La Société d’Histoire de Joliette de Lanaudière ou SHJL a été fondée en 1929 et s’est d’abord appelée Société Historique de Joliette. Depuis elle a participé à la vie culturelle de la ville de Joliette et de la région Lanaudière en recueillant les archives et en publiant des recherches. Elle tente aujourd’hui de se moderniser en effectuant son virage numérique pour rendre accessibles ses riches collections historiques.
La Société Historique de Joliette
C’est l’abbé Eugène Martin qui a fondé la Société Historique de Joliette en 1929. Sur les douze premiers membres de la société dix étaient du clergé, les 2 autres étaient le juge J.M. Tellier et le notaire J.N. Ferland. Il y avait beaucoup de clercs qui avaient du temps libre à consacrer aux études intellectuelles au sein du clergé de cette époque et Joliette était un centre régional important avec son évêché.
La première mission de la Société était de recueillir les archives et les documents historiques. Les collections étaient entreposées dans la voûte de l’Évêché et les membres publiaient des articles dans le journal L’Action Populaire de Joliette qui leur accordait un grand espace éditorial. Voici la une du 11 avril 1929:
Un an plus tard la Société comptait 16 membres et elle commençait à s’occuper de dossiers comme la toponymie des rues de Joliette avec les responsables de la ville. Voici la première chronique historique que j’ai trouvée dans le journal L’Action Populaire du 18 avril 1930:
La Société était bien encadrée par le clergé et l’idéologie était conservatrice. C’était une apologie des vaillants bâtisseurs guidés par leurs bons curés, sans critique sociale trop poussée. On trouve quand même beaucoup d’informations précieuses dans ces chroniques qui mériteraient d’être rééditées. Je m’en suis servi pour documenter plusieurs articles: histoire du train de Barthélémy Joliette.
Le format s’était amélioré sous forme de séries à découper et à conserver.
En 1960 la Société publiait encore des chroniques et des livres d’histoire des villages de Lanaudière dont le sujet principal était le curé. Voici la présentation d’un ouvrage de Mgr Omer Valois, secrétaire de la Société, à propos de la fondation du village de St-Damien de Brandon:
Chapelle au Lac Corbeau – Chapelle au village – Première église – Premier curé – La vie qu’il menait. L’histoire en 1960 était quand même assez simpliste. Vers 1960 les fondateurs de la Société étaient devenus vieux et la relève ne s’est pas faite. Les joliettains voulaient se libérer de l’emprise de l’Église et la Société Historique a périclité doucement.
La Société d’Histoire de Joliette de Lanaudière
En 1983 la ville de Joliette et l’Évêché se sont mis d’accord pour que les archives collectionnées à l’Évêché soient déménagées à l’Hôtel de Ville. La Société d’Histoire de Joliette de Lanaudière a été fondée en 1987 pour les administrer et les mettre en valeur.
De nouvelles méthodes de classification plus modernes ont été adoptées pour faciliter les recherches. L’abbé Lanoue était président et l’abbé Geoffroy archiviste. La société s’est ensuite laïcisée, en 2009 elle a déménagé à l’Arsenal dans un grand bâtiment modernisé et elle est aujourd’hui dirigée par un archiviste professionnel salarié qui organise le travail des bénévoles.
La classification des archives est un travail compliqué. Elle a d’abord été faite sur des fiches qui répertoriaient des dossiers contenant des documents mais la recherche était difficile. L’informatique a révolutionné ce secteur comme les autres.
Le virage numérique de la SHJL
En 2021 j’ai été bénévole à la SHJL; l’histoire et l’informatique sont des domaines qui m’intéressent et je pensais pouvoir être utile en apportant mes compétences.
Les archives de la SHJL
Les bases de données sont des outils très puissants qui permettent de classer et indexer les documents efficacement. Pour construire la base de données de la SHJL on m’a d’abord expliqué que comme il n’y avait pas d’ordinateur disponible, je devais prendre des notes sur des feuilles de papier et les retranscrire chez moi. Pendant quelques mois j’ai pris des notes sur les documents de la collection Vessot. Quand j’ai eu fini on m’a alors dit que je devais rédiger un long texte pour décrire la collection et chaque item de la collection dans un logiciel de traitement de texte.
J’ai bien essayé d’expliquer que, selon moi, ce n’est pas comme ça qu’on construit une base de données. Mais dans une vieille société il y a des traditions qu’on ne bouscule pas. J’ai mis des mois à classer une petite boîte de documents et j’ai fini par abandonner, découragé. Il y en a des dizaines d’autres.
Le site internet de la SHJL
Pour savoir si une société d’histoire est vivante son site internet est un bon indicatif. Il y en a quelques uns de très intéressants avec de nouveaux articles publiés régulièrement. Et puis il y en a d’autres où on ne trouve que quelques informations générales qui ne changent jamais.
Le site de la SHJL a été piraté en 2021 et la SHJL a confié sa refonte à une compagnie. Je connais un peu le logiciel WordPress utilisé et j’ai tout de suite remarqué des anomalies dans le code du nouveau site. Dès la deuxième ligne on lit que la langue de la page est l’anglais lang=en. C’est le code qui indique aux robots dans quelle langue il faut interpréter le texte de la page. C’est un des réglages de base du logiciel et l’expert mandaté ne sait pas le faire. [En vérifiant le 29 octobre 2024 je constate que le réglage a été corrigé]

J’ai essayé d’alerter les responsables de la SHJL qui bien entendu ne comprennent pas grand chose à ces problèmes. Ils ont fini par me trouver fatigant et me remercier de mes services mais ça n’empêche que leur site internet montre bien que la société n’est pas très vivante en 2022 [En 2024 je constate que rien n’a changé sur le site depuis 2022]. On y annonce beaucoup de choses qui n’ont pas vraiment lieu. Rien qui puisse passionner les jeunes et les aider à retrouver leurs racines.
Voici la page Activités du site tout neuf: 2009, 2014, 2017, ça date déjà un peu. Je sais qu’il y a le Covid mais il aurait été plus honnête d’écrire que des conférences il n’y en a pas en ce moment mais qu’il y en aura peut-être un jour. C’est facile de corriger le texte ensuite.
Depuis quelque temps la revue Le Messager ne paraît que 2 fois par an, pas 4 comme annoncé. Ça aussi ça peut se corriger selon la situation. Le menu Périodiques donne accès aux publications de la SHJL, une liste des numéros antérieurs du Messager. Ce sont des fichiers PDF qui ne sont pas indexés par les moteurs de recherche qui ne savent pas les lire. Pour trouver des informations il faut donc télécharger chaque fichier pour le lire alors que ce serait si simple si on trouvait un sommaire avec un résumé des articles sur le site internet; avec éventuellement une illustration pour que ce soit un peu plus excitant!
Au moins on voit que les responsables ont fait un effort pour intéresser les enfants à l’histoire et ils leur ont consacré une page avec des jeux interactifs modernes: Quiz.
À la page Fonds et Collections du site on trouve une interminable liste des collections de la SHJL mais il n’y a pas de descriptions. Ça viendra peut-être un jour, il faut espérer.
C’est dommage car l’histoire peut devenir très intéressante avec les moyens de recherche et de présentation modernes. La Société a de très belles collections qui pourraient être mises en valeur dans des chroniques comme on en trouve sur le site de quelques autres sociétés d’histoire.


Dans le code que j’ai montré plus haut on lit que le titre principal de la page d’accueil du nouveau site est Société d’histoire. Personnellement j’aurais écrit SHJL – Société d’Histoire de Joliette Lanaudière. C’est ce que j’ai fait pour que cet article soit indexé, en particulier pour le terme SHJL qui me semble le terme de recherche le plus probable.
L’histoire sur Facebook
Je trouvais qu’il ne se passait pas grand chose comme activités et que le nouveau site manquait de contenu et puis quelqu’un m’a dit d’aller voir sur Facebook. Il y a 120 membres dans la Société d’Histoire et il ne se passe pas grand chose. Mais il y a 662 abonnés sur Facebook et là il y a un peu d’action. On y trouve plein de belles photos des collections de la SHJL qu’on peut copier sans se poser de question puisqu’elles sont sur Facebook.
Mais ce n’est pas réellement intéressant, les photos ne sont pas mises en contexte et on peut juste dire: Wow, super!

Mise en contexte de la photo: Le procès de Tom Nulty
J’avais déjà utilisé des photos de la SHJL sur ce site et son directeur m’avait bien averti que selon la loi je devais donner leur référence: ©SHJL. Mais pendant ce temps il mettait les mêmes photos sur Facebook et comme Facebook ne se soucie pas du droit canadien n’importe qui pouvait faire n’importe quoi avec les mêmes photos.
Mais c’est sûr que Facebook c’est l’avenir de l’humanité. Il vaut mieux ne pas trop chercher à comprendre et ne pas poser de questions. Mais quand on est français on ne peut pas s’empêcher de râler et de critiquer, c’est dans notre nature. C’est un trait de caractère que les québécois ont peut-être du mal à comprendre, ils préfèrent éviter la chicane et se sentent agressés aussitôt qu’on questionne l’ordre établi. C’est pourtant nécessaire de temps en temps.


