Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre.
Jean de Lafontaine
Les cerfs de Virginie et le Covid
Un virus est apparu en Chine en 2019 dans un marché de volailles. Quelques mois plus tard il affectait les cerfs de Virginie chez nous. C’est la globalisation du monde.
Le SARS-CoV-2 a été détecté, entre janvier et mars 2021, chez plus d’un tiers des cerfs de Virginie vivant en liberté dans le nord-est de l’Ohio rapporte une étude mise en ligne le 23 décembre 2021 sur le site de la revue Nature.
Le Monde
Les cerfs de Virginie n’ont pas l’air de souffrir de symptômes de cette infection mais ça signifie que le virus circule dans la faune sauvage autour de nous, qu’il peut muter, attaquer d’autres espèces et nous revenir transformé une nouvelle fois.
Les animaux d’élevage industriel
Le poulet c’est bon et j’en mange. Pourtant quand je passe devant une des nombreuses fermes d’élevage de poulets ou de cochons à la campagne, je ne peux m’empêcher de revoir des images de camps de concentration traumatisantes. Le poulet est de moins en moins facile à avaler.
La globalisation c’était formidable pour l’économie mondiale en théorie mais elle a des conséquences prévisibles qui n’ont pas été prises en compte par ses théoriciens.
Ce virus, comme d’autres, est apparu dans un marché de volailles. Les éleveurs doivent commencer à être inquiets un peu partout sur la planète. On ne peut pas utiliser toujours plus de produits chimiques dans la production sans que la viande devienne immangeable ou même dangereuse.
Lanaudière a produit 39,3 millions de poulets en 2017 selon les statistiques du gouvernement. On les voit circuler sur les routes en chemin vers les abattoirs, on les sent aussi quand les champs sont aspergés de leurs déchets et que les aérosols voyagent dans le vent. Les fermes sont devenues des menaces sanitaires, des laboratoires confinés mais qui laissent une empreinte écologique globale dans le paysage.
Et maintenant on est obligés de vacciner et confiner les humains comme des animaux d’élevage. Dans un élevage industriel on peut sacrifier une population pour sauver le reste de la production mais dans le vrai monde ça ne marche pas comme ça, en tout cas pas encore.
La dystopie des macaques de Thaïlande
La globalisation c’est aussi le tourisme de masse. En Thaïlande des macaques soudain privés de la manne des touristes qui les nourrissait ont dû se réorganiser. Ils terrorisent maintenant la ville qu’ils faisaient vivre en attirant ces touristes.
Dystopie: À la faveur de la pandémie de Covid-19, de la fermeture des frontières et de la disparition des touristes, les macaques, habituellement nourris par les visiteurs dans le temple du XIIIe siècle de Phra Prang Sam Yod en Thaïlande, ont commencé à se déchaîner et ont formé des gangs rivaux en vue de contrôler des territoires.
Courrier International
Le New-York Times avait déjà publié un article sur le sujet en 2020 mais la situation empire en se prolongeant.
La morale de la fable
Les fables de La Fontaine se terminent toujours par la morale de l’histoire. Dans les animaux malades de la peste on cherche un coupable aux maux qui affectent le monde. Le lion, le renard, le loup et autres puissants utilisent leur éloquence pour se justifier. L’âne n’a pas cette maîtrise du langage et tout les autres animaux se mettent à crier haro sur le baudet.
Si tout va mal aujourd’hui ce n’est pas à cause des puissants, c’est à cause des ânes: les complotistes, les anti-vaccins, ceux qui ne savent pas s’exprimer parce qu’ils n’ont pas été à l’école où on apprend à maîtriser les codes.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
Ce n’est pas à cause des ânes, mais à cause des idiots-utiles qui propagent la pensée unique et la haine.