Les premiers automobiles ont été construits en Europe, ils étaient mûs par des moteurs à vapeur, à l’électricité ou à la gazoline; la technologie a d’abord été hésitante. De nombreux patenteux ont participé à cette invention qui a révolutionné la vie moderne. En 1867 un premier véhicule motorisé a circulé à Stanstead au Québec mais ce n’est qu’en 1897 que le docteur Casgrain a conduit un automobile dans les rues de Québec pour la première fois. Automobile a d’abord été un mot masculin.
Le premier patenteux de véhicule motorisé au Québec
La première automobile fabriquée au Canada avait pour désignation «steam pleasure carriage» (soit littéralement le «chariot de plaisance à vapeur») et a été assemblée par l’horloger Henry Seth Taylor à Stanstead, au Québec… il fabrique un moteur à deux cylindres et un mécanisme d’entraînement, tandis qu’un forgeron local, Joseph Mosher, construit le châssis. Henry Seth Taylor conduit sa voiture à vapeur pour la première fois en 1867 et fait une démonstration publique le 24 septembre 1868, à la foire agricole de Stanstead. Dotée à l’arrière d’une chaudière à charbon, la voiture est dirigée à l’aide d’un timon et non d’un volant.
Voiture à vapeur d’Henry Seth Taylor
En 1959 l’Américain Richard Stewart achète la voiture à vapeur de Taylor avec la ferme intention de la faire à nouveau fonctionner. Il fabrique une nouvelle chaudière et reconstruit la caisse et les roues en bois. Il nettoie et remonte les cylindres, l’essieu moteur, le châssis et le mécanisme d’entraînement – et ajoute des freins.
Plusieurs autres patenteux avaient bricolé des véhicules en adaptant les moteurs à vapeur utilisés pour actionner les pompes et les trains. Mais fabriquer un véhicule automobile requiert la maîtrise de nombreuses technologies, un véhicule moins efficace qu’un cheval n’est pas très utile, ça reste une curiosité.
Les premiers véhicules automobiles homologués
Dans les années 1890 les journaux québécois ont commencé à rapporter les nouvelles des progrès apportés à ces moteurs en Europe; l’Exposition Universelle de 1889 à Paris semble avoir été le point de départ d’une course technologique entre les français et les allemands principalement.
1886-1889 – L’Allemand Carl Benz crée la Benz Patent Motorwagen, le premier prototype à trois roues avec moteur à combustion, alors que Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach présentent à l’Exposition universelle de Paris de 1889 leur automobile à quatre roues avec moteur à essence à quatre temps. 1890 – La première voiture à essence fabriquée en série voit le jour en France, la Panhard & Levassor Type A.

Dans la presse québécoise numérisée aux archives nationales du Québec on trouve ce premier article daté de 1891. Une voiture automobile, construite par M. Serpollet, et dont les journaux scientifiques ont parlé récemment, vient d’être, à la préfecture de police de Paris, l’objet d’expériences qui ont établi qu’elle pouvait circuler dans les rues sans aucun inconvénient pour la sécurité publique. Ce véhicule à vapeur ne dégageait ni fumée ni vapeur et fonctionnait sans bruit.
De nouvelles expériences devaient être menées par le ministère de la guerre qui avait tout de suite perçu le potentiel de cette invention. Les cochers quant à eux l’ont accueillie avec une malveillance marquée et l’ont saluée d’acclamations poissardes. Au Canada à Toronto, des ingénieurs avaient construit un véhicule électrique dès 1893.
Le 5 décembre 1893, alors qu’une grosse tempête de neige frappe Toronto, la Featherstonhaugh à moteur Still effectue ses premiers tours de roue à l’intérieur de l’immense usine Dixon Carriage Works.
La première voiture électrique au Canada
Voitures sans chevaux – Les véhicules de l’avenir
La seconde mention importante de l’automobile dans la presse québécoise date de 1894 et l’article publié occupait toute la première page du journal La Presse.
Le Petit Journal de Paris avait organisé un concours le 23 juillet 1894 en offrant une prime à l’inventeur d’un véhicule automobile qui combinât le plus parfaitement une grande sécurité avec une manoeuvre facile et un bas prix le mettant à la portée de tous ceux qui tiennent chevaux et voitures. La présence des chevaux dans les grandes villes devenait très compliquée, elle impliquait que chaque propriétaire dispose d’une écurie pour les loger.
Plusieurs systèmes de propulsion étaient en concurrence et le journal a décrété la victoire du pétrole. Les moteurs à vapeur et à l’électricité étaient moins performants et plus complexes à opérer. Le pétrole a jusqu’à présent fait peur. Or le voici qui nous véhicule enfermé dans une enveloppe inexplosible.
Le moteur à pétrole Daimler dont se servaient les 2 maisons ayant obtenu le 1er prix remontait à l’exposition universelle de 1889, il y avait servi à la propulsion de 2 petits bateaux et comme producteur d’électricité.

Les véhicules actionnés par le pétrole pouvaient rouler à 14, 16 et même 19 milles à l’heure mais le journaliste estimait que la vitesse de 12 à l’heure suffisait aux touristes. Dans les côtes on changeait la vitesse d’un tour de main et on pouvait encore aller à 4 ou 5 milles en portant tous les voyageurs. On pouvait parcourir de 100 à 135 milles dans la journée de façon charmante.
La victoire que vient de remporter le pétrole aura des conséquences incalculables, et sans doute avant peu. Ce journaliste était un vrai prophète (de malheur).
La voiture électrique Jeantaud 1895
Le Petit Journal avait décrété la victoire du pétrole mais les autres technologies ont persisté quelques années avant de disparaître. Un article du journal Le Quotidien de 1895 faisait remarquer l’absence de voitures automobiles électriques lors du concours organisé par le Petit Journal en 1894 alors qu’il en existait plusieurs modèles. M. Jeantaud en avait construit un après 15 ans d’études, un phaëton à 4 roues avec un siège pour 2 personnes. Son modèle avait reçu l’autorisation de circuler sur les routes. En avant se trouve l’essieu conducteur… A l’essieu est attaché la barre conductrice qu’un des occupants de la voiture tient en mains.

La voiture automobile au Canada
Les journaux du Québec rapportaient les expériences faites en Europe mais il n’y avait encore aucune voiture automobile dans la province sauf l’essai de voiture à vapeur de Taylor en 1867.
En novembre 1896 le journal Le Monde a annoncé la fondation de la Moto Cycle Company of Canada rue Ste-Thérèse à Montréal dotée d’un capital de $150.000 pour la fabrication de voitures automobiles. Des maisons de location devaient être ouvertes dans les quartiers de Montréal permettant de louer des voitures actionnées au pétrole ou à l’électricité munies de jantes en caoutchouc solide.
La première voiture automobile de manufacture canadienne a été fabriquée à Toronto avec l’électricité comme force motrice.
Thomas A. Edison l’inventeur américain affirmait que les voitures automobiles seraient la grande chose du siècle et il se disait en faveur du moteur électrique.
Les premiers automobiles à Québec et Montréal
Nous aurons à Québec un automobile cet été. C’est M. le Dr. Casgrain qui véhiculera le premier sur nos boulevards. On disait UN automobile autrefois.
Un article paru dans La semaine commerciale décrit en détail le véhicule du Dr. Edmond Casgrain fonctionnant avec un moteur à gazoline, modèle Léon Bollée importé de Paris. C’était un tricycle avec 2 roues en avant, le conducteur était assis derrière le passager comme sur un bicycle tandem. Il avait à sa droite une roue directrice et à sa gauche un levier pour embrayer, changer de vitesse et freiner.
En mai 1897, Casgrain reçoit une automobile fabriquée par la maison Léon Bollée, en France. Cette voiture à trois roues, mue par un moteur à gazoline, possède 3 vitesses : 5 miles, 9 miles et 18 miles à l’heure. Quand Casgrain met à l’essai cette dernière vitesse sur le chemin Sainte-Foy, en banlieue de Québec, il en arrive à la conclusion que la voiture n’est pas assez véloce, même si son passager, Ulric Barthe, trouve l’effet plutôt surprenant. Habile mécanicien, Casgrain modifie alors considérablement sa voiture Bollée afin de la rendre plus rapide. Les journaux de l’époque rapportent que Casgrain roule assez vite pour affoler les gens de la rue Saint-Jean, à Québec.
Henri Edmond Casgrain, le premier automobiliste du Québec
Du 19 au 28 août l’Exposition Provinciale de Montréal a présenté les nouvelles inventions dont un automobile pouvant filer 15 milles à l’heure mue par l’électricité. Sir Adolphe Chapleau lieutenant-gouverneur l’a essayé et en a fait l’éloge. Elle valait $1.500 et avait été fabriquée par la Weston Electrical Instruments Co. de Newark dans le New Jersey.
Pour les gens de la campagne l’adoption par les millonnaires des voitures automobiles devait être un rude choc. Ce journaliste de Joliette s’inquiétait pour le commerce des chevaux de luxe qui pouvaient valoir jusqu’à $1.000.

En septembre lors du Festival Jubilaire sur les terrains de l’Exposition de Montréal, l’automobile de Dill et Jennings, le premier construit à Montréal, a été présenté au public.
Selon le Musée Canadien de l’Automobile George Foote Foss de Sherbrooke au Québec aurait construit la Fossmobile, le premier véhicule automobile à essence en état de fonctionnement au Canada en 1897. Il s’agissait sans doute d’un patenteux original mais son invention n’a pas eu de suite; son engin semble très rudimentaire.
En 1898 est parue la première publicité concernant des voitures automobiles dans le Paris-Canada, organe international des intérêts canadiens et français; c’était pour le moteur à pétrole système Cundall.
Le moteur électrique ou à pétrole était utilisé de multiples façons par les inventeurs, le berceau automobile permettait à la jeune mère de ne pas avoir besoin de se lever la nuit pour tranquilliser son bébé qui s’habituait dès son jeune âge au ronronnement d’un moteur.
Le docteur Casgrain de Québec était un précurseur il s’était procuré pour l’hiver un traîneau automobile muni de 2 lames de patin à l’avant et d’une roue motrice garnie de petites pointes à l’arrière, le premier prototype de motoneige mû par un moteur à pétrole de 2 chevaux.
Apprendre à chauffer un char, la réglementation
En 1898 les autorités françaises ont été obligées de commencer à réglementer la circulation automobile car de nombreuses plaintes leur sont parvenues sur leur vitesse excessive; la plaque d’immatriculation a été inventée.
L’automobile est devenu le sujet de nombreuses histoires drôles dans les journaux. Et d’histoires tragiques aussi avec le récit des premiers accidents de la route. Le bruit des automobiles et la puanteur de leur gaz d’échappement étaient souvent dénoncés.
Les routes n’étaient pas adaptées aux véhicules automobiles, les obstacles à la libre circulation étaient nombreux. Les premières auto-écoles ont fait leur apparition même si le permis de conduire n’était pas encore obligatoire.
Les optimistes prétendaient que les voitures à gazoline n’avaient plus de vibrations et ne faisaient plus de bruit. On ne croit pas que l’électricité remplace la gazoline… les voitures mues par l’électricité ne font que 60 à 80 kilomètres sans recharger contre 1.000 pour une machine activée par une essence minérale. La vitesse a été limitée à 16 kilomètres à l’heure, les inspecteurs seront munis d’autotricycles!
Ucal-Henri Dandurand premier automobiliste de Montréal
En mai 1899 M. U. H. Dandurand circulait sur la rue St-Jacques à Montréal avec une voiture à trois roues; il devait recevoir des voitures automobiles dans quelques jours.
C’est le 21 novembre 1899 que la première voiture, celle d’Ucal-Henri Dandurand, circule dans les rues de Montréal. Elle est surnommée la « voiture fantôme » parce qu’elle a deux phares à carbure. Elle avait été livrée avec un mécanicien, en chair et en os, qui a donné une formation de deux mois à son propriétaire pour qu’il apprenne à partager la route avec les chevaux.
Première automobile dans les rues de Montréal – Martin Landry (Histoire du Canada)
On peut le voir ici qui prend la pose avec sa famille dans sa voiture «Waltham», la première voiture sans chevaux qui circule dans les rues de la ville. La photo est prise devant sa résidence «Les Quatre-Vents» à Verdun. En fait il semble y avoir 2 automobiles sur cette belle photo. L’article suivant précise que la Waltham avait un moteur à vapeur ce qui ne semble pas à être le cas de ces 2 modèles.
La première «voiture sans cheval» fait son apparition dans les rues de Montréal le 21 novembre 1899. Son propriétaire est le promoteur immobilier Ucal-Henri Dandurand, un passionné de l’automobile… Sa première voiture est une Waltham à vapeur. La compagnie américaine expédie un de ses employés à Montréal pour former Dandurand à la conduire. Insatisfait, il la retourne au bout de 3 mois. La seconde, une voiture électrique, sera peu utilisée car cette technologie n’est pas à point. La troisième, la Crestmobile, va arriver en pièces détachées et est munie de chaînes de bicyclettes. La quatrième, une voiture à essence De Dion-Bouton de fabrication française, est la bonne. Dandurand en fait l’acquisition en 1903. En 1912, il en fait don au Château Ramezay qui possède toujours cette magnifique pièce de collection.
Les débuts de l’automobile à Montréal – Mario Robert (Archives de Montréal)
On nous assure que Montréal possède enfin une voiture automobile. Presque tous en parlent, fort peu l’ont vue, tout comme s’il s’agissait de revenant. Il semble bien que la voiture fantôme avait peut-être circulé dans les rues de Montréal avant le 21 novembre, Le Samedi la signalait déjà le 23 septembre.
La Canada Cycle and Motor Co. de Toronto
Les industries du bicycle et de l’automobile étaient liées, les fabricants de bicycles de Toronto et Ottawa ont formé une société avec un capital de 6 millions de dollars pour rationnaliser la fabrication des bicycles et manufacturer des automobiles. M. Massey de Massey-Harris en était le président, les manufactures étaient situées à Toronto et Brantford.
La Canada Cycle and Motor Co, Limited a été fondée en 1899 et elle a publié des annonces dans les journaux de Toronto et Montréal pour vendre des actions préférentielles.
Montréal n’a pas eu son automobile; il a même perdu le journal qui devait lui en offrir la nouveauté. Le Samedi qui était le supplément de la fin de semaine du journal La Presse semble annoncer que l’automobile de M. Dandurand n’aurait pas encore circulé; ou que la manufacture d’automobile de Montréal n’avait pas fonctionné.
En France le Conseil d’État avait décrèté que le mot automobile était masculin, il ne pouvait pas être du genre faible; il fallait dire UN automobile. L’Académie Française ne s’était pas encore prononcée. Le débat sur le genre du mot automobile a continué pendant plusieurs années et donné lieu à de nombreux articles scientifiques (ou moqueurs). La place des femmes dans ces premiers automobiles était toujours sur le siège du passager.
Un automobile le premier à travers nos rues cette après-midi
Finalement c’est le 21 novembre 1899 que M. U. H. Dandurand a officiellement conduit le premier automobile dans les rues de Montréal avec Son Honneur le maire de la ville, Raymond Préfontaine, comme passager.
L’événement a été rapporté par tous les journaux et le 23 le journal La Presse a donné des détails. L’automobile était mû par la vapeur générée par la gazoline. MM. J.A. Corriveau et U. H. Dandurand avaient acheté les droits pour sa fabrication ainsi que ceux d’un modèle électrique avec accumulateur.

Le nouvel automobile a monté la côte de la rue Windsor sans arrêt et facilement d’une grande vitesse; il a ensuite descendu la côte du Beaver Hall sans que le conducteur ait été obligé d’appliquer les freins, se servant simplement du cylindre à air.
L’automobile au XXième siècle
L’industrie automobile avait débuté en France qui exportait ses nombreux modèles mais depuis 2 ans les américains avaient fait de très gros investissements, 81 compagnies s’étaient formées avec un capital de 400 millions: 155 pour les moteurs électriques, 107 pour les moteurs à air comprimé et 167 pour les moteurs à gazoline et autres. Les fabricants hésitaient encore entre plusieurs technologies dont le moteur électrique.
Des courses étaient organisées en Europe puis aux États-Unis permettant de mettre à l’épreuve les différents modèles et le moteur à gazoline s’est avéré le plus performant à partir du moment où les dangers d’incendie ont été maîtrisés. Les voitures allemandes remportaient déjà les courses automobiles; celle-ci avait reçu le pseudonyme de Mercedes.
Les statistiques données dans Le Journal ne sont peut-être pas rigoureusement exactes mais elles permettent de relativiser l’importance de l’automobile au début du siècle. Le 1er janvier 1900 il y avait 3.701 automobiles en France, 1.247 en Allemagne, 530 en Angleterre et moins de 300 aux États-Unis. C’était encore un amusement de luxe réservé aux plus riches.
La première course automobile au Canada a eu lieu au Queen’s Park (Toronto?) pour la fête de la Reine le 24 mai 1900. Mr. Dandurand avait aussi organisé une course de bicycle longue distance
Il semble bien que ce soit à Joliette que le premier automobile ait circulé au Québec dans une ville de campagne en-dehors de Québec et Montréal; mais il y en a peut-être eu d’autres ailleurs qui n’ont pas été rapportés par la presse.
Le premier accident de la circulation au Québec
Il n’y avait encore qu’un automobile à Québec mais il a eu un accident grave. M. et Mme Casgrain ont eu une collision avec un tramway en revenant de Charlesbourg. Leur voiture a été brisée par la violence du choc et Mme Casgrain a été sérieusement blessée.
Les voitures automobiles en circulation en 1900 n’avaient pas de coussins gonflables ni de pare-chocs; le moindre accident pouvait être mortel puisque les passagers n’avaient aucune protection.
Les progrès de l’automobile
À l’Exposition Universelle de Paris les premiers automobiles aériens ont été présentés. La Presse a publié des illustrations des nouveaux dirigeables propulsés par des moteurs. Sur celle-ci on voit M. de Santos-Dumont, un des pionniers de l’aviation, dans la nacelle de son dirigeable.
The Montreal Automobile Co. a été fondée en 1900 avec un capital de $250.000, les actionnaires de la compagnie étaient Trefflé Berthiaume, Hector Lamontagne, Frédéric Lapointe, Richmond L. de Montigny, Emile Lepage, Jos. Ulric Foucher, Louis Bolduc et Albert Guimond.
Le Dr. Attias avait fait le pari de faire le tour du monde en automobile en 12 mois en partant de Montréal pour son voyage de noces, comme dans un roman de Jules Verne. Son retour n’a pas été célébré, il n’a sans doute pas réussi à compléter son pari ambiteux.
La Corriveau Automobile Syndicate s’était associé à la colossale manufacture de Hartford Conn. et projetait de construire ses modèles à Montréal. Un tricycle mû par la gazoline qu’une étincelle allume dans les cylindres actionnant piston, arbre de couche, etc. avait été présenté au public.
Cette vignette représente l’automobile électrique que manufacture également la maison dont Monsieur A. J. Corriveau de cette ville a pris l’agence. Sur les sièges sont M. Corriveau et les principaux officiers de la compagnie. La seconde vignette représente le tricycle servant de véhicule de livraison transformé en voiture de promenade pour la démonstration.
Les agents de police de Paris avaient mis au point les premiers radars-photos pour contrôler la vitesse des véhicules. Au cas d’excès de vitesse présumé des automobiles les agents prendront des instantanés. L’instrument est construit de telle sorte qu’il prend une série de quatre ou cinq clichés de dix mètres. Développés ces clichés permettent par un simple calcul de constater quelle était sa vitesse exacte du véhicule.
Les conditions hivernales du Québec ne sont pas les mêmes que celles de l’Europe et il a fallu adapter la technologie à nos températures. La voiture automobile pour livraison rapide de E. Lepage et Cie avait bien fonctionné dans la neige et la tempête. M. Corriveau était excessivement satisfait de l’essai.
La Montreal Automobile Company a divisé son capital en 250.000 parts de $1.00 qu’elle a offert en vente au public. La compagnie s’engageait à vendre ses automobiles beaucoup moins cher que ceux vendus aux Etats-Unis, $450 à $900 pour un véhicule à vapeur et $550 à $1.000 pour un véhicule à gazoline.
L’automobile à patins inventé par un mécanicien du Maine est un autre ancêtre de la motoneige.
Les inventeurs essayaient d’adapter les moteurs aux véhicules agricoles, les patenteux étaient très inventifs: charrues, moissonneuses, batteuses, tondeuses à gazon, etc.
Album Universel du 16 août 1902
L’automobile est devenue de plus en plus présente alors que c’était encore un objet de curiosité avant 1900. Les journaux en parlaient régulièrement mais les images étaient rares. L’Album Universel était un journal illustré et il a consacré son numéro du 16 août 1902 à l’automobilisme avec plusieurs photos et de nombreuses gravures.

La photo de couverture montrait des officiers français promenant le Ras Makonnen sur une des plus belles routes de France. La suivante montrait un touring car français Peugeot sortant de Central Park à New-York après une longue course; M. Corriveau de Montréal était le chauffeur de circonstance.
Une chronique scientifique sur les voitures automobiles décrit en détail les différents modèles et les technologies qu’elles employaient en 1902 avec des illustrations précises.
La desription se poursuit sur une deuxième page avec d’autres illustrations.

Les premiers moteurs électriques avaient été construits par M. Lavidson à Edimbourg vers 1855 mais ils étaient rudimentaires. En 1885 Magnus Volk avait construit un petit dog-cart en Angleterre et Gustave Trouvé un tricycle recevant le courrant d’une batterie de piles secondaires de Planté… Avec les derniers types d’accumulateurs à charge rapide spéciaux pour traction, on arrivait à avoir le cheval-heure électrique, tout compris…
Dans la page centrale du journal un montage montrait d’autres modèles et les portraits de quelques propriétaires québécois de véhicules automobiles.

Le montage comprenait quelques photographies comme cette vue de la Colombia & Electric Vehicle Co. à Hartford au Connecticut qui fait penser aux premiers films de Charlie Chaplin.


La section comique du journal montrait une rétrospective de l’automobile à travers les âges.
Une grande photo semble avoir été retouchée pour montrer à quoi pourrait ressembler une station centrale d’automobiles à Montréal, les mots ambulance, patrol et Album Universel ont été ajoutés à la main, tout comme le panneau.
L’automobilisme et le cyclisme étaient étroitement reliés et le journal montrait aussi quelques idées de machines cyclistes futuristes.
Ce numéro consacré à l’automobilisme se termine par une visite commentée de l’exposition où les nouveaux modèles avaient été présentés aux Tuileries à Paris lors d’un des premiers Salons de l’Auto: les beautés de l’automobile.
Les progrès de l’automobilisme
En 1903 l’Album Universel a publié un nouvel article sur les progrès de l’automobilisme. Une gravure représente la première voiture ayant circulé à Montréal le 21 novembre 1899 conduite par U. H. Dandurand avec le maire Préfontaine à son côté. Une photo montre l’automobile nouveau-siècle de Dandurand en face du square Viger.

Cette autre belle photo des archives du musée McCord est datée de vers 1903, elle a été prise devant la résidence de Dandurand sur la rue Dorchester ouest.
L’Album Universel présentait des illustrations des nouvelles inventions motorisées dans presque chacun de ses numéros.
Loi concernant les automobiles
Ce n’était pas encore la SAAQ mais le 31 mai 1904 le gouvernement a légiféré pour discipliner les conducteurs d’automobiles: vitesse maximum de 6 milles à l’heure dans les villes et 15 milles ailleurs. La cohabitation des voitures motorisées bruyantes avec les chevaux encore omniprésents dans les rues et sur les routes posait de nombreux problèmes, les chevaux s’effarouchent facilement et ils deviennent dangereux. Le conducteur de l’automobile avait la responsabilité de manoeuvrer avec toutes les précautions nécessaires.
L’automobilisme à Montréal suite et fin
En 1905 il y avait de plus en plus d’automobiles en circulation mais c’était toujours un plaisir réservé aux plus riches.
Comme Montréal possède un nombre respectable de ces véhicules de luxe, à l’Album nous avons jugé convenable de jeter un coup d’oeil sur ce sport dont la faveur sans cesse augmente auprès de nos rentiers, de nos financiers et de nos gros négociants.
Si les voitures de ce genre se font plus communes comme il fallait s’y attendre, les specimens que nous voyons sont aussi plus et mieux finis sous tous les rapports... A l’heure actuelle il y a à Montréal environ 225 autos mais nos routes laissent beaucoup à désirer… 75 seulement sont en parfait état. Le besoin de réparer les machines a fait qu’il y a 3 garages d’autos dans notre métropole. Les routes du Québec étaient tellement mauvaises que les pneus Michelin n’étaient pas adaptés; les pneus Fisk à composition spéciale étaient plus robustes mais tout cela revenait très cher avec les réparations fréquentes.
Malgré les froids l’auto règne agréablement sur nos routes. Il n’y a pourtant pas de neige sur la photo, la conduite devait être un peu moins agréable à -20.
Tous les automobiles présentés n’ont pas de pare-brise et ne semblent pas avoir de capotes que l’on pouvait installer en cas d’intempéries. Avec la poussière des chemins qui n’étaient pas encore asphaltés les toilettes légères devaient rapidement passer du blanc au gris.
Ce dernier modèle ressemblait plus aux véhicules modernes, il était plus confortable et les passagers étaient mieux protégés en cas de collision; mais on ne voit toujours pas de pare-brise ni de capote.
Actuellement il y a relativement peu d’autos de tout premier ordre au Canada. Parmi les amateurs distingués M. Laliberté, le négociant si connu de Québec, semble actuellement tenir le haut de l’échelle avec sa superbe machine à 4 cylindres quant à la province de Québec. Ajoutons qu’un bon auto requiert beaucoup d’argent, de soins et de temps pour être en parfait état. Aussi on ne peut guère se servir d’une voiture à 4 cylindres sans avoir à son emploi un bon chauffeur.
Ce numéro de l’Album Universel se terminait par cette réflexion: L’habitant se recommande à tous les saints lorsque sur une route il voit venir à lui un auto qui fait du 30 milles à l’heure. Certes ce bonhomme n’aime pas les chauffeurs; pas plus que ne l’aiment les chevaux.
Sur le site internet de la SAAQ (version accessible) on apprend que la première automobile a être immatriculée au Québec en 1906 portait le numéro Q-01. Les premières contaventions ont été données en 1910.
Les photos des premiers automobiles sont rares, celle-ci des archives de la BANQ est une curiosité.


Tu fais beaucoup de recherches et tu les fais bien. JE suis sur une page québécoise « QLUB ». Est-que tu voudrais je j’y partage le lien de l’histoire automobile.
Merci André pour le commentaire; je n’ai aucune objection à partager mes publications, au contraire.