La Municipalité de Chertsey protège ses lacs et ses rivières: les citoyens doivent respecter les règlements environnementaux quand ils font des travaux, c’est normal. Au printemps le Ministère des Transports est venu réparer le pont Grégoire sur la rivière Jean-Venne en obstruant à moitié le cours de la rivière mais ça ne semble pas préoccuper notre service de l’environnement que j’ai avisé.
Au printemps j’avais écrit pour la 3ème année consécutive aux conseillers municipaux de Chertsey pour leur signaler que je fais des fouilles archéologiques sur la rivière Jean-Venne pour dégager les vestiges des moulins datant de la fondation de Chertsey. L’aspect historique ne les a pas intéressé mais la protection de l’environnement c’est sérieux; on m’a donc envoyé l’inspecteur en environnement afin de vérifier que je ne remuais pas trop les pierres au bord de la rivière, c’est normal.
La rivière Jean-Venne est un écosystème fragile et la municipalité la protège.
Quelques jours avant la visite de l’inspecteur le Ministère des Transports était venu réparer le pont Grégoire endommagé par l’hiver. Au lieu de reconstruire le mur qui protège le pont à l’identique, la méthode du Ministère des Transports a été de déverser quelques chargements de roche directement dans la rivière. C’est très efficace mais ça vient obstruer le cours de la rivière presque de moitié.
J’ai profité de la visite de l’inspecteur en environnement de Chertsey pour lui montrer les dégâts. La rivière est à moitié bloquée, avec le temps toutes ces roches vont être emportées par la glace et se retrouver dans la chute juste devant chez moi, dans les vestiges des moulins que je suis en train de dégager.
Si mon voisin avait fait ces travaux il est évident qu’il aurait eu de sérieux problèmes avec la municipalité.
Quand je lui ai montré, l’inspecteur a vaguement regardé mais il n’était pas là pour ça. Il était venu pour régler mon cas. Je n’ai pas eu de nouvelles du service de l’environnement, je suppose donc que je suis respectueux de la rivière Jean-Venne au bord de laquelle j’habite et que je cherche moi aussi à garder naturelle.
Mais est-ce que les lois ne sont pas les mêmes pour tous? J’ai l’impression que le service de l’environnement de Chertsey n’a strictement rien fait dans ce dossier car ça ne sert à rien de s’attaquer au Ministère des Transports qui se fiche pas mal d’obstruer une rivière. L’important est que le travail soit vite fait et pas cher.
Sur ces photos on peut voir comment les roches ont été déversées dans la rivière; on aperçoit le mur ancien qui s’arrêtait au ras du pilier du pont pour ne pas obstruer la rivière. Les autres murs autour du pont sont encore très solides et en prenant un peu plus de temps, le Ministère des Transports aurait pu reconstruire à l’identique. Sans obstruer la rivière!




Il ne faut pas oublier non plus qu’on se trouve en plein sur le site des premiers moulins datant de la fondation de Chertsey. La chute sous le pont a été taillée et aménagée pour diriger le courant de la rivière vers le site des moulins. Quand les roches vont s’ébouler et partir avec la glace au printemps, elles vont venir recouvrir ces vestiges historiques.
À propos de la protection de la rivière Jean-Venne par la municipalité de Chertsey lire aussi La Chute à Michel, patrimoine naturel
Réponse du maire
J’ai dû insister mais le maire m’a répondu le 3 octobre:
En ce qui concerne le déversement de roches sur l’accotement du pont, il a été fait afin de sécuriser temporairement la structure du pont. Contrairement à ce que vous semblez croire, ce déversement respecte les règles définies par le Ministère de l’Environnement. Il n’y a donc pas 2 poids, 2 mesures.
Des travaux permanents sur le pont sont à l’agenda du Ministère des Transports, mais nous ne pouvons vous dire à quel moment ils seront effectués.
La sécurité routière reste une priorité et les suivis qui s’imposent sont en tout temps effectués.
Si je comprends bien le MTQ a déversé ces roches « temporairement » dans la rivière et elles vont être retirées quand les vrais travaux vont être faits, un jour. En tant que payeur de taxes il me semble que ça aurait été plus simple de ne faire le travail qu’une fois; ça ne va pas être facile de nettoyer la rivière! Et puis si c’était moi qui avais déversé un chargement de roches « temporairement » dans la rivière il me semble que je n’aurais pas eu le « poids » du MTQ et que la « mesure » aurait été bien différente. Et c’est normal, si on veut protéger les rivières il vaut mieux éviter de les obstruer, autant que possible.