En 1864 quand le village d’Industrie est devenu la ville de Joliette il y avait encore très peu de maisons au nord de la rue Notre-Dame. Depuis 1852 le marché Bonsecours avait été construit sur la place Bourget actuelle et les terrains alentour avaient été lotis. Au nord de la rue St-Viateur c’était encore la campagne. Ce secteur de la ville s’est ensuite développé très rapidement, surtout vers 1900 quand la ligne de train du Grand Nord a été construite.
Les donations des époux Joliette en 1850
En 1850 Barthélémy Joliette et Charlotte de Lanaudière ont donné des terres aux Clercs de St-Viateur et à la Corporation Épiscopale de Montréal. Le village d’Industrie s’était construit sur le bord de la rivière de l’Assomption au sud de l’église et du collège, la rue la plus au nord était alors la rue Notre-Dame. Les donations des époux Joliette comprenaient une terre pour la paroisse St-Charles-Borromée et une terre pour le collège de Joliette, c’étaient 2 grandes terres agricoles sans bâtiment sauf le long de la rue de l’Église (St-Charles-Borromée aujourd’hui). Le plan montre la rue de l’Église et ses bâtiments, les 2 terres données s’étendaient sur la gauche jusqu’à la rue Beaudry actuelle.
Lire: Les donations des époux Joliette en 1850
Barthélémy Joliette est décédé en 1850 juste après avoir fait ces donations. En 1851 le curé Manseau et les commerçants du village ont eu l’idée de construire un marché et de vendre des lots autour. Le curé Manseau a réussi à convaincre Mgr Bourget évêque de Montréal et les clercs de St-Viateur de donner chacun un terrain pour l’édification du marché. Mais la donation de ces terres spécifiait qu’elles ne pourraient être vendues qu’après 1860 à moins du consentement des donateurs. Le 24 octobre 1851 dame veuve Joliette a donné son consentement à la cession des lots sur la terre donnée à la Corporation Épiscopale de Montréal et le 27 novembre Antoine Toussaint Voyer curateur de la succession de Barthélémy Joliette a aussi donné son consentement. Les clercs de St-Viateur ont certainement dû obtenir la même permission des donateurs.
Le 27 décembre 1851 la première vente à charge de rente foncière par la Corporation Épiscopale Catholique Romaine de Montréal a été faite à Isaï Ritchot cultivateur à L’Achigan d’un lot à prendre sur la terre de l’église tenant à la rue Notre-Dame et à la place du marché Bonsecours. Le preneur ne sera point tenu à l’entretien de la rue du marché qui avoisine le dit terrain. Les ventes étaient faites à titre de rente foncière non rachetable. L’acheteur ne payait que les intérêts du capital à perpétuité, 78 livres pour I. Ritchot
Les lots ont peu à peu été vendus, les contrats notariés ont été numérisés dans les greffes des notaires. Léandre Fréchette, marchand, était le procureur de la Corporation Épiscopale selon une procuration consentie par Mgr. Ignace Bourget. En 1852 le marché Bonsecours a été construit sur la place Bourget actuelle alors qu’un autre marché nommé le marché French ou marché des américains avait été construit en même temps sur la rue St-Antoine.
Lire: La construction du marché Bonsecours
Le 28 avril 1853 les Clercs de St-Viateur ont acheté pour 5.760 livres la terre de Prosper Champoux menuisier située au nord de la terre qu’ils avaient reçue en donation, allant de la rivière de l’Assomption aux terres du ruisseau St-Pierre, tenant au nord-ouest à la terre de François Papin. Ils ont eux aussi commencé à lotir leurs 2 terres en les vendant à charge de rente foncière. Le 2 avril 1852 Prosper Champoux avait loué à bail pour 2 ans à Léandre Fréchette marchand un lopin de terre de 6 arpents en superficie borné par le chemin de la Reine, la rivière de l’Assomption et les Clercs de St-Viateur pour y édifier une fabrique de briques. Ce terrain se trouvait dans le parc Querbes actuel près du pont Baby actuel et c’est la première industrie de ce secteur. En 1841 B. Joliette avait vendu à Prosper Champoux les emplacements N°168 et 169 sur la rue de l’Église (St-Charles-Borromée) et le N°73 sur le chemin du Roi la prolongeant.
L’expansion du village d’Industrie en 1858
Le 2 octobre 1858 dans un contrat notarié concernant l’entretien des cours d’eau du village d’Industrie on trouve une liste des habitants des nouvelles rues qui ont été loties autour du marché Bonsecours. Il y avait 45 propriétaires sur la rue Notre-Dame, 38 sur le rue Manseau, 61 sur la rue St-Viateur et 22 sur la rue St-Louis. Ces terrains n’étaient pas tous bâtis. La liste fait plusieurs pages voici la liste des habitants de la rue Manseau et une partie de ceux de la rue St-Viateur.
Il semble que la terre donnée aux clercs de St-Viateur débutait entre les rues Manseau et St-Viateur et allait jusqu’à mi-chemin entre les rues St-Viateur et St-Louis. Celle qu’ils avaient acheté de Prosper Champoux allait jusqu’au nord de la rue St-Louis (rue Fabre sans doute).
Évolution de la grille des rues
Claude Martel dans son Histoire de Joliette a documenté l’évolution de la grille des rues de la ville. L’ouverture de la rue Manseau et la construction du marché Bonsecours en 1851 provoquent sur une période de 15 ans le déplacement du centre névralgique de la ville… En 1853 la terre appartenant aux Clercs de St-Viateur se morcelle et on voit apparaître les rues Saint-Viateur et Saint-Louis, avec une petite rue transversale, Sainte-Anne.
En 1881 une vue à vol d’oiseau montre la ville de joliette et ses bâtiments. Le détail du secteur nord montre la rue St-Viateur construite jusqu’à la rue St-Barthélémy, le palais de justice sur la rue St-Louis et quelques rares bâtiments vers la rue Fabre.

Claude Martel a dressé un plan de l’évolution de la ville de 1823 à 1900 en se basant sur les archives disponibles. En 1900 la rue Baby avait été construite derrière le palais de justice et la rue Ste-Anne dessinée en pointillés devait être prolongée vers la nouvelle gare du Grand Nord. Les limites de la ville sont aussi dessinées en pointillés.
La terre de François Papin à la limite nord-ouest de la ville
Dans l’acte d’incorporation de 1863 conservé dans les archives de la ville de Joliette la limite nord de la ville était fixée à partir de la rivière de l’Assomption la ligne qui sépare la terre de François Papin, écuyer de celle de Charles Longpré. La terre de François Papin faisait donc partie de la ville de Joliette au nord de celle achetée à Prosper Champoux par les Clercs de St-Viateur en 1853.
François Papin était arrivé au village d’Industrie dès sa fondation. Le 7 décembre 1824 Barthélémy Joliette a conclu un marché avec avec François Papin menuisier pour la construction d’un magasin à côté de ses moulins. En 1825 les seigneurs de Lavaltrie avaient concédé à François Papin de St-Sulpice le lot N°11 tenant à la rue du Moulin et à la rue St-Charles.
Le 29 septembre 1888 Valérie Langlois dit Lachapelle épouse contractuellement séparée en biens de Jean-Baptiste Avila Richard marchand à Joliette a acheté pour 3.500 piastres à Agnès McConville veuve de Joseph Wilfrid Renaud l’ancienne terre de François Papin: le lot numéro 1 du cadastre de Joliette borné par la rivière l’Assomption, la limite de la ville avec St-Charles-Borromée et la rue St-Charles-Borromée; le lot numéro 2 borné par la limite de la ville au nord, les lots numéros 3 à 30 au sud, la rue St-Charles-Borromée et la limite avec la paroisse de Saint-Paul à l’ouest, bâti de maison, grange et autres dépendances. Le lot 30 de Joliette lui appartenant a été donné en garantie hypothécaire par Valérie Langlois.
Le contrat mentionne que J. W. Renaud avait acquis ces terrains du sherif Bernard-Henri Leprohon le 30 août 1871 qui les vendait à la suite d’une poursuite de François Papin et Sophie Parthenais sa femme contre Ellen Crean épouse de ? Crean (James Crane).
Le lot numéro 2 était encore une terre agricole et le contrat fait mention des revenus produits par les animaux de la ferme. Le lot numéro 1 se trouvait entre la rivière et la rue St-Charles-Borromée à la limite nord de Joliette. C’était là que se trouvait la maison de feu James Crane offerte à louer par J.W. Renaud en 1871.
Jean Baptiste Avila Richard
Jean Baptiste Avila Richard était un marchand prospère, conseiller municipal en 1881, un des directeurs de la Compagnie Manufacturière de Tabac Canadien de Joliette en 1884. Il tenait commerce au coin des rues Notre-Dame et St-Paul face au marché.
Avec son épouse Valérie Langlois ils sont devenus les principaux promoteurs immobiliers du nord de la ville de Joliette. Le 5 novembre 1888 la Corporation du Comté de Joliette a confirmé l’adjudication faite à Aimé Riopel et J.B.A. Richard en 1886 des lots N°3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11 du cadastre de Joliette saisis pour des taxes municipales et scolaires dûes par Pierre Joly qui en était propriétaire. Ces terrains étaient attenants à ceux achetés par Valérie Langlois à François Papin quelques jours plus tôt; ils faisaient partie de la terre des Clercs qui les avaient vendus.
Le 13 novembre 1888 Aimé Riopel et J. B. A. Richard ont revendu à la Compagnie Manufacturière de Tabac Canadien de Joliette tous les lots achetés du Comté de Joliette. Le président de la compagnie était J. B. A. Richard, le secrétaire Adolphe Fontaine, les directeurs Edouard et George Guilbault et le gérant Lewis Charles Rivard.
Le 15 janvier 1884 George Baby et Edouard Guilbault ont vendu à la Compagnie Manufacturière de Tabac Canadien de Joliette le terrain N°50 borné par les rues Daillebout (Baby aujourd’hui) et St-Charles-Borromée avec une maison en bois de 2 étages. Le 10 octobre Aimé Riopelle a vendu à la compagnie les terrains N°39 et 51 et le 14 août 1885 G. Baby et E. Guilbault ont vendu à titre de rente foncière le terrain N°49. La compagnie possédait donc de grands terrains autour de sa manufacture, la première entreprise industrielle du nord de la ville.
Le 2 octobre 1897 Jean Baptiste Avila Richard ci-devant marchand, actuellement agriculteur demeurant à Joliette a fait son testament. Le même jour son épouse Valérie Langlois dit Lachapelle a aussi fait le sien et elle y fait la liste de ses biens propres, en particulier 2 grandes terres pas encore bâties au nord de la ville.
- Le lot numéro 1 du cadastre de Joliette moins un morceau appartenant à William Labelle.
- Le lot numéro 2 contenant 4 arpents par 26.
- Le lot numéro 30 de 2 arpents sur 13.
- Un emplacement de la ville faisant partie du 323 de 39 pieds de large sur la rue Notre-Dame bâti de maison et autres bâtisses.
Dans le guide des adresses de Joliette en 1900 J.B.A. Richard est domicilié au 83 rue Notre-Dame. Valérie Langlois a dû décéder peu après car il n’en est plus fait mention dans les très nombreux actes notariés par J.B.A. Richard qui déclare être propriétaire des terrains aux termes du testament de son épouse. Le guide toponymique de Joliette oublie de mentionner qu’il a été le principal promoteur immobilier du nord de la ville après 1890 en lotissant ses terres comme nous allons le voir.
Le parc de Joliette en dehors des limites de la ville
La population de Joliette grossissait et les limites de la ville devenaient étroites. Le besoin d’un parc récréatif se faisait pressant. La population était passée de 1.500 habitants en 1851 à 4.200 en 1901 selon les recensements. L’Association du Parc de Joliette formée en 1898 regroupait de nombreux notables de la ville. Le but de l’association était de doter la ville d’un lieu de promenade et d’amusements, d’y établir un rond de course, d’y présenter des expositions agricoles et industrielles.
Le 24 octobre 1898 Théodora Côté épouse séparée en biens de Omer Honoré Sylvestre a vendu au Parc Joliette société par actions formée pour organiser des courses de chevaux, de bicycles et autres genres d’amusements représentée par Joseph Adolphe Renaud et François Octave Dugas, un terrain de 2 arpents par 8 arpents, les lots No 213 et 215 de St-Charles-Borromée. Ce terrain se trouvait en-dehors de la limite de la ville au nord des terrains appartenant aux époux Richard. Ce plan de 1929 montre les lots 213 et 215 au nord de la ligne de train construite peu après. Le lot 135 était celui de François Papin et le 136 celui de Prosper Champoux.
Le Parc Joliette ouvert en 1899 a été le premier parc récréatif de la ville, un parc privé.
Cette photo de 1930 montre le site du Parc Joliette avec l’hôtel du Grand Nord et la ligne de train en arrière-plan.
Les propriétés du juge Baby et la rue Baby
En 1899 la rue D’Aillebout a été renommée Baby par la Corporation de la Ville de Joliette alors que le juge Baby était encore vivant. Vers cette date le juge Georges Baby à la retraite a vendu à rente foncière de nombreux terrains qu’il possédait sur la rue Baby, par exemple le 1er juin 1899 à Jos. Beauparlant, le 3 juin à Elzéar Pagé, le 15 juin à Edouard Cailloux, le 29 juin à François Généreux, etc. Le 10 mai la Compagnie Manufacturière de Tabac Canadien a vendu au juge Baby le lot No 39 et le juge Baby lui a vendu le No 12; le 31 juillet 1899 il a vendu à la Compagnie Manufacturière de Tabac Canadien le lot No 13. Il a fait de très nombreuses transactions à cette époque alors que le secteur était en pleine transformation.
Le 5 janvier 1900 la juge Baby a reçu sa quittance pour le paiement final des lots No 3 à 69 de Joliette soit des terrains situés sur les terres des Clercs de St-Viateur au sud de ceux de J.B.A. Richard. L’acte de quittance récapitule l’historique des transactions depuis leur vente par les Clercs. Le 25 août 1873 Joseph Langlois dit Lachapelle avait vendu à Charles Guilbault une terre de 2 arpents sur 2 et demi sur la rue St-Charles-Borromée tenant aux Clercs de St-Viateur et au nord-ouest à J.W. Renaud acquise des Clercs de St-Viateur en 1856; une réserve avait été faite par la Corporation de la Ville de Joliette pour le prolongement d’une rue St-Denis projetée, alors nommée D’Aillebout. Le 15 septembre 1873 J. Langlois a vendu à C. Guilbault une autre terre acquise des Clercs à la même date de 2 arpents de large à partir du terrain précédemment vendu se terminant derrière le palais de justice tenant à J.W. Renaud et aux Clercs moins un terrain qu’il avait vendu à Bernard-Henri Leprohon le 31 juillet.
Le 22 juillet 1876 Charles Guilbault a vendu à Georges Baby et Edouard Guilbault tous les lots achetés de J. Langlois soit les lots 3, 8, 18 à 24, 28, 32 à 45, 49 à 64 selon l’arpentage fait par U. Dorval en 1874 avec seulement un hangar construit dessus. Le contrat est difficile à comprendre car il y a une deuxième liste de lots différente de la première.
À la suite de plusieurs transactions Georges Baby était devenu en 1894 le seul propriétaire de tous les lots et il a payé le capital de 2.000 piastres dont il a reçu quittance pour les lots 3 à 69 sans exception.
Lire: Louis-François-Georges Baby collectionneur et mécène
Le notaire Dieudonné Désormier était un autre propriétaire important; il possédait plusieurss logements sur la rue St-Louis qu’il louait à bail. La spéculation immobilière était forte dans ce secteur en développement.
Le prolongement des rue vers le nord
La ville de Joliette a alors procédé à des achats de terrains pour régulariser le tracé des rues qui étaient des propriétés privées. Le 17 novembre 1899 la Corporation des Clercs de St-Viateur a donné gratuitement à la Corporation de la ville de Joliette des terrains de la rue Ste-Anne et de la rue Fabre: 37 pieds sur la rue Ste-Anne ouverte au public depuis longtemps depuis la rue Fabre jusqu’à la rue St-Louis; la moitié du terrain de la rue Fabre côté nord-ouest depuis la rue St-Charles-Borromée jusqu’à la rue St-Joseph.
Le même jour Philomène Laporte épouse d’Albert Gervais libraire et Alexandre Bouin ferblantier ont vendu des lisières de terrain 50 et 75 piastres à la Corporation de la ville pour élargir la rue Ste-Anne au coin de la rue Baby. Avec la construction de la nouvelle ligne de chemin de fer du Grand Nord il fallait ouvrir une rue vers la gare projetée dans le prolongement de la rue Ste-Anne. En 1900 un règlement a été adopté pour l’élargissement de la rue St-Joseph à 31 pieds entre les rues St-Viateur et St-Louis et 40 pieds sur le lot 2 appartenant à J.B.A. Richard.
Le 7 février 1902 le gouvernement de la province de Québec représenté par le ministre Lomer Gouin a cédé à la Corporation de la ville de Joliette une lisière de terrain de 25 pieds sur le lot 31 aboutissant au lot 29 ayant front sur la rue St-Louis pour le prolongement de la rue St-Marc jusqu’à la limite sud-ouest de la ville. Le janvier 1903 Joseph Beauparlant maître chartier a vendu à la Corporation une lisière pour élargir la rue St-Joseph entre la rue Baby et le lot 2.
Les titres de propriété renouvelés par les Clercs de St-Viateur
Les Clercs de St-Viateur avaient concédés des terrains sur leurs terres à partir de 1853 en échange d’une rente foncière perpétuelle payable tous les ans. Depuis certains terrains avaient été vendus et revendus; en 1900 ils ont exigé le renouvellement de leurs titres de propriété.
Le 3 octobre 1900 André Turcotte a déclaré qu’il était propriétaire d’un emplacement sur la rue St-Viateur tenant en arrière aux terres non concédées vendu en 1853 à Michel Hubert pour une rente annuelle de 2 piastres et demi; Joseph Onézime Pagé, Marie Cotnoir ont fait la même déclaration pour des emplacements sur la rue St-Viateur; Délima Leclerc sur la rue St-Joseph (datant tous en 1853), Hormidas Asselin sur la rue St-Louis (1857), Joséphine Derome veuve Leprohon sur la rue St-Joseph (1865), Judith Tellier dit Lafortune (1854) et Henriette Boucher (1855) sur la rue St-Louis, Joseph Rivest (1854) sur la rue St-Viateur. La plupart de ces emplacements n’avaient pas encore été bâtis et leurs propriétaires devaient obtenir un titre nouvel de la Corporation des Clercs Paroissiaux ou Cathéchistes de St-Viateur.
Le 4 octobre la Corporation des Clercs de St-Viateur a donné une quittance à Honoré Bonin menuisier propriétaire du lot 108 sur la rue St-Viateur près de la place Bourget pour le remboursement d’une partie du capital de la rente affectée à son lot; le rachat de la rente permettait de devenir pleinement propriétaire. Le même jour et les suivants de nombreux autres titres de rente ont été renouvelés sur les rues St-Viateur, St-Louis, Ste-Anne, St-Joseph. Le 6 octobre la Corporation de la Ville de Joliette a aussi dû renouveler son titre pour le lot 86 où se trouvait la rue Ste-Marie située entre la place Bourget et le palais de justice. Le 13 novembre le curé Beaudry, Agapite et Domithilde Beaudry ont aussi renouvelé leur titre pour un terrain de la rue Ste-Marie (1855).
L’arrivée du chemin de fer du Grand Nord
En 1883 un groupe d’investisseurs a construit un chemin de fer de contournement de la région de Montréal par le nord venant d’Ottawa par Saint-Jérôme pour rejoindre Québec. Un tronçon a été ouvert en 1886 entre Saint-Jérôme et Sainte-Sophie, puis en 1889 jusqu’à Sainte-Julienne pour atteindre Joliette en 1899.
Le 27 octobre 1899 J.B.A. Richard a reconnu devoir 1.000 piastres au notaire D. Désormier et a donné les lots 2 et 30 en garantie hypothécaire. Le lot 2 faisait 3 arpents sur 26. Il fallait en distraire une lisière de 5 arpents en superficie vendue à la compagnie de chemin de fer Le Grand Nord pour le passage du chemin de fer et la constriction de la gare. Une autre lisière avait été vendue à la ville pour le prolongement de la rue Ste-Anne.
La terre de J.B.A. Richard a pris beaucoup de valeur avec la construction de la ligne de chemin de fer qui la traversait. Des commerçants et des industriels ont voulu s’établir près de la gare. Le 30 mai 1900 il a vendu à Michel Lynch entrepreneur de Montréal une partie du lot 1 entre le chemin public, la rivière de l’Assomption et le terrain de la compagnie du chemin de fer du Grand Nord; le 1er juin à Elzéar Pagé cultivateur le lot 2-73 sur la rue Ste-Anne; le 31 mai à Messire Donat Bordeleau prêtre professeur des parties du lot 2 qui n’avait pas encore été entièrement arpenté et subdivisé; le 2 juin à Pierre Ratel rentier une partie du lot 1 entre la rivière, le terrain du train, madame d’Orsonens; le 6 juillet à Henri Chalin électricien le lot 2-61; etc.
Le tronçon du chemin de fer du Grand Nord desservant Joliette a été ouvert le 19 septembre 1899. Curieusement L’Étoile du Nord n’a publié qu’un petit article en 2ème page du journal.
La gare du Grand Nord a été ouverte en 1901; elle est devenue la gare du Canadian Northern Quebec Railway en 1906 lors de la fusion de plusieurs compagnies.
L’hôtel du Grand Nord construit devant la gare près de la rue Champlain actuelle était un établissement prestigieux, on aperçoit son toit sur la photo de la gare.
La compagnie Chateauguay Northern a construit à la même époque une voie directe entre Montréal et Joliette qui est venue se raccorder à celle du Great Northern. En 1903 Sir Wilfrid Laurier est venu à Joliette pour inaugurer la nouvelle ligne de la compagnie Chateauguay-Nord.
Le nouveau tracé permettait de relier Montréal à Joliette en passant par L’Assomption. À Joliette, la ligne se raccordait à la voie ferrée du Great Northern (Grand Nord). En 1906, le Grand Nord a été amalgamé au Canadian Northern Railway.

L’avenue Richard et les rues adjacentes
En 1900 Jean-Baptiste Avila Richard a ouvert une avenue de 66 pieds de large pour développer les terrains qu’il possédait près de la gare du Grand Nord; elle allait de la rue Ste-Anne à la rue St-Charles-Borromée. Plusieurs lots ont été concédés par M. J.-B.A. Richard sur laquelle la gare est construite. Déjà plusieurs bâtisses ont été érigées, entre autres celles de MM. Eugène Bordeleau, Elzéar Pagé, N.A. Guilbault & Cie., S.P. Champoux, etc.
On apprend que pour donner une meilleure facilité d’accès à la station du Grand Nord, M. Richard vient d’ouvrir sur son terrain limitrophe de la ligne du chemin de fer, et convergeant à la station, une avenue, large de 66 pieds, plus large que la rue Manseau, enfin plus large qu’aucune autre rue ou avenue dans la ville de Joliette.
Le 9 août le journal précisait: M. Richard prolongerait cette avenue jusqu’à la rue St Marc, si le conseil de ville décidait de prolonger la rue St Marc. Il y a déjà plusieurs emplacements concédés par M. Richard sur la rue Ste-Anne et ses environs.
Le 16 novembre 1901 J.B.A. Richard a donné à la Corporation de la ville de Joliette une lisière de terrain sur la rue St-Marc et une autre sur le lot 2 longeant la limite de St-Charles-Borromée. Alfred Boucher marchand de nouveautés a vendu le même jour à la Corporation une lisière de terrain du lot 29 et Amanda Gervais veuve Chaput a aussi cédé une lisière pour l’élargissement et le prolongement de la rue St-Marc. Une pétition demandait que le nom de la rue devienne rue Gervais.
Le 24 décembre 1904 Jean Baptiste Avila Richard agriculteur de Joliette a vendu à la Corporation de la ville de Joliette les lots 2-39, 2-50, 2-65, 2-72, 2-81, 2-86 et 2-104. Ces lots correspondaient au terrain de l’avenue Richard depuis la rue St-Charles-Borromée jusqu’à la rue St-Marc et au prolongement des rues Guilbault et St-Joseph qui sont devenus des terrains publics.
Ordre est donné à l’inspecteur de la ville de faire les travaux de l’ouverture de la rue Guilbault entre les rues Baby et Richard sur une largeur de 25 pieds…
Le 30 juin 1906 J.B.A. Richard a encore cédé à la Corporation de la Ville de Joliette une lisière de terrain de 40 pieds de large sur le lot 2-99 pour le prolongement de la rue St-Joseph.
Avec l’urbanisation du quartier il a fallu prolonger l’aqueduc et les égouts, construire des trottoirs.
Le 27 octobre 1906 The Joliette Tobacco Company a cédé gratuitement à la Corporation de la Ville de Joliette une lisière de 15 pieds de large à partir de la rue Baby jusqu’au lot No 2. Cette cession était faite pour l’élargissement et la construction du trottoir de la rue Guilbault.
Le 1er juin 1910 The Gervais Leaf Tobacco Co. Limited représentée par Ulric Gervais a cédé à la Corporation de la ville de Joliette une lisière de terrain pour l’élargissement de la rue Baby entre les rues Guilbault et St-Charles-Borromée. L’historique des industries du tabac dans le livre du bicentenaire du village d’Industrie situe la manufacture de tabac Gervais au coin des rues St-Louis et St-Marc et ne mentionne pas The Joliette tobacco Company.
La vente des terrains et la spéculation
Les ventes de terrains dans le secteur se sont multipliées. L. Narcisse Roy restaurateur a acheté un terrain au coin des rues Ste-Anne et Richard en 1901 et il en a revendu une partie en 1907. Joseph Bordeleau hôtelier en avait acheté un en 1905 dont il a revendu une partie en 1907 à L. Z. Magnan industriel, sur l’avenue Richard du côté de la voie ferrée.
Le 2 août 1907 Adélard Magué a conclu un marché pour faire transporter sa boutique du lot 1 jusqu’à un emplacement acquis de J.B.A. Richard au coin des rues St-Marc et Richard. Le déménagement de bâtiments sur des rouleaux était alors fréquent.
Les commerçants étaient nombreux à s’installer dans ce secteur; James Piette boucher et Joseph Jacques menuisier en 1907; Edmond Wodon commerçant de St-Ambroise sur la rue St-Marc en 1908; en 1909 A. Louis Boucher pharmacien rues du Parc (Archambault aujourd’hui) et St-Pierre (Lajoie), Eugène Bordeleau commerçant sur la rue Piette (Champlain), F.-X. Dubreuil électricien au coin des rues St-Marc et Richard, Joseph Lacoste menuisier sur l’avenue Richard, Adélard Maillé commerçant sur la rue du Grand Nord, J.H. Lowe ingénieur de St-Jérôme rue du Grand Nord, Maxime Poirier manufacturier de St-Félix rue du Parc, Edmond Wodon de nouveau sur la rue St-Marc, Adolphe Rouleau sur la rue St-Barthélémy, Joseph J. Marion rue du Parc entre St-Barthélémy et Ste-Angélique; Zénon Bellerose marchand de chaussures au coin de St-Marc et du Parc, Adjutor Duplessis marchand de chaussures au coin de St-Pierre et du Parc.
En 1906 Abondius Mireault embouteilleur a fait construire un vaste entrepôt près de la gare avec 2 chambres froides, une salle d’embouteillage et une glacière de 36.000 pieds de glace.
Le 6 mars 1907 Azarie Boucher hôtelier de St-Liguori a vendu à Abondius Mirault embouteilleur de Joliette les terrains 2-29 et 2-30 sur l’avenue Richard allant au terrain du Grand Nord acquis de J.B.A. Richard en 1905. Le 29 juillet 1914 Sinai Savoie a vendu à Abondius Mireault industriel de Joliette les lots 2-24, 2-25 et 2-26.
Dans l’historique publié par la Ville de Joliette pour son bicentenaire on trouve une photo de l’usine d’embouteillage d’Abondius Mireault sur la rue Richard. Dans les archives de la BANQ on trouve aussi une photo du magasin A. Mireault marchand de bois de chauffage qui n’est pas datée; il s’agit bien du même magasin.
Le 31 mai 1909 Charles Auguste Goulet commerçant a acheté de J.B.A. Richard les lots 2-130, 2-131 et 2-132 sur la rue St-Marc, un terrain de la rue Piette projetée, un terrain sur la rue avenue Richard au coin du prolongement prévu de la rue St-Barthélémy.
En décembre 1909 J.B.A. Richard a encore vendu à Adélard Maillé de nombreux autres lots, 2-187 à 2-194 et 2-221 à 2-229; à Hervé Desrosiers menuisier les lots 2-230 à 2-239; en 1910 à Louis Brissette au coin de Ste-Angélique et du Parc, Albert Brissette les lots 30-74 et 30-73; en 1911 Azarie Boucher un grand nombre de lots sans bâtisse pour 4.650 piastres.
Le 22 juillet 1910 J.B.A. Richard a vendu à The Canadian Northern Quebec Railway les lots 30-47, 30-48, 30-49, 30-51 et 30-52, 2-254 à 2-258. Adélard Maillé a vendu à la compagnie les lots 2-134 à 2-139 sur les rues St-Marc et Grand Nord.
Le 9 septembre 1910 J.B.A. Richard a encore vendu à la compagnie le lot 2-162. Le 5 janvier 1911 James Piette a vendu à la compagnie les lots 2-105 à 2-111, J.B.A. Richard a vendu une parcelle sur le lot 219 de St-Charles-Borromée.
Les ventes de terrains ont continué en 1910, à Donat Longpré propriétaire de moulins à St-Félix, Wilfrid Brissette commerçant de St-Félix, Arthur Richard inspecteur d’assurances de Montréal rues St-Edouard et du Parc (Lavaltrie et Archambault), William Cantin menuisier de St-Liguori rues Richard et Gaspard, Louis Brissette menuisier rues Gaspard et du Parc, Johny Dussault marbrier, Willie Massicotte menuisier.
En 1916 quand il est décédé Azarie Boucher bourgeois de Joliette possédait lui aussi de nombreux terrains dans le nord de la ville: une partie du lot 187 sur la rue Manseau au coin de la rue Ste-Angélique; une partie des lots 18 et 19 au coin des rues Baby et Ste-Anne; une partie des lots 309 et 310 sur la rue St-Paul; de nombreux terrains dans le lot 2, le 30-50, le 29C, les 198, 299, 301, 302 et 303 de St-Charles-Borromée.
Autres élargissement de rues
Le 14 novembre 1908 la Corporation Épiscopale de Joliette a cédé à la Corporation de la ville de Joliette une lisière sur la rue St-Edouard (Lavaltrie) entre Notre-Dame, Manseau et St-Viateur et une autre pour le prolongement de la rue Ste-Suzanne (St-Pierre). Le 21 mai 1910 Marie Anne Champoux a vendu une lisière sur la rue Guilbault lot 46; le 20 juin Joseph Belleville a vendu une autre lisière sur la rue Guilbault lot 55. Le 8 mai 1911 The Canadian Northern Quebec Railway a cédé un terrain au coin des rues St-Charles-Borromée et Richard.
Le 18 mai 1911 les Clercs de St-Viateur ont donné à la Corporation de la ville de Joliette une lisière de terrain sur le lot 91 pour l’élargissement de la rue St-Viateur. Le 11 juillet 1912 Francis Laporte a cédé une lisière sur le lot 92 pour 340 piastres; Camille Barrette a cédé une lisière pour l’élargisssement de la rue Notre-Dame sur le lot 297. Le 2 octobre 1914 Francis Laporte a cédé une autre lisière sur le lot 92 pour élargir la rue St-Barthélémy.
Le 14 juillet 1914 Antoine Alfred Boucher agent d’immeubles de Joliette a vendu une lisière du lot 349 entre Notre-Dame et de Lanaudière pour l’ouverture d’une nouvelle rue. Il s’engageait à enlever une bâtisse du terrain vendu. Un amendement déposé pour refuser cette vente a été repoussé par le conseil. Cette rue se trouverait dans la cour de l’école Marie-Charlotte actuelle.

Le 22 janvier 1915 J.P. Laporte a cédé une lisière au coin des rues Notre-Dame et St-Charles-Borromée. Le 24 juin 1916 Carmélite Landry épouse de Charles Bonin a vendu une lisière au coin des rues St-Louis et St-Charles-Borromée.
L’urbanisation a nécessité des travaux de construction d’acqueduc et d’égout. En 1914 la Corporation de la ville de Joliette a créé une servitude sur le terrain où passait le chemin à lisses de bois allant vers Rawdon en 1852-1860 pour y construire un égout qui existe toujours dans le parc des Dalles. Un autre égout a été construit le long de la rue Gaspard jusqu’à la rivière.
Des achats de terrains pour ouvrir ou élargir des rues ont aussi été faits dans les autres secteurs de la ville à la même époque. En 1916 l’ouverture de la rue Beaudry et le prolongement de la rue St-Antoine dans le territoire de St-Paul étaient planifiés.
Le 3 octobre 1918 Guillaume Alarie, J. Arsène Paquin et Edouard Drouin ont cédé à la ville le lot 426-1 pour l’élargissement de la rue Manseau jusu’à la rue Beaudry, le 426-2 pour aller de la rue Beaudry au terrain de la Corporation Épiscopale, le 426-11 pour l’ouverture de la rue Beaudry entre les rues Manseau et Notre-Dame, le 426-27 pour l’ouverture de la rue Tellier, le 426-45 pour l’ouverture de la rue Delorimier, le 426-92 pour le prolongement de la rue Notre-Dame jusqu’à Beaudry et le 426-93 pour son prolongment jusqu’à la limite sud-ouest de la ville après Beaudry. Ces lots se trouvaient dans la paroisse de St-Paul.
Les premiers parcs de Joliette: Bourget et Renaud
Le premier parc public de la ville de Joliette a été construit vers 1900 entre la place Bourget et le palais de justice, derrière la station des pompes et l’hôtel de ville. Il y avait un kiosque à musique éclairé par 16 lumières électriques et des parterres; le plan avait été établi par M. Burgy et M. Alphonse Durand.
Cette carte postale montre le parc de la place Bourget avec son kiosque; la rue Ste-Marie et le palais de justice sont dans le fond de l’image. Ce secteur de la ville avait été incendié en 1881.
En 1902 la ville de Joliette a érigé un monument pour commémorer son fondateur Barthélémy Joliette. Un terrain au bord de la rivière de l’Assomption, site du moulin à avoine disparu, a été donné au comité pour le convertir en parc public. Le parc a été nommé Renaud peu après du nom du maire.

Le parc créé en 1902 existe toujours même si il a diminué de taille avec la construction de la bâtisse de l’aqueduc. Un kiosque à musique y avait été construit.
Le parc Lajoie en 1906
Le 30 juin 1906 J. B. A. Richard a vendu pour 1.800 piastres à la Corporation de la ville de Joliette un terrain en forme de trapèze entre l’avenue Richard, les rues St-Marc, St-Barthélémy et une rue projetée (Archambault) pour y établir un parc public. Il donnait gratuitement à la Corporation le terrain nécessaire pour l’ouverture de rues de 66 pieds de large sur 3 côtés du trapèze pour le prolongement de l’avenue Richard, de la rue St-Barthélémy et pour l’ouverture d’une nouvelle rue parallèle à l’avenue Richard (Archambault). Aussi un terrain pour le prolongement de la rue St-Pierre (Lajoie) sur le lot 30, un autre pour prolonger la rue St-Barthélémy sur le lot 30 et le terrain nécessaire pour élargir de 15 pieds la rue St-Marc.
Le vendeur se réservait le droit d’enlever sa récolte de l’année, il devait aussi enlever une maison, des bâtisses et un grand séchoir; c’étaient encore des terres agricoles. La vente du terrain était destinée à l’aménagement d’un parc public (square) qui devait être fait avec la diligence raisonnable et graduellement embelli.
L’arpenteur J.A. Martin était chargé de délimiter le terrain du parc et les rues projetées; il a demandé la révision du contrat pour qu’il soit plus précis.
C’est donc la donation du terrain à la ville par J.B.A. Richard qui a permis la création du parc Lajoie actuel, nommé officiellement en 1916 en l’honneur du père Drogue-Lajoie père des Clercs de St-Viateur, curé de la paroisse de 1864 à 1880 et directeur du collège. Ç’aurait été plus amusant que la ville nomme le parc Drogue-Lajoie.
En 1919 une riche plantation d’arbres, un vaste étang et un kiosque ont été aménagés dans le parc Lajoie qui était le lieu de distraction des habitants du nord-ouest de la ville.
J.B.A. Richard savait sans doute que ses terres prendraient de la plus-value et que des résidences bourgeoises se construiraient autour du parc public, il a fait un bon investissement. Cette photo montre la résidence A. Louis Boucher qui existe encore et le bâtiment de l’Arsenal qui est aujourd’hui le local de la Société d’Histoire de Joliette Lanaudière (SHJL). En 1909 A. Louis Boucher pharmacien avait acheté le terrain au coin des rues du Parc et St-Pierre.
En 1909 le premier ministre Wilfrid Laurier a approuvé l’octroi du financement pour la construction d’un arsenal à Joliette. Le terrain a été acheté 400 piastres à J.B.A. Richard.

Le plan dressé par l’arpenteur J.A. Martin montre qu’il se trouvait sur Park street.
Joseph-Alcide Martin demeurait au 564 rue Manseau. Cet arpenteur qui a été député de Montcalm en 1890 a collaboré avec le curé Labelle pour arpenter la région de Nominingue avant de s’installer à Joliette. Il a été l’ingénieur officiel de la ville de Joliette de 1904 à 1922 et a arpenté les rues de la ville. Sa belle maison sur le boulevard Manseau existe toujours.
Le 30 janvier 1911 J.B.A. Richard a vendu à sa Majesté le Roi le terrain où l’arsenal avait déjà été construit pour 400 piastres.
La manufacture de biscuits de Joseph Dufresne
La ligne de train construite sur la terre de J.B.A. Richard passait devant l’usine de I. Savoie (Sash, Door, & Box Fac.) et traversait la rivière l’Assomption près de la biscuiterie de Jos. Dufresne. Un pont avait été construit en même temps que la ligne pour traverser la rivière.
Joseph Dufresne avait repris en 1907 la gérance de la maison Magnan, épicier en gros et manufacturier de sucreries et biscuits, propriété des Clercs de St-Viateur qui était une autre industrie importante de ce secteur. Le 9 août 1907 Hildaige Robillard a vendu à Joseph Dufresne une partie du lot 1 de Joliette entre le chemin public et la rivière de l’Assomption et le 23 janvier 1912 William Labelle lui a vendu une partie de son terrain sur le lot 1 au bord de la rivière de l’Assomption. L’achat de ces terrains lui avait permis d’étendre ses activités pour profiter de la nouvelle ligne de chemin de fer.
Le 20 février 1913 la manufacture de biscuits de Joseph Dufresne a été entièrement consummée, l’incendie avait menacé de s’en prendre au Noviciat des Clercs de St-Viateur, propriétaires de la manufacture, qui était situé à côté; 125 personnes avaient perdu leur emploi. La manufacture a aussitôt été reconstruite un peu plus au nord. L’entrepôt où il faisait le commerce d’épicerie en gros situé à côté de la manufacture avait échapé aux flammes.
Au printemps 1913 la Corporation de la ville de Joliette a adopté le règlement 235 accordant des exemptions et privilèges à Joseph Dufresne pour la reconstruction de son usine.
Le 4 avril 1913 Jos. Dufresne et William Labelle ont fait un échange de terrain, une petite parcelle du lot 554 contre une autre du lot 1 selon le plan dressé par l’arpenteur J.A. Martin. Le 15 mars 1915 les Clercs de St-Viateur ont vendu à Jos. Dufresne une lisière de terrain de 10 pieds du lot 554.
Une zone industrielle autour de la gare
Devant la gare au coin de la rue Ste-Anne il y avait l’hôtel du Grand Nord et une manufacture de tabac sur la rue Ste-Anne entre les rues Richard et Champlain sous le viaduc qui a été construit par la suite.

Le plan général de la ville du plan Goad en 1908 montre l’expansion de la ville à cette date jusqu’à la rue Gaspard à l’ouest et autour du parc Lajoie. L’Arsenal a été dessiné, le pourtour du parc public était déjà construit. Au nord de la ligne de chemin de fer les terrains à l’est du Driving Park commençaient aussi à se bâtir.
Le 10 septembre 1909 The Canadian Northern Quebec Railway s’est engagé à la Corporation de la ville de Joliette d’établir des ateliers de réparation pour les besoins de sa voie ferrée entre Québec et Hawkesbury et ses embranchements de Montréal, de Montfort, de Rawdon, de Rivière à Pierre et de Shawinigan Falls; faire de Joliette son point de division; n’avoir aucune autre usine de réparation; ériger sa bâtisse à engins (round-house); etc. La Corporation de la ville de Joliette paiera 10.000 piastres en bonus et autres avantages décrits dans le règlement 203. Le devis des travaux projetés par la compagnie est annexé au contrat.
Le plan Goad de Joliette en 1925 montre les lignes de chemin de fer du nord de la ville avec les ateliers de réparation, Round house. Il montre aussi l’extension des rues depuis 1908, autour du parc Lajoie jusqu’à la rue Gaspard et au nord des voies ferrées jusqu’à la rue Papineau.

De nombreuses autres manufactures ont été construites autour de la gare pour profiter de la facilité de transport des marchandises. Au coin des rues St-Charles-Borromée et Baby la compagnie Acme Glove avait racheté l’emplacement de la Compagnie Manufacturière de Tabac Canadien.
Le 19 juin 1915 la Corporation de la Paroisse St-Charles-Borromée a donné une quittance à la Corporation de la ville de Joliette qui avait annexé une partie de son territoire en vertu d’une loi provinciale pour une somme de $1.500.
La donation de Jean Baptiste Avila Richard et son décès
La vente de tous ces terrains avait permis à J.B.A. Richard de faire de bonnes affaires et il avait amassé une petite fortune en quelques années. Le 17 mai 1911 Jean Baptiste Avila Richard a fait une très importante donation à la Corporation Épiscopale de Joliette: les lots 2-277 à 2-286, 30-19 à 30-28 entre les rues Ste-Angélique, Gaspard, Richard et du Parc estimés à $3.000 plus différentes sommes qui lui étaient dûes pour un total de $30.000 dont il se réservait l’administration et la jouissance sa vie durant. La Corporation devait verser une rente annuelle de $400 à sa veuve (il s’était remarié) après son décès et différents montants à ses 2 filles Marie-Anne et Élise encore célibataires. Joseph Alfred Archambault évêque de Joliette a accepté la donation.
Le 17 septembre 1911 J.B.A. Richard a encore vendu à Joseph Nicoletti maçon les lots 2-171 et 2-172 sur les rues St-Edouard et du Grand Nord, 2-168 rue St-Edouard, 2-175 à 2-178 rue Gaspard et un autre étant le prolongement de la rue du Grand Nord au coin de St-Edouard au bord de la voie ferrée; et le même jour à Albert Mayer et Jean Verdant plusieurs autres lots sur la rue Grand Nord vers les rues Gaspard et St-Edouard.
Dans son bilan financier pour l’année 1923 la Cité de Joliette devait encore $2.350 à J.B.A. Richard pour balance de prix de vente.
Le 26 juillet 1928 Jean-Baptiste-Avila Richard est décédé à 84 ans. Rentier, il avait été marchand et échevin de Joliette. Veuf de Valérie Langlois il avait épousé en secondes noces Élodie Dugas. Il a laissé son nom à une des plus belles rues de Joliette, la rue Richard.










































































