La promenade longeant la rivière L’Assomption au centre-ville de Joliette passe devant deux barrages. Avant 1823 et la construction des moulins du village de l’Industrie c’était une suite de cascades naturelles dans des rapides qui devaient être très spectaculaires. La rivière a été domptée mais il a fallu reconstruire les barrages plusieurs fois.
Les deux barrages de Joliette
Devant le CEGEP de Joliette il y a un premier barrage sur la rivière L’Assomption; il sert aujourd’hui à créer un bassin pour alimenter une prise d’eau de la ville. Autrefois ce barrage servait à élever le niveau d’une chute naturelle pour fournir de l’énergie aux moulins construits des deux côtés de la rivière.
Ce barrage a été reconstruit plusieurs fois et amélioré. Les eaux de printemps exercent une pression très forte et il a été emporté par le courant. Selon sa fiche technique le barrage actuel a été construit en 1927, il a une hauteur de 4,77 mètre pour une capacité de 650.000 mètres cube. Il a été bâti sur des fondations de roc, un écran de béton à l’amont d’une digue de terre. La ville de Joliette en assure la gestion.
Quand la rivière est basse on voit que le rocher s’élève en pente douce vers le musée situé à gauche. De grandes plaques de rocher qui avaient été détachées pour égaliser le fond de la rivière se sont déplacées et entassées un peu plus bas avec le temps.
La rivière L’Assomption passe ensuite sous le pont Chevalier pour descendre vers le deuxième barrage. Le bassin de retenue qu’il a créé devant l’école des Mélèzes a dompté les rapides qui se trouvaient là.
Le deuxième barrage a été reconstruit en 1942 en béton gravité; il fait 7 mètres de hauteur et appartient à la compagnie 9412-3874 Québec inc. Sa capacité de retenue est de 22.700 mètres cube (650.000 pour le premier). Il n’y avait pas d’obstacle naturel à cet emplacement, le barrage est entièrement artificiel.
Une évaluation de la sécurité du premier barrage est prévue pour 2027 mais il semble ne pas y avoir d’étude planifiée pour le second.
Depuis la première chute la rivière descendait donc des rapides pour venir s’engouffrer entre les dalles de roc sur lesquelles repose le pont des Dalles un peu plus bas.
Sur le dessin de Joliette vue à vol d’oiseau en 1881 on voit des usines des 2 côtés du 2ème barrage. En amont du pont des Dalles les carrières de pierre ont été remblayées et le paysage a complètement changé, le terrain a été aplani pour construire le centre récréatif.
Imaginer les chutes et les rapides en 1823
Le site de ce village est un joli coteau de sable sur ia rive droite de la rivière L’Assomption, une lieue environ au-dessus de l’église et du village de St-Paul, et près d’une chute ou cascade de plusieurs pieds de hauteur, et dont le bruit se fait entendre d’assez loin…
Dans cet endroit embelli par l’industrie et romantique de sa nature, la rivière L’Assomption offre la singularité d’un bassin d’une immense profondeur immédiatement au-dessus du galet à peine couvert d’eau, qui forme la chute du moulin.
La Bibliothèque Canadienne – mai 1829
Cette description aide à comprendre comment le premier barrage a été construit. Il y avait un bassin profond en amont du galet formant la chute sur lequel on pouvait fixer un barrage.
Il n’existe pas d’illustration montrant la première chute avant 1823. Par contre un dessin de 1846 conservé dans les collections de la Société d’Histoire de Joliette montre l’emplacement des rapides où le deuxième barrage a été construit.
À la place des 2 manoirs des seigneurs de Lavaltrie se trouvent maintenant l’école des Mélèzes et le Centre Récréatif Marcel Bonin. Le barrage a été construit pour les moulins de l’usine de papier qui se trouvait en face ou peut-être même avant.
Lors du décès de Pierre Pit Laforest on apprenait qu’il avait reconstruit ce barrage qui avait déjà été emporté deux fois par la crue des eaux. Le barrage actuel construit en 1942 serait donc le quatrième.
La construction des barrages l’intéressait vivement; il en eut quelques uns à son crédit, notamment le barrage Mc Arthur qu’il construisit sur un plan incliné, après que par deux fois il fut emporté par la crue des eaux.
Les moulins de Saint-Paul
Plus en aval sur la rivière l’Assomption des premiers moulins avaient été construits vers 1770 sur une cascade qui est restée plus naturelle même si elle a aussi été aménagée. B. Joliette et ses associés ont choisi d’abandonner ce site pour aménager leurs moulins plus en amont.
En observant le travail qui a été fait pour aménager cette cascade et capter la force du courant on peut imaginer à quoi devait ressembler la chute du village d’Industrie en 1823 quand les premiers moulins y ont été construits.
L’érosion naturelle du rocher se ressemble, après une courbe la rivière arrive contre le rocher à gauche où la force du courant était captée dans un canal le long de la rive. Le rocher sur la rive permettait d’ancrer des bâtiments et faire passer le courant en-dessous pour faire tourner les roues à aubes.
Les couleurs de la rivière L’Assomption
Je me promène souvent le long de la rivière à pied ou en vélo et je prends des photos. Je m’amuse ensuite à les éditer avec un logiciel pour essayer de les améliorer. Voici un montage de photos prises en 2021 et 2022. En 2021 le niveau de la rivière était descendu très bas ce qui permet de bien voir les barrages.
Le premier barrage
Le deuxième barrage
Photos anciennes de Joliette – Musée McCord
On trouve facilement ces photos anciennes sur internet mais les reproductions du Musée McCord ont été numérisées en haute résolution ce qui permet de voir beaucoup de détails:
tres interessant
merci
yves asselin