Un ravage de cerf de Virginie est un écosystème rare et fragile. Chaque année les chevreuils reviennent passer l’hiver à Chertsey; ils y trouvent la nourriture et l’abri dont ils ont besoin pour survivre. Mais le développement va bon train dans le secteur et si la forêt change trop ils pourraient chercher ailleurs.
Le ravage de cerfs de Virginie de Chertsey est grand et semble apprécié des chevreuils qui y reviennent fidèlement tous les ans pour le grand plaisir des résidents. Mais je n’ai qu’à regarder autour de chez moi pour constater que l’habitat et la nourriture dont ils ont besoin se réduisent petit à petit: des maisons se construisent, des terrains sont aménagés. Il va peut-être falloir penser à gérer le territoire en fonction de la survie des chevreuils en hiver car elle ne peut se faire que si il y a assez d’abris naturels et de nourriture facilement accessible.
Guide d’aménagement des ravages
Dans les textes anciens sur l’histoire de Chertsey on ne trouve aucune mention du ravage. Les coupes de bois, le défrichage et les cultures ont modifié le territoire et créé des conditions favorables à la multiplication des chevreuils à la fin du XIXème siècle dans le secteur. C’est un cycle naturel qui évolue.
Le gouvernement du Québec a publié un guide d’aménagement des ravages de cerfs de Virginie pour aider les gestionnaires de ravages; je suppose que quelqu’un au ministère s’occupe de celui de Chertsey. La municipalité publie souvent de belles photos de chevreuils, c’est une des richesses naturelles de Chertsey; mais est-ce qu’elle a un plan de gestion municipal du ravage? Je n’ai rien trouvé. Un ravage ça peut venir et disparaître.
Pendant l’hiver un chevreuil occupe un territoire de 1 Km² environ. Dans une journée il se déplace de quelques centaines de mètres: il économise son énergie. Il doit donc trouver sa nourriture à proximité de son abri.
Caractéristique d’un ravage
Afin de satisfaire ses besoins, le cerf sélectionne son habitat hivernal en fonction des abris et de la nourriture accessibles à proximité l’un de l’autre, dans un mésoclimat propice.
Selon le guide le mésoclimat idéal est constitué des pentes de vallées exposées au soleil (sud-est à sud-ouest), à proximité de cours d’eau d’importance. Les chevreuils cherchent des lieux abrités où la neige sera moins épaisse; les peuplements résineux et mélangés peuvent offrir des microclimats favorables au cerf durant l’hiver.
Typiquement, les cerfs consomment les ramilles (pousses annuelles) des tiges d’essences feuillues qui composent la strate arbustive. Le cerf consomme également les ramilles de quelques espèces de conifères comme le thuya occidental et la pruche. On considère accessible aux cerfs toutes les ramilles situées de 0,5 à 2,25 m du sol lorsque les cerfs sont pleinement confinés à leurs habitats d’hiver.
Afin de minimiser la dépense énergétique, la proximité de peuplements d’abri et de nourriture est un facteur déterminant.
À Chertsey on trouve donc un climat hivernal propice à la survie des cerfs de Virginie, un site naturel où ils reviennent chaque hiver depuis longtemps. D’après l’histoire de Chertsey c’est un secteur qui a été défriché et cultivé en grande partie; le ravage est peut-être très vieux mais il peut aussi résulter de la repousse de certaines espèces forestières particulières. C’est un écosystème fragile de toute façon.
Aménagement d’un ravage
Le maintien de l’habitat implique la continuité de l’effort d’aménagement dans le temps et l’espace. Pour ce faire, il est nécessaire de définir un secteur d’aménagement avec un périmètre fixe pour y planifier les interventions sur de nombreuses années, dans une perspective forestière dynamique.
Aménager un ravage consiste à faire des coupes forestières intelligentes pour aménager des abris et favoriser la disponibilité de nourriture le long des corridors de déplacement. Plus le territoire est morcelé, plus le besoin de couloirs de circulation vers les massifs forestiers est grand. Un territoire habité n’est plus naturel, il doit donc être aménagé comme un parc, la densité de population des chevreuils doit être contrôlée.
La normalisation de l’abri amène indirectement une production soutenue de nourriture. À court terme, le temps d’un hiver, l’aménagement d’un ravage offre une source additionnelle de nourriture grâce aux houppiers dans les parterres de coupe.
Gestionnaires du patrimoine naturel
Le ravage de cerfs de Virginie de Chertsey est une richesse naturelle comme la forêt, les lacs et les rivières. Les responsables élus de la municipalité sont les gestionnaires de ces richesses appartenant à tous. Mais comme on vient de le voir un ravage ça s’aménage et ça s’entretient selon un plan de gestion à long terme. Il y en a peut-être un mais je ne l’ai pas trouvé.
La Chute-à-Michel était aussi une richesse naturelle de Chertsey mais les responsables n’ont pas su la préserver pour la rendre accessible au public; c’est bien dommage. C’est beaucoup de responsabilités la gestion d’une municipalité, sûrement pas facile.