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Médias: il aurait fallu y penser avant

En mars 2018 j’avais écrit à l’ombudsman de Radio-Canada pour me plaindre de l’affichage des logos des compagnies privées Facebook et Twitter dans toutes les communications de la Société; on m’avait répondu que j’avais raison mais qu’on ne va pas contre le progrès. Maintenant que ces compagnies ont pris le contrôle de l’information grâce à toute la publicité gratuite à laquelle elles ont eu droit, les médias crient au secours.

Allez voir ailleurs c’est bien mieux

Chaque reportage et chaque émission se terminait en nous disant d’aller voir sur Facebook et Twitter pour avoir toute l’information. Radio-Canada a pourtant son site internet mais la direction avait choisi d’envoyer les clients chez le concurrent où c’est plus efficace.

Aujourd’hui on est un peu plus discret, on commence à comprendre que la stratégie marketing n’était pas géniale. Mais c’est trop tard, les clients sont partis ailleurs. Tous les médias ont adopté la même stratégie et se retrouvent en difficulté, appelant au secours. Il n’y a pas beaucoup de visionnaires dans cette industrie non plus!

Une fois qu’on s’est vendu à Facebook c’est difficile de revenir en arrière.

Une servitude volontaire

Facebook est en train de prendre le contrôle de la politique mondiale parce que des milliards de gens ont choisi de s’asservir à lui en pensant y trouver leur profit personnel. Le pouvoir de la tyrannie selon La Boétie vient de l’asservissement volontaire d’une partie de la population qui trouve des avantages immédiats à renoncer à une partie de sa liberté.

Photo: Journal Les Affaires

Bien sûr qu’il y a des avantages à utiliser les réseaux sociaux, mais il y a surtout beaucoup d’inconvénients. Le principal est le monopole: AirBnB fait la loi de l’hébergement, Uber celle du taxi, Amazon du commerce de détail, Facebook de l’information…

Ça ne sert plus à rien de faire de la politique dans ces conditions, les décisions se prennent ailleurs. Et c’est de la servitude volontaire, personne n’est obligé d’utiliser les réseaux sociaux.

Environ 2000 journaux ont fermé aux États-Unis depuis 15 ans, selon l’Université de Caroline du Nord. De ce fait, des millions d’Américains se sont retrouvés privés d’informations locales de qualité professionnelle, lesquelles ont laissé le champ libre aux réseaux sociaux. La mort de l’information locale a eu des effets destructeurs pour la démocratie.

Peter Hutchison dans La Presse du 22 août 2019

Désamorcer les contestations

Pour moi le comble de l’incohérence est de penser pouvoir révolutionner le système économique en utilisant des outils dont on n’a aucun contrôle. Facebook a le contrôle et peut modifier son algorithme quand et comme il veut: tout est filtré selon SON plan d’affaires.

Logo des Amis de la Forêt Ouareau

À Chertsey on a l’Association des Amis de la Forêt Ouareau qui s’est entièrement vendu à Facebook pour diffuser son information. Elle a beaucoup d’amis qui prétendent vouloir protéger cette forêt. Mais l’information qu’on trouve sur leur page est totalement déconnectée de toute préoccupation concrète, aucune création ou idée originale, juste des copier/coller d’articles au titre accrocheur. Rien pour faire peur à l’industrie forestière, au contraire: tant que les opposants sont des amis virtuels qui se contentent de dire J’aime sur une page Facebook elle peut continuer à travailler encore plus facilement qu’avant.

Et le jour où l’association sera vraiment dérangeante, il suffira de modifier l’algorithme pour filtrer la page et désamorcer la contestation.

Carte du Québec

5 réflexions au sujet de “Médias: il aurait fallu y penser avant”

    • Que des compagnies privées se servent des réseaux sociaux on peut à la limite comprendre. Mais que des administrations et des associations fassent de la publicité gratuite à une compagnie privée qui est en train de prendre le monopole mondial de l’information, ça me dépasse. Tout le monde commence à comprendre mais une fois qu’on s’est vendu on est prisonnier et c’est difficile de se libérer.

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  1. «With 2.41 billion monthly active users as of the second quarter of 2019, Facebook is the biggest social network worldwide» https://www.statista.com/statistics/264810/number-of-monthly-active-facebook-users-worldwide/
    Donc, quasiment 2,5 milliards d’individus sont des utilisateurs actifs de Facebook. Environ 33% de la population mondiale, tous âges confondus. Si on enlève les enfants de la terre et tout ceux qui ne sont pas branchés, le pourcentage monte probablement à plus de 50%. Ceci explique cela…
    C’est un phénomène extraordinaire quand on pense que d’asservissement perçu par l’un, la chose s’est métamorphosé en engouement particulièrement inconditionnel dans l’esprit des « like moi »; Sinon comment expliquer qu’encore tant de personnes persistent à prêter allégeance à cette fourberie monumentale quand on sait que Facebook existe parce qu’il transmet des informations, même sensibles, à des tiers intéressés (marketing). Et que dire de Mark Zuckerberg qui prétend avoir à coeur la confidentialité de l’information … https://urbania.ca/article/mark-zuckerberg-se-soucie-t-vraiment-de-vie-privee/
    En fait, il se fout bien de l’impact de Facebook sur la population en général en autant qu’il continue d’empocher les milliards de commandites.
    Guillaume qui se fait répondre par Radio-Canada « qu’on ne va pas contre le progrès». Or, la définition du progrès englobe la notion d’amélioration, d’objectifs idéal à atteindre: «Évolution régulière de l’humanité, de la civilisation vers un but idéal» https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/progr%C3%A8s/64212
    Je crois que Radio-Canada aurait du répondre qu’ils vont avec la tendance populaire plutôt que de prétendre adhérer à cette marche vers le progrès. Cependant…
    La langue française évolue, elle ajoute, supprime, transforme des mots, l’anglicisation en fait partie. Je me retrouve dans la définition du mot Progrès telle que proposée par Larousse. Il me semble par contre que le sens que la société lui prête actuellement se rapproche davantage de la notion de changement liée à l’ère du temps, de la mode et du déterminisme capitaliste que de celle d’amélioration. Les voitures à conduite autonome en sont un exemple. S’agit-il de progrès ou d’imposer une idée qui rapporte beaucoup ?
    Ceci étant dit, tant et aussi longtemps que la société ne s’affranchira pas de ce vil besoin d’être « liké », Zukenberg pourra dormir tranquille.

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    • Si au moins les publications étaient intéressantes! Quand je regarde ce qui me frappe c’est qu’on ne retrouve que des copier/coller sans intérêt. Ça pourrait au moins être un outil pour permettre aux gens de s’exprimer intelligemment. La municipalité a 3 pages Facebook mais on retrouve la même chose sur les 3 pages et le site internet: quel est l’intérêt?
      Pour changer les choses il faut déranger et bousculer; et il ne faut pas s’attendre à avoir beaucoup de J’aime si on dérange vraiment. Ce n’est pas un concours de popularité où le plus populaire sera celui qui dérange le moins.

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