À la fonte des neiges du printemps quand on roule sur l’autoroute 40 entre Berthierville et Yamachiche on a parfois l’impression d’être au milieu d’un immense lac, on ne voit plus la limite entre le fleuve et sa rive. Depuis que ce territoire est habité il a toujours été inondé au printemps. Déjà en 1815 l’arpenteur Joseph Bouchette notait que les habitants du village de Berthier devaient déménager au 2ème étage de leur maison à chaque année.
Les archives des journaux permettent de documenter des dizaines d’inondations à Berthier puis Berthierville; il y en a certainement eu beaucoups d’autres avant.
La carte de Berthier et des îles en 1709
En 1709 Gédéon de Catalogne a dessiné 2 cartes détaillées du lac Saint-Pierre. Sur ce détail de la carte montrant l’entrée du lac on voit que des terres à Berthier, Maskinongé, Rivière du Loup, Yamachiche et les îles du fleuve avaient commencé à être cultivées. Le cartographe a dessiné un grand lac vers les villages de St-Barthélémy et Maskinongé actuels nommé baie des Atoquas.
La carte est très précise et on peut lire les noms des fondateurs des villages. À Berthier ils s’appelaient Généreux, Borneux, Canada, Rathel, Mandeville, Boucher, La Vigne, Fafar, Laforge, P. Pieds, Lapierre, La Grandeur, Champagne, Parisien, J. Pieds. Le domaine du sieur Bertier se trouvait sur le bord de la rivière Bayonne.
En comparant avec la carte actuelle on voit que ce territoire a été complètement modifié. L’autoroute 40 passe entre l’ancienne baie des Atoquas qui a disparu et la baie du nord qui a été en partie asséchée. Autrefois la glace de la débâcle du Saint-Laurent créait un barrage dans les passages étroits entre les îles qui faisait monter le niveau de l’eau dans la plaine inondable.
Cette imagerie satellitaire du 2 mai 2008 montre l’accumulation d’eau au printemps autour du lac Saint-Pierre; elle a été publiée dans le rapport Sainte-Anne-de-Sorel et ses îles: patrimoine et adaptations au gré du fleuve. On voit bien la ligne de l’autoroute 40 dans le bleu clair près de Berthierville et le long du lac Saint-Pierre. À cette période la plaine inondable est gonflée par la crue printanière.
Les inondations récentes à Berthierville depuis 2017
La crainte des inondations revient régulièrement préoccuper les habitants de Berthierville. La ville a été construite dans une zone inondable et le risque ne disparaîtra pas même si des aménagements importants ont été faits sur le fleuve pour éviter les embâcles dans les îles entre Berthier et Sorel.
En mai 2017 Radio-Canada publiait ces photos de la crue du Saint-Laurent qui inondait la plaine entre Berthierville et St-Barthélémy.
Le 24 avril 2019 La Presse annonçait Inondations, beaucoup d’angoisse, un peu d’espoir – Sur les 26 municipalités que compte la circonscription de Berthier, 8 sont inondées.
Le 3 mai 2023 la hausse importante du niveau du fleuve inquiétait encore les autorités de la ville de Berthierville.
En fait Berthierville est construit tellement bas que lors de fortes pluies l’eau stagne et remonte du sol. C’est ce qui est arrivé en août 2024 à l’épicerie IGA. Un déluge de pluie est tombé sans faire de dommage dans le magasin puis l’eau a commencé à remonter du sol: à la fin il y avait 38 pouces d’eau dans le magasin qui a dû être entièrement reconstruit.
En 1828 aussi des orages avaient inondé les terres autour de Berthier; en août elles étaient encore couvertes d’eau et ne pouvaient pas être cultivées.
En 2025 le gouvernement américain de Donald Trump a licencié de nombreux scientifiques chargés de la régulation du niveau des Grands Lacs et donc du fleuve Saint-Laurent. Il faut donc s’attendre à une gestion cahotique et d’autres crues du fleuve.
Berthier une ville construite en zone inondable
En 1815 l’arpenteur du gouvernement Joseph Bouchette a parcouru les terres colonisées et a publié la Description topographique de la province du Bas Canada. Il décrivait déjà les inondations fréquentes au village de Berthier. En effet il s’élève si peu au-dessus du niveau de la rivière, que dans le printemps, quand la fonte des neiges et des glaces occasionne un gonflement des eaux, il est quelque fois inondé à une grande distance dans l’intérieur, ce qui cause beaucoup de dommages dans le bas des maisons du village, et aux marchandises déposées dans les magasins; le débordement a quelquefois été si grand, qu’il a fallu enlever une grande quantité de froment des étages supérieurs des greniers pour l’empêcher d’être gâté.
Les îles du fleuve Saint-Laurent situées entre Sorel et Berthierville ont aussi été inondées à de nombreuses reprises. On peut imaginer que depuis l’époque de la mer de Champlain un immense lac qui allait jusqu’aux premières collines des Laurentides s’est peu à peu asséché.
La partie visible des îles de l’archipel est formée d’alluvions récentes. Ces dépôts d’une hauteur maximale de 7 à 8 mètres au-dessus du niveau du fleuve sont principalement constitués du limon déposé par la Mer de Champlain lors du recul marin qui força les eaux de cette époque à intégrer le lit actuel du fleuve. De nos jours, le même phénomène se répète annuellement lors des inondations printanières alors que les eaux du fleuve recouvrent une partie des Îles de Sorel et y laissent une couche d’alluvions. Bien qu’elles puissent causer des problèmes aux insulaires et nuire pendant quelques semaines aux déplacements, ces inondations printanières sont bénéfiques pour l’agriculture.
Les inondations causent beaucoup de dégâts mais elles sont aussi bénéfiques pour l’agriculture. C’est pourquoi les îles du fleuve et la plaine inondable sont habitées malgré le risque d’inondation récurrent.
Les premières inondations rapportées par la presse
La première mention d’une inondation à Berthier dans les journaux numérisés par la BANQ date de 1836. Le village était inondé et l’inondation s’étendait jusqu’à 3 milles dans les terres.
Dans Le courrier de Berthier du 12 août 1970 on lit: L’inondation de 1843, si on en juge par les Mélanges religieux, du 28 avril 1843, fut la plus importante depuis le début du siècle: Parmi les désastres causés par les dernières inondations, ceux de Berthier sont des plus considérables. Le village et une partie de la paroisse furent entièrement submergés.
En 1861 l’inondation a été exceptionnelle: ll n’y a, à Berthier, que la rue du Bord-de-l’eau, la rue de la Petite-Rivière, ainsi que le haut du village qui ne sont pas submergés.
Dans Le pays du 25 avril 1863: Les villages de Berthier, de Lavaltrie, de St. Sulpice, de Varennes et toutes les isles situées dans le voisinage de ces lieux ont egalement souffert de la crue des eaux. Dans plusieurs maisons l’eau s’est élevée jusqu’aux fenêtres.
L’inondation catastrophique de 1865
Autrefois les glaces descendant le fleuve lors de la débâcle du printemps n’étaient pas contrôlées comme elles le sont aujourd’hui; les inondations pouvaient être meurtrières. C’est ce qui est arrivé en 1865, première inondation à avoir été racontée en détails dans la presse.
À la fin mars la température a été douce et le dégel considérable. La partie basse du village de Berthier était à flots.
Les journaux ont rapporté que l’eau montait rapidement et que l’on s’attendait à du dégât. Le fleuve qui se rétrécit à Lanoraie ne pouvait pas donner un passage suffisant à la glace et on craignait que l’embâcle inonde Contrecoeur, Verchères, l’île Bouchard, Repentigny, etc, jusqu’à Griffintown dans Montréal.
La rivière L’Assomption est devenue à peu près impraticable… Le village de Berthier est submergé dans ses parties basses, et on est obligé de se servir d’embarcations…
Le 3 avril la glace avait remué et recouvrait la rue des Commissaires à Montréal où l’eau avait considérablement monté; on craignait une forte inondation. Il paraît qu’à Berthier on canote dans le village comme dans les rues de Venise.
L’eau a continué à monter rapidement. De Lanoraie à Berthier c’est comme une rivière.
Le 5 avril la glace à Montréal a marché et un chenal s’est formé faisant baisser le niveau de l’eau. Mais le pont de glace à Québec était encore solide et le lac Saint-Pierre n’était pas dégagé. Les nouvelles étaient quand même encourageantes, la débâcle en était à sa dernière phase.
À Berthier l’eau continue d’inonder tout le village, mais nous sommes heureux d’apprendre que la glace n’a fait aucun dommage. Le vent d’hier et d’avant hier a balayé une banquise de glace fort menaçante qui se trouvait vis à vis le village et on espère à présent que le danger est passé.
Dimanche on se promenait encore en canot dans les rues de Berthier; voilà près de quinze jours que cet infortuné village est dans cet état.
La débâcle semblait en bonne voie de disparaître quand une grosse tempête a balayé le fleuve et causé la catastrophe. Les journaux ont longuement commenté les événements, j’ai recopié des extraits de l’article de La Minerve du 15 avril.
Depuis quelque temps, non colonnes sont remplies de tristes récits sur les maux causés par l’inondation. Hélas, nous étions loin de croire que ces différentes catastrophes n’étaient que le prélude de malheurs inouis!
On a vu comment l’eau tenait captifs les habitants des Iles Du Pas, Du Moine, Grace, De Madame, etc. Lundi et mardi, la crue devint si forte qu’elle chassa les habitants dans les seconds étages et les empêcha de bouger… Mercredi, des nuages menaçants s’amoncelèrent à l’horizon. Bientôt la tempête qui sema la consternation dans tout le pays s’attaqua avec une violence plus terrible aux plus malheureux de tous…
La tempête commença à soulever les flots avec fureur et en quelques instants le fleuve se hérissa de vagues menaçantes, qui se brisaient avec fracas dans les appartements inférieurs… Ces moments de suprême anxiété ne furent pas toutefois de longue durée; les appréhensions allaient faire place à la plus terrible des réalités. Les toitures commencèrent à livrer leurs débris aux rafales. Des granges ne tardèrent pas à s’écrouler, et les animaux échafaudés dans les greniers, étaient lancés au milieu des vagues et se noyalent misérablement… Comment décrire cette scène déchirante où la tourmente fait voler les derniers appuis des demeures et précipite leurs habitants au sein des vagues furieuses!
En quelques heures, 50 victimes étaient violemment arrachées à la vie; 2.000 personnes pouvaient, d’une seconde à l’autre, subir le même sort.
Le Cygne avait réussi à sauver un certain nombre de personnes. Pendant ce temps le Président de la Compagnie du Richelieu, Mr. Sincennes, faisait préparer Le Terrebonne et L’Étoile; le premier partit vers minuit avec deux prêtres et un médecin sous le Capt. Roy, et L’Étoile deux heures après, sous le Capt. Mailhot. Le Bell Capt. Armstrong se dévoua également… les familles étaient mélées, séparées, et l’inquiétude de cette séparation se joignait au désespoir de leur ruine et de leur dénument. L’Eloile, le Cygne, le Terrebonne et le Bell en conduisirent à peu près 600 à Sorel dans le courant de la journée.
Le Journal de Québec et d’autres journaux ont repris à peu près le même récit.
Les inondations de 1867, 1871 et 1873
En 1867 la ville de Berthier a de nouveau été inondée. Le déboisement intensif le long des rivières à cette époque semble avoir favorisé la descente très rapide des eaux de la fonte des neiges au printemps, empirant les risques d’inondations.
Dans L’Ordre du 24 avril 1867: Une dépêche de Berthier nous apprend que la débâcle a commencé dimanche dernier, qu’elle a continué lundi et que toute la ville est inondée. L’eau monte d’environ 9 à 10 pouces par 24 heures.
Dans Le pays du 23 mars 1871: On écrit de St. Barthélemi – Les eaux du lac St. Pierre débordent; on parle d’une inondation assez considérable à Berthier.
Au printemps 1873, nouvelle embâcle et nouvelle inondation importante.
Dans La Minerve du 21 avril 1873: À Berthier, la glace a causé beaucoup de dommages pendant la nuit de vendredi à samedi; deux maisons ont élé presque détruites. Samedi après-midi, il y avait un pied l’eau dans le bureau du télégraphe et l’opérateur qui envoie ces dépêches était obligé de se tenir sur une table.
Le 22 avril: La ville de Berthier est toujours inondée et l’eau monte toujours. Le pont en face de la ville tient encore ferme et les rues sont encombrées de glace.
Le Journal de Québec 1er mai: L’inondation est arrivée, ce matin, a dix-sept pouces au dessus de la plus grande hauteur de la digue de 1865; c’est à dire que les eaux du Saint-Laurent sont à peu près de vingt pieds au dessus de l’eau basse. On a rarement vu telle crue... Pour retrouver une digue semblable il fallait remonter à 1797. Mais en ce temps-là, le pays était encore presque complètement boisé et la crue des eaux ne pouvait se produire aussi rapidement qu’aujourd’hui.
Depuis Berthier jusqu’aux Trois-Rivières on dirait d’une mer tant le fleuve a sorti de son lit et s’est répandu dans les campagnes. Sur ses deux rives les deux premières concessions de terre sont presque littéralement submergées.
L’inondation de 1876 à Berthier
Au printemps 1876 nouvelle inondation! Le 21 avril les parties basses du village de Berthier étaient complètement submergées. Dans les îles, on a dû échaffauder en plusieurs endroits, et plusieurs ont déjà abandonné leurs demeures pour gagner la terre ferme, lorsque la chose était possible mais la majorité de la population de ces îles y est restée, sans pouvoir en sortir maintenant avant la débâcle.
Le 25 avril l’eau montait toujours à Berthier et la moitié de la ville était submergée. On craint beaucoup une forte inondation lorsque la glace commencera à marcher, et plusieurs maisons situées près du rivage sont en danger.
Le 29 avril l’eau continuait à monter à Berthier. On craignait une inondation comme celle de 1865 où les rues de Trois-Rivières avaient été couvertes de 3 à 7 pieds d’eau.
En 1875 des études avaient été faites pour construire une ligne du chemin de fer sur la rive nord du Saint-Laurent entre Montréal et Québec en longeant la rive. L’ingénieur de la compagnie, Mr. Bemister, a commenté les dégâts d’abord dans les journaux puis dans un rapport à la Corporation de la Ville de Joliette. Le tracé prévu pour la ligne avait été inondé et les plans devaient être révisés.
La ville de Berthier était baignée par un grand lac. Sur plusieurs milles et aussi loin que l’oeil pouvait voir, les arbres et les maisons étaient dans l’eau; il n’y avait pas un pouce de terre non couverte… C’est un fait surprenant de voir que, bien que les inondations soient si fréquentes, les habitants bâtissent leurs demeures sur le sol, non seulement au-dessous du niveau des grandes inondations, mais même au-dessous du niveau des inondations ordinaires.
La partie de la ville qui se trouve en arrière, était dans la pire des conditions imaginables. L’eau avait monté jusqu’à la moitié des fenêtres et quelques unes étaient couvertes jusqu’à leur sommet. Il y avait 10 pieds d’eau sur le terrain où était localisé le tracé prévu par la Compagnie de la Rive Nord. L’ingénieur conseillait de faire passer le train plus au nord en-dehors de la zone inondable, en passant par Joliette.
Cet article a été publié le 19 mai mais le 5 mai Mr. Bemister avait déjà rédigé un rapport en anglais pour le maire et la corporation de la Ville de Joliette: Mr. Bemister’s report of the flood at Berthier.
En anglais la compagnie se nommait North Shore Railway Company. Le rapport décrivait à quel point le tracé arpenté pour la construction de la ligne avait été inondé: sur 12 milles près de Berthier le terrain est en-dessous du niveau inondable.
Il reprend les informations publiées dans le journal en donnant des détails techniques sur les inconvénients du tracé prévu pour le chemin de fer. Même aux endroits où le terrain n’était pas inondé, il était tellement gorgé d’eau que le passage d’un train aurait aussitôt endommagé la ligne. Il fallait la construire plus au nord. La carte accompagnant le rapport montre le trajet prévu et la limite de la montée des eaux en 1876. La vue en coupe située en-dessous montre l’élévation et la hauteur de l’eau; au passage de la rivière Maskinongé il y avait 5 à 8 pieds d’eau au-dessu de la ligne.
Autres inondations en 1883, 1885, 1887 et 1891
Dans Le Quotidien du 17 avril 1883: À Berthier la partie basse de la ville est inondée, les quais disparaissent sous l’eau.
Dans L’Électeur du 28 avril 1885: Dimanche 26, on a entendu la messe en canots. La petite ville de Berthier est complètement inondée. Les canots sont les seuls véhicules que l’on voit sillonnant les rues. L’assistance à la grand messe a du prendre place dans les galeries. Les allées de l’église étaient remplies de canots.
Dans L’Étendard du 26 avril 1887: À Berthier, l’inondation cause des dégâts immenses.On en a plus souffert cette année que l’an dernier. Beaucoup de familles sont plongées dans la misère et le pain est en grande demande.
Dans La Gazette de Berthier du 17 mai 1889 un historien évoque les problèmes causés par ces inondations et la résilience des habitants: Berthier souffre beaucoup de l’inondation, le printemps. L’auteur de ces lignes est souvent allé en chaloupe jusque dans la vieille église, mais en juin, juillet, août et septembre, toute la boue et tous les inconvénients de l’inondation ont disparu et Berthier, comme résidence d’été, a peu de rivales.
Dans La Gazette de Berthier du 21 mars 1890: L’eau a baissé considérablement depuis quelques jours; nous avons maintenant presque l’espoir de se sauver de l’inondation cette année.
Dans L’Étendard du 15 avril 1891: Depuis le commencement de la débâcle, la ville de Berthier, est inondée. Il y a de quatre à six pieds d’eau dans les rues.
L’inondation de Berthierville en 1896
L’inondation de la ville en 1896 a encore été catastrophique. Les premières illustrations de la ville, devenue Berthierville, ont été publiées par le journal La Presse.
Dans Le Sorelois 17 avril 1896: La glace du St-Laurent est encore ferme devant la ville et le postillon traverse à pieds de Sorel à Berthier. On s’attend à la débâcle d’un moment à l’autre.
Le lendemain dans La Patrie: À Trois-Rivières la glace est descendue hier soir, causant un dommage considérable aux quais. L’eau a monté d’un pied depuis hier, une grande partie de la ville est inondée. La glace est empilée en masses formidables dans les rues. Les citoyens voyagent dans les rues dans des embarcations. Les pertes sont incalculables. Des nouvelles venant de Berthier, Yamachiche et Ste-Anne de la Pérade annoncent que ces paroisses sont inondées et que la détresse est grande.
Le 22 avril c’était au tour de Berthier de subir des dégâts: une seule maison à l’abri.
L’eau a dépassé de 2 pieds la plus grande hauteur qu’elle avait atteinte pendant les inondations précédentes, et particulièrement celle de 1865. La glace a détruit une grande quantité de propriétés sur la rue, en face du fleuve; elle a également emporté les remises de la compagnie de navigation Richelieu et Ontario, et a brisé une douzaine de poteaux de télégraphe. Une seule maison dans tout le village, a été à l’abri de l’inondation. Dans les rues basses, l’eau est à la hauteur des fenêtres des maisons.
Berthier pourrait être assez justement appelée la Venise du Canada. Les vues que nous donnons aujourd’hui et celles que nous publierons demain de l’inondation de Berthier nous ont été gracieusetueut transmises par une jeune anglaise dont nous écririons avec plaisir le nom, si nous ne craignions de blesser sa modestie.
1899, 1901, 1903, 1918, 1920, 1928, 1947, 1951, 1968, 1974
En 1899 un tiers de la ville de Berthier était inondé le 21 avril. C’était une petite inondation normale. En 1901 l’inondation a été plus sérieuse.
La plus grande partie de la ville de Berthier est innondée. Dans les rues d’en arrière, il y à jusqu’à huit pieds d’eau. En arrière de la ville, une vaste nappe d’eau s’étend jusqu’au manoir seigneurial... Les îles en face de Berthier sont complètement innondées, c’est là que le danger est imminent. Le moindre coup de vent pourrait tout emporter; maisons et bâtiments, hommes et bestiaux.
Le 23 mars 1903 l’eau a monté de 15 pouces et une partie de la ville de Berthier est inondée. En 1918 la ville de Berthier était inondée le 10 avril.
Dans Le Sorelois du 9 avril 1920: À cause de l’inondation, les ouvriers à la manufacture d’allumettes de Berthier, sont en chômage. la situation de l’établissement est sans doute un des grands avantages qui ont induit les sages directeurs de l’entreprenante compagnie, à s’implanter dans cet endroit à fleur d’eau. Comme le disait un vieillard à sa vieille “Ma foi, je crois que tout le monde est fou à part toi et moi—et des fois tu radotes” !
En 1928 la ville a de nouveau été inondée et Le Devoir rapportait qu’à la fin mai les terres étaient encore sous l’eau: Les automobilistes voyageant de Montréal à Québec ont eu de la difficulté à passer à St-Cuthbert et à Berthier où l’inondation recouvrait la route de deux à trois pieds d’eau. Il fallait faire un détour par l’intérieur des terres.
En 1947 les rivières Bayonne et Maskinongé ont débordé inondant un vaste territoire.
Dans La Patrie du 3 avril 1951: Un autre embâcle, cette fois formé sur le lac Saint-Pierre, a provoqué une crue de 12 pieds à Berthierville. La rivière Chicot avait débordé et il y avait 3 pieds d’eau sur la route Québec-Montréal.
L’eau du fleuve avait monté et depassé le niveau du quai nouvellement construit en face du parc. La rivière Bayonne et tous ses affluents se sont éveillés par suite des pluies torrentielles qui duraient depuis cinq jours. C’était la première inondation du genre depuis trente ans et plus.
Dans Le courrier de Berthier du 25 janvier 1968: De nombreuses inondations ont été signalées dans la région de Berthier la semaine dernière, à la suite d’un niveau d’eau plus élevé que jamais dans le St-Laurent. Les régions les plus affectées par cet état de chose sont celles des Iles St-lgnace et Dupas, et les municipalités sises en bordure de la route panoramique “2”. Nos photos parlent d’elles-mêmes.
En 1974 Le Courrier de Berthier a encore publié une série de photos des inondations.
Avant l’ouverture du chenal par les brise-glaces, les embâcles étaient fréquents au lac Saint-Pierre. Ceux-ci causaient des inondations importantes dans les localités riveraines, surtout dans la partie amont du lac. L’ouverture du chenal maritime à la navigation hivernale a permis de contrôler en grande partie les embâcles et les inondations associées. À partir de l’hiver 1963-1964, le passage au travers des glaces du lac Saint-Pierre a été rendu possible grâce à l’utilisation continue de brise-glaces dégageant le chenal de navigation…
Chaque printemps, les eaux du fleuve inondent quelque 1.500 à 2.000 hectares autour du lac Saint-Pierre, formant ainsi des écosystèmes bien particuliers.