James Cuthbert père est décédé le 17 septembre 1798. Le 4 août il avait rédigé un très long testament pour léguer ses propriétés à ses descendants survivants en 1948. James Cuthbert était propriétaire des fiefs et seigneuries de Berthier, Saint-Cuthbert, Dautray. Lanoray, Maskinongé, New York (Dusblé) et Dorvillier et de la propriété de White Hall près de Montréal et il en a confié la gestion à 7 curateurs chargés d’en prendre soin pendant 150 ans pour les remettre à ses descendants en 1948.
James Cuthbert a légué la jouissance (usufruit) de ses seigneuries à ses enfants en envisageant toutes les possibilités; pour chaque legs il précise à qui il doit revenir si la personne décède, si elle a des descendants, si elle n’en a pas, etc. La pleine propriété de ses biens ne devait revenir à ses descendants que 150 ans après son décès, mais le régime seigneurial a été aboli en 1854 bien avant l’expiration de ce délai; il avait tout prévu sauf ça. Un psychiatre décrirait le rédacteur de ce testament comme un maniaque obsessionnel, je crois.
Will of James Cuthbert 4 august 1798 and Codicil
J’ai essayé de résumer ce très long document en l’interprétant de mon mieux. James Cuthbert nomme d’abord 7 trustees (curateurs) pour veiller à l’exécution de ses dernières volontés: ses 3 fils, Alexander Cuthbert son agent seigneurial nommé par acte notarié demeurant au manoir de Berthier, James Cuthbert lieutenant dans le 60ème régiment en garnison à Chambly, Ross Cuthbert étudiant en droit au Inner Temple de Londres actuellement à Berthier, son ami Elias Boudinot du New-Jersey, John McKindlay, Arthur Davidson et Robert Russell de Montréal. Ils étaient chargés d’administrer conjointement pendant 150 ans ses propriétés pour les remettre à ses descendants en 1948 et en nommant des nouveaux curateurs selon les besoins.
Ces 7 curateurs ou la majorité d’entre eux ou les survivants devront exécuter en bona fide ce qui est écrit dans le testament. Ils payeront mes dépenses funéraires et mes dettes avec mes biens personnels et si je devais mourir ailleurs je veux que mon corps soit amené à la chapelle St-Andrew à Berthier et déposé dans la crypte familiale.
Que mes biens personnels en argent, obligations, hypothèques, arrérages de rentes, blé, bétail ou autre soient placés avec intérêt avec de bonnes garanties pour le paiement des sommes suivantes. À Mary Ann épouse de John William Augustus Romer colonel dans le 60ème régiment, Davida Georgina épouse de George Louis Victor Forneret capitaine du même régiment, Jane épouse de Daniel Nixon lieutenant du même régiment, Marguerite épouse de Thomas Clarke capitaine du même régiment et Maria Clara célibataire chacune la somme de 1.000 livres.
Que Alexander mon fils aîné reçoive le droit to use, occupy, possess and enjoy the rents and profits de la seigneurie de New York (Dusablé), du fief Saint-Jacques ou Chenail du Nord et des parties de Maskinongé et Lornière m’appartenant; à son décès les curateurs en charge de ma succession devront transmettre ce droit à ses enfants à condition de payer à Catherine Betty Isabella Cuthbert épouse de John Antrobus une rente de 20 livres.
Si Alexander décédait sans enfant le droit sur ces seigneuries reviendrait à Ross son frère; si Ross décédait sans enfant il reviendrait à Mary Anne sa soeur; si elle décédait sans enfant il reviendrait à Davida Georgina autre soeur; ensuite à Jane, à Marguerite…
… si elle devait mourir sans enfant il reviendrait à Davida Georgina épouse de George Louis Victor Forneret puis à Jane épouse de Daniel Nixon puis à Marguerite épouse de Thomas Clark…
… puis à Maria Clara to use, occupy, possess and enjoy the same.
Que mes curateurs autorisent le lieutenant James Cuthbert to use, occupy, possess and enjoy les rentes, issues et profits de la seigneurie de Berthier incluant la paroisse de St-Cuthbert avec tous les droits, privilèges et honneurs pour le temps de sa vie.
Il devra payer avec ses rentes, issues et profits à Rebecca Stockton autrement nommée Rebecca Cuthbert [sa 3ème épouse], plus jeune fille de John Stockton de Somerset, New Jersey, une rente de 100 livres par année; Rebecca Stockton recevra les rentes et profits du fief Dorvillier et la propriété de White Hall près de Montréal ma propriété et tout son ameublement; si Rebecca Stockton devait déménager aux États-Unis ou ailleurs en-dehors du Bas-Canada pour s’établir, ma volonté et mon désir sont que ces donations cessent et que Alexander Cuthbert prenne possession et reçoive les rentes et profits du fief Dorvillier ainsi qu’en cas de son décès. Et que sa rente annuelle de 100 livres provenant des rentes de Berthier cesse.
J’ordonne à mes chers curateurs de lui payer alors la somme de 100 livres par année à partir de mes 13 parts dans la Banque Nationale des États-Unis d’Amérique et à la mort de Rebecca Stockton que les 13 parts soient réparties comme suit. 3 parts appartiendront à Catherine Isabella Cuthbert épouse de John Antrobus et après sa mort à son fils aîné James Cuthbert Antrobus ou en cas de sa mort à ses héritiers légaux. À Mary Anne, Davida Georgina, Jane, Margaret et Maria Clara 2 parts chacune et au fils aîné de chacune d’entre elles l’intérêt de la part de leur mère et le capital à leur décès après que la somme de 100 livres pour Rebecca Stockton ait été prélevée de l’intérêt total des 13 parts au cas où elle déménagerait aux États-Unis.
Quoique fasse Rebecca Stockton, la femme esclave noire (negro wench) nommée Margaret et ses enfants seront considérés comme sa propriété.
Si mes revenus personnels ne suffisaient pas à payer les sommes de 1.000 livres à Mary Anne, Davida Georgina et Jane elles devront être payées avec les revenus de la seigneurie de Berthier, à Mary Anne et Davida Georgina une rente de 50 livres par an et je désire que les sommes de 1.000 livres soient placées pour rapporter des intérêts en sécurité et que les rentes de 50 livres soient versées à Mary Anne, Davida Georgina, Jane, Margaret et Maria Clara jusqu’à leur décès et qu’alors le capital soit versé à leurs héritiers. À condition que les époux de mes filles puissent donner de bonnes et suffisantes sécurités à la satisfaction de mes curateurs pour payer la rente de 50 livres à leurs épouses.
Le testament continue sur 21 pages envisageant toutes les situations possibles et imaginables pour sa succession. Si James devait décéder sans héritiers la seigneurie de Berthier reviendrait à Ross, si celui-ci décédait à Alexander, puis à John Cuthbert Antrobus, puis à John Cochrane Antrobus second fils de sa fille Catherine Betty Isabella, puis à sa fille Mary Anne, puis Davida Georgina, puis Jane, puis Margeret, puis Maria Clara.
That my said trustees do permit and suffer the said Ross Cuthbert to use, occupy, possess and enjoy the rents, issues and profits of the seignories of Dautray and Lanoray… Il devra remettre annuellement à Nelly Forrest veuve de Andrew Forrest marchand d’Edimburgh en Écosse la somme de 5 livres. Si les rentes de 50 livres pour Margaret et Maria Clara ne pouvaient pas être payées avec ses placements elles devraient l’être avec les revenus des seigneuries de Dautray et Lanoray. Si Ross devait décéder sans héritier ces seigneuries reviendraient d’abord à Mary Anne, puis à Davida Georgina, Jane, Margaret, Maria Clara.
Je désire et c’est ma volonté que toutes mes seigneuries, manoirs et Lordships, la seigneurie de New-York aussi appelée Dusablé, le fief Saint-Jacques ou Chenail du Nord, Maskinongé et Lornière, les seigneuries de Berthier, Saint-Cuthbert, Dautray, Lanoray et Dorvillier soient administrées selon mes volontés exprimées plus haut et soient continuées de génération en génération pendant 150 ans. Terme pendant lequel il sera illégal d’hypothéquer, charger, vendre ou alliéner aucune de ces propriétés. Toute hypothèque, charge, vente ou alliénation faite pendant ce terme sera déclarée nulle sauf pour accorder un douaire raisonnable ou une rente modérée à un ou des enfants.
Et qu’après la mort de Rebecca Stockton ou son déménagement en dehors de la Province my Plate books (?) et mes meubles reviennent au manoir de Berthier. Que Ross Cuthbert ait l’usage et possession de la terre, habitation, jardin et verger de White Hall. Que Alexander Cuthbert ait l’usage et possession du manoir et du Domaine de Berthier pour 3 ans en versant aux trustees la moitié des revenus du Domaine
La suite est un peu complexe à interpréter. Si une de ses filles devait entrer en possession d’un de ses fiefs ou seigneuries son mari devrait immédiatement prendre le nom de famille Cuthbert et adopter ses armoiries enregistrées au Lyon Office of Scotland en 1774 sous peine d’annulation de la donation.
Si un de mes curateurs refusait d’agir ou décédait ou devait déménager au loin, j’ordonne que les autres nomment une ou des personnes capables pour les remplacer.
Je donne à chacun de mes curateurs 10 livres pour acheter un costume de deuil et 5 livres à Mary Anne, Davida Georgina, Jane, Margaret et Maria Clara; 5 livres aussi au capitaine Pierre Pellans et 5 livres à sa femme et 3 livres à chacun de mes serviteurs. Et que mes curateurs soient indemnisés de toute somme qu’il auraient à payer et qu’il leur soit payé 10 shillings pour chaque journée employée à administrer cette succession avec les revenus de la seigneurie de Berthier.
La fin du testament révoque tous les testaments faits antérieurement et se termine par les formules légales des témoins Alexander Hay et James Woods junior clerc chez Robert Russell; les notaires étaient Maurice-Louis Desdevens de Glandon et J. Joran.
Un codicille a été ajouté pour confirmer que les 13 parts de la Banque Nationale des États-Unis d’Amérique faisaient bien partie de son legs et que la rente à sa femme Rebecca Stockton de 100 livres devait lui être versée même si elle déménageait en dehors de la Province du Bas-Canada.
Le 19 septembre 1798 la dernière volonté, testament et codicille de James Cuthbert ont été ouverts et lus dans la maison de Pierre-Louis Panet officier de justice de sa Majesté en présence de Alexandre, James et Ross Cuthbert, John McKindlay, Arthur Davidson et Robert Russell, 6 de ses 7 trustees et exécuteurs testamentaires, par John Reid prothonotaire. Suivent les signatures des témoins lors de la rédaction du document certifiant qu’il n’a pas été modifié, et les différents enregistrements auprès des autorités judiciaires se terminant le 5 mars 1883 sur papier timbré de la province de Québec.
Catherine Betsey Isabella et John Antrobus
J’ai été surpris dans ce testament de l’absence de la fille aînée de James Cuthbert qui est à peine mentionnée. Dans la page consacrée à John Antrobus du dictionnaire biographique du Canada on lit: le 29 mars 1787, Antrobus avait épousé, à Trois-Rivières, Catherine Betsey Isabella Cuthbert, fille de James Cuthbert et de Catherine Cairns. les nouveaux mariés, résidant alors rue de la Montagne à Québec, reçoivent de Cuthbert une terre située dans la seigneurie de Berthier et deux autres dans celle de Sorel. Quelques mois plus tard, en échange de l’une de ses terres à Sorel, Antrobus obtient du gouvernement, en fief et seigneurie, les ruines des forges du roi dans la basse ville de Québec. Catherine Betsey Isabella avait déjà reçu plusieurs donations de son père.
26 janvier 1788 – Obligation par James Cuthbert à Catherine Betsy Isabella Cuthbert dite Antrobus sa fille lequel a déclaré que dans son testament fait à Québec en 1785 il lègue à sa fille la somme de 600 pounds cours actuel équivalent à 14.400 livres mais qu’il désire la faire jouir dès à présent d’une rente annuelle de 36 pounds formant 864 livres de capital à 6% d’intérêt sur les revenus de la seigneurie de Berthier.
James Cuthbert leur avait donné une très belle terre située sur la rivière Bayonne au bord du St-Laurent qu’ils ont nommée Northfield Farm. Comme ils demeuraient à Québec puis à Trois-Rivières, le 20 septembre 1788 John Antrobus a loué la terre à John Drake agent seigneurial de James Cuthbert pour 3 ans.
7 juillet 1797 – Transport par Catherine Elisabeth Isabella Cuthbert épouse de Jean Antrobus résidant à Trois-Rivières à James Cuthbert d’une terre au chenail du Nord reçue en donation en 1792 qu’elle a voulu vendre sans trouver d’acquéreur pour que son père la rattache au Domaine en échange de la somme de 500 livres.
Les archives du Canada ont conservé de nombreux documents à propos de pétitions de John Antrobus pour des lots dans la basse ville de Québec; il semblerait que James Cuthbert avait acquis ces lots et les avait donnés aux époux Antrobus. Et il avait été aussi méticuleux pour cette donation que dans son testament; voici 3 pages de ce rapport qui en fait une vingtaine, prévoyant toutes les possibilités en cas de décès de sa fille ou de son gendre, leurs enfants, etc.
Les trustees nommés par James Cuthbert
Les curateurs nommés par James Cuthbert étaient ses 3 fils et 4 amis, 1 américain et 3 canadiens, des gens importants. Elias Boudinot était alors directeur de la Monnaie des États-Unis et il avait certainement conseillé J. Cuthbert pour le placement de ses économies à la banque des États-Unis plutôt qu’en Angleterre.
Elias Boudinot (2 mai 1740 – 24 octobre 1821) était membre du Congrès continental, puis du Congrès de la Confédération en tant que délégué du New Jersey. Il en a assuré la présidence en 1782 et 1783. Il fut nommé par le président George Washington au poste de directeur de la Monnaie des États-Unis de 1795 à 1805.
Elias Boudinot
John McKindlay, homme d’affaires, juge de paix et agent de développement foncier, né à Kilmarnock, Écosse, fils cadet de Peter McKindlay, marchand ; décédé célibataire en novembre 1833 à Cathkin Braes, Écosse. En 1777, il s’installa à Montréal et, l’année suivante, il investit £830 dans la traite des fourrures, somme minime comparativement à £24 000 environ, la plus importante mise de fonds faite cette année-là dans ce secteur, par James McGill. Dix ans plus tard, McKindlay investit £4 550, se classant ainsi cinquième comme bailleur de fonds privé. Depuis le début des années 1780, il figurait parmi les premiers fournisseurs des commerçants du Nord-Ouest.
John McKindlay
Arthur Davidson, avocat et juge, né le 12 novembre 1743 dans la paroisse de Kennethmont, Écosse; le 3 mars 1785, il épousa Jane Fraser, fille d’Alexander Fraser et de Jane McCord, décédé le 4 mai 1807 à Montréal. À la différence d’un si grand nombre de praticiens du droit au début du Régime anglais, c’était un avocat de bonne formation, talentueux et consciencieux ; il avait clairement l’intention d’améliorer les normes de sa profession et la qualité du droit, ou, à tout le moins, d’en assurer l’uniformité. En même temps, sur la question fondamentale des relations entre les Britanniques et les Canadiens – ou, peut-être, entre les marchands et les nouveaux colons, d’un côté, et les tenants d’un idéal quasi féodal, de l’autre –, il se rangea de toute évidence du côté de ceux qui cherchaient à résoudre les tensions croissantes, en se faisant l’avocat d’une anglicisation plus intensive du Bas-Canada.
Arthur Davidson
Je n’ai pas trouvé d’information précise sur Robert Russell le dernier trustee de James Cuthbert. Son nom semble être d’origine écossaise comme ceux de Davidson et McKindlay.
Rebecca Stockton troisième épouse de James Cuthbert
Le 21 mars 1786 James Cuthbert et Rebecca Stockton ont notarié leur contrat de mariage. Rebecca était la fille de (?) Stockton juge de la Cour Suprême de la province de Jersey et la veuve de Richard Cochrane du Jersey. James Cuthbert lui a promis un douaire de 375 piastres d’Espagne équivalent à 150 livres d’argent de la Nouvelle York à verser chaque année. Elle aura la jouissance de la moitié du manoir et du jardin ainsi que d’un des pavillons qui sont à côté, le droit de faire pacager sur le Domaine 2 chevaux, 4 vaches et autant de cochons, moutons et volailles qu’elle voudra…
Quand l’aîné de ses enfants du premier lit aura une famille de 3 ou 4 enfants Rebecca devra se procurer un autre logement et il lui sera payé 25 piastres de plus par an; sa pension sera réduite de moitié si elle se remarie à condition de demeurer à Berthier ou ses alentours… Le contrat est signé par les époux, Alexander Cairns beau-frère de James et Alexander Cuthbert et Cuthbert Grant. Le dictionnaire biographique du Canada mentionne un Cuthbert Grant, trafiquant de fourrures, fils de David Grant, de Letheredie (Highlands, Écosse), et de Margaret Grant, décédé à Kaministiquia (Thunder Bay, Ontario) en 1799 et père d’un métis célèbre dans l’ouest canadien.
Un avenant de 1788 a été ajouté lors d’un voyage de James Cuthbert en Europe; le 28 octobre 1788 il avait signé une procuration à Rebecca Stockton pour recevoir les compte de l’agent de ses seigneuries John Drake pendant son absence. Le 11 juillet 1788 James Cuthbert avait constitué John Drake son agent seigneurial pour 3 ans par procuration détaillée en 26 articles; il devait rendre compte à Rebecca Cuthbert en son absence. Le 28 février 1789 Rebecca Cuthbert fondée de procuration de James a proposé à John Drake de le décharger de ses fonctions ce qu’il a accepté; Alexander Cuthbert fils aîné de James était témoin à ces actes notariés.
Le 30 novembre 1803, sous le nom de Rebecca Stockton, veuve, elle épouse John Kay, « housewright », de Berthier. Les témoins sont des inconnus. Le 23 juillet 1807, la Gazette de Québec annonçait la vente de leurs biens par le shérif. Enfin, elle mourut à Berthier le 14 août 1811, âgée de 69 ans, et fut inhumée le lendemain. Aucun Cuthbert n’assistait à la cérémonie.
Edouard Fabre-Surveyer
4 septembre 1809 – Concession par Rebecca Stockton Kay de Berthier à Thomas Dowey docteur à Berthier d’une terre dans le fief Dorvillier ou Antaya. 15 avril 1811 – Procuration par madame Rebecca Stockton Kay de Montréal à James Cuthbert pour qu’il administre ses affaires, en particulier le fief Dorvillier. Le 20 avril Rebecca Stockton veuve de John Kay a concédé à Jean-Baptiste Billy dit St-Louis maître-charpentier une terre de 190 arpents dans son fief de Dorvillier.
8 août 1812 – Testament de l’Honorable James Cuthbert fils qui, selon la volonté exprimée par son père dans son testament de 1798, lègue à Ross Cuthbert tous ses biens meubles et immeubles et notamment le fief Dorvillier qu’il possède par cession et abandon de feue dame Rebecca Stockton.
La famille Stockton aux États-Unis
James Cuthbert père a épousé Rebecca Stockton en 1786 en 3ème noce. Ses fils Alexander et Ross ont aussi épousé des membres de la famille Stockton. James Cuthbert était un officier supérieur de l’armée anglaise lors de la Conquête du Canada mais il avait de nombreux amis chez les américains qu’il a pourtant combattus lorsqu’ils ont essayé d’envahir le Canada en 1775.
La famille de Rebecca Stockton de Somerset au New-Jersey a été importante dans l’histoire de l’Indépendance Américaine, on trouve sur internet une généalogie de 468 pages documentant son histoire. On y retrouve le nom d’Alexander Cuthbert du Canada qui a épousé Susan Stockton décédée en 1821 à Princeton.
15 mai 1810 – Cession par Suzanne Cuthbert veuve de Alexandre à Ross Cuthbert d’une terre à la côte Dautray, une autre au petit bois Dautray; elle a signé Susan.
Elias Boudinot était apparenté à la famille Stockton, il était dévoué à la cause Américaine pendant la Révolution et président du Congrès en 1782. C’était aussi l’ami de James Cuthbert et un de ses trustees chargé de veiller à ses dernières volontés. Le docteur Benjamin Rush était l’ami de Benjamin Franklin, il était membre du Congrès et il a signé la déclaration d’Indépendance. Il était marié à Julia Stockton et sa fille Emily a épousé Ross Cuthbert en 1799.
La femme de Ross Cuthbert, Emily Rush, qui a administré les seigneuries de Lanoraie et Dautray quand son mari a été déclaré inapte juridiquement était la soeur de Richard Rush qui a donné son nom à un traité entre le Canada et les États-Unis après la guerre de 1812, l’accord Rush-Bagot.
Richard Rush was born on August 29, 1780, in Philadelphia, Pennsylvania. He was the second son, and third child, of Benjamin Rush and Julia (Stockton) Rush, daughter of Richard Stockton and Annis Boudinot Stockton. He served as the acting Secretary of State briefly in 1817 and negotiated the Rush–Bagot Treaty, which limited naval forces on the Great Lakes.
Richard Rush
Il y avait d’ailleurs une famille Cuthbert vivant à Philadelphie qui a aussi participé à la Révolution Américaine. Il est presque certain que les Cuthbert de Berthier et ceux de Philadelphie étaient apparentés et se connaissaient. Dans le livre Colonial And Revolutionary Families Of Pennsylvania de John Woolf Jordan (page 462) on retrouve le même historique que celui produit par James Cuthbert de Berthier.
Un acrostiche est un poème dont les premières lettres lues verticalement sont le titre: GeorgeanaCuthbert – Only for the Eye of a Friend: The Poems of Annis Boudinot Stockton
Andrew Jackson était président des États-Unis quand il a signé ce chèque et plusieurs autres conservés dans les archives historiques américaines à un James Cuthbert des États-Unis en 1837.
Il y a eu tellement de James Cuthbert dans l’histoire canadienne comme dans l’histoire américaine que les historiens sont un peu mêlés pour l’attribution de leurs portraits, comme je l’ai démontré à la fin de la chronique: Archives notariées des seigneuries Cuthbert (1821-1850).
Les dernières années de James Cuthbert
James Cuthbert avait mauvais caractère, son notaire depuis son arrivée à Berthier jusqu’en 1788 a été Barthélémy Faribault mais ils se sont chicanés.
Les relations entre Faribault et Cuthbert en vinrent cependant à se détériorer, notamment après que le notaire eut refusé, en 1789, la main d’une de ses filles à Alexander Cuthbert, fils du seigneur. L’année suivante, la situation s’envenima à la suite d’une tentative du notaire visant à dénouer la querelle qui subsistait entre James Cuthbert et Jean-Baptiste-Noël Pouget, curé de la paroisse Sainte-Geneviève-de-Berthier (à Berthierville). Cuthbert, offensé et furieux de l’attitude de Faribault, lui rendit la vie insoutenable, le menaçant même de mort et empêchant ses censitaires d’avoir recours à ses services.
Barthélémy Faribault
James Cuthbert avait acheté la seigneurie de Berthier en 1765 et curieusement la première mention d’un Cuthbert dans le greffe de B. Faribault date du 20 septembre 1765 dans un contrat de mariage où était présent Daniel Culbert demeurant au manoir seigneurial de Berthier et qui a signé Cuthbart; le 9 novembre dans un autre contrat de mariage on trouve la signature de Daniel Cuthbert.
En 1794 et peut-être avant l’agent des seigneuries était Alexander Cairns le frère de la seconde femme de James Cuthbert, Catherine Cairns décédée en 1785.
14 octobre 1795 – Procuration de James Cuthbert à Rebecca Stockton son épouse lui donnant pouvoir de gérer ses seigneuries.
26 février 1796 – Démission par Philippe Veine et son épouse en faveur de Rebecca Stockton épouse et procuratrice de James Cuthbert pour se décharger des arrérages de rentes; les concessions de terres, obligations et autre actes seigneuriaux sont ensuite signés par Rebecca Cuthbert procuratrice de son mari ou Alexander Cairns.
4 juillet 1796 – Donation par James Cuthbert à Jane Cuthbert sa quatrième fille qui a épousé Daniel Nixon d’une rente annuelle de 50 livres et 500 arpents de terre; au décès de son père elle devra se pourvoir auprès de ses exécuteurs testamentaires.
Vers 1797 Alexander Cairns ne figure plus dans les actes seigneuriaux, James Cuthbert administrait ses seigneuries lui-même en concédant les terres et louant ses sucreries.
19 juin 1797 – Concession par l’Honorable James Cuthbert seigneur de Berthier et autres lieux.
6 juillet 1797 – Donation par James Cuthbert à demoiselle Margueritte Cuthbert et Thomas Clarke son futur gendre capitaine du 60ème régiment écuyer de Woolwich dans le Kent en Angleterre; sa cinquième fille étant à la veille de se marier il lui a donné une rente annuelle de 50 livres et 500 arpents de terre à prendre dans les seigneuries.
L’esclavage à Berthier
8 mars 1798 – Agreement between James Cuthbert and George Berthier un jeune homme noir qui avait été donné il y a 6 ou 7 ans à John Burk de Montréal par M. Burk des Antilles et que J. Cuthbert a acheté le 19 octobre 1797. George Berthier étant un bon jeune homme de bonne disposition et semblant heureux dans son changement de propriétaire, J. Cuthbert déclare que si il continue à bien le servir il le libèrera dans 21 ans de son statut d’esclave et qu’il lui versera de l’argent de poche pendant son service, 7 shillings et 6 pence par trimestre.
Après le décès de J. Cuthbert le black boy George a été donné par sa veuve Rebecca Cuthbert au capitaine Forneret son gendre.
1er juin 1798 – Agreement between James Cuthbert and Rebecca Stockton with Margaret their black servant que Rebecca a élevée depuis son enfance; ils lui ont déclaré que comme elle était une bonne servante et si elle continuait ses bons services ils la libéreraient de son statut d’esclave dans 12 ans; elle a remercié son maître et sa maîtresse. Dans son testament James Cuthbert a spécifié que Margaret et ses enfants resteraient la propriété de Rebecca Stockton à son décès.
L’esclavage n’était pas une pratique courante au Québec mais il a existé. Le 29 mars 1787 Jean Lagord a vendu à Pierre Joinville de l’île Dupas une négresse nommée Cynda âgée de 10 ans pour en la qualité d’esclave faire et disposer comme d’un bien à eux appartenant tant qu’elle vivra pour 750 livres. Un avenant du 9 juin 1788 précise que Pierre Joinville et sa femme Marguerite Trullier ont échangé à Jean Lagord la négresse nommée au contrat contre une autre nommée Marie Bulckley; ils ont reçu les écrits concernant la propriété de la dite esclave dont quittance.
Le 9 juin 1788 Pierre Joinville de l’île Dupas et son épouse ont fait donation à leur fille Charlotte, épouse de Louis Olivier marchand de Berthier, d’une négresse nommée Marie Bulckley pour de la dite esclave jouir et disposer. Le 9 février 1789 Jean Lagord et Pierre Joinville sont retournés chez le notaire pour préciser les termes de la vente de Marie Bulckley car en 1785 lors de son achat de Elias Hall il avait été convenu qu’elle devait servir comme esclave pendant 30 ans aux fins de se libérer d’une dette considérable envers son maître. En 1797 Louis Olivier et sa femme ont vendu Marie Buckley à Joseph Gent marin pour 600 livres.
Son nouveau maître a conclu avec elle un accord d’engagement devant notaire pour le servir en qualité de servante pendant 30 ans en échange de quoi il la traiterait humainement, la logerait et nourrirait; à l’expiration de ces 30 ans elle pourrait emporter tout ce qui lui aurait été donné. En cas d’absence elle serait ramenée pour parachever son engagement.
J’ai consulté le livre Deux siècles d’esclavage au Québec de Marcel Trudel pour en savoir plus. Il y a écrit que Louis Olivier a reçu en donation Marie Bulkley qui a accouché d’un enfant en 1792 et qu’il l’a revendue en 1797 (page 301). La dernière vente [d’esclave] que nous connaissons est celle que l’ex-député Louis Olivier conclut en 1797 avec le marin Joseph Gent (page 305).
Les propriétaires d’esclaves avaient engagé Joseph Papineau pour présenter un projet de loi pour protéger leur propriété en 1799 et en 1800 James Cuthbert fils a été nommé président du comité parlementaire chargé d’établir une loi. Avec Pierre-Louis Panet et ensuite Denis Viger il aurait essayé d’abolir l’esclavage su Bas-Canada mais le projet de loi n’a jamais abouti et il n’y a pas eu d’abolition officielle au Bas-Canada, l’esclavage se serait éteint de lui-même faute d’esclaves. L’abolition de l’esclavage en Angleterre en 1833 a fait force de loi par la suite.
Le bourg d’Edwardton dit Berthier
Plusieurs actes notariés nomment le bourg de Berthier Edouardton ou Edwardton en 1798. Le 2 mai dans un protêt de James Cuthbert, Joseph Berry maître tailleur demeurait au bourg d’Edwardton dit Berthier. Le 31 juillet il a convenu d’un accord avec Joseph Berry et son épouse qui habitaient dans la grande Côte de Berthier au village d’Edouardton. En avril 1798 il y aurait eu un gonflement des eaux extraordinaire qui avait enlevé leur maison. Plusieurs déclarations notariées du mois d’avril en témoignent: Louis Aimé député du bureau de la poste de Berthier, Pierre Maugard matelot du bateau le Sans Nom, Pierre Protein capitaine du bateau
L’exécution des dernière volontés de James Cuthbert père
Alexander (né en 1767) et James (en 1769) étaient les 2 premiers enfants de James Cuthbert et Marie Louise Amable Cairns; Catherine Betty Isabella est née en 1770 et a épousé John Antrobus, épicier à Québec puis à Berthier, en 1792; elle serait décédée en 1806 et a été inhumée dans la chapelle Cuthbert. Elle n’est mentionnée qu’une fois dans le testament de son père alors que ses soeurs sont nommées de nombreuses fois.
Ross (1776) était le 8ème enfant de la famille, suivi de Mary ou Maria Clara (1780) et Caroline inhumée dans la chapelle de Berthier avant 1786.
1er juin 1798 – Procuration par James Cuthbert à Alexandre Cuthbert son fils demeurant chez lui pour gérer en son nom toutes ses seigneuries conjointement avec Christophe Frederick Heynemand son sous-agent à qui il a donné une procuration le même jour.
Le 6 juin C.F. Heynemand a commencé à concéder des terres pour James Cuthbert; un avenant a été ajouté à cet acte de concession en 1799 par l’agent Heynemand pour Ross Cuthbert héritier de Dautray et Lanoray dans ses manoirs seigneuriaux.
4 août 1798 – Le jour où il a rédigé son testament James Cuthbert père a loué à bail pour un an à son fils aîné Alexander demeurant tous les 2 au manoir de Berthier toutes ses seigneuries en échange de 5% de leurs revenus. Sa signature tremblante montre qu’il était malade et allait bientôt mourir.
Il est décédé le 17 septembre mais il a eu le temps de rédiger un dernier acte chez son notaire le 18 août pour bâtir un moulin à eau à 2 moulanges sur la rivière Cachée dans sa seigneurie de New York avant la St-Michel prochaine (29 septembre). Le moulin allait effectivement être construit par ses héritiers en 1799.
31 août 1798 – Bail par Marianne McFerland à Alexandre Cairns négociant à William Henry d’une maison sur la grande Côte de Berthier. A. Cairns, frère de Catherine Cairns seconde épouse de James père, avait donc déménagé à Sorel après avoir été l’agent de la seigneurie de Berthier; sa fille Marie Louise Amable a épousé James fils en seconde noce en 1814.
17 octobre 1798 – Procuration par George Ross Cuthbert seigneur de Lanorai et Dautrai résidant à Montréal à Christophe Frederick Heynemand demeurant au manoir de Berthier pour gérer ses seigneuries et propriétés en son nom en qualité d’agent.
Les nouveaux seigneurs héritiers ont dû rapidement répondre aux demandes des habitants des seigneuries désirant obtenir des titres de concession légaux pour les terres qu’ils occupaient ou voulaient occuper.
20 octobre 1798 – Concession par Alexandre Cuthbert seigneur de New York, Lornière et Maskinongé résidant à Berthier à Marie Anne Martin épouse de Pierre Beaupré arpenteur d’une terre de la baye Belair de 120 arents.
6 novembre 1798 – Concessions par C.F. Heynemand agent de Ross Cuthbert à Alexandre Blais de Dorvillier sur le nord-est de la concession St-Joseph dans Dautrai; le 7 décembre à Pierre Trautner de St-Cuthbert au sud-ouest de la rivière de la Chaloupe à Dautrai et à Regis Bruguier de L’Assomption les N°1 et 2 au sud du ruisseau St-Charles à Lanorai tenant à la seigneurie de Lavaltrie.
Les seigneurs possédaient aussi des terres en propriété privée qu’ils pouvaient vendre; ils en achetaient d’autres par transaction ou par leur droit de retrait féodal leur donnant la priorité en cas de transaction entre leurs censitaires.
22 novembre 1798 – Vente par James Cuthbert fils représentant du comté de Warwick au parlement résidant au manoir de Berthier à Gustav Iserhoff docteur en médecine de Berthier d’un terrain de 1 arpent carré joignant le Domaine avec droit de commune qu’il avait acquis en 1796 pour la somme de 1.700 livres et une rente annuelle de 3 livres.
15 décembre 1798 – Bail de sucrerie par C.F. Heynemand agent de Ross Cuthbert à Jean-Baptiste Lambert dit Robillard demeurant à St-Antoine de Berthier de 1.000 arbres à sucre à la Chaloupe du Nord Jersey pour 10 ans pour 100 livres par an; il a réutilisé le formulaire imprimé par James père.
4 janvier 1799 – Vente par Henry Crebassa notaire à William Henry et Louise Ducheny son épouse à Moses Hart négociant de Québec des droits qu’ils possèdaient sur les seigneuries de Masquinongé et Carufel aussi appelée Lornière. Ces seigneuries n’appartenaient donc qu’en partie aux héritiers Cuthbert ce qui a mené à des contestations de la famille Hart.
En 1799 C.F. Heynemand a fait de nombreuses concessions et baux de sucreries et quelques ventes de terrains pour Ross Cuthbert. Il écrivait très bien en français au notaire. Alexandre et James n’ont fait que quelques concessions de terres.
19 janvier 1799 – Procuration par Rebecca Stockton veuve de James Cuthbert à C.F. Heynemand pour administrer la seigneurie de Dorvilliers qu’elle possède en viager.
9 février 1799 – Vente par James Cuthbert à Pierre Xavier Boivin négociant de Berthier d’un emplacement sur la rivière Bayonne avec les bâtiments pour 3.000 livres; le 15 février vente à Martin de Bideguain(?) sur la rivière Bayonne [illisible]; le 16 vente à François Marion au même lieu pour 150 livres.
18 février 1799 – Démission par François Lavanture père à James Cuthbert représenté par son agent Alexandre Cuthbert de la terre N°10 au nord-est du ruisseau Ste-Catherine pour se décharger des cens et rentes qu’il ne peut pas payer.
8 mars 1799 – Concessions par Alexander Cuthbert à Hiacinthe Gayoux(?) et à Luc Bellefeuille de Machiche de terres à la baye Bellaire.
8 mars 1799 – Concession par James Cuthbert représenté par son agent Alexander Cuthbert à Jean Antoine Griffon dit Picard lieutenant de milice de Dorvillier d’une terre sur le cordon de Dorvillier.
27 mai 1799 – Premier de plusieurs baux de sucrerie par James Cuthbert représenté par C.F. Heynemand à Noël Pinceze(?) à Ste-Catherine. Il a aussi réutilisé le formulaire de son père.
3 juin 1799 – Vente par Rebecca Stockton représentée par C.F. Heynemand à Antoine Latour de Dorvilliers d’un terrain de la grande Côte de Dorvilliers pour 300 livres.
19 juin 1799 – Accord entre Alexandre, James et Ross Cuthbert pour le recouvrement des arrérages de cens, rentes, lots et ventes des seigneuries; comme les autres exécuteurs testamentaires de leur père ne voulaient pas s’en mêler ils ont décidé que chacun s’occuperait de sa part d’héritage et en retirerait les profits éventuels.
1er juillet 1799 – Procuration par James Cuthbert résidant à Montréal à C.F. Heynemand pour administrer la seigneurie de Berthier à l’exception des moulins; Heynemand a commencé à faire des concessions et ventes de terres, des baux de sucreries et des retraits féodaux en septembre dans Berthier.
19 novembre 1799 – Vente par Raphaël Barbier à Rebecca Cuthbert seigneuresse de Dorvilliers demeurant à Berthier d’une terre de 2½ arpents de front du Domaine Dorvilliers sur 40 tenant au fleuve St-Laurent et une terre à prendre dans le petit bois sur la rivière St-Joseph pour 5.500 livres; le 22 novembre C.F. Heynemand agent de Rebecca Cuthbert a concédé à Joseph Eno dit Colas une terre de Dorvilliers.
23 novembre 1799 – Protêt par Rebecca Cuthbert seigneuresse douairière de Dorvilliers tant en son nom qu’au nom de toute la famille contre la marquise de St-Aulaire dit Beaupoil demeurant à Berthier: qu’elle eut à me déduire(?) immédiatement les raisons qu’elle a alléguée mal à propos contre la dite dame requérante et la famille et les preuves sur lesquelles elle se fonde dans son avancée tant dans la note qu’elle a écrit à la dite dame requérante que par discours diffamatoire…
J’ai documenté les archives notariées des seigneuries Cuthbert entre 1800 et 1850 dans 2 longues chroniques, voici quelques actes concernant plus spécifiquement la succession de James Cuthbert père après 1800.
En 1800 C.F. Heynemand l’agent de Ross Cuthbert a concédé de nombreuses terres, loué des sucreries et vendu des terres dans les seigneuries de Dautray et Lanoray. James Cuthbert a fait quelques transactions chez le notaire De Glandon et Alexandre presque aucune, ils en ont peut-être fait chez d’autres notaires.
1er février 1800 – Donation par Alexandre, James et Ross Cuthbert à Alexandre Fraser ancien serviteur de la maison de leur père d’une pension de 120 livres, soit chacun 40 livres; Alexandre et James demeuraient à Berthier et Ross à Philadelphie.
22 février 1800 – Vente par C.F. Heynemand agent de Rebecca Cuthbert à Augustin Cottin dit Dugal capitaine navigateur de Dorvilliers d’une terre de sa seigneurie acquise le même jour par retrait féodal contre Dugal.
27 février 1800 – Obligation de Joseph Bidegain dit St-Martin envers la succession de James Cuthbert de 228 livres pour arrérages de cens et rentes reçue par C.F. Heynemand procureur de la masse (le recouvrement des arrérages). On retrouve plusieurs obligations pour la même raison par la suite.
1er mars 1800 – Concessions par Alexandre Cuthbert à plusieurs habitants du chenail du Nord pour régulariser la possession des terres qu’ils occupaient depuis plusieurs années.
5 mars 1800 – Renonciation par Donald Morison et Jeanne Cairns à la succession de James Cuthbert en considération de la somme de 600 livres que leur a remis C.F. Heynemand procureur de la masse de la succession à toute prétention qu’ils pourraient avoir. Jeanne Cairns était la soeur de Catherine seconde épouse de James Cuthbert et d’Alexander Cairns son agent seigneurial.
27 mars 1800 – Bail par Mary MacFarlane à Josiah Farnam d’une ferme tenant au fleuve St-Laurent et à la rivière Bayonne en réservant la maison où habitait Rebecca Cuthbert.
1er avril 1800 – Marché pour la bâtisse d’une maison entre Rebecca Cuthbert et Michel Dufresne entrepreneur de 54 pieds sur 28 sur le Domaine de Dorvilliers; le devis annexé mentionne le Manoir Seigneurial de Dorvillier.
20 novembre 1800 – Protêt par Moses Hart négociant de Trois-Rivières contre Alexandre Cuthbert pour réclamer sa quote-part des revenus de la seigneurie de Maskinongé depuis 1772 comme acquéreur des droits de Henry Crebassa et pour procéder à un partage des terres concédées; lequel a répondu qu’il ne connaissait pas le recquérant et qu’il ne jouissait que de ce qui lui appartenait.
18 mars 1801 – Obligation par Rebecca Stockton veuve de James Cuthbert au docteur Theodore Stein de Berthier qui lui a prêté 600 livres pour l’aider à continuer la bâtisse de sa maison.
25 septembre 1809 – Autorisation pour vendre une propriété provenant de John Antrobus, grand voyer du district de Trois-Rivières de Trois-Rivières, et de feue Catherine-Betsey-Isabelle Cuthbert. Les témoins à l’acte sont Ross et Alexander, oncles, Joseph Badeaux, Ezekiel Hart, Louis Gugy, Amable Berthelot, Etienne Leblanc et James Sinclair, amis.
10 janvier 1821 – Donation par Ross Cuthbert à James Cuthbert junior son fils majeur des seigneuries de Maskinongé et Dusablé ou Newyork; Alexander est décédé en 1810 sans avoir eu d’enfant et ses seigneuries étaient revenues à Ross, gestionnaire nommé par James Cuthbert père dans son testament, plutôt qu’à sa veuve Susan Stockton.
11 septembre 1843 – Déclaration de l’Honorable James Cuthbert fils: son père James Cuthbert dans son testament du 4 août 1798 avait donné à ses enfants la jouissance de tous ses biens pour 150 ans substituant la propriété des dits biens à ceux de ses petits-enfants et descendants qui s’en trouveraient en possession à l’expiration des 150 ans. Pour gérer les biens pendant la dite substitution il avait choisi 7 trustees dont 5 étaient décédés et comme Ross Cuthbert était sous interdiction judiciaire depuis plusieurs années lui James se trouvait seul chargé de l’exécution du testament. Étant avancé en âge James Cuthbert avait choisi son fils aîné Cuthbert James Cuthbert comme nouveau trustee.
22 février 1849 – Nomination de Edmond Romer William Antrobus et Edward Octavian Cuthbert comme trustees conjoints pour exécuter les dernières volontés de James Cuthbert père, Cuthbert James Cuthbert semble être décédé entre 1843 et 1849.
James Cuthbert fils est décédé le 5 mars 1849 au manoir de Berthier.
23 mai 1849 – Protêt par les héritiers de James Cuthbert fils contre Firmin Perrin qui sont possesseurs en qualité d’usufruitiers par indivis de la seigneurie de Berthier selon le testament de 1798 de James Cuthbert père et n’entendent pas maintenir un acte du 11 décembre 1848 conclu par leur père qui n’était pas autorisé à concéder les moulins à carder et à scie de la seigneurie de Berthier. Le même jour Ross Cuthbert seul fidéi-commis survivant nommé par James Cuthbert père en 1798 a aussi déposé un protêt contre Firmin Perrin à la réquisition de Edmond Romer William Antrobus et Edward Octavian Cuthbert ses neveux nommés trustees par James Cuthbert le 22 février 1849.
Les héritiers des seigneuries de Lanoray et Dautray
En 1940 le réglement de l’abolition du régime seigneurial au Québec n’était toujours pas finalisé et une nouvelle loi a été votée. Les titres de propriété ont alors été vérifiés et un document établit toute la chaîne des propriétaires de Lanoraie et Dautraie depuis James Cuthbert père: Titres de propriété et des propriétaires de la seigneurie de Lanoraie d’Autray.
Il est précisé que James Cuthbert père avait donné la seigneurie de Lanoraie et Dautraie à son fils Ross avec substitution en faveur de ses descendants comme dit dans son testament. Ses 3 enfants étaient donc grèvés(?) au premier degré, ses petits-enfants grèvés au deuxième degré et ses arrière-petits-enfants étaient les appelés à la substitution. Les héritiers en 1940 étaient 7 et ils se partageaient des quantièmes de seigneuries:
- Mary Bostwick veuve de V.W.F. Forneret: 201/720
- Emma Laferrière veuve d’Edouard Heneault: 227/1440
- Georges-Alphonse Daviault: 227/1440
- Florestine Bonin: 40/720
- Esdras Bellemare: 66/720
- Crédit Foncier Franco Canadien: 120/720
- Julia Rush Cuthbert épouse de A. Skelton: 64/720
Le testament de James Cuthbert père fait fait partie d’un dossier documentant la cession en 1913 de sa part de ces seigneuries par Albert Ross Cuthbert demeurant à Edmonton, de la police montée du Nord-Ouest, au Crédit Foncier Franco Canadien pour rembourser des emprunts.
Les seigneuries de Lanoraie et Dautraie comprenant les paroisses de St-Thomas, Ste-Elisabeth et St-Félix-de-Valois ou parties d’icelles et la paroisse de Lanoraie, au capitale de 73.328 piastres et 46 centins produisant un revenu annuel à 6% de 4.399 piastres et 71 centins.
Album Viger – Fleurs à l’aquarelle par Julia Cuthbert
Colbert de Castlehill évêque de Rodez (1735-1811)
James Cuthbert prétendait qu’il était apparenté à Colbert et il a signé des actes notariés du nom de Colbert. C’est assez curieux donc de retrouver un site internet français racontant l’histoire d’un évêque français descendant de la famille Cuthbert de Castle Hill, donc de la même famille que James Cuthbert (son cousin ?), et qui avait francisé son nom en Colbert.
Ce site Web est dédié à Seignelay Colbert de Castlehill, issu de la famille Cuthbert de Castlehill près d’Inverness. Un homme de son siècle : il a joué un rôle important en tant qu’évêque et administrateur dans les années précédant la Révolution française et a continué d’exercer une influence lorsqu’il a émigré en Grande-Bretagne.