaires Indiennes aurait déposé une pétition en leur nom à lord Gosford en 1836 pour régulariser les titres de propriété de ces lots. Michael Nicholas a su signer la pétition de son nom:
List of Indians in the Township of Rawdon
Peu avant qu’une autre pétition soit déposée en février 1842 une liste des Indiens de Rawdon occupant des lots de terre a été établie, elle comprend 48 personnes. Michel Nicolas (1 homme 2 femmes), Pierre Nicolas (1 homme, 1 femme, 3 enfants), Joachim Denis (2 hommes, 2 femmes, 1 enfant), Jacques Launière (3 hommes, 4 femmes, 3 enfants), Thomas La Porte (1 homme, 1 femme, 2 enfants), Jacques Pisanne (1 homme, 1 enfant), Pierre Joseph (2 hommes, 1 femme, 3 enfants), Paul Joseph (2 hommes, 1 femme) et Jean Baptiste (1 homme, 1 femme, 1 enfant) étaient amalécites. Ignace Picard (1 homme, 1 femme, 3 enfants) était huron et Louis Dauphiné (1 homme, 1 femme) était abénaquois(?).
Petition of certain Indians of the Townships of Rawdon and Chertsey
En 1842 le canton de Chertsey n’était pas encore ouvert. Les 2 lots occupés dans le canton de Rawdon faisaient 400 acres, les autres 1.200 acres réclamés se trouvaient donc dans le canton de Chertsey situé au-dessus du 11ème rang de Rawdon. Michel Nicolas a encore signé le premier, d’une marque cette fois.
La pétition a été endossée par les curés Paré et Vallé, Amable Archambault, J. Dufresne. Magloire Granger, Z. Cloutier et Modeste Poisson(?), soit plusieurs membres de la Société des Défricheurs de St-Jacques. Un autre document de 1842 donne les noms de Ignace Picar(?), Paul Joseph, Joseph Nicola et Jean Baptiste(?). James McEvoy, Magloire et Marc granger, Ovide et J.-B. Leblanc, Jean-Louis et Cyrille Archambault, A. Dugas et Jos. Vallé curés et Bélonie Fortin ont témoigné que c’étaient d’honnêtes gens et les connaître depuis 2 ans.
Enquête sur les indiens de Rawdon
Un rapport du 22 mars 1842 montre qu’il y a eu une enquête et que les indiens réclamaient les lots 5, 6 et 7 du 11ème rang de Rawdon et les lots 6 et 7 des 3 premiers rangs de Chertsey.
Le rapport mentionne aussi que 2 indiens et leurs familles sèment la discorde dans le groupe et qu’il faudrait les expulser.
Autres documents
En cherchant dans les archives des Affaires Indiennes du Canada j’ai trouvé d’autres documents, un dossier contenant plusieurs pétitions jusqu’en 1845. Il commence à la page 492 et se termine à la page 541.
En 1845 Michel Nicolas a présenté une nouvelle pétition pour obtenir les titres de propriété des lots qu’il avait défrichés. Je vais continuer à chercher pour documenter son histoire mais la recherche dans ces documents est aléatoire; les mots ne sont pas indexés, il faut lire chaque document et ce n’est pas facile.
Dans un contrat notarié de 1856 Michel Nicolas, guerrier malécite, et sa femme Mary ont fait donation de leurs droits sur le lot qu’ils occupaient à Rawdon où ils avaient construit une maison, une grange et autres bâtiments. Le notaire et Magloire Granger étaient francophones ce qui laisse supposer que les Nicolas étaient anglophones. Ils auraient obtenu la possession légale de ce lot le 18 février 1846.
Dans les registres de Rawdon et St-Jacques
Dans son livre S. Goudreau a documenté quelques individus. Nicolas Joseph se serait marié sous le nom de Pierre Nicolas, le 15 octobre 1837 il aurait baptisé un enfant à Rawdon, il fait partie des pétitionnaires de 1842 et en 1846 il habitait sur la Côte Nord. Paul Joseph en fait aussi partie, en 1844 il était à La Malbaie. Joseph Nicolas aurait baptisé un enfant à Rawdon en 1842. Jacques Launière était établi à Rawdon en 1842.
J’ai demandé de l’aide aux historiens de Rawdon pour trouver d’autres informations. Daniel Parkinson (Up to Rawdon) m’a envoyé ces extraits du registre de la paroisse de Rawdon qui n’a pas été numérisé par la BANQ.
Peter Nicholas: On the Fifteenth of October eighteen hundred and thirty seven the undersigned priest have baptized Peter Michael born the twenty fourth of September last of the lawful marriage of Peter Nicholas and Genevieve Lanier [sic] Indians residing in Rawdon. Sponsors Michael St. Nicholas and Sarah Mullin who with the father cannot sign. D. McReavy.
Peter St. Nicholas: On the third of April eighteen hundred and thirty eight the undersigned priest have interred in the cemetery of this parish the body of Peter St. Nicholas who departed this life the day before yesterday aged six months & seventeen days and lawful child of Peter St. Nicholas and Genevieve Lanier [sic] Indians were present Louis Archambault and Michael St. Nicholas who cannot sign. D. McReavy.
Marie Scholastique Nicolas: Aujourd’hui le dix huit Janiver mille huit cent quarante deux nous pretre sousigné avons baptisé Marie Scholastique née le douze (?) Decembre dernier du légitime mariage de Joseph Nicolas sauvage et de Therese Salicorne [sic not legible] de cette mission de Rawdon le parrain a été Jerome Picard et la marraine Ursule Gagnon qui aussi que le pere non signer. Jos. Vallée.
La Société de Généalogie de Lanaudière a publié des répertoires des registres d’état civil des paroisses de Lanaudière. Le registre de Rawdon commence en 1837, le baptême de Peter Nicholas en 1837 et le décès de Peter S. Nicholas en 1838 y sont bien répertoriés. Le baptême de Marie-Scholastique Nicolas a été répertorié à St-Jacques. Voici quelques autres mentions:
- Michel Nicolas Sauvage baptisé le 29 février 1836 à St-Jacques, fils de Jacques Michel et Magdeleine Pierre Michel, témoins Louis Leblanc et Louise Dugas
- François Sovage baptisé le 19 novembre 1839 à St-Jacques, fils de Pierre Joseph et Louise Guilmet de Rawdon, témoins Joseph Mercier et Ursule Gagnon
- Jean-Baptiste Nicolas baptisé baptisé le 1er mars 1840 à St-Jacques, fils Joseph Nicolas et Thérèse Pierre Joseph de Rawdon, témoins Pierre Joseph et Geneviève Jacques, oncle et tante
- M. Louise Joseph baptisée le 20 mai 1841 à St-Jacques, fille de Nicolas sauvage et Geneviève Lornière (de Rawdon), témoins Magloire Granger et Dina Marion
- Le 18 janvier 1842 mariage à St-Jacques entre Louis Dauphiné de Rawdon, fils de Médard SFrs- Que et Agnès Convaque de Rawdon, et Scholastique Picard, fille de Pierre Picard et Hélène Jucharie-Thomas de Rawdon (la transription semble approximative)
- Michel Thomas Laporte baptisé le 23 octobre 1842 à Rawdon, fils de Thomas-Joseph Laporte et Magdeleine Pierre, sauvages, témoins Jean-Louis Archambault et Marie Nicolas
- Louis Denis baptisé le 23 janvier 1843 à Rawdon, fils de Jacques Denis et Catherine Dauphiiné, témoins Thomas Kinshella et Marie Locas
Ce sont des transcriptions et il faudrait pouvoir lire les documents originaux comme pour la paroisse de Saint-Joseph de Maskinongé.
D’autres familles venues de Bécancour
En 2014 Maxime Gohier avait publié une thèse intitulée La pratique pétitionnaire des amérindiens de la vallée du Saint-Laurent sous le régime britanique: pouvoir, représentation et légitimité (1760-1860), j’y ai trouvé ces autres informations à propos des indiens de Rawdon:
À Bécancour aussi, un mouvement d ‘immigration entraîne le départ de quelques-unes des rares familles du village pour la région de Rawdon, au nord de Montréal. Ceux-ci se joignent à quelques Malécites de même qu’à au moins une famille huronne (pour un total d’environ 50 individus) et tâchent d’obtenir, après une vingtaine d’années de «squat», un titre pour une terre qu ‘ils ont mise en valeur.
M. Gohier
Présence amérindienne à St-Jacques
Les historiens de Saint-Jacques de L’Achigan ont fait de brèves mentions de la présence amérindienne sur le territoire avant l’arrivée des colons acadiens.
On sait que les Indiens ou Amérindiens fréquentaient notre région, autrefois. Certains noms de rivières et de ruisseaux attestent encore leur présence.
Dans le premier quart du XIXème siècle, il y en a d’établis à demeure, comme par exemple Pierre Tapetsache, sauvage algonquin dont l’épouse s’appelle simplement Marie-Joseph, son nom de famille n’est pas connu et ils se disent de cette paroisse depuis plusieurs années. Au baptême de leur fille Marie en 1814 Joseph Préjean et Félicité Dupuy sont parrain et marraine.
En 1824 Marie-Suzanne Nanteskau, sauvagesse naturelle de cette paroisse épouse J.-Ls dont la mère est une sauvagesse de Terrebonne.
Une Nouvelle-Acadie – François Lanoue
Le ruisseau Vacher dévalant les contre-forts des Laurentides, desinait mille et un méandres au gré et caprice de la force du courant. Il fournissait une précieuse réserve d’eau potable, de même que ses confluents: le ruisseau du Nord, le ruisseau Noir et le Minongon dont l’identité rappelle une présence indienne, précédant celle des Acadiens.
Ces indiens-Iroquets, de la tribu des Têtes-de-Boule s’acclimatèrent assez bien de la présence des Acadiens. Pendant un demi-siècle, ils cohabitèrent sur le même territoire: les Acadiens s’installant sur les deux rives du ruisseau Vacher, tandis que les indiens avaient déjà leurs campements au ruisseau du Nord ou près du Minongon. Cependant vers 1824, la dernière famille indienne quitta les parages pour rejoindre d’autres nomades campés à Rawdon. Ces derniers s’enfoncèrent de plus en plus dans les réserves forestières du nord, alors que la civilisation les y contraignait.
Le bas du ruisseau Vacher – Thérèse Melançon-Mireault
Dans «Une nouvelle Acadie, Saint-Jacques de l’Achigan» Guy Courteau a écrit que le curé Paré de St-Jacques avait 2 protégés amérindiens habitant les profondeurs de Rawdon, Michel le sauvage et Nica la sauvagesse.
Dans les journaux de l’Assemblée du Bas-Canada on trouve le rapport d’un voyage d’exploration des Laurentides organisé entre Grenville sur l’Outaouais et Trois-Rivières en 1831. Les 25 et 26 octobre le parti a traversé le canton de Rawdon à la hauteur des rangs 7 et 8. Ils ont vu quelques maisons et rencontré des habitants. Un peu plus au nord en traversant la rivière Lac-Ouerreau des indiens qui campaient là leur ont expliqué que la rivière tenait son nom d’un grand lac situé à une demie journée de canotage qui était la source de la rivière du Nord (!) et que les rivières Matawa et Vermillon étaient proches.
Michel le prince indien et sa squaw
En documentant l’histoire de Rawdon j’avais trouvé cet article du journal Vindicator racontant l’inauguration de l’église catholique de Rawdon en 1834. Il se termine par un hommage à Michel the Indian Prince and his wife. Le journaliste précise qu’il a été informé que Michel était un grand chasseur, que lui et sa femme Nicu étaient de bonnes personnes sobres, les seuls indiens habitant le secteur.
Dans la liste des concessions des lots du township de Rawdon on lit que Michel Nicolas (Indian) occupait le lot 7 du 11ème rang au nord du township à la limite de Chertsey sur la rivière Ouareau grâce à une autorisation du gouvernement (O. C. 2388). En accentuant les contrastes on lit à la ligne au-dessus Indians pour le lot 6 avec la date juillet 43.
Dans son carnet d’arpentage du canton de Rawdon rédigé en 1844 James Dingman écrit qu’au 7ème lot il a traversé la rivière Lac Ouareau sur une île pour arriver à: the clearance of an Indian on the 11th range…Au bout du lot 6 il a écrit: end of Indians clearance.
J’ai trouvé dans les Archives du Canada le plan d’arpentage des 2 lots occupés par Mitchal au bord de la rivière Ouareau:
Bien sûr si ils étaient une cinquantaine ils n’ont pas pu tous habiter ces 2 lots, on peut supposer qu’ils habitaient aussi la forêt plus au nord le long de la rivière Ouareau avant que les premiers colons s’y installent. Sur une carte actuelle ce secteur est situé près de la rivière Ouareau en amont du Parc des Cascades derrière le Casse-Croute 125 entre Rawdon et Chertsey.
James Dingman a dessiné un plan des rangs qu’il a arpentés en 1844; sur les lots 6 et 7 du 11ème rang un chemin montait vers Chertsey et Wexford (Entrelacs aujourd’hui), Squatters Road to Wexford.
Dans le recensement de Rawdon en 1851 on trouve les noms de Michel et Marie Nicolas natifs de St-Johns N.-B., catholiques, âgés de 61 et 65 ans; la page suivante indique que ce sont des indiens, les seuls recensés à Rawdon. Il semble que tous les autres indiens aient déménagés ailleurs sauf eux. Ou alors ils ne se sont pas présentés au recensement, ce qui est possible.
En 1853 lors de la construction du chemin du gouvernement entre Rawdon et Chertsey vers le canton de Wexford un guide indien nommé Michel Nicholas avait été engagé par A. Daly pour le guider vers le lac Ouareau.
Michel Nicolas et la Chute-à-Michel de Chertsey
En 1861 Michel et Marie Nicolas ont été recensés à Chertsey comme indiens sur le lot 19 du rang 5. Ils habitaient à côté de Magloire Granger qui a fondé le village de Chertsey avec le curé Paré et la Société des Défricheurs de St-Jacques. C’était le village Lafontaine situé sur la rivière Jean-Venne en aval de la Chute-à-Michel qui doit son nom à un amérindien selon la tradition.
J’ai trouvé dans le registre des sépultures de Chertsey le nom de Marie Nicolas décédée le 24 mars 1864 à 88 ans; les témoins étaient Denis Granger et François Mercier meunier.
J’ai habité sur le site où ont été construits les moulins à farine et à scie de François Mercier et j’ai fouillé leurs vestiges. Je crois avoir trouvé des signes de la présence de ces amérindiens, je pense même qu’ils avaient choisi un site déjà fréquenté depuis longtemps. Ma voisine m’avait raconté que quand elle était petite dans les années 1940 une vieille indienne vivait encore près de la rivière dans une cabane; mais ce n’est peut-être qu’une légende familiale.
La légende amérindienne de la Chute-à-Michel
Transcription Marcel Fournier dans Histoire de ChertseyIl y a de cela bien des lunes, longtemps avant que l’homme blanc ne vienne s’établir dans cette région, une famille de la petite nation des Algonquiens vivait sur les bords d’un lac que l’on appelle aujourd’hui le lac Michel. Tout près de leur campement et à quelques lieues de leur hutte coulait une petite rivière à travers les montagnes.
Un jour le plus jeune des frères de la famille Michel s’aventurait en canot sur la petite rivière pour y pêcher des truites. Sans prendre garde aux conseils de ses frères aînés, il descendit seul la rivière avec sa frêle embarcation faite d’écorce. Puis tout à coup, le courant de la rivière se fit plus tumultueux, mais pour le jeune Indien il était trop tard. Quelques instants après, son canot s’engageait sur les abords de la chute qui faisait rugir ses flots blancs. Le jeune Indien fut englouti dans ce gouffre et on le retrouva sans vie près de son canot déchiré par les roches de la chute. Depuis cet accident qui fut fatal pour le plus jeune des frères de cette famille, cet endroit fut surnommé par les anciens la Chute à Michel.
La Chute-à-Michel se trouve à côté du lac Chantelle qui s’appelait autrefois le lac Michel. Le chemin Michel de Chertsey passe par le lot 19 du rang 5 où habitait Michel Nicolas en 1861. Son nom a été conservé dans la toponymie de Chertsey, son histoire est maintenant un peu mieux documentée.
Campements indiens sur la rivière Ouareau
La présence amérindienne dans la région de Lanaudière est peu documentée. Les arpenteurs ont parfois marqué leur présence sur les cartes qu’ils ont dessinées mais c’est rare. En 1865 Francis P. Quinn de Rawdon a dessiné le plan du Township de Chilton au nord de Chertsey et il a marqué plusieurs campements indiens près du lac Leblanc sur le haut de la rivière Ouareau.
Au-dessus du confluent de la rivière Dufresne avec la rivière Ouareau on voit un campement indien près du chantier de Parker. Sur le lac George il y avait 2 autres campements indiens près des chantiers de Dorwin et Parker. Ils semblaient coopérer avec les marchands de bois de Rawdon en habitant près de leurs chantiers. Le chemin de chantier continuait vers le nord. Dans son carnet d’arpentage de 1859 F. Quinn avait déjà noté la présence de campements indiens sur le lac; ils avaient coupé beaucoup d’arbres.
Sur un plan de 1842 montrant le lac Cloutier à Ste-Béatrix on voit dessinée la Pêche du sauvage Shawagane et son canot près d’une chaussée de castors. Ce sont les seules marques de la présence des amérindiens que j’ai trouvées sur les cartes anciennes de Lanaudière.
Le nom Shawagane semble être d’origine Atikamekw. Le Département des Affaires Indiennes publiait des statistiques et dans cette liste des Sauvages Têtes de Boulle de la mission du St-Maurice qui ont reçu des présents en 1842 on trouve plusieurs noms semblables. C’était leur territoire et les malécites n’étaient pas forcément bienvenus.
Reçu de Monsieur de Niverville dix neuf paquets de butin distribués pour les Têtes de Boul, pour la rivière St-Maurice.
Informations trouvées sur Facebook
Sur une page consacrée à l’histoire de St-Gabriel-de-Brandon j’ai trouvé ces autres informations:
«Cimetière amérindien sur la pointe de la rivière Matambin au bout de la 58ième avenue,des Abénakis et Algonquins y seraient enterrés avez-vous des informations ?»
Voici des renseignements tirés de « St-Gabriel la Perle des Laurentides. » édition 1975, à la page 4
Facebook
«Le lac Maskinongé fut connu à une époque assez reculée. Déjà au XVII ème siècle les Algonquins ( Tête- de-Boule) le traversaient fréquemment en se rendant à Trois-Rivières pour y faire la traite des fourrures. Ils suivaient la chaîne des lacs qui relie la Mattawinie (région de Mattawin) où ils habitaient. au lac Maskinongé puis ils descendaient par la rivière du même nom jusqu’au St-Laurent.
Plus tard, les Abénakis de Bécancour et de St-François suivirent le même trajet, mai en sens inverse, pour se rendre à leur territoire de chasse qui se trouvaient au nord de st-Gabriel-de-Brandon.
Les indiens campaient régulièrement au même endroit; ce campement « relais », était situé côté nord-ouest du lac, à l’est de l’embouchure de la rivière Matambin. A cet endroit aurait existé un cimetière indien, visible en 1875 mais impossible de localiser exactement aujourd’hui ou de vérifier la véracité de cette affirmation.
Tout ce que nous avons conservé des premiers habitants de la région ce sont les noms des deux principales rivières qui alimentent le lac Maskinongé.
MATAMBIN, qui vient de MATOMBAN (lieu d’où l’on s’embarque) et MASTIGOUCHE que les indiens appelaient MATSHIGOSSE et que les anglais ont travesti depuis 1880 alors que fut fondé le club de pêche du même nom. Maskinongé est un mot algonquin qui d’après P. Lemoine vient de MASK(fort) et KINONGE (brochet)
Les écrits commencent à parler des Attikameks au début du XVIIe siècle, alors qu’ils vivaient en Haute-Mauricie dans la forêt boréale. Ils devaient former un groupe de 500 à 600 personnes. Mais les massacres systématiques effectués par les Iroquois au milieu du XVIIe siècle, ajoutés aux épidémies apportées par les Européens, les ont pratiquement éliminés du Haut Saint-Maurice. Le territoire laissé en bonne partie vacant a été par la suite occupé au fil du temps par les Têtes de Boule, un peuple Cri vivant dans le Sud-Est de la Baie James et en Abitibi. Le nom de Tête de boule a aujourd’hui été abandonné pour celui d’Attikamek.
Renseignements tirés de « St-Gabriel la Perle des Laurentides. » édition 1975
je suis en mesure de vous fournir des informations complémentaires concernant la présence et l’identité des Wolastoqiyik que l’on retrouve à Maskinongé, puis à Rawdon. J’ai déjà publié «Les Gardiens des portages-Histoire des Malécites du Québec», paru chez GID, ainsi que différents autres documents concernant ce sujet. Sur le site WEB que je vous signale, allez dans la section Albums de familles, trouvez la Lignée JOSEPH/BRIÈRE, vous allez découvrier que ces gens ont tous des liens de parenté.
Ghislain Michaud