Le 4 août 1856 le conseil municipal de la paroisse de Lanoraie a enregistré son premier règlement conformément aux dispositions de l’Acte des municipalités et des chemins de 1855. C’était pour changer son nom en celui de Village de Joliette:
Le territoire ci-dessus désigné sera à l’avenir, avec les limites qui lui sont ci-dessus assignées et données, connu comme Village non incorporé sous le nom de VILLAGE DE JOLIETTE.
Un canadien modèle Barthélémy Joliette
Le Courrier de St-Hyacinthe a publié la nouvelle le 12 août 1856 dans 2 avis:


Cette prospérité, ce progrès et l’établissement de ce chemin de fer sont dûs pour la plus grande partie, aux généreux sacrifices, au dévouement, au zèle pur et désintéressé, au génie et au patriotisme d’un canadien modèle, feu l’Honorable Barthélémy Joliette.
Dans un autre article du Devoir de 1932 sur l’histoire de Lanoraie le Dr Joseph Ferland raconte qu’en 1856 Lanoraie et le village d’Industrie se sont disputés l’honneur d’immortaliser le nom du bienfaiteur Barthélémy Joliette.
Le Village d’Industrie fondé par Barthélémy Joliette l’a emporté sur le village de Lanoraie, c’est normal.
Mais on comprend mieux l’importance du train Lanoraie-L’Industrie pour le développement de toute la région à partir de 1850. Même une ancienne paroisse du bord du fleuve St-Laurent au nom déjà prestigieux comme Lanoraie voulait honorer celui qui pour tous est resté dans les mémoires comme un bienfaiteur désintéressé.
Barthélémy Joliette était pourtant un seigneur colonisateur plutôt dur en affaires. Il avait certainement un grand charisme et il a réellement transformé sa seigneurie en y mettant toute son énergie. En 1850 le seigneur vivait parmi ses censitaires, sa seigneurie était toute sa vie et il la gérait en bon père de famille. Un père sévère sans doute mais agissant pour le bien général, un canadien modèle.
Les capitalistes d’aujourd’hui ne vivent plus parmi leurs censitaires, ils vivent dans leurs bulles et agissent uniquement pour leur profit personnel.
Lanoraie en 1857
Dans les archives de la BANQ on trouve une très belle carte de la seigneurie de Lanoraye et Dantré datant de 1857. En agrandissant l’image on voit le village de Lanoraye avec son église et le terminus de la ligne de chemin de fer du village d’Industrie sur le quai au bord du fleuve Saint-Laurent:
Dans les archives du fonds Morrisset on lit que l’église qui se trouve près du fleuve sur cette carte a été déménagée en 1864 plus haut sur la rive. Les plans du nouvel édifice sont signés par Victor Bourgeau.


La carte montre la tracé de la ligne de chemin à rails à partir de Lanoraie vers L’Industrie à travers la Grande Savanne. On peut même connaître le nom des propriétaires des terrains traversés.
Complètement à l’est au bord du fleuve vers Berthierville se trouvait le manoir du seigneur d’Autray. L’allée en demi-cercle menant au Manor House est toujours visible sur les cartes satellite. Le moulin seigneurial était à côté; l’eau du moulin était canalisée depuis la Grande Savanne:


On trouve 2 photos d’un manoir dans les archives mais elles ne se ressemblent pas:



Dans le livre Les manoirs du Québec de Raymonde Gauthier on trouve des informations sur ces 2 manoirs. La première photo y est intitulée Manoir D’Autré ou Dautray, Berthierville, elle vient des Archives Notman. Ross Cuthbert hérita de la seigneurie d’Autré et se fit construire ce manoir qui a subsisté jusqu’en 1900.
La seconde photo est intitulée Manoir d’Autray, Lanoraie. C’est un membre de la famille Cuthbert qui construisit ce manoir dont on ignore la situation exacte. Les informations sont maigres: 2 manoirs pour une si petite seigneurie?

Il y avait un autre moulin à farine à l’ouest du village près du fleuve. On remarque que les terres étaient souvent redivisées pour aboutir à de très longues parcelles très étroites:

Dans l’article du Devoir de 1932 cité plus haut il y a un historique de la municipalité de Lanoraie. Alfred Ayotte commence son article en parlant de la vague de prospérité que connut Lanoraie de 1850 à 1875, le train de Barthélémy Joliette a certainement participé à cette prospérité.


On y apprend aussi que les cultivateurs du Petit-Bois-Dautray ont la haute main sur les affaires municipales. Voici encore une photo de la Chapelle Ste-Anne au petit bois d’Autray ou Chapelle des Bonin. Mais c’est après 1856.

