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Élections piège à con

Ce slogan date de mai 68, j’avais 13 ans et ma vie a été bouleversée. À 16 ans je quittais ma famille pour une communauté hippie, j’avais compris que le système économique qui gouvernait la terre n’était pas viable et nous menait à la catastrophe. 50 ans plus tard rien n’a changé sinon pour le pire; et pourtant on en a élu des politiciens plein de bonnes intentions.

Au royaume des aveugles

Pendant tout l’été on a parlé de la chaleur suffocante et de la crise climatique. À la rentrée c’est la campagne électorale et les politiciens nous reviennent avec leurs surenchères de croissance, de développement économique et d’argent qui va tomber du ciel. On va élire le plus borgne des aveugles pour essayer de continuer de flotter avant de sombrer.

Comment se fait-il qu’en 1972 à l’âge de 16 ans j’avais parfaitement compris qu’un système économique basé sur le capitalisme couplé à une croissance exponentielle de la population mondiale menait à la catastrophe? Je veux bien croire que je suis plus intelligent que les autres mais il ne faut pas exagérer, je ne suis pas le seul à penser quand même. D’ailleurs beaucoup de gens disaient la même chose déjà.

Les utopistes de mai 68

On a beaucoup ridiculisé les doux rêveurs de mai 68, ces enfants de bourgeois qui se prenaient pour des maoïstes pendant leur crise d’adolescence avant de réintégrer le système auréolés de leur passé révolutionnaire. C’est la grande force du système moderne, il arrive à récupérer les idées les plus progressistes pour les vider de leur substance.

Depuis 50 ans nous votons pour le meilleur parti mais en réalité on s’enfonce peu à peu. Les politiciens ne peuvent plus changer le système, c’est l’économie qui dirige et ils suivent tant bien que mal. De toute façon aucun politicien ne se fera élire en disant qu’il va baisser le niveau de vie de la population et arrêter la croissance. Tout le monde sait que ça ne peut pas durer mais on fait comme si … Les utopistes ne sont peut-être pas ceux qu’on pense.

1968 la révolution manquée

Pour les historiens la décennie 1960-1970 marque une rupture dans l’histoire du monde. C’est le début de la mondialisation ou plutôt de la conscience nouvelle que l’Humanité prend du destin commun de tous.

Après des guerres mondiales inutiles et dévastatrices se terminant par la menace atomique, les peuples colonisés acquièrent leur indépendance (sauf les québécois) et le nouveau système économique mondial se met en place. En France, au Québec et un peu partout les institutions sont vieilles et inadaptées aux défis de l’avenir qui s’annonce. Les jeunes du baby-boom sont nombreux, éduqués, leur révolte aurait pu changer le monde. Le message était confus et maladroit mais sincère: l’avenir qu’on nous prépare nous mène à la catastrophe, il faut changer de système.

Les années passent et les problèmes s’amplifient exponentiellement mais la révolte ne semble plus possible, l’occasion est passée et manquée. Maintenant il faut attendre l’effondrement, en espérant que ce sera un peu plus tard, après nous (voir « Comment tout peut s’effondrer »).

La croissance infinie, pourquoi?

En 1972 le Club de Rome démontrait qu’il y avait une limite à la croissance puisque nous n’avons qu’une planète où vivre pour l’instant. La même année le premier Sommet de la Terre se réunissait, la menace du réchauffement climatique commençait à être soulevée. En France le débat sur les centrales nucléaires débutait: produire de l’énergie aujourd’hui en laissant les déchets à gérer par les générations futures… Je me souviens de discussions orageuses avec mon père aveuglé par les promesses de la technologie; on voit le résultat aujourd’hui.

C’est en 1972 que j’ai compris.

S’adapter

Comme tout le monde il a bien fallu que je m’adapte dans la société. Vivre en autarcie dans une communauté écologique c’est pas facile quand on doit se battre contre le reste de la société. Je ne voulais pas devenir moine. La société capitaliste a réussi à récupérer les utopistes de mai 68 et s’en réjouit mais ça prouve juste qu’elle peut écraser toutes les révoltes, pas qu’elle est le meilleur des mondes possibles.

Carte du Québec

2 réflexions au sujet de “Élections piège à con”

  1. Le cerveau est ainsi fait. Impulsivement, l’humain pense à court terme. La raison devrait prendre le dessus, mais ça demande un effort que notre cerveau évite de faire. Alors, on est souvent aveuglé devant l’évidence et incapable de prendre conscience de notre propre aveuglement. (lire Système 1, système 2 de Daniel Kahbeman).

    Nous allons vivre la pire des probabilité du rapport Meadow (Club de Rome). L’effondrement a débuté. Nous ressentons les premières secousses (Économique, Politique, pétrolier, biodiversité, surpopulation, climatique). Le pire reste à venir.

    Les politiciens, en général, sont aveuglés par le pouvoir et l’argent. Ils sont soit ignorants, soit dans le déni. N’attendons pas après eux.

    La première étape serait que chacun tente de passer du déni à l’acceptation de cet effondrement. Pour cela, on passe généralement par la peur, la colère, le déprime, la tristesse.

    Ensuite, Il s’agit de se préparer au monde différent qui s’en vient en créant des communautés fortes, low-tech, ou la vie n’est plus basée sur l’argent, mais sur l’entraide et la coopération (lire L’Entraide
    de Pierre Kropotkine)

    L’intelligenge n’est pas d’y avoir pensé à 16 ans, comme tu le soulignes, mais d’accepter, de raisonner et d’agir en introduisant une façon différente de vivre.

    Ce passage du livre Le Prince de Machiavel écrit en 1515, exprime bien une des raisons de notre immobilisme:

    «… il n’y a point d’entreprise plus difficile à conduire, plus incertaine quant au succès, et plus dangereuse que celle d’introduire de nouvelles institutions. Celui qui s’y engage a pour ennemis tous ceux qui profitaient des institutions anciennes, et il ne trouve que de tièdes défenseurs dans ceux pour qui les nouvelles seraient utiles. Cette tiédeur, au reste, leur vient de deux causes : la première est la peur qu’ils ont de leurs adversaires, lesquels ont en leur faveur les lois existantes; la seconde est l’incrédulité commune à tous les hommes, qui ne veulent croire à la bonté des choses nouvelles que lorsqu’ils en ont été bien convaincus par l’expérience.»

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  2. Salut Guillaume,
    Je ne sais pas si tu es « plus intelligent que les autres », mais tu es certainement très lucide.
    Une des grandes forces du capitalisme (même sauvage… en fait, il n’est que sauvagerie), c’est de mystifier les gens et les subjuguer en leur faisant miroiter que plus ils posséderont, plus ils seront « quelqu’un ». Plus vaut mieux… Cet art de jouer sur le besoin d’importance de l’individu (carencé) est très finement développé, machiavélique, et il est systémique en plus d’être soigneusement entretenu.
    Il faut remarquer que rarement un politicien proposera à la population de s’émanciper car, quand viendra le temps des élections, il se fera descendre par une majorité qui le préfera au populisme, vulgaire manipulation et dénie de l’intelligence de l’électorat, technique efficace pourtant. Rien qu’à regarder ce qui se passe de l’autre côté de la frontière… et pourquoi pas de ce côté aussi?
    Entre niveau de vie et qualité de vie, une bonne partie de la population choisit et persiste que le niveau de vie = qualité de vie. La société a perdu ses repères (les a-t-elle jamais eu), les divorces, les faillites, les parents absents où la nounou supplée au manque de présence de ces derniers. On va droit dans le mur mais ce n’est pas grave, la consommation jusqu’à la dernière goutte. Et s’il ne reste plus rien à marchander, il reste de l’eau (en espérant que Nestlé en laissera pour les besoins essentiels). Et s’il n’y a plus d’eau, il restera peut-être l’air…
    Nicolas Hulot démissionne, déçu, amer et désillusionné. Trudeau jette l’éponge et se soumet au dictat des pétrolières et en plus il dépense 4 milliards des fonds publics pour racheter une compagnie pétrolière dont les actionnaires voulaient (voire espéraient) fortement se départir car en déroute. Trump est dans le déni, apathique et pathétique du réchauffement climatique, la Chine avait encore 1400 centrales au charbon à mettre en route dans les années à venir (dit lors du sommet de Paris), etc, etc, etc.
    Le capitalisme au service de la société, ça peut être intéressant en attendant mieux. Mais encore là, même les plus pauvres ne veulent pas se faire enlever leur rêve (américain ou pas), l’utopie fonctionne même pour ceux qui rêvent tout éveillés, tout en sachant qu’ils sont éveillés. L’obscurantisme règne en roi et maître, pire, il est louangé.
    Et le maire de Chertsey qui rêve de développement par le quad…

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