Avant que le Village d’Industrie ne devienne la Ville de Joliette en 1864 un comté avait déjà été nommé en l’honneur de Barthélémy Joliette. Le district du comté de Joliette du recensement canadien de 1861 comprenait la paroisse St-Charles-Borromée, le collège Joliette, le couvent Joliette et les villages avoisinants. Il comprenait aussi le sous-district de Joliette où il n’y avait que des chantiers de bois. C’est un peu mélangeant et j’ai mis du temps à m’y retrouver.
Les recensements canadiens ont été numérisés. Celui de 1861 comporte des commentaires et décrit les établissements industriels, la section finale donne des statistiques agricoles précises sur les cultures et les animaux de ferme.
Description de la paroisse St-Charles-Borromée
La paroisse St-Charles-Borromée comprenait le village d’Industrie et ses alentours, le recenseur Adolphe Magnan en a fait une description.
La paroisse St-Charles-Borromée, désignée comme district de recensement Numéro Un du comté de Joliette comprend le village non incorporé de l’Industrie, est située à douze milles au nord du fleuve St-Laurent et traverse une partie des seigneuries de Lavaltrie, Lanoraie, Daillebout et une partie du township de Kildare; cette paroisse est bornée au sud-est et au sud-ouest par la paroisse St-Paul, au nord-est par les paroisses St-Thomas et Ste-Élisabeth et au nord-ouest par la paroisse St-Ambroise de Kildare, elle comprend les concessions Petite Noraie et une partie de la rivière Rouge, Bois Brûlé, Côte Lavisitation, Ste-Julie, le sud Lachaloupe, les prairies, le Nord-Est de la rivière L’Assomption et Sud-Ouest de la rivière L’Assomption et le dit village d’Industrie; chacune de ces concessions a un chemin de front en bon état et sont reliés entre elles par des chemins de ligne ou routes qui permettent de communiquer facilement, non seulement d’une concession à l’autre mais aussi avec toutes les paroisses circonvoisines et ailleurs. La belle rivière de L’Assomption traverse cette paroisse dans toute son étendue sur laquelle se trouvent de magnifiques pouvoirs d’eau et en grand nombre dont plusieurs sont déjà exploités par des moulins à farine, à scie, à carder et fouler et une fonderie.
La suite est plus difficile à lire, en voici le résumé. La paroisse St-Charles-Borromée est un centre commercial et industriel, il s’y transige des affaires de toutes espèces. Le chemin de fer vers Lanoraie relie la paroisse au fleuve St-Laurent, celui vers Rawdon a malheureusement cessé de fonctionner. Il y a une église en pierres et en bois, le Noviciat des Clercs de St-Viateur en bois, le collège Joliette en pierres, le couvent en bois, un Institut d’Artisans en bois à 2 étages, une bâtisse en pierres de taille en construction pour le Palais de Justice et la prison, 4 moulins à farine, 2 grandes scieries, 1 moulin à carder et à fouler, 3 tanneries, 1 marché en bois, on trouve de la pierre semblable à celle de Montréal, de la terre propre à la brique et des pouvoirs d’eau à exploiter. Dans le recensement on trouve les informations suivantes:
- Prosper Lavoie est recensé comme meunier avec Ludger Lavoie et Joseph Bourque; son moulin à farine est évalué à $12.000; il avait racheté le moulin d’Edward Scallon situé en amont du village près de la maison Antoine Lacombe.
- André et Joseph B. Desrochers avaient un moulin à farine et à scie évalué à $8.000 (à situer).
- Gaspard DeLanaudière un moulin à farine et à scie de $16.000.
- Charlotte DeLanaudière veuve Joliette un moulin à farine et un à carder de $6.800.
- Bazile Trudeau meunier avait un moulin à farine de $6.800 et un moulin à scie de $5.000.
- Edward Scallon avait en stock 1.000.000 de pieds de madriers et de planches.
- La fonderie de Pierre Imbleau était évaluée à $8.690 et la tannerie de Sewel Clements $2.000.
- Pierre Rivard commerçant avait $18.000 de stock, les autres marchands étaient Joseph Boneau(?) $10.000, Jean-Baptiste Chapdelaine $14.000,Narcisse Légaré $2.000, James Crane $12.000, Casimir Guilbault $12.000 et Eusèbe Asselin $6.000.
À la fin du recensement dans la section Agricultural une récapitulation est faite des noms des propriétaires et de la valeur de leur propriété. Cette page fait la liste des biens de plusieurs notables du village d’Industrie: François Papin ($6.000), Corporation Épiscopale ($8.000), Gaspard Delanaudière ($6.800), Edouard Scallon ($5.200), Peter C. Loedel ($6.000), les Clercs de St-Viateur ($12.000), Dame Barthélémy Joliette ($4.000). Peter McGill est recensé pour une propriété de $160, sans doute le pont du train de Rawdon.
Dans les pages intercalaires du recensement il y a parfois des commentaires comme celui-ci sur les 2 églises du village à cette époque.
Il y a aussi un long commentaire sur les mauvaises récoltes de l’année dûes à la sécheresse et aux gelées… Il se termine par un hommage au bon curé le révérend messire Manseau.
Les sous-districts du Collège Joliette et du Couvent Joliette recensent les élèves qui les fréquentaient à cette date avec leur âge. Il y avait 11 élèves du Collège en Philosophie, 13 en Rhétorique, 14 en Belles-Lettres, etc. Il y avait 128 pensionnaires et 165 écoliers externes en tout, les plus jeunes âgés de 5 ans. Et il y avait 203 écolières au Couvent Joliette.
Dans chaque village un notable sachant écrire et compter était chargé du recensement. Le résultat est très inégal et le recenseur en chef se plaint souvent dans des commentaires que ses adjoints écrivent mal ou ne savent pas compter.
Description de la paroisse St-Thomas
Les descriptions des paroisses ressemblent à de la publicité de chambre de commerce: les pouvoirs d’eau très avantageux de la Rivière La Chaloupe à St-Thomas sont surprenants quand on connaît le débit actuel de cette rivière. Dans le recensement on trouve Joseph Laplante cardeur propriétaire d’un moulin à cardes ($800) et moulin à farine ($4.000) et Cuthbert Robitaille d’un moulin à scie ($200).
La paroisse de St-Thomas connue comme district de recensement N°4 du comté de Joliette est de deux lieues de long sur deux lieues de large faisant partie de la signeurie de Lanoraie et Dautrai, est bornée au nord par la paroisse de Ste-Elisabeth, à l’est par Berthier, au sud par Lanoraie et à l’ouest par les paroisses de St-Paul et St-Charles-Borromée.
Cette paroisse est assise sur un terrain supérieurement riche sauf la huitième partie environ qui se trouve sur un terrain sablonneux, néanmoins nous y récoltons du seigle en grande quantité. Cette paroisse comprend: Premièrement; la concession de la Grande Chaloupe où se trouve de riches carrières de pierres à chaux; nous extrayons de la chaux en assez grande quantité pour pouvoir subvenir à la grande dépense que font les habitants de notre comté et même d’un grand nombre de comtés avoisinants (???) dire qu’après celles de Montréal en sont les plus riches carrières de pierres à chaux du Bas-Canada; 2ième La petite Chaloupe; 3ième Grand Brûlé; 4ième Petit Brûlé; 5ième Pompes(?); 6ième St-Thomas le long duquel dernier rang passe le chemin de fer entre l’Industrie et Lanoraie qui donne par le dépôt qu’il y a au village de la paroisse de St-Thomas la grande facilité aux riches habitants de cette paroisse d’exporter leurs produits au superbe (?) marché de l’Industrie pour les y vendre.
Les chemins de front sont très beaux et nous communiquons d’une concession à une autre avec une grande facilité par les chemins de ligne que la municipalité a bien voulu faire tracer. Non seulement il y a des chemins de ligne pour aller d’une concession à une autre dans la paroisse mais aussi des chemins pour aller et revenir par où bon nous semble aux paroisses avoisinantes.
Le nord de cette paroisse étant arrosé par la rivière appelée « Rivière de la Chaloupe » des pouvoirs d’eau les plus avantageux se trouvent sur cette rivière, aussi nous ne manquons pas d’en retirer profit. Un superbe moulin à farine en pierres à deux étages est construit sur cette rivière, un moulin à carder et à fouler, un moulin à scie se trouvent aussi situés sur la même rivière.
Description de la paroisse de Saint-Paul
Maxime Crépeau de St-Félix-de-Valois était le commissaire en charge du recensement pour le comté et il a nommé Louis Antoine Derome marchand de St-Charles-Borromée recenseur pour la paroisse de St-Paul.
La population de St-Paul a décru de 144 âmes depuis le dernier recensement, l’ouverture de nouveaux chemins vers les cantons ayant incité les jeunes à aller s’y établir.
Il y avait 2 gros moulins à farine recensés, celui de Joseph Jarret ($10.000) et celui de Ours Trudeau ($12.000).
St-Ambroise
Les descriptions sont parfois totalement illisibles comme celle de St-Ambroise ce qui est bien dommage. Jean-Baptiste Beauregard y est recensé avec un moulin à farine et à scie ($2.600) et John Dixon un moulin à farine et à scie ($2.400).
Ste-Élisabeth
Celle de Ste-Élisabeth est un peu mieux. Il n’y avait qu’un petit moulin à farine ($800) dans ce village et le nom de son propriétaire meunier est illisible; par contre c’est le seul village du comté où des moulins à battre actionnés par des chevaux ont été recensés (une quarantaine environ).
Ste-Mélanie
À Ste-Mélanie les seigneurs de D’Aillebout étaient propriétaires de plusieurs moulins. C. Mélanie Panet-Lévesque avait un petit moulin à farine ($540) William Berczy et son épouse Amélie Panet avaient un moulin à farine ($1.800), un moulin à scie ($200), le moulin à scie du domaine ($600) et un moulin à avoine ($800), Pierre-Ls Panet un moulin à farine ($2.600) et un moulin à scie ($200). Régis Moreau(?) avait aussi un moulin à scie ($300).
La récaptitulation des statistiques agricoles permet de situer les lots des propriétaires, William Berczy avait de nombreux lots par exemple:
St-Félix-de-Valois
La description du sous-district de St-Félix-de-Valois est aussi difficile à lire. La paroisse de St-Félix faisait partie de 2 comtés, Joliette et Berthier, le recensement ne concerne donc qu’une partie de la paroisse. Alexis Joly possédait un moulin à farine ($2.000), Pierre Poirier (ou Amélie Coutu) un moulin à scie ($1.200) et Antoine Turcotte(?) un moulin à farine et à scie ($4.000).
Il y avait 4 écoles, une dans le village ($1.000), une autre à Castle Hill ($800), les deux autres à Ramsay ($700 chacune).
St-Jean-de-Matha et Cathcart
Ces deux sous-districts situés au nord de Ste-Mélanie et St-Félix étaient encore peu développés. À Saint-Jean-de-Matha il y avait 4 petits moulins à scie, ceux de Pascal Geoffroy ($200), Norbert Durand(?) ($300), Xavier Re(???) ($350) et Liboire Ayotte(?) ($500). Dans Cathcart j’ai relevé Léon (nom illisible) miller, oat meal ($2.000); un moulin à avoine pour nourrir les animaux sans doute.
Le sous-district de Joliette
Le sous-district de Joliette comprenait le nord du comté de Joliette où se trouvaient les chantiers de bois. La ferme d’en-haut appartenant à Edward Scallon était située juste au nord de Cathcart (au nord de St-Côme aujourd’hui) sur la rivière L’Assomption: Mr. Scallon’s clearance.
174 hommes et 17 femmes ont été recensés. Il n’y avait que 3 agriculteurs, Jean-Baptiste Comtois, Louis Arbour et (??) Leprohon; tous les autres hommes travaillaient dans les chantiers de bois. Charles E. Scallon était le responsable des chantiers, Olivier Auger un de ses foremen, Joseph Pelletier était boulanger…
Le cultivateur Leprohon avait un serviteur, il y avait aussi un français avec sa servante mais je ne peux pas déchiffrer son nom ni son occupation.