Catégorie: Histoire de Lanaudière
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Les premiers chemins dans Lanaudière

Pour coloniser de nouveaux territoires il faut d’abord construire des chemins d’accès, pendant longtemps l’état des chemins a été le principal souci des colons. J’ai recherché des cartes anciennes très précises pour essayer de reconstituer la construction des chemins de la région de Lanaudière depuis 1760 jusque vers 1900.

L’atlas de James Murray

La colonisation des terres situées dans ce qui s’appelle aujourd’hui la région de Lanaudière a commencé après celle des terres situées le long du fleuve Saint-Laurent. Dans les cartes dessinées par James Murray pour l’armée anglaise au moment de la conquête on voit que la colonisation se faisait le long des rivières comme la rivière L’Assomption. Les cartes arrêtent à la limite de la forêt qui n’était pas défrichée.

De Repentigny à Lanoraie en 1761

Dans cet atlas on trouve des cartes détaillées des terres colonisées le long du Saint-Laurent, de la rivière L’Assomption et des autres rivières. Les premiers chemins longeaient les rivières.

Sur ces cartes il n’y a qu’entre Repentigny et Saint-Sulpice où des rangs montaient plein nord à travers la forêt vers L’Assomption. À Berthier la colonisation commençait à remonter le long de la rivière Bayonne.

Joseph Bouchette 1815

En 1815 Joseph Bouchette a dessiné une série de cartes du Canada très détaillées pour le gouvernement. Voici la vue générale de la région de Lanaudière en 1815.

Carte de Lanaudière 1815 - J.Bouchette
Carte de Lanaudière 1815 – Joseph Bouchette

Cet ensemble de cartes du Canada dessinées en 1815 est très précis, en consultant le fichier original du district de Trois-Rivières on peut agrandir une portion de la carte pour voir tous les détails des chemins. J’ai agrandi quelques secteurs au maximum.

Le réseau de chemins s’est densifié, le territoire commençait à être quadrillé mais il restait de larges portions de terres libres. Joliette n’existait pas encore et les cantons du nord à Rawdon et Kildare venaient d’être arpentés.

Carte de Lanaudière 1815 - L'Assomption
1815 – L’Assomption

Pour venir de Montréal il y avait le chemin du Roy le long du fleuve ou les deux chemins de chaque côté de la rivière L’Assomption. Tout le territoire autour de Saint-Sulpice était déjà cultivé et de nombreux chemins le parcouraient. À l’ouest des rivières L’Assomption et L’Achigan les terres n’étaient pas encore défrichées.

À Lanoraie des terrains marécageux empêchaient la culture et la construction de chemins dans l’arrière-pays. Le moulin d’Autray sur la rivière Saint-Joseph (pictogramme à droite au bord du fleuve) était alimenté par l’eau des marécages amenée par un canal.

Carte de Lanaudière 1815 - Lanauraie
1815 – Lanoraie

Plus au nord il y avait des chemins jusqu’à Saint-Paul et Sainte-Elisabeth. La ville de Joliette n’existait pas encore. Il y avait un moulin à Sainte-Elisabeth.

1815 – Saint-Paul

Le chemin de Sainte-Elisabeth montait jusqu’à Castle Hill, près du village de St-Félix actuel. Depuis Berthier un chemin montait plus haut que Saint-Cuthbert, jusqu’à Saint-Andrew. Il y avait un moulin en amont de Saint-Cuthbert et un autre sur la Bayonne à la hauteur de Castle Hill.

1815 – Berthier

Les cantons de Rawdon et Kildare avaient été arpentés mais ils n’étaient pas encore habités, les chemins officiels arrêtaient à leur limite. On remarque qu’il y avait le lac Ouareau sur la rivière Ouareau à la hauteur du 3ème rang de Kildare.

1815 – Rawdon

Joseph Bouchette 1831

En 1831 Joseph Bouchette junior a publié une mise à jour de la carte: fichier original.

Lanaudière en 1831 - J. Bouchette
Lanaudière en 1831 – J. Bouchette

La colonisation continuait à se faire en remontant le cours des rivières mais on remarque que certaines seigneuries progressaient plus vite que d’autres. La seigneurie de Lavaltrie dirigée par Barthélémy Joliette était presque complètement habitée et cultivée. Celle de Lachenaie était presque déserte, celle de Lanoraie était seulement à moitié occupée. B. Joliette était un seigneur bâtisseur qui résidait au village d’Industrie au milieu de ses censitaires.

1831 - Joliette
1831 – Joliette

Le village of Industrie comptait déjà plus de maisons que Saint-Paul; les moulins avaient été construits en 1824. Il n’y avait rien de l’autre côté de la rivière dans la seigneurie de Lanoraie. Le chemin principal venait de Saint-Paul par la rive ouest de la rivière L’Assomption. Depuis Saint-Paul on pouvait traverser la rivière avec un bac pour aller à Lavaltrie ou continuer vers Repentigny le long de la rivière L’Assomption.

Le secteur Repentigny – Saint-Sulpice – L’Assomption n’avait pas beaucoup changé. Il n’y avait toujours pas de pont à L’Assomption.

1831 - Repentigny
1831 – Repentigny

Les seigneurs Cuthbert de Berthier et Autray ont développé leurs seigneuries en remontant le long des rivières, il restait encore du territoire à coloniser.

1831 - Berthier
1831 – Berthier

Le canton de Rawdon commençait à se peupler et un chemin montait vers Chertsey. Il y avait plusieurs settlements ethniques: canadiens, irlandais. Le lac Ouareau qu’on voyait sur la carte de 1815 n’existe plus, il a été remplacé par plusieurs moulins mais c’est encore marqué Lac Ouareau à son emplacement. Dans les documents anciens la rivière Ouareau est nommée Lacouareau, c’est peut-être à cause de ce lac plutôt que celui de Saint-Donat!

Au sud les acadiens ont fondé le village de La Nouvelle Acadie et construit des chemins pour coloniser l’arrière-pays.

1831 - Rawdon
1831 – Rawdon

Le village de Kildare était déjà peuplé mais les chemins arrêtaient au pied des premières montagnes des Laurentides.

1831 - Kildare
1831 – Kildare

Quelques terres de Saint-Gabriel de Brandon avaient été défrichées. Un chemin montait depuis Berthier à travers la forêt, un autre suivait la rivière Maskinongé.

1831 - Brandon
1831 – Brandon

Joseph Bouchette 1846

Une autre carte de Joseph Bouchette junior a été publiée en 1846. Elle est moins détaillée mais elle représente tous les chemins principaux de cette époque. Le long de la rivière Ouareau un chemin montait loin au nord. Il a été construit par J.-H. Dorwin pour se rendre à ses chantiers de bois et 2 lieux sont identifiés à son nom. Il n’y avait toujours pas de chemin vers Chertsey, Saint-Émile et Saint-Calixte.

Sainte-Mélanie et Saint-Alphonse avaient des chemins ainsi que le nord de Saint-Félix vers Saint-Gabriel. La ville de Joliette est nommée Saint-Charles-Barome et il y avait des chemins vers Saint-Paul, Saint-Thomas et Saint-Ambroise.

Lanaudière - 1846
Lanaudière – 1846: fichier original

Département des Terres de la Couronne 1882

Les cartes du département des Terres de la Couronne ne sont pas toujours exactes (lire le train de Ste-Émélie) mais elles essaient. On peut suivre l’évolution des chemins de la région de Lanaudière en les observant.

Lanaudière 1882
Lanaudière 1882 – Fichier original
1882 - Joliette
1882 – Joliette

En 1882 des chemins allaient de Chertsey vers Sainte-Marguerite et vers Saint-Donat en passant par Saint-Émile. De Saint-Alphonse un autre montait plus haut que Saint-Come. De Saint-Jean-de-Matha le curé Provost avait ouvert le chemin de la Matavaisie vers Saint-Michel-des-Saints.

1882 - Rawdon
1882 – Rawdon
1882 - Berthier
1882 – Berthier

Département des Terres de la Couronne 1894

En 1894 les chemins n’ont pas beaucoup changé mais on voit qu’il y avait de plus en plus de lignes de train et que Joliette se trouvait au centre du réseau local en développement.

Lanaudière 1894
Lanaudière 1894 – Fichier original
Carte du Québec

1 réflexion au sujet de “Les premiers chemins dans Lanaudière”

  1. Bonjour, super intéressant votre blogue. Suis natif de St-Barthélemy dans Lanaudière, étudié à Berthier et Joliette. J’écris sur l’histoire de mes ancêtres qui ont vécu dans le Bas-de-la-Rivière de Maskinongé et dans la concession du chenal du Nord à Saint-Barthélemy (ancien fief Petit-Bruno) et à l’Île-à-l’Aigle où j’ai toujours un lopin de terre.
    Je me documente entre autres sur la tragédie d’avril 1865 à l’île à l’aigle où existait une petite communauté de six à sept maisons et autant de familles. J’écris davantage des histoires que je travaille sur la généalogie familiale, même si cette dernière est utile pour la première.
    Comme vous le mentionnez en quelque part, les chemins apparaissant sur les cartes sont des plus utiles, pour connaître comment les territoires se sont développés. En terminant pour l’anecdote, j’ai aussi opéré un B&B de 2003 à 2013 dans les cantons où j’habite. Voilà. Cordiales salutations, Roy

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