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« Le Meilleur des mondes » revisited

J’ai trouvé par hasard un petit livre d’occasion, « Brave New World revisited », écrit par Aldous Huxley en 1958 en commentaire des prédictions qu’il faisait dans son célèbre livre « Le meilleur des mondes ». 36 ans et une guerre mondiale plus tard il fait un parallèle très intéressant entre sa vision du futur et celle de George Orwell dans « 1984 ».

1984 vs Le meilleur des mondes

« 1984 » nous décrit une société totalitaire basée sur la contrainte et la terreur inspirée des régimes totalitaires de l’époque. Dans « Le meilleur des mondes » les choses se passent en douceur, par la persuasion, l’auto-discipline et la sélection. En 1958 après une guerre mondiale dévastatrice le monde a changé. Diriger par la contrainte se révèle finalement peu productif, l’URSS en est la preuve alors même que le capitalisme prend son envol mondial.

George Orwell
George Orwell

Surpopulation et capitalisme

Alors que le monde occidental vit une époque d’abondance et de prospérité, Aldous Huxley revient sur ses prédictions pour nous prévenir.

La surpopulation entraînera automatiquement une nécessité de sur-organisation. Le capitalisme qui était plus ou moins modéré par les états-nations n’aura plus de limite et corrompra peu à peu toutes les institutions communes à la société, politique, savoir, santé, ressources de la terre. L’individu devra se conformer aux exigences du marché capitaliste, depuis l’enfance il faudra le rendre flexible et adaptable. Mais tout se passera sans trop de douleur. Dans ce futur éloigné, grâce à la sélection génétique une élite soigneusement limitée gèrera le monde alors qu’une armée d’ouvriers travaillera. Le conditionnement se fera dès la naissance, chacun connaîtra sa place et l’acceptera. Les ouvriers auront des capacités intellectuelles très limitées mais les élites seront elles aussi conditionnées à ne pas se poser de questions inutiles et à faire fonctionner le système. Le sexe, la drogue, l’hypnopédie (conditionnement pendant le sommeil) aideront à calmer les pulsions.

L’individu face au Marché

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Le constat que fait l’auteur en 1958 est que le changement se fait beaucoup plus rapidement qu’il ne l’avait prévu. La surpopulation continue entraînant le pillage des ressources naturelles. La seule logique du capitalisme étant d’exploiter ces ressources à court terme il prévoit l’extension de cette logique à la terre entière. Les institutions sociales traditionnelles seront renversées et l’Homme se retrouvera seul face au Marché, obligé de se transformer en entrepreneur de lui-même disponible, instruit et flexible. Alors que l’humain a besoin d’organisations sociales pour être libre et heureux, l’Humanité se transformera en un organisme social semblable à une ruche ou une fourmilière. Quelle intuition de la vie aujourd’hui ! Internet est c’est organisme qui relie aujourd’hui tous les humains et qui va permettre aux algorithmes de les réguler pour une parfaite efficacité.

Organisme et organisation

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Sa conclusion est que l’humain n’est pas un insecte pouvant vivre comme un organisme, chaque être humain est différent et unique. Pour fonctionner comme un insecte il devra abandonner le meilleur de lui-même pour se conformer. Dans une ruche pas besoin de gendarmes, chacun connaît sa place.

En tuant toute forme d’organisation sociale on ramène l’individu au niveau de l’insecte qui ne peut plus que réagir impulsivement comme un organisme. Le meilleur de l’humanité, sa sociabilité, est sacrifié.

Carte du Québec

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