Lavaltrie fête ses 350 ans en 2022. Comme je m’intéresse à l’histoire des moulins de la région de Lanaudière j’ai cherché à connaître l’histoire du moulin banal de Lavaltrie. Il fallait un moulin à farine pour que des cultivateurs puissent venir s’établir dans la seigneurie. Il a été construit en 1715 sur la rivière Saint-Jean, avant l’église.
Recherche sur l’histoire du moulin de Lavaltrie
Pour trouver des informations j’ai d’abord été voir l’histoire de Lavaltrie sur Wikipedia mais je n’y ai pas trouvé grand chose:
Le 350ème anniversaire de Lavaltrie serait une bonne occasion de rédiger un historique de la ville plus complet, c’est un site très consulté.
Sur le site internet de la municipalité de Lavaltrie il y a plus d’information mais rien sur le moulin banal ni le manoir:
Lavaltrie doit son nom à Séraphin Margane, sieur de Lavaltrie, originaire de Paris, lieutenant dans le régiment de Carignan-Salières, à qui l’intendant Talon concéda une seigneurie sur le bord du fleuve Saint-Laurent en 1672. Sous l’administration de son petit-fils, Pierre-Paul Margane de Lavaltrie, le territoire de la seigneurie va s’agrandir jusqu’au Township de Kildare…
Sur le site de la Société d’Histoire et du Patrimoine de Lavaltrie on trouve des informations mais le site est très difficile à consulter, les événements sont classés par mois et il n’y a pas d’outil de recherche.
En allant chercher à la bibliothèque Rina Lasnier je me suis rendu compte que ces illustrations ne sont que des extraits copiés des très beaux livres que Jean Hétu a publiés sur l’histoire de Lavaltrie et ses ancêtres Estu(r). On y trouve des informations beaucoup plus complètes classées chronologiquement. En fait le marché de charpenterie de 1698 a été annulé et le moulin banal a été construit en 1715.
Le ministère de la Culture du Québec a publié un inventaire du Patrimoine archéologique des moulins du Québec en 2010. Il y aurait eu à Lavaltrie un moulin à vent construit au XVIIème siècle puis un moulin à farine et un moulin à scie au XVIIIème. Un autre moulin est inventorié à Lavaltrie-Berthier, le moulin Dansereau; c’est une curieuse information que je n’ai pas pu relier à aucun moulin.
Carte de Lavaltrie en 1760
Les cartes géographiques dessinées en 1760 par les conquérants anglais sont très précises, les bâtiments et les chemins sont représentés mais les moulins ne sont pas identifiés.
La rivière Saint-Jean fait une boucle avant de venir se jeter dans le fleuve Saint-Laurent. Le moulin banal devait se trouver quelque part sur la pointe de terre entre la rivière et le fleuve, peut-être le bâtiment situé près du pont d’aval. Aujourd’hui il se trouverait sur le Chemin du Roy près du pont sur la rivière Saint-Jean d’après Jean Hétu.
En 1760 il n’y avait pas encore d’église à Lavaltrie selon le cartographe, le service religieux se faisait dans la maison du curé. Il a quand même dessiné une église devant l’île de Lavaltrie. Dans son livre Jean Hétu écrit que le manoir a été construit en 1769 et la première église de pierre en 1770. Une chapelle en bois avait été érigée vers 1716, elle avait peut-être été détruite.
Archives du moulin banal
La construction du moulin banal était la première obligation du seigneur, son titre pouvait être révoqué si il tardait à le faire. Il a donc été construit en 1715 dès que la fin des guerres avec les iroquois ont permis la reprise de la colonisation.
Le recensement fait par P. Margane de Lavaltrie en 1725 mentionne une terre appartenant au Sieur de Lavaltrie sur laquelle se trouve un moulin pour faire la farine construit en bois de 40 pieds de long sur 28 de large (J. Hétu).
Dans une requête non datée (1733?) adressée à l’intendant Hocquart, Piere Lavalterie se plaint des dépenses que son domaine seigneurial lui occasionne. Il a dû faire reconstruire son moulin à eau 3 fois déjà depuis 1715. Il demande une compensation, soit une augmentation de sa seigneurie vers le nord qui va lui être accordée.
C’est en 1734 que l’augmentation du territoire de la seigneurie a été accordée. Dans l’acte de concession on lit qu’en 1734 il y avait un moulin à eau et un moulin à vent à Lavaltrie.
Le ministère de la Culture a publié un inventaire du patrimoine archéologique des moulins du Québec. Il y a 3 moulins répertoriés à Lavaltrie: un moulin à vent du XVIIème siècle, un moulin à farine et un moulin à scie du XVIIIème. Le moulin à vent et le moulin à scie semblent avoir disparu de l’histoire de Lavaltrie, c’est la seule information que j’ai trouvée.
Dans un état des rentes et revenus de Lavaltrie pour 1735 à 1737, nous notons que le moulin a rapporté à la famille seigneuriale 63 minots de blé en 1735, 61 en 1736 et 200 en 1737… Comme le seigneur percevait un quatorzième de ce qui était moulu au moulin, il faut conclure que 4.536 minots de blé avaient été moulus au moulin banal durant cette période.
Jean Hétu
En 1749 Pierre Marganne de Lavaltrie s’était plaint que ses censitaires ne nettoyaient pas leur portion de la rivière Saint-Jean ce qui empêchait le bon fonctionnement du moulin. Une ordonnance du gouverneur les obligeait à le faire à la St-Michel sous peine d’amende.
Le 20 mars 1753 le gouverneur Vaudreuil et l’intendant Bigot étant à cours d’approvisionnements réquisitionnent le blé du moulin de Lavaltrie.
Jean Hétu
Les revenus du moulin banal représentaient une bonne part du revenu des seigneurs. En 1769 Pierre-Paul et sa soeur Marie-Louise ont demandé un avis légal pour la répartition de ces revenus. Le seigneur avait droit aux deux tiers et sa soeur à un tiers.
C’est aussi en 1769 que Pierre-Paul Marganne de Lavaltrie a fait construire son manoir seigneurial; le devis des travaux de charpente a été signé le 27 septembre avec Bonaventure Rivière. Après sa mort en 1810 sa fille Susanne-Antoinette de Lavaltrie a hérité de la partie de la seigneurie appartenant à son père, l’autre partie appartenant à la demoiselle Louise Marganne de Lavaltrie. En 1792 Susanne-Antoinette a épousé Charles de Lanaudière. Leur contrat de mariage daté du 15 octobre 1792 a donné lieu à une réunion de famille où tous les invités ont signé le contrat notarié:
Le 20 mai 1783 Jean-Baptiste Chamberland farinier du moulin de Lavaltrie a conclu un acte notarié. Le 25 février 1790 Jean-Baptiste Chamberland était toujours maître-farinier au moulin de Lavaltrie.
Le 3 décembre 1790 mademoiselle Marie Louis Marganne de Lavaltrie a fait donation à son frère Pierre Paul Marganne de Lavaltrie tous ses droits et prétentions du tiers des cens, rentes, domaine, moulins, isles et islets des fiefs et signeurie de Lavaltrie hérités de ses parents.
Le 4 décembre 1797 Pierre Paul Marganne de Lavaltrie a cédé à Régis Bruguier le droit de construire un ou plusieurs moulins à scie exclusivement sur la pointe Argenteuil de la rivière de l’Assomption (vis à vis le club de golf Base-de-Roc à Joliette).
Le moulin banal a fonctionné pendant longtemps mais je n’ai pas trouvé jusqu’à quand. Avant 1798 (?) les seigneurs de Lavaltrie ont construit un nouveau moulin banal à St-Paul. Le compte des revenus de la seigneurie de Lavaltrie, perçus par dame veuve de Lanaudière, suivant les recettes ès-mains de Joseph Édouard Faribault, depuis la mort de dame veuve de Lavaltrie date de 1820 peu avant le décès de madame de Lanaudière, il récapitule les produits des moulins de la seigneurie gérée par le notaire Joseph Edouard Faribault et Barthélémy Joliette.
Le 17 février 1810 la demoiselle Louise Marganne de Lavaltrie a vendu à son neveu Charles Gaspard Tarrieu de Lanaudière une terre bâtie de maison et autres bâtiments ainsi qu’une île sur le St-Laurent nommée la petite Isle de Lavaltrie. Le 8 juin 1810 Pierre Paul Marganne de Lavaltrie, malade de corps mais sain d’esprit, a rédigé son testament peu avant de décéder, faisant de sa fille Marie-Antoinette épouse de Charles de Lanaudière sa légataire universelle. Le testament précise qu’il détenait la moitié des revenus de la seigneurie et moulins en dépendant; la dame DeLavaltrie aura l’entière gestion et administration des dites Seigneuries.
Charles Gaspard Tarieux Taillant de Lanaudière a rédigé son testament le 26 mai 1812 avant de décéder le 7 juin. Le 30 juin 1812 Louise Lacorne de Chapt veuve de Pierre Paul DeLavaltrie et sa fille Marie-Antoinette Marganne veuve de Charles DeLanaudière ont alors donné procuration au notaire de L’Assomption Joseph-Edouard Faribault pour gérer et administrer leurs biens. Elles ont signé un bail le même jour avec le notaire Faribault pour lui confier la gestion d’un moulin à farine en très mauvais état situé sur la rivière L’Assomption en la paroisse de St-Paul.
En 1815 Joseph Bouchette a dessiné de nouvelles cartes pour le gouvernement. Sur cette carte l’église de pierre de Lavaltrie est dessinée au bord du fleuve; le manoir seigneurial se trouvait à côté. Le moulin à eau est représenté par une petite roue située au croisement du Chemin du Roy et de la rivière St-Jean (St-John’s). Sur cette carte la rivière coule directement vers le fleuve sans faire une boucle.
Dans la Description topographique du Bas-Canada paru la même année il précise qu’il y avait un moulin à farine et un moulin à scie sur la rivière La Valtrie (Saint-Jean).
Le 8 janvier 1822 un bail a été accordé par Dame Susanne Marganne DeLavaltrie à Louis Jérémy Brô pour lui permettre de construire un moulin à scie sur la rivière St-Jean à l’endroit où un moulin était déja érigé. Le 11 janvier 1822 un acte notarié signale un moulin à cardes qui aurait été construit dans la paroisse St-Antoine de Lavaltrie par Pierson Richardson de L’Assomption grâce au financement de Martin Strong Parker, docteur en médecine; celui-ci était aussi impliqué dans le moulin à cardes de St-Roch et le moulin à scie de Philemon Dugas à Rawdon.
Susanne Antoinette Marganne de Lavaltrie est décédée le 22 avril 1822 à Lavaltrie, l’inventaire de ses biens a été fait le 13 mai. Le 12 juin 1822 ses héritiers Pierre-Paul deLanaudière, Barthélémy Joliette et Charles-Peter Loedel ont conclu un marché avec David Cleveland père pour la réparation du moulin à farine banal de la seigneurie de Lavaltrie.
En 1829 les nouveaux seigneurs de Lavaltrie ont fait un aveu et dénombrement de leur seigneurie. Dans la paroisse St-Antoine de Lavaltrie il y avait un manoir seigneurial, une église, un moulin à farine à deux moulanges et un bluteau et un moulin à scies.
Le village de Lavaltrie ne comprenait que 4 habitations alors que le village de L’Industrie comprenait déjà plusieurs rues et de nombreuses habitations.
Le 8 septembre 1830 Pierre Généreux et François Urbain Montferrant inspecteurs de fossés et clôtures de Berthier requis par Jean-Baptiste Lesage de Lavaltrie ont rédigé un procès verbal pour faire nettoyer les rivières St-Jean et St-Antoine après s’être transportés au moulin de Lavaltrie où étaient assemblés les intéressés. Une longue liste de propriétaires le long de la rivière St-Antoine était chargés d’élargir la rivière à 15 pieds et creuser pour l’écoulement des eaux; la rivière St-Jean qui vient se jeter dans la rivière St-Antoine devait être élargie à 10 pieds.
Autres archives notariées
J’ai découvert après avoir rédigé cet article un document PDF rédigé par Jules Guérard, une retranscription des actes notariés anciens concernant les moulins du Québec. Voici quelques informations suplémentaires concernant les moulins de Lavaltrie:
16 août 1698 – Marché de maçonnerie, suivi de l’annulation (24 août 1698) entre Jean Mars, Pierre Anger dit Paquet et Jean Gibault, maître meunier. notaire Bénigne Basset dit Deslauriers, no-2477
Maçonnerie de la tour d’un moulin à vent pour Jean Gibault maître-meunier (page 1001)
31 mars 1715 – Marché de construction d’un moulin à eau sur la terre et seigneurie de Lavaltrie entre Louise Bissot, veuve de Séraphin Marganne de Lavaltrie, écuyer et capitaine d’une compagnie des troupes du détachement de la Marine, assisté de Paul Dailleboust de Perrigny, écuyer et capitaine d’une compagnie des troupes du détachement de la Marine et de Pierre de
Marganne de Lavaltrie, écuyer et officier dans les troupes du détachement de la Marine, son
fils, et Léonard Paillé dit Paillard, maître charpentier de moulins, de la ville de Villemarie.
notaire Michel Lepailleur de Laferté, no-1987
ledit sieur Paillard promet et s’oblige faire pour ladite dame un moulin a eau fait et parfait faisant farine sur la terre et seigneurie de Lavalltrie le batiment duquel aura trente six pieds de long sur vingt six de large et neuf pieds de quarré, le tout de bon bois avec un bon comble bien lié les poteaux a bonne distance les uns des autres les poutres parreillement avec les liens guettes et autres choses necessaires faire tous les mouvements dudit moulin harnois rouets fusées rouës arbre lit # tremie auget et huche # et generallement touttes choses necessaires de bon bois ainsy qu il se pratique faire ecluze et chemin de eau le tout bon bien fait solide pour conduire l eau a la roüe…
page 4983
1er octobre 1715 – Permission de droit de moulin par Louise Bissot, veuve de Séraphin de Margannes, écuyer, seigneur de Lavaltrie et capitaine d’une compagnie des troupes du détachement de la marine, à Pierre de Margannes de Forest, écuyer, son fils. notaire Michel Lepailleur dit Laferté, no-2140
donné accordé a conceder au di Pierre de Marganne escuyer sieur des Forest son fils pour luy ses hoirs et ayans cause a l avenir le droit de faire batir un moulin a eau sur la terre qu il a relevée dudi Cottu d auparavant appartenant au sieur Fransois Gibault pour dudi droit de moulin jouir par
page 4914
ledit sieur des Forest en l autre proprietté a pepetuité ses hoirs et ayans cause # a l exclusion de tous autres # sans estre oblige a aucuns droits ny indemnite envers le domaine de laditte seigneurie
4 juin 1751 – Bail à ferme d’un moulin à eau situé sur la rivière Saint-Jean dans la seigneurie de Lavaltrie; par Pierre de Margane, écuyer, seigneur de Lavaltrie, chevalier de l’Ordre militaire de Saint-Louis et capitaine d’infanterie, de la ville de Montréal, rue Notre-Dame, à François Quesse, meunier. notaire Louis-Claude Danré de Blanzy, no-4842
un moulin a eau faisant de bled farine assis sur la rivierre Saint Jean dans la seigneurie de Lavaltrerie garny de ses meules tournants travaillants et autres ustancils avec les batimens qui en dependent consistan, en un logement pour le meunier et une ecurie, le tout construit a neuf
page 2490
9 octobre 1769 – Vente de droit de construction d’un moulin à scie situé en la seigneurie de Lavaltrie; par Pierre-Paul de Marganne, écuyer et seigneur de Lavaltrie, demeurant en la ville de
Montréal, et Louise de Marganne, seigneuresse en partie de Lavaltrie, à Antoine Baudry, fils, de la rivière de l’Assomption, seigneurie de Lachenaie. notaire Jean-Baptiste Daguilhe, no-3021
Antoine Beaudry avait le droit de construire son moulin à scie où bon lui semblerait le mieux; il devait payer en livrant 1.000 morceaux de bois de sciage aux seigneurs
page 2458
Le 24 mars 1820 la veuve DeLanaudière a conclu un accord avec Joachim Chartrand chez le notaire Barthélémy Joliette pour ériger et construire un moulin à vend pour scier du bois sur la petite rivière St-Jean. C’est une curieuse information et rien ne dit que le moulin a bien été construit!
Les moulins après 1850
Après l’abolition du régime seigneurial en 1857 le moulin banal était évalué à $2.800, plus que le manoir et le domaine seigneurial.
Quand Barthélémy Joliette est décédé en 1850 les seigneurs de Lavaltrie se sont chicanés pour établir sa succession et de nombreux contrats notariés décrivent le moulin de Lavaltrie.
Le 11 février 1854 Antoine Toussaint Voyer a conclu un marché avec Émile Robillard pour la livraison de 100 barriques de chaux au moulin à farine de Lavaltrie
Le 18 juillet 1860 Angélique DeLanaudière qui était devenue propriétaire du moulin à la suite du partage de l’indivis des biens seigneuriaux a conclu un marché avec Flavien Lavallée pour réparer le moulin à farine. Le devis des travaux annexé au contrat montre que le moulin fonctionnait avec des turbines à hélices.
Le 19 novembre 1872 Marie Angélique Tarrieu Taillant de Lanaudière de Joliette veuve en secondes noces de Zaïl Chaput a reconnu devoir à Joséphine Leblanc la somme de 800 piastres garantie par: le moulin à farine en pierre de Lavaltrie situé sur un terrain détaché des lots N°30 et 31 formant y compris l’étang 2 arpents sur le chemin de la Reine; sa part dans la seigneurie de Lavaltrie connue comme le fief Taillant comprise entre la seigneurie de St-Sulpice, celle de madame Loedel, le fleuve St-Laurent et les terres séparant les terres de la grande savanne de celles du nord-ouest du ruisseau Point du Jour; une terre de la concession de la rivière St-Antoine de 3 arpents sur 18, la moitié du lot N°162 du terrier.
Le 24 juillet 1874 à la réquisition de dame Marie Angélique Tarrieu de Lanaudière le notaire Chevigny a été protester auprès de Louis Pepin dit Lachance cultivateur et mécanicien en train de construire une chaussée pour son moulin à scie en aval du moulin à farine; la faible dénivellation de la rivière St-Jean faisait refluer l’eau en amont et empêchait le moulin à farine de fonctionner, il devait défaire sa chaussée.
Dans la Gazette de Joliette du 11 août 1876 Angélique de Lanaudière veuve Chaput annonce la mise en vente du moulin à farine de Lavaltrie. Il avait alors deux moulanges de première qualité et deux superbes bluteaux.
Le 5 septembre 1876 Marie Angélique de Lanaudière a vendu à Ours Trudeau meunier un terrain avec un moulin comprenant une bâtisse en pierre avec 2 paires de moulanges, bluteaux, mécanisme, mouvements virants et travaillants, chaussée, pouvoir d’eau et autres dépendances pour 2.100 piastres. Le moulin avait été mis à l’enchère le 22 août et Ours Trudeau a été le dernier enchérisseur.
Le 4 décembre 1878 Ours Trudeau meunier au moulin qu’il avait acquis de dame de Lanaudière et Louis Pepin dit Lachance ont conclu un accord pour régler le procès en cours; Pepin s’est engagé à ne plus nuire au moulin à farine en défaisant sa chaussée et à payer 80 piastres pour les dommages.
Dans L’Étoile du Nord du 26 octobre 1893 on apprend que Norbert Robillard est propriétaire du moulin à farine.
Le manoir de Lavaltrie
En 1681 le seigneur de Lavaltrie avait construit une maison où il résidait une partie de l’année. En 1725 c’était une maison de bois pièce sur pièce de 34 pieds de long par 34 de large (Jean Hétu).
Cette photo est la seule qui subsiste du manoir de pierre construit en 1769. Jean Hétu écrit que la photo a été prise le 25 septembre 1867 et que le manoir a été démoli vers 1878. Sur le site de la BANQ c’est écrit que la photo a été prise vers 1925! En 1865 des inondations avaient causé un glissement de terrain qui a forcé le déménagement de l’église, le manoir se trouvait juste à côté et il avait aussi subi des dommages. Il n’était plus habité.
Pierre-Paul Margane de Lavaltrie s’éteignit à son manoir le 10 septembre 1810 et fut inhumé, trois jours plus tard, sous son banc dans l’église de Lavaltrie. Ses biens passèrent, par l’entremise de son unique fille, Suzanne-Antoinette, dans la famille Lanaudière. Les efforts qu’il avait déployés pour développer son domaine avaient porté fruit. Lorsqu’il était devenu seigneur, la population de Lavaltrie ne se chiffrait qu’à 327 âmes ; mais vers 1810, elle avait grimpé à plus d’un millier d’habitants et celle de la paroisse Saint-Paul, fondée au milieu des années 1780, en comptait plus de 2 500. Dotée d’un très bon réseau routier, la seigneurie produisait alors du blé et d’autres céréales ainsi que du foin en abondance ; elle recelait aussi une des forêts du Bas-Canada les plus riches en différents bois de construction.
Dictionnaire biographique
C’est curieux que Saint-Paul ait été beaucoup plus peuplé que Lavaltrie en 1810, je pense qu’il y a erreur. Le moulin de Saint-Paul rapportait beaucoup moins que celui de Lavaltrie en 1810.
Sur la carte de J. Bouchette de 1815 on voit qu’il y avait une grande forêt au bord du fleuve, le bois de Lavaltrie. Dans sa Description topographique il décrit la forêt de Lavaltrie comme une des forêts les plus riches en bois de construction du Bas-Canada. Déjà en 1701 Gédéon de Catalogne écrivait:
Les profondeurs sont entrecoupées de pignières. C’est le terme des contrées des pins et par dautres des Savannes et toute sorte de bois.
Les fiefs de la seigneurie de Lavaltrie
Les documents concernant l’abolition des rentes seigneuriales sont difficiles à comprendre et je ne suis pas certain de les avoir bien interprétés. Pour le Fief de Lavaltrie le moulin banal était évalué à $2.800. À la BANQ on trouve 3 autres documents pour les fiefs Joliette, Taillant et Tarrieu de la seigneurie de Lavaltrie avec chacun un moulin banal, un manoir et un domaine.
En 1854 il y avait le moulin de Lavaltrie et celui de Joliette, celui de Saint-Paul n’existait plus depuis 1820 environ. Le moulin de Joliette était peut-être divisé en 3 parts et était alors évalué à $12.000.
Jean Hétu président de la SHPL m’a envoyé ces précisions qui montrent que le moulin banal a fonctionné au moins jusque vers 1910.
Me fiant aux chroniques de l’abbé Donat Martineau sur l’histoire de Lavaltrie, j’ai écrit (p.43) que le moulin de la grande côte est devenu la propriété de la famille de Norbert Robillard, puis celle d’Adjutor Dansereau. En consultant divers documents qui donnent le métier des habitants de Lavaltrie, nous trouvons les meuniers suivants : Joseph Gravel (ca 1845-1857), Pierre Perreault (ca. 1871), Norbert Robillard (ca 1890) et Adjutor Dansereau (ca 1908). Peut-être que ce dernier a été le dernier meunier sur la rivière Saint-Jean puisqu’il a possédé pendant plusieurs années le site du moulin banal.
Jean Hétu
Le sieur de Lavaltrie poursuivi pour harcèlement sexuel
Requête de Agathe Laîné, femme de Pierre Tareau, à l’effet que le sieur Margane de Lavaltrie (Lavalterie) l’aurait constamment persécutée pour l’obtention de faveurs sexuelles, sans succès, et aurait publié des calomnies au sujet de la suppliante; demandant l’assignation dudit sieur de Lavaltrie, pour réparation d’honneur et pour qu’il lui soit fait défense de publier de telles calomnies.
C’est le titre d’un document que j’ai trouvé à la BANQ en faisant cette recherche. À notre époque de tolérance zéro le nom de Lavaltrie pourrait devoir être effacé de l’histoire: un seigneur qui abusait de sa servante!
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt. Je soupçonne que mon ancêtre Jacques Henry, alias Henry Jacq ou encore Jacques Jacques, qui arrivait de la région de Monmtagny, aurait travaillé au moulin banal de Lavaltrie entre 1768 et 1772. Est-ce que vous avez une idée pour orienter mes recherches ? En 1772, on le retrouve à Saint-Sulpice. Savez-vous s’il y avait aussi un moulin à St-Sulpice?