Catégorie: Histoire de Lanaudière
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Joliette à vol d’oiseau en 1881

On trouve sur le site BANQ Numérique une reproduction d’une vue à vol d’oiseau de la Ville de Joliette en 1881. Ce serait très intéressant d’en avoir une numérisation complète et en haute définition car c’est un document exceptionnel: en agrandissant l’image on distingue beaucoup de détails sur les rues et les bâtiments de Joliette en 1881.

Le fichier original

Joliette 1881

Le fichier de la BANQ fait 800px par 514px; il est coupé sur le côté gauche. On n’a pas d’information précise sur le document original mais on peut imaginer qu’il doit être assez grand car il ne rentrait pas en entier dans le photocopieur. En le numérisant en haute définition on pourrait avoir un fichier beaucoup plus net et on pourrait voir chaque détail du travail du dessinateur. Ou du photographe, on ne sait pas si il s’agit d’une photo dessinée.

Beaucoup de bâtiments sont numérotés et il y a des légendes pour les identifier mais c’est difficile à lire.

Le fichier édité

J’ai agrandi et édité le fichier pour essayer de voir les détails; la nouvelle image fait 1400px de large. C’est flou mais ça permet de voir qu’il y a beaucoup de détails très précis dans cette vue aérienne.

Je peux voir la rue où j’emménage; il y avait déjà quelques maisons mais pas la mienne puisqu’elle date de 1919.

Joliette 1881 agrandissement

Avec une image plus précise éditée par un professionnel on pourrait avoir un magnifique agrandissement du portrait du Joliette d’autrefois.

J’ai fini par trouver un fichier de meilleure qualité toujours sur le site BANQ. Il vient de la Société d’Histoire de Joliette – De Lanaudière. Il fait 1500 px de large et les détails sont très précis; j’ai juste éclairci le fichier original. Mais on n’a pas l’image complète.

Joliette 1881 en HD
Joliette 1881 - Les moulins et le bois sur la rive
Joliette 1881 – Les moulins et le bois sur la rive
Joliette 1881 - Place Bourget
Joliette 1881 – Place Bourget
Joliette 1881 - Le Palais de Justice
Joliette 1881 – Le Palais de Justice

En lisant L’Encyclopédie joliettaine de Réjean Olivier j’ai trouvé une reproduction de l’image entière et sa provenance, le musée Ramezay à Montréal. J’ai pris une capture d’écran mais l’image est de très mauvaise qualité.

L'image complète

J’ai fait toute cette recherche et je découvre le panneau patrimonial posé par la ville de Joliette pour sa fondation où je trouve toutes les informations que je voulais: le fichier est un peu flou mais il est complet et on a les légendes.

Joliette en 1881

C’est finalement dans les archives du Canada que j’ai trouvé la reproduction ayant la plus haute résolution de ce fichier; l’image est complète et elle fait 3.000 pixels de large:

Description de Joliette en 1883 par Th. S. Provost

Joliette autrefois
Joliette Illustré 1893 (BANQ)

Dans son hymne à la colonisation de la Matavaisie paru en 1883, Th. S. Provost trace un portrait très complet de la ville de Joliette à cette époque que j’ai retranscrit intégralement:

La ville de Joliette est bâtie sur les bords de la rivière de L’Assomption à 25 milles à peu près de son embouchure. Cette rivière la sépare en deux parties bien distinctes. D’un côté, la gare du chemin de fer du Nord et ses grandes dépendances, un moulin à scie , les grandes carrières de pierre de taille et de pierre à chaux, la manufacture de papier, la briqueterie, le chemin de fer de St-Félix et de St-Gabriel, et un triangle isocèle de constructions régulières où habite environ le tiers de la population. De l’autre, une seconde scierie, un moulin à farine, un moulin à cardes, la grande manufacture de chaussures, la manufacture de machines à battre, la fonderie, les tanneries, etc. Plus loin, vers le centre, le grand carré du marché, l’hôtel de ville, le bâtiment des pesées publiques. Au fond du splendide parallélogramme, le Palais de Justice, le bureau d’Enregistrement. Ailleurs, sur les rues de Lanaudière, Notre-Dame et Manseau, le bureau des Terres de la Couronne, (Agence de L’Assomption), le bureau de l’Inspecteur des Ecoles, les deux librairies, les ateliers de la presse, la résidence de l’honorable Juge du district,etc. Puis les hôtels, les magasins, la jolie bâtisse de l’aqueduc. Enfin l’Église paroissiale, le Collège Joliette, dont les vastes bâtiments sont dominés par une magnifique statue du Sacré-Coeur, le Noviciat des Clercs de St -Viateur, dont les sites et les alentours sont ombragés de plantations régulières et très fournies d’ormes, d’érables, de sapins, ainsi que d’arbres fruitiers de toute espèce. Au Sud, le couvent de la Congrégation, ancien manoir convenablement restauré de l’honorable M. Joliette, la nouvelle chapelle de Bonsecours et celle de St-Joseph, l’hôpital et l’asile des orphelins, les deux écoles des Clercs de St-Viateur et l’Institut.

La principale partie de la ville, on le voit, se trouve de ce dernier côté de la rivière. Un solide et large pont couvert unit ses deux rives au centre même de la ville. Un autre, à quelques arpents plus bas, est jeté avec la même solidité sur l’espèce de canal taillé par la rivière dans la pierre calcaire qui en forme les parois. La première ligne de chemin, de fer, qui fut construite par M. Joliette, et qui partait de Lanoraie pour se rendre au pied des montagnes de Rawdon, traversait la rivière en cet endroit. La principale partie de la villee st bâtie sur une longue et large pointe que la rivière embrasse dans un arc très -étendu dont le sommet se trouve à l’Est. Une onde calme, profonde et limpide dansla partie supérieure de cet arc au-dessus des moulins; dans l’autre partie, des flots écumeux, bouillonnants qui, comme des coursiers fougueux, bondissent et se cabrent dans les escaliers du rapide en aval du pont couvert,présentent à l’oeil des aspects aussi beaux que diversifiés. Jamais promenade ne sera plus agréable que le parcours de la plage que baigne cette rivière dans la ville même.
Six grandes routes arrivent à la ville de tous côtés,et permettent de l’apercevoir, à une grande distance. Ses tours, ses clochers, ses dômes, ses grands édifices , nous réflètent l’éclat du soleil par dessus ou à travers les bouquets de bois qui l’entourent. Neuf paroisses touchent, il faut dire, à son territoire, et forment comme la circonférence d’un cercle dont elle est le centre. Ce sont les paroisses de St-Paul, de St-Jacques, de St-Liguori, de St-Ambroise, de Ste-Mélanie, de St-Félix, de Ste-Elisabeth, de St-Thomas et de L’Assomption. Entrons maintenant dans cette jeune et fraîche cité, et voyons en deux mots où elle en est dans son avenir et vers quelle carrière de prospérité elle marche à grands pas. Qui de nous, déjà et plus d’une fois, n’a fait attention à ce prodigieux travail d’avancement dont quelques-uns des citoyens de cette ville sont encore aujourd’hui les principaux acteurs, et d’autres, en plus grand nombre, les irrécusables témoins? Qu’était la ville de Joliette il y a un demi-siècle? Une quasi solitude au sein de laquelle germait un avenir de prospérité, de haute importance, de grandeur même. Trente ans à peine pèsent sur la tombe de son fondateur, et déjà son progrès peut faire la matière d’un livre. Citons en quelque chose au public: de tels exemples encouragent, fortifient.

A ses destinées spirituelles président la science et la vertu dans le personnel d’un clergé vénérable et respecté dont s’honore le pays. Un collège, l’orgueil légitime et l’ornement de cette ville, vient de se dilater encore pour donner entrée à une jeunesse plus nombreuse, aussi studieuse qu’avide des jouissances intellectuelles que procure la véritable instruction. Le nombre des élèves sortis de cette institution forme déjà une phalange dans la société canadienne qu’elle sait honorer de ses oeuvres. Cette ville possède un corps éclairé de médecins, sur les soins et les lumières desquels on se repose avec confiance dans les dangers de la vie. Des sociétés d’avocats, défenseurs du corps social, des droits de propriété, de la réputation, tiennent toute la hauteur de leur position en cherchant, avec ardeur et conviction, le triomphe de cette reine dont la société désire voir le règne solidement établi, la justice.

Une société nombreuse d’artisans fournit à tous les besoins; ses marchands satisfont amplement toutes les exigences. Des citoyens riches, honnêtes, vertueux se plaisent à faire le bien, à verser d’abondantes aumônes dans le sein des pauvres, à sustenter des associations charitables, à secourir des corporations religieuses, à doter enfin largement des institutions de bienfaisance et d’utilité publique comme les hôpitaux. Ses couvents se multiplient et s’agrandissent. Ils suivent, sous l’impulsion divine,la marche générale du vrai progrès.
Ajoutons à tout ceci l’organe du district de Joliette publié dans cette ville. La presse elle -même s’est hâtée de faire écho à cet appel d’activité. Messagère de paix et d’union, propagatrice des saines doctrines auprès de la multitude, elle est appelée à jouer un grand rôle dans ce noble milieu; premièrement, par la diffusion et le développement nécessaire en ces temps des principes de la grande école catholique, et en second lieu, par l’instruction, les renseignements, les conseils pratiques sur l’agriculture et la colonisation qu’elle portera à la connaissance de tous. Et il n’est pas besoin d’autre garantie qu’elle sera fidèle à sa mission que le nom des hommes de talent et de mérite qui lui prêtent leur plume. Que demanderions-nous encore, et tout ceci n’est-il pas un grand, un véritable progrès? Oui , et cette ville toute jeune et toute fraîche en possède les vrais éléments, c’est une des plus solides espérances pour son avenir.

L’honorable M. Joliette, en défrichant ces lieux, les a dotés d’un capital étonnant de future prospérité. Il a versé des sueurs dans la fondation de sa chère Industrie, mais la goutte de sueur qui coule du front d’un défricheur en produit un million qui tombent du ciel en rosée fertilisante. La terre ainsi imbibée se vivifie doublement sous l’action conjointe de Dieu et des hommes, et voilà comment l’entreprise de M.Joliette a été singulièrement prospère. Cet honorable Monsieur a su créer une source de vie pour une multitude de personnes. Ce capital qu’il y a déposé, cette source de vie qu’il y a fait surgir, ne peuvent que s’accroître maintenant dans des proportions considérables.

Honneur à l’honorable Barthélemy Joliette! Trois fois nous devons applaudir à l’homme, à l’oeuvre et au succès! Cet homme en faisant le bien s’est acquis une position excellente, une réputation de mérite. Inutile d’insister davantage sur les titres de gloire qui lui reviennent si légitimement, et que les étrangers comme ses concitoyens lui décernent avec tant de raison. Rattachons ce faible tribut d’honneur, comme une guirlande, au monument précieux que lui a élevé son éloquent biographe, M. l’abbé Joseph Bonin, dans sa brochure de 1874.

Tout dans cette jeune cité de Joliette, dans cette nouvelle création, tout nous montre la Bourse et la Vie s’offrant comme d’elles-mêmes à quiconque les désire d’une manière efficace, et se développant avec rapidité sur tous les points. Des hommes de dévouement sont aujourd’hui comme autrefois à la tête des affaires. Des sociétés industrielles exploitent les richesses de nos forêts. La rivière de L’Assomption, malgré la largeur de ses rives et l’abondance de ses eaux, ne peut suffire au flottage des bois qu’elles descendent. Nous avons vu, tout l’été, sa surface pavée de billots jusqu’à la distance de deux et quelquefois de trois milles au-dessus des barrages de la chaussée. Ces billots se chiffraient par centaines de mille. Puis est venu le bois scié en planches et en madriers, puis le bois de chauffage dont les milliers de cordes sont en ce moment même entassés sur les grèves.

Joliette peut être appelée avec raison, et est effectivement la ville du grand Nord. Située à 45 milles en plein nord de Montréal,vingt paroisses y apportent leurs produits. Deux fois par semaine, le marché est ouvert au public, mais c’est le samedi surtout qu’il est facile de constater les opérations commerciales qui s’y font. Il n’y a pas de temps, il n’y a pas de saison où des milliers de personnes ne viennent ce jour-là vendre ou échanger leurs produits, se procurer les choses nécessaires à la vie, continuer, accentuer, accélérer je dirais même, le mouvement général de progrès qui s’y constate de jour en jour.

Mais nous venons de prononcer le nom de Joliette, et déjà il nous faut quitter cette attrayante localité. Nous n’avons presque rien dit de ses marchés, de ses industries, de son commerce, de ses entreprises,de ses hommes de dévouement, de sa population toujours croissante, et de l’affluence extraordinaire avec laquelle on arrive de toutes parts pour y travailler ou s’y fixer, enfin du mouvement général qui s’y déploie régulièrement…

La Bourse et la Vie
Joliette autrefois
Joliette Illustré 1893 (BANQ)

Carte du Québec

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