John Antrobus est arrivé à Québec après la Conquête, il a été un marchand prospère ce qui lui a permis d’épouser la fille de James Cuthbert seigneur de Berthier puis d’obtenir le poste de Grand Voyer du district de Trois-Rivières. Les archives du Canada ont conservé les très nombreuses pétitions qu’il a déposées pour obtenir des terres à Québec, Sorel et Brandon.
La biographie de John Antrobus a été publiée dans le Dictionnaire biographique du Canada mais elle ne raconte qu’une partie de son histoire et il n’existe pas de portrait le représentant.
ANTROBUS, JOHN, marchand et fonctionnaire, né vers 1756, probablement en Angleterre; décédé le 8 mai 1820 à Trois-Rivières, Bas-Canada. En 1779, John Antrobus est établi à Québec où il possède un magasin général dans la basse ville… À titre de marchand, il partage les exigences politiques de la communauté bourgeoise anglophone. Le 29 mars 1787, Antrobus avait épousé, à Trois-Rivières, Catherine Betsey Isabella Cuthbert, fille de James Cuthbert et de Catherine Cairns.
John Antrobus
John Antrobus marchand à Québec
John Antrobus serait arrivé à Québec avant 1779 juste après la Conquête. Il est rapidement devenu un marchand de l’élite coloniale, dès 1783 il a signé une pétition avec un groupe de marchands anglophones de Québec pour creuser à la profondeur de 12 pieds devant les quais de Québec pour faciliter le débarquement des marchandises devant la basse ville.
Les pétitions de John Antrobus auprès du gouvernement sont conservées aux archives du Canada; la recherche « Antrobus » donne de très nombreux résultats, je n’en ai reproduit que quelques unes.
Cette vue du quai du Roi à Québec vers 1837 montre les travaux qui ont été faits pour permettre aux bateaux de s’amarrer devant la basse ville de Québec et les magasins des marchands qui se trouvaient sur les quais devant la rue Champlain.
En 1786 John Antrobus a fait partie d’un autre groupe de marchands qui a déposé une pétition pour demander un droit de pêche exclusif dans la baie des Esquimaux lors de la rédaction du traité de paix entre les États-Unis indépendants et la Grande-Bretagne.
En 1787 John Antrobus avait reçu du gouvernement l’octroi du lot N°204 à Sorel devenu la ville de garnison de William Henry; plusieurs lots de grève (Water lots) avaient été alloués le même jour à des marchands anglophones sur la rive de la rivière Richelieu, un site stratégique pour le commerce vers le lac Champlain et les États-Unis.
Cette autre pétition datée de 1790 a été déposée par Alex. Wilson, John Antrobus, John Walter et George Irwin à Guy Lord Dorchester gouverneur; elle semble montrer que John Antrobus serait arrivé à Québec avant 1777 et la guerre avec les États-Unis. Les loyaux sujets de sa Majesté et bons citoyens voulaient avoir la préséance pour les promotions d’officiers dans la milice.
Le directoire de Québec en 1791 mentionne que la rue Cap Diamant commence au quai de M. Antrobus et finit au quai de M. Dunière sous le cap Diamant.
John Antrobus époux de Catherine Betsy Isabella Cuthbert
John Antrobus a épousé la fille du seigneur de Berthier James Cuthbert en 1787. Dans sa biographie on lit que les nouveaux mariés, résidant alors rue de la Montagne à Québec, reçoivent de Cuthbert une terre située dans la seigneurie de Berthier et deux autres dans celle de Sorel. Quelques mois plus tard, en échange de l’une de ses terres à Sorel, Antrobus obtient du gouvernement, en fief et seigneurie, les ruines des forges du roi dans la basse ville de Québec. En septembre 1788, il acquiert moyennant 2 000# un terrain, avec maison et étable, à Près-de-Ville, au pied du cap Diamant, qu’il rembourse sous la forme d’une rente annuelle de 100#.
J’ai essayé de documenter la biographie de John Antrobus publiée par le Dictionnaire biographique du Canada avec les documents trouvés dans les archives mais ils ils ne concordent pas toujours. Écrire que John Antrobus a obtenu du gouvernement les ruines des forges du roi en fief et seigneurie porte nettement à confusion. Les pétitions qu’il a déposé montrent plutôt qu’il aurait obtenu la concession de ce lot comme censitaire et qu’il a ensuite tenté d’en obtenir les lettres patentes de propriété en franc et commun soccage.
James Cuthbert seigneur de Berthier depuis 1765 avait donné à sa fille aînée et son mari une terre près de son Domaine seigneurial qu’ils ont nommée Northfield Farm; comme ils demeuraient à Québec ils y ont installé un fermier. Le 20 septembre 1788 John Antrobus a loué à bail la terre de Berthier à John Drake agent seigneurial de James Cuthbert pour 3 ans, une terre située au nord-est de la rivière Bayonne tenant à Baptiste Piet avec qui il va avoir une chicane de clôture menant à un très long procès; le dossier de la BANQ documentant le procès fait 154 pages.
Le 7 juillet 1797 Catherine Elisabeth Isabella Cuthbert épouse de Jean Antrobus résidant à Trois-Rivières a transporté à son père James Cuthbert une terre du chenail du Nord à Berthier qu’elle avait reçue en donation en 1792; elle avait voulu la vendre sans trouver d’acquéreur et elle la remettait à son père pour qu’il la rattache à son Domaine en échange de la somme de 500 livres.
Le 25 septembre 1803 John Antrobus Grand Voyer pour le district de Trois Rivières a loué à Jean-Baptiste Marchand maître de poste la ferme de Northfield; se réserve le bailleur le droit d’occuper la maison, laiterie, boulangerie et le clos renfermé par le chemin du Roy et le chemin qui va de la petite rivière à la rivière Bayonne.
Catherine Betsey Isabella son épouse est décédée en 1806. Le 5 septembre 1809 il a demandé une autorisation pour vendre une propriété dans le township de Brandon provenant de John Antrobus et feue Catherine-Betsey-Isabelle Cuthbert au nom de ses enfants mineurs.
Échange d’une terre à Sorel contre des lots à Québec
Un long rapport du gouvernement de 1816 récapitule les nombreuses pétitions déposées par J. Antrobus auprès du gouvernement pour obtenir des terres à Québec puis dans le canton de Brandon. On lit que John Antrobus avait acheté une terre de 3 arpents par 20 à Sorel sur la rivière Richelieu qu’il a échangée le 8 octobre 1788 au gouvernement contre un lot de la basse ville de Québec sur la rue Champlain connu comme les forges du Roi et un lot de grève (Water lot) contigu. Le gouvernement voulait transformer le village de Sorel en ville de garnison sous le nom de William Henry.
Le 21 avril 1788 le Comité du Conseil avait recommandé à Lord Dorchester gouverneur d’accepter son offre d’échanger sa terre de Sorel contre 2 lots à Québec.
Le dictionnaire biographique mentionne que James Cuthbert avait donné 2 terres de la seigneurie de Sorel à John Antrobus et sa femme pour leur mariage. Dans les archives des notaires j’ai trouvé que le 3 novembre 1788 Alexandre Cairns frère de la 2ème épouse de James Cuthbert agissant au nom de John Antrobus avait convenu avec Dugal Cameron de William Henry au nom de son fils absent de céder le bail à ferme de 9 ans qu’il avait obtenu le 5 février 1787 sur un terrain de 3 arpents sur 20 situé près le fort de William Henry joignant de tous côtés aux terrains de sa Majesté pour 15 livres de dédommagement: se soumettant de déguerpir sans difficulté dès et aussitôt que les besoins du service de sa Majesté l’exigeront. Il semble que ce soit ce terrain situé au milieu de terrains appartenant au gouvernement qui ait été échangé.
La suite du rapport de 1826 donne des informations qui semblent contradictoires. On lit que John Antrobus avait vendu le lot de la Forge de Québec à Jacob Danford puis que James Cuthbert, beau-père d’Antrobus, l’avait racheté le 30 juin 1788. Le 4 novembre 1788 James Cuthbert avait ensuite fait donation à sa fille Catherine Betsy Isabella épouse d’Antrobus de l’usufruit et jouissance du lot de la Forge.
Les propriétés de John Antrobus à Québec
Sur le site de la BANQ on trouve 3 plans montrant plusieurs terrains appartenant à John Antrobus à Québec sous le Cap Diamant; le premier daté de 1802 est intitulé Plan d’un lot en eaux profondes concédé à John Munro, dans Champlain au pied du Cap Diamand, entre les propriétés de John Antrobus, il montre 2 lots appartenant à John Antrobus situés entre la falaise du Cap Diamant et le fleuve St-Laurent.
Le second est un plan d’un lot appartenant à John Antrobus, situé dans la Basse-Ville de Québec en 1805; le plan représente seulement le lot mais la description le situe entre le fleuve et une rue projetée, bordé au nord-ouest par un quai bas.
Le troisième est le Plan d’un lot de grève concédé à John Antrobus, situé près de la rue Champlain, communément appelé le King’s wharf daté de 1816. Il avait été concédé devant le lot nommé King’s Forges appartenant déjà à J. Antrobus. Le Saint-Laurent est en-haut et le lot de grève N°8988 concédé est entre la rue Champlain et le fleuve; le lot N°28966 situé de l’autre côté de la rue Champlain appartenait déjà à J. Antrobus.
La description mentionne le lot connu sous le nom de King’s Forges et le Water lot situé en face.
En 1816 John Antrobus réclamait à son Excellence Sir Gordon Drummond que les lettres patentes du Water lot de la basse ville lui soient remises pendant sa vie pour pouvoir les transmettre à ses héritiers; la concession en franc et commun soccage n’avait donc pas encore été officialisée.
Cette vue du port de Québec depuis les remparts de la citadelle montre les quais du Roi et la rue Champlain où se trouvaient les terrains de John Antrobus au pied de la falaise.
Une autre concession de terre dans la seigneurie de Sorel
La seigneurie de Sorel appartenait à sa Majesté le Roi et le Gouverneur avait le pouvoir d’y concéder les terres. En 1795 John Antrobus avait reçu en concession de Guy Lord Dorchester une autre terre de la seigneurie de Sorel N°37 de 4 arpents sur 20 du côté sud-est de la rivière Richelieu.
Sur ce plan de William Henry en 1846 on voit que le lot N°37 concédé à Antrobus se trouvait en-dehors du bourg, en-bas à gauche; il appartenait alors à François Vandal.
John Antrobus grand voyer de Trois-Rivières
John Antrobus a habité Trois-Rivières à partir de 1793, il y avait été nommé Grand Voyer du district: Trois-Rivières possédant déjà une infrastructure routière adéquate, Antrobus procède, sous l’impulsion des habitants, à la mise en place d’un réseau de chemins secondaires reliant l’intérieur des terres au chemin du Roy, en adaptant le tracé aux besoins et aux circonstances. Des travaux assez importants sont entrepris dans la région de Rivière-du-Loup (Louiseville). Sur ce Plan de la ville de Trois- Rivières on voit un lot de terre appartenant à John Antrobus en-haut à droite.
En juillet 1796 John Antrobus et son beau-frère James Cuthbert fils se sont portés candidats à la chambre d’assemblée du Bas-Canada. Ils ont enregistré leur programme électoral chez le notaire de Berthier: ils serviront gratuitement et assidûment, ils s’opposeront à toute taxe sur les biens fonds. métiers et manufactures, en cas d’échec ils rendront des comptes par écrit, ils s’opposeront à ce que la jeunesse de ce pays puisse être incorporée. James Cuthbert a été élu dans le comté de Warwick mais pas John Antrobus.
John Antrobus et le canton de Brandon
En 1792 le canton de Brandon n’était pas encore développé et John Antrobus a déposé une pétition auprès du lieutenant gouverneur Alured Clarke pour y obtenir des lots. Il lui écrit que les terres en arrière de la seigneurie de Berthier appartenant à son beau-père pourraient produire les meilleures récoltes pour y installer des jeunes canadiens et des immigrants d’Angleterre et d’Irlande sur des terres en franc et commun soccage. Il demandait une petite parcelle de 1.000 acres pour lui et ses héritiers en arrière de la rivière Bayonne pour commencer.
Sa pétition a été reçue par le gouvernement le 7 mai 1792 et le 12 mai Hugh Finlay chairman a recommandé sa demande au gouverneur.
Alured Clarke a répondu à la pétition en donnant l’autorisation de faire arpenter les terres vacantes de la Couronne dans le Township de Brandon.
En 1795 les lots n’avaient pas encore été accordés puisque John Antrobus a déposé une nouvelle pétition en son nom et ceux de 39 associés.
La procédure administrative a suivi son cours, la pétition a été déposée le 6 octobre 1795, reçue le 9 et recommandée par Hugh Finlay le 29.
Le 29 février 1796 la liste des appliquants a été référée au Comité des terres et Hugh Finlay a recommandé de l’accepter le 1er mars.
La liste des 39 associés et leur domicile est jointe au dossier; ils habitaient Rivière du Loup (Louiseville), Berthier, Maskinongé, St-Cuthbert, New York (Saint-Barthélémy) et William Henry; Pierre Premont à Ste-Famille sur l’île d’Orléans.
En janvier et février 1796 John Antrobus avait conclu des accords avec ses 39 associés chez le notaire de Glandons de Berthier et chez le notaire Crebassa de Sorel/William-Henry.
Il semble que sa pétition n’ait toujours pas abouti puisque en 1800 il a déposé une nouvelle pétition auprès de Robert Shore Milnes lieutenant-gouverneur. Il rappelle que la décision sur sa pétition de 1795 avait été suspendue pour 6 mois pour examiner les prétentions de M. de Lanaudière sur une partie du township de Brandon qui n’a pas apporté de preuves à sa réclamation. L’arpentage du canton lui avait coûté cher et il avait une nombreuse famille à nourrir, il priait son Excellence d’enfin donner suite à sa pétition.
Il réclamait maintenant des terres dans les townships de Stanstead, Stoke, Clifton, Windsor ou Brandon. Le Comité du Conseil a examiné sa demande et recommandé de lui accorder 1.200 acres, 1.200 à sa femme Catherine Betsey Isabella, et 1.200 à chacun de ses 6 enfants, James, Jones, Cecilia, Edmund, Clara et Georgina.
En 1803 le Comité du gouvernement a fait un autre rapport sur la pétition de M. Antrobus du 25 mars 1803. Il récapitulait l’octroi d’un lot situé près du St-Cuthbert’s wharf formerly the old forges à Québec en échange de son lot de William Henry. Pour sa demande de l’octroi de terres vacantes et d’un lot de grève le Comité ne pouvait pas les recommander car ils avaient déjà été octroyés ou promis mais comme il estimait sa demande justifiée il recommandait l’octroi de terres de la Couronne non concédées au révérend William Antrobus (?) ou toute autre personne que John Antrobus pourrait nommer in trust pour sa femme Catharine Antrobus et ses enfants.
En 1804 nouvelle pétition au lieutenant gouverneur Robert Shore Milnes; il demandait encore l’octroi de lots dans le township de Brandon et les lots contigus à sa propriété de Québec appelée Cuthberts Wharf.
Même si il n’avait pas reçu les lots demandés au gouvernement John Antrobus a agi comme si il en était propriétaire.
Le 29 juin 1809 bail de sucrerie par John Antrobus Grand Voyer de Trois Rivières se prétendant propriétaire du township de Brandon à Pierre Boucher, à Joseph Beaugrand dit Champagne, à François Hypolite Fuzeau dit Rock, etc. de Berthier. En 1815 John Antrobus louait toujours des sucreries dans le township de Brandon dont il prétendait être propriétaire, 250 arbres à Michel Chrétien, 850 à Alexis Houle de Ste-Elisabeth, etc.
J. Antrobus est décédé en 1820 mais en 1821 Jacques Deligny marchand de Berthier et député a témoigné devant l’assemblée législative contre les seigneurs qui refusaient de céder les bonnes terres et préféraient louer des sucreries. Il affirmait que M. Antrobus, beau-frère des seigneurs Cuthbert, louait des sucreries sans posséder aucun droit sur les terres du township de Brandon (et non pas Rawdon).
Le 16 décembre 1815 nouvelle pétition à Sir Gordon Drummond administrateur en chef du gouvernement. Il lui récapitule une nouvelle fois son histoire. Vers 1787 il a échangé un terrain à William Henry contre un lot de la basse ville de Québec nommé King’s Forges et un lot de grève situé à côté sur la rue Champlain. L’échange de terrain aurait été notarié en octobre 1787 et septembre 1788. Mais il avait reçu les lots en fief et avait demandé à Lord Dorchester de les lui accorder en franc et commun soccage mais il n’a jamais reçu les lettres patentes.
Les pétitions ont continué, en 1816 le Comité du Conseil faisait son rapport à Sir Gordon Drummond rappelant l’échange de terres, la donation de James Cuthbert à John Antrobus et son épouse recommandait que des lettres patentes soient émises à leurs enfants John Cochran, Edmund William Romer, Clara Ethelinda, Georgiana Maria et Henry Motz de propriété en franc et commun soccage.
13 avril 1816 pétition pour demander des explications sur les empiètements de Toussaint Potier dans le Township de Brandon.
Le 9 mai 1816 rapport du Comité du Conseil à Sir Gordon Drummond pour approuver l’arpentage et les lettres patentes pour le lot de Québec.
Rapport d’un comité sur les pétitions de John Antrobus N°1 et 2 du 27 mai 1816 daté du 6 septembre 1817. La pétition N°1 réclamait 1.200 acres de terre pour lui et chacun de ses 5 enfants dans le Township de Brandon et 2.400 acres pour 2 de ses enfants décédés. Cette pétition était basée sur un rapport du Conseil de 1801 qui n’avait pas abouti.
Dans la pétition N°2 il réclamait l’octroi de 24.000 acres; en mars 1803 il avait demandé l’octroi de 3 lots de grève dans la basse ville de Québec en considération d’un échange avec le Gouvernements de lots dans la ville de William Henry, le lot des Forges ou quai St-Cuthbert contigu à 2 lots; il avait dernièrement reçu la patente pour le lot des Forges.
Les lots de la basse ville de Québec qu’il réclamait ayant été octroyés ou réservé il pourrait recevoir en compensation 9.600 acres dans le township de Brandon plutôt que les 28.000 qu’il demandait.
Les terres du township de Brandon étant égales aux meilleures de la Province et leur valeur ayant beaucoup augmenté depuis sa première demande 9.600 acres de terre devrait le satisfaire pour ses 2 pétitions.
Cette liste des lots de grève octroyés dans la basse ville de Québec par le gouvernement montre qu’un lot a finalement été octroyé aux enfants de John Antrobus le 20 mai 1818.
L’octroi de lots dans le township de Brandon était compliqué par les prétentions de Toussaint Pothier qui avait racheté les propriétés de M. de Lanaudière, le fief et seigneurie de Maskinongé dont les limites n’étaient pas claires.
L’arpentage du township de Brandon a été complété en 1824 et il montre que le lac Maskinongé a été exclu de son territoire pour être rattaché à la seigneurie de Maskinongé ou de Lanaudière.
John Antrobus était décédé en 1820 et en 1824 son fils Edmund a continué à déposer des pétitions pour obtenir l’octroi de terres dans le township de Brandon.
Le 26 avril 1824 Edmund Antrobus lieutenant priait le Earl of Dalhousie gouverneur de lui accorder des terres en récompense de son service dans la guerre contre les États-Unis en 1812.
Le 24 décembre 1825 le bureau du Surveyor General annonçait que le gouverneur avait ordonné le 29 mars 1824 d’octroyer 1.200 acres à feu John Antrobus et 8.400 acres à Edmund Antrobus. Les lots N°1 à 20 du 1er rang, N°1 à 19 du 2ème rang, N°1, 5 à 12 et la moitié du 4 dans le 3ème rang, soit 48 lots et demi pour 9.600 acres environ.
Le plan du township de Brandon a été dessiné en 1823, les 3 premiers rangs sont contigus à la seigneurie de Berthier qui appartenait à James Cuthbert fils.
Christiane Laurin a publié pour le 150ème anniversaire de St-Damien en 2017 trois volumes de recherches, Saint-Damien se raconte, qui sont particulièrement bien documentés. Elle a écrit que 18.800 acres avaient été arpentés ce qui en faisait un petit canton (14ème sur 16). En 1826 une concession de 9.700 acres avait été attribuée à Edmund Antrobus. En 1823 une autre concession de 1.200 acres avait été allouée à James Cuthbert. Il restait donc 9.404 acres à distribuer en enlevant les réserves de la couronne et du clergé. En 1842 James Cuthbert a vendu 8.800 acres à Louis Massüe qui s’est aussitôt associé à Pierre Brisseau pour acheter les lots Antrobus, 11.600 acres en tout.
Dans la recherche que j’ai faite sur les archives des seigneuries Cuthbert j’avais trouvé ces actes notariés. La famille Antrobus avait acheté au moins un terrain de Brandon avant l’octroi par le gouvernement en 1825:
14 juin 1822 – Obligation par Edmund William Romer Antrobus grand voyer de Trois Rivière à James Cuthbert son oncle pour la somme de 550 livres garantie par tout le terrain lui appartenant dans le township de Brandon et une terre de 130 arpents sur le chenail du Nord et la rivière Bayonne à Berthier.
James Cuthbert a acheté plusieurs lots en plus de ceux qui lui ont été octroyés en 1823:
24 juin 1824 – James Cuthbert a acheté des lots dans le canton de Brandon, le N°22 du 5ème rang et le N°15 du 6ème rang nouvellement arpentés par Joseph Bouchette, pour 2 livres et 10 chelins chaque; le 11 septembre autre achat à Antoine Daigle des lots 15 des 8ème et 9ème rangs pour 3 livres. Le 14 octobre James et John Auldjor(?) ont déposé un protêt contre James Cuthbert pour qu’il leur délivre leurs billets de location pour les lots 20 et 21 du 6ème rang qui a refusé.
18 février 1825 – Cession par George Homerich aubergiste de Berthier à James Cuthbert des lots N°23, 22 et moitié du 21 du 4ème rang de Brandon formant 500 acres accordés par J. Bouchette en 1823; G. Homerich voulait récompenser James Cuthbert de ses bons services en espérant qu’il continuerait. Le 13 mai Alexis Chevrette de St-Culbert lui a vendu la moitié du lot 18 du 6ème rang pour 48 livres.
1 juillet 1826 – Vente par Amable Marchand de Berthier à James Cuthbert des lots 19, 20 et moitié du 21 du 4ème rang du township de Brandon de 500 acres pour 600 livres.
14 juin 1828 – Marché entre James Cuthbert et Antoine Plouffe et Louis Provost de Berthier pour la construction de 23 maisons de 12 pieds carré pièce sur pièce couvertes en caille ou écorce avec une porte et une ouverture de châssis à 4 verres avec une cheminée de 4 quenouilles plantées enduit où ils pourraient se procurer de l’eau facilement sur chaque lot ci-après mentionné, N°7 à 18 du 4ème rang de Brandon et 7 à 18 excepté le 9 du 5ème rang pour 1 livre par maison. En outre de faire un abatis de 4 acres sur chacun des lots 15 à 18 du 4ème rang pour 4 piastres d’Espagne par acre.
James Cuthbert fils avait donc acheté de nombreux lots dans le canton de Brandon situé au nord de sa seigneurie de Berthier mais à la fin de sa vie il a connu de grosses difficultés financières; il a tout revendu en 1841 à Louis Massue. Il est décédé en 1849 en ne laissant que des dettes à ses héritiers.
20 octobre 1841 – Vente par James Cuthbert et son épouse Louise Cairns à Louis Massue bourgeois de Québec de très nombreux lots du township de Brandon formant 8.800 acres pour 2 chelins et demi par acre, soit 880 livres. Le contrat de vente a été signé par James Cuthbert, Marie Louise Amable Cuthbert et Cuthbert James Cuthbert leur fils.
Une requête des habitants de Brandon contre Toussaint Pothier en 1835 donne une liste de noms montrant que beaucoup des premiers colons étaient anglophones: Tobias Fornstall, Charles Armstrong, John Watson, Simon Elliott, John Shercoth, Matthias et David Armstrong, John Hebbard, John Page, etc.
Antrobus est le nom d’un village du Cheshire en Angleterre; c’est aussi le nom d’une famille de baronets, le premier étant Edmund en 1815. John Antrobus du Québec a nommé un de ses fils Edmund et ce n’est pas un nom très usité, ce n’est peut-être pas un hasard. The Antrobus Baronetcy, of Antrobus in the County Palatine of Chester, is a title in the Baronetage of the United Kingdom. It was created on 22 May 1815 for Edmund Antrobus, of Antrobus Hall, Antrobus, Cheshire.
Edmond William Romer Antrobus s’attacha souvent au gouverneur en chef qu’il servait à titre d’aide de camp. Son journal personnel montre toute l’émotion que suscitait la fin du mandat d’un gouverneur…
Dictionnaire biographique du Canada
Le 12 septembre 1866 James McDonel Antrobus bourgeois de Trois Rivières procureur de sa mère Catharine Esther Bréhaut veuve de Edmund William Romer Antrobus, de Archibald Gosford Antrobus son frère de Valleyfield, de Catherine Elisabeth Antrobus épouse de Archibald McDonald de Trois-Rivières, de demoiselle Mary Charlotte Antrobus aussi de Trois-Rivières, de Clara Georgiana Cecile Antrobus épouse de Thomas Frazer Dixon en Grande-Bretagne, a reconnu devoir à Côme Irénée Goulet surintendant du chemin de fer de Joliette la somme de 200 piastres. Il a donné en garantie la coupe de bois des lots N°11, 12 et 13 dans la concession nord-oues du lac Romer dans la seigneurie de Lanoraie tenant au ruisseau Point du Jour qui se décharge dans le lac Romer.