Catégorie: Histoire de Lanaudière
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Historique des moulins de Joliette et sa région

Depuis 1770 de nombreux moulins ont été construits sur la rivière L’Assomption et ses affluents. Sans ces moulins Joliette serait resté un village agricole. Leur histoire a été en partie racontée mais en cherchant dans les journaux anciens et les archives des notaires on trouve des détails et des anecdotes permettant de compléter ou corriger cette histoire.

La première source d’information que j’ai consultée est le livre Histoire de Joliette publié en 2015 pour le 150ème anniversaire de l’incorporation de la ville de Joliette. Claude Martel a documenté l’histoire des moulins mais il ne pouvait pas tout documenter et il s’est fié aux publications antérieures. J’ai trouvé beaucoup d’autres informations en cherchant dans les archives ce qui m’a permis de rectifier plusieurs erreurs. Les résultats de ces recherches sont aléatoires, cet historique sera donc enrichi avec le temps.

Sommaire:

Les moulins des seigneuries de Lavaltrie et Saint-Sulpice

Le site du vieux moulin de St-Paul
Site du Vieux Moulin de St-Paul

Le premier moulin construit dans le secteur de la ville de Joliette actuelle date de 1770 environ, c’était un moulin à scie. Il a été documenté par Jean Hétu dans ses livres sur l’histoire de Lavaltrie.

Le 9 octobre 1769 Pierre-Paul Margane de Lavaltrie et sa sœur accordaient à Antoine Beaudry fils le droit de construire un moulin à scie «moyennant le nombre et quantité de mille morceaux de bois de sciage»… Antoine s’empressa de construire ce moulin au pied d’une cascade de la rivière l’Assomption à environ quatre kilomètres de l’endroit où Barthélémy Joliette viendra plus tard fixer ses premiers chantiers de L’Industrie.

Georges Estu(r) dit Lafleur

L’acte a été conservé dans le greffe du notaire Daguilhe: vente du droit de construire un moulin à scie par M. et Melle de Lavaltrie à Antoine Beaudry fils.

Dans Histoire de Joliette on lit qu’avant 1798 les seigneurs de Lavaltrie ont fait construire un moulin à farine banal à l’emplacement du lieu qui s’appelle aujourd’hui Le Vieux Moulin. D’après les traces archéologiques qu’on peut encore observer, il semblerait que les 2 moulins aient été construits au même emplacement mais il n’y a pas de documentation permettant de l’affirmer. Ce moulin à farine a fonctionné jusque vers 1824 quand le nouveau moulin à farine du village de L’Industrie a été mis en opération, son mécanisme aurait été transporté pour être réutilisé. Il n’y a jamais eu d’autre moulin à cet emplacement.

Joliette Illustré 1893
Joliette Illustré 1893

Ce détail du Plan de la Seignerie de Lavaltrie. Laurent Dorval Arpr 1835 montre l’emplacement de ce moulin et de la terre en dépendant; l’arpenteur a dessiné un curieux relief autour de la pointe à Jos. Desmarais en face des îles nommées aujourd’hui Vessot.

Lire: Les deux moulins de Saint-Paul

Les marchands du bourg de L’Assomption avaient exploré le haut de la rivière L’Assomption où plusieurs moulins avaient été construits avant que Barthélémy Joliette découvre ce territoire supposément vierge en 1823. Déjà le 6 octobre 1754 Joseph Maraist(?) fils avait vendu à Joseph-Pascal Thuot marchand de L’Assomption un emplacement situé au confluent du ruisseau Vacher pour y construire un moulin.

Le 4 décembre 1797 Pierre Paul Marganne de Lavaltrie a cédé à Régis Bruguier de L’Assomption le droit de faire bâtir un ou plusieurs moulins à scie à l’exclusion de tout autre moulin sur la pointe d’Argenteuil que le seigneur a vendu à Joseph Dufresne bordée par la rivière de l’Assomption et Jacque Charbonneau.

Le 5 février 1798 Pascal Roy a vendu à Hugh Munro négociant de L’Assomption une terre de 3 arpents de long par 1 arpent de large située sur la pointe d’Argenteuille de la rivière L’Assomption avec un chemin communicant avec le chemin du Roy. Le même jour il a acheté un autre lopin de terre situé au même endroit à Joseph Versaille pour y construire un ou plusieurs moulins à scie. Le 8 mars 1798 Joseph Martin dit Versaille du village de St-Paul a déposé un protêt contre Joseph Bouin dit Dufresne maître-meunier demeurant dans un moulin à farine de Mr. de Lavaltrie situé au lieu-dit de Saint-Paul à propos d’une vente qu’il lui aurait fait d’un lopin de terre sur la pointe Argenteuille. Le 6 novembre 1804 vente par Antoine Janson Lapalme à Louis Dufrenne de Ste-Élisabeth d’un terrain sur la pointe Argenteuil bâti d’un moulin à scie. Le 15 mai 1815 Henry Willson a déposé un protêt contre John C. Read de Berthier qui s’était engagé à creuser un canal à la pointe Argenteuil de 260 pieds, il demande 500 livres de dommages; lequel a répondu qu’il lui était impossible d’y travailler à cause de l’éboulement des terres et que Willson n’avait pas livré le bois pour le canal.

Sur ce plan de la seigneurie de Lavaltrie qui n’est pas daté la pointe Argenteuil est située au niveau du club de golf de la Base de Roc en aval de Joliette et elle appartenait à Henry Willson.

Le 11 novembre 1798 Hugh Munro a acheté un autre lopin de terre à Antoine-Benoît Vaillancourt sur la rivière L’Assomption au confluent du ruisseau Vacher pour y construire des moulins. Le 7 janvier 1799 il a conclu un devis et le 11 février le marché pour la construction d’un moulin à scie avec Charles Guyart et un autre marché le 12 février avec Jean-Marie Beauregard.

Le 6 septembre 1800 Régis Bruquier demeurant à St-Paul a conclu un marché avec Pierre Rollot marchand de L’Assomption pour lui livrer du bois scié à son moulin de St-Paul; le moulin à scie pourrait être dans le village de St-Paul sur le ruisseau St-Pierre ou sur la rivière L’Assomption.

Les seigneurs de Saint-Sulpice propriétaires de la seigneurie voisine avaient fait construire un moulin à scie sur le ruisseau Vacher (Ste-Marie-Salomé aujourd’hui) vers 1770 pour développer le nord de leur seigneurie. Le 10 octobre 1774 les seigneurs de St-Sulpice ont concédé une terre à Amable Préjean habitant à la Nouvelle-Acadie bornée par le ruisseau Vaché; ils s’étaient réservé environ 4 arpents où était bâti un moulin à scie.

Le commerce de bois à cette époque était principalement destiné au marché local, il était organisé par les marchands de L’Assomption pour le bois de construction et le bois de chauffage. Par exemple le 4 novembre 1814 Jean-Baptiste Beaudry et Robert Wilson de St-Paul ont conclu un marché pour descendre 100 cordes de bois franc de cheminée à L’Assomption.

15 janvier 1819 – Marché entre James Reid (Read) cultivateur de Ste-Elisabeth et Morrel Barter constructeur de moulins de Daillebout qui s’est engagé à lui couper et charroyer sur la rivière de l’Assomption 500 billots de pin blanc dans la seigneurie de Ramsay et à les mettre en flotte sur la rivière dès que la glace sera partie. Le 24 mars 1819 François Archambault marchand de St-Paul s’est engagé à livrer à Pierre Beauchamp maître charpentier de Lanauray le bois et le fer qu’il lui faudrait pour construire un pont sur la rivière de l’Assomption à la traverse de St-Paul; le 29 mars le marché avec les commissaires des communications intérieures du comté de Warwick a été conclu avec un devis détaillé.

Les moulins au temps de Barthélémy Joliette

Barthélémy Joliette n’est donc pas arrivé en 1823 dans un territoire vierge comme on le lit dans les livres sur l’histoire de Joliette. Entre 1816 et 1819 Marie-Anne Cerré veuve de Pierre-Louis Panet seigneur de Daillebout et Ramezay avait fait construire un moulin à scie et un moulin à farine pour ses censitaires sur la rivière l’Assomption à la Pointe Ennuyante près de Ste-Mélanie, loin au nord de Joliette.

Lire: Le moulin banal de Marie-Anne Cerré à Ste-Mélanie

Le canton de Kildare a été créé au nord de la seigneurie de Lavaltrie à partir de 1792. Sur un diagramme du canton de Kildare de la BANQ daté de 1802, des annotations ont été ajoutées plus tard. Les noms de Joliette et Loedel ont été inscrits sur des lots situés au nord du canton dans les montagnes des Laurentides; ils n’avaient pas acquis ces lots pour les cultiver mais pour y couper le bois, sans doute après 1820.

Lire: La création du canton de Kildare de 1792 à 1824

Suzanne-Antoinette Margane de Lavaltrie épouse de feu Charles Gaspard Tarieu de Lanaudière est décédée le 22 avril 1822 à Lavaltrie. Le règlement de sa succession a été fait par son notaire J. E. Faribault qui a rédigé plusieurs actes. Le 30 avril Charlotte de Lanaudière épouse de Barthélémy Joliette a renoncé à sa part de la succession pour lui être plus onéreuse que profitable, il semble qu’elle avait déjà reçu sa part de la seigneurie de Lavaltrie lors de son mariage. Le 8 mai Antoinette de Lanaudière a signé une procuration à son époux P.-C. Loedel pour lui donner le pouvoir de la représenter. Le 13 mai l’inventaire des biens de la seigneuresse de Lavaltrie a été fait; ils ont été vendus à l’encan le 21 mai à la porte de l’église de Lavaltrie. Il y avait beaucoup de biens à vendre, l’acte notarié montre les possessions d’une seigneuresse en 1822; les noms des acquéreurs et le prix de vente sont notés.

Les héritiers de la seigneurie de Lavaltrie Pierre Paul de Lanaudière, Barthélémy Joliette et Peter-Charles Loedel ont aussitôt commencé à réclamer les droits seigneuriaux qui avaient été négligés. Le 3 juillet 1822 Toussaint Prudhomme cultivateur de St-Paul a reconnu leur devoir 1.093 livres pour arrérage de cens, rentes, lots et ventes. Le 6 août ils ont donné procuration à Antoine Ovide de Lanaudière pour gérer leur huitième indivis de la seigneurie de St-Valier dans le district de Québec leur appartenant. Le 14 décembre Pierre Desmaraitz cultivateur à St-Paul leur a remis une terre concédée verbalement et dont il n’avait jamais eu le titre. Le 21 décembre Louis Laporte dit St-Georges a cédé une terre pour arrérages et François Beaudouin aussi. Le 20 janvier 1823 François Léonard dit Mondor leur a échangé sa terre, la moitié du lot Numéro 309 du livre terrier contre le 311. Le 21 février François Corbeille a cédé le lot 327 pour un arréage de 357 livres. Le 26 février Louis Jacques Desislets dit Manseau a retrocédé le lot 319 en offrant de déguerpir. Le 11 mars Louis Beaudouin a cèdé une terre pour la même raison, le 14 mars c’était au tour de François Munier de Ste-Rose.

Les seigneurs de Lavaltrie avaient besoin des terres entourant la chute où les moulins de Joliette devaient été construits, toutes ces terres récupérées étaient bordées par la rivière L’Assomption. D’autres actes notariés de la même époque montrent qu’ils ont récupéré toutes les sommes qui leur étaient dues par leurs censitaires.

Le Grand Moulin du village d’Industrie

En 1823 P. P. de Lanaudière, B. Joliette et P.C. Loedel ont fait construire le Grand Moulin autour duquel le village d’Industrie va être créé. C’était un très gros bâtiment construit sur une presqu’île ou une île au bord d’une chute naturelle de la rivière L’Assomption. Le pouvoir d’eau y était important. Le bâtiment a été construit en travers d’un canal naturel pour capter la force de l’eau, le canal a été élargi en creusant le roc.

Le Grand Moulin comprenait tout un ensemble de mécanismes dans un même bâtiment ce qui en faisait un ensemble industriel très moderne. Une publicité parue dans les journaux à partir de juin 1824 en donne une description.

Les moulins de Joliette

3 contrats ont été conclus en décembre 1822 pour la construction du Grand Moulin du village d’Industrie avec François Poitras maître-charpentier, David Cleveland maître mécanicien et Antoine Peltier maître-maçon.

La Bibliothèque Canadienne mai 1829
La Bibliothèque Canadienne mai 1829

Dans cet endroit embelli par l’industrie et romantique de sa nature, la rivière L’Assomption offre la singularité d’un bassin d’une immense profondeur immédiatement au-dessus du galet à peine couvert d’eau, qui forme la chute du moulin.

Il faut croire que ce n’était pas idéal car le grand moulin a été transformé et d’autres moulins ont été construits pour rationaliser les activités. Dans une brochure sur les moulins de Terrebonne on trouve une reconstitution qui montre à quoi pouvait ressembler le Grand Moulin de L’Industrie lors de sa construction.

Les moulins de Terrebonne

Lire: Construction du grand moulin de L’Industrie – 1823

Le premier marché de bois que j’ai trouvé concernant ce moulin a été conclu entre une femme de Ste-Elisabeth et un marchand de Berthier, c’est amusant!

9 avril 1824 – Vente par Marie Angélique Heynemand épouse séparée de J.-B. Billy dit St-Louis de Ste-Elisabeth à Edouard Langevin marchand de Berthier de 1.500 madriers de pin de 12 pieds 3 pouces à livrer au moulin de M. Barthélemi Joliette sur la rivière de l’Assomption; son époux s’est porté garant du contrat.

En 1824 Barthélémy Joliette a fait construire un bâtiment dans le village d’Industrie paroisse de St-Paul. Le 11 novembre il a conclu un marché avec François Panneton pour la maçonnerie, le devis mentionne un four pour cuire 50 pains. Le 7 décembre un autre marché a été conclu avec François Papin pour la menuiserie. Le devis montre bien qu’il s’agissait d’un magasin et d’un bureau pour la gestion de la seigneurie. Le magasin devait être pareil à celui d’Amable Archambault marchand à L’Assomption.

Le 9 décembre 1825 Pierre-Paul deLanaudière, Barthélémy Joliette et Peter-Charles Loedel ont signé un accord pour retirer et recevoir les cens et rentes et lots et ventes de la dite seigneurie de Lavaltrie et rente foncière des dits lots du Township de Kildare en la maison du dit Barthélémy Joliette située au village d’Industrie…

Le 9 décembre Pierre-Paul DeLanaudière propriétaire de la moitié de la seigneurie de Lavaltrie a signé une obligation à Barthélémy Joliette pour une somme de 38.500 livres ancien cours pour valeur reçu à sa satisfaction…

Les comptes entre P.-P. DeLanaudière, B. Joliette et P.-C. Loedel sont détaillés et Pierre-Paul a donné en garantie ses propriétés. En attendant qu’il paye le capital ou les intérêts B. Joliette avait le droit de percevoir la moitié des revenus du moulin à farine lui appartenant et le tiers des revenus du moulin à scie, à cardes, à fouler, à cloux, à bardeaux et à barley dans le moulin d’Industrie.

Un des premiers meuniers du Grand Moulin de L’Industrie s’appelait François Dulong. Le 11 novembre 1825 il a conclu un bail avec les seigneurs de Lavaltrie pour un emplacement N°51 situé dans le village sur la rue St-Charles. Vers 1830 il a déménagé à St-Roch où il est devenu maître meunier dans le moulin seigneurial de St-Ours; le 5 septembre 1830 il a vendu un emplacement à Barthélémy Joliette bordé par la propriété de P.-C. Loedel dans le village d’Industrie.

Au printemps 1826 des marchands de bois de Berthier ont engagé des hommes pour descendre le bois de leurs chantiers en cages. Le 18 avril Edouard Langevin marchand de Berthier a engagé Henry Boucher, Louis Gonzague Brulé et Benjamin Cailler journaliers de St-Cuthbert pour 1 mois pour travailler à un chantier établi sur la rivière l’Assomption sous la conduite de Jean-Baptiste St-Louis et aider à descendre les cages faites au chantier et les conduire jusqu’à Québec, et depuis le bout de l’île de Montréal jusqu’au lieu destiné pour les dites cages sous la conduite du guide qui conduira les cages. Le même jour Joseph Laferrière et le 20 Joseph Brulé de St-Cuthbert ont été engagés aux mêmes conditions.

Le 24 avril Henry Bull autre marchand de Berthier a engagé Jean-Baptiste Lizé de la paroisse St-Pierre (du Portage ?), Joseph Gagné et Jean-Baptiste Valois de St-Cuthbert pour aller au chantier de Nathiel Barter sur la rivière l’Assomption pour faire descendre les cages jusqu’à Québec.

Le 13 mai 1826 William Tuttle maître-cloutier a vendu à Barthélémy Joliette et Peter-Charles Loedel 2 machines pour faire les clous avec leurs roues et mécanisme ainsi que les forges, soufflet, meules, étaux et tous autres outils et agrès en dépendant tel que le tout se trouve actuellement dans le moulin de St-Paul. Théophile Vaillant son apprenti avait été engagé en 1824 et il devait rester travailler au moulin pour faire fonctionner les machines. W, Tuttle avait la jouissance d’un appartement dans le moulin et d’une maison dans le village. Le 16 août 1827 William Hobs faiseur de clous de St-Paul a donné une procuration à François Archambault marchand pour vendre un emplacement du village d’Industrie sur la rue du Moulin avec la pierre de taille et le bois de charpente d’une maison. Le 20 août la vente était conclue avec François Amiot marchand de L’Industrie pour 180 livres.

Le 25 novembre 1826 B. Joliette et P.C. Loedel ont conclu un marché avec Jean-Baptiste, François Félix et Louis Beaudry de St-Paul pour prendre à la côte de la terre de Charles Grenet dit Beauséjour située sur la rivière du Lacouareau 20.000 madriers de pin et épinette blanche pour les transporter au bout de l’île de Montréal pour embarquer les madriers dans les bâtiments qui naviguent sur le fleuve. Le bois scié dans le moulin de L’Industrie était charroyé jusqu’à la rivière Ouareau pour flotter jusqu’à Repentigny, la rivière L’Assomption n’étant pas optimale pour ce transport délicat, semble-t-il.

Le 17 février suivant B. Joliette et P.C. Loedel ont conclu un marché avec un navigateur pour transporter leur bois jusqu’à Québec:

Marché entre Pierre Talon dit Lespérance et B. Joliette et Peter Loedel

Fut présent : Sieur Pierre Talon dit Lespérance, navigateur dans le fleuve St-Laurent, demeurant en la ville de Montréal. Lequel s’est, par ces présentes, soumis et engagé envers Barthélémy Joliette et Peter Charles Loedel, Écuiers, demeurant à St-Paul, à ce présents et acceptants, de transporter dans ses vaisseaux la quantité de 20 000 madriers de pin et d’épinette de 12 pieds de longueur, 3 pouces d’épaisseur et de 11 et 9 pouces de largeur , à prendre au bout de l’Isle de Repentigny à environ 2 arpents plus bas que la maison de Mr. Antoine Éno Deschamps et livrable dans l’étendue du port de Québec ou aux chantiers de William Price, Écuier, à la Pointe Lévy, au choix du dit William Price, Écuier, même sera tenu d’acoster(?) les bâtiments de ce dernier qui se trouveraient prêts à charger, si le dit William Price le demande… et sera tenu de transporter la dite quantité de madriers, sans les mettre à l’eau ni les salire (sic) aucunement, et sera tenu de les embarquer et débarquer avec précaution, afin de ne point les vicier ni leur faire aucun dommage, à peine etc… Bien entendu que le dit Pierre Talon dit Lespérance sera tenu et obligé de faire touer ses vaisseaux par les steamboats à ses propres frais, si le vent lui manquait ou lui était contraire, afin de livrer exactement les dits madriers dans le temps susmentionné, à peine de souffrir tous les dommages, mais il est convenu que les dits B. Joliette et P. C. Loedel seront tenus de commencer à faire transporter les dits madriers au bout de l’Isle de Repentigny, le printemps prochain, aussitôt la navigation libre et de continuer avec 4 chalands sans discontinuation, afin de livrer les dits 14 000 madriers au bout de l’Isle d’ici au 10 de juin prochain ou plutôt (plus tôt) s’il est possible; et ensuite continueront à faire charroyer le reste des dits madriers jusqu’au montant du présent marché… Il est expressément convenu entre les dites parties, que le dit Mr. Pierre Talon dit Lespérance sera encore tenu et obligé de transporter aux mêmes prix et conditions que les 20 000 madriers sus mentionnés, tous (sic) autres quantités de même dimension (pourvu que ça n’excède pas 10 000), que les dits B. Joliette et P. C. Loedel pourront faire à leur moulin de St-Paul et qu’il pourront livrer au bout de l’Isle de Repentigny ou à Lavaltrie ou à Berthier, à leur choix, d’ici au 10 d’octobre prochain, à peine de tous dommages. (Transcription Yves Forest)

Le 8 février 1827 William Hall de Montréal et Peter-Charles Loedel de St-Paul ont conclu un marché avec Jean-Baptiste Olivier navigateur du fleuve St-Laurent pour livrer 60 cordes de bois à prendre au bout de l’île à Repentigny pour les livrer moitié à la brasserie Molson et moitié dans le port de Montréal.

En même temps qu’ils faisaient construire ce grand moulin Barthélémy Joliette et Peter-Charles Loedel ont acheté une portion d’une terre du canton de Kildare sur le bord de la rivière Rouge pour y construire un ou plusieurs moulins à scie. 14 septembre 1823 Vente par Joseph Mongin à Barthélémy Joliette et Peter-Charles Loedel de tous les ruisseaux et la partie de la rivière Rouge qui passent dans le lot 1 du 2ème rang de Kildare ainsi que les côtes de ces ruisseaux et de la rivière avec 4 arpents de terre en superficie à prendre où bon leur semblera pour bâtir des moulins et entreposer leur bois de sciage.

Le 13 mars 1823 David Cleveland constructeur du Grand Moulin de L’Industrie avait fait un marché avec Jean-Baptiste Corbeille de St-Henri de Mascouche pour construire un moulin à farine et à scie dans la paroisse de St-Paul. Le 8 février 1823 les seigneurs de Lavaltrie avaient aussi fait construire un bâtiment de 100 pieds de long par 24 de large par Jean-Baptiste Mondor maître-charpentier de St-Paul dont l’emplacement exact n’est pas précisé.

Dans le recensement du village d’Industrie paroisse de St-Paul en 1831 Barthélémy Joliette, notaire, et Peter-Charles Loedel, médecin possédaient 1 moulin à farine, 1 moulin à scie, 1 moulin à foulons et 1 moulin à carder, il n’y en a pas d’autre recensé dans le haut de la seigneurie de Lavaltrie. Joliette et Loedel étaient recensés sur la Grande Rue du village d’Industrie établi depuis 1824. P. Delanaudière, seigneur, était recensé dans la paroisse de Lavaltrie où il possédait 1 moulin à farine et 1 moulin à scie.

Le boom du moulin à scie

Le 14 mai 1825 Joliette, Loedel et DeLanaudière ont acheté un lopin de terre à Pierre Beaudry fils situé en amont du moulin pour y construire un boom, un barrage pour retenir les billots de bois et un débarcadère pour manoeuvrer.

Les seigneuries de Daillebout et de Ramesay

Les seigneurs de Daillebout et de Ramesay exploitaient eux aussi le bois de leurs seigneuries situées en amont sur la rivière L’Assomption même si ils étaient moins actifs que les seigneurs de Lavaltrie. Le 18 janvier 1826 Pierre-Louis Panet a conclu un marché avec des cultivateurs de St-Paul pour 2.000 billots de pin à prendre sur les bords de la rivière L’Assomption dans la seigneurie Daillebout à partir des grandes chutes jusqu’à la limite des terres de la Couronne. Un emplacement précis devait leur être indiqué pour ne pas gêner les autres bûcherons actifs. Le marché a été conclu au village d’Industrie et un des 2 notaires ayant signé était Barthélémy Joliette.

Un autre marché a été conclu le 20 janvier 1826 pour la coupe de 600 billots sur la rivière Noire dans la seigneurie de Ramezay avec Jean-Baptiste Roy. Pourtant c’est le village d’Industrie qui s’est rapidement développé, preuve que les seigneurs de Lavaltrie étaient les plus dynamiques.

La création du village d’Industrie

Le 13 février 1826 Louis Peltier fils tanneur au village d’Industrie a engagé Pierre Dubois de Lavaltrie comme compagnon tanneur.

Le Grand Moulin du village d’Industrie était un établissement industriel et il fallait des ouvriers pour le faire fonctionner. Les seigneurs de Lavaltrie ont construit un magasin et concédé des terrains pour construire des maisons. Ce plan du 1835 montre le premier noyau villageois avec les manoirs des seigneurs B. Joliette et P.-C. Loedel.

Lire: Les deux manoirs du village d’Industrie en 1826

En 1829 les seigneurs de Lavaltrie ont produit un aveu et dénombrement qui décrit précisément leur seigneurie. Il n’y avait que 4 habitations dans le village de Lavaltrie en 1829 et 13 à St-Paul. Il y en avait 27 sur la rue du Moulin d’Industrie, 2 sur la rue St-Charles, 7 sur la rue St-Pierre et 6 sur la rue St-Barthélémy; il restait encore 30 emplacements à concéder.

Le document décrit un moulin à farine et un moulin à scies à St-Antoine de Lavaltrie; dans la paroisse de St-Paul un moulin à farine en pierres à trois étages de 120 pieds sur 45 pieds, un moulin à barley, un moulin à scies et à bardeaux, un moulin à carder et à fouler et un moulin pour couper les cloux.

Le 17 septembre 1832 Louis Larivière cultivateur de St-Paul s’est engagé à Joseph Desmaraits de charroyer au moulin des seigneurs de Lavaltrie à St-Paul 45 billots de pin à prendre sur une terre au Nord Jersey (à Ste-Elisabeth). Le 24 décembre 1832 John McGowan entrepreneur de bois de St-Paul s’est engagé auprès de Henry John Caldwell de Québec et Angus McDonald de Trois-Rivières son intermédiaire de faire les ouvrages qui suivent:

  • 1° de faire dans la meilleure charpente solide un radeau sur la rivière de l’Assomption dans l’endroit qui sera marqué par le dit Sr. McDonald pour recevoir les billots du dit Sr. Caldwell
  • 2° faire toutes les cages nécessaires pour recevoir les dits billots, et les encagera à ses frais

Le 31 décembre 1832, quelques jours plus tard, John McGowan a conclu un marché avec Jean-Baptiste Beaudry père cultivateur à St-Paul pour lui charroyer et livrer au bas de la côte en deça de chez Pelo Beaudry la quantité de 250 flottes d’épinette blanche… De plus 80 morceaux de bois rond d’épinette blanche de 8 à 12 pouces au petit bout de 40 pieds de long pour le radeau

Le moulin à avoine

À cette époque la culture du blé a périclité et a été remplacé par celle de l’avoine. En 1835 un moulin à avoine a donc été construit à l’emplacement actuel de l’usine de filtration en aval du pont Chevalier. Le canal a été prolongé pour faire fonctionner le moulin installé dans un bâtiment de 2 étages, en pierre au premier et en bois au second (66 pieds X 24).

Le moulin à carder

Les habitants de cette époque élevaient des moutons pour produire de la laine servant à confectionner leurs vêtements. Entre 1835 et 1837 un moulin à carder a été construit près du grand moulin sur l’île. Je suppose qu’il captait l’eau dans un canal au niveau du barrage pour actionner ses mécanismes. C’était un bâtiment en bois de 2 étages (45 X 24) avec 2 jeux de cardes pour la laine et des foulons.

Le deuxième moulin à scie

L’exploitation du bois était la principale raison de la fondation du village d’Industrie sur la rivière L’Assomption. Toute la plaine a rapidement été déboisée et les coupes de bois ont dû être faites en amont dans le comté de Kildare puis celui de Cathcart puis au-delà sur les terres de la couronne. Le 21 octobre 1835 Barthélémy Joliette et Peter-Charles Loedel ont conclu un marché avec Amable Marchand cultivateur de Kildare pour 5.000 billots de pin de 12 pieds et demi à couper dans le township de Chertsey et à mettre sur la glace de la rivière de l’Assomption (???) et de les faire descendre au moulin au printemps où un beaume suffisament fort devra les arrêter. Les acquéreurs devaient payer les droits de coupe au Gouvernement.

Le 30 novembre ils ont conclu un marché avec William Gass cultivateur de Kildare de 1.000 billots à couper dans la seigneurie Daillebout. Le 23 décembre Amable Marchand a sous-traité une partie de son marché: 500 billots à Joseph Réjasse dit Laprade de Kildare, 1.000 à Jean-Baptiste Roy de Kildare, 200 à Gabriel Gagné de Nord Jersey, Joseph Charon dit Ducharme et Joseph Lemire de Kildare, 1.000 à Joseph Prud’homme de St-Paul, 500 à Joseph Bazinois de St-Paul.

Vers 1837 un second moulin à scie a été construit en face du Grand Moulin de l’autre côté de la rivière par les seigneurs de Lavaltrie, un bâtiment en bois de 2 étages (40 X 40) connu comme le moulin Peltier du nom de son gérant. Je n’ai trouvé aucun document concernant sa construction. Dans une publication historique de la ville de Joliette (2023) on lit que Edward Scallon se serait associé à B. Joliette et P.-C. Loedel pour le bâtir mais E. Scallon ne semble être arrivé au village d’Industrie qu’en 1839 (voire plus bas).

Un contrat notarié du 25 juin 1838 montre que Joliette et Loedel avaient alors des chantiers de bois jusqu’au Township de Brandon, les chantiers de John Hebbard, Charles Dunn, Charles Armstrong, Samuel Armstrong, Pierre Bargeron, Bernard Monday, François Leblanc, Jean-Baptiste Leblanc, Félix Leblanc, Pierre Leblanc, Joseph Corbin, François Morin et Antoine Morin. Il n’y est pas fait mention d’un associé nommé Scallon.

Les autres commerçants de bois

Les seigneurs de Lavaltrie n’étaient pas les seuls à exploiter le bois du bassin de la rivière L’Assomption. Depuis 1811 il y avait aussi des moulins sur la rivière Ouareau et ailleurs.

Lire: Les premiers moulins de Saint-Liguori (1811-1845)

Le 29 décembre 1829 Antoine Beaudry de St-Paul a été engagé par François Archambault marchand pour lui couper et charroyer 125 billots de pin à prendre sur les lots N°5 des 10ème et 11ème rang de Kildare. Le 16 août 1830 François Gaudron dit Larochelle de St-Jacques s’est engagé à lui livrer à son moulin 100 billots à prendre sur les lots 5, 6 et 7 du 11ème rang; autre marché le 16 octobre avec Ambroise Laporte, le 20 novembre avec François Parant, le 22 décembre avec François Ladouceur, le 30 décembre avec Joseph Bernêche, etc. Le 16 octobre il a vendu une terre de 58 arpents bordée par la rivière L’Assomption et le ruisseau St-Pierre à Bazile Marcile en se réservant le droit d’y prendre 30 voyages d’épinette sèche et le bois nécessaire pour 8 cribles.

Il fallait aussi du bois pour construire les maisons et les bâtiments de ferme; ce marché du 4 septembre 1830 entre Jean-Baptiste Beaudry de St-Paul et Jean-Baptiste Silvestre en est un exemple:

Le 3 janvier 1832 Nicolas Panneton journalier de St-Paul s’est engagé à François Beaudry pour naviguer sur la rivière de l’Assomption jusqu’à Montréal dans ses chalands. Le 17 mars François Beaudry et Théophile Vaillant cloutier de St-Paul ont fondé une société pour fabriquer des clous dans un moulin; ils ont engagé Albert Lauzon comme apprenti le même jour. Le 19 juin 1833 Ovide Peltier menuisier de St-Paul s’est engagé à Antoine Dyone de Daillebout pour lui construire un moulin à scie à un emplacement de Kildare

François Archambault concluait des marchés de bois tous les hivers depuis 1829. Le 27 février 1835 il a engagé François Gaudron dit Larochelle et Basile Desautels dit Lapointe de St-Paul pour lui fournir et livrer au bout de l’île de Montréal 2.000 pieds de merisier, le 27 mars il en a commandé encore 1.200 pieds. Le 9 mai 1836 Joseph Parant de St-Paul s’est engagé à François Archambault de lui descendre jusqu’au bout de l’île à Repentigny chez Mr. Deschamps tout son bois en employant au moins 8 hommes. Le 25 avril 1837 François Archambault a conclu un marché pour construire un moulin avec Jean Riopelle de St-Philippe de Kildare sur le lot 9 du 11ème rang de Kildare (sur la rivière Blanche). Le 7 décembre 1837 William, Gordon et John Huston du 8ème rang de Kildare ont vendu à Michel Collins constructeur de moulins du village d’Industrie une partie du lot 6 du 8ème rang de Kildare pour y construire un moulin. Le 7 janvier 1839 François Archambault a négocié avec ses voisins le droit de faire une chaussée pour son moulin et le droit d’arrêter l’eau du 1er août au 1er mai. Le même jour François Dufresne de Montréal a conclu des marchés pour la livraison de centaines de cordes de bois en haut du moulin des seigneurs de Lavaltrie; il en a conclu beaucoup d’autres en 1839 et 1840.

Benjamin Abbott, époux de Thérèse Eugénie Panet co-seigneuresse de Daillebout et Ramsay, et plusieurs autres faisaient aussi le commerce de cordes de bois de chauffage et d’écorce pour le tannage, plusieurs marchés ont été conclus à cette date come celui du 1er mars 1838 pour 30 cordes d’épinette rouge et blanche à livrer sur le terrain de Barthélémy Joliette en-haut de ses moulins. Le 3 mars David Bruneau a cédé tous les pins se trouvant sur sa terre du 4ème rang de Kildare à François Archambault, pas à B. Joliette.

Le 11 juin 1838 Michel Boisvert propriétaire d’un moulin à scie sur la rivière Blanche à St-Ambroise a conclu un marché pour faire descendre son bois par la rivière Rouge jusqu’au bout de l’Île de Montréal. Un second contrat concerne le bois de P. C. Loedel qui doit descendre par la rivière Ouareau. Le transport du bois était très coûteux et problématique, il dépendait chaque année de la fonte des neiges et les madriers une fois sciés s’endommageaient au contact de l’eau; la solution a été la construction d’un train jusqu’à Lanoraie en 1850.

Le 18 mai 1839 Michel Collins maître-scieur de St-Paul a engagé Médard Beaudouin pour lui faire la charpente d’un moulin à scie et le coffre pour recevoir la roue et les fondations d’un moulin à farine de 30 pieds sur 36 et autres travaux. Le 5 août ils ont dû choisir des arbitres pour trouver un compromis à leur litige. Le 16 septembre ceux-ci ont constaté que les travaux avaient été faits selon le marché conclu.

Le bois était transporté en cages ou sur des chalands. Le 29 janvier 1838 François Beaudry fils de Joseph, navigateur à St-Paul, a vendu un chaland de 65 pieds de long avec toutes les rames, cordes, voiles et autres agrès à Louis Parant.

Lire: Les cageux et les forêts de pin de Lanaudière

Avant que le charbon ne le remplace le bois était essentiel pour se chauffer et cuisiner, son commerce était une importante source de revenus pour les habitants. Le 7 février 1839 François Dufresne de Montréal a conclu 4 contrats notariés pour l’achat de centaines de cordes de bois d’épinette rouge et de bois franc à livrer en amont du moulin des seigneurs de Lavaltrie. On trouve de nombreux contrats semblables. Par exemple le 10, le 12 et le 17 juillet 1841 John Hutson marchand de Montréal a conclu 4 contrats pour la coupe de 200 cordes de bois franc par Joseph Bonin et Ambroise Langlois dit Lachapelle de la concession Ste-Julie, 100 cordes par François Bourdin aubergiste à St-Paul et Martin Bonin cultivateur à Kildare, 1.000 cordes par Joseph Myé fils menuisier de St-Paul, et 100 cordes à François Wagner cultivateur de St-Ambroise..

Le 25 novembre 1841 André Marion et Augustin Gravelle de St-Ambroise de Kildare se sont engagés à livrer à Benjamin Beaupré marchand de l’Assomption 400 madriers de pin jaune au bout de l’île à Repentigny pour être embarqués sur une goëlette. Le 20 décembre Angélique Beaudry épouse de Pierre Chennevert dit Lemerle manufacturier de bois absent de la province a loué à bail à François et Louis Chennevert un moulin à scie et une chaudière à potasse sur le 5ème lot du 1er rang de la continuation de Kildare.

Le 9 décembre 1842 John McGoun domicilié à St-Paul a engagé Alexis Levesque et Joseph Marion de St-Ambroise et Pierre Fisette de Ste-Mélanie pour lui charroyer 300 billots de pin à prendre sur la terre de Gabrielle Ayotte. Le 14 décembre 1842 William Berczy seigneur de Daillebout avait engagé Damase Dugat dit Labrèche de Ste-Elisabeth pour couper et charroyer 200 billots de pin à livrer moitié en haut de la chute de la rivière l’Assomption (Monte-à-Peine?) et l’autre moitié en bas pour le marché de Québec. Le 19 décembre il a engagé Jean-Baptiste Fafard et Edouard Adam de Daillebout pour lui livrer 250 billots pour faire des madriers pour le marché de Québec à la chute située en amont du moulin à scie appartenant aux seigneurs de Daillebout.

Le 14 mars 1842 James Benny et Francis Ftizpatrick avaient créé une société pour exploiter un moulin à scie qu’ils ont dissoute en 1844. Le 25 janvier 1843 James Benny marchand de Ste-Mélanie et propriétaire d’un moulin à scie sur la rivière de l’Assomption a protesté contre Peter-Charles Loedel; il avait obtenu une license du gouvernement pour couper des arbres sur les terres de la Couronne le long de la rivière et les hommes de P.C. Loedel auraient empiété sur son territoire.

Le 29 mai 1843 Thomas Kelly cultivateur de St-Ambroise a reconnu avoir reçu de Pierre Louis Panet et William Berczy la somme de 14 livres et 16 chelins due à son fils William décédé pour son salaire pour des madriers sciés et envoyés à Québec.

Le bois des forêts servait aussi à produire du bois de charpente, des tonneaux, des bardeaux, du sucre d’érable et autres. Le 7 décembre 1843 Louis Pelletier scieur au second moulin à scie de L’Industrie s’est engagé auprès de Antoine Derome marchand de St-Paul à livrer à Urgel Bruquière marchand de L’Industrie 1.500 perches de cèdre et 500 piquets pour les clôtures. Le 23 janvier 1844 James Stansfeld marchand de l’Industrie a acheté tous les billots que Louis Galère dit Léveillée pourrait couper pendant l’hiver; J. Stansfeld s’engageait à descendre le bois aux marchands de Québec en louant un bâtiment pour le touer sur la rivière Ouareau.

Le 24 février 1846 John McConville instituteur à Ste-Geneviève de Berthier a conclu un contrat pour faire descendre au bout de l’Île de Montréal du bois d’épinette rouge et de pruche: lesquels bois les dits entrepreneurs seront tenus d’encager solidement avec bonnes flottes, traverses et les rames nécessaires.

Edward Scallon marchand de bois

Le premier contrat notarié mentionnant E. Scallon que j’ai trouvé date de 1839, B. Joliette et P.-C. Loedel avaient engagé un procureur à Québec pour les représenter et dans le contrat il est nommé Edouard Scallen. Il a commencé à faire le commerce du bois à L’Industrie vers 1841 quand il a signé un contrat pour 300 madriers à livrer au boom de M. Joliette sur la rivière L’Assomption. Le 10 février 1841 B. Joliette et P.-C. Loedel ont ratifié un contrat passé en leur nom par Richard Edouard Bright avec les marchands de Québec Ryan brothers avec qui ils vont souvent faire affaire; la nature du contrat n’est pas précisée. Le 14 décembre 1841 E. Scallon a signé une procuration à Edouard Ryan demeurant à Québec pour réclamer des obligations qui lui étaient dûes.

Le 1er avril 1843 E. Scallon a conclu un marché avec Michel Boisvert pour 350 madriers de la première qualité à scier à son moulin de St-Ambroise sur la rivière Blanche et à livrer à Québec; on peut supposer que le bois descendait par la rivière Ouareau dans des cages. Le 12 avril John Mac Gowan contracteur au moulin à scie Lefebvre (voire plus bas) a conclu un important marché avec les marchands de bois de Québec Ryan brothers. E. Scallon, lumber merchant, a servi de caution; il était marchand indépendant et n’était pas l’employé de B. Joliette comme on le lit dans les livres sur l’histoire de Joliette. Les billots sciés au moulin Lefebvre étaient transportés par des chartiers à la partie navigable de la rivière de l’Assomption pour être expédiés à Québec.

Le 2 décembre E. Scallon a conclu un marché avec Alexis Coutu pour qu’il lui scie à son moulin de St-Félix tous les billots qu’il y amènerait pendant l’hiver.

E. Scallon menait ses affaires mais il était associé à B. Joliette et P. C. Loedel pour la fourniture des provisions à leurs chantiers de bois; le 4 décembre 1843 Charles Guilbault cultivateur à Daillebout s’engageait à livrer 500 bottes de foin, 450 minots d’avoine, 1.500 livres de lard (les cochons ne pesant pas moins de 250 livres chacun), 8 quintaux de fleur d’avoine et 4 quartiers de boeuf. Le 21 août 1844 John Short(?) de New Glasgow sur la rivière de l’Achigan a vendu à Edward Scallon, lumber merchant, 4.000 morceaux de pin blanc à livrer à Repentigny devant chez Amable Deschamp.

Un autre contrat du 23 août 1844 a été conclu avec Joseph Ducharme de St-Ambroise; chaque année il fallait approvisionner les chantiers de bois.

En 1844 E. Scallon a acheté à Robert Winters tout le bois à prendre sur le 4ème lot du 9ème rang du canton de Kildare. Le 21 août 1844 il a conclu un marché avec Ryan brothers pour leur livrer à Québec toutes les planches qui seraient sciées au moulin de Michel Boisvert dans le 8ème rang de Kildare. Le 31 août dans une obligation consentie par E. Scallon à M. Boisvert il est précisé que le moulin à scie construit par Michel Collins se trouvait sur le 6ème lot du 8ème rang du canton de Kildare.

Une autre obligation de 1848 montre que Scallon faisait toujours affaire au moulin de Boisvert. Le 3 mars Antoine Lacombe a acheté 200 billots à Michel Boisvert; le contrat stipule que Lacombe paiera les billots en achetant toutes ses marchandises au magasin d’Edward Scallon.

Dans sa publication historique de 2023 la ville de Joliette décrit Édouard Scallon comme un distillateur de whisky puisqu’il a géré une distillerie pendant quelques mois, c’est assez curieux pour un personnage aussi important dans l’histoire du commerce de bois dans la région.

La compagnie Joliette, Loedel & Scallon

Le 15 janvier 1842 Peter-Charles Loedel et Barthélémy Joliette ont obtenu des droits de coupe pour exploiter le bois de pin du bassin de la rivière L’Assomption sur les terres de la couronne. Pour 125 livres ils avaient le droit de couper 6.000 billots le long de la rivière sur 15 miles au nord des seigneuries de Ramzay et Daillebout sur une largeur de 2 miles sur chaque rive. Le document est signé par Peter Charles Loedel et les témoins étaient E. Scallon et Charles H. Panneton.

Ce n’est qu’en 1845 qu’E. Scallon s’est associé aux seigneurs de Lavaltrie. Le 22 août 1845 l’Honorable Barthélémy Joliette, notaire, Peter-Charles Loedel écuyer chirurgien et Edward Scallon marchand, tous trois du village d’Industrie ont obtenu de nouveaux droits de coupe en tant que marchands de bois faisant affaire sous le nom de Joliette, Loedel & Scallon. La concession avait été agrandie à 26 miles par 10 miles de large pour récolter le même nombre de billots de pin blanc qu’en 1842 soit 6.000 pour 125 livres.

Lire: Joliette, Loedel & Scallon marchands de bois

Le deuxième moulin à farine

Vers 1840 un second moulin à farine a été construit en aval du moulin à avoine, un bâtiment de 2 étages (48 X 29), le premier en pierre et le second en bois contenant 3 paires de moulanges.

Les moulins de Joliette - Luc Richard
Les moulins de Joliette – Luc Richard
Le Journal de Québec, 16 février 1847
16 février 1847

Le train de l’Industrie

Les journaux étaient encore rares entre 1823 et 1850 et ils n’ont pas tous été conservés. À partir de 1847 quand le projet du train entre L’Industrie et Lanoraie pour acheminer le bois au fleuve a pris forme on trouve plus d’informations.

Lire: Le premier P’tit Train du Nord

À Rawdon et St-Liguori d’autres marchands de bois comme J.-H. Dorwin et son associé Peter McGill exploitaient la rivière Ouareau et ils ont prolongé la ligne vers Rawdon.

Lire: Jedediah Hubbell Dorwin 1792-1883

Le 16 février 1847 Le Journal de Québec a publié une longue description du village d’Industrie et de ses moulins: 6 moulins dont 2 à farine, l’un contenant 6 et l’autre 4 moulanges; 2 moulins à scie; 1 moulin pour moudre l’avoine de 3 moulanges; 1 moulin à carder.

Les journaux donnent des détails qui ne sont pas toujours exacts mais qui aident à documenter l’histoire des moulins. La Minerve du 13 novembre 1848 parle du moulin à farine (banal) qui a été complètement réparé. L’Avenir du 2 juillet 1851 parle de 3 moulins à scier le bois appartenant à la succession Joliette, décédé en 1850. Il semble qu’un troisième moulin a été construit à l’emplacement de la future manufacture de papier mais je n’ai pas trouvé à quelle date. Le nombre de maisons était de 230. La rivière auprès du moulin est actuellement couverte d’environ 10.000 morceaux de bois qui seront bientôt sciés et expédiés par le chemin de fer jusqu’à Lanoraie et de là, sur les marchés de Québec et des Etats-Unis.

L'Avenir 2 juillet 1851

Dans la récapitulation, par districts et comtés, des retours du dénombrement des habitants du Bas-Canada de 1844 il y a 2 moulins à farine, 2 à avoine, 4 à scie, 1 à foulon et 1 à battre recensés à St-Charles-Borromée. Plus en amont dans Kildare il y avait 1 moulin à farine, 1 à avoine et 1 à scie. Il y avait aussi une distillerie.

Les autres industries dépendant des pouvoirs d’eau

Plusieurs industries dépendaient des pouvoirs d’eau fournis par la rivière L’Assomption. La fonderie Imbleau aurait été établie à la fin des années 1840 selon l’Histoire de Joliette. Un bail a été conclu le 26 décembre 1846 entre Charles Héliodore Panneton, marchand, et John Hambleau, fondeur, demeurant au village d’Industrie; l’histoire de Joliette mentionne Pierre et Alexandre Imbleau, fondeurs ayant appris leur métier aux Forges du St-Maurice. Le 24 février 1855 Alexandre Himbleau a nommé Philippe Leprohon bourgeois de St-Charles Borromée comme procureur pour régler ses comptes avec son frère Pierre.

En 1852 des industriels américains, Horatio Admiral Nelson, Isaac Butters et Ira(?) Allen Paddock, avaient construit une manufacture de seaux à côté du second moulin à farine et de la fonderie Imbleau. Dans le contat notarié conclu avec les seigneurs de Lavaltrie on trouve ce plan localisant le moulin, la fonderie et la facterie de seaux

Le 18 juillet 1855 messieurs Joseph Migué père et fils ont racheté le bail des associés américains. Le 23 novembre 1858 Joseph Migué père et fils devaient 758 livres à la compagnie Nelson & Butters qui a repris leurs biens pour se faire payer. Le représentant de la compagnie était Joseph B. Twiss célèbre horloger du village d’Industrie dont les horloges sont collectionnées dans les musées; il achetait le bois de Lanaudière pour fabriquer les coffres et certains mécanismes de ses horloges (dans l’Histoire de Joliette par C. Martel on lit qu’il était aubergiste!).

Lire: Joseph Burr Twiss horloger au village d’Industrie

Les moulins de L’Industrie 1850-1864

L'Honorable Barthélémy Joliette
L’Honorable Barthélémy Joliette (BANQ)

En janvier 1850 Barthélémy Joliette et son épouse Charlotte Tarrieux Taillant De Lanaudière ont donné des terres à la paroisse et aux clercs de St-Viateur qui ont permis d’agrandir le village d’Industrie en plein développement.

Lire: Les donations des époux Joliette en 1850

Barthélémy Joliette est décédé peu après le 21 juin 1850 et le règlement de sa succession a été difficile. Il s’était endetté pour construire le train et les seigneurs de Lavaltrie ont perdu leur place dominante dans le commerce du bois, Edward Scallon a pris leur place.

Lire: La succession de Barthélémy Joliette

Ce contrat notarié du 13 février 1850 ne concerne pas les moulins de Joliette mais il montre que le commerce du bois ne se faisait pas seulement avec Québec pour l’exportation mais aussi avec les États-Unis par la rivière Richelieu et le canal de l’Hudson. Contract of lumber between William Finlay Phillips and Charles Edward Dunn de Maskinongé agent de William H. Hunt & Co. de Albany, New-York pour une livraison de 80.000 pièces de bois de pin de 13 pieds et 5.000 d’épinette de son moulin de Batiscan à Albany par bateau.

Le 1er septembre 1851 Charles Gaspard de Lanaudière, Peter-Charles Loedel et son épouse Marie Antoinette de Lanaudière, Antoine Toussaint Voyer et son épouse Marie Angélique Josephte de Lanaudière ont protesté contre Guillaume Lord constructeur de moulins de Rawdon occupé à poser un mécanisme au moulin situé sur la rive nord-est de la rivière vis à vis du village d’Industrie; il avait promis d’y poser un mécanisme moderne pour scier le bois qu’il avait été acheter à Platsburgh aux États-Unis qui ne fonctionnait pas malgré des frais engagés considérables.

Le 29 octobre 1851 P. C. Loedel et G. DeLanaudière ont conclu un marché avec Henry et Edouard Burstall(?) marchands de bois à Québec pour 1.000 billots, soit tous les billots arrêtés à leur boom. Le 23 décembre G. DeLanaudière, la veuve Joliette et B. H. Leprohon ont conclu un autre marché avec Ryan brothers de Québec pour la livraison de billots; les frères Ryan devaient leur avancer des fonds pour leurs opérations et ils mettaient leurs propriétés en garantie. Le contrat a été modifié en 1852, la commission de Ryan était de 7,5%. Le 11 décembre 1852 un contrat montre que DeLanaudière, Scallon et Leprohon avaient formé une société. Le contrat avec les frères Ryan a été renouvelé le 23 décembre. Le 15 juillet 1853 une nouvelle société a été formée entre Scallon, Leprohon, DeLanaudière et la veuve Joliette, Scallon était le premier nommé.

Le 13 mai 1854 E. Scallon a conclu un marché avec Joseph et Élie Breault propriétaires d’un moulin à St-Alphonse pour la livraison de 1.200 madriers de pin blanc au port de Lanoraie, donc par le train.

Ce tableau des passagers et du fret descendant par le chemin de fer du Village d’Industrie et Rawdon pour la saison de 1853 montre que 1.985.546 pieds de bois scié ont été transportés à partir de Rawdon; je n’ai pas trouvé de statistiques pour le train entre L’Industrie et Lanoraie.

Le 5 novembre 1853 E. Scallon a conclu un marché pour des billots d’épinette rouge équarris de 20 pieds de long pour le marché de Québec. Les billots devaient lui être livrés à la Chute Mont Appel sur la rivière l’Assomption (Monte-à-Peine aujourd’hui).

Les moulins du village d’Industrie pouvaient expédier leur bois par le train mais le transport en cages a continué. Le 2 octobre 1853 Antoine T. Voyer époux d’une des seigneuresses de Lavaltrie et Casimir Guilbaut marchand ont conclu un marché avec Joseph Faust dit Frederick pour qu’il descende au bout de l’Île de Montréal puis à Québec leur bois bien encagé. Ils en ont conclu un autre le 9 février 1854 où il est précisé que les billots devaient être amenés au boom du capitaine Benoni Perreault de St-Paul pour être mis en cages (au confluent de la rivière L’Assomption et de la rivière Ouareau). Le 23 avril 1853 Médard Desmarais de L’Industrie a créé une société avec Patrick White de Laprairie pour descendre des traverses de chemin de fer en épinette rouge et en pruche à Québec.

Le moulin Lefebre

Le 7 mars 1829 Julien Bell a vendu à Joseph Lefebvre marchand de Berthier une terre à Kildare de 4 arpents sur 26 du lot N°8 du 5ème rang, y compris le morceau de terre propre à y construire un moulin à scie. Les héritiers de Joseph de Ladurantay dit Morelle y avaient renoncé. Le 18 décembre 1830 Joseph Lefebvre a conclu un marché avec Élie Olivier maître-charpentier de moulin de Ste-Elisabeth pour y construire un moulin à farine de 36 pieds sur 28 à 2 étages avec une chaussée, une moulange en pierre de France, etc. pour 300 livres.

Le 13 juillet 1838 Joseph Lefebvre a conclu un marché pour la construction de 2 ponts sur 2 chenaux de la rivière de l’Assomption sur un terrain vendu par Jean Thérien pour aller sur une île appartenant à madame Ross Cuthbert. Le 16 juillet François Wagneur lui a vendu le terrain pour faire un chemin de 20 pieds de large dans le 3ème rang de Kildare et le 6 août Jean Baptiste Vallé s’est engagé à construire pour le pontage mais l’emplacement n’est pas précisé dans le contrat.

22 mars 1839 – Marché entre Elie Olivier et Ross Cuthbert représenté par son épouse Emily Rush et son fils James Cuthbert junior ses curateurs pour la construction d’un moulin à farine sur la rivière de l’Assomption dans la seigneurie de Lanoraie selon le devis annexé: le moulin sera construit vis à vis de celui de Joseph Lefevre, de 36 pieds sur 40 à 2 étages ave 2 paires de moulanges de pierre de France… Le 23 avril 1841 Flavien Lavallée expert choisi par les parties a déclaré que les travaux étaient conformes.

Le 16 août 1843 Emily Rush épouse de Ross Cuthbert et sa procuratrice pour la gestion de la seigneurie de Lanoraie a cédé à Joseph Lefebvre bougeois de Berthier un terrain au nord-est de la rivière de l’Assomption de la concession Ste-Rosalie tenant au chemin conduisant au pont connu comme « Pont de la Victoire » avec une écurie, chaussée de moulin et canal bâtis sur le terrain et le droit d’y construire un moulin à scie et les dépendances nécessaires, chausée, canal et conduit d’eau; droit cédé pour 30 livres de rente annuelle.

En 1843 John Mac Gowan était scieur au moulin Lefebre mais il ne devait pas être bon administrateur puisque le 6 juillet il a nommé un procureur quand son bois a été saisi par Benjamin Abbott et autres; il y avait 500 billots appartenant à E. Scallon dans le lot.

En 1853 une carte de la rivière L’Assomption a été dessinée pour tracer la limite entre la seigneurie de Lanoraie et le canton de Kildare. Sur cette carte l’île qui s’appelle aujourd’hui Bordeleau à St-Charles-Borromée est dessinée en jaune. La légende dit que les îles colorées en jaune ont été accordées par le Département des Terres de la Couronne il y a quelques années à feu Joseph Lefebre.

Moulin Lefevre
Moulin Lefebre (BANQ)

Le 8 juillet 1853 Léandre Fréchette commerçant de la paroisse St-Charles-Borromée a loué à la veuve Lefebre un de ses moulins, celui construit sur la rive nord de la rivière; il est précisé que Joseph Lefebre était un marchand de Berthier. Le 15 juillet 1853 Léandre Fréchette marchand de L’Industrie a fondé la Société en Commandite de la Manufacture Canadienne de la Paroisse de St-Charles-Borromée.

Dans la liste des actionnaires de la société on trouve Gaspard DeLanaudière et A. T. Voyer, seigneurs de Lavaltrie, et des marchands de Québec. Le but de la société était d’établir une manufacture de sceaux et aussi fabriquer des roues, faire des couchettes, tourner des pieds de table et scier du bois de proportions pour faire des portes, châssis et jalousies, laquelle manufacture devra être mûe par l’eau dans l’endroit communément appelé les moulins de Lefevre.

50 actions à 5 livres chacune ont été émises, Léandre Fréchette en a pris 35, les autres actionnaires 1 ou 2. Le 24 janvier 1854 Léandre Fréchette concluait un marché avec Charles Hénault et le 14 février un autre avec Louis Durand pour approvisionner la manufacture en bois.

Le 20 février Léandre Fréchette est retourné chez le notaire pour modifier la société. Les moulins ont été sous-loués à 2 autres industriels et L. Fréchette s’est associé avec Jean-Baptiste Leclaire.

Le 2 mai 1854 A. T. Voyer a revendu sa part de la Manufacture Canadienne à Léandre Fréchette qui s’était engagé à les racheter au même prix (5 livres), le 2 août Isaïe Nazaire Melançon a revendu ses 2 parts et Gaspard DeLanaudière aussi.

Sur le plan de la seigneurie de Lanoraie en 1857 les moulins de Lefebvre et les 2 ponts sur la rivière de l’Assomption sont dessinés.

Les moulins d’Edward Scallon

Les îles d'Edward Scallon
Mr. Scallon’s point (BANQ)

Sur la carte de 1853, un peu en aval des îles de Joseph Lefevre, les îles d’Edward Scallon, Mr. Scallon’s point, étaient aussi à la limite du canton, il y a fait construire un moulin à farine et un moulin à avoine. Il semble qu’il y aurait déjà eu un moulin à scie, dans l’histoire de Notre-Dame-des-Prairies les auteurs écrivent que ce moulin en pierre aurait appartenu à B. Joliette mais rien ne semble le démontrer. Le 17 novembre 1853 Edouard Scallon avait conclu un accord avec Georgiana et Mary Cuthbert pour pouvoir construire une chaussée pour le moulin ce qui semble plutôt montrer qu’il n’y en avait pas encore. Le plan de Lanoraie en 1857 montre que le moulin était construit en amont des îles ainsi que le pont sur l’Assomption.

Le 15 juillet 1853 Edouard Scallon, Bernard Henri Leprohon, Gaspard DeLanaudière et la veuve Joliette avaient formé une société sous le nom de Scallon, Leprohon & DeLanaudière pour faire commerce de bois. La société était divisée en 4 parts égales. E. Scallon devait diriger la société, B. H. Leprohon ne payait pas de commission mais il était tenu de donner tout son temps, la veuve Joliette et G. DeLanaudière fournissaient leurs moulins. Le 2 décembre 1856 la société pour le commerce de bois a été prolongée pour une année, B.-H. Leprohon indisposé s’est fait représenter par son fils Charles.

Le 22 décembre 1852 E. Scallon s’est associé avec J.-H. Dorwin marchand de bois du village de Rawdon. Le greffe du notaire Denis-Émery Papineau n’a pas été numérisé, seulement l’index:

Le 26 décembre 1853 Dorwin a déposé un protêt pour dissoudre la société Edward Scallon & Company puisque Scallon ne s’était pas bien occupé de la gestion de son moulin de Rawdon:

Le 16 février 1853 Edward Scallon avait ausi loué le moulin à scie de Daillebout sur la pointe Ennuyante de la rivière l’Assomption; le bail donne de nombreuses indications sur le fonctionement d’un moulin à scie. Le bail n’a pas été renouvelé puisque le 4 octobre de la même année Jean-Baptiste Charland meunier demeurant à Ste-Mélanie a pris en charge les moulins à farine et à avoine et le moulin à scie.

E. Scallon a alors fait construire des moulins et il aurait voulu fonder autour le village d’Entreprise tout comme les seigneurs de Lavaltrie avaient fondé le village d’Industrie. Le 3 février 1855 il a conclu un marché avec Pierre Nadeau père et André Parant pour la fourniture du bois du pont de L’Entreprise sur la rivière L’Assomption. Le marché pour sa construction a été conclu le 4 juin avec Michel Ladouceur.

Un article de La Minerve du 20 février 1855 mentionne les établissements nouveaux de moulins pour convertir en farine le blé et l’avoine qui sont la propriété de M. Scallon… M. Scallon a jeté là dans un site charmant et avantageux, les fondements d’un village nouveau auquel il a donné le nom de Village d’Entreprise…

La Minerve 20 février 1855

E. Scallon a aussi publié des annonces dans les journaux; celle-ci paru dans La Minerve est datée du 12 février 1855 au Village d’Entreprise.

La Minerve 13 février 1855

Edward Scallon était alors le principal marchand de bois du village d’Industrie et il a conclu beaucoup de contrats chez les notaires.

Lire: Edward Scallon et le Village d’Entreprise

En 1855, sous l’Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada, le village forme son conseil et élit son premier maire, Édouard Scallon. En 1857, on change le nom pour «corporation municipale de la paroisse Saint-Charles-Borromée». À la suite de l’acte d’amendement de 1856, le 17 mars de la même année se tenait une assemblée des citoyens afin de former un comité pour incor­porer la municipalité sous le nom de «ville de l’Industrie». Le 20 janvier 1862, Gaspard DeLanaudière est élu deuxième maire.

Serge Cholette,  Joliette… de village en devenir à ville affranchie

Le moulin à farine de Gaspard DeLanaudière sur la Ouareau

Le 12 décembre 1853 Gaspard DeLanaudière a conclu un marché avec Médard Desmarais pour le devis du bois de construction de l’écluse de son moulin sur la rivière Lacouareau. Il semble qu’il était situé à l’emplacement actuel de Crabtree ou un peu en amont vers le pont des Dalles.

Le 6 avril 1854 Gaspard DeLanaudière a conclu un marché avec Alexis Dufault maçon de L’Industrie pour la maçonnerie de son moulin; le contrat a été résilié le 11 mai 1854. Le 23 novembre 1857 Gaspard DeLanaudière avait mis son moulin à farine construit sur la rivière Ouareau en garantie hypothécaire dans une obligation envers Edouard Scallon: un moulin à farine à deux étages sur le derrière et à un seul étage sur le devant avec cinq moulanges pour moudre le grain et écaler l’avoine avec une chaufferie

Description des moulins de L’Industrie en 1855

En 1855 Antoine Toussaint Voyer époux de Angélique DeLanaudière est décédé et dans l’inventaire de ses biens qui a été fait les moulins de L’Industrie sont précisément décrits dans le contrat notarié:

  • le moulin à scie de Peltier construit rive gauche aurait été reconstruit à neuf en 1852 ainsi que le tiers de la chaussée, il contenait 2 échappes(?) et une scie ronde et était estimé à 500 louis; il est aussi nommé moulin Flamand dans l’acte notarié
  • les mouvements du grand moulin à farine ont été refaits à neuf, ceux du moulin à scie aussi et une rallonge a été ajoutée; il a été estimé à 1.000 louis
  • le moulin à cardes contenait 2 jeux de cardes, le bâtiment de 45 pieds par 24 était en mauvais ordre, il était évalué à 100 louis
  • le moulin à l’avoine faisait 50 pieds par 25 avec une chaufferie de 66 pieds de long contenait 2 paires de moulanges pour l’avoine et 1 pour les autres grains, le tout estimé à 375 louis
  • le moulin de Louis est le second moulin à farine construit en aval, un bâtiment de 48 pieds par 29 estimé à 1.250 louis; c’est donc ce moulin qui avait le plus de valeur en 1855

Un article du Journal de Québec de 1854 décrit un village de 2.000 âmes, 2 moulins à scie sciant 60 à 70.000 madriers, 3 moulins à farine contenant 10 meules et moulant 70.000 minots de blé annuellement, 2 moulins à avoine, une fabrique de sceaux, une fonderie et une machine à tourner le fer et un moulin à fouler, presser et carder.

Le Journal de Québec, 11 avril 1854
11 avril 1854

La vente des propriétés des seigneurs de Lavaltrie

Le 19 mai 1855 E. Scallon et B.-H. Leprohon ont conclu un marché qui mentionne le moulin à scie d’E. Scallon au village d’Entreprise et celui des seigneurs à L’Industrie géré par Leprohon. Ils étaient associés sous le nom de Scallon & Leprohon. Le 23 juin E. Scallon a acheté une grosse quantité de bois à Joseph et Élie Brault qui avaient un moulin à St-Alphonse; 2 contrats ont été conclus le même jour. Le 26 novembre il concluait un autre contrat pour l’achat de billots au lac Noir à St-Jean-de-Matha.

Il y avait d’autres commerçants de bois au village d’Industrie. Le 17 novembre 1856 Thomas Corriveau a conclu un marché avec John O’Brian marchand à Québec pour lui livrer 50.000 pieds (et plus si possible) de bois de pin blanc et jaune bien encagé au bout de l’Île de Montréal à l’embouchure de la rivière L’Assomption.

Le 15 août 1857 Charlotte DeLanaudière veuve de B. Joliette a contacté une obligation de 1.000 livres auprès de la Compagnie de Prêt du Haut Canada. Elle a dû mettre ses propriétés en garantie, elle devait déjà 750 livres à E. Scallon.

Le 4 décembre 1857 G. DeLanaudière, B.-H. Leprohon, la veuve Joliette et E. Scallon ont mis fin à leur association et les propriétés de leur compagnie de commerce de bois ont été mises en vente à l’encan au marché de L’Industrie. Edouard Scallon a racheté les 120 miles de limites de bois et la ferme qui sont décrits en détail dans ce contrat.

Un avis avait été publié par Ewd. Scallon le 11 novembre 1857 dans le Montreal Herald pour annoncer la vente des limites de bois. Un autre article du 21 juillet 1858 montre qu’il avait vendu son magasin de marchandises sèches à la firme Bruyère & Coffin. Ses moulins et ses limites de bois auraient été achetées par des américains, L. Flout, A. B. Hallowell, Bergeman et D. Peck, associés dans la compagnie Flout, Hallowell & Co. Il s’agissait de son moulin à scie de L’Entreprise.

Dans l’inventaire après décès de Edward Scallon le contrat conclu avec Benjamin D. Peck de Portland dans le Maine le 10 juillet 1858 a été recopié, il est rédigé en anglais. Pour la somme de $30.000 il avait vendu un moulin à scie situé sur la rivière de l’Assomption devant le 2ème rang de Kildare avec tous ses ustensiles, le droit d’utiliser le chemin pour se rendre au moulin et au boom avec 4 acres de terrain.

En décembre 1859 E. Scalon a publié une nouvelle annonce pour vendre son magnifique moulin à farine situé à 1 lieue du village d’Industrie ainsi que plusieurs autres emplacements.

Le contrat de vente vente du moulin à scie spécifiait qu’il devait en retirer la machinerie du moulin à carder avant le 1er décembre. Pourtant le 13 avril 1858 E. Scallon a conclu un bail avec André Ducheny cardeur de St-Thomas pour un moulin à carde et à fouler garni de cardes, foulons et autres accessoires inclus dans un moulin à scie situé dans la paroisse St-Charles-Borromée sur la rivière L’Assomption. Le 9 octobre 1858 E. Scallon a vendu les mécanismes du moulin à cardes de L’Entreprise à Zail Chaput, époux en 2ème noces d’Angélique de Lanaudière. Les mécanismes devaient être démontés sans nuire à André Ducheny cardeur de St-Charles-Borromée.

Edward Scallon et son cousin Charles-Edward

Le 2 décembre 1858 Charles Edward Scallon a conclu un achat de billots sur la rivière David dans le comté de Joliette pour Messieurs Cushing, c’est la première mention de ce deuxième membre de la famille Scallon.

Il y avait un autre Scallon à Joliette, il n’en est pas fait mention dans l’Histoire de Joliette. Il est devenu le représentant de T. Cushing à L’Industrie quand E. Scallon a vendu son commerce de bois à cette compagnie de Repentigny. C’est dans le testament d’Edward Scallon qu’on apprend que Charles-Edward était son cousin.

Lire: Edward et Charles Edward Scallon marchands de bois

Edward Scallon ne s’était pas encore retiré du commerce de bois. Le 11 décembre Edouard Scallon concluait un marché sur la rivière Noire, le 8 janvier 1859 il achetait d’autres billots sur la rivière Noire et le 12 janvier sur la rivière L’Assomption. Le 14 janvier il a signé une convention avec Louis Dalpé dit Pariseau et une autre avec Alexis Manseau de St-Gabriel de Brandon. Le 13 décembre 1858 Edward Scallon avait racheté des créances appartenant à Joshua Scholefield & Sons représentés par James Dignan équivalentes à la somme de 5.734 livres. Ils avaient eux mêmes acheté ces créances pour des hypothèques dans le canton de Brandon, une moitié de Louis Massue le 12 octobre 1848 pour 7.238 livres et l’autre moitié le 8 janvier 1850 de Pierre Boisseau pour 6.963 livres et en avaient recouvré une bonne partie. Ils ont vendu le restant à E. Scallon pour 4.301 livres qui a reçu 152 créances.

Le 22 janvier nouvel achat de billots à François-Xavier Gaboury sur la rivière Noire. Il a aussi réclamé de l’argent à Joseph Brissette, Antoine Beauchamps, Louis Lanoix, Olivier Asselin, Jean-Louis Granger et de nombreux autres habitants de St-Gabriel au nom de William Scholefield et John Dent Goodman.

Gaspard DeLanaudière s’était endetté auprès d’E. Scallon, il a donné ses propriétés en garantie hypothécaire dans une obligation le 4 février 1859: sa part de la seigneurie de Lavaltrie, le Grand Moulin à farine et la moitié indivis d’un moulin à scie. Le 12 février la veuve de Barthélémy Joliette a cédé à E. Scallon ses derniers droits dans le commerce du bois.

La ferme pour ravitailler les chantiers de bois se trouvait à la limite nord du township de Cathcart sur la rivière L’Assomption et en 1856 l’arpenteur la décrivait comme M. Scallon’s farm.

La ferme est dessinée sur un plan de Cathcart de 1857: Mr. Scallon’s clearance. Elle était située au nord de St-Côme vers la ZEC Lavigne.

Sur la même carte le chemin menant jusqu’à la ferme est tracé depuis la seigneurie Daillebout; une traverse à gué menait au chemin du gouvernement tracé par Hugh Daly et un embranchement partait vers la ferme au nord.

Sur ce tableau des limites de bois en 1918 on voit que Scallon & Leprohon avaient acquis en 1856 les droits de coupe sur la rivière L’Assomption, la rivière Noire et dans les townships de Kilkenny et Wexford; Scallon en avait aussi sur les rivières Ducharme et Maskinongé en 1863. Ces droits ont ensuite été acquis par Wm. Copping et la St-Maurice Paper Co Ld.

La vente des limites de bois possédées par E. Scallon a donné lieu à un très long procès à cause d’une erreur de 50 miles carrés. En 1881 la Cour Suprême du Canada étudiait encore le litige dans la cause Dupuy vs. Ducondu. E. Scallon avait épousé Mathilde Ducondu. Ce très long document donne la liste exacte des limites de bois vendues:

By the deed of 22nd October, 1866, compensation is made to Cushing, assignee of Peck, for the deficit of fifty miles of the 250 miles of limits Scallon had, by deed of 6th March, 1865, agreed to sell to plaintiff in these words: Et en vertu, de ce titre feu M. Scallon s’était obligé de vendre deux cent cinquante six milles de limites pour couper du bois sur les terres de la Couronne situées sur la rivière de l’Assomption et ses tributaires la rivière Noire et la rivière Ducharme… se trouve un déficit do cinquante mille pour compléter la dite quantité de deux cent cinquante six milles cédés au dit M. Théophilus H. Cushing par l’acte de dèpot, cession et transport du seize mars mil huit cent soixante et cinq le dit Sieur McConville pour et au nom qu’il agit, voulant compléter le déficit qui se trouve a. par les présentes, cédé et transporté avec la garantie de tous troubles généralement quelconques au dit M. Théophilus M. Cushing

No. 94, twenty-five miles situated on the L’Assomption river, No. 96, twenty-five miles situated on the L’Assomption river, No. 97, twenty-five miles situated on the L’Assomption river, No. 98, twenty-five miles situated on the L’Assomption river, No. 27, twelve miles situated on the Black river, No. 271/2, twelve miles situated on the Black river, No. 28, twelve miles situated on the Ducharme river, No. 93, eighteen miles situated on the L’Assomption river, No 92, twenty-four miles situated on the L’Assomption river, No. 91, eighteen miles situated on the L’Assomption river, No. 90, twenty-four miles situated on the L’Assomption river, No. 132, eighteen miles situated on the Black river, No. 133, eighteen miles situated on the Black river.

Le 7 juillet 1859 E. Scallon a conclu un marché pour le foin qui devait être coupé à sa ferme sur la rivière L’Assomption dans le township de Cathcart pour ravitailler ses chantiers.

À partir du 5 octobre 1859 jusqu’à la fin décembre Charles Edward Scallon a signé plus d’une centaine d’engagements pour les chantiers de bois en tant qu’agent de Theophilus Cushing. Le salaire des engagés était de 10 piastres par mois et il pouvait être réduit si ils ne respectaient pas les règlements stipulés dans le contrat. Il avait fait construire un boom pour arrêter les billots à Ste-Béatrix et il a dû conclure un marché avec ses voisins. Il a aussi conclu des marchés avec des entrepreneurs pour couper et charroyer des billots dans le comté de Joliette, un autre sur les rivières Noire et David, un sur la rivière Boule dans le 10ème rang de Cathcart et un sur le 5ème rang de Cathcart. Il a finalement engagé Joseph Peltier de L’Industrie comme boulanger pour livrer le pain dans ses chantiers de la rivière L’Assomption.

Le 7 décembre 1860 Charles-Edward Scallon a conclu un marché pour des billots à couper dans les 6ème, 7ème et 8ème rang de Cathcart précisant les qualité demandées, la dimension des noeuds entre autres, et la manière de les corder en roalway à l’embouchure de la rivière Boule (Bull’s river).

La vente du moulin à farine d’Entreprise

Le 6 juillet 1859 Hilaire Asselin a vendu à Edward Scallon une lisière de terre située en la concession Ste-Rose de Ste-Élisabeth voisine d’une terre appartenant à Charles-Edward Scallon pour faire un chemin pour aller à son moulin. Le 9 juillet Edward Scallon a conclu un marché avec 4 cultivateurs de Ste-Élisabeth pour construire le chemin verbalisé par un réglement du conseil municipal de la paroisse de St-Charles-Borromée. Ce chemin menait au pont situé à côté de ses moulins à partir de Ste-Élisabeth.

Le 19 juin 1860 E. Scallon a vendu à Prosper Lavoie, meunier de Sorel, un terrain bâti d’un moulin à farine, un moulin à scie, un hangar, une maison et autres dépendances pour 2.000 livres. La vente exclut le moulin à scie qui avait été vendu avec les limites de bois.

Le 5 mars 1861 Edward Scallon a vendu à Charles Chaput le 13ème lot du 2ème rang de Kildare moins une portion déjà vendue à Charles Edward Scallon et une autre à Benjamin Peck. Le moulin appartenait à Prosper Lavoie et E. Scallon conservait un lopin de terre en aval du pont. Un plan accompagne le contrat, il est en 2 parties que j’ai recollées et montre que le moulin d’E. Scallon n’était pas sur l’île des Soeurs mais en amont. Le moulin à scie vendu à B. Peck semble avoir été inclus dans la même bâtisse mais ce n’est pas très clair.

On voit sur ce plan que les moulins du village d’Entreprise étaient construits sur la Pointe à Guilbault. En 1838 le notaire J. O. Leblanc avait vendu à Pierre Majeau horloger de St-Paul la pointe de terre nommée Pointe Guilbault de la seigneurie de Lanoraie avec un chaland servant à la traverse de la rivière de l’Assomption louée au nommé Kelly.

Le 27 avril 1861 Charles Chaput inspecteur des clôtures a fait la répartition des charges dans ce secteur de St-Charles-Borromée entre Charles E. Scallon, Charles Chaput, Edouard Scallon et Prosper Lavoie sur les terres N°686 et 685.

Le recensement de la paroisse Saint-Charles Borromée en 1861

  • Prosper Lavoie, 1 moulin à farine évalué $12.000
  • André et Joseph B. Desrochers, 1 moulin à farine et à scie évalué $8.000
  • Gaspard de Lanaudière, 1 moulin à farine et à scie $16.000 (note: le moulin à scie appartient à Mme de Lanaudière)
  • Charlotte de Lanaudière, 1 moulin à farine et à carder $6.800
  • Edouard Scallon, marchand de bois, 1.000.000 de pieds de planches et madriers
  • Peter Charles Loedel, 1 moulin à farine $6.800
  • Bernard-Henri Leprohon, 1 moulin à scie $5.000

Le commerce du bois en 1860-1864

Le 1er décembre 1860 Charles Edward Scallon a conclu un marché avec François Lefebre et Régiste Bourret cultivateurs de Ste-Elisabeth pour couper, charroyer et mettre sur la glace de la rivière L’Asomption dans le 11ème rang de Cathcart 1.000 billots de pin. Le 3 il en a conclu un autre avec Jean-Baptiste Duperrault de St-Gabriel pour 5.000 billots sur la rivière de Boule, le 12 avec Jean-Baptiste Peltier de Ste-Mélanie pour 400 billots sur la rivière L’Assomption et avec Féréol Majeau, charpentier et conducteur de chantier, de L’Industrie pour 400 billots, le 13 avec André Rivet, aubergiste de L’Industrie, pour 400 autres billots sur la rivière de Boule. Le 8 il a aussi acheté de James Canon de Rawdon 30.000 douves à tonnes de chêne (pour fabriquer les tonneaux) à livrer à la gare du village d’Industrie. Il n’est jamais fait mention de T. Cushing dans ces contrats et il n’a pas signé de contrat d’engagement pour les chantiers cet hiver là.

Le 11 janvier 1862 au manoir seigneurial Charles Héliodore Panneton agent de Charlotte Tarrieux Taillant de Lanaudière veuve de Barthélémy Joliette lui a remis tous les argents provenant des cens et rentes du township de Kildare et de la seigneurie de Lavaltrie, des moulins à avoine, à cardes et à fouler et du moulin à scie avec les intérêts du capital des lods provenant des commissaires de la tenure seigneuriale.

Le 3 février 1862 Edward Scallon et son épouse Mathilde Ducondu ont fait une importante donation à la Corporation Épiscopale Catholique Romaine de Montréal. La donation devait servir à l’érection et construction d’un Hopital ou Maison d’Industrie dans le dit village d’Industrie pour y recevoir et loger les pauvres malades invalides ou infirmes Catholiques Romains du village d’Industrie. Et une rente devait servir au maintien, soutien et entretien de l’hopital. L’argent venait de la vente de ses moulins de L’Entreprise à Prosper Lavoie.

Le 12 mai 1862 Edouard Scalon a conclu un accord avec MM. Leavitt, Smith et Weston de Bangor, Maine et Theophilus Cushing de Winterport, Maine, de la Ottawa Lumber Co. Cette compagnie de Repentigny avait acquis les limites de bois d’E. Scallon sur la rivière L’Assomption et ses tributaires, rivière Noire et Ducharme de Benjamin Peck mais elle avait empiété sur les limites appartenant encore à E. Scallon. Après un procès un accord à l’amiable a été conclu.

Le 27 mai Charles E. Scallon a conclu un accord avec Firmin Cornellier de Ste Mélanie en tant que représentant de la Ottawa Lumber Co pour un billot estampillé T. C. (Cushing) qui aurait été scié au moulin de William Berczy exploité par Ovide Pelletier. F. Cornellier aurait affirmé que c’était un billot à la dérive mais il a dû payer $20.

En 1862 Charlotte DeLanaudière veuve de B. Joliette était encore fortement endettée et dans une obligation que Edouard Scallon lui a consentie cette fois elle a dû mettre toutes ses propriétés en garantie qui sont décrites en acceptant de payer 12% de taux d’intérêt. Le 26 juillet E. Scallon a conclu un marché avec Narcisse Desrosiers de Ste-Elisabeth pour récolter le foin de la ferme des chantiers d’en-haut. Le 4 août il a dû trouver un accord avec son voisin Jean-Baptiste Chaput car la chaussée de son moulin avait inondé son terrain. Le 25 octobre Charles Edward Scallon a vendu à Charles Chaput son emplacement près du moulin de L’Entreprise. Le 27 décembre un autre marché a été conclu avec Israel Gaudet et Maxime Robichaud de St-Alphonse-Rodriguez pour la livraison de billots au moulin de Dixon sur la rivière L’Assomption dans le township de Cathcart; Edward Scallon en voyage en Europe était représenté par son commis Joseph Brouillet.

En 1862 les curés Stanislas Provost, Léandre et Moïse Brassard, précurseurs du curé Labelle, sont partis en voyage d’exploration à la recherche de terres sans hommes pour les offrir à des hommes sans terres. Ils ont choisi la chute Roberval à la décharge du lac Kaiagamac dans la rivière Matawin pour y fonder un village. M. Gilmour marchand de bois y avait construit une chaussée de 10 à 16 pieds de haut inondant environ 1.500 arpents de terres en amont, le site du futur village de St-Michel-des-Saints.

Lire: La rivière Matawin avant le réservoir Taureau

En 1863 Nathan B. Gibbs et Benjamin J. Burgess de Boston ont poursuivi Theophilus Cushing de Repentigny; le moulin à scie vendu par Edward Scallon à Kildare et les limites de bois sur les rivières de l’Assomption, Noire et Ducharme ont été mis en vente par le sheriff de Joliette.

Gazette du Canada 6 juin 1863

Le 21 août 1863 E. Scallon a conclu un bail de location pour louer le moulin à scie appartenant à Charlotte et Gaspard DeLanaudière pour 6 ans; ce moulin attenant au Grand Moulin à farine est décrit, les scies rondes devaient être changées. Le 26 septembre il leur a présenté un devis des travaux à faire au moulin.

Le 19 octobre 1863 E. Scallon a conclu un marché avec Régis Bourret et Elzéar Geoffroy de Ste-Elisabeth pour couper et livrer 800 billots de pin dans le canton de Cathcart et livrables sur la rivière Boule à la ferme des américains.

Le 28 janvier 1864 Edward Scallon a conclu un marché avec James Payton de Rawdon pour lui livrer 1.000 billots de pin dans le boom de M. Cushing à Repentigny provenant de la rivière Lacouareau partie dans le canton de Rawdon et partie dans celui de Chertsey à faire étamper par Edward Cahill; contrat fait et passé en la ville de Joliette dont c’est la première mention.

Edward Scallon est décédé le 15 mars 1864, c’est son dernier contrat de marchand de bois. L’inventaire de ses biens à son décès fait plus de 300 pages notariées et donne beaucoup d’informations sur son commerce de bois.

Edward Scallon est décédé le 15 mars 1864. Le Messager de Joliette parle de l’encan du regretté défunt, l’un des plus considérables faits à Joliette et qui eût lieu le 29 août suivant. L’énumération seule de tout le mobilier nous donne une idée de la richesse et du confortable qui régnait en cette maison spacieuse si longtemps connue à l’angle des rues St-Charles-Borromée et de Lanaudière. Il s’y est vendu une énorme quantité de chevaux, de voitures, de boeufs et, en plus, 36 quarts de lard… (A.-C. Dugas – Gerbes de souvenirs)

Lire: Décès et succession d’Edward Scallon en 1864

Le 28 avril 1864 son cousin Charles Edouard Scallon a conclu un marché avec James Payton de Rawdon. Charles Edouard Scallon ci-devant marchand et actuellement geôlier de la Prison du district de Joliette, résidant en la ville de Joliette.

Payton reconnaît que Scallon lui a fourni des provisions pour son chantier de bois dans le canton de Wexford pour la somme de 1.700 dollars qu’il rembourse en partie par 519 billots. Le contrat montre un exemple d’octroi de coupe de bois sur les terres de la couronne dans le township de Wexford, 2½ square miles sur les rangs 2, 3 et 7.

Le même jour 200 morceaux d’épinette rouge flottant sur la Ouareau entre Chertsey et Rawdon ont été vendus par Payton à T. C. Cushing, C. E. Scallon agissant comme leur représentant.

On trouve des informations dans les journaux quand il y a des inondations, des incendies ou des accidents. Dans Le Courrier du Canada on lit qu’au printemps 1863 le moulin à farine de M. de Lanaudière a été endommagé et un magnifique pont emporté par la débâcle.

Le Courrier du Canada : journal des intérêts canadiens, 27 avril 1863
27 avril 1863

Le 21 octobre 1863 Charlotte DeLanaudière veuve Joliette a vendu à Edouard Harboure la terre du vieux moulin de St-Paul et les 2 îles situées à côté (îles Vessot). En novembre le moulin à farine appartenant à Mme Joliette a été complètement détruit par un incendie; il s’agit du moulin à avoine qui n’a pas été reconstruit (L’Ordre).

L'Ordre: union catholique, 6 novembre 1863
6 novembre 1863

Le 6 décembre 1864 Charles Guilbault cultivateur de Ste-Mélanie a conclu un marché avec Charles-Héliodore Panneton bourgeois et Joseph Brouillet marchand de bois de Joliette pour leur fournir tout l’avoine aux 2 chantiers qu’ils se proposent de faire cet hiver et la quantité de 50 minots de beaux pois cuisants le tout livrable à leur chantier de la rivière de boule l’un des tributaires de la rivière de l’assomption dans les townships de Cathcart et de Cartier.

Les moulins de Joliette 1864-1885

La compagnie des frères Cushing à Repentigny

En 1857 les frères Cushing ont fait construire un moulin à scie à vapeur à Repentigny sur le S-Laurent. Il était plus moderne que les moulins de Joliette et les billots pouvaient flotter jusqu’au moulin, être sciés et exportés directement par des bateaux. Les madriers sciés à Joliette qui ne devaient pas être en contact avec l’eau devaient être transportés jusqu’au fleuve par train ou chalands ce qui était plus coûteux. La concurence était donc forte.

Le 11 juin 1864 Theophilus Cushing a déposé chez le notaire Magnan la procuration que lui avaient donné Nathan B. Gibbs et Benjamin Burgess de Boston pour les répésenter. Le même jour Joseph Brouillet a conclu une transaction avec Theophilus Cushing en tant qu’exécuteur testamentaire d’E. Scallon. Celui-ci aurait empiété pendant l’hiver sur les limites de bois de 256 milles qu’il avait vendues à Benjamin Peck le 10 juillet 1858. Le 14 novembre 1863 le sheriff Bernard-Henri Leprohon avait adjugé ces limites de bois à Nathan B. Gibbs et Benjamin H. Burgess représentés par T. Cushing. Le litige concernait la coupe illégale de 9.000 billots par Scallon et un accord à l’amiable a été conclu entre la succession Scallon, Gibbs et Burgess et la Ottawa Lumber Co pour la livraison de 6.000 billots au boom des moulins de la ville de Joliette dépendant de la succession d’E. Scallon.

Le 30 septembre Mgr Bourget autre exécuteur testamentaire d’E. Scallon avait nommé Pierre Edouard McConville comme son représentant pour régler le litige avec Cushing et ses associés. Le même jour Pierre Edouard McConville agissant au nom de Mgr. Ignace Bourget et de Joseph Brouillet a reconnu avoir reçu de Nathan B. Gibbs et Benjamin H. Burgess représentés par Theophilus H. Cushing la somme de $6.075.68 pour la vente de billots.

Le 3 janvier 1865 dans une procuration de T. Cushing à François B. Godin on lit que le moulin à scie en pierre du village d’Entreprise a été vendu par Scallon à Benjamin Peck en même temps que ses limites de bois le 10 juillet 1858.

Le 3 janvier 1865 Theophilus H. Cushing a déclaré que le 30 décembre 1864 à Boston Nathan B. Gibbs et Benjamin H. Burgess lui ont cédé tous les droits qu’ils avaient sur la succession d’Edward Scallon; il a nommé François Benjamin Godin avocat de Joliette son procureur pour obtenir un acte de vente légal. Le 16 mars les exécuteurs testamentaires de Scallon et F.B. Godin ont régularisé l’acte de vente dans un acte qui récapitule les nombreuses transactions et poursuites judiciaires ayant eu lieu depuis la vente de 1858 par Scallon.

Le 24 janvier Charles Gaspard Barthélémy de Lanaudière seigneur du fief Tarrieux de Lavaltrie a transporté à C.H. Panneton et Jean-Baptiste Chapdelaine marchand de Joliette tous les produits et revenus provenant de la mouture de tous les grains qui seront moulus à ses moulins à farine dont l’un est situé à Joliette, meunier Bazile Trudeau, et l’autre à St-Paul, meunier André Duval, jusqu’à la somme de 517 piastres. Il a fait plusieurs autres transports de rentes provenant de ses censitaires du canton de Kildare démontrant que sa situation financière était difficile.

Le 4 février C.-H. Panneton et Joseph Brouillet ont formé une société pour exercer le commerce de bois. J. Brouillet avait hérité d’Edward Scallon d’une partie des limites de bois sur la rivière Bull (ou Boule) dans le township de Brandon qui étaient sa mise dans la société; le renouvellement des licenses avait été payé par les 2 associés et ils avaient conclu un accord avec madame Scallon pour utiliser sa moitié des limites. Le 23 décembre les associés ont convenu de la résiliation de leur société qui n’a pas fonctionné. Dans le codicille à son testament du 20 décembre 1866 madame Scallon avait retiré la permission donnée à J. Brouillet de couper du bois dans les limites lui appartenant pour la transférer à son épouse dont il s’était séparé.

Dans La Minerve du 5 juillet 1865 la Compagnie Épiscopale Catholique Romaine de Montréal poursuit D. Richer qui possède 1 moulin à scie à St-Charles-Borromée, sans précision.

La société Panneton & Cie

Le 3 février 1866 C.-H. Panneton et Hyppolyte Cornellier dit Grandchamps membre du parlement provincial ont formé une autre société avec dame Julie Artémise Taché épouse de Gaspard de Lanaudière pour exercer le commerce du bois sous le nom de Panneton & Cie. Le 26 avril Artémise Taché a nommé Gaspard de Lanaudière son procureur pour agir en son nom.

Le 20 octobre Prosper Larochelle de la mission St-Come dans le canton de Cathcart s’est engagé à livrer à la société Panneton & Cie de Joliette 200 billots d’épinette blanche sur la rivière Versaille; le 3 novembre Pierre Brissette de St-Jean-de-Matha s’est engagé pour 50 billots de pin de 1ère qualité, 50 de 2ème qualité et 50 billots d’épinette blanche marqués d’un X sur la rivière de l’Assomption à couper dans la seigneurie de M. Abbott (Ramsay); le 10 novembre Norbert Ladouceur de Ste-Béatrix pour 25 billots de pin de 1ère qualité, 100 de 2ème qualité, 25 d’épinette blanche à prendre dans la seigneurie de Mme Lévesque.

Le même jour Hypolite Cornellier dit Grandchamps, Charles-Héliodore Panneton et Julie Artémise Taché épouse de Gaspard de Lanaudière ont résilié leur société de commerce de bois, Panneton devait se charger de la liquidation du bois. Le 17 novembre il a conclu un autre marché avec Régis et Augustin Robitaille et Onézime Rondeau de St-Jean-de-Matha pour 150 billots à prendre au lac des Isles et la Belle Rivière de la seigneurie de MM. Berczy et Panet; le 13 décembre avec Damase Perrault de St-Alphonse encore 150 billots sur la rivière de l’Assomption; les contrats étaient conclu au nom de Panneton & Cie.

Le 22 octobre P.E. McConville procureur de la sucession Scallon a cédé à Theophilus H. Cushing de Franckfurt dans le Maine 50 miles carrés de nouvelles limites de bois car il y avait un déficit de 50 miles dans les 256 vendus par E. Scallon en 1858. Il a cédé 2 lots de 25 miles au nord des lots sur la rivière de l’Assomption.

Le 22 octobre Jean-Baptiste Fafard et Olivier Rondeau du canton de Cathcart se sont engagés à livrer à Panneton & Cie 600 billots d’épinette blanche sur la rivière Versaille dans le canton de Cathcart. Le 3 novembre Hercule Marteau de St-Jean-de-Matha s’est engagé à livrer 300 billots de pin sur la glace de la rivière de l’Assomption près de l’endroit nommé Grand Railway (rollway) à prendre dans les seigneuries Panet et Lamothe. Le 10 novembre Patrick Burns et Louis Geoffroy de St-Jean-de-Matha se sont engagés pour 100 billots de pin à livrer sur la rivière de l’Assomption près du moulin de Geoffroy dans les seigneuries Panet et Lamothe.

Le 10 novembre Joseph Chaussé de la Mission de St-Come s’est engagé pour 75 billots de pin et 80 d’épinette blanche à livrer sur l’Assomption dans le 9ème rang de Cathcart; le 17 Peter Naileu de St-Alphonse 75 toises de pin blanc ; le 21 Onézime et Joseph Beaudry de St-Ambroise 400 toises de billots de pin à prendre dans les seigneuries de M. Berczy, Panet et Mme Lévesque près du cordon de Cathcart; le 5 janvier 1867 André Laperche dit St-Jean et Joseph Guilbault de Ste-Béatrix 50 billots de toise de pin et 100 billots d’épinette blanche au moulin de Pascal Geoffroy sur la rivière Noire; Henry Lynn(?) de St-Alphonse 125 billots de pin.

La société Goulet et Antrobus

Le 12 décembre 1866 Côme Iréné Goulet surintendant du chemin de fer de Joliette et James McDonell Antrobus de Trois-Rivières ont formé une société pour exercer le commerce du bois sous le nom de Goulet et Antrobus; tout le bois sera coupé sur les lots appartenant à Antrobus de la seigneurie de Lanoraie, N°11, 12 et 13 de la concession nord-ouest du ruisseau Point-de-Jour qui se décharge dans le lac Romer.

Le 14 janvier 1868 Côme Iréné Goulet teneur de livres de la compagnie des moulins à vapeur de Pierreville a vendu à Zaïl Chaput bourgeois de Joliette tous les pins croissant sur la terre de J. M. Antrobus lors de la cession de leur société. Le même jour C. I. Goulet a nommé Louis Chartier de St-Thomas garde-forêt sur les terrains Antrobus.

Cette photo semble être la plus ancienne des moulins du centre-ville. Elle est sur le panneau historique de la Place des Moulins. On voit le Grand Moulin à farine à gauche, le moulin à cardes au centre et le moulin à scie Peltier ou Flamand à droite.

Les moulins de Joliette - Collection privée
Les moulins de Joliette – Collection privée

Le 4 février 1867 les superbes moulins de Mr. H. Cornellier connus sous le nom de moulin Lefebvre ont brûlé, ce sont les moulins situés sur les rapides Bordeleau en amont de Joliette.

Moulin Cornellier 1867

Le 23 mars Charles Héliodore Panneton et dame Julie Artémise Taché épouse de G. de Lanaudière ont renouvelé leur société pour faire le commerce du bois pour 6 ans sous le nom de Panneton et Cie.

Les marchés de bois de messieurs Cushing

Le 14 septembre 1867 Urgel Martin dit Pellant de St-Jean-de-Matha s’est engagé à couper pour messieurs Cushing de Repentigny représentés par Francis Kelly de St-Charles-Borromée 200 toises de pin blanc rendu sur la glace sur la rivière Noire en bas du premier pont des 7 Chutes à couper sur les limites de la société; le même jour Olivier Martin dit Pellant s’est engagé à livrer 300 toises; le 18 Joseph Morin et Jean-Baptiste Robert de St-Come se sont engagés à livrer 500 toises partie sur la rivière Bull et partie sur la rivière l’Assomption aux 7 Chutes; le 18 Maxime Gagné de St-Alphonse 100 toises aux 7 chutes; le 21 François Ducharme de St-Jean-de-Matha 300 toises sur la rivière Noire; Noël Charbonneau de St-Jean-de-Matha 100 toises sur la rivière Noire; Ambroise Boisvert de St-Alphonse et Eugène Mannol de Ste-Mélanie 600 toises à la chute à Tellier sur l’Assomption; François Rivet de St-Ambroise 300 toises sur la rivière Versailles; tous les billots devaient être marqués TH sur le côté avec une hache.

Il y a eu encore 20 marchés de bois conclus par F. Kelly jusqu’en décembre: 1.600 toises à la Crique à David sur la rivière Lac à Gougon, 600 à Ste-Béatrice, 1.750 dans les cantons de Cathcart, Joliette et Cartier, 5 marchés pour couper tout le bois du domaine de Benjamin Abbott à St-Jean-de-Matha et du domaine Panet – Lamothe à Ste-Béatrix et St-Jean.

Le 4 février 1868 Charlotte de Lanaudière veuve de Barthélémy Joliette a fait donation à Marie Joseph Charles Gaspard de Lanaudière son petit neveu de 5 ans fils de Gaspard de 2 terrains situés près du moulin à avoine qui avait brûlé en 1863 avec toute la pierre et les murs qui sont restés debout, le quai et le canal qui amenait l’eau au moulin à farine et au moulin à avoine avec le droit d’y rebâtir un moulin à 2 moulanges pour l’avoine et 1 moulange pour les autres grains. Le propriétaire du grand moulin à farine devra lui fournir assez d’eau pour les faire fonctionner. Le même jour Gaspard de Lanaudière a cédé à Charlotte de Lanaudière une partie des terres N°625, 626 et 627 du terrier de Lavaltrie connue sous le nom de Place du Vieux Moulin avec le droit de se servir de l’eau. Tous ces terrains avaient été attribués lors du partage de la seigneurie le 13 juin 1853. Toujours le même jour Charlotte de Lanaudière et Gaspard de Lanaudière ont donné quittance à la succession d’Edward Scallon qui avait utilisé le moulin à scie de la rive droite pour scier les billots restant de la sucession et qui a remis le moulin entre leurs mains; le bail a été résilié.

Le 17 février Gaspard de Lanaudière a transporté à la Compagnie Rivard & Cie toute la fleur d’avoine de son moulin de la rivière du Lac-ouareau de St-Paul jusqu’au 25 mars 1869 pour 400 piastres.

Entre le 26 septembre 1868 et le 2 janvier 1869 Francis Kelly au nom de la société Cushing a conclu chez le notaire Magnan une vingtaine de marchés de coupes de billots pour plus de 3.500 toises de billots plus des quantités indéterminées sur les réserves de Benjamin Abbott, la veuve Lévesque, Panet et Lamothe, le canton de Brandon. Tous les contrats sont situés précisément, Crique à David dans le canton de Joliette, Crique à Lazard sur la rivière Noire, rivières Versailles, Bull, lac Assomption, potasserie du canton de Cathcart, etc.

Le 13 mars 1869 James Payton de Rawdon a vendu à Theophilus Cushing, Theophilud H. Cushing et Charles B. Cushing représentés par Francis Kelly ses limites de coupes de bois dans les cantons de Chertsey et Wexford pour $300.

Le 19 juin Jean-Baptiste Leblanc du village de Montcalm à St-Liguori a vendu à Francis Kelly agent de la société Cushing la coupe de bois des lots N°34 et 35 des 1er et 2ème rangs de Wexford pour $200. En novembre et décembre 1869 F. Kelly a conclu de nouveaux marchés de coupe de bois au nord de Joliette.

Le bois était coupé de plus en plus loin vers le nord et de nouveaux villages étaient fondés. Le 29 juillet 1869 Bernard Henri Leprohon médecin et sheriff de Joliette et Jean Antoine Leprohon cultivateur du township de Joliette ont fait donation à la Corporation Episcopale Catholique Romaine de Montréal de 2 terrains sur les lots N°16 et 17 dans le 1er rang du township pour l’établissement d’une chapelle pour la nouvelle paroisse dédiée à Ste-Emilie (sic). Le 14 août Ambroise Brunelle père de l’Énergie dans le township de Joliette a donné une partie du lot N°16 du 2ème rang.

L’Assomption Lumber Company

Le 26 novembre William H. Parker agent de l’Assomption Lumber Company de Lachenaie a conclu un marché pour la coupe de billots au lac Ouareau dans le canton de Chilton.

Le 4 août 1870 Frederick Farmer agent à Joliette de l’Assomption Lumber Company a conclu un marché avec Firmin Dugas membre du parlement de St-Liguori pour la coupe de 4.000 billots sur les rivières Rouge et Blanche dans le canton de Rawdon; il s’agit de billots de pin. La compagnie appartenait à des américains qui avaient construit un moulin à vapeur à Charlemagne.

Le 3 septembre Firmin et Daniel Truesdell de Chertsey ont conclu 2 marchés avec la compagnie pour lui livrer les billots à prendre aux lacs Jaune et Brûlé de Chertsey.

L’Assomption Lumber Co. exploitait le bassin de la rivière Ouareau alors que le bois du bassin de la rivière L’Assomption appartenait à la compagnie Cushing de Repentigny. Le moulin à scie Cushing fonctionnant à la vapeur a été construit en 1857 en bordure du fleuve face à l’île Lebel à Repentigny. Le moulin à scie construit en 1869 par l’Assomption Lumber Co. à Charlemagne fonctionnait aussi à la vapeur. On comprend facilement pourquoi les moulins de Joliette dépendant de la force hydraulique ont décliné à partir de cette époque.

Le 9 juillet 1869 Charles Barthélémy Gaspard de Lanaudière a transporté à Georges Baby avocat de Joliette tous les produits, fruits et revenus en grains provenant de son moulin à farine en pierre à 2 étages de la ville de Joliette occupé par Basile Trudeau meunier et de son moulin à farine d’avoine sur la rivière du Lac Ouareau occupé par André Duval meunier; tous les revenus de son moulin à scie adossé au moulin à farine de Joliette et les revenus de 2 terres lui appartenant.

En juillet 1869 une poursuite a été déposée par David Douglass Young et Maurice Cuvillier contre Charles Barthélémy-Gaspard DeLanaudière. Il était propriétaire d’un moulin à farine de 2 étages en pierre (le Grand Moulin) et de la moitié indivise d’un moulin à scie en pierre et bois attenant. Dans d’autres poursuites en 1870 on apprend qu’il avait aussi le tiers de la chaussée en propriété indivise et qu’il avait l’obligation de fournir assez d’eau pour actionner le moulin à avoine situé sur le même canal en aval. Il semble avoir connu de grosses difficultés financières.

Gazette officielle du Québec, 31 juillet 1869
Gazette officielle du Québec, 31 juillet 1869

Toutes ces propriétés ont été achetées lors d’une vente par le sheriff Leprohon le 18 janvier 1871 par mademoiselle Marie Anne Claire Symes. Le 11 mars elle a revendu le tout à George Gilmour et dame Artémise Taché épouse de Gaspard de Lanaudière séparée en biens pour 15.250 piastres.

La compagnie Cushing possédait aussi des limites de bois sur la rivière de l’Achigan qu’ils avaient fait nettoyer pour faciliter le flottage de leur bois: protêt contre William Lynch de l’Épiphanie qui obstruait le cours de la rivière. Le 12 novembre 1870 François-Xavier Lasalle marchand de St-Jean -de-Matha a vendu 500 minots d’avoine de 38 livres chacun à la compagnie Cushing pour approvisionner ses chantiers.

Lire: L’exploitation industrielle du bois sur la rivière Ouareau

La Compagnie à bois de Joliette

En 1870 la Compagnie à bois de Joliette a été formée pour acheter des billots pour les faire descendre par la rivière L’Assomption et approvisionner les moulins de la ville de Joliette.

L'Ordre: union catholique, 29 septembre 1870
L’Ordre – 29 septembre 1870

Le décès de Marie Charlotte de Lanaudière veuve de Barthélémy Joliette

Marie-Charlotte Tarieu de Lanaudière avait hérité d’une partie des biens de son père seigneur de Lavaltrie et de ceux de Barthélémy Joliette son mari. Elle est décédée le 28 janvier 1871 et l’inventaire de tous ses biens a été fait par ses exécuteurs testamentaires. C’est un document de plusieurs centaines de pages qui documente tous ses meubles et immeubles.

La liste de ses immeubles donne des informations sur les moulins de Joliette en 1871. Elle possédait:

  • le quart de la seigneurie de Lavaltrie connus sous le nom de fief Joliette;
  • la moitié indivise d’un moulin à scie en pierre de 40 pieds de longueur sur 2 étages avec une autre bâtisse en bois de 40 pieds sur 36 avec toutes les scies et machineries; moitié indivise d’un canal de 60 pieds par 390 avec ses quais; un tiers indivis dans la chaussée érigée sur la rivière de l’Assomption;
  • un lopin de terre sur la rive gauche de la rivière de 48 arpents de superficie sur le chemin de rang nord-est de la rivière;
  • le lot N°108 sur la rue St-Barthélémy tenant à la rivière avec un pouvoir d’eau;
  • la seconde partie du Village d’Industrie nommé ville de Joliette;
  • la juste moitié indivise d’une maison en bois près du moulin à farine ci-devant à M. G. de Lanaudière aujourd’hui à George Gilmour sur la rue de Lanaudière;
  • un emplacement sur la rue Notre-Dame avec une maison en bois à 2 étages.

Quant à la résidence ou manoir seigneurial de Mme veuve Joliette avec le terrain… ainsi que la propriété de toutes les rentes foncières constituées dans le township de Kildare… et la propriété de son domaine à Lavaltrie… en a fait donation… La donation a été faite à sa fille adoptive Zoé Ducondu épouse de Charles-Héliodore Panneton commerçant de bois qui demeuraient avec elle au manoir seigneurial.

Le règlement des successions de Barthélémy Joliette et Charlotte de Lanaudière son épouse a été tellement compliqué qu’en 1884 il n’était pas terminé; B. Joliette était décédé en laissant de très grosses dettes.

Lire: La succession de Barthélémy Joliette

George Gilmour – Le moulin Flamand

Le 31 août 1869 Aimé Dugas procureur de Gustavus Davis Twiss de Newhaven fils de Russell Twiss et Permela Hall a ratifié le contrat de la vente d’un terrain de St-Liguori à George Gilmour maître-meunier et cardeur; le même jour A. Dugas a envoyé une signification de l’acte de vente à G. Gilmour demeurant à Joliette. George Gilmour possédait un moulin à carder dans le village de St-Liguori quand il a déménagé à Joliette.

La Gazette de Joliette rapporte la vie des moulins. Le 20 avril 1871 G. Gilmour fait des réparations au grand moulin à scie de la rive droite. Le 18 avril 1872 elle annonce que la Compagnie à bois de Joliette doit faire descendre 20.000 billots. La moitié sera scié par MM. de Lanaudière et Gilmour; l’autre moitié sera scié au moulin Flamand de la rive gauche appartenant à M. B. H. Leprohon et dame Z. Chaput qui ont loué leur scierie aux MM. Cushing qui devraient y faire de grandes améliorations .

Le 7 mars 1871 Julie Artémise Taché épouse de Gaspard de Lanaudière a donné une procuration à son mari pour acquérir, en son nom ou conjointement avec George Gilmour propriétaire des moulins de Joliette, de demoiselle Marie Anne Clara Symes un lopin de terre de 5 arpents bordé par les clercs de St-Viateur et autres avec un moulin à farine à 2 étages en pierre avec son mécanisme, une écurie et autres bâtisses et le tiers indivis de la chaussée du moulin ainsi que la moitié indivise d’un moulin à scie en pierre et en bois de 36 pieds sur 36 attenant au moulin à farine. Aussi un lot de terre de 20 arpents bordé par la rue de Lanaudière et la rue Notre-Dame sans bâtisse et un autre de 32 arpents sur la rivière l’Assomption bordé par dame Zaïl Chaput et Elie Côté, des rentes constituées des censitaires du fief Tarrieu, un terrain dans la paroisse St-Paul sur la rivière du lac Ouareau avec un moulin à farine. Ce sont toutes les propriétés de son mari qui avaient été vendues en 1869.

En septembre et octobre 1871 Francis Kelly concluait encore des marchés de bois comme agent de la compagnie Cushing. Le 23 septembre il a vendu au nom de Cushing Brothers à Bernard Henri Leprohon et Marie Angélique de Lanaudière veuve de Zail Chaput une grande scie ronde, une scie à déligner, une scie à reciper(?) avec leurs mécanismes qui se trouvent dans le moulins à scie du 2ème rang de Kildare acheté de Edward Scallon pour les installer dans le moulin Peltier, aujourd’hui Moulin Flamand, de Joliette leur appartenant en propriété indivis comprenant un corps de bâtisse de 40 pieds quarrés lambrissé en planches couvert en bardeaux sur la rive gauche de la rivière. Vendu pour $400 à payer en sciage de billots à leur moulin et le privilège de scier leurs billots en priorité.

Le recensement de 1871

Le recensement canadien de 1871 présente des tableaux des établissements industriels avec des données précises permettant d’évaluer leur importance. Voici la liste des moulins recensés à Joliette:

  • George Gilmour – 1 moulin à farine ($8.000) c’est le grand moulin
  • P. C. Loedel – 1 moulin à farine ($1.666) c’est le second moulin à farine situé devant son manoir nommé moulin de Ours Trudeau
  • B.-H. Leprohon et dame Chaput – 1 moulin à scie ($4.000) situé rive gauche nommé moulin Peltier puis Flamand
  • George Gilmour – 1 moulin à scie ($4.000) ???
  • La Compagnie à bois de Joliette – sans précision ($3.000) la scierie était à côté du grand moulin
  • Pierre Imbeau – 1 fonderie ($8.900) c’était le plus gros capital investi à Joliette

Dans le recensement de Saint-Charles-Borromée les seuls moulins recensés sont ceux de Cornellier et Baby sur les rapides Bordeleau, un moulin à farine d’avoine et de blé ($4.800) et un moulin à scie ($600).

Moulin Cornellier et Baby 1871

Dans celui de Saint-Ambroise il y a 1 moulin à scie ($1.000) appartenant à Joseph Cornellier dans la première partie. Dans la seconde qui semble concerner le nord du canton il y a 1 moulin à scie ($1.000) à Robert Stafford, 1 moulin à farine ($1.100) et un à scie ($500) à Russell(?) Woods, 1 moulin à farine ($2.000) à Leon Bourgard et un moulin à carder ($1.600) à Didace Ques(?).

Le commerce du bois 1872

Le 16 janvier 1872 James Payton commerçant de bois de Montréal a conclu un marché avec Joseph Dalbec de St-Paul pour la livraison de 50 cordes de bois d’érable au dépôt du chemin à rails du St-Laurent en la ville de Joliette. Il a conclu plusieurs autres marchés et le 22 février il a déposé un protêt contre Hypolite Cornellier dit Grandchamps propriétaire de moulins à Ste-Elisabeth pour un autre contrat de cordes de bois; il lui a fait une offre de $600 en détaillant chaque pièce du paiement:

Le 14 juin Robert Graham marchand de bois de Montréal a protesté à son tour contre J. Payton qui ne lui avait livré que 1.100 cordes sur les 2.000 qu’il s’était engagé à livrer au dépôt du train à Joliette.

Le 9 avril 1872 Bernard-Henri Leprohon et dame Marie Angélique de Lanaudière ont fait bail à loyer pour 2 ans à messieurs Cushing Brothers d’un moulin à scie leur appartenant chacun de moitié avec le terrain moins la maison de Jean-Baptiste Flamand; en outre la canal qui se trouve en avant du dit moulin qui conduit l’eau au moulin pour le faire mouvoir, et de la tête du canal part la chaussée qui barre la rivière de l’Assomption dont un tiers indivis appartient au moulin… Avec une caisse ou pilier en construction dans la rivière pour y attacher un boom et le privilège de se servir de l’étang rive droite pour y metre du bois. Ce moulin en bois va brûler plusieurs fois par la suite malgré les précautions: interdiction d’utiliser de l’huile végétale ou camphrine pour l’éclairage. Loué pour $200 piastres par an.

En octobre 1872 Francis Kelly agent de Cushing Brothers a conclu les marchés de bois saisonniers, 300 toises de bois de pin à Brandon, en janvier 300 toises dans la seigneurie de Daillebout; les marchés sont moins nombreux, la compagnie devait engager ses propres bûcherons pour ses chantiers.

Le 6 juin 1872 MM. de Lanaudière et Gilmour ont fait placer la turbine qu’ils ont importé de Montréal pour remplacer celle qui s’était brisée il y a un mois. L’ancien système de roues à aubes a été remplacé par un système à turbine plus efficace. Cushing Brothers et l’Assomption Lumber Company faisaient descendre une grande quantité de bois depuis les townships. La plupart descendait à Repentigny, ils en sciaient un peu au moulin de M. Leprohon et dame Chaput.

La Gazette de Joliette, 19 mai 1873
La Gazette de Joliette, 19 mai 1873

L’approvisionnement en bois et la descente des billots

Le 5 avril 1873 Pacifique Thériault de St-Charles-Borromée a vendu à Andrew Kelly épicier de Joliette pour 7 ans le droit de couper et enlever le bois de pin et d’épinette de la moitié indivise des lots N°17, 18 et 19 du 5ème rang de Cathcart en la paroisse du Bienheureux St-Alphonse de Rodriquez. Le 17 octobre Andrew Kelly a vendu à Firmin Trusdell commerçant de bois de Chertsey la coupe de bois des lots N°16 et 17 du 4ème rang et N°17, 18 et 19 du 5ème rang de Cathcart pour 5 ans.

Le 17 mai Messieurs Cushing Brothers ont protesté contre la Compagnie à bois de Joliette; le notaire s’est transporté au bureau d’affaires de François Foucher bourgeois, George Baby et Adolphe Fontaine avocats, Pierre Hubert Turgeon écuyer, Edouard Guilbault marchand, George Gilmour propriétaire de moulins, Pierre Edouard McConville arpenteur, Joseph Ulric Foucher, Jean-Jacques Provost et Charles Leblanc marchands, Elie Côté et Hypolite Cornellier cultivateurs faisant affaires ensemble sous le nom de Compagnie à bois de Joliette. La compagnie Cushing avait environ 10.000 billots sur la rivière l’Assomption arrêtés en amont de moulins de Joliette par le boom et demandait qu’on lui ouvre un passage pendant que la saison était favorable.

Le 26 mai le journal mentionnait que le boom latéral appartenant à la Cie Cushing s’était brisé et avait failli causé la rupture du boom de M. Gilmour.

La Gazette de Joliette, 26 mai 1873
26 mai 1873

Le 16 août 1873 Robert Stafford propriétaire de moulin à St-Ambroise de Kildare s’est engagé à livrer à Edward Fisk à Joliette tout le bois pour la construction d’une maison de 3 étages.

Le 10 septembre c’est la Assomption Lumber Company qui a protesté contre William Henderson marchand de bois de Montréal qui aurait intentionnellement obstrué la rivière Shwagan (Swaggin) dans le canton de Cartier pour nuire à la descente des billots de cette compagnie par la rivière l’Assomption jusqu’à Charlemagne.

William Henderson (Anderson) était en train de construire un moulin à vapeur à L’Assomption; en 1873 les moulins de l’Assomption Lumber et de M. Cushing sciaient 2.200 billots par jour alors que ceux de Joliette n’en sciaient que 400.

Le 11 octobre Francis Kelly au nom de Cushing Brothers a conclu un marché de bois dans le 11ème rang de Cathcart et le 1er de Cartier. Le 6 novembre Benjamin Goulet de Joliette s’est engagé à Robert Graham marchand de bois de Montréal pour lui couper des cordes de bois d’érable à St-Thomas et les livrer au train de Lanoraie; Graham a conclu de nombreux contrats avec James Payton et d’autres pour des coupes de bois à St-Thomas.

Le 14 novembre Charles Barthélémy Gaspard de Lanaudière a fait notarier une déclaration pour affirmer son droit de propriété sur les propriétés héritées de madame veuve Barthélémy Joliette.

La juste moitié du moulin à scie en pierre de 40 pieds sur 42 à 2 étages formant corps avec le moulin à farine; il contient 2 échappes, une grande scie ronde et autres scies pour fendre et couper le bois, de longues(?) scies pour lattes et généralement la moitié indivise dans tous mécanismes qui existent dans les dites bâtisses en pierre et allonge en bois avec tous leurs mouvements virant et travaillant ainsi que dans la chaussée, le canal d’alimentation qui est en avant de ce moulin et lui sert ainsi qu’au moulin à farine et se termine par deux piliers ou têtes de canal avec cinq empellements avec leurs pelles et agrès, avec en outre la moitié indivise dans les quais et le terrain entre la rivière de l’Assomption et canal et le moulin à scies (excepté ce qui est nécessaire au moulin à cardes)…

Le même jour G. de Lanaudière a vendu à la Compagnie à bois de Joliette représentée par son président Eusèbe Asselin, Pierre Edouard McConville secrétaire et Adolphe Fontaine la moitié indivise du moulin à scies décrit avec la moitié indivise de 2 terrains attenants avec les piliers, caisses, estacades (boom), chaînes qui attachent et retiennent les estacades pour 3.200 piastres. Julie Artémise Taché épouse de G. de Lanaudière a encore vendu à la compagnie sa moitié indivise des piliers, caisses et estacades pour 80 piastres.

Le 7 janvier 1874 Edward Fisk épicier de Joliette a vendu à William Henderson commerçant de bois de Montréal la coupe du bois d’épinette, de pin et de cèdre des lots N°20 et 17 du 4ème rang, N°17, 18 et 19 du 5ème rang de Cathcart.

Le 18 mars 1874 Bernard Henri Leprohon et Marie Angélique de Lanaudière ont renouvelé le bail de leur moulin à scie à Cushing Brothers représentés par Francis Kelly. Le 15 décembre le bail a encore été renouvelé. Le 28 décembre Francis Kelly au nom de Cushing Brothers a conclu un marché avec James Payton pour la coupe de toutes essences de bois dans le 3ème rang du canton de Cartier sur la rivière de l’Assomption; le 29 James Payton a acheté de Eugène Mannan tous les pins rouges des lots 30 et 31 du 2ème rang de Cartier.

Le 7 août l’Assomption Lumber Company a encore protesté contre William Henderson qui obstruait le cours de la rivière de l’Assomption vis à vis de son moulin de la paroisse de l’Assomption, empêchant les billots de circuler. Le 19 juillet 1875 le même protêt a été signifié à W. Henderson pour les mêmes raisons.

Gazette de Joliette, 4 février 1879
Gazette de Joliette, 4 février 1879

Les scieries de MM. Henderson fonctionnaient avec un engin bouilloire, elles étaient pourvues d’un boom et étaient situées à L’Assomption dans la boucle de la rivière; le guide de L’Assomption de 1883 précise qu’elles avaient été incendiées récemment.

Le 8 août 1874 Hypolite Cornellier de Ste-Elisabeth et Georges Baby avocat de Joliette ont vendu à Eugène Bordeleau forgeron de St-Félix et Onésime Bordeleau commerçant de bois de Rawdon un moulin à scie sur le côté sud-ouest de la rivière de l’Assomption presque vis à vis de leur moulin à farine sur le lot N°13 du 3ème rang de Kildare avec un terrain faisant partie de l’isle Victoria près d’un pont; vendu pour 1.300 piastres et la construction d’une maison près du moulin à farine. Le 28 septembre 1875 Hypolite Cornellier leur a vendu sa moitié indivise du moulin à farine et de l’autre partie de l’isle Victoria et la moitié d’une autre isle vis à vis le moulin à scie et la moitié indivise d’un terrain de la rive gauche vis à vis du moulin à farine pour 1.000 piastres. Le 2 décembre 1882 Onésime a vendu à Eugène Bordeleau sa part des propriétés et de la société O. Bordeleau & Frère. Ces moulins étaient situés sur les rapides Bordeleau, construits par Joseph Lefebvre.

Le 14 octobre 1874 la Compagnie à Bois de Joliette a acheté une coupe de bois à Guillaume et Damase Rivet de St-Côme sur le lot N°13 du 8ème rang de Cathcart. Le 18 décembre elle a acheté aux Clercs de St-Viateur de Joliette les lots N°20, 21, 22, 23, 24, 25, 26 du 8ème rang de Cathcart avec quelques réserves de lopins loués ou vendus pour la somme de 700 piastres. Les actionnaires de la compagnie ont signé avec le père Paschal Drogue Lajoie.

Le 26 décembre la compagnie a encore acheté une coupe de bois à Damase Payet de St-Côme sur le lot N°17 du 8ème rang de Cathcart, le 30 mars 1875 à Hilaire Etu dans le lot N°11 du 10ème rang, le 20 avril à Jean-Baptiste Desjardins dans les lots N°13 et 14 du 11ème rang

La fonderie Imbleau

Le 20 mars 1874 Peter-Charles Loedel et son épouse Marie Antoinete de Lanaudière ont loué pour 10 ans à Éléonore Duplessis veuve de Pierre Imbleau propriétaire de fonderie un lopin de terre de 17 pieds sur 63 borné par la rue du moulin à farine de Ours Trudeau, par la rivière de l’Assomption, par le bailleur, par le terrain de Mr. Imbleau et par le terrain de l’ancienne manufacture de seaux où sont érigés des bâtiments de la fonderie; l’acte renvoie au bail du 26 mars 1853 entre les seigneurs de Lavaltrie et Pierre Himbleau où un plan est annexé; un pouvoir d’eau de 12 pouces cubes à prendre du canal de Louis Trudeau avait alors été accordé. La facterie de seaux était en aval de la fonderie.

Le nouveau bail précise que le pouvoir d’eau était alors de 20 pouces cubes à prendre de l’étang du moulin de Ours Trudeau pour lequel P. Imbleau avait construit un canal. Les propriétaires de la fonderie devaient placer des hommes sur le toit chaque fois qu’ils coulaient de la fonte pour éteindre les étincelles; en hiver ils devaient fournir autant d’hommes que le moulin à farine pour décrocher la glace dans le canal; payer un quart de l’entretien de la chaussée.

Les moulins de L’Entreprise

Le 11 janvier 1875 Francis Kelly agent de Cushing Brothers a vendu à Wiliam Copping commis marchand et William Burns scieur de Joliette un terrain avec une bâtisse en pierre servant de moulin à scie sur la rivière de l’Assomption dans le 2ème rang de Kildare avec le privilège du pouvoir d’eau, chaussée et 2 caisses (peers), le droit de se servir du chemin menant au moulin de l’Entreprise et un autre terrain attenant pour 800 piastres.

Le 26 janvier 1875 la Corporation Episcopale Catholique Romaine de Montréal a fait donation aux Soeurs de l’Asile de la Providence de Montréal de nombreux terrains dans la ville de Joliette formant le quadrilatère entre les rues Notre-Dame, St-Barthélémy, Manseau et St-Pierre moins la chapelle Bonsecours; elle leur a aussi donné le moulin à farine de l’Entreprise et le pont construit sur la rivière de l’Asomption avec des terrains attenant acquis lors d’une vente du sheriff le 1er décembre 1865.

La manufacture de papier

Le 4 février 1875 Thimothé Venne a conclu un marché et promesse de vente avec John Crilly manufacturier de Montréal pour un terrain de la concession Base de Roc sur le bord de la rivière de l’Assomption. Le 5 février George Gilmour a conclu un marché et promesse de vente à John Crilly pour un terrain sur la rivière de l’Assomption, le chemin de la Reine connu comme chemin du Vieux Moulin, etc. Il a déclaré avoir cédé une partie de ce terrain pour un cimetière (protestant) et un chemin de voiture y menant et que le contrat ne sera passé qu’à la condition que J. Crilly construise une manufacture de papier sur le terrain vendu. Le 26 mars François Pepin dit Lachance a aussi fait une promesse de vente pour une terre de la concession Base de Roc sur la rivière de l’Assomption et 2 lopins tenant à Thimothé Venne.

Le 30 avril Marie Angélique Tarrieu de Lanaudière veuve Chaput a vendu à John Crilly un terrain de 2 arpents de long sur la rive gauche de la rivière de l’Assomption tenant aux époux Loedel et à Gaspard de Lanaudière comprenant la chute ou pouvoir d’eau situé vis à vis de la chaufferie de l’ancienne manufacture de seaux connu comme pouvoir d’eau du Pont des Dalles, devra faire ses chaussées et canal de manière à prendre son eau au-dessous de la décharge du moulin à farine des Loedel pour ne pas noyer ni ce moulin ni la fonderie; vendu pour 500 piastres. Le même jour Gaspard de Lanaudière lui a vendu son terrain jusqu’au pont du chemin de fer, pourra faire sa chaussée de manière à prendre une partie des eaux du grand moulin à scie sur le côté nord de la rivière sans nuire à sa décharge ni à tout autre moulin ou usine qui pourrait s’établir autour; vendu pour 800 piastres. Enfin Peter-Charles et Marie Antoinette Loedel lui ont vendu leur partie de la rive gauche de la rivière vis à vis du pouvoir d’eau pour 2.000 piastres.

Le 11 mai John Crilly a aussi acheté un emplacement sur la rue de Lanaudière avec une maison à 2 étages à Adolphe Delisle percepteur du Revenu de l’Intérieur de Joliette pour 2.000 piastres.

Le même jour Edouard Hamelin entrepreneur de St-Barthélémy a conclu un marché avec John Crilly pour faire la maçonnerie de 3 bâtisses: une maçonne de 8 pieds de haut pour une bâtisse de 110 pieds sur 30; une maçonne de 11 pieds pour une bâtisse attenante de 40 pieds sur 30; une maçonne de 9 pieds sur une bâtisse de 100 pieds sur 50 en commençant le 14 mai pour terminer le 15 juillet; les pierres seront prises dans la carrière de G. de Lanaudière sur la rive gauche de la rivière. Les travaux seront faits sous la direction de messire Joseph Michaud prêtre et professeur au collège de Joliette.

Le 10 juillet J. Crilly a fait signifier un protêt à E. Hamelin qui avait abandonné le chantier sans tirer les joints de la maçonnerie à sa satisfaction. Le 21 juillet E. Hamelin a répondu à un nouveau protêt avoir nommé messire Joseph Michaud comme son expert arbitre; J. Crilly a choisi Joseph Smith ingénieur civil de Montréal et déclare refuser le choix de messire Michaud qui est trop partie prenante dans le contrat litigieux. Finalement Joseph Smith et Charles Dugré entrepreneur de Trois-Rivières ont été choisis comme arbitres avec Maurice Perrault ingénieur civil de Montréal comme tiers arbitre. Le réglement a été conclu le 21 août.

En 1875 John Crilly a fait construire une manufacture de papier en face de la fonderie, où se trouve aujourd’hui le second barrage dans la ville de Joliette. Les machines étaient actionnées par 2 turbines hydrauliques (Histoire de Joliette). C’était une grosse manufacture moderne pour l’époque.

La Gazette de Joliette, 3 août 1875
La Gazette de Joliette, 3 août 1875

Le 6 août 1875 la Compagnie à bois de Joliette et George Gilmour ont déposé une sommation et protêt contre John Crilly et Richard Jollyman associés pour faire le commerce et manufacturer du papier en train de construire une chaussée pour leur manufacture; que les requérants sont propriétaires chacun pour une moitié indivise dans un moulin à scie situé au-dessus du pouvoir d’eau de Crilly et Jollyman côté sud de la rivière, que George Gilmour est seul propriétaire d’un moulin à farine faisant corps avec le moulin à scie; que la hauteur de la chaussée en construction aboutissant au moulin à farine des Loedel risque de causer l’inondation de leurs moulins lors des crues de la rivière; que les actes de vente des terrains à J. Crilly spécifiaient qu’il ne devait pas nuire aux autres moulins; que les requérants se pourvoieront pour faire baisser ou démolir la chaussée en construction. Peter-Charles et Marie Antoinette Loedel ont protesté le même jour pour leur moulin à farine. Julie Artémise Taché veuve de Gaspard de Lanaudière a aussi protesté car la nouvelle chaussée allait nullifier le pouvoir d’eau du moulin à avoine incendié qui était sa propriété.

Le 20 octobre 1875 Eléonore Duplessis veuve de Pierre Imbleau a transféré à la Fonderie de Joliette le bail qu’elle détenait de P.-C. Loedel d’un terrain, un pouvoir d’eau à prendre de l’étang du moulin d’Ours Trudeau et un canal. Le 28 octobre la Fonderie de Joliette a protesté contre John Crilly et P.-C. Loedel car la chaussée d’une hauteur de 13 pieds et le mur pour contenir l’eau qu’ils avaient construits avaient occasionné une inondation dans la fonderie et des dommages aux machines et avait interrompu les activités de ses 17 ouvriers depuis 8 jours. La fonderie protestait contre la nouvelle chaussée qu’elle ne voulait pas entretenir comme elle devait le faire avec l’ancienne et elle craignait des dommages plus importants lors de la crue de printemps pour ses installations valant 20.000 piastres.

Le commerce du bois et ses difficultés

Le 24 juin 1875 l’Assomption Lumber Company a protesté contre Antoine Gaudette propriétaire d’un moulin à scie sur la rivière Ouareau en amont du pont des Dalles (futur moulin Fisk) dont le boom obstruait la rivière empêchant les billots de la compagnie de descendre.

Le 29 juillet 1875 James Payton commerçant de bois de Montréal a vendu à Francis Kelly commerçant de bois de Joliette tout le bois qu’il avait sur le bord de la rivière de l’Assomption marqué des lettres JP, environ 6.000 billots, que Kelly ferait descendre au boom de Joliette pour le compter pour 1.000 piastres. Robert Graham autre commerçant de bois de Montréal exploitait le bois de chauffage en cordes avec James Payton, ils ont conclu de nombreux marchés.

Le 30 octobre 1875 les époux Loedel et John Crilly ont protesté contre la Fonderie de Joliette qui venait d’être créée à la place de la fonderie Imbleau. Les propriétaires avaient fait creuser un nouveau canal qui leur amenait beaucoup plus d’eau que ce qui leur était accordé dans le bail; ils avaient aussi construit des murs pour ce canal qui s’étaient effondrés et menaçaient les moulins des Loedel et de J. Crilly. Pour procurer à son usine une plus grande force d’eau J. Crilly avait remplacé les roues à eau du moulin à farine Loedel par des roues plus économiques à ses frais et il était près à louer le moulin si la chaussée restait insuffisante.

La manufacture de papier Crilly a commencé ses opérations vers avril 1876 non sans difficultés. La Gazette de Joliette du 19 octobre 1875 écrit: L’eau gonflée par la pluie à démoli une partie de la chaussée de M. Crilly et fait des trouées considérables dans le chenal de La Fonderie. Le 2 juin 1876: La chaussée de M. Crilly a été emportée sur un espace de près de 40 pieds. On pense qu’elle sera placée un peu plus haut afin de diminuer le poids de l’eau.

Le 15 septembre 1875 madame Ducondu veuve Scallon a racheté la balance du prix de vente des moulins seigneuriaux de 5.000 piastres que George Gilmour et Artémise Taché devaient à madame Marie Anne Claire Symes de Bassans. Le 2 octobre madame Scallon et George Gilmour ont conclu une convention pour diminuer les paiements annuels à 500 piastres au lieu de 1.000 au taux de 6% au lieu de 7% d’intérêt pour facilter leur commerce.

Le 2 mars 1876 George Gilmour a vendu à la Compagnie à Bois de Joliette la moitié indivise du moulin à scie faisant corps avec le grand moulin à farine de Joliette, de ses mécanismes et scies, du canal, de la chaussé, des quais, du terrain; les machines à polir le bois placées dans l’allonge n’étaient pas comprises dans la vente puisqu’elles appartenaient à la Compagnie à Bois. La moitié indivise d’un emplacement de la rue de Lanaudière traversé par la rue menant au pont de chemin de fer. La moitié indivise du terrain attaché au moulin. Tous les droits qu’il pouvait avoir sur un terrain connu comme l’étang du moulin. Le vendeur était propriétaire du grand moulin à farine. Vendu pour 3.000 piastres.

Le 2 mai 1876 la Compagnie à Bois de Joliette a protesté contre Onésime et Eugène Bordeleau, le boom de leur moulin à scie du 3ème rang de Kildare bloquait la descente des billots sur la rivière de l’Assomption; elle protestait aussi parce qu’ils s’appropriaient du bois lui appartenant dont la marque SJ pouvait avoir été effacée par le flottage. Pierre Edouard McConville commerçant de bois de Joliette a protesté le même jour pour les mêmes raisons; son bois était étampé MC.

Le 8 mai William Henderson commerçant de bois de Montréal a protesté contre la Compagnie à Bois de Joliette dont le boom situé en amont de son moulin de Joliette empêchait la descente de ses billots. Le 15 mai James Payton a aussi protesté contre la Compagnie à Bois de Joliette; il avait environ 10.000 billots de pin et autres essences sur la rivière à conduire au moulin de William Henderson à L’Asomption bloqués et il devait en faire descendre 25.000 en tout; il avait un grand nombre d’hommes employés et la compagnie par malice et pour lui nuire refusait de lui ouvrir un passage. Le 16 mai l’Assomption Lumber Company a aussi protesté contre la Compagnie à Bois de Joliette pour ses 5.000 bilots bloqués au même endroit.

La Compagnie à Bois de Joliette s’était spécialisée dans le bois de construction pour le marché local: madriers, planches, bois de charpente, lattes, cèdre, jalousies, portes et châssis. Le 5 juin 1876 Simon Forest commis marchand de Joliette a reconnu lui devoir 350 piastres pour du bois de construction.

Le 17 juin 1876 Peter Charles Loedel et Marie Antoinette Tarrieu Taillant de Lanaudière ont fait donation à Charles Bernard Henri Leprohon leur petit-fils député sheriff de Joliette de leurs propriétés sous la réserve d’usufruit. Ils ont donné un terrain où est bâti un moulin à farine de 48 pieds sur 29, le premier étage en pierre, le second en bois, avec 4 moulanges et leurs bluteaux, un smutt-mill, une maison pour le meunier, le canal et la chaussée et une autre chaussée pour la manufacture de papier; le terrain où est bâtie la Fonderie de Joliette avec un pouvoir d’eau qui sont loués à bail.

Le 5 septembre 1876 Marie Angélique de Lanaudière veuve de Toussaint Voyer puis de Zaïl Chaput a vendu à Ours Trudeau meunier à Joliette le moulin de Lavaltrie comprenant une bâtisse en pierre avec 2 paires de moulanges, bluteaux, avec leurs mécanismes, chaussée, pouvoir d’eau, etc. pour 2.100 piastres. Le 6 septembre P.C. Loedel et son épouse ont loué à bail leur moulin à farine à Basile Trudeau fils meunier; il devait fournir l’huile pour graisser les mécanismes, piquer les moulanges tant que nécessaire, entretenir les marteaux pour piquer, nourrir des poulets, oies et canards avec les moutures du moulin, un cochon, enlever les frimas et la glace en hiver; il avait droit à un tiers des profits.

Le 20 janvier 1877 Mizael Mireau de St-Côme a vendu à James Payton commerçant de bois de Montréal la coupe de bois du lot N°23 du 7ème rang de Cathcart à la décharge du lac (???). Le 5 mars Onézime Bordeleau menuisier et Eugène Bordeleau forgeron de St-Charles-Borromée se sont associés pour faire ensemble le commerce du bois, manufacturer des moulins à battre, faire des voitures et autres objets, exploiter des moulins à farine et à scie leur appartenant sur la rivière de l’Assomption. Le 9 juin William Henderson commerçant de bois de Montréal a protesté contre la Compagnie à Bois de Joliette qui empêchait la descente de ses billots avec son boom de Joliette.

Le 22 juillet 1877 Edward Fisk marchand de Joliette a acheté le moulin à scie d’Antoine Gaudette en faillite situé sur la rivière Lacouareau en amont du pont des Dalles pour 700 piastres; une des conditions était de laisser George Gilmour propriétaire de moulins à Joliette se servir de l’estacade attenant au moulin et d’aller et venir dans les bâtisses et sur le terrain. Il était interdit de construire un moulin à carder la laine ou fouler l’étoffe.

Le 28 août Edward Fisk de Joliette propriétaire de moulin à scie sur la rivière Ouareau a déposé le brevet original d’une demande faite par Antoine Gaudette en 1872 au ministre de l’agriculture à Ottawa pour l’enregistrement de sa marque apposée sur les billots lui appartenant: FGIII.

Le 2 octobre 1877 Bernard Henri Leprohon et Marie Angélique de Lanaudière ont loué à bail à Francis Kelly, Andrew Kelly et William Copping faisant affaire sous le nom de William Copping & Cie le moulin à scie Flamand sur la rive gauche pour 200 piastres par an.

Le 18 octobre 1877 George Gilmour a protesté contre la Compagnie à Bois de Joliette comme propriétaire du Grand Moulin à farine de l’Industrie; la Compagnie à Bois qui possédait le moulin à scie attenant avait autorisé Joseph Ulric Foucher à installer des mouvements, mécanismes et pompes dans son moulin pour servir à l’aqueduc en construction et le poids d’eau nécessaire à faire mouvoir ces mécanismes étant considérable il portera préjudice au moulin à farine en contravention avec les conventions et doit être enlevé. Un protêt a aussi été signifié à Joseph Ulric Foucher.

Le 5 novembre 1877 Francis Kelly a donné une caution à l’agent des terres de la Couronne Jean Basilide Delfausse pour l’agence de l’Assomption comprenant tous les townships et terres non concédées situées dans les cantons de Terrebonne, Montcalm, Joliette et Berthier avec la partie de Peterborough située dans le canton de Maskinongé.

Au printemps 1878 James Payton a encore protesté contre la Compagnie à Bois de Joliette qui bloquait ses 15.000 billots descendant au moulin de Charlemagne.

La Gazette de Joliette nous apprend que George Gilmour le propriétaire du grand moulin à farine y a fait des réparations; son meunier s’appelait Marcil (22 mai 1877). Dans le recensement de St-Liguori en 1871 George Gilmour était propriétaire d’un moulin à farine (blé, avoine) et d’un moulin à fouler et à carder la laine dans le village sur la rivière Ouareau. Il a fait des réparations au Grand Moulin à farine de Joliette en 1878 en améliorant la force motrice.

La Gazette de Joliette, 13 août 1878
13 août 1878

Le journal La Patrie était imprimé sur du papier fabriqué à Joliette par John Crilly & Cie.

La patrie, 27 juin 1879
La Patrie, 27 juin 1879

La compagnie Cushing de Repentigny avait loué le moulin à scie de la rive gauche. Le 6 novembre 1877 toutes les propriétés de T. H. Cushing était mises en vente par le shérif de Joliette (Gazette de Joliette).

Le 3 avril 1879 Charles Bernard Henri Leprohon et Basile Trudeau ont résilié le bail du moulin à farine Loedel.

Edward Fisk avait acheté un moulin à scie sur la rivière Ouareau et il a acheté de nombreuses coupes de bois en amont pour l’approvisionner. Le 30 juin 1879 Edward Fisk a acheté une coupe de bois de Éléonore Bressin veuve de Louis Dupras dans le lot N°21 du 3ème rang de Chertsey; le 2 octobre à Jules Bourgeois de St-Liguori le lot N°49 du 5ème rang de Chertsey; le 11 octobre à John Hamilton de Ste-Julienne dans la moitié du lot N°2 du 10ème rang et la moitié du lot N°1 du 8ème rang de Rawdon; le 28 octobre à Ferdinand Robinette de Chertsey 500 billots d’épinette blanche et 2.000 billots de cèdre, 4.000 bûches de cédre et épinette de 12½ pieds, 400 bûches d’épinette de 25 pieds, 200 bûches de cèdre de 20 à 25 pieds en bas du moulin de Delphin Morin sur la rivière Jean-Venne; etc.

Le 5 septembre Charles B. Cushing marchand de bois de Montréal agissant pour et au nom de Andrew Cushing & Cie de St-John Nouveau-Brunswick a transporté à Francis et Andrew Kelly de Joliette une somme de 7.000 piastres qui leur était dûe par Cushing Brothers de Repentigny garantie par les limites de coupes de bois sur les terres de la Couronne N°91, 92 et 93 des cantons de Cathcart et Cartier sur la rivière de l’Assomption.

Le 7 octobre 1879 Charles Bernard Henri Leprohon a loué à bail à François-Xavier Mercil meunier un moulin à farine (moulin Loedel) de 48 pieds sur 29 contenant 4 moulanges avec leurs bluteaux et un smutt-mill avec la maison du meunier. Peter Charles Loedel venait de décéder et C,B.H. Leprohon était son légataire.

Le 8 novembre 1879 Francis Kelly agent de Thomas J. Brady et Samuel P. Brown de Washington D.C. et Warren Brown de Brooklyn N.Y. associés sous le nom de Warren Brown & Cie pour le commerce de bois à Repentigny a conclu un marché pour la coupe de 4.000 billots d’épinette blanche sur la rivière Noire dans le 5ème rang de Cathcart avec Etienne Lepage de Ste-Mélanie et Firmin Pagé de Ste-Béatrix. François Prudhomme de Ste-Emmelie de l’Énergie s’est engagé pour 400 billots sur la rivière Noire dans le canton de Joliette. Stanislas Rivet, Joseph Nault de Ste-Emmelie, Pierre Gadoury de St-Jean-de-Matha ont aussi conclu des marchés.

Le 19 décembre Francis Kelly a acheté pour son compte à François Prudhomme de Ste-Emmelie de l’Énergie la coupe du bois d’épinette blanche et de pin sur le lot N°13 et 15 dans le 4ème rang de Joliette; Edmond Héroux lui a vendu la coupe du lot N°16 du 3ème rang.

La Gazette de Joliette, 25 novembre 1879
25 novembre 1879

Le 22 janvier 1880 Narcisse Goulet meunier et scieur de St-Ambroise de Kildare demeurant maintenant aux États-Unis reconnait avoir vendu à Jean-Baptiste Jarret dit Beauregard en 1856 une partie du lot N°9 du 11ème rang de Kildare avec un moulin à scie et à farine acheté de Bryan Markee et John Dixon en 1845 et il confirme l’acte de vente en faveur de Aurélie Jarret.

Le 14 février Wilfred Locasse de St-Côme a vendu à Francis Kelly la coupe de bois des lots N°14 et 15 du 6ème rang de Cathcart; le 8 avril Jean-Baptiste Paget de St-Côme a vendu à William Copping & Cie la coupe du lot N°13 du 9ème rang de Cathcart.

Le 5 avril Charles Bernard Henri Leprohon a protesté contre la Fonderie de Joliette qui, en contravention avec son bail, a établi une manufacture de moulins à battre actionnée par le pouvoir d’eau, élargi son canal d’arrivée d’eau, privant les autres moulins de leur pouvoir et est en train de construire une bâtisse pour y fabriquer des haches en empiétant sur son terrain.

Le 31 août 1880 Charles Bernard Henri Leprohon a loué à bail à John Crilly le moulin à farine connu comme moulin de Ours Trudeau (moulin Loedel) sans pouvoir changer la vocation du moulin mais avec l’autorisation de changer les roues par une nouvelle roue cast iron. Le 8 septembre il a vendu à la Fonderie de Joliette le terrain qu’elle occupait et le pouvoir d’eau pour 1.500 piastres. 3 plans sont annexés à l’acte de vente, en voici un montrant la fonderie et le moulin à farine.

Les moulins de Joliette 1880-1881

Sur cette belle illustration de Joliette en 1881 on voit la manufacture de papier avec sa haute cheminée, la chaussée sur la rivière avec le moulin à farine à son extrémité et la fonderie en-dessous. En amont le Grand Moulin à farine et le moulin à scie attenant sont juchés sur le canal, le moulin à cardes semble prendre son pouvoir d’eau directement de la rivière mais les contrats précisent toujours qu’il dépendait du même canal qui se prolongeait jusqu’au site du moulin à avoine incendié en aval du pont. Le moulin à scie Flamand était situé en face.

Le 11 octobre 1880 Francis Kelly a conclu de nouveaux marchés de coupe de billots pour le compte de Warren Brown & Cie avec Adam Armstrong et George Brulé de Brandon sur la rivière Noire, Firmin Pagé de Ste-Béatrix sur son terrain. Le 30 octobre Francis Kelly pour Warren Brown & Cie a acheté la coupe de bois des lots N°43 et 44 du 3ème rang, 45 et 46 du 4ème rang du canton de Joliette à Charles Guilbault.

Le 1er juin 1881 Julie Artémise Taché veuve de Gaspard de Lanaudière a vendu à George Gilmour le site de l’ancien moulin à avoine incendié situé juste en aval du pont des Chars avec les murs en pierre du canal qui y conduisait l’eau venant du Grand Moulin. La propriété et le pouvoir d’eau ont été vendus à l’encan pour 1.600 piastres, Arthur McConville et Joseph-Ulric Foucher ont été les seuls autres enchérisseurs.

Le 15 juillet 1881 Francis Kelly, Andrew Kelly et William Copping ont reconduit pour 7 ans leur asociation pour le commerce du bois commencée en 1876.

Le 8 août George Gilmour a revendu sa nouvelle propriété à la Corporation de la Ville de Joliette pour 2.500 piastres, il a fait une bonne affaire. La ville de Joliette a acheté le terrain et son pouvoir d’eau pour y construire son aqueduc municipal. Les engins hydrauliques devaient être actionnés par une roue à eau fonctionnant avec un pouvoir d’eau de 5 pieds qui ne devait pas nuire au moulin à farine de Gilmour en amont en y refoulant l’eau. Le vendeur se réservait la bâtisse en bois servant au bains située sur le terrain. De nombreuses conditions sont énumérées par précaution: interdiction de construire autre chose qu’un aqueduc avec 1 seule roue de type Taylor, la rivière devra être creusée pour placer le coffre de la roue suffisament bas pour ne jamais faire refluer l’eau vers le moulin à farine et l’empêcher de fonctionner, etc. La ville fournira l’eau gratuitement à George Gilmour et Sara Eiza Anderson son épouse leur vie durant.

Le 16 juillet 1881 Bernard Henri Leprohon et Marie Angélique de Lanaudière ont loué à bail leur moulin à scie indivis de la rive gauche (moulin Peltier-Flamand) à William Copping & Cie pour 200 piastres par an. Les locataires pourront creuser et miner le lit de la rivière pour augmenter le pouvoir d’eau et remplacer la roue. Le 26 septembre Charles Bernard Henri Leprohon et John Crilly ont convenu de prolonger le bail du moulin d’Ours Trudeau en face de la manufacture de papier.

Le 23 septembre 1881 les Soeurs de l’asile de la Providence de Montréal ont vendu à Ephrem Houle forgeron un lopin de terre du 2ème rang de Kildare tenant à la rivière de l’Assomption et de 2 côtés aux représentants de feu E. Scallon bâti d’un moulin à farine, un moulin à scie, un hangar, une maison et autres dépendances (N°301 et 303 du plan) avec réserve en faveur des propriétaires du moulin à scie d’avoir un chemin; aussi tous les chemins appartenant au dit feu E. Scallon conduisant au moulin à farine et le pont; un autre terrain attenant (N°199). Les terrains et le moulin à farine leur avaient été donnés par la Corporation Episcopale Catholique Romaine de Montréal le 26 janvier 1875; vendu pour 5.000 piastres. Le 18 novembre Ephrem Houle a rétrocédé aux Soeurs les terrains et le moulin. Ce moulin avait été vendu à Prosper Lavoie par E. Scallon en 1860, il est donc curieux de constater que le 17 mai 1882 les Soeurs de la Providence ont vendu à Magloire Houle constructeur de moulins un moulin à farine à Ste-Victoire enclavé dans un terrain vendu par Prosper Lavoie.

Le 3 octobre 1881 John Crilly a protesté contre Warren Brown & Cie de Repentigny qui faisait chantier de bois dans le haut de la rivière de l’Assomption et sur la rivière Lavigne et qui construisait des barrages pour retenir des grandes quantités d’eau pour faire ensuite descendre ses billots en ouvrant les vannes ce qui perturbait fortement le cours de la rivière et empêchait sa manufacture de fonctionner. Les vannes étant fermées depuis le printemps les eaux à Joliette étaient extrêmement basses lui causant un préjudice d’au moins 1.000 piastres par mois.

Le 29 octobre la Compagnie à Bois de Joliette a conclu un marché avec Charles Bruneau de St-Côme pour la coupe de tout le bois d’épinette blanche sur les lots N°12 et 15 du 9ème rang de Cathcart sur la rivière Versailles; un autre avec François-Xavier Hétu de la mission St-Côme dans le lot N°8 du 10ème rang pour du bois à livrer en bas de la dam ou chaussée de la rivière Versailles; le 30 novembre Barthélémy Baillargeon de la mission St-Côme a vendu le bois du lot N°8 du 11ème rang de Cathcart. Le 12 novembre William Copping & Cie a acheté à Élie Chevrette de St-Côme la coupe de bois d’épinette du lot N°14 du 9ème rang de Cathcart.

Le 16 novembre le Conseil de la Corporation du Comté de Joliette a cédé à William Copping ses prétentions sur les lots N°20 et 21 du 4ème rang de Cathcart tenant à Thomas Kelly et Michaël Connor pour $52.45.

Le 22 novembre George Gilmour a protesté contre la Corporation de la Ville de Joliette qui a posé la roue de son aqueduc sans creuser le lit de la rivière comme elle devait le faire selon le contrat de vente.

Le 10 juillet 1881 le centre commercial de Joliette entre la place Bourget et l’église a été rasé par les flammes. Le lendemain un autre incendie a encore détruit 35 maisons.

Les ruines de l'incendie - Joliette Illustré 1893
Les ruines de l’incendie de 1881 – Joliette Illustré 1893

Lire: L’incendie du centre de Joliette en 1881

Le 4 mai 1881 Jérôme Robillard instituteur et agent seigneurial de Ste-Mélanie a vendu à Pierre Edouard McConville et Charles Bazinet un pouvoir d’eau situé à la décharge du lac Noir en bas du pont avec le terrain nécesaire pour la construction de moulins. Le 23 juillet Pierre Edouard McConville, Charles Basinet et Antoine Levi Octave Daoust ont formé une société pour y construire un moulin à scie sous le nom de Basinet & Cie. Le 18 novembre 1882 Marie Elmire Lalonde veuve de A. L. O. Daoust a vendu sa part des moulins aux autres associés. Charles Basinet et Pierre Edouard McConville ont formé une nouvelle société nommée Basinet & McConville. Le 6 octobre 1884 P. E. McConville a vendu à C. Basinet tous ses droits dans la société pour 1.800 piastres.

Le recensement de la ville de Joliette en 1881

Ce recensement ne donne pas d’information sur les moulins, on peut juste noter les noms des scieurs, meuniers, cardeurs et tanneurs. Les employés de la manufacture de papier sont aussi identifiés. Il y aurait encore des mouleurs, des fondeurs, des mécaniciens et des régisseurs…

  • François-Xavier Flamand, scieur
  • Ambroise Robillard, cardeur
  • Jean-Baptiste Moreau(?), cardeur
  • Michel Trudeau, meunier
  • Delphis Gaudet, scieur
  • Xavier Trudeau, meunier
  • Ovila et Henri Lépine, employés à la manufacture de papier
  • Louis Ferland, employé à la compagnie à bois
  • Octave et Louis Landry, tanneurs
  • Azarie et Aristide Racette, employés à la manufacture de papier
  • Évangéliste Joly, employé meunier
  • Joseph Michaud, employé à la manufacture de papier
  • Elzéard Thibodeau, cardeur
  • Joseph Trudeau, meunier
  • Magloire Masse, tanneur
  • Mathilda Tessier, employée à la manufacture de papier
  • Sewell Clements, tanneur
  • Adélard Lapierre, employé à la manufacture de papier
  • Xavier Marcille, meunier
  • Cyrille(?) Brissette, tanneur

Les moulins de Joliette 1882-1884

Le 14 mars 1882 Charles Bernard Henri Leprohon a conclu un marché avec Joseph Mandeville père et fils de St-Paul pour réparer son moulin à farine, connu sous le nom de moulin Ours Trudeau.

Le 14 octobre 1882 les Soeurs de l’Asile de la Providence de Montréal ont vendu à Calixte Bernard meunier de Drummondville leur moulin à farine avec les terrains attenants pour 5.000 piastres. Le 10 mars 1884 Calixte Bernard a rétrocédé le moulin et les terrains aux Soeurs avec un moulin à cardes qu’il avait construit avec ses accessoires et une presse.

Le 28 octobre 1882 Charles Bernard Henri Leprohon a prolongé le bail accordé à John Crilly pour le moulin à farine Loedel (moulin d’Ours Trudeau) pour 1 an. Le même jour John Crilly a fait notarier la déclaration suivante: John Crilly marchand de Montréal a déclaré que Samuel Johnston en sa qualité de syndic de la faillite de John Crilly & Cie lui a retrocédé les biens suivants, un terrain sur la rive gauche de la rivière de l’Asomption de 2 arpents en superficie à 80 pieds plus haut que la chaussée du moulin de C.B.H. Leprohon avec un pouvoir d’eau et toutes les bâtisses faisant partie du N°544 et le N°394 avec une maison de bois à 2 étages.

Le 20 novembre 1882 George Gilmour a vendu le Grand Moulin à farine pour 15.000 piastres à Stéphanie Foucher épouse de Adolphe Fontaine comprenant 5 paires de moulanges, 3 à franc grain, 2 pour le gabourage, un casse blé d’Inde, un smutt-mill, etc. avec le canal, le tiers indivis de la chaussée et la maison du meunier. Il se réserve le droit de passage sur le pont au-dessus du canal communicant à son moulin à cardes et le droit de prendre l’eau dans le canal pour faire fonctionner 3 jeux de cardes avec le foulon, les presses et autres accessoires. La vente comprenait ses parts dans la Compagnie à Bois de Joliette, le moulin à scie et les limites de bois, les terrains N°264 et 190 de la paroisse St-Paul sur la rivière Lacouareau avec un moulin à farine en pierre de 5 paires de moulanges, 2 à franc grain, 1 pour le gabourage, 1 pour écaler l’avoine et 1 pour moudre l’avoine, 1 casse blé d’Inde, un smuttmill, 3 kilns avec leurs poëles, etc. avec le canal, la chaussée, une écurie, une souille et autres bâtisses.

Le 2 décembre 1882 Onézime Bordeleau a vendu à Eugène Bordeleau tous ses droits, parts et prétentions dans la société O. Bordeleau Frère pour 1.300 piastres. Le 31 mars 1883 Jean Landry de St-Côme a vendu à la Compagnie à Bois de Joliette la coupe de bois des lots N°9 et 10 du 1er rang de Cartier.

Le 26 mai 1883 Stéphanie Foucher épouse de Adolphe Fontaine, Eugénie Foucher épouse de Joseph Odilon Dupuis, Joseph Ulric Foucher et Auguste Achile Foucher légataires de feu François Foucher ont vendu à Edward Fisk une terre de 6 arpents de la paroisse St-Jacques sur la rivière Lacouareau avec 2 maisons, 1 moulin à scie, une estacade, booms, chaînes et autres dépendances tenant à Maxime Mireau et la brasserie d’Ulric Dupuis pour 3.000 piastres; F. Foucher avait acquis le terrain de Edouard Guilbault syndic de la faillite de Antoine Gaudette le 23 juillet 1877.

Le 22 juin 1883 la Fonderie de Joliette a protesté contre Charles Bernard Henri Leprohon car elle ne recevait pas assez d’eau pour faire fonctionner ses machines selon le bail consenti et que ses ouvriers ne pouvaient pas travailler. Le 23 juin C.B.H. Leprohon a protesté contre John Crilly propriétaire de la manufacture de papier pour le tenir responsable et le sommer de remédier à cette situation.

Le 29 août 1883 Francis Kelly, William Copping et Honorine Grenier veuve de Andrew Kelly décédé le 28 juillet ont continué la société William Copping & Cie jusqu’en 1886. Le même jour Julie Artémise Taché a vendu à la société William Copping & Cie des terrains autour du moulin à scie Flamand et sur la rue Artémise. Honorine Grenier a aussi donné une procuration à Francis Kelly pour la représenter dans le commerce de bois de la société et l’administration du moulin à scie du 2ème rang de Kildare, ancien moulin Scallon, appartenant à la société et du moulin Flamand que la société louait.

Le 8 novembre Marie Angélique Tarrieu de Lanaudière a vendu à la société William Copping & Cie sa moitié indivis du moulin à scie Flamand sur la rive gauche de la rivière l’Assomption pour 1.200 piastres; le même jour Caroline Susanne Antoinette Loedel veuve de Bernard Henri Leprohon a vendu à la société William Copping & Cie l’autre moitié indivis pour la même somme.

Le 19 décembre Francis Nailen de St-Alphonse a vendu à Eugène Bordeleau la coupe de bois de pin, d’épinette et de cèdre dans le lot N°23 du 6ème rang de Cathcart.

Le 19 mars 1884 la Corporation Episcopale Catholique Romaine de Montréal et Mathilde Ducondu héritiers de Edward Scallon ont vendu à Francis Kelly la limite de bois N°100 de 10½ miles carrés sur la rivière Bulls dans le 8ème rang du township de Cathcart pour 1.300 piastres.

Le 2 avril 1884 la société Warren Brown & Cie de Repentigny a protesté contre William Copping & Cie de Joliette car elle s’apprêtait à faire descendre les 80.000 billots de pin, épinette et autres essences qu’elle avait coupé sur les rivières de l’Assomption et Noire pendant l’hiver mais que le boom du moulin à scie d’Entreprise (moulin Scallon) obstruait le libre passage des billots qu’il faudrait ouvrir pour ne pas voir la situation des années précedentes se répéter. Le même jour Warren Brown & Cie a signifié un protêt à la Compagnie à Bois de Joliette pour qu’elle se prépare à laisser paser les billots sans entrave à son boom de Joliette sous peine de poursuites. Un troisième protêt préventif a été signifié par Warren Brown & Cie à Eugène Bordeleau qui avait installé une estacade en amont de son moulin (moulin Lefebvre) pour retenir son bois. Finalement un protêt a été signifié à John Crilly.

Le 8 août 1884 Nazaire Landry, Evangéliste Joly et Charles Guilbault de Joliette se sont associés pour faire le commerce de bois sous la raison sociale de Landry, Joly & Guilbault pour 10 ans. M. Joly fournit ses connaissances dans la coupe de bois et la direction par eau des dits bois; M. Landry fournit le terrain de Joliette pour mettre le bois; M. Guilbault les lots N°43, 44 et 45 du 3ème rang à Ste-Emmelie de l’Énergie.

Le 8 septembre Stéphanie Foucher propriétaire du Grand Moulin à farine a protesté contre la société William Copping & Cie qui avait coupé la chaussée des moulins le 5 septembre pour agrandir le canal de son moulin de la rive gauche pour prendre plus d’eau en contravention avec l’acte de partage du pouvoir d’eau.

Le 27 septembre François-Xavier Flamand scieur a vendu à William Copping & Cie des terrains attenants au moulin à scie Flamand, la moitié nord-ouest des lots N°576 et 577, une partie du N°579 sans bâtisse pour 120 piastres. Le 30 octobre Francis Kelly a vendu à William Copping & Cie ses droits et prétentions sur la limite de bois N°100 de 10½ miles carrés entre le 8ème rang de Cathcart et un ruisseau appelé Bulls river pour 1.300 piastres.

Le 20 novembre William Copping, Francis Kelly et Honorine Grenier ont dissous la société de commerce de bois Willam Copping & Cie. Honorine Grenier a vendu ses droits à William Copping et Francis Kelly le même jour, soit les 2 moulins à scie (Flamand et Scallon), les nombreux terrains et les limites de bois achetés par la compagnie qui sont énumérés. Le partage des propriétés est compliqué mais la vente a été conclue pour 7.500 piastres plus des montants subsidiaires. Les limites de bois et les terrains sont précisément décrits, page 2 de 3 des limites:

Francis Kelly et William Copping ont formé une nouvelle association pour le commerce du bois le même jour sous le nom de Kelly & Copping. Francis Kelly devait gérer les chantiers de bois et la descente du bois, William Copping la marche des moulins et la vente du bois, les règlements sont précisés dans 19 articles.

En 1884 un nouveau journal est publié à Joliette L’Étoile du Nord. Le 5 juin il a publié une description des moulins de la ville. Le moulin à scie rive droite appartient à la Compagnie à bois de Joliette et l’autre à W. Copping. La manufacture de papier de Mr. Crilly est en opération.

L'Étoile du Nord, 5 juin 1884
L’Étoile du Nord, 5 juin 1884

Le grand moulin à farine est devenu la propriété de M. Fontaine (en réalité de son épouse Stéphanie Foucher) et il ne semble pas y en avoir d’autre. M. Gilmour est propriétaire du moulin à cardes. Le 16 août le même journal annonce que Mrs. Landry, Joly et Guilbault se sont associés en compagnie pour faire un chantier de bois de cordes qui sera descendu des cantons du nord par la rivière L’Assomption.

Les moulins de George Gilmour à St-Thomas

Le 16 octobre 1884 George Gilmour propriétaire de moulins de Joliette a acheté à Edmond Desmarais cultivateur de Ste-Elisabeth une bâtisse en pierre à 2 étages de 50 pieds sur 30 située sur une partie du lot N°461 de St-Thomas contenant un moulin à farine pour moudre le blé, l’avoine et autres grains avec ses 2 moulanges et un smutt-mill et un moulin à carder avec ses foulons, cardes et presses avec une chaussée sur la rivière La Chaloupe et la dalle ou canal conduisant l’eau aux moulins. Aussi compris dans la vente tout le matériel et mécanismes d’un moulin à scie actuellement démoli situé sur la rive nord-est de la rivière sur les confins de la paroisse Ste-Elisabeth à peu de distance des moulins à farine et à carder. Le 29 otobre G. Gilmour a résilié le bail de Ambroise Robilard meunier et cardeur au moulin pour en prendre possession.

Les actes notariés permettent de remonter la chaîne des propriétaires de ces moulins. Le 15 avril 1872 Hercule Lebeau et Dosithé et Alfred Bérard dit Lépine ont échangé des terrains, un avec un moulin à scie et un autre avec un moulin à farine et à carder; Alfred a ensuite vendu sa part à Dosithé. Dosithé Berard dit Lépine a vendu à Louis et Théophile Robillard le 28 janvier 1873 un terrain avec un moulin à carder se réservant un moulin à scie et à la charge des acquéreurs de construire une allonge au moulin à farine du vendeur selon le devis détaillé. Le 8 avril 1880 Dosithé Bérard et Edmond Desmarais ont fait un échange de terrains incluant le moulin à scie, le moulin à farine et le moulin à carder.

Les moulins après la débâcle de 1885

Inondations à Joliette en 1885

Les inondations du printemps 1885 ont été dévastatrices, le 2 mai L’Étoile du nord faisait le bilan des dégâts. Tous les moulins sont décrits car ils ont tous été endommagés. L’image de Joliette vue à vol d’oiseau en 1881 permet de voir les moulins du centre-ville avant les inondations.

Joliette 1881 - Les moulins et le bois sur la rive
Gazette de Joliette - 13 mai 1885
Gazette de Joliette – 13 mai 1885
Joliette en 1881
La manufacture de papier (17), la fonderie (16) et le moulin Loedel

Lire: La débâcle de la rivière L’Assomption en 1885

Le 4 mai 1885 la Fonderie de Joliette a protesté contre Charles Bernard Henri Leprohon car depuis 8 jours elle ne recevait plus assez d’eau et qu’elle avait dû interrompre la fonte.

Notaire Beaudoin, rue Notre-Dame, Joliette

Le 19 juin Warren Brown & Cie a protesté contre Kelly & Copping, le requérant Theodore N. Vail avait environ 50.000 billots devant arriver le 22 juin à Joliette et demandait d’ouvrir le passage aux booms des moulins de L’Entreprise et de Joliette. Un autre protêt a été signifié aux Soeurs de la Providence propriétaires du moulin à farine de l’Entreprise et de sa chaussée conjointement avec Kelly & Copping, un autre à la Compagnie à Bois de Joliette et le 20 juin à dame Stéphanie Foucher.

Le 27 août 1885 William Copping a vendu sa part de Kelly & Copping à Thomas Eugène et Samuel James Kelly, fils de Francis Kelly qui avait été frappé de démence et interdit de gestion par ordonnance le 6 juillet 1885. Il leur a cédé toutes les propriétés de la société, les 2 moulins, les terrains et les limites de bois à nouveau décrits en détail pour 7.500 piastres.

Le 12 septembre Mary Collins épouse de Francis Kelly interdit agissant pour lui comme curatrice, Thomas Eugène et Samuel James propriétaires d’un moulin à scie à Joliette, pour une moitié indivis à Francis et l’autre moitié indivis à ses fils, ont protesté contre la Compagnie à Bois de Joliette qui était, avec Stéphanie Foucher propriétaire du Grand Moulin à farine, en train de faire des travaux à la chaussée indivis des moulins pour agrandir leur canal ce qui leur enlèvait autant de pouvoir d’eau; ils étaient requis de rétablir la chaussée telle qu’elle était. Un protêt et sommation ont aussi été signifiés à Stéphanie Foucher.

Le 22 novembre 1886 Francis Kelly assisté du docteur Michel Séraphin Boulet son conseil judiciaire et son épouse Mary Collins ont fait donation à Thomas Eugène et Samuel James Kelly leurs fils de leurs parts dans les terrains, les moulins et les limites de bois.

Le déclin des moulins de Joliette

Le 23 février 1886 dans La Gazette de Joliette le Domaine de Madame de Lanaudière (Julie Artémise) a été mis en vente au sud de la rivière L’Assomption sur la rive gauche: 3 emplacements à l’encoignure de la rue St-Jacques et de la rue des Flamands, un pouvoir d’eau près du pont des Dalles et le terrain avoisinant, une carrière près du pont des Dalles.

La Gazette de Joliette, 23 février 1886,
La Gazette de Joliette, 23 février 1886,

Le 25 octobre 1886 Jean-Baptiste Robitaille de Ste-Emmelie de l’Énergie a vendu à James Johnson commerçant de bois de Repentigny la coupe du bois du lot N°26 dans le 3ème rang de Joliette pour 5 ans.

En 1886 les investisseurs qui vont fonder la Charlemagne & Lac Ouareau Lumber Co. semblent avoir fait une bonne affaire, ils ont payé $30.000 pour les actifs de l’Assomption Lumber Co. évalués à $700.000.

L'Union des Cantons de l'est 24 juillet 1886
L’Union des Cantons de l’est 24 juillet 1886
Charlemagne & Lac Ouareau Lumber Co
Gazette de Québec 21 août 1886

Le 4 septembre 1886 James Montgomery commerçant de bois de Rawdon a vendu à Alexander MacLaurin gérant de la compagnie de nombreuses coupes de bois pour 200 piastres: à Chertsey (lots N°44 et moitié du 43 du 3ème rang, lots N°11, 13, 28 et 30 du 8ème rang, lots N°16 et 17 du 9ème rang, lots N°2, 3 et 4 du 10ème rang, N°1 du 11ème rang), à Chilton (lots N°4 et 5 du 1er rang), à Wexford (lots N°58 et 59 du 7ème rang, N°55 du 7ème rang, N°55 du 8ème rang, N°52 du 11ème rang).

Lire: Charlemagne and Lac Ouareau Lumber Co.

Les moulins de Charlemagne
Les moulins de Charlemagne en 1891 (Dominion Illustrated)

Le 3 juin 1887 James T. Johnston commerçant de bois de Repentigny a protesté contre Kelly & Frère car il avait un grand nombre de billots à faire descendre par la rivière et il demandait que les booms des moulins d’Entreprise et de Joliette soient ouverts pour les laisser passer. Il a signifié la même sommation à la Compagnie à Bois de Joliette, à Stéphanie Foucher et aux Soeurs de la Providence.

Le 16 juillet Charles Bernard Henri Leprohon propriétaire du moulin à farine de Ours Trudeau et la Fonderie de Joliette ont convenu de construire un quai en bois rempli de pierres pour protéger les bâtisses de la fonderie.

Le 27 août Nazaire Landry de Joliette a vendu à Camille Brien dit Desrochers commerçant de St-Charles-Borromée tout le bois lui appartenant flottant dans la rivière de l’Assomption à partir du moulin de Charles Bazinet à St-Jean-de-Matha jusqu’au boom de Fontaine & Kelly à Joliette pour 110 piastres.

Le 27 septembre Sara Eliza Anderson épouse de George Gilmour décédé le 9 avril a fait la liste de leurs propriétés: la terre N°17 et une partie du N°1 de St-Charles-Borromée, un terrain de St-Thomas (N°461) avec une bâtisse en pierre à 2 étages contenant un moulin à farine et à carder et le terrain N°140 de Ste-Elisabeth, les lots de Joliette N°502, 503, 505, 400, 344, 345, 346, 347, 348, 349, 525, 530, 531, 574 comprenant le quai du moulin à carder, toutes les rentes constituées seigneuriales du fief Tarrieu et du village d’Industrie (ville de Joliette).

Le 6 octobre Pierre Laforest ingénieur de la Ville de Joliette agissant comme expert a examiné la chaussée construite par John Crilly (en faillite) pour la manufacture de papier de 205 pieds de long variant de 9 à 18 pieds de haut selon le cours de la rivière; il a trouvé qu’elle n’était pas appuyée sur le roc solide mais sur du sable mouvant et qu’elle a besoin de grandes réparations avec un trou de 22 pieds dans la chaussée, 140 pieds du quai ayant été emportés, etc. Elle devait être réparée pour ne pas être entièrement détruite au printemps. Le 16 novembre Pierre Deguire dit Flamand entrepreneur de Joliette a examiné comme expert les réparations qui ont été faites et les a jugées satisfaisantes; les travaux sont décrits en détail, ils ont coûté $1.840.

Le 30 mars 1888 la Gazette de Joliette annonce que MM. Kelly & frère construisent un nouveau moulin à scie devant marcher par le feu sur le côté est de la rivière. Le 1er mars L’Étoile du Nord avait annoncé que MM. Kelly commençaient la construction d’un moulin à scie marchant par le feu à quelques arpents plus haut que celui en activité.

La Gazette de Joliette, 30 mars 1888

Le 10 avril Didier Cornellier dit Grandchamps a cédé à Kelly Frère le droit et privilège de la grève de la rivière de l’Assomption sur son terrain (N°89) de St-Charles-Borromée, de placer dans la rivière des caisses ou piliers remplis de pierres pour servir de brise-glace et y placer des estacades pour arrêter et conduire les billots.

La vente des moulins Gilmour

L’Étoile du Nord, 2 août 1888 – Mme Veuve George Gilmour a mis en vente un moulin à farine et un moulin à carder à St-Thomas; elle offre aussi son moulin à carder, fouler, presser, teindre et pouvoir d’eau situé dans la ville de Joliette qu’elle exploite actuellement. Elle vendait aussi plusieurs emplacements dans Joliette dont celui ayant appartenu aux héritiers McGill (autour du pont du train de Rawdon) et sa belle résidence.

L'Étoile du Nord 2 août 1888

Le 16 mars 1889 Sara Eliza Anderson veuve de George Gilmour a vendu à Guillaume Lafond les moulins à farine et à cardes de St-Thomas. Le 30 avril elle a loué à bail pour un an à Jean-Baptiste Moreau cardeur de Joliette son moulin à carde bâti sur le quai du terrain N°574 de Joliette garni de 3 jeux de cardes, un moulin à cloux, une presse, des machines à teindre et raser. Le même jour elle a loué à bail avec promesse de vente le terrain N°531 avec réserve de la partie donnée pour le cimetière protestand à Elzear Thibodeau cardeur.

La Gazette de Joliette, 20 décembre 1888
La Gazette de Joliette, 20 décembre 1888

Le moulin de Samuel Vessot

En 1885 Samuel Vessot a fondé une manufacture où il fabriquait des outils aratoires de son invention. Peu après il a construit un premier moulin sur la rivière, en aval du pont des Dalles, pour actionner les machines et électrifier son usine, avant même que la ville de Joliette ne construise ses installations électriques. Le moulin servait aussi à scier le bois et moudre le grain.

Samuel Vessot
S. Vessot et ses ouvriers devant le moulin (SHJL)
S. Vessot & Cie
S. Vessot & Cie (BANQ)

Lire: Les moulins de Samuel Vessot

La faillite de MM. Kelly

En 1889 les frères Kelly ont fait faillite. Dans une poursuite contre Samuel T. Kelly les moulin à scier bâtis sur la rive gauche de la rivière L’Assomption à Joliette ont été mis en vente.

Gazette officielle du Québec décembre 1889

Une bâtisse servant de moulin à scier connu sous le nom de Moulin de L’Entreprise et un terrain attenant ont aussi été mis en vente.

Gazette officielle du Québec décembre 1889

La Gazette de Joliette du 12 décembre 1889 annonçait la vente d’un moulin à feu et de deux moulins sur pouvoir d’eau dans la faillite de MM. Kelly.

La Gazette de Joliette, 12 décembre 1889

Le 31 décembre 1889 Honorine Grenier veuve de Andrew Kelly a cédé à la Banque d’Hochelaga tous ses droits dans le règlement de la faillite de Kelly Frère.

Le 4 novembre 1890 la Banque d’Hochelaga a protesté contre Edmond Migué marchand de Joliette qui avait obtenu en 1889 un jugement contre Francis Kelly et dont les procédures légales retardaient la vente des limites de bois dans la faillite Kelly et que la saison des chantiers de bois allait commencer.

Gazette du Québec, 22 novembre 1890 – Edouard Migné poursuit Francis Kelly pour le reste des propriétés Kelly & Frère.

Le 27 août 1889 les Soeurs de la Providence ont vendu à demoiselle Malvina Joubert fille majeure domiciliée à Harrisville Rhode Island leurs moulins du 2ème rang de Kildare: un moulin à farine, un moulin à carde avec maison, dépendances et terrains, le pont sur la rivière, avec réserve du moulin à scie qui y était construit pour 4.000 piastres. C’était la 3ème fois qu’elles essayaient de vendre leurs moulins de l’Entreprise.

Compagnie Minière de Bordeleau

En 1890 Eugène Bordeleau propriétaire des moulins en amont de l’Entreprise a trouvé du minerai de fer autour de ses moulins et il a mis en vente des parts de la Compagnie Minière de Bordeleau.

Gazette de Joliette, 30 janvier 1890
Gazette de Joliette, 30 janvier 1890

Gazette de Joliette, 16 octobre 1890 – M. Eugène Bordeleau propriétaire d’un moulin à scie est parti avec le nombre d’hommes et tout l’outillage nécessaire pour faire son chantier de bois.

Le 9 mars 1891 Noé Desmarais de St-Côme s’est engagé à livrer à Eugène Bordeleau 2.500 billots d’épine sur la rivière de l’Assomption à l’embouchure de la rivière Versaille. Le 30 octobre Charles et Louis Blais de Ste-Emmelie de l’Énergie lui ont vendu la coupe de bois du lot N°8 du 5ème rang du canton de Joliette.

La manufacture de papier McArthur

L’Étoile du Nord du 12 septembre 1889 rapporte un incendie maîtrisé à la manufacture de papier. Le 18 septembre 1890 le journal a publié une liste des manufactures en activité à Joliette. M. McArthur était le nouveau propriétaire de la manufacture de papier. Il y avait 2 moulins à scie dont l’un à vapeur présentement fermé, l’autre propriété de la Compagnie à bois de Joliette et le moulin à farine de M. A. Fontaine.

L'Étoile du Nord, 18 septembre 1890

Le 22 juin 1891 Charles Bernard Henri Leprohon a vendu à Alexander McArthur le moulin à farine (which formerly was used as a flour mill) hérité de ses grands-parents Loedel situé sur le terrain N°406 de Joliette en face de la manufacture de papier avec son pouvoir d’eau et son quai avec interdiction d’y construire un moulin à carder pour $4.250. La Fonderie de Joliette avait un droit sur le canal alimentant le moulin limité à 20 pouces cubes. Un plan est annexé au contrat.

Les moulins à scie de William Copping

Gazette de Joliette, 28 janvier 1892 – M. W. Copping a pris possession du moulin de MM. Kelly sur la rive sud (gauche) de la rivière et l’a mis sous la direction de M. Xavier Flamand scieur.

La Gazette de Joliette, 28 janvier 1892

Le 1er février 1892 la Banque d’Hochelaga a vendu à William Copping pour $20.000 le terrain N°578 de Joliette bâti de 2 moulins dont un à vapeur et l’autre mû par l’eau avec un droit de passage pour communiquer à la rue St-Jacques, tous les booms, caissons (peers), chaînes, une maison et dépendances à l’usage du principal scieur; aussi le terrain N°578, le N°577 avec maison et dépendances, plusieurs parties du N°579 sur la rue Flamand et une rue projetées comprenant de nombreux lots (579.14 à 579.23), partie des N°546 et 547, un terrain du 2ème rang de Kildare avec un moulin à scie (moulin de l’Entreprise), une partie du lot N°12 du 2ème rang de Kildare (N°302 de St-Charles-Borromée), les lots N°37 et 38 du 9ème rang de Cathcart, 10½ miles carrés de limites de bois dans le canton de Cathcart sur la Bull’s river et dans Kilkenny, 18½ miles carrés dans Cartier, 14½ dans Cartier et Cathcart, 18½ dans Cartier. Les limites de bois sont précisément décrites au contrat.

Le 8 février Francis Kelly a cédé et transporté à Wiliam Copping ses droits dans l’étampe ou marque de bois enregistrée au ministère de l’Agriculture K C et bookmark XII sous le nom de Kelly et Copping.

Le 13 septembre 1892 la Compagnie à Bois de Joliette propriétaire du moulin à scie et Adolphe Fontaine et ses enfants héritiers de Stéphanie Foucher propriétaire du Grand Moulin à farine ont protesté contre William Copping qui construisait un moulin à scie 50 pieds plus bas que ses 2 moulins existants et faisait creuser un canal pour y amener le pouvoir d’eau en contravention du partage en 3 parts indivis égales de ce pouvoir leur causant un préjudice.

Le 14 septembre Mathilde Ducondu veuve de Edward Scallon a signifié à la Compagnie à Bois de Joliette et son gérant Calixte Laferrière que Pierre Edouard McConville actionnaire pour le garantie d’une obligation de 1.000 piastres et des intérêts lui a transporté sa part de la compagnie.

Le 1er décembre 1892 la Corporation du Petit Séminaire de Ste-Thérèse de Blainville a vendu à la Compagnie à Bois de Joliette le lot N°7, 8, la moitié du 9 du 12ème rang de Brandon, les N°7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14 et 15 du 13ème rang pour 2.400 piastres.

La vente des moulins de Stéphanie Foucher

En 1892 A. Fontaine a mis en vente des propriétés dont 1 moulin à farine contenant 5 paires de meules, 3 bluteaux, 1 smut(?) à Joliette et 1 moulin à farine contenant 4 paires de meules, 2 bluteaux et 1 smut, et 1 moulin à scie attenant sur la rivière Ouareau dans la paroisse de St-Paul. Il agissait comme exécuteur testamentaire de son épouse décédée Stéphanie Foucher.

L'Étoile du Nord, 15 septembre 1892
L’Étoile du Nord, 15 septembre 1892

Le 3 novembre La Gazette de Joliette a donné des détails sur l’histoire du Grand Moulin à farine de Joliette. Il a été réparé en 1840 par B. Joliette, Charles Trudeau y a d’abord été meunier puis sa famille Ours, Charles, Bazile et Michel jusqu’en 1890. En 1850 Gaspard DeLanaudière en a hérité puis G. Gilmour l’a acheté en février 1871 et y fit exécuter de grandes améliorations en installant des turbines à la place des roues en bois. En novembre 1882 il l’a vendu à Dame A. Fontaine qui l’a laissé à ses héritiers. M. A. Fontaine vient de faire de nouvelles réparations. En 1892 Charles Chamberland en était le meunier.

Gazette de Joliette, 3 novembre 1892

Le 23 août 1893 la Compagnie à Bois de Joliette a protesté contre Adolphe Fontaine propriétaire du Grand Moulin à farine et la Corporation de la Ville de Joliette propriétaire de l’aqueduc. Le moulin à farine, le mur, le coffre et ses empellements étaient en mauvais état et l’eau se perdait par les fissures ce qui diminuait le pouvoir d’eau servant à faire mouvoir le moulin à scie; le canal conduisant l’eau à l’aqueduc était aussi en mauvais état avec des fissures diminuant encore le pouvoir d’eau.

Le 21 mars 1894 Adolphe Fontaine et Joseph Odilon Dupuis exécuteurs testamentaires de Stéphanie Foucher ont loué à bail à Joseph Chamberland meunier le lot N°190 de St-Paul (rivière Ouareau) bâti d’un moulin à farine et d’un moulin à scie sous le même toit pour 12.000 piastres pour 20 ans ou 600 par an. Les moulins étaient hypothéqués de 4.000 piastres en faveur de Urgel Dorval.

Le 18 septembre 1894 Joseph Odilon Dupuis et Adolphe Fontaine exécuteurs testamentaires de Marie Louise Stéphanie Foucher ont vendu à Zenon Fontaine avocat et Alphonse Fontaine commis marchand les terrains N°407, 221 et 222 de Joliette et le N°574 bâti du Grand Moulin à farine; aussi les moulins à farine et à scie de St-Paul sur la rivière Ouareau. Vendu pour 13.774 piastres.

Le 1er août 1895 la Corporation de la Ville de Joliette a protesté contre Alphonse L. Fontaine et Zenon Fontaine propriétaires indivis du Grand Moulin à farine de Joliette car l’aqueduc municipal ne recevait pas les 5 pieds de tête d’eau dans son coffre nécessaires pour le fonctionnement de ses mécanismes, les besoins domestiques des habitants et en cas d’incendie.

Joliette Illustré en 1893

Cette photo qui a été prise du haut du Collège de Joliette montre le Grand Moulin au centre avec le moulin à carder situé devant et la scierie de la rive gauche. On aperçoit le toit de la gare du C.P.R. derrière le Grand Moulin.

Joliette autrefois
Joliette Illustré 1893

Sur cette photo prise d’aval vers le pont de la gare montre le Grand Moulin de derrière et la flèche de la cathédrale. Le moulin à scie de la rive gauche n’a pas les cheminées qu’on voit sur la photo précédente(?).

Moulins de la compagnie à bois de Joliette et de M. W. Copping - Joliette illustré 1893

Dans l’Histoire de Joliette on lit qu’en 1893 la Cie à bois de Joliette, sous la direction de Pierre-Édouard McConville était la seule entreprise à exercer ses activités dans le secteur du bois à Joliette, il me semble que c’est inexact.

Manufacture de papier MacArthur - Joliette Illustré 1893
Manufacture de papier de M. Alex McArthur

Les moulins de Joliette 1894-1899

Le 17 avril 1894 Alexis Rivet mécanicien de Ste-Béatrix s’est obligé à la Compagnie à Bois de Joliette pour l’été et l’automne 1894 à faire le sciage des billots à son moulin avec un nombre suffisant d’ouvriers aux frais de l’entrepreneur; le moulin à scie sera livré en bon ordre, l’huile, les limes, les cordes, les strappes, etc. La compagnie paiera 75 centins par 1.000 pieds pour le sciage des billots, 2½ centins pour chaque trail pour les bois débités en bardeaux et 50 piastres en indemnité à la fin du contrat. Le sciage du bois des habitants sera fait à moitié, moitié des revenus à la compagnie, moitié à l’entrepreneur qui gardera les croûtes.

Le 28 septembre 1895 Sara E. Anderson propriétaire du moulin à carde et à fouler a protesté contre Alphonse et Zénon Fontaine propriétaires du moulin à farine voisin qui ont creusé illégalement le lit du canal d’alimentation en minant dans le roc près du râtelier où l’eau s’introduit dans leur moulin ce qui diminue son pouvoir d’eau. Le 12 octobre les frères Fontaine ont répliqué contre Sara Anderson en protestant qu’elle avait installé illégalement dans son moulin en janvier des métiers à tisser, ourdir, filer et tricotter demandant plus d’eau que ce à quoi elle avait droit, elle avait fait élargir le canal d’alimentation de son moulin.

L’Étoile du Nord, 2 mai 1895 – Le moulin à carder de feu M. Gilmour va être converti en une manufacture de laine, G. M. Anderson sera le gérant.

L'Étoile du Nord 2 mai 1895

L’Étoile du Nord, 28 février 1895 – Les pouvoirs d’eau donnaient de la valeur aux propriétés; Alexis Côté en possédait un, peut-être celui du Vieux Moulin.

L'Étoile du Nord 28 février 1895

Le 23 avril 1896 le journal annonçait que la nouvelle fabrique de laine de Joliette située dans le moulin à carder Gilmour avait commencé ses opérations sous la direction de M. Anderson. Samuel Anderson et George Gilmour, cardeurs, possédaient un moulin à carder et à fouler sur la rivière Lacouareau en 1851. Ce moulin était situé à côté du moulin des seigneurs de St-Sulpice à St-Liguori, les 2 familles étaient donc associées depuis longtemps, George Gilmour avait épousé Sara E. Anderson.

L'Étoile du Nord 23 avril 1896
23 avril 1896

Chaque année la période de la débâcle était dangereuse. En 1896 elle a encore fait de gros dégâts, les moulins d’Eugène Bordeleau ont été endommagés une nouvelle fois. Au mois d’août La Presse rapporte que la rivière L’Assomption était à son niveau le plus bas depuis 10 ans et que les moulins devaient fermer.

L'Étoile du Nord 23 avril 1896
L’Étoile du Nord 2 mai 1895

L’Étoile du Nord, 27 juillet 1897 – M. Napoléon Gratton veut vendre le moulin à farine et à carde qu’il acheté il y a un an de Joseph Joubert, autrefois propriété des Révérendes Soeurs de la Providence.

L'Étoile du Nord 27 juillet 1897

L’Étoile du Nord, 14 juillet 1897 – Les scieries de la Mastigouche Lumber Co. de St-Gabriel ont été détruites par un incendie, ses propriétaires sont MM. Laroque et Renaud de Joliette.

L’Étoile du Nord, 12 août 1897 – La digue du moulin de M. Fontaine dont une partie avait été emportée a été solidement réparée; la scierie et la minoterie sont en pleine opération.

L’Étoile du Nord, 16 décembre 1897- Les propriétaires de la Compagnie à bois de Joliette avaient vendu leur moulin et accessoires à M. W. Copping qui était devenu propriétaire des deux scieries de Joliette de chaque côté de la rivière. Ils voulaient concentrer leurs affaires à leurs scieries de St-Gabriel de Brandon.

L'Étoile du Nord, 16 décembre 1897

L’Étoile du Nord, 7 septembre 1899 – Le propriétaire du site très fréquenté du Vieux Moulin est M. O. Arbour, légère rémunération appréciée pour la visite.

L'Étoile du Nord, 7 septembre 1899

L’Étoile du Nord, 17 août 1899 – M. Fontaine propriétaire de moulin à scie et à farine a terminé la réparation de la digue endommagée en avril.

Les moulins de Joliette au XXème siècle

Sur cette photo le moulin à scie de la rive gauche a été agrandi, les bâtiments sont plus imposants; à gauche le moulin à carder est toujours au bord de la rivière. La photo doit dater de vers 1910.

Le moulin à scie - Musée McCord
Les moulins de Joliette – Musée McCord

Avec l’arrivée des machines à vapeur puis des moteurs à essence l’énergie hydraulique a perdu de son importance. Les moulins à farine et à bois n’avaient plus besoin d’être à côté d’un pouvoir d’eau.

L’Étoile du Nord, 13 décembre 1900 – M. Napoléon Gratton n’avait pas encore réussi à vendre le moulin à farine et le moulin à cardes, ancien moulin des soeurs.

L'Étoile du Nord, 13 décembre 1900

L’Étoile du Nord, 26 septembre 1901 – M. Eug. Bordeleau vend un moulin à scie et un bon moulin à farine avec deux meules en pierre et une moulange Vessot.

L'Étoile du Nord, 26 septembre 1901

L’Étoile du Nord, 28 novembre 1901 – N. M. Carswell & Fils ont acheté le moulin à scie d’E. Bordeleau.

L'Étoile du Nord, 28 novembre 1901

L’Étoile du Nord, 9 mai 1902 – M. Chs. Napoléon Flamand de retour de Lowell, Mass., aura la direction du moulin à scie de M. Carswell.

Moulin Carswell 1902
9 mai 1902
Moulin Carswell 1903
23 juillet 1902

Le 2 juin 1903 William Copping a vendu des terrains aux Clercs de Saint-Viateur pour agrangir le collège de Joliette. 2 terrains de forme irrégulière N° 556 et 574 du cadastre de la ville de Joliette à l’exception d’un terrain appartenant à Simon Chaput scieur de la ville de Joliette et d’une glacière appartenant à Joseph Mireault (sans doute la bâtisse dessinée au-dessus du N°574). Le Grand Moulin de Joliette était sur le lot N°575.

Aujourd’hui tout ce secteur a été modifié. La rue Wilfrid Corbeil traverse le terrain vendu et longe le canal du Grand Moulin vers le pont Chevalier. Le CEGEP de Lanaudière a été agrandi vers la rivière et le Musée de Joliette a pu être construit sur ce terrain appartenant aux Clercs de St-Viateur.

L’Étoile du Nord, 26 mars 1903 – M. C E. Rivet, de St-Liguori, est à construire une beurrerie perfectionnée dans la paroisse St-Charles-Borromée de Joliette, près du moulin à farine de M. Aimé Riopel, ancien moulin des soeurs. Déjà 305 propriétaires de vaches laitières ont promis de patroniser cette nouvelle fabrique… On a commencé, ces jours derniers, la construction d’un nouveau pont sur la rivière l’Assomption, près du moulin à farine de M. Aimé Riopel. Le pont aura 216 pieds de longueur sur 12 pieds de largeur et rendra de grands services aux cultivateurs.

Le moulin à papier McArthur vers 19??
Le moulin à papier McArthur vers 19?? (BANQ)

La Presse, 23 janvier 1906 – Le grand moulin construit en 1823 par les seigneurs de Lavaltrie disparaît, détruit par un incendie. M. O. A. Dostaler en était propriétaire depuis un an.

La Presse, 23 janvier 1906

Pour le 200ème anniversaire de Joliette la Société d’Histoire a exposé cette photo du moulin incendié avant sa démolition à l’automne 1914.

Le Grand Moulin de Joliette incendié avant sa démolition - 1912 (SHJL)

L’Étoile du Nord, 17 octobre 1907 – Aimé Riopel vend les moulins des soeurs, un moulin à carder et un moulin à farine comptant 6 roues turbines dont deux Leiffell.

L'Étoile du Nord 17 octobre 1907

L’Étoile du Nord, 30 avril 1908 – Le moulin à scie Bordeleau est à vendre, s’adresser à William Copping; en était-il devenu le propriétaire?

L'Étoile du Nord, 30 avril 1908
Moulin McArthur, Joliette, QC, 1909 - Musée McCord
Moulin McArthur, Joliette, QC, 1909 – Musée McCord

Le bâtiment de la manufacture de papier d’Alex. McArthur était très imposant, je ne sais pas quand il a disparu.

L’Étoile du Nord, 15 septembre 1910 – M. Sinai Beausoleil vend un moulin à farine et un moulin à cardes situés sur la rivière L’Assomption à 3 milles de Joliette. Il s’agit sans doute du moulin des soeurs qui est revendu avec la beurrerie qui y avait été ajoutée.

L'Étoile du Nord, 15 septembre 1910

L’Étoile du Nord, 6 juillet 1911 – Le pont du moulin des soeurs sera fermé pour cause de mauvais état.

L'Étoile du Nord, 6 juillet 1911
Les moulins des usines Vessot
Les moulins des usines Vessot, date inconnue (Musée McCord)

Petit à petit tous les moulins de Joliette ont fermé, les bâtiments ont brûlé ou ont été démolis. Il reste de belles ruines des moulins Bordeleau et des moulins des Soeurs. Le dernier moulin à avoir fonctionné est celui des usines Vessot en aval de Joliette. Il avait été construit pour produire de l’électricité, une usine pour manufacturer la laine a ensuite été construite en aval; une passerelle permettait de traverser la rivière de l’Assomption.

L'Étoile du Nord 28 septembre 1911
L’Étoile du Nord, 28 septembre 1911

En 1912 le témoignage de Samuel Vessot, S.E. Copping et William Copping à la Commission du Régime des Eaux Courantes de Québec pour améliorer le débit de la rivière L’Assomption est le dernier effort des industriels de Joliette pour utiliser la force motrice de la rivière L’Assomption dont le cours est devenu de plus en plus irrégulier. Les moulins vont ensuite tous fermer.

Commission des Eaux Courantes de Québec 1912

Lire: Les pouvoirs d’eau de la rivière L’Assomption – 1912

Les plans Goad de Joliette conservés à la Société d’histoire de Joliette permettent de voir les plans détaillés des usines du centre-ville en 1908 et 1925.

Le moulin à scie - Plan Goad 1908 - SHJL
Le moulin à scie Copping – Plan Goad 1908 – SHJL

Sur le plan de 1925 on voit le moulin à scie Copping situé en face du Grand Moulin qui n’existe plus, l’aqueduc, le moulin à papier sur la rue Arthémise en aval et les usines Vessot tout en-bas avec le pont qui permettait de traverser la rivière.

Joliette (partie sud) - Plan Goad 1925 - SHJL
Plan Goad 1925 – SHJL

Dans une publication intitulée La ville de Joliette, P.Q., Canada, 1913 le moulin à scie de William Copping est décrit comme une des industries les plus importantes de la ville de Joliette employant une centaine d’hommes en été et 150 en hiver. Il est écrit qu’après avoir été associé pendant 20 ans à la famille Kelly il en était devenu propriétaire. Il posédait 63 miles carrés de limites de bois.

La ville de Joliette, P.Q., Canada, 1913

On trouve quelques autres photos anciennes des moulins dans le livre Histoire de Joliette. En 1925 la scierie Copping a entièrement été détruite par un incendie qui a dévasté le village Flamand situé à côté. Les incendies étaient très fréquents dans les moulins.

Histoire de Joliette
Histoire de Joliette

Les vestiges des moulins aujourd’hui

Je n’ai pas trouvé la date où chaque moulin a disparu. Le moulin à avoine a brûlé en 1863, le grand moulin à farine en 1906, le moulin à scie a dû brûler en même temps. Le moulin à carder situé à côté du grand moulin est encore là sur les photos vers 1915. Les moulins à farine et à carder ont été les premiers à fermer faute de rentabilité. Les moulins à scie ont continué mais l’énergie hydraulique avait été remplacée par une source d’énergie plus puissante et surtout plus régulière, le cours de la rivière étant souvent trop fort ou trop faible.

Le moulin à scie de la rive gauche de la William Copping Ltd a continué à fonctionner, l’usine a brûlé 4 fois en tout ou en partie mais elle a été chaque fois reconstruite. En 1937 par manque d’approvisionnement en bois il a été vendu à la compagnie Édouard Gohier de Ville St-Laurent (Histoire de Joliette).

Edouard Gohier
L’Étoile du Nord 7 septembre 1944
Archives de la Société d'Histoire de Joliette de Lanaudière
Les usines Vessot en 1945 (SHJL)

L’usine de papier d’Alex McArthur a été vendue en 1920 à la compagnie Allied Chemical afin de produire du feutre, du papier de construction et du carton (Histoire de Joliette).

Dans le centre-ville les anciens bâtiments ont tous disparus, il ne reste que les deux barrages sur la rivière. En-dehors de la ville il reste des vestiges des bâtiments en pierre des moulins Bordeleau, des moulins des Soeurs et des moulins Vessot le long de la rivière L’Assomption qui témoignent de l’histoire des moulins de Joliette.

Vestiges des moulins Bordeleau
Vestiges du moulin Bordeleau (Photo: Elowan Rousse)
L'usine électrique du village Vessot
Vestiges du moulin Vessot
Carte du Québec

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