Catégorie: Histoire de Lanaudière
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Alphonse Durand et Marie Schwerer artistes entrepreneurs

Alphonse Durand a été un important architecte et entrepreneur de Joliette. De nombreuses maisons qu’il a constuites sont instrites au patrimoine bâti de la ville. Avec son épouse d’origine alsacienne, Marie Schwerer, ils étaient aussi sculpteurs, dessinateurs et décorateurs d’intérieur. La ville de Joliette a beaucoup documenté leur travail dans ses publications et sur les panneaux historiques affichés dans ses rues mais les informations y sont parfois approximatives, cette documentation vient les préciser.

Alphonse Durand et Marie Schwerer sculpteurs

Alphonse Durand est né à Joliette en 1858 dans une famille modeste et il a eu la chance de pouvoir étudier au Collège de Joliette avec l’architecte Joseph Michaud père de St-Viateur. Ses parents avaient acheté en 1867 une maison située au coin des rues St-Barthélémy et Notre-Dame. Il en a hérité par la suite et c’est sans doute lui qu’on voit avec Marie Schwerer et un autre couple sur le balcon de cette maison qu’il avait construit à côté dans le style alsacien.

Coin Notre-Dame et St-Barthélémy
Coin Notre-Dame et St-Barthélémy – SHJL

D’origine française Marie Schwerer vivait aux États-Unis où elle faisait ses études. Vers 1876 jusqu’à 1881 Alphonse Durand a étudié la sculpture à New York et il y a rencontré Marie Schewer, qu’il a épousé en 1883. La chapelle du Sacré-Coeur du Séminaire de Joliette a été construite en 1881 et ils avaient été engagés tous les 2 pour y faire des travaux de sculpture, leur première réalisation à Joliette. Fragments du retable de la chapelle du Sacré-Coeur – Alphonse Durand et Marie Schewer sculpteurs, bois, feuille d’or – Collection du Musée d’art de Joliette.

La chapelle a été détruite par un incendie en 1957 mais les éléments du rétable ont été sauvés et sont conservés par le musée de Joliette. La plupart des publications historiques n’accordent qu’une place minime à Marie Schwerer dans l’histoire artistique du couple, son influence a pourtant été marquante. Une publication récente intitulée 7 maisons à découvrir sur le boulevard Manseau par Marc-André Arsenault lui redonne son importance.

Le couple aurait conceptualisé plus de quarante bâtiments à Joliette, dont une douzaine de maisons sur le boulevard Manseau.

Alphonse Durand entrepreneur

Une recherche dans les journaux et les archives des notaires permet de mieux documenter leur histoire en rectifiant certaines inexactitudes. Les coupures de presse proviennent du journal L’Étoile du Nord sauf mention contraire. Dans l’esprit de cette époque les journaux ne parlent que d’Alphonse Durand, rarement de Marie Schwerer ou alors c’est madame Durand.

Le premier contrat important accordé à Alphonse Durand après ses études en tant qu’entrepreneur a été la construction de l’École d’Industrie en 1884, ce bâtiment est situé sur la rue Monseigneur-Forbes actuelle.

Le 3 mai 1884 Alphonse Durand sculpteur et entrepreneur de bâtiment et Messire Prosper Beaudry curé de la paroisse St-Charles-Borromée pour la Corporation Episcopale Romaine Catholique de Montréal ont conclu un marché pour les ouvrages de maçonnerie, charpenterie, couverture, menuiserie, serrurerie, vitrerie d’une maison d’Industrie selon les dispositions testamentaires de Edward Scallon d’après les plans et devis de MM. Perrault et Mesnard architectes de Montréal.

Le devis détaillé en une vingtaine de pages est annexé au marché notarié: excavation et maçonnerie, mortier, canaux, pierre de faite, briquetier, charpente, lambourdes et solivaux, semelles, bois de liaison, clocher, menuiserie-planchers, le comble, lucarnes, ecoutils, foulures, colombages, chassis, chassis doubles et jalousies, galeries, portes, plinthes, pièces de cheminées, bouchons, escaliers, perron, bain etc., couverture, enduits, lattes, mortier, peinture, vitrage.

Ancienne École industrielle – Ville de Joliette

École d’Industrie — Les travaux de l’école d’industrie, sous l’habile direction de Mr. Alphonse Durand, avancent rapidement – 21 juin 1884

Alphonse Durand a ensuite déménagé à Montréal où il annonçait son atelier de sculpture au 1434 de la rue Notre-Dame. Il donnait ses références: il avait fait l’autel principal de la chapelle du Sacré-Coeur de collège de Joliette; il avait aussi construit l’École Industrielle. Ses référents étaient 2 prêtres, Cyrille et Prosper Beaudry. Alphonse Durand sculpteur et dessinateur.

La presse, 4 août 1886

Alphonse Durand architecte

Il n’existait pas encore d’ordre des architectes et de diplôme d’architecture. Les entrepreneurs apprenaient à faire de l’architecture en construisant des bâtiments, les plus doués étudiaient la théorie et se faisaient une réputation. En 1887 A. Durand est décrit comme architecte entrepreneur de Joliette pour des travaux entrepris à l’intérieur de l’église de Ste-Julienne.

14 juillet 1887

La construction de la station des pompes sur la place du marché en 1887 a établi la réputation d’Alphonse Durand architecte. L’allure du bâtiment était très originale, il a malheureusement été démoli en 1971.

Le 10 août 1887 Alphonse Durand architecte et entrepreneur de bâtiments a conclu un marché avec la Corporation de la Ville de Joliette pour faire tous les ouvrages de creusage, maçonnerie, pierre de taille, brique, charpente, menuiserie, peinture, ferrure, vitrage, enduits pour la construction d’une station de pompe à l’emplacement de l’ancienne conformément aux plans et devis dressés par Alphonse Durand.

Les plans sur plusieurs pages qui sont annexés au contrat montrent le talent d’Alphonse Durand dessinateur; le bâtiment est dessiné sous ses 4 faces et selon plusieurs coupes. Le devis est minutieusement détaillé sur 12 pages.

Un article élogieux a été publié dans le journal local à la suite de cette construction. A. Durand avait fait ses études théoriques sous la direction du Révd. Père Michaud puis à peine âgé de 18 ans il avait poursuivi ses études à New-York où il avait travaillé 4 ou 5 ans.

Ses travaux pour la chapelle du Sacré-Coeur du collège, la maison industrielle et la station de police et de pompes sont louangés. Vous verrez partout les capacités, l’élégance et l’amour du devoir, se déployer devant vous; non seulement on se dit que c’est bien fait, mais on se demande comment, avec si peu de mains, les travaux peuvent-ils marcher avec tant de rapidité.

24 novembre 1887

En 1888 il a encore travaillé à un agrandissement du collège de Joliette comme architecte entrepreneur.

5 avril 1888

Il a aussi été nommé inspecteur du gouvernement fédéral pour la construction du nouveau bureau de poste, preuve de sa bonne réputation. Le député fédéral l’avait recommandé.

24 mai 1888
Bureau de poste de Joliette – BANQ

Alphonse Durand homme d’affaires

Alphonse Durand était aussi un homme d’affaires et il a acheté une manufacture de portes et chassis sur la rue Notre-Dame près du couvent de la Providence.

M. Alphonse Durand, Architecte Entrepreneur vient d’agrandir de beaucoup sa boutique où il a placé des machines à préparer le bois pour la confection des portes, des chassis etc. avec un engin dont il a fait l’acquisition tout dernièrement – La Gazette de Joliette, 31 août 1888

… la manufacture de portes, chassis, etc., mue à la vapeur, de M. Alphonse Durand – 8 novembre 1888

Le 26 septembre 1888 Alphonse Durand a engagé Edouard McConville fils de Pierre Edouard et Hermine Scallon comme apprenti pour 3 ans pour lui enseigner l’architecture et la sculpture. Le 28 novembre 1890 Thomas Eugene Kelly a vendu 62 châssis avec leur cadre et boîte et 18 portes fabriqués par A. Durand architecte et menuisier se trouvant dans son atelier.

31 janvier 1889

Il était alors un citoyen prospère de Joliette parmi les premiers a avoir l’électricité chez lui, 12 lampes de 16 chandelles. Comme architecte il a été sollicité pour dresser les plans de bâtiments privés, la maison de M. J. A. Larochelle sur la place du Marché en 1889.

7 février 1889
Magasin de M. J. A. Larochelle vers 1893 – BANQ

Dans sa publicité il annonce ses services variés comme manufacturier et architecte entrepreneur. M. Durand comme architecte, sculpteur, dessinateur, s’occupera comme par le passé de faire les plans de bâtisses et mobilier d’église ou de les exécuter dans n’importe quel genre.

20 mars 1890

Téléphone – M. Alphonse Durand vient de faire poser une boite téléphonique à sa résidence privée et le numéro 56 lui a été donné. Avis aux abonnés du téléphone – 10 avril 1890

A. Durand a aussi travaillé à Montréal à cette époque. Le 1er mars 1890 Eusèbe Asselin riche marchand de Joliette l’a engagé pour construire une maison pour son fils sur la rue St-Denis. Le devis de 15 pages décrit une maison bourgeoise de cette époque avec sa plomberie, son chauffage central et son éclairage au gaz, etc. Ses dessins sont encore très soignés.

Lien pour la suite des plans  qui sont mal classés dans le greffe du notaire.

En 1891 sa manufacture de portes et chassis a fait faillite et a été mise en vente à l’encan; ou alors la vente a été volontaire, pour pouvoir partir en voyage ?

16 avril 1891
21 mai 1891

Alphonse Durand a alors disparu de la presse de Joliette puis en 1893 il était de retour d’un voyage à Chicago avec sa Dame, Marie Schwerer. Il avait l’intention de s’établir à Montréal.

14 septembre 1893

Une demande en séparation de biens a été déposée par Marie Schwerer à leur retour; il s’agissait peut-être simplement d’une mesure légale pour protéger leurs biens de la faillite.

Gazette officielle du Québec, 14 octobre 1893

M. Ephrem Bolduc, autrefois marchand de cette ville, doit bientôt ouvrir une manufacture de tabac, à l’ancienne place d’affaires de M. Alphonse Durand – 16 novembre 1893

Parmi les visiteurs que nous avons eus dimanche et qui lundi ont pris les chars pour s’en retourner, nous avons remarqué Alphonse Durand entrepreneur-architecte, l’un de nos
ex-concitoyens aujourd’hui de Montreal
– La Gazette de Joliette, 4 octobre 1894

Le 14 juillet 1894 Joséphine Boulet a vendu à Marie Schwerer épouse judiciairement séparée en biens d’avec Alphonse Durand architecte demeurant au 325 de la rue Sanguinet à Montréal la terre N°8 de St-Charles-Borromée.

En 1896 Alphonse Durand a annoncé dans le journal de Joliette son bureau d’architecte situé au 4 rue St-Laurent coin Craig à Montréal.

26 mars 1896

Cette période de sa vie est mal documentée. Bruno Hébert c.s.v. dans un article intitulé Joliette et les beaux-arts a raconté que vers 1891 jusqu’en 1901 il serait parti avec son épouse Marie Schwerer à l’aventure autour du monde. Férus d’aventures, ils passent ensuite 10 ans dans le vaste monde, attirés, entre autres, par la ruée vers l’or sur la côte du Pacifique. On les retrouve plus tard en Europe, surtout en France, avant de les revoir à Joliette en 1901, où ils s’établissent définitivement. Ces affirmations sont amusantes mais semblent farfelues.

Alphonse Durand architecte de la bourgeoisie joliétaine

En novembre 1896 Alphonse Durand était de retour à Joliette où il a commencé à établir les plans de construction de nombreuses maison prestigieuses pour la bourgeoisie. La magnifique résidence que M. J. C. Rivard se fait construire sur la rue Manseau est presque terminée. Ce sera une des plus élégantes constructions de notre ville. C’est notre concitoyen M. J. Alphonse Durand, architecte, qui a préparé le plan de cette splendide maison.

19 novembre 1896

Il n’était jamais fait mention de Marie Schwerer dans ces annonces; la recherche sur le nom Schwerer dans les journaux ne donne pratiquement aucun résultat, on ne trouve que la mention M. Durand et sa Dame lors d’événements mondins.

Plusieurs autres maisons auraient été construites en 1896 selon le répertoire du patrimoine de la ville de Joliette et il semble évident que Marie Schwerer a participé à leur confection dans les détails de leur décoration intérieure et extérieure.

Maison Albert-Gervais – Ville de Joliette
Maison Hilaire-Alexandre-Cabana – Ville de Joliette

De nombreuses maisons bourgeoises ont ensuite été construites par le couple Durand-Schwerer à Joliette, entre 20 et 40 selon les estimations. Ils ont aussi réalisé des travaux d’agrandissements et des réparations. Je n’en ai documenté que quelques unes pour cette chronique. En 1897 Gaspard Piché a donnée le contrat à Alphonse Durand de faire des réparations à la maison qu’il avait acquise de J. B. Chapdelaine.

18 février 1897

Ce portrait d’Alphonse Durand et Marie Schwerer dans leur atelier de sculpture est daté de vers 1900 par les archives du Canada.

Alphonse Durand et Marie Schwerer

Le 27 septembre 1900 Isidore Durand en sa qualité de procureur de Marie Schwerer a vendu des terrains des lots 7 et 8 de St-Charles-Borromée.

Le premier parc public de la ville de Joliette a été construit entre la place Bourget et le palais de justice, derrière la station des pompes et l’hôtel de ville. Il y avait un kiosque à musique éclairé par 16 lumières électriques et des parterres; le plan avait été établi par M. Burgy et M. Alphonse Durand.

13 juin 1901

En 1902 Marie Schwerer a acheté un terrain de la rue Notre-Dame où le couple a par la suite fait construire une maison prestigieuse. Il est intéressant de souligner que c’était Marie qui achetait les propriétés au nom du couple.

Le 13 février 1902 la Corporation Episcopale Catholique de Montréal a vendu à Marie Schwerer épouse séparée en biens de Alphonse Durand architecte et entrepreneur de Joliette qui l’autorise à l’effet des présentes les lots 265-1, 265-2, 265-3 et 265-4 sur la rue Notre-Dame au coin de Gaspard pour 27 piastres de rente foncière perpétuelle. Madame Schwerer s’engage à construire une maison d’au moins 500 piastres d’ici un an sur le lot 265-1.

À la même époque les parents âgés d’Alphonse lui ont cédé leurs propriétés de la rue Notre-Dame.

Le 18 juillet 1902 Isidore Durand plâtrier et maçon et Marie Louise Arbour ont donné à leur fils Alphonse un emplacement au coin des rues St-Barthélémy et Notre-Dame (lot 279) bâti de diverses maisons et autres dépendances avec des locataires les occupant en échange d’une rente viagère.

Notre député au provincial M. J. M. Tellier, est actuellement à se faire ériger sur la rue Manseau, près de l’Institut des Artisans, une magnifique résidence avec de spacieux bureaux.

7 août 1902

C’est la Maison Joseph-Mathias Tellier construite en 1904 selon le répertoire du patrimoine bâti de Joliette.

Maison Joseph-Mathias Tellier – Ville de Joliette

La maison Siméon-Alfred-Lavallée que l’on aperçoit dans le fond est très semblable et a été construite en 1908 selon le répertoire.

Le conseil de ville a décidé de faire de nouveaux escaliers à la salle du théâtre d’après les plans
de M. Alphonse Durand, architecte, et sous sa surveillance
– 2 février 1905

En 1905 il a dessiné les plans du presbytère de Chertsey, en 1906 de celui de St-Roch-de-L’Achigan.

L'ancien presbytère de Chertsey
L’ancien presbytère de Chertsey (collection Municipalité de Chertsey)

Le 17 août 1905 le journal annonçait que M. Alphonse Durand se faisait construire une résidence princière. C’est la maison Schwerer-Durand du patrimoine bâti de Joliette.

Maison Schwerer-Durand – Ville de Joliette

Alphonse Durand et Marie Schwerer demeuraient alors dans la maison donnée par ses parents au coin des rues Notre-Dame et St-Barthélémy. À vendre – Une fournaise tortue et une fournaise genre tortue nickelée, n’ayant servi que six mois. S’adresser à Alphonse Durand, angle des rues Notre-Dame et St Barthélemy, Joliette – 9 novembre 1905

Alphonse Durand avait conçu les plans d’agrandissement des bureaux de L’Étoile du Nord. M. J. B. Burgy entrepreneur avait réalisé les travaux.

26 avril 1906

Albert Gervais était le propriétaire du journal L’Étoile du Nord et la description faite dans l’article correspond à la photo de la Maison Albert-Gervais construite en 1896 à laquelle un troisième étage et une tourelle aurait été ajoutés.

Bientôt de magnifiques bancs sculptés par M. Alph. Durand, seront installés dans la nef et avec
la toilette qu’on a fait subir à la chaire, aux autels, la croix, etc., et surtout grâce à l’habilité du pinceau de l’artiste qui a su avec beaucoup d’art et de goût décorer de fraîches et brillantes couleurs l’intérieur de la cathédrale, notre temple avec ses 1500 lumières électriques, sera de
toute beauté, et digne de l’importance du diocèse et du culte
– 12 avril 1906

19 avril 1906

Joliette était devenu un évêché en 1904 et Alphonse Durand a dessiné des plans pour transformer le presbytère paroissial en palais épiscopal. Il a ajouté un dôme carré et trois balcons au presbytère et construit une aile vers la cathédrale.

20 septembre 1906
Panneau historique de l’évêché – Ville de Joliette

En décembre 1906 il avait été à Montréal avec un comité de citoyens de Joliette pour accompagner Mgr Archambault lors de son retour en grandes pompes à Joliette dans son nouveau palais. En 1907 il a transformé l’ancien manoir seigneurial de Barthélémy Joliette abritant le couvent de la Congrégation Notre-Dame en y ajoutant un étage et en enlevant les vieux parements de la façade pour les remplacer par des pierres de course.

10 mai 1907
Couvent de la Congrégation – BANQ

En 1907 Alphonse Durand a été élu échevin de la ville de Joliette; il a occupé ce poste jusqu’en 1913. Il avait reçu de ses parents un bloc de maisons au coin des rues St-Barthélémy et Notre-Dame et y avait ouvert une épicerie. Une nouvelle épicerie a été établie par MM. A. Durand & Cie coin des rues St-Barthélemy et Notre Dame. Demandez vos épiceries par téléphone au No 122, elles vous seront promptement livrées et à bon marché – 17 octobre 1907

Il a rapidement mis en vente son fonds de commerce l’année suivante, ce n’était probablement pas sa vocation.

27 février 1908

Alphonse Durand était aussi un constructeur. Le 17 septembre 1908 il a acheté à Ovila Savignac industriel de St-Charles-Borromée une importante quantité de planches et de madriers.

La maison Hervé-Chiré de Cournaud du patrimoine bâti de Joliette

Le 29 mars 1909 Alphonse Durand a conclu un marché avec Hervé de Chirée de Cournaud pour la constrution d’une maison au coin des rues Manseau et St-Edouard.

D’après sa signature le nom de la maison devrait être Hervé de Chirée de Cournaud mais le nom de cet aristocrate normand a souvent été mal orthographié, par la ville de Joliette comme par les journalistes. Ce marché notarié donne des informations intéressantes sur le travail d’Alphonse Durand à cette époque de sa vie.

Mr. Alphonse Durand architecte entrepreneur de la ville de Joliette agissait au marché au nom de A. Durand & Cie. Il a conclu ce marché avec Hervé de Chirée de Cournaud voyageur de commerce de la cité de Montréal en s’engageant à faire et parfaire bien dûment suivant les règles de l’art au dire d’experts et gens à ce connaissant tous les ouvrages de maçonnerie, charpenterie, couverture, menuiserie, serrurerie, couverture, verrerie, peinture et autres qu’il convient de faire pour la construction parfaite et entière d’une maison en bois et ciment sur un terrain au coin des rues Manseau et St-Edouard (Lavaltrie aujourd’hui). Les plans devaient rester aux mains de l’architecte et les devis étaient annexés au marché, les travaux devant commencer immédiatement pour être terminés en juillet 1909. Le marché a été conclu pour 2.500 piastres.

Le répertoire du patrimoine bâti de la ville de Joliette fait l’historique et la description de la maison avec des photos.

La Maison Hervé-Chiré de Cournaud est un bon exemple de maison Néo-Queen Anne avec son pignon occupant le tiers de la façade, sa grande galerie couverte posée sur des colonnes imposantes et plusieurs toits à pentes raides.

Le style Néo-Queen Anne se retrouve dans plusieurs éléments de cette résidence. Au premier coup d’œil, on remarque instantanément les colonnes imposantes sur socles et le pignon en saillie qui avance sur le tiers de la propriété. La lucarne et la grande galerie enveloppante caractérisent à la fois ce style britannique et la touche d’Alphonse Durand qui en use très souvent. À l’origine, l’architecte a fait un choix très intéressant en intégrant des fenêtres de forme sphérique dans la partie inférieure aplatie. Malheureusement, nous ne pouvons plus admirer ce détail architectural car elles ont été remplacées par des fenêtres en anse de panier. Celles-ci respectent tout de même le style de l’ensemble de la maison et représentent une bonne solution de rechange. 

Le devis des travaux annexés au marché donne les détails de la construction du bâtiment; ils sont moins détaillés que ceux de ses premières réalisations. Les murs étaient faits de 2 rangs de planche brut avec papier entre en dehors (?); on posera la latte sur le dernier rang de planche pour recevoir le crépi, le tout sera fait au mortier-ciment de couleur demandée. Il n’est pas fait mention d’isolation.

La construction prévoyait la pose de fils électriques et de conduits à air chaud. La plomberie comprenait une baignoire, 2 lavabos et un évier avec eau chaude et eau froide.

L’étable et la remise sera de 15 X 20 pieds avec un solage en plancher… Le propriétaire installera à ses frais la fournaise.

La colonie française de Joliette

En 1910 la colonie française de Joliette a célébré la fête de Jeanne d’Arc, béatifiée en 1909. Le journal L’Étoile du Nord parle de Madame et Monsieur de Chinée de Cournaud qui, en vrais châtelains, ont daigné terminer cette délicieuse fête par un grand acte de générosité.

12 mai 1910

Madame et M. Durand, leur beau-frère M. Burgy étaient de la fête de la colonie française. Marie Schwerer était française d’origine, le beau-frère Burgy était peut-être le mari de sa soeur et lui aussi français. Les Cournaud étaient des normands, il semble qu’ils faisaient partie des catholiques français intransigeants qui avaient fui la France républicaine et ses lois de laïcité: tout le plaisir si chrétien de reconstituer, loin de la patrie, une petite cité française, entre quatre murs où s’abritent des religieuses persécutées, expulsées de leur pays natal. Si Adolphe Durand était franc-maçon ça ne l’empêchait pas de fréquenter des ultra-catholiques.

Le Québec a accueilli de nombreux catholiques qui se sentaient persécutés en France à cette époque. L’article du journal montre que certaines des religieuses des Saints-Coeurs de Jésus et de Marie étaient des françaises expulsées de leur couvent en Bretagne. À Nominingue où j’ai habité ils ont été nombreux à venir s’installer entre 1880 et 1914.

Le nom de Chirée de Cournaud était orthographié de nombreuses manières par les journalistes. Dans Le Canada du 16 février 1922 on trouve le nom Hervé de Chérie de Cournaud. La ville de Joliette écrit Hervé-Chiré de Cournaud, on ne sait pas trop pourquoi.

J. B. Burgy entrepreneur et architecte à Joliette a souvent collaboré avec Alphonse Durand. Déjà en 1890 le journal annonçait: À Joliette, le 31 mars, la dame de M J. Burgy, une fille. Parrain et marraine, M. Alphonse Durand et son épouse.

Le 7 mars 1910 la Corporation Épiscopale de Joliette représentée par Mgr Archambault évêque a fait une promesse de vente à Hervé Chiré de Cournaud pour les lots 261-30, 261-31 et 261-32 situés à l’ouest de sa maison sur la rue Manseau; l’acquéreur aura le droit d’ici au 2 janvier 1913 d’exiger un acte de vente en bonne et due forme.

Les nombreuses constructions d’Adolphe Durand en 1909

La maison provinciale des Religieuses des SS. CC. de Jésus et de Marie a été construit en 1908 en quelques mois de travaux par M. Durand l’émérite architecte des monuments de notre ville. L’inauguration de la chapelle a eu lieu le 28 mars 1909.

L’Étoile du Nord, 1 avril 1909
Archives de la Société d’histoire de Joliette–De Lanaudière

Sur le site du répertoire du patrimoine bâti de Joliette on lit: La Maison provinciale des Sœurs des Saints Cœurs de Jésus et de Marie a été construite en 1905. Sur le panneau historique qui lui est associé on lit: La maison provinciale des Sœurs des Saints Cœurs de Jésus et de Marie a été construite en 1908. Il n’est pas fait mention de l’architecte Alphonse Durand.

Alphonse Durand était un architecte très sollicité à cette époque et il a participé à des projets diversifiés. En 1909 il a construit une salle de spectacles de 1.000 places sur la rue St-Paul nommée Cinemato. Le 27 février 1909 Jules Coffin et Marius Neville s’étaient associés sous la raison sociale Le Cinemato pour l’exploitation d’une salle de vues animées. M. Neville fournissait un piano, une machine à projection lumineuse pour vues animées, une machine à transformer le courant électrique et des chaises. L’Étoile du Nord du 25 février 1909 annonçait que les propriétaires du Cinemato allaient fermer leur salle provisoirement pour en faire construire une nouvelle par l’architecte Alphonse Durand sur la rue St-Paul; il était auparavant situé sur la rue Ste-Anne.

L’Étoile du Nord, 8 avril 1909

Le 6 mai 1909 Marius Neville a vendu à Alphonse Durand agissant au nom de A. Durand & Cie entrepreneurs généraux divers objets mobiliers se trouvant dans une bâtisse de la rue St-Paul exploitée comme salle de vues animées: un piano, un projecteur, un transformateur et des chaises. Le même jour A. Durand a promis de revendre le tout à M. Neville. Le 5 septembre Marius Neuville et Mathilde Morel son épouse ont vendu à A. Durand 2 terrains, les lots 348-24 et 348-25 sans bâtisse; ce lot correspond à celui de l’église St-Pierre (bibliothèque Rina Lasnier).

Le 18 mai la Corporation Episcopale de Joliette représentée par Joseph Archambault, évêque, a vendu à Alphonse Durand des terrains sur la rue Manseau: les lots 168, 169, 170, 171, 172. L’acquéreur sera tenu de construire d’ici 2 ans sur un de ces lots une maison d’au moins 1.200 piastres. Ces lots correspondent aux terrains situés sur les 2 côtés de la rue St-Edouard (Lavaltrie) côté nord de la rue Manseau.

À cet emplacement il y a la maison Georges-Lesage au 844-846 Manseau construite, selon la ville, en 1921 et une maison qui n’est pas répertoriée au 834 Manseau qui semble être dans le style Durand-Schwerer.

Lots 171 et 172

Le 19 octobre 1909 Alphonse Durand a revendu les lots 171 et 172 à Adine Baby fille majeure de Montréal; l’acquéreuse sera tenue de construire sur un des lots une maison de 1.200 piastres dans un délai de 2 ans.

Alphonse Durand a aussi construit en 1909 un arsenal pour le gouvernement fédéral. Le bâtiment de la rue Archambault abrite aujourd’hui les bureaux de la Société d’Histoire de Joliette. Il aurait été construit en 1908 selon la ville de Joliette mais Wilfrid Laurier n’a approuvé le budget d’achat du terrain qu’en mars 1909.

L’Étoile du Nord, 16 septembre 1909

Le parc public devenu Parc Lajoie venait d’être créé. Le 30 juin 1906 J. B. A. Richard avait vendu à la Corporation de la ville de Joliette un terrain en forme de trapèze entre l’avenue Richard, les rues St-Marc, St-Barthélémy et une rue projetée (Archambault) pour y établir un parc public. Des maisons de prestige y ont été construites comme celle-ci toujours existante à côté de l’Arsenal.

Les travaux du nouveau Séminaire de Joliette dont les plans avaient été exécutés par Alphonse Durand devaient se terminer pendant l’été 1909.

L’Étoile du Nord, 1 octobre 1908

Dans son patrimoine bâti la ville de Joliette date aussi la construction de la maison Fidèle-Perreault par A. Durand de 1909; elle est située sur le boulevard Manseau près de la bibliothèque Rina Lasnier.

Maison Fidèle-Perreault – Ville de Joliette

Au 805 de la rue Notre-Dame, la Maison Omer-Frenette côtoie plusieurs autres créations d’Alphonse Durand. Cette maison date aussi de 1909 mais elle est plus modeste et a sans doute été beaucoup transformée depuis sa construction.

Maison Omer-Frenette – Ville de Joliette

Lysandre St-Pierre dans un mémoire universitaire déposé en 2016 a documenté l’histoire de la maison construite pour J. Ad. Renaud en 1909 au coin des rues St-Charles-Borromée et de Lanaudière. Au début de l’année cet avocat ancien maire de Joliette a publié une annonce pour vendre sa maison qui devait être enlevée en avril pour en construire une nouvelle au même emplacement.

L’Étoile du Nord, 28 janvier 1909,

Étant donné la situation géographique favorable de son terrain, il veut le conserver et y ériger une résidence neuve. Peu de temps après la fin des travaux, Joseph-Adolphe Renaud devient sous-ministre de la justice à Ottawa. Bien qu’il n’ait pas habité longtemps dans sa nouvelle demeure, le prestige de sa famille est assuré. Renaud démontre qu’il peut faire construire une maison unique qui répond aux critères de bon goût associé à l’élite.

Lysandre St-Pierre

Je suis toujours étonné par les publications historiques de la ville de Joliette qui ne semblent jamais tout à fait exactes. Dans le répertoire de son patrimoine bâti on trouve l’historique de la maison Renaud-Chevalier qui aurait été bâtie entre 1906 et 1909, ce qui est inexact puisque la maison située à cet emplacement n’a été enlevée qu’en 1909.

Entre 1901 et 1915, l’architecte Alphonse Durand a créé et réalisé plusieurs maisons pour les membres de l’élite au moment où Joliette commençait à s’industrialiser et donc à s’embourgeoiser. La Résidence Renaud-Chevalier, bâtie entre 1906 et 1909, est une de ses créations… Joseph-Adolphe Renaud, maire de Joliette de 1899 à 1901, fit construire la résidence de 1906 à 1909 et l’occupa jusqu’en 1916 date à laquelle il la vendit à Georges Chevalier, grossiste en épicerie. Après la vente de la résidence, J.-A. Renaud occupa un poste de sous-ministre associé au ministère de la Justice à Ottawa où il décéda en 1932.

J.-A. Renaud est devenu conseiller juridique pour le gouvernement fédéral en 1916 et il n’est devenu sous-ministre qu’en 1924 selon les archives du Canada.

Maison Renaud-Chevalier – Ville de Joliette

Alphonse Durand et Marie Schwerer étaient des artistes, sculpteurs et décorateurs. Les aménagements intérieurs des maisons qu’ils ont construit mériteraient d’être mieux documentés. Lysandre St-Pierre a fait une longue description de l’aménagement intérieur de la résidence Renaud.

Dans la résidence de Joseph-Adolphe Renaud, Alphonse Durand a créé une grande pièce double puisqu’elle reflète l’aisance financière et le prestige du propriétaire… une arche de style Louis XIV divise les deux parties de la pièce. Des feuilles d’acanthe et de lauriers s’entrelacent et se joignent au centre pour former une couronne de lauriers. Les colonnes corinthiennes qui supportent l’ arche arborent un faux fini de marbre, populaire dans le style historicisant puisqu’il rappelle l’Antiquité. Les moulures et rosaces qui ornent le plafond arborent des chérubins, des bustes de statues antiques et des coquilles de fleurons de feuilles d’acanthe, d’autres symboles antiques… le majestueux escalier sculpté sur mesure par le couple Durand-Schwerer.

Lysandre St-Pierre

L’escalier sculpté – L. St-Pierre

Distribution des Prix au Séminaire de Joliette

8 juillet 1909

Alphonse Durand citoyen d’élite de Joliette

28 avril 1910

La description de l’Académie Anglaise Catholique de Rawdon construite par A. Durand en 1910 correspond bien à cette photo qui n’est pas datée: une bâtisse de 4 étages avec un portique et un clocher.

L’académie St-Anselme des clercs de St-Viateur à Rawdon – BANQ

Le 8 août 1910 la Corporation Épiscopale de Joliette représentée par Mgr. Archambault a vendu à Alphonse Durand le lot No 532 sur la rue des Carrières et la rivière de l’Assomption, soit le terrain situé entre le cimetière actuel et la rivière.

Monsieur Alphonse Durand, pro-Maire de la ville accompagnait la délégation de Joliette qui est allée, il y a 15 jours, à Québec, devant le comité des bills privés, pour supporter le bill demandant certains amendements à notre charte – 6 mai 1910

Courrier de St-Hyacinthe 29 avril 1911
Courrier de St-Hyacinthe 29 avril 1911

Selon le journaliste du journal L’Action Marcel Ducharme, Alphonse Durand aurait été le franc-maçon excommunié par l’évêque de Joliette Mgr Archambault en 1911 sans le nommer; il donne la date de 1912.

Alphonse Durand franc-maçon
30 ans du journal L’Action – novembre 2003

Alphonse Durand a effectivement la réputation d’avoir été franc-maçon mais il cachait bien son jeu car on l’a retrouvé tout au long de sa carrière associé à des événements religieux où il n’était pas obligé d’aller. Il a construit plusieurs édifices pour les communautés religieuses de Joliette et de Lanaudière et semble même avoir été proche de Mgr. Archambault. Je me demande d’où peut venir cette réputation amusante que rien ne vient documenter sérieusement.

La supposée disgrâce d’A. Durand à la suite de cette excommunication ne semble pas démontrée, il a continué à travailler pour la bourgeoisie catholique et conservatrice de Joliette jusqu’à sa retraite. Dans le répertoire du patrimoine bâti de la ville on trouve encore la construction de la Maison Guy-Guibault en 1912, la Maison Antonio-Barrette en 1915 et la Maison Georges-Lesage en 1921; et elles ne sont pas toutes répertoriées.

Lire: Alphonse Durand excommunié en 1912

Le 6 juillet 1910 Alphonse Durand, William Copping et David Crabtree ont endossé un billet et ont reçu en garantie des actions de The Gervais Leaf Tobacco Packing Company Limited.

Alphonse Durand participait aux entreprises industrielles de Joliette. Il a été actionnaire dans une entreprise de distillerie, dans l’aciérie fondée par Samuel Vessot et a acheté en 1912 la manufacture de tabac Standard Leaf Tobacco Co avec David Crabtree.

14 mars 1912

Les propriétés de la Standard Leaf Tobacco Co„ (ancienne manufacture de tabac de Joliette),
dont MM. Durand et Crabtree s’étaient portés acquéreur ont été vendues samedi dernier, à M. J. M. Fortier, fabricant de cigares de Montréa
l – 17 octobre 1912

Le contrat pour la réparation, construction et agrandissement de l’Ecole St-Viateur, accordé par la corporation des Commissaires d’Ecoles pour la Municipalité scolaire de la ville de Joliette à M. Alphonse Durand, entrepreneur de la ville de Joliette, pour la somme de $41,843.00 a été passé devant Mtre J. Antonio Beaudoin, de la ville de Joliette, la semaine dernière – 2 janvier 1914

Le panneau de la ville de Joliette documentant l’Académie St-Viateur située sur la rue Notre-Dame en face de la maison des parents d’Alphonse mentionne que l’Académie a été victime d’un incendie ravageur en 1918. Le premier bâtiment avait été construit en 1897 mais aucune mention de la réparation, construction et agrandissement faits par A. Durand en 1914 n’a été ajoutée. Le premier bâtiment avait été construit par Martin D’Angeville Dostaler et cette photo non datée pourrait avoir été prise avant ou après 1914.

Académie St-Viateur – BANQ

Le gouvernement de Québec a accordé dernièrement un contrat à M. Alphonse Durand, entrepreneur de cette ville, pour la construction d’une allonge au Palais de Justice de Joliette. Cette annexe sera construite en pierre de taille, à deux étages et devra être de la même hauteur que la bâtisse actuelle. Elle mesurera 26 pieds de largeur sur 45 pieds de profondeur et servira d’agrandissement aux différents bureaux du palais. Les travaux sont commencés depuis quelques jours et sont poussés avec activité – 24 août 1916

Cet agrandissement du palais de justice n’a pas été documenté non plus par la ville de Joliette. Sur le site du gouvernement du Québec on lit: le palais de justice a été agrandi une première fois en 1916 avec la construction d’une chambre forte de deux étages et de bureaux pour le shérif et pour le Barreau du Québec. Les 2 images montrent le palais de justice avant et après les agrandissements successifs.

Le palais de justice vers 1910 – BANQ
Le palais de justice vers 1976 – BANQ

En 1918 Alphonse Durand a vendu à M. Camille Barrette un magnifique cottage situé au coin des rues Notre-Dame et Gaspard. Il existe encore 2 maisons construites par A. Durand sur la rue Notre-Dame au coin de la rue Gaspard, la maison Joseph-Adélard-Dubeau construite en 1901 et la maison Durand-Schwerer en 1906. Il y en avait peut-être d’autres. Est-ce que le couple Durand-Schwerer a vendu sa maison pour la récupérer plus tard ?

4 juillet 1918

Cette annonce semble démontrer que l’architecte Durand avait aussi construit des maison plus modestes en série, une autre information non documentée.

À vendre: Maisons détachées modernes, 4 et 5 chambres à coucher, chauffage à air chaud. Caves cimentées, planchers en bois franc. Beau site. Le tiers comptant, balance accommodant l’acheteur. S’adresser à Alphonse Durand, 132 Notre-Dame. Joliette – 22 janvier 1920

En 1920 A. Durand demeurait toujours au 132 rue Notre-Dame mais dans des annonces en 1922 il donnait une nouvelle adresse au 41 rue Gaspard. Il était aussi propriétaire de maisons en location dans la ville comme celle-ci de 6 appartements au coin des rues Manseau et St-Edouard (Lavaltrie); peut-être la maison Hervé-Chiré-de Cournaud.

8 février 1923

M. et Mme Alphonse Durand sont de retour depuis la semaine dernière d’un voyage de plusieurs mois, qu’ils ont fait à travers l’Europe et la Belgique – 14 mai 1926

Dans une annonce du 2 février 1928 leur adresse était de nouveau au 132 rue Notre-Dame. En 1930 A. Durand a fait les plans et devis de reconstruction d’un hôtel à Lanoraie.

24 avril 1930

À vendre ou à louer – Boucherie située ou numéro 64 rue Notre-Dame, coin St-Barthélemy. Place centrale pour affaires avec outillage en bon ordre: glacière, moteur électrique, abattoir, grand fumoir, cave cimentée, remise à voiture, ecurie, etc. Grand logement à louer au-dessus de la boucherie. S’adresser à Alp. Durand, 132 Notre-Dame – 4 mai 1933

9 novembre 1933

Logement à louer – 6 appartements bien éclairés avec grenier, cave, hangar à même et
garage; au deuxième étage. Situé à 158 boulevard Manseau S’adresser à Alp. Durand. I32 Notre-Dame
.

14 février 1935

Le 7 mars 1936 Marie Schwerer est décédée à l’âge de 74 ans. Le couple n’avait pas eu d’enfant.

12 mars 1936
Alphonse Durand et Marie Schwerer

Alphonse Durand ne lui a pas survécu longtemps, il est décédé le 10 mars 1937 à 78 ans. Il était encore connu pour avoir dirigé les travaux de construction du palais de justice de Trois-Rivières et de l’école technique de Shawinigan Falls. Il avait demandé que ses restes soient transférés au cimetière Côte-des-Neiges de Montréal où se trouvait le premier crematorium du Québec depuis 1901 pour y être incinérés. Ce pourrait être un signe de son appartenance à la franc-maçonnerie mais en 1937 cette pratique devenait plus courante même si elle était encore rare. Il y avait eu une cérémonie religieuse auparavant à l’église St-Pierre de Joliette, sa paroisse.

11 mars 1937

L’Institut Technique de Shawinigan a été fondé en 1911 par John Edward Alfred président de la Shawinigan water & Power Company mais je n’ai pas trouvé de détails sur sa construction.

La fiche du palais de justice de Trois-Rivières du site du répertoire du patrimoine culturel du Québec ne fait pas mention d’Alphonse Durand. On lit: en 1913, après un incendie, le palais de justice subit des transformations considérables et prend l’apparence d’aujourd’hui. Ce sont probablement les architectes du ministère des Travaux publics de la Province de Québec qui prennent en charge ces travaux.

Le Conseil de la Cité de Joliette a rendu hommage au défunt qui y a avait siégé de 1907 à 1913.

L'Étoile du Nord, 18 mars 1937
18 mars 1937
18 mars 1937

Le 10 mars 1938 Roger Pilon petit-neveu de Alphonse Durand a déclaré qu’il lui avait légué par testament un terrain à Joliette sur le côté ouest de la rue Gaspard bâti d’une maison au N°41-43 tenant à Sir Mathias Tellier, Jean-Baptiste Fontaine et Lucie Durand.

Sur le panneau historique de la maison Roland Magnan au 405 boulevard Manseau il y avait une brève biographie de Alphonse Durand. Ce panneau a été retiré après que j’ai signalé à la ville de Joliette que la maison figurant sur ce panneau n’était pas la maison Magnan mais la maison Ferland située au 554 Manseau.

Alphonse Durand aurait étudié au collège de Rigaud mais je n’en ai pas trouvé de mention. Il aurait épousé Marie Schwerer en 1881 mais ils ont fêté leurs noces d’or en 1933; ils se sont plutôt mariés le 6 novembre 1883.

Maison Roland Magnan
Panneau historique – Maison Roland Magnan
Carte du Québec

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