Après avoir été condamné par l’Inquisition Galilée avait écrit « Eppur si muove » ce qui signifie Et pourtant elle tourne en parlant de la Terre. On peut bien se moquer de Greta Thunberg comme l’a fait le président Trump, la prendre pour une hystérique ou une déprimée ça ne change rien au problème: « Eppur si muore »
Et pourtant elle meurt!
Les enfants déprimés
En 1972 à 16 ans j’étais un enfant déprimé. Je n’étais qu’un enfant mais j’avais très bien compris ce que les scientifiques annonçaient: une croissance économique infinie n’était pas possible dans un monde fini et il fallait d’urgence se préparer à la décroissance. J’ai lâché l’école pour faire un retour à la nature, j’ai choisi la simplicité volontaire et décidé de ne pas fonder de famille.
Si on met au monde des enfants il faut pouvoir leur donner confiance en l’avenir, je ne m’en sentais pas capable. Et je constate que j’avais raison puisque l’avenir est toujours plus angoissant année après année.
Les enfants d’aujourd’hui sont bien renseignés eux aussi. Ils savent en plus que depuis 50 ans leurs parents et grands-parents font semblant de ne rien comprendre à ce que les scientifiques leurs disent, préférant préserver leur confort immédiat plutôt que l’avenir de leurs enfants.
J’étais déprimé, Greta l’est encore plus que moi et je la comprends. En 1972 il y avait peut-être encore un espoir de changer notre mode de vie, aujourd’hui c’est bien difficile d’y croire. L’avenir des enfants c’est le chaos et Donald Trump se moque d’eux: lui il sait quoi faire!
Mes parents avaient l’excuse de sortir d’une guerre après laquelle il fallait tout reconstruire; ils souhaitaient une vie meilleure pour leurs enfants. Ma génération a vécu dans un monde riche, démocratique, elle est éduquée et informée: elle n’a aucune excuse.
Toute notre civilisation repose sur la science mais pour le plus important, l’avenir de la Planète, on n’en tient pas compte.
Les parents coupables
Je n’ai pas d’enfant et je peux observer la panique qui gagne tout à coup tous ces parents constatant l’angoisse de leurs enfants face à l’avenir qu’ils leurs ont préparé. Chaque année la situation globale de notre planète se détériore, leurs enfants vont sans doute vivre l’effondrement et le chaos et ils commencent à leurs demander des comptes.
Nous, on aura eu beaucoup de chance: pas de guerre, pas de famine, l’abondance jusqu’à l’obésité. Il y a de quoi se sentir coupable mais ça ne changera rien; on a trop attendu et le changement sera forcément brutal et douloureux, il faut arrêter de rêver à une transition en douceur.
500.000 personnes dans les rues de Montréal pour l’Environnement, des partis politiques en campagne électorale qui font des promesses, c’est bien. Mais qu’est-ce qu’on peut réellement faire? Qu’est-ce qui ira mieux dans 4 ans grâce à nos politiciens? La pollution d’hier et d’aujourd’hui continuera à faire son effet et il faudra des centaines ou des milliers d’années pour la diluer.
Les enfants de la génération de Greta n’auront pas eu notre chance, ils seront nés au mauvais moment au mauvais endroit! Et ils le savent très bien.
Ce qui est nouveau dans notre monde c’est que nous pouvons observer et documenter la catastrophe à venir. L’angoisse nous vient du futur alors que la santé mentale de l’Humanité a toujours reposé sur la Foi en l’avenir.
Bien dit Guillaume,
J’étais à la marche et j’ai été agréablement surpris de constater que les différentes générations y étaient bien représentées, sauf celles des 60 et plus qui me semblaient sous-représentées. C’est vrai qu’il ne faut pas avoir peur des foules, c’était impressionnant. Je suis resté assis un certain temps près de la statue de Sir George-Étienne Cartier. La place était noire de monde et au milieu, sur l’avenue Parc, un flot de gens avançait, incessant, un peu comme un long fleuve plus ou moins tranquille qui n’en finissait plus de passer.
Cette marche et les autres, même si elle ne feront pas bouger nos politiciens du jour au lendemain, font néanmoins partie du mouvement d’indignation nécessaire pour espérer voir les choses bouger un jour. L’espoir fait vivre…
Le gouvernement québecois a finalement accepté d’endosser la Déclaration d’urgence climatique: je demande à voir la différence que cela fera dans leurs politiques. Le Devoir laisse planer quelques doutes: https://www.ledevoir.com/politique/quebec/563784/le-gouvernement-legault-un-an-plus-tard
Sur ce point, Chertsey se fait encore tirer l’oreille, il fallait s’ y attendre. Quand on compte sur les vtt pour créer la manne économique, il ne faut pas s’attendre à trop de cohérence face à la nécessité de réduire les gaz à effet de serre. Dommage, ce serait là une occasion de se démarquer positivement.
Le gouvernement Legault prétend qu’en coupant plus d’arbres, nous réduirons les GES. Le gouvernement Trudeau quant à lui dit vouloir en planter 2 milliards (c.-à-d. augmenter la taille du poumons pour pouvoir continuer à polluer). C’est un peu le n’importe quoi sur le dos de l’environnement.
Depuis la fin des « Trente glorieuses », la sacro-sainte Croissance économique est devenue la panacée qui propulsera l’ensemble de la société vers le Nirvana au sens populaire. Malheureusement, peu de choses ont changé suite à cette adhésion presque unanime à la course à la carotte. Si, quand même: il y a plus de très riches et plus de très pauvre. Et la vache à lait qui se trouve entre les deux s’évertue à garder son statut précaire de ni riche ni pauvre.
Il est permis d’avancer que cette recherche effrénée de richesse a largement contribué à l’effritement du tissu social, voire à son effrondrement. Il ne suffira pas de ravaler sa façade pour le revamper, il faudre le reconstruire, un peu comme Notre-Dame de Paris. L’individualisme ayant actuellement préséance sur la collectivité, cela fait beaucoup de monde à convraincre. Même la probabilité d’un désastre environnemental soulève difficilement les troupes.
L’espoir réside dans la jeunesse, plus consciente, plus conscientisée. Et que dire de Greta Thunberg qui pourfend les décideurs l’ONU. Et même si d’aucuns, en désespoir de cause et tout à fait gratuitement, lui prête d’être manipulée par quelque lobby, elle a parfaitement raison. Ce n’était pas la première fois qu’elle prennait la parole et force est de constater qu’elle sait de quoi elle parle quoique le message qu’elle livré à Montréal ne m’a pas semblé à la hauteur des performances auxquelles elle nous a habitués. Mais même à 16 ans, mener un tel combat demande sans doute beaucoup d’énergie. Imaginez-vous être la tête d’affiche d’une marche d’un demi-million de personnes! Souhaitons qu’elle ait inspiré suffisamment de jeunes dans le monde pour que ceux-ci prennent les rênes d’un meilleur futur, meilleur que celui que les dirigeants actuels nous promettent.
Pour enrichir mon propos, j’y ai laissé quelques fautes . Désolé.
Très belle chronique Guillaume
Une des plus personnelles en tout cas!