Le journal illustré L’Opinion Publique a été fondé en 1870 quelques mois après le Canadian Illustrated News qui a la réputation d’être le premier magazine au monde à pouvoir faire, semaine après semaine, de bonnes reproductions de photographies selon Wikipedia. Ce sont des francophones de Montréal qui ont fondé ces journaux parus jusqu’en 1883 qui sont considérés comme les précurseurs de la presse du XXème siècle.
C’est le 30 octobre 1869 que paraît le premier numéro du Canadian Illustrated News. Son éditeur, George-Édouard Desbarats, voit le journal comme une façon de définir l’identité canadienne et de donner une image favorable du Canada à l’étranger. Quelques mois plus tard, le 1er janvier 1870, il publie avec Joseph-Alfred Mousseau et Laurent-Olivier David l’hebdomadaire L’Opinion publique. Ce dernier est diffusé principalement au Québec, et met l’accent sur les événements qui s’y déroulent ou qui touchent les Québécois.
BANQ
Chaque semaine au moins 5 illustrations grand format, parfois plus, étaient publiées en utilisant de nouvelles technologies comme la «leggotypie», une technique de similigravure qui permet d’obtenir une gravure en demi-teintes à partir d’une photographie (Wikipedia).
J’ai fait une sélection parmi les exemplaires parus pendant les années 1870 et 1871 pour montrer la modernité de ces journaux. Il y a des reproductions de tableaux artistiques et d’images pieuses qui étaient sans doute très populaires mais je me suis plutôt intéressé aux illustrations d’actualité que j’ai regroupées par thèmes.
Le reportage illustré
Voici 2 exemples d’images d’actualité très modernes:
Le premier vrai reportage illustré commence le 9 juin 1870 avec le départ d’un groupe de volontaires pour la rivière Rouge depuis la Pointe Lévis. Le reporter va ensuite suivre l’expédition pendant sa traversée du Canada et envoyer régulièrement des illustrations.
En 1870 la situation est compliquée dans l’ouest canadien. Il y a eu la révolte des métis de Louis Riel et maintenant celle des Fenians irlandais. Winnipeg est encore une bourgade et le gouvernement canadien y signe des traités de paix avec les sauvages.
Dans la même veine éducative voici 2 scènes ethnographiques à Caughnawaga dont une partie de lacrosse contre le club de Montréal:
Montréal
Les illustrations montrent des scènes de l’actualité ou des curiosités. Dans l’édition du 5 septembre 1870 on voit Mgr Bourget poser la première pierre de la cathédrale de Montréal. ll y a des images d’accidents ou de nouvelles inventions comme le vélocipède à patins.
Québec
Le travail de gravure est inégal, certaines illustrations sont plus travaillées alors que d’autres comme celle du bateau à vapeur « Crocodile » semblent un peu artisanales.
Personnalités publiques
Il y a beaucoup de portraits en grand format, en voici quelques uns:
Paysages
Des vues panoramiques de villages et beaux paysages de partout au Canada sont régulièrement proposées:
Le 21 septembre 1871 le journal a publié 2 photographies; ce sont les seules pour les 2 années que j’ai consultées:
La guerre franco-prussienne
La guerre entre la France et la Prusse qui a eu lieu en 1870 et 1871 va être racontée en détails semaine après semaine et occuper presque tout l’espace réservé aux illustrations. Ça commence avec les préparatifs de la guerre, les portraits des empereurs et de tous leurs généraux et les revues militaires. Napoléon III était très admiré au Canada: sa défaite rapide, le rétablissement de la république, la répression sanglante de la révolte des Communards, c’était un feuilleton à rebondissements passionnant. On attendait une campagne victorieuse rapide et on a abouti à une guerre civile sanglante.
Toute l’histoire est racontée sauf la fin, la répression de la Commune de Paris et les 20.000 morts de la Semaine Sanglante qui sont un peu escamotés. On nous présente quand même un beau portrait de Karl Marx, chef de L’Internationale.
Variété des illustrations
Les splendeurs du Canada
L’Opinion Publique et le Canadian Illustrated News ont cessé leur publication en 1883.
Pour en savoir plus
Bien sûr Wikipedia exagère en écrivant que ces journaux sont les premiers au monde à être illustrés. Mais ils vont inventer des techniques originales à une époque où, déjà, la technologie évoluait rapidement.
Le Canadian Illustrated News est sans contredit un des journaux les plus innovateurs dans le domaine technique. Jusqu’à sa fondation, les journaux ou les feui!lets canadiens qui affichaient des images le faisaient de manière sporadique et artisanale. en utilisant la gravure sur bois. Celte technique difficile à maltriser. coûteuse et longue n’avait jusqu’alors pas permis de reproduire un nombre substantiel d’images ni de les imprimer en grand format. Mais gràce à ses ateliers modernes de la rue Saint-Antoine, l’entreprise Leggo-Desbarats est devenue un chef de file au Canada et la seule à pouvoir reproduire des techniques innovantes. comme la lithographie, jusque-là rare, même en Europe.
Desbarats et Leggo apportent trois innovations majeures au monde de l’impression québécoise: Ia leggotypie, la photographie grenée et la photolithographie. Ces trois techniques ont été utilisées par le journal de 1869 à 1883. La leggotypie, utilisée dès le premier numéro, consiste à reproduire une image grâce à un négatif sur verre. Cette technique est surtout utilisée pour reproduire des images à fort contraste ou des dessins au trait, car elle reproduit mal les dégradés de couleur laissant sur la page bavures et contours flous. Malgré tout, cette technique permet de reproduire fidèlement des dessins sans avoir recours au graveur, permettant ainsi à Desbarats d’opérer sans une armée de graveurs dont la rémunération aurait plombé les profits de l’entreprise.
Julien Boulianne
Bonjour Guillaume,
J’espère que toi et ton conjoint allez bien.
Je me promets de doux moments durant les vacances de Noël et ce en lisant tes articles. Je suis présentement débordée.
J’ai bien hâte de te lire.
Je pensais justement à toi en rédigeant cet article. Tu m’avais déjà demandé à quelle date les illustrations dans les journaux avaient commencé.
Super cette recherche
bravo
c’est diversifiant,
merci!