Louis-Joseph-Amédée Papineau était un patriote, fondateur des Fils de la Liberté et de l’Institut Canadien. Fils aîné du chef patriote Louis-Joseph Papineau seigneur de la Petite-Nation. En 1894 il a apostasié publiquement la religion catholique pour entrer dans l’église presbytérienne en écrivant une lettre publique au Père Chiniquy. Papineau et Chiniquy des pervertis, la dissidence n’était pas acceptée.
L’histoire est faite d’êtres humains qui se battent pour leurs idéaux et leurs intérêts; il n’y a pas les bons d’un côté et les méchants de l’autre mais des êtres contradictoires; et c’est pareil aujourd’hui. L’histoire officielle est toujours simplifiée pour signifier un message.
Comme son père, Louis-Joseph-Amédée a été seigneur, patriote puis républicain soutenant l’annexion aux États-Unis. Ils se sont quand même tous les deux opposés à l’abolition du régime seigneurial en 1854. Il y avait toute sorte de monde parmi les patriotes de 1837-1838 et l’échec de la rébellion a suscité des divisions et des amertumes.
À la fin décembre 1893 Louis-Joseph-Amédée Papineau écrivit une lettre retentissante au Père Chiniquy et proclama dans la presse son intention d’apostasier sa foi catholique pour entrer dans l’église presbytérienne. Il convoqua chez lui tous les protestants qui le voulaient bien pour un pique-nique en juillet 1894.
Source Jean-Louis Lalonde SHPFQ

Louis-Joseph-Amédée Papineau
Si on lit sa biographie sur Wikipedia ou sur le site du Répertoire du Patrimoine du Québec il n’en n’est pas fait mention, c’est pourtant un fait marquant. Chiniquy ce n’était pas n’importe qui non plus à cette époque!
C’est dans les détails que sont les nuances. Georges Aubin dans l’article Amédée Papineau, un Fils de la Liberté donne des informations plus complètes: Louis-Joseph-Amédée a fait ses études élémentaires auprès du révérend Esson, un pasteur presbytérien de la rue Saint-Paul à Montréal. En 1846 il a épousé Mary Westcott à Saratoga, à l’église presbytérienne. Mais il était officiellement catholique, comment faire autrement à cette époque au Québec.
À son retour à Montréal en 1843 il fonde la Société des Amis et devient membre de L’Institut Canadien de Montréal. Il dénonce dans ses écrits le clergé qui refusa la sépulture ecclésiastique aux patriotes morts au combat et qui refuse d’inhumer Joseph Guibord en terre chrétienne.
C’est aussi l’époque de la Confédération. Il est très amer en voyant le comportement des anciens patriotes qui se vendent pour des places au gouvernement et dans les affaires.
Le grand Papineau enterré comme un chien
Quelques jours avant la mort de Louis-Joseph Papineau, en septembre 1871, son fils, tout juste revenu d’Europe, prend en main les derniers moments du grand homme et veille à ce que ses ultimes volontés soient respectées. Appelé par un télégramme, il accourt à son chevet, au manoir. Le curé Médard Bourassa vient d’en sortir, ébranlé par les mots du tribun: «Monsieur le curé, je me passe de la religion révélée depuis l’âge de dix-neuf ans, et je n’en ai pas besoin pour mourir». La nuit de sa mort, des notables de la paroisse défilent devant sa dépouille; quelques,uns commencent à réciter le chapelet quand surgit Amédée dans la pièce en leur disant: «Je ne veux pas de ces simagrées ici».
Les bonnes âmes diront ensuite que Papineau s’est fait enterrer «comme un chien».
G. Aubin
On trouve beaucoup de détails dans cette biographie mais pas un mot sur son apostasie! Chiniquy a pratiquement disparu de l’histoire lui aussi et pourtant c’est un personnage très important de l’histoire religieuse du Québec.
On pourrait au moins remplacer une rue Bourget par une rue Chiniquy pour se souvenir!
Un seigneur un peu radin?
Amédée Papineau possédait une jolie fortune en rentes qui faisait l’envie de plus d’un. Il a voyagé partout en Europe et profité d’une belle vie de rentier.
Dans l’article de La Minerve qui dénonce l’apostasie de Papineau il est décrit comme un profiteur qui ne veut pas payer sa part de la nouvelle église et préfère abjurer pour économiser. Qui dit vrai?
Universellement détesté à Montebello – On ne lui connaît pas d’amis!
Ce n’est pas à la suite d’études profondes, réfléchies, que cet homme déserte définitivement nos autels, mais pour des motifs qui semblent intéressés, pour des raisons apparemment pécuniaires, à la suite de misérables chicanes de paroisse.
Brasser ces ordures n’est pas une besogne très attrayante mais il est des haut le coeur qui sont nécessaires.
On peut difficilement être plus méprisant. Ce n’était pas facile d’être dissident à cette époque, surtout à cause de la mainmise grandissante de l’Église sur la société à la fin du siècle. Dans l’article plus bas du 11 janvier le journaliste écrit qu’il eût mieux vallu que le chef des patriotes Louis-Joseph Papineau ne fut jamais né.
Quand on est rejeté par la société on a tendance à devenir excessif et provocateur, c’était sûrement son cas. À sa mort il a été incinéré à Montréal et son décès enregistré à l’église presbytérienne Saint-Jean sur la rue Ste-Catherine à Montréal.
On peut dire que Louis-Joseph-Amédée le fils de Louis-Joseph Papineau, patriote fondateur des Fils de la Liberté et de L’Institut Canadien est un peu oublié. Son histoire officielle a même été aseptisée si on se fie à sa biographie publiée par le Ministère de la Culture du Québec.
Heureusement qu’il y a la Société d’Histoire du Protestantisme Franco-Québécois (d’autres dissidents) pour préserver cette mémoire, c’est là que j’ai trouvé le point de départ de ma recherche dans 2 articles de Jean-Louis Lalonde du Bulletin de la SHPFQ mars 2006 et juin 2016.
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