Martin d’Angeville Dostaler est né à Berthier en 1846. Avec Joseph Michaud, Alphonse Durand et Wilfrid Corbeil il est un des architectes qui ont légué à la ville de Joliette son riche patrimoine bâti. Son travail a été moins spectaculaire que celui d’Alphonse Durand qui est bien connu et mis en avant sur de très nombreux panneaux historiques de la ville. Il a été le principal artisan de la la construction de la cathédrale de Joliette mais son nom ne figure même pas sur le panneau qui a été installé devant par la ville.
Son prénom D’Angeville est unique, je ne sais pas d’où il peut venir et je n’ai trouvé personne d’autre partageant ce prénom. C’est sans doute pourquoi il est souvent mal orthographié, Dangeville ou même Dangevilde comme sur ce portrait.
Dans la revue Le Messager de la Société d’histoire de Joliette Jean Claude de Guire a publié en juin 2016 un article sur Martin D’Angeville Dostaler intitulé Un architecte, un contremaître et un bon citoyen. Le définir comme un contremaître me semble un peu péjoratif, entrepreneur serait plus exact; bon citoyen sans doute.
Jean Claude de Guire était alors archiviste et directeur de la société d’histoire et il débute son article en soulignant le maigre dossier conservé à son sujet alors qu’il a été un des principaux architectes et entrepreneurs de la ville de Joliette au tournant du XXe siècle. La source secondaire la plus étoffée que nous ayons à la Société est le livre portant au sein de notre bibliothèque la cote A541e et intitulé Les anciens du séminaire; écrivains et artistes.
Les anciens du séminaire; écrivains et artistes
Ce livre a été numérisé par la BANQ et voici la rubrique consacrée à Martin d’Angeville Dostaler-Casabon.
Martin d’Angeville Dostaler est venu à l’âge de 22 ans au séminaire de Joliette pour y suivre un cours commercial entre 1868 et 1871. Il y a suivi en même temps la classe de physique et d’architecture du R. P. Joseph Michaud qui a remarqué son intelligence et en a fait son aide à la boutique de menuiserie, lui enseignant l’architecture. Selon le chanoine A.- C. Dugas il aurait été l’un des meilleurs architectes de la province; ce qui est sans doute exagéré.
Parmi les nombreuses entreprises que fit M. Dostaler, nous voulons citer, de Joliette, la cathédrale, le marché, le monastère du Précieux-Sang, l’aile de brique du Séminaire (Maison des élèves), l’École Normale, le presbytère… l’église de Saint-Antoine-Abbé, deux églises à Saint-André-Avellin, et quantité d’autres constructions.

L’information n’est pas très étoffée effectivement!
L’élève du père Joseph Michaud
Le père Michaud avait fait un voyage à Rome et en avait rapporté les plans de la Basilique Saint-Pierre; Mgr Bourget projetait de construire sa nouvelle cathédrale selon ce plan. Le père Michaud et son élève Dostaler avaient construit pour lui une maquette de la Basilique. Puis en 1874, pour l’exposition de Philadelphie, ils ont fait des maquettes du collège de Jolette et du noviciat des Clercs de St-Viateur. L’exposition de Philadelphie a eu lieu en 1876 pour le centenaire des États-Unis.
Le nom du père Michaud est surtout associé à la construction de la cathédrale Saint-Jacques, à Montréal. Après que Victor Bourgeau eut refusé le projet de Mgr Ignace Bourget d’en faire une reproduction réduite de la basilique Saint-Pierre de Rome, ce dernier envoie Michaud à Rome en 1868, à titre d’aumônier des zouaves pontificaux, et le charge de lever les plans de l’édifice. De retour à Joliette en 1869, Michaud fabrique une maquette qui décidera de la construction de la cathédrale… Certains de ses élèves deviendront des architectes, notamment D’Angeville Dostaler qui travaillera avec lui.
L’abbé Michaud eut à surveiller la construction de plus de cent églises et de 300 édifices religieux. Il a pris part à la construction de nombreux édifices de Joliette dont l’Institut d’artisans, un des plus vieux bâtiments de la ville.
La reconstruction du marché Bonsecours
En collaboration avec Michaud toujours en 1874, il aurait œuvré sur le chantier du Marché Bonsecours de Joliette aujourd’hui démoli – J. C. de Guire
Le premier marché Bonsecours a été construit en 1851 par les commerçants du village: la Société du Marché neuf de l’Industrie comportait 300 parts à 10 chelins chacune. En 1874 le conseil de ville a voulu le reconstruire en édifiant un bâtiment de prestige. Le contrat a été numérisé dans le greffe du notaire Dieudonné Desormiers.
Le 21 janvier 1874 Jean-Jacques Provost marchand et Pierre Edouard McConville arpenteur de Joliette ont conclu un marché avec Adolphe Fontaine avocat et conseiller et pro-maire de la Ville de Joliette et Barthélémy Vézina secrétaire-trésorier pour la construction d’un marché en brique: maçonnerie, charpenterie, couverture, menuiserie, serrurerie, vitrerie, creusage des caves et glacières, briqueterie, plâtrage et autres selon les plans et devis dressés par messire Joseph Michaud prêtre du collège de Joliette.
Les entrepreneurs seront tenus de se soumettre aux avis et aux ordres qu’il plaira au révérend Messire Michaud de leur donner… Le nom de D’Angeville Dostaler n’est pas mentionné dans le contrat, il avait alors 28 ans et travaillait avec le père Michaud.
L’église de St-Théodore de Chertsey
En 1874 le contrat de finition de l’église Saint-Théodore de Chertsey commencée en 1869, a été un des premiers mandats confiés à Dostaler en tant qu’entrepreneur sous les directives de son professeur J. Michaud.
Le 12 novembre 1874 Messire Alexis Henry Coutu curé au nom de la fabrique de Chertsey a conclu un marché avec Mr. d’Angeville Dostaler entrepreneur de Joliette avec devis annexé en suivant les directives de Messires Joseph Michaud et A.H. Coutu pour 4.200 piastres. Les travaux comprenaient le jubé, la voûte, les stalles du choeur, la balustrade, etc.
D’A. Dostaler a travaillé à l’église de Chertsey comme entrepreneur puis comme architecte jusqu’en 1897 au moins. Sous les soins et par l’habileté de Monsieur Dostaler, architecte de Joliette, l’église de Chertsey qui déjà présentait un beau coup d ’œil par l’harmonie de ses proportions offrait un spectacle nouveau.

L’agrandissement du Collège de Joliette
En 1875 D’A. Dorstaler aurait participé aux travaux de construction de l’aile de brique du Collège. Dans le recueil Noces d’Or du Collège de Joliette on trouve ces photos de l’aile en brique mais aucune mention de sa participation aux travaux.

Construction du nouveau presbytère de Joliette
En 1879 dans le contrat pour la construction du nouveau presbytère il est nommé architecte et entrepreneur. La corporation des architectes n’existait pas encore, la séparation entre le métier d’entrepreneur et celui d’architecte n’était pas définie. D’ailleurs les plans du presbytère avaient été dessinés par son professeur, J. Michaud.
Le 28 mai 1879 le révérend Pascal Drogue-Lajoie au nom de la Corporation Episcopale Catholique Romaine de Montréal a conclu un marché avec M. d’Angeville Dostaler architecte et entrepreneur de Joliette pour faire la maçonnerie en pierre d’un presbytère selon les plans de Messire Joseph Michaud architecte; le devis est annexé au contrat (2 pages): 65 pieds de long par 50 de large et 45 de haut, 5 cheminées, etc. Il devait être construit en arrière du presbytère existant.

Le 17 février 1880 la Corporation Episcopale Catholique Romaine de Montréal représentée par Paschal Drogue-Lajoie curé de la paroisse St-Charles-Borromée a engagé M. D’Angeville Dostaler architecte et entrepreneur pour parachever la construction d’un presbytère en arrière du presbytère actuel selon le devis annexé (7 pages) et les plans de Messire Joseph Michaud pour 3.900 piastres.
Cette photo de la collection de la société d’histoire de Joliette montre le presbytère qui a été construit derrière la vieille église et la nouvelle église à gauche.
Les paiements par les syndics pour la construction du presbytère ont été échelonnées pendant quelques années après 1882 selon cette note.
D’Angeville Dostaler a été nommé major du 83e bataillon d’infanterie « Joliette » de la milice active en 1885; à l’âge de 39 ans c’était une nommination prestigieuse.
La construction de la nouvelle église de Joliette
Le projet de construction d’une nouvelle église à Joliette a débuté en 1883. Le 15 mai les architectes Perrault et Mesnard ont été engagés par les syndics de la paroisse St-Charles-Borromée pour dresser les plans et devis d’une église et sacristie pour $400. Le 30 décembre 1886 les syndics ont reçu 3 soumissions pour la maçonne de l’église par Fitzpatrick, d’Angeville Dostaler et Alphonse Durand.
Le 25 janvier 1887 le contrat a été accordé à Durand lus bas soumissionnaire mais le 30 janvier les syndics ne sont pas entendus avec lui et le contrat a alors été accordé à Dorstaler.
31 janvier 1887 – Marché avec Martin d’Angeville Dostaler architecte et entrepreneur pour la construction d’une église, une sacristie et un charnier selon les plans et devis de MM. Perrault et Mesnard architectes. La pierre sera fournie par Edouard Lauzon, la maison du bedeau sera déplacée, la vieille église et sa sacristie ont été cédées à l’entrepreneur, les travaux devront être terminés en juillet 1889 pour 31.500 piastres. Le devis des travaux à faire est annexé (11 pages).
Alphonse Durand était un autre architecte-entrepreneur talentueux de Joliette et le contrat de construction avait été rédigé à son nom mais il a été rayé et remplacé par celui de Dorstaler.
Alphonse Durand a protesté peu après contre les syndics. La poursuite en Cour Supérieure a été réglée par un dédommagement symbolique. A. Durand a obtenu le 10 août 1887 l’important contrat de la construction de la nouvelle Station des Pompes sur la place Bourget, sans doute comme compensation.
10 mars 1887 – Alphonse Durand architecte et entrepreneur a protesté contre les syndics de la paroisse St-Charles-Borromée. Sa soumission ayant été acceptée il avait déménagé de Montréal avec sa famille et refusé d’autres contrats mais le syndic avait finalement accordé le mandat à un autre en violation de la convention intervenue entre eux. Le 24 mai il s’est désisté de la poursuite intentée contre les syndics à la Cour Supérieure de 5.100 piastres en dommages et intérêts pour une compensation de 80 piastres.
En 1889 Dostaler a obtenu un autre contrat important pour les travaux de finition de l’église.
8 avril 1889 – Marché avec Martin Dangeville Dostaler architecte et entrepreneur pour faire les travaux de charpenterie de l’église et de la sacristie atuellement en construction, faire les clochers et les clochetons, les couvertures en ardoise et en tôle galvanisée, les ouvertures extérieures et les fenêtres, les corniches en tôle, les portes, les tambours, les escaliers, les planchers, les jubés, les planchers de la chapelle sous-terraine et de la sous-sacristie, etc. selon les devis annexés (4 pages) et les plans de Mesnard et Perreault architectes de Montréal; excepté les plans des combles dessinés par M. Dostaler.
En 1890 des déplacements de terrain ont été constatés, les architectes Mesnard, Michaud et Resther ont été consultés. Le 1er mai 1891 le rapport de ce dernier exonérait Dostaler pour l’affaissement de la façade. Les syndics lui ont alors confié la direction des travaux de l’intérieur de l’église à tant par jour.

En février 1892 la première messe a été célébrée dans l’église inachevée. L’article fait l’éloge de M. Dangeville Dostaler architecte.
En 1891 les syndics avaient passé marché avec Mr. Dangeville Dostaler pour essayer de consolider la façade qui s’affaissait mais sa démolition était déjà envisagée.
Puis en 1894 on lit: Que le curé notifie M. D. Dostaler d’avoir à commencer sans délai les travaux de démolition et de reconstruction des trois tours de l’église. Les plans de la reconstruction ont été faits par l’architecte Casimir St-Jean.
D’Angeville Dostaler a travaillé à l’église jusqu’en 1899; il a été payé par les syndics $3.500 en 1894, $4.195 en 1895, $2.050 en 1896, $1.950 en 1897, $1.800 en 1898 et $337 en 1899. Il a été le principal entrepreneur de la future cathédrale de Joliette. En 1901 un ouragan a fait tomber le clocher.
La visite de Dieu – Un malheur épouvantable vient de frapper la jolie ville de Joliette: le clocher de l’église s’esi effondré et dans sa chute a anéanti le temple élevé par les fidèles à la gloire du Seigneur. Il a été décrété par un statut spécial en date de 1875 que tous les francs-tenanciers de Joliette et de St-Charles-Borrommée construiraient à leurs frais une église qui serait la propriété exclusive de l’archevêché de Montréal, et que le casuel même serait l’apanage de Monseigneur. L’édifice écroulé et complètement détruit a coûté la bagatelle de $130,000 aux contribuables et le constructeur, M. D. Dostaler, a été libéré des obligations imposées par la loi fixant la responsabilité des entrepreneurs à une période de dix années après la construction. L’archevêché de Montréal, en prenant possession de l’édifice, a donné quittance à l’entrepreneur, et aujourd’hui les citoyens de Joliette se demandent avec anxiété sur quelles épaules le fardeau de la reconstruction va retomber. Monseigneur de Montréal, qui retire tous les bénéfices de cette construction, va-t-il bâtir à nouveau à ses propres frais, ou va-t-il imposer une nouvelle répartition aux fidèles de Joliette avant que le solde de la première répartition, soit: $80,000, soit entièrement payé? (Le Réveil, septembre 1901)
En 1901 D. Dostaler a encore été payé $961 pour des réparations à l’église endommagée.
L’église de Saint-André-Avellin
Le 1er avril 1883, les marguilliers considérèrent qu’il était urgent d’achever tous les travaux et votèrent à cette fin la somme de $9,000, ce qui portait à $25,000 le prix total de l’église. Le contrat de cette entreprise fut donné à M. Dangeville d’Ostaler de Joliette, qui la mena à bonne fin (Histoire de la Province ecclésiastique d’Ottawa).
L’église de Saint-André-Avellin venait d’être reconstruite quand en 1886 elle a été détruite par un incendie.
À peine une semaine après ce malheureux incendie, les marguilliers se mettent au travail pour la remplacer. Ils confient les plans et devis de la future église au père Joseph Michaud (1822-1902), professeur, clerc de Saint-Viateur, prêtre et architecte très prolifique à son époque. C’est au moyen d’une cotisation établie en fonction des revenus de chacun des paroissiens que les marguilliers réussissent à financer le projet. Un entrepreneur de Joliette, Martin d’Angeville Dostaler, construit la nouvelle église au coût de 25,000 $. L’église est prête pour la célébration de la fête de Noël 1886, même si des travaux de finition restent à compléter.
Dans la publicité de l’élixir résineux pectoral publiée par le pharmacien de Joliette Louis Robitaille on trouve ce témoignage de D’Angeville Dostaler architecte et entrepreneur à St-André-Avelin daté de juin 1885.
L’église de Saint-Thomas
Le 29 juin 1892, la foudre met le feu au clocher. L’église s’enflamme, les gens courent, vont et viennent dans le village en criant: «Le feu est à l’église». Peine perdue, l’église est consumée et il ne reste plus que les murs. Sous la gouverne de Monsieur le curé Joseph Octave Chicoine, on rebâtira l’église, du mois d’août 1892 au mois de mois novembre 1893. Elle mesure 113 pieds de long par 86 pieds ont une largeur de 53 pieds pour la nef et de 33 pieds pour le chœur. L’architecte est le Père Joseph Michaud, c.s.v. et l’entrepreneur Martin d’Angeville Dostaler, de Joliette.
Histoire du diocèse de Joliette et de ses paroisses – Jean-Marie Payette
L’académie St-Viateur en 1897
Afin de répondre à la demande grandissante, la Commission scolaire fait édifier par M. D’Angeville Dostaler un bâtiment plus vaste à l’intersection des rues Notre-Dame et Saint-Barthélémy. C’est avec 270 élèves, séparés en six classes distinctes, que l’Académie Saint-Viateur prend forme.
Cette école située au coin des rues Notre-Dame et St-Barthélémy était financée par le gouvernement pour remplacer les écoles St-Charles et St-Viateur qui étaient trop petites et devaient été vendues. L’enseignement à la nouvelle académie a été confié aux Clercs de St-Viateur.
Le 15 janvier 1900 les commissaires d’école de Joliette avec l’autorisation du lieutenant-gouverneur ont vendu la maison d’école St-Charles bornée par la rue St-Louis, la rue Fabre et la rue Ste-Anne aquise en 1896 des Clercs de St-Viateur. Ils avaient aussi reçu l’autorisation de vendre l’école St-Viateur.
Le couvent et l’école de la Congrégation Notre-Dame
Le 25 février 1899 la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de Montréal a conclu un marché avec les commissaires d’école de la ville de Joliette pour lui fournir pendant 20 ans 4 religieuses ou plus si nécessaire pour enseigner aux jeunes filles de la ville dans une bâtisse que la Congrégation va construire sur son terrain du lot 405 (école des Mélèzes aujourd’hui). La ville devait payer 1.300 piastres par an. Le 22 mars les Soeurs ont engagé Martin Dangeville Dostaler architecte et entrepreneur de bâtisses pour construire un couvent de 3 étages en briques; le devis détaillé des travaux est annexé au contrat.
En 1899 D’A. Dostaler a bâti un couvent en brique de 3 étages pour les soeurs dont un étage servait d’école; il se trouve à gauche du couvent principal sur l’image précédente. Les plans avaient été dessinés par Elzéard Charest ingénieur des travaux publics pour le gouvernement. Puis en 1911 l’architecte Dostaler a reçu le mandat de construire une nouvelle école normale pour les jeunes filles attenante au couvent de la congrégation. Ce nouveau bâtiment semble avoir été construit à l’emplacement du précédent qui aurait été démoli ou agrandi. D’A. Dostaler aurait été seul responsable de la direction de ces travaux comme architecte.
Le 15 février 1911, le comité de l’honorable conseil exécutif adopta un rapport, approuvé le lendemain, par l’Administrateur de la Province, Sir Amable Jetté, à l’effet de fonder à Joliette une école normale de filles et de la placer sous le contrôle administratif des religieuses de la Congrégation. L’œuvre acceptée de part et d’autre allait être exécutée sans délai. Au mois d’avril suivant, les travaux de la construction commençaient sous la direction de M. l’architecte Dostaler; au mois d’août 1912, Monseigneur Archambeault bénissait la bâtisse nouvelle; et le 10 septembre suivant, l’Ecole normale, encore inachevée, ouvrait ses portes pour y recevoir ses premières élèves. Pour l’inauguration de la nouvelle École Normale de Joliette pour les filles le 10 février 1914 de nombreux discours ont été enregistrés dans le Journal d’éducation et d’instruction.
L’école normale a été détruite par un incendie en mai 1935, deux pompiers sont décédés.
L’école des Mélèzes a été reconstruite par la suite. C’était le site du manoir de Barthélémy Joliette construit en 1826, donné aux soeurs de Notre-Dame par sa femme et ses héritiers.
Lire: Les deux manoirs du village d’Industrie
Dans les Sessional Papers of the Dominion of Canada de 1899 on trouve ce compte de dépenses au nom de Dostaler mais il est seulement attribué à un bâtiment public de Joliette sans précision.
D’Angeville Dostaler conseiller municipal
Le portrait de D’Angeville Dostaler figurant au début de cette chronique date de 1899 quand il a été élu conseiller municipal; il est resté en poste seulement jusqu’en 1901. La chute du clocher de l’église a peut-être nui à sa réputation puisque les contribuables ont dû payer les réparations.
Il résidait à Joliette depuis 1878 au 3 rue St-Charles-Borromée au coin de la rue de Lanaudière. C’est lui qui, en sa qualité d’architecte entrepreneur, a élevé le superbe temple qui fait l’orgueil et la joie de notre ville. Entre-temps M. Dostaler s’est occupé d’affaires militaires. Promu capitaine de la 3ème compagnie du 83ème bataillon, il en est aujourd’hui major.
Les cloches de l’église de Berthier
D’Angeville Dostaler était un entrepreneur connu dans toute la région et il a certainement construit d’autres bâtiments. En 1900 il a été consulté pour inspecter le clocher de l’église de Berthier pour savoir si il pouvait soutenir l’ajout de nouvelles cloches. Il a conseillé de le renforcer.
La fabrique lui a confié le mandat de consolider le clocher et d’installer les nouvelles cloches venues de Louviers en Normandie.
L’église et le presbytère de St-Liguori
D’Angeville Dostaler a aussi travaillé à l’église de St-Liguori. A.-C. Dugas mentionne son nom dans son histoire de la paroisse: …attendant avec impatience l’arrivée des trois nouveaux autels sculptés et dorés, qui sont enfin venus, ainsi qu’une belle chaire, au mois de juillet 1900, ayant été fabriqués sur l’ordre de M . Dostaler, par M. Rheault, de L’Assomption, au prix de $1,900.00. L’architecte de l’église de St-Liguori était son professeur Joseph Michaud.
Le 23 mars 1904 l’oeuvre et fabrique de St-Liguori a engagé Martin Dangeville Dostaler architecte entrepreneur pour faire et parfaire tous les travaux de maçonnerie, charpenterie, couverture, menuiserie, serrurerie, verrerie, peinture et autres travaux pour la construction d’un presbytère conformément aux plans et devis dressés par Mr. L.Z. Gauthier architecte de Montréal.
Ce très long contrat comprend les plans (6 pages) et le devis détaillé (25 pages) de la démolition de l’ancien presbytère et la construction du nouveau.
Commissaire pour l’érection civile des paroisses
La profession d’architecte avait commencé à être réglementée vers 1890 mais Martin D’Angeville Dostaler n’était pas un architecte diplômé. En 1905 le lieutenant-gouverneur l’a nommé membre de la commission pour l’érection civile des paroisses en tant qu’entrepreneur et menuisier.
La commission pour l’érection civile des paroisses était une commission de commissaires nommés par les autorités provinciales pour superviser l’établissement des paroisses civiles. Ces commissions géraient l’érection civile des paroisses, la construction et la réparation des églises, presbytères et cimetières, ainsi que la délimitation des paroisses. Leurs tâches comprenaient également la confirmation des élections de syndics et l’autorisation à dresser un acte de cotisation pour financer les travaux. (Google)
Le couvent du Précieux-Sang des moniales bénédictines
Sur le panneau historique du couvent des moniales bénédictines de Joliette on lit: La construction du monastère s’officialise en 1907 par l’entrepreneur D’Angeville Dostaler qui suit les plans d’architecture fournis par les sœurs elles-mêmes. Le panneau est illustré de cette photo sous-titrée: Le corps central du monastère, avant les agrandissements de 1913 et de 1924.
Dans la publication Le Monastère du Précieux-Sang de Joliette on trouve cette photo montrant le premier agrandissement.
Propriétaire des moulins à farine et à scie de Joliette
Dans l’annuaire Lovell 1902-1903 Dostaler D. A. est propriétaire d’un moulin à farine et il est domicilé au 2 rue DeLanaudière.
Dostaler a d’abord acheté en 1900 le grand moulin à farine construit par Barthélémy Joliette puis le moulin à scie attenant en 1905.
Le 11 mai 1900 Alphonse Fontaine a vendu à Martin d’Angeville Dostaler architecte entrepreneur le moulin à farine en pierres à 2 étages, la moitié du canal et le tiers de la chaussée; il devait laisser intact le pont qui traversait le canal pour allet au moulin à cardes.
Le 24 mars 1905 William Copping a vendu à Martin Dangeville Dostaler architecte entrepreneur le terrain 575 avec le moulin à scie attenant à son moulin à farine qui servait de manufacture de portes et de châssis avec tous les outils et machineries et une partie du terrain 574.
Le 19 janvier 1906 le grand moulin construit en 1823 par les seigneurs de Lavaltrie a été en partie détruit par un incendie. La manufacture de portes et fenêtres de M. D. A. Dostaler a été la proie des flammes et le feu s’est propagé à tout le bâtiment, le moulin à farine a été presque entièrement détruit.
Le 9 février 1907 Martin Dangeville Dostaler a conclu un marché avec la Corporation de la ville de Joliette pour construire une chaussée entre son moulin à farine et le pont de fer selon le plan annexé. La construction était facilitée par le fait que le moulin avait brûlé et devait être reconstruit lui aussi. Le plan montre le moulin, une grande remise à bois et une boutique (séchoir) en amont du pont.
Cette photo des années 1900 montre le bâtiment qui avait été construit au bord de la rivière, sans doute par W. Copping, pour servir de manufacture. Il y avait aussi un séchoir à bois près du pont de fer.
Le moulin ne devait pas être totalement détruit puisque en 1908 M. Dostaler a mis en vente le seul moulin à farine en bon ordre de Joliette donnant un revenu de $1.000. Aussi à vendre le pouvoir d’eau de l’ancien moulin à scie et une boutique pour travailler le bois, une roue à eau développant 75 à 80 forces.
La corporation de la ville de Joliette a racheté les pouvoirs hydrauliques actionnant le vieux moulin à farine et la scierie reconstruits par M.D.A. Dostaler pour alimenter le pouvoir d’eau de l’aqueduc.
La ville de Joliette vient d’acquérir les pouvoirs hydrauliques, appartenant à M. D. A. Dostaler pour treize mille piastres. En faisant cette acquisition, la corporation a en vue de se procurer des moyens encore plus efficaces de protéger la propriété contre les dangers du feu et de s’assurer une prise d’eau considérable pouvant alimenter la ville pendant une très longue durée. (La presse, 28 décembre 1908)
En 1912 le Grand Moulin à farine fonctionnait toujours et le meunier engagé par la corporation de la ville de Joliette qui en était propriétaire s’appelait Charles Chamberland.
Le décès de Martin d’Angeville Dostaler
Lors de son décès à 69 ans Martin D’Angeville Dostaler était connu dans tout le district comme architecte.
Martin D’Angeville Dostaler est décédé le 21 octobre et ses funérailles ont eu lieu à la cathédrale le 25. Son fils Alexandre soldat du 22ème régiment a été tué à la guerre à Ypres en France le 25, le jour de ses funérailles.
L’église de Saint-Antoine-Abbé a été construite en 1873-1877 selon le répertoire du patrimoine culturel du Québec mais il n’y a aucune mention de Dangeville Dostaler sur sa fiche descriptive.
Dans un article consacré à la construction de la cathédrale de Montréal l’auteur relativise son apport puisqu’il n’avait que 23 ans à cette époque. Étant élève il n’a donc pu apporter au Père Michaud un grand secours dans la confection de sa maquette. Toutefois il devait avoir de belles dispositions puisque, n’ayant suivi la classe qu’une année au Cours commercial, dans la suite il devint pourtant architecte… S’il devint plus tard architecte, il le dut en majeure partie à ce même Père Michaud qui fut toujours son maître. On sait que le Père, jusqu’à sa mort, est resté très attaché à son cher Dangeville…
Les panneaux historiques de la ville de Joliette
Sur la page Patrimoine bâti du site internet de la ville de Joliette on peut télécharger tous les panneaux historiques pour trouver ceux qui donnent des informations sur Martin d’Angeville Dostaler. On remarque déjà que la ville orthographie son prénom parfois Dangeville et parfois D’Angeville.
Cathédrale Saint-Charles-Borromée – Le nom de Martin d’Angeville Dostaler n’est pas mentionné sur le panneau historique. Dans la fiche descriptive du bâtiment du site internet il est mentionné après ceux des architectes comme entrepreneur.
Construite de 1887 à 1892, la cathédrale Saint-Charles-Borromée a été érigée sur l’emplacement de l’église du même nom démolie sur l’ordre de la fabrique. Les deux architectes Albert Mesnard et Maurice Perreault en ont conçu les plans tandis que Martin Dangeville Dostaler en assurait la construction, qui s’est cependant avérée plutôt ardue en raison de l’instabilité du sol argileux.
Presbytère Saint-Charles-Borromée – La fiche descriptive dit que Martin Dangeville Dostaler en a été l’entrepreneur mais son nom ne figure pas sur le panneau historique.
Ce bâtiment est intéressant car les principaux architectes de Joliette ont travaillé à sa construction. Le Père Joseph Michaud et M. D’Angeville Dostaler d’abord. Sur cette photo des archives de la société d’histoire de Joliette on voit l’ancienne église avec le presbytère en arrière et la nouvelle église à gauche. L’ancienne église a été démolie peu après.

En 1906 Alphonse Durand a ajouté un dôme carré et trois balcons au presbytère et construit une aile vers la cathédrale.
En 1954 Wilfrid Corbeil a fait disparaître le dôme et a remplacé les colonnes par des piliers en pierre lisse.
Ancien Monastère du Précieux-Sang / Abbaye Notre-Dame-de-la-Paix – Le panneau historique dit: La construction du monastère s’officialise en 1907 par l’entrepreneur D’Angeville Dostaler qui suit les plans d’architecture fournis par les sœurs elles-mêmes. Mais la fiche descriptive dit que Martin Dangeville Dostaler en a été le concepteur, architecte et entrepreneur.
Ancienne académie Saint-Viateur – Son nom n’apparait pas sur la fiche descriptive mais sur le panneau on lit: Afin de répondre à la demande grandissante, la Commission scolaire fait édifier par M. D’Angeville Dostaler un bâtiment plus vaste à l’intersection des rues Notre-Dame et Saint-Barthélémy. Ce bâtiment a été détruit en 1918 par un incendie et le bâtiment actuel est très différent.
L’école des Mélèzes – En 1912, les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame ouvrent une École normale. Cette école a été bâtie par D’Angeville Dostaler mais elle a été détruite en 1935 par un incendie; son nom n’est pas mentionné sur le panneau ni sur la fiche descriptive. Sur le panneau on voit une photo représentant le manoir de Barthélémy Joliette transformé en couvent avec sur la gauche le bâtiment de brique construit par Dostaler en 1899.
Le bâtiment original du manoir construit en 1826 avait été complètement modifié lors de l’ajout du troisième étage.
Le répertoire du patrimoine culturel du Québec
Sur le site internet du Répertoire du Patrimoine culturel du Québec les fiche des églises de St-Théodore de Chertsey, St-Thomas, St-André-Avellin, St-Antoine-Abbé et du presbytère de St-Liguori ne mentionnent pas son nom. La fiche consacrée à Martin Dangeville Dostaler sur ce site est brève. Son prénom est mal orthographié, il était constructeur et entrepreneur. 3 bâtiments sont associés à son nom, la cathédrale Saint-Charles-Borromée (construction), la chapelle des Moniales bénédictines (construction) et leur couvent (architecture et conception). Mais comme la chapelle a été construite en 1924 il ne peut pas en être le constructeur.
Le site lui attribue aussi la création présumée du tabernacle du maître-autel de l’église de St-Thomas en 1872. Ce serait sa première contribution au patrimoine du Québec après la fin de ses études en 1871. Mais l’église a brûlé et a été reconstruite en 1892, ce serait étonnant que l’autel ait été sauvegardé.
Quand le répertoire culturel du Québec publie une information les autres sites la recopient sans réfléchir. Pour plusieurs sites du patrimoine religieux du Québec la chapelle des moniales bénédictines de Joliette construite en 1924 aurait été construite par Martin Dangeville Dostaler entrepreneur mort en 1915.

Il est intéressant de comparer avec la fiche du répertoire du patrimoine culturel consacrée à Alphonse Durand, architecte, ingénieur et sculpteur. 21 éléments du patrimoine immobilier sont associés à son nom et il a droit à une notice biographique.
Historique de la Société d’Histoire de Joliette-Lanaudière (SHJL)
À la suite de cette recherche une lecture de l’article publié dans Le Messager est instructive. Le directeur de la SHJL mentionne d’entrée que les archives de la société ne contiennent qu’un maigre dossier au nom de D’Angeville Dostaler.

Les recensements de 1871 et 1881 donnent quelques informations, il a eu 7 enfants avec sa femme Albina Trempe.
Il aurait oeuvré sur le chantier du Marché Bonsecours mais l’auteur ne donne pas la source de cette information ni pour la suivante affirmant qu’il a aussi participé aux travaux de l’aile de brique du Collège en 1875. À propos des travaux à l’église de Saint-André-Avellin en 1883 il n’a pas reçu $25,000 mais $9,000; il a été payé $25,000 pour la reconstruction de l’église après son incendie de 1886. Il a ensuite travaillé au presbytère (ce n’est pas mentionné) puis à l’église Saint-Charles-Borromée de Joliette de 1887 jusqu’en 1901 (pas seulement 1887-1892). Son travail sur les églises de Chertsey, St-Thomas, St-Antoine-Abbé et plusieurs autres bâtiments n’est pas documenté.
En 1905 il achète l’ancien moulin de la compagnie à bois de Joliette… Il a acheté le moulin à scie de William Copping qui l’avait acheté de la Compagnie à Bois; mais il avait aussi acheté le moulin à farine en 1900. Et si le moulin a brûlé en 1906 il l’a fait reconstruire. C’est étonnant que l’histoire de ces moulins si importante pour l’histoire de Joliette soit aussi mal documentée par sa société d’histoire.
Je n’ai pas trouvé d’information à propos de l’agrandissement arrière de l’hôtel de ville en 1898. En 1887 Alphonse Durand avait dessiné les plans du bâtiment de la station des pompes.

Le bâtiment a servi d’hôtel de ville dès sa construction selon plusieurs contrats de 1888:
Le 25 août 1888 Arthur George Martin et George Patrick Martin plombiers de Montréal et la Corporation de la Ville de Joliette ont conclu un marché pour poser un appareil ou système de chauffage à l’eau chaude dans les 3 étages de la bâtisse connue sous le nom de Station des pompes ou Hôtel de Ville pour chauffer entre 65 et 70 degrés dans chaque appartement.
Le bâtiment semble effectivement avoir été agrandi dans sa partie arrière par la suite.
Depuis 1999 une petite rue de la périphérie de Joliette est nommé rue D’A.-Dostaler. Son nom rappelle le souvenir de D’Angeville Dostaler, artisan de la construction de la cathédrale de Joliette (1887-1889), du marché public, du monastère du Précieux-Sang et de plusieurs autres ouvrages.





































































