Autrefois presque toutes les maisons étaient en bois et quand un incendie éclatait il se propageait dans la ville. C’est ce qui est arrivé au centre-ville de Joliette en 1881. Le 10 juillet le quartier commercial entre la place Bourget et l’église a été rasé par les flammes. Le lendemain un autre incendie a encore détruit 35 maisons.
Le centre commercial de Joliette avant et après l’incendie
La vue à vol d’oiseau de Joliette en 1881 a dû être dessinée juste avant l’incendie. Elle permet de se faire une idée du centre-ville de Joliette représenté en détails avec toutes ses maisons.
En 1893 une photo des ruines de l’incendie de 1881 a été publiée dans l’album Joliette Illustré mais ce n’est pas facile de se situer. Les journalistes ont décrit le secteur situé entre la place Bourget, les rue Manseau, St-Charles et Notre-Dame. On peut constater l’ampleur du désastre.

Je crois que la photo a été prise à partir du haut du bâtiment numéroté 4 (le marché), tous les bâtiments situés devant place Bourget ont été détruits. On voit la rue Manseau dans le fond dont les premières maisons ont aussi été détruites.

L’incendie raconté par la presse
La BANQ n’a numérisé aucun journal de Joliette publié à cette époque, la nouvelle a été rapportée par la presse nationale. La première annonce de l’incendie a été publiée par le Courrier du Canada le 11 juillet 1881.

Le lendemain 12 juillet plusieurs journaux ont donné des détails. Le Courrier du Canada raconte que l’église a pris feu 2 fois et le collège 3 fois. Le feu s’est déclaré chez MM. Renaud frères marchands de fer place Bourget dans les hangars en arrière. Presque tout le carré a failli y passer.
S’il n’était pas arrivé un accident à notre pompe à vapeur qui fonctionne très bien, nous n’aurions pas eu une perte aussi considérable, mais un boyau suçatoire creva au commencement, le retard causa le désastre.
Autre feu – Une nouvelle dépêche de Joliette venue depuis nous rapporte un autre feu ce matin, détruisant 35 bâtisses.
L’article publié par La Minerve est plus difficile à lire mais il donne une liste détaillée des propriétés détruites. Les commerçants étaient en partie assurés mais pas les particuliers.

Chaque journal donne des informations qui ne sont pas toujours les mêmes, les noms sont orthographiés de différentes manières mais par recoupement on peut faire le bilan du désastre. Le second incendie a dû détruire des maisons plutôt que des commerces, les journaux n’ont pas donné de détails sur ses dégâts.



La reconstruction du centre commercial de Joliette
Le feu a eu lieu le dimanche matin, le lendemain de petites bâtisses étaient élevées sur les places où le feu, 24 heures auparavant exerçait ses ravages.

En 1893 la chambre de commerce de Joliette dirigée par le journaliste Albert Gervais a publié Joliette Illustré pour célébrer le cinquantième anniversaire de la ville. La photo des ruines du feu au début de l’article provient de cette publication.

Joliette a célébré son 50ème anniversaire en 1893, son 100ème en 1923 et son 150ème en 2014. Pour le 200ème en 2023 on prépare les festivités, on aime bien commémorer à Joliette!
En tout cas, comme on peut emprunter un exemplaire original du Joliette Illustré à la bibliothèque de Joliette j’ai numérisé quelques photos anciennes des commerces reconstruits après 1881 dans le centre de Joliette. Les illustrations sont de qualité inégales, elle viennent d’un vieux journal.
La Banque d’Hochelaga et le magasin de fer Ducondu ont rapidement été reconstruits. Le tailleur était nommé Chartrand par la presse mais il doit s’agir de Charland.
Les victimes de l’incendie du 10 juillet
Place Bourget:
- E. Fisk, épicier
- M. Labrèche, marchand
- W. Ducondu et Cie., marchand de fer
- A. Chartrand, tailleur
- S. Merceille, marchand de chaussures
- L.A. Lavallée, épicier
- G. Désaulnier, photographe (restaurant)
- Jos. Renault, marchand de fer
- Ed. Renault, épicier
- G. Mercier, marchand de nouveautés
- S. Piquette, marchand de nouveautés
- E.T. Beauséjour, modiste
- J.-Baptiste Chapdelaine, banque d’Hochelaga
- Veuve Lafortune, propriétaire
- Jos. Venne, bourgeois
Rue Manseau:
- Jos. Dalphon, ferblantier
- Jos. Lafortune (hangar), commerçant
- ? Lachapelle, bourgeois
- Georges Latour, bourgeois
Rue Notre-Dame:
- Pierre Chevalier, hôtel Joliette
- J. Guilbault, carrossier
- F. Rivet, journalier
- Jos. Picard, barbier
- W. Godin, épicier
- Julius Ferschke, manchonnier
- Joseph Perreault, peintre
- Jos. Crépeau, journalier
- E.B. Godin, avocat
- D. Léveillé, confiseur
- D. Boulet, propriétaire
- G. Cornelier, menuisier
- Hon. Juge Baby, propriétaire
- Joseph Piquette, forgeron
- Desmaisons, ?
- Alcide Guilbault, commerçant
- Placide Charland, avocat
- Jos. Martel, avocat
Les derniers noms de la liste étaient logés dans un édifice à bureau récent, le bloc Fisk. Je crois que c’est le gros bloc situé au coin de la rue Notre-Dame et de la place Bourget qu’on voit sur la vue de 1881. Il semble que le feu soit parti de la place Bourget en allant vers la rue Notre-Dame, la rue Manseau a été moins touchée.
La BANQ a numérisé l’album Joliette Illustré mais les images ne sont pas de très bonne qualité. J’ai essayé de faire mieux en numérisant les images moi-même et en les éditant fortement pour faire apparaître les détails. En agrandissant cette image du manoir de Barthélémy Joliette construit vers 1828 on voit mieux l’ampleur du bâtiment et son style architectural.

En 1885 c’est la débâcle de la rivière L’Assomption au printemps qui va inonder Joliette:

Gros bloc annees 50,60 logements rue lajoie sud,en face maintenant discotheque. Vert et blancs bcp escaliers.Bloc a etages mes grands parents y ont demeurer longtemps et moi tres jeune.