Monique Leyrac est décédée, c’était une femme discrète. Pourtant les critiques musicaux estiment que son premier album enregistré en 1963 sur les poèmes de Gilles Vigneault mis en musique par Claude Léveillée est parmi les meilleurs à avoir jamais été réalisés au Québec. Mais c’était une femme indépendante qui a vécu sa vie plutôt que de suivre la mode et les impératifs du « showbusiness ».

Née dans une famille ouvrière de Montréal elle a dû arrêter l’école à 13 ans et travailler à la manufacture à 15. C’était pourtant une femme très cultivée; elle a donc tout appris par elle-même. Elle le raconte à François Dompierre dans sa biographie: pour chanter il faut avoir quelque chose à dire et pour avoir quelque chose à dire il faut avoir une personnalité, de la curiosité et de la créativité. Son but en chantant était de « faire » de la Culture, pas un produit commercial. Elle aurait pu être une sorte de Céline Dion, ça ne l’intéressait pas.
J’ai vu Monique Leyrac pour la première fois en 1976. Le poète Émile Nelligan était encore peu connu et elle avait monté un spectacle autour de ses poèmes en racontant sa vie et sa folie. Un spectacle pédagogique s’adressant à des spectateurs intelligents (c’est rare dans le « showbusiness »).
Elle a toujours eu un public très fidèle et elle a pu continuer sa carrière en faisant ce qui l’intéressait en suivant sa démarche personnelle. Mais elle ne passait plus beaucoup à la TV. J’ai vu plusieurs de ses spectacles à la toute petite salle du Café de la Place des Arts, une expérience formidable puisqu’on avait l’impression d’être des élus choisis pour assister à des moments magiques dans l’intimité.
Et puis elle a disparu. F. Dompierre raconte qu’elle préférait une fin de vie discrète loin des médias.
Une belle leçon de vie!
Il en passera
De l’eau sous les ponts
Il en passera
Des nuages
Par-dessus les arbres
Et les hauts pignons
La terre en fera
Des tours et des rondes
Et continuera son voyage
Emportant mon corps
Mais point ma chanson
Un bel hommage mérité et bien senti.
Merci.