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Les forts et les postes de traite de la Nouvelle-France

Pendant le régime français en Nouvelle-France un réseau de forts et de postes de traite des fourrures a permis à quelques hommes de contrôler un immense territoire en Amérique du Nord. En remontant la rivière des Outaouais et le fleuve St-Laurent ces hommes ont découvert les grands lacs puis ils ont descendu le Mississipi et fondé la Louisiane. Ce réseau de postes a beaucoup changé au fur et à mesure des découvertes et des guerres contre les anglais et les amérindiens.

Les cartes anciennes étaient dessinées par des artistes, cette vue de Québec en 1688 est particulièrement belle. En documentant ces cartes pour y rechercher les établissements construits par les canadiens et en cherchant des informations sur internet pour les expliquer on peut mieux comprendre l’étendue des découvertes faites par les aventuriers de la Nouvelle-France.

Carte générale du Canada dessinée par Louis Armand de Lahontan (1703)

Cette carte du Canada datée de 1703 localise les postes situés sur les grands lacs. Les sites de chasses aux castors ont aussi été dessinés à de nombreux endroits: chasses des français, des iroquois, des amis des français. Sur la rivière Saguenay on voit les postes de traite de Tadoussac et Chicoutimi. Sur la rive sud en face de Québec la rivière de la Chaudière menait à la rivière Saint-Jean par un portage et un fort était construit à son embouchure en face de Port-Royal sur la Baie Française; le fort de Kenebeki était à l’embouchure de la rivière Kennebec à la limite entre le Canada et la Nouvelle-Angleterre. Le lac Champlain est dessiné beaucoup plus gros qu’il n’est en réalité, le fort de Chambly contrôlait l’accès à Montréal. Le fort Carillon ou Ticonderoga a été ajouté à la ligne de défense du Canada au sud du lac en 1755. Le Plan du Fort Carillon et de la ville en 1758 a été dessiné par Thomas Jefferys au moment de sa prise par les anglais.

La limite du Canada selon les français passait au sud des lacs Ontario et Erié. Le pays des Iroquois se trouvait en territoire anglais. La Louisiane était une autre colonie française située au sud de cette ligne. L’accès au lac Ontario était contrôlé par le fort Frontenac au nord et le fort Niagara au sud. Les iroquois avaient plusieurs chasses de castor en territoire français au nord du lac Erié. Ils semblaient naviguer librement sur ce lac pour aller vers l’ouest; des canots iroquois sont dessinés sur le lac. Une légende dit que la limite entre les territoires français et anglais était le chemin emprunté par les iroquois et leurs ennemis pour se faire la guerre. Le fort St-Joseph contrôlait le passage entre les lacs Erié et Huron.

Au nord du lac des Hurons la rivière des François menait à la rivière des Outaouais par un portage; c’était un raccourci pour aller de Montréal vers les pays d’en-haut. La route passait par le lac Nipissing et le poste de Témiscamingue. Sur le lac Huron les voyageurs pouvaient aller à Michillimakinac pour accéder au lac des Illinois ou au Sault de Ste-Marie pour entrer dans le lac Supérieur.

Le nord du lac Supérieur était moins exploité. Des portages permettaient de rejoindre la Baie d’Hudson appartenant aux anglais qui y avaient installé quelques postes de traite sédentaires. Le fort du Sr. St-Germain avait été construit pour empêcher les chasseurs indiens assinipoyals (assiniboines) de descendre au fort de Nelson. Le fort de Kamanistigoyan avait été construit au nord du lac Supérieur et le cartographe avait nommé la rivière menant au lac de Nemipigon (Nipigon) fleuve de St-Laurens comme si c’était la source du fleuve menant à Québec. Le grand lac des Assinipoyals pourrait être le lac Winipeg, ce territoire était encore mal cartographié.

Sur le lac des Illinois, la rivière des Puants permettait de rejoindre un affluent du Mississipi, la rivière Wisconsin. Une autre route passait par le fort de Mr. de la Salle pour rejoindre la rivière des Illinois en passant par le fort de Crevecoeur, limite du Canada au sud-ouest.

Mémoires de la Compagnie de St-Sulpice sur le Canada

Dans des documents provenant de la Compagnie de St-Sulpice se trouvent des pièces relatives à l’histoire militaire du Canada entre 1730 et 1760. Ces documents semblent avoir été recopiés des archives du Séminaire de Montréal appartenant aux messieurs de St-Sulpice seigneurs de l’île de Montréal, de la seigneurie du Lac des Deux-Montagnes et de la seigneurie de St-Sulpice. Un mémoire datant de 1758 (semble-t-il) examine s’il est important de conserver le Canada, si il est possible de le défendre si la guerre continue en 1759 et si il est facile de le secourir.

Selon ce mémoire le Canada avait coûté à la France plus de 15 millions de livres entre 1755 et 1758 pour le défendre; cette somme aurait pu être mieux employée dans le royaume. On dépeuplait le royaume pour essayer en vain de peupler le Canada; le commerce des pelleteries n’était pas si lucratif et il ne pouvait que diminuer. Si le Canada devenait prospère il se détacherait obligatoirement de la France par une révolution. Les voyages vers le Canada étaient longs et difficiles, son climat rude, etc.

Suivaient une longue liste de raisons de conserver le Canada et le constat qu’il fallait que la France envoye des renforts pour le défendre au printemps 1759 avant que les anglais ne lancent leur offensive. Les renforts ne sont pas arrivés et l’armée de Wolfe a pris Québec à l’automne 1759. Et ils ne sont toujours pas arrivés au printemps 1760 alors que l’armée de Lévis assiégeait l’armée anglaise retranchée à Québec. En 1763 la France a abandonné le Canada.

Un autre mémoire fait l’état des forts et des postes de traite des fourrures de la Nouvelle-France en 1758.

Mémoire en forme d’observation concernant:

  • Le dénombrement des postes du Canada, leurs situations, la communication qu’ils ont les uns avec les autres, les avantages qu’on a lieu d’en attendre.
  • Le choix des commandants de ces postes, le caractère des sauvages de ces contrées, la manière de traiter avec eux, l’état des garnisons et des postes où il convient d’en avoir, le moyen d’augmenter les gratifications accordées aux officiers et d’entretenir les troupes sans aucune nouvelles dépenses pour le Roy, les facilités que ce moyen procurerait de grossir considérablement les revenus de sa Majesté.
  • Le traitement actuel des troupes entretenues dans cette colonie pour le service du Roy.

Il y avait 2 routes pour aller vers les pays d’en-haut et la Louisiane, celle du nord par la rivière des Outaouais et celle du sud par le fleuve St-Laurent. Le mémoire commence par la liste des Postes du Nord: Themiskamingues, Michilimakinac entrepôt de tous les postes du nord, La Baye, La mer d’Ouest, le Sault Ste-Marie, Chaouamigon, Nepigon, Michipicotton, St-Joseph, la rivière des Illinois. La route de Montréal pour se rendre à ces postes est par la grande rivière (des Outaouais), ils sont situés sur les lacs Huron, Michigant et Supérieur, la rivière des Illinois porte le nom des sauvages qui habitent sur les bords, elle a son embouchure dans le fleuve Mississipi.

Les Postes du Sud étaient: La Présentation sur la rivière Frontenac (Ogdensburg sur le St-Laurent), le fort Frontenac à l’entrée du lac Ontario, le fort de Toronteaux nouveau poste au nord-ouest du lac Ontario (Toronto), Niagara à l’autre extrémité du lac, le Détroit entre les lacs Huron et Ste-Claire, les Miamis à 60 lieues sud du détroit sur la rivière des Miamis qui se jette dans le lac Erié, les Ouyatanous à 60 lieues des Miamis sur la rivière Ouabache. Sur la Belle Rivière (Ohio) de nouveaux postes avaient été établis à partir de 1753 en prévision de la guerre: poste de la Presqu’isle, poste Duquêne, poste de la rivière aux Boeufs.

Sur la rivière Richelieu il y avait encore le fort de Chambly, le poste de St-Jean, le fort St-Frederick et le fort de Carillon ou Ticonderoga.

Cartes du Canada et de la Louisiane

La carte dessinée par Guillaume Delisle revue, corrigée et considérablement augmentée en 1782 fait partie des nombreuse cartes qui ont été dessinées à cette époque où la guerre modifiait constament les frontières. La partie nord-est de la carte montre le Canada ou Nouvelle-France dans le bassin des Grands Lacs.

Cette autre carte montre le centre du continent, un immense territoire nommé Louisiane que les canadiens de Montréal et les français de la Nouvelle-Orléans avaient commencé à exploiter pour la traite des fourrures. Les colonies anglaises ne dépassaient pas la crête des Appalaches. Leurs explorateurs se risquaient peu à peu jusqu’à la rivière Ohio, frontière encore imprécise: rivières St-Jérome, Ouabache, Belle Rivière, Ohio, les noms des rivières variaient d’une carte à l’autre.

Vignette de la carte: Indian fort Sasquesahanok, Susquehanna river

Une mission jésuite avait été fondée en 1703 sur la rivière des Kaskaskia, renforcée en 1733 par le fort de Chartres construit en 1719 un peu plus au nord. Après 1731, chaque année un convoi de troupes françaises reliait la capitale La Nouvelle-Orléans à Kaskaskia. Les militaires des forts du Mississippi et du Mobile venaient de La Nouvelle-Orléans. Le convoi était constitué de trois ou quatre bateaux pontés d’environ seize tonneaux, chaque embarcation étant commandée par un officier et dirigée par un patron de bateau aidé de quelques matelots. Kaskaskia était une petite ville avec des maisons et une église en pierre où vivaient de nombreux traiteurs de fourrures.

Selon L’oeuvre de la France dans la Vallée du Mississipi: Il y a en 1711 deux villages français au pays des Illinois, ceux de la Sainte Famille de Cahokia et de l’immaculée Conception de Kaskaskia, fondés le premier en 1699, le second l’année suivante. Deux cents cinquante habitants sont alors domiciliés en permanence dans cette partie de la colonie... En 1731 il y a déjà quatre établissements en Haute Louisiane — Cahokia, Kaskaskia, Fort de Chartres, la Prairie du Rocher — et un cinquième, celui de Sainte-Geneviève du Missouri, sera fondé quelques années plus tard.

La ville de Kaskaskia (Cascoukia) était située sur le Mississipi (Rivière St-Louis) en-dessous des confluents de la rivière des Illinois où se trouvait le fort Crevecoeur et de la rivière Missouri. Le fort Prudhomme était situé en aval sur le Mississipi.

Plus haut sur le Mississipi il y avait le fort L’Huillier et le fort Le Sueur en amont du confluent de la rivière Wisconsin menant à la rivière des Puants et au lac des Illinois.

En 1754 la guerre a recommencé et la ligne de forts a été renforcée. La crête des Appalaches et la vallée de l’Ohio marquaient la frontière entre la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre avec le fort de la Presqu’isle, le fort Kanavagon, le poste de Mr. de Joncaire, la place du fort anglais, le fort Duquesne (Pittsburgh), la Maison Frager et le fort Nécessité détruit.

La bataille de Fort Necessity qui a lieu le 3 juillet 1754 oppose 600 soldats français du Canada et 100 auxiliaires amérindiens, sous le commandement de Louis Coulon de Villiers, à 100 soldats britanniques et 193 miliciens de la colonie de Virginie et auxiliaires amérindiens, sous le commandement de George Washington, alors jeune lieutenant-colonel de la milice de Virginie. C’est une victoire française, la seule reddition qu’ait dû accorder George Washington au cours de sa carrière.

Sur cette carte de 1755 on voit les forts de la Presqu’isle sur la rive sud du lac Erié et de la rivière aux Boeufs situé en-dessous.

Sur la carte suivante on voit les postes de Michilimakinac et du Sault-Ste-Marie. Les noms de lieux sont des transcriptions phonétiques de noms indiens qui varient selon les cartes, ou des noms de notables canadiens, ou encore des noms descriptifs: anse aux sables, rivière aux testes boules, rivière au galop, pointe au poisson blanc. À l’ouest du lac il y avait le poste de Camanestigon ou les 3 rivières. Au sud près de l’anse de Chagouamigon il y avait une bourgade considérable; à côté l’habitation de la Petite Fille, la rivière au Cuivre, etc.

Les cartes géographiques étaient encore très imprécises. Sur la carte du haut on voit le village de Kaskasquias et Tamarouas au sud du confluent du Missouri avec le Mississipi. Sur la carte suivante on voit les villages de Cahokias et Tamaroas en-dessous du confluent du Missouri et Caskakias en aval sur le Mississipi sous le fort de Chartres construit en 1720. Sur le Missouri le fort d’Orléans avait été construit en 1723.

Ce plan est une reconstitution des villages dans le pays des Illinois: Cahokia au nord, St-Philippe, le fort de Chartres, Kaskaskia et Ste-Geneviève au sud.

Les tracés des rivières et les noms des lieux ont changé avec le temps. Sur cette carte revue en 1782 la rivière des Illinois passe par l’ancien village des Illinois situé près du Rocher (St-Louis du Rocher). La rivière Ohio ou Belle Rivière s’appelle rivière Ouabache ou de St-Jérome en aval d’un confluent où vivaient les Miamis. Plus au sud la rivière des anciens Chaouanons et celle des Casquinambaux ou vivaient les Cheraqui (cherokees). Au confluent du Mississipi il y avait un ancien fort.

Le Détroit

Le mémoire de la compagnie de St-Sulpice décrit les forces et les faiblesses de ce réseau de forts et de postes de traite.

La beauté du climat du détroit, la fertilité de ses terres, les quantités prodigieuses de prairies qu’on y voit, aurait dû lui attirer une attention plus particulière de la Cour; il la mérite infiniment par l’aisance et la richesse que pourraient procurer à ses habitants la pêche et la chasse la plus abondante.

Une autre raison à laquelle la Cour pourrait faire encore une plus particulière attention est dans le voisinage des Miamis, ouyatanons qui forment la communication des Illinois et Ouabache voisins des nouveaux postes de la belle rivière qui n’est éloignée que d’environ 100 lieues de Philadelphie par terre… Le rédacteur du mémoire recommande de construire une ville sur la Belle Rivière (Ohio) et de la peupler suffisamment pour empêcher les anglais de coloniser le territoire; cette ville contrôlerait l’accès au Mississipi en tenant les sauvages en respect.

La rivière du Détroit depuis le lac Sainte-Claire jusqu’au lac Érié, 1764 – Charles-Nicholas Bellin

Michilimakinac

Ce poste est l’entrepôt de tous les postes du nord, les commandants et commerçants de chaque poste en partant de Montréal y arrêtent pour y prendre des vivres, du bled d’Inde ou bled de Turquie, des graisses d’ours, souvent même des canots pour leur route… Les commerçants y amènent leurs pelleteries et y chargent d’autres marchandises; beaucoup de négociants de la rivière des Illinois et bon nombre de sauvages de ce nom y apportent leurs pelleteries pour d’autres marchandises qu’ils y échangent.

Le souci des autorités françaises était que les indiens aillent porter leurs fourrures aux négociants anglais à Chouagen et Orange. Leur commerce était estimé à 2 millions de livres et la trop grande communication et familiarité qu’ils ont avec les nations sauvages leur facilitent des moyens de se les attacher, de les corrompre et de les armer contre les français. On en a vu des exemples dans la partie sud du détroit, aux miamis, aux Ouyatanons, au Vermillon, aux Illinois, ce qui ne fut point arrivé si le projet d’une ville au détroit eut été exécuté.

Que de révoltes également de la part des sauvages dans la partie du nord, dans le Suguinaud, à la cloche, à la chaudière, à la Baye, dans le lac Huron, à Michilimakinac même, sans parler de celles du fort St Frederick, ni des massacres arrivés dans le gouvernement de Montréal ainsi qu’à lisle Perrault et aux Cèdres.

Le Petit Rapide

Le Petit Rapide est à l’entrée du lac Erié qui dans cet endroit n’a qu’une portée de fusil de large, tandis qu’au fort de Niagara la rivière a près d’un quart de lieue de largeur ce qui favorise beaucoup le commerce que les nations sauvages sont toujours disposées à entretenir avec l’anglais. Ce seul passage bien défendu, toutes ces nations se trouveront forcées de venir faire leur traite à Montréal. Si dans la suite on pouvait faire sauter Chouagen ou s’en rendre maîtres on n’aurait plus que deux postes à garder pour empêcher les sauvages d’aller à Orange et à Philadelphie…

Niagara, le château français
Fort Niagara from the canadian side – Canadian Illustratd News, 23 août 1873

Expansion des anglais

Le mémoire se poursuit sur de nombreuses pages. Le rédacteur se désolait qu’on laisse les anglais un peu trop s’étendre en Canada. Ils avaient bâti le fort de Chouaguin au sud du lac Ontario à seulement 25 lieues du fort Frontenac et 70 de Niagara qui leur permettait de traiter aux miamis, aux ouyatanons, aux illinois. Depuis la paix ils ont percé jusqu’au bas du fleuve Achibouctou sont parvenus à la Baye Verte à la vue de la garnison de Beauséjour en Acadie. Les forts Beauséjour et Gaspareaux avaient été construits pour défendre l’Acadie en 1751; ils sont tombés tous les 2 en 1755 comme d’autres défenses qui avaient été construites en Acadie à la même date, le fort Boishébert et d’autres.

Merligaiche était un autre site d’Acadie où les anglais s’étaient installés et la crainte était qu’ils construisent un fort à Gaspé pour fermer l’accès au St-Laurent. Ils occupaient le haut de la rivière Pentagouet communiquant par un portage avec la rivière de la Chaudière menant directement à Québec. Le meilleur moyen d’empêcher les anglais d’envahir le Canada serait de promettre 50 pièces par chevelure anglaise aux sauvages pour leur inspirer la terreur. C’est un prêtre sulpicien du Séminaire de Montréal qui le dit. Il aurait aussi fallu assiéger Boston et Port-Royal mais c’était plus compliqué.

Le fort de La Présentation à 40 lieues en amont de Montréal sur le St-Laurent avait coûté cher et était inutile: il n’a servi qu’à procurer un asile à quelques vieux sauvages, à quelques sauvagesses libertines, à des gens sans aveu et inutiles qu’on y entretient aux frais du Roy.

Les forts de Nouvelle-France et de Louisiane

Une page du site Wikipedia fait la liste des forts de la Nouvelle-France et renvoie à la page de l’historique de chaque fort. J’ai essayé de tous les situer sur les cartes anciennes et j’ai recopié quelques informations sur chacun.

Le fort Frontenac ou CataracouiLa construction du fort à l’entrée du lac Ontario débuta en juillet 1673, sur ordre de Louis de Buade de Frontenac lors de négociations entre une délégation des Cinq-Nations d’Iroquois et lui. Ce fort devait protéger Ville-Marie qui était à cinq jours de canot et favoriser l’expansion de la colonie canadienne, par les Français, afin d’établir des postes de traite de fourrures à l’intérieur de l’Amérique du Nord, dans la région des Grands Lacs et la vallée de l’Ohio.

Le fort Rouillé ou Toronto Le 9 octobre 1749, le gouverneur de la Jonquière écrivait au ministre Rouillé: “Les nations sauvages du nord passent ordinairement à Toronto, sur la côte ouest du lac Ontario, à vingt-cinq lieues de Niagara et à soixante-quinze lieues du fort Frontenac, pour aller à Chouaguen porter leurs pelleteries. Il est très à propos d’établir un poste dans cet endroit et d’y envoyer un officier, quinze soldats et quelques ouvriers pour v construire un petit fort de pieux... Le 20 mai 1750, le chevalier de Portneuf était rendu à Toronto et il poussa la construction avec tant de célérité qu’en moins de deux mois le fort et un magasin étaient terminés. Le fort bâti à Toronto reçut le nom de Rouillé en l’honneur du ministre de la marine qui en avait approuvé la construction. Une illustration montre la construction de 2 forts en 1750 par Portneuf et en 1750-1759 par Rouillé; le fort aurait été agrandi après sa construction, peut-être rebâti à un autre emplacement. Plus haut le magasin royal construit par le sieur Douville en 1720-1730.

Le fort Pontchartrain du Détroit – Il a été construit en 1701 par Antoine Laumet de La Mothe-Cadillac; il a été décrit plus haut.

Le fort de la Presqu’isleIl est situé près du lac Erié, à l’emplacement de la ville actuelle de Érié. Il faisait partie, avec trois autres forts, le Fort Le Boeuf, le Fort Machault et le Fort Duquesne, d’une ligne de défense française au sud du lac Érié.

Le fort BuadeCe poste commercial et militaire a été érigé en 1683 sur la pointe nord du détroit de Mackinac entre les lacs Michigan et Huron pour protéger la mission Saint-Ignace que le Père Marquette avait fondée en 1671. Après l’effondrement du marché des pelleteries en France à la fin du XVIIe siècle le Ministère de la Marine décida de fermer les comptoirs dans les Pays d’en Haut. En 1701, Sieur La Mothe Cadillac sous l’autorité du ministère ferma le poste et ramena la garnison avec lui au Fort Pontchartrain qu’il venait d’ériger.

Le fort MichillimakinacC’était un poste de traite établi à la pointe sud du détroit séparant le lac Michigan et le lac Huron. Trois sites en tout reçurent l’appellation Fort Michillimakinac, deux sous le régime français, un autre sous le régime britannique. Le premier avait été le fort Buade. La seconde forteresse, le fort Michillimakinac, fut fondée sur la pointe sud du même détroit en 1715.

Le fort Sainte-MarieAprès la série des attaques dévastatrices des Iroquois au début de 1649, les Jésuites abandonnèrent la mission de Sainte-Marie et se joignirent aux centaines de réfugiés hurons dans l’île appelée Gahoendoe par les Hurons et Saint-Joseph par les Français. Il y construisirent une deuxième mission fortifiée au cours de l’été 1649. Il y eut ensuite plusieurs fléaux et, lorsque les Iroquois revinrent en 1650, les Hurons furent incapables de résister... Louis Le Gardeur de Repentigny arrive au Sault en 1751 pour prendre possession d’une des rares seigneuries créée dans le pays d’en haut, Sault-Sainte-Marie, qui lui a été accordée, ainsi qu’à Louis de Bonne. Repentigny y fait construire un petit fort, ériger trois bâtisses et transporter du bétail de Michilimackinac.

Le fort Niagara Le premier fort appelé fort Conti a été bâti en 1678 par René-Robert Cavelier de La Salle. Le 31 juillet 1687, le gouverneur de Nouvelle-France, le marquis de Denonville, fait ériger un nouveau fort sur cet emplacement, qui sera baptisé fort Denonville; il a été abandonné en 1689… En 1720, l’officier Louis-Thomas Chabert de Joncaire est envoyé par le gouverneur Philippe de Rigaud de Vaudreuil auprès des chefs Sénécas pour obtenir leur autorisation de construire un poste de traite fortifié le long de la rivière.

Plan du fort Niagara par M. de Pouchot vers 1755

Le fort Saint-Joseph – Sur cette carte de 1688 il est nommé Fort Dulud. Il a été construit par les Français en 1691 au sud des Grands Lacs, dans le Pays des Illinois, sur des terres cédées aux jésuites par le roi Louis XIV. Le Père Claude-Jean Allouez avait créé la mission Saint-Joseph, dans les années 1680 afin d’évangéliser les Amérindiens (Illinois et Miamis). Un poste de traite avait également été établi à côté de cette mission religieuse. Ce comptoir était un important lieu d’échange pour le commerce de la fourrure au sud du lac Michigan… Le 25 mai 1763, pendant la rébellion de Pontiac, Grand-chef de l’union des nations amérindiennes contre les Britanniques, le fort fut capturé par les Amérindiens Potawatomi et la petite garnison anglaise fut exterminée.

Le fort TémiscamingueConstruit en 1720 il a été un important poste de traite des pelleteries en activité pendant près de deux siècles. Un premier fort avait été construit dans le même secteur en 1679. La carte montre qu’il contrôlait un portage entre la rivière des Outaouais, le lac Nipissing et le lac des Hurons, racourci permettant d’éviter les lacs Ontario et Erié plus proches des territoires iroquois.

Le fort La BayeC’est un poste militaire construit en 1717 en Nouvelle-France pour protéger les colons, trappeurs et les Amérindiens de la baie des Puants. Il servit jusqu’en 1760, lorsque les Britanniques en prirent possession. Il était situé à l’emplacement de la ville de Green Bay.

Le fort Chagouamigon Le poste fut construit par Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers en 1659 dans l’anse de Chagouamigon du lac Supérieur. Lorsque le gouverneur de la Nouvelle-France les radie de leurs licences de commerce pour avoir refusé de payer les taxes, les deux abandonnent le poste pour aller en Angleterre pour offrir leurs services, et persuader le prince Rupert de financer une expédition à la baie d’Hudson. Le poste fut réoccupé de 1663 à 1670 et fut incendié en 1670.

Le Fort La PointeIl doit son nom aux explorateurs français et aux coureurs des bois canadiens-français qui parcouraient cette contrée au XVIIe siècle. Il s’agit d’une avancée de terre dans le lac Supérieur, formant une baie dénommée baie de Chagouamigon. En 1693 Louis de Buade de Frontenac charge Pierre-Charles Le Sueur de fonder un comptoir près des Grands Lacs. Le Sueur choisit l’emplacement d’un cap donnant sur les Grands Lacs qu’il nommera Fort La Pointe.

Le fort MichipicotonIl a été fondé en 1725 à proximité de la bouche de la rivière Michipicoton et du lac Supérieur dans le pays des Amérindiens de la Nation Ojibwés. Michipicoton ou Michipicoten signifie « grande falaise » en langue ojibwé.

Le fort CaministigoyanEn 1717 Zacharie Robutel de La Noue construit le Fort Caministigoyan au nord du lac Supérieur. Ce fort va permettre l’expansion du commerce de la fourrure dans les vastes territoires occidentaux du Canada, que les négociants en fourrures et explorateurs utiliseront, notamment, dès 1728, sous l’impulsion du commandant Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye, jusqu’à l’abandon de la route de la rivière Kaministiquia vers l’ouest au profit de Grand Portage.

Le fort Chécagou ou Chicago – Au sud du lac Michigan près de la source de la rivière des Illinois se trouvait un autre fort qui contrôlait un des portages vers la Louisiane. Il aurait été construit en 1685, et Henri de Tonti envoya Pierre-Charles de Liette comme commandant du fort jusqu’en 1702. D’autres sources cherchent à discréditer le fait que le fort ait existé.

Le fort Sainte-CroixIl a été construit par Daniel Greysolon, sieur du Lhut (Duluth) en 1683. Il était situé sur un portage entre le lac Supérieur et le Mississipi par la rivière de la Magdelaine.

Le fort Saint-Antoine À l’automne de 1685, Nicolas Perrot et ses compagnons arrivèrent à la montagne Trempealeau en canoë. Ils construisirent un habitat pour se protéger pour l’hiver, le fort Perrot situé sur la rive occidentale du lac Pépin. Plusieurs semaines auparavant, Perrot et ses hommes avaient quitté La Baye et traversé le Wisconsin au travers les rivières Renard et Wisconsin, pour se rendre dans la vallée du Mississippi.

Le fort St-NicolasEn 1685 Nicolas Perrot a fait construire le fort Saint-Nicolas à l’embouchure de la rivière Wisconsin. Cette rivière menait par un portage au poste de traite de la Baye des Puants sur le lac Michigan par la rivière des Folles Avoines et la mission jésuite de St-François-Xavier. C’était une des routes de communication entre la Nouvelle-France et la Louisiane.

Les forts de la mer de l’ouest

Le fort Saint-PierreIl a été édifié par Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye avec le concours de son fils aîné Jean-Baptiste Gaultier de La Vérendrye et son neveu, Christophe Dufrost de La Jemerais, en 1731 à l’ouest du fort Kaministiquia (lac Supérieur). Il fut construit sur les rives de la rivière à la Pluie et du lac à la Pluie.

Le fort Saint-CharlesIl a aussi été édifié par Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye avec le concours de son fils et de son neveu en 1732 à l’ouest du fort Kaministiquia et du fort Saint-Pierre. Il fut construit au bord du Lac des Bois, à la limite des frontières actuelles du Manitoba au Canada et du Minnesota aux États-Unis.

Le fort MaurepasLe fort a été édifié par les hommes de l’explorateur et officier Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye à l’ouest du Fort Saint-Charles situé sur le Lac des Bois. Un premier fort, le Fort La Forêt, fut construit le long de la rivière Winnipeg. Mais c’est au bord du lac Winnipeg que fut élevé le fort Maurepas. Le site de l’établissement de ce fort changea légèrement de localisation en fonction des accords pacifiques avec les Amérindiens. Le fort Maurepas fut d’abord construit en 1734 sur la rive de la rivière Rouge. Le second site fut en définitif construit vers la confluence de la rivière Winnipeg et du lac Winnipeg. Par la suite, Français et Canadiens construisirent le Fort Rouge futur site de la ville de Winnipeg.

Carte de 1817 montrant le fort Maurepas

Le fort RougeC’est en 1734-1735 que M. Damours de Bouvières, agissant sur les instructions de Pierre Gauthier de la Vérendrye erigea un fort sur le côté sud de la rivière Assiniboine à son confluent avec la rivière Rouge. Le fort reçut le nom de Fort Rouge probablement à cause de sa proximité de la rivière Rouge. Abandonné dès avant 1737, le fort Rouge servit cependant de refuge à Legardeur de Saint-Pierre pendant l’hiver 1751/1752. Il était alors occupé à bâtir un fort sur le côté nord de la riviere Assiniboine.

Le fort BourbonEn 1741, Louis-Joseph Gaultier de La Vérendrye, fils de Pierre Gaultier de Varennes et de La Vérendrye, partit de Fort La Reine qu’il avait construit en 1738 (Portage La Prairie Manitoba), il se dirigea vers le Nord-Ouest, conduit par les Amérindiens Mandans vers la mer occidentale (l’Océan Pacifique) située après les montagnes rocheuses selon les Mandans. En route il édifia plusieurs forts autour de la région des lacs situés dans la future province du Manitoba. Le Fort Dauphin sur le lac Winnipegosis et le fort Bourbon près du lac Winnipeg et la rivière Saskatchewan. Le Fort Paskoya a aussi été construit vers 1741 par Pierre de La Vérendrye au bord du lac des Cèdres près de l’embouchure de la rivière Saskatchewan. Vers 1752, un second fort Paskoya aurait été édifié par l’officier Louis de La Corne à l’emplacement de la ville actuelle de Le Pas. À la même époque fut construit le Fort La Jonquière sur la rivière Saskatchewan.

Le fort de la CorneAprès avoir fait édifier en 1752 le Fort Paskoya Louis de La Corne fait construire un nouveau fort près des fourches de la rivière Saskatchewan, là où se rejoignent la Saskatchewan du Nord et la Saskatchewan du Sud. Le Fort prend d’abord le nom de Fort Saint-Louis, puis sera nommé plus tard Fort de La Corne, en l’honneur de son créateur.

Le fort La BicheConstruit entre 1753 et 1757, sa localisation exacte n’est pas connue, mais on le situe sur la rivière La Biche ou Red Deer en Alberta; il serait un des forts les plus à l’ouest de la Nouvelle-France.

Je n’ai pas pu situer les autres postes de la mer de l’ouest sur des cartes, les explorateurs La Vérendrye père et fils ne semblent pas avoir été cartographes. Le Musée virtuel de la Nouvelle-France a fait une reconstitution de leurs voyages d’exploration. Les forts y sont précisément situés.

Un autre document publié par Charles W. Jefferys en 1942 pourrait être authentique mais rien ne le prouve.

Les forts de la Louisiane

Les forts de la Louisiane ont été presque tous construits après 1700 pour défendre la Nouvelle-France, certains à l’emplacement de postes de traite déjè existants. À la source du Mississipi il y avait le fort Beauharnois.

Le fort Beauharnois du lac PépinLe fort Beauharnois a été construit sur les rives du lac Pépin près de la source du Mississippi en 1727 par René Boucher de la Perrière, qui le baptisa en l’honneur du gouverneur de la Nouvelle-France, le marquis de Beauharnais. Dès l’année suivante les Français étaient obligés d’évacuer le fort par suite de l’hostilité grandissante des Sioux. Trois années plus tard, en 1731 Godefroy de Linctot était à son tour envoyé au fort avec la mission de pacifier les Sioux et de les gagner à faire la traite avec les Français. En 1735. l’officier Le Gardeur de Saint-Pierre, qui avait eu tant de succès auprès de plusieurs tribus sauvages, fut envoyé au fort Beauharnois pour remplacer M. Godefroy de Linctot. L’officier canadien resta au lac Pepin jusqu’au printemps de 1737 mais il dut, comme ses deux prédécesseurs, abandonner la partie, les Sioux devenant de plus en plus menaçants.

Sur cette carte de 1730 on voit le lac Pépin sur le Mississipi et le fort Le Sueur; le fort L’Huillier était situé à l’ouest.

Le fort Le SueurEn 1695, le gouverneur de la Nouvelle-France, Louis de Buade de Frontenac, donna l’ordre à Pierre-Charles Le Sueur de construire un fort le long du lac Pépin, qu’il nomma à son honneur... Au XVIIIe siècle, les Français ont construit le fort Beauharnois sur ses rives. Les Sioux ont construit 95 cabanes pour habiter autour du fort.

Le fort Bon Secours – Appelé fort Perrot il a été fondé par Nicolas Perrot en 1685, sur les rives du lac Pépin, de l’autre côté de la rivière du Bon Secours. En 1697, Pierre-Charles Le Sueur, le nouveau commandant du Fort La Pointe, sur l’île Madeleine dans la Baie Chequamegon, construit un deuxième fort sur le même site. Il fut encore occupé pour quatre à cinq ans. Par la suite, trois ou quatre autres forts furent construits sur les rives du lac Pépin. Leurs intérêt principal était le fait que ses lieux étaient le centre géographique du peuple des Saulteaux, connu aujourd’hui comme Sioux ou Dakotas. Les forts Beauharnois, Le Sueur et Bon Secours ont donc été construits sur le même lac Pépin, un agrandissement du Mississipi. En 1686 le site du fort Perrot fut abandonné pour un site plus avantageux sur la rive orientale du lac Pépin, et le Fort Saint-Antoine fut construit.

Le fort L’Huillier La construction du fort débuta à l’automne 1700 sous la direction de Pierre-Charles Le Sueur, explorateur, trappeur et négociant de fourrure français intéressé par l’exploitation d’un gisement d’argile bleue qu’il pensait être du minerai de cuivre… Le fort fut attaqué par la tribu amérindienne des Renards, entrainant l’abandon de celui-ci en 1702 ou en 1703, et l’on n’entendit plus parler des hommes restants. En-dessous de ce fort on voit le chemin des Voyageurs qui partait du Mississipi vis à vis de la riviàre Wisconsin pour rejoindre la rivière Missouri au ruisseau du Rocher.

Le fort CrèvecœurIl a été fondé en 1680 par les compagnons de René-Robert Cavelier de La Salle et de Henri de Tonti sur la rive sud de la rivière Illinois (entre l’actuel Pekin et Kingston Mines). Ce fort devait servir de base pour explorer la région du Pays des Illinois et le bassin du Mississippi. Il aurait été détruit aussitôt par les iroquois selon son historique mais il figurait encore sur la carte de 1757. Le poste de Peoria situé à côté est un des plus anciens établissement en Illinois fondé à la même date.

Le fort d’OrléansLe fort a été construit vers 1723 à l’embouchure de la Grand River (la Grande Rivière), Missouri, près de Brunswick, par Étienne de Veniard, sieur de Bourgmont. Il avait pour but d’être un quartier général sur le fleuve Missouri sur le tout récent territoire appelé Louisiane. Comme pour le site de La Nouvelle-Orléans, il fut nommé en l’honneur du duc d’Orléans.

Le fort St-Louis du Rocher – Sur la carte plus haut la Prairie du rocher est située à côté du fort de Chartres et il n’y a pas de fort St-Louis sur la rivière des Illinois. La butte appelée Le Rocher, a fourni une position avantageuse pour le fort au-dessus de la rivière des Illinois. Une palissade en bois a été la seule forme de défense que La Salle a utilisée dans la sécurisation du site... Les Iroquois ont forcé les colons, alors commandés par Henri de Tonti, à abandonner le fort en 1691. De Tonti réorganisa les colons à Fort Pimiteoui, aujourd’hui Peoria.

Sur cette carte de 1730 on voit le fort St-Louis appelé cy devant fort Crevecoeur.

Sur cette autre carte de 1705 il était nommé fort de Crevecoeur ou de la Salle. En aval de Kaockia sur le Mississipi il y avait le fort Sauvage et le fort Prudhomme. Le fort Miamis a été construit entre 1702 et 1715 par Jean-Baptiste Bissot de Vincennes. Il fut nommé Fort Miamis, comme l’avait été un autre fort (Fort Miami), construit au siècle précédent. Il était situé à l’emplacement de l’actuelle ville de Fort Wayne dans l’Indiana, près du village de Kekionga des Miamis.

Le fort Massiac En 1702, un premier fort fut édifié à l’embouchure de la rivière Ohio par le capitaine Charles Juchereau de Saint-Denis. En 1757 les Français construisirent un nouveau fort, situé au même endroit, le long de la rivière Ohio sur le territoire des Amérindiens illinois. Ce fort fut, tout d’abord, nommé Fort de l’Ascension. En 1759, il fut rebaptisé Fort Massiac en l’honneur de Claude Louis d’Espinchal, Marquis de Massiac, Ministre de la Marine du roi de France Louis XV. Je n’ai pas pu le situer sur une carte.

Le fort de ChartresLe fort de Chartres est un poste français érigé aux abords du Mississippi et un centre administratif de la région du Pays des Illinois. Il fut le siège de plusieurs gouverneurs du Pays des Illinois et de Haute-Louisiane. Il y a eu 3 forts construits à partir de 1718, les inondations du Mississipi posant problème. En 1747, la garnison se déplace vers le premier établissement de la région, 25 km plus au sud, à Kaskaskia, avant de chercher un meilleur emplacement de construction pour le fort. Une construction en pierre est envisagée au début des années 1730, après la faillite de la Compagnie des Indes et le retour de la Louisiane à la Couronne. Les deux options étaient un déplacement définitif à Kaskaskia (solution préférée par le gouverneur de La Nouvelle-Orléans), mais le chef du poste préférait le reconstruire près de l’emplacement originel.

Le fort KaskaskiaLe village de Kaskaskia a été fondé à l’embouchure de la rivière Kaskaskia comme un poste missionnaire des jésuites en 1703… Les colons francophones ont construit le fort Kaskaskia en 1759. Le fort se trouvait au sommet de la falaise qui observait le village de Kaskaskia. Le fort Kaskaskia n’est pas techniquement un fort, mais une redoute.

Le fort OuiatanonIl a été édifié en 1717 à la confluence de la rivière Wabash et de la rivière Tippecanoe dans le Pays des Illinois… Au cours du XVIIIe siècle le fort abritera jusqu’à 3 000 personnes et sera le point central de plusieurs villages des tribus Wea et Kickapous. En 1760, la défaite française entraîne l’éviction des troupes françaises du fort.

Le fort Vincennes – Situé sur la rivière Ouabache, il est nommé fort Anne ou Vincene sur la carte. En 1702, le lieutenant-général de Montréal, Sieur Juchereau, fonde un poste de traite pour le commerce de la peau de bison avec les Amérindiens. Le poste fut érigé 50 miles au sud de l’actuelle ville de Vincennes. Il était situé sur la Piste des bisons, lieu de migrations saisonnières des troupeaux de bisons entre la Réserve naturelle des chutes de l’Ohio sur la rivière Ohio et la rivière Wabash et le fort Vincennes construit en 1731. C’est M. Bissot de Vincennes qui éleva sur le bord de la rivière Wabash (Ouabache) le fort qui devait prendre son nom. Son fils François-Marie lui a succédé comme commandant mais il a été brûlé vif par les Chhicacas avec ses officiers en 1736. Le poste a ensuite péréclité.

Le fort Prud’hommeC’est est un ancien fortin français édifié au XVIIe siècle sur le fleuve Mississippi dans l’État actuel du Tennessee, par l’explorateur français Cavelier de La Salle, dont la localisation n’est pas connue avec certitude. Le Fort Prud’homme fut plus un poste de traite fortifié de hautes palissades en bois qu’un véritable fort militaire. La situation de cette petite fortification fut constamment menacée par les Chicachas.

Le fort de l’AssomptionIl a été construit en 1739 en Nouvelle-France sur le Mississippi par Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, gouverneur de la Louisiane française. Il est constitué de trois bastions, deux tournés vers le fleuve Mississippi et le troisième orienté vers l’intérieur des terres. Le fort accueillit une garnison de 1200 soldats à laquelle s’ajoutait un effectif de 2400 combattants Amérindiens. Il était situé près de la ville actuelle de Memphis, Tennessee.

Le fort Toulouse ou fort des Alibamons – Il a été construit en 1717 dans l’actuelle Alabama (Wetumpka) pour défendre la louisiane contre les colons anglais de Georgie et Caroline. La garnison faisait la traite des fourrures avec les indiens crees. Le fort a été cédé en 1763.

Fort Toulouse (reconstitution)

Le fort TombècheEn 1735, le gouverneur de la Louisiane française, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, ordonna la construction d’un nouveau fort pour défendre les frontières orientales de la Louisiane face aux incursions anglaises et protéger les Amérindiens de la Nation Choctaw qui étaient les alliés des Français face aux Chickasaw hostiles... Ce fort fut avant tout un poste de traite, fortifié de simples palissades en bois. Il devint un dépôt de fourrure lors des transactions entre les trappeurs et coureurs des bois français et les Choctaws. Il a été écacué en 1763. Sur cette carte on voit les forts de Toulouse (Alibamons) et de Tombèche. Sur la côte il y avait aussi le fort de la Mobile.

Le fort Cavagnial Le 8 août 1744, le trappeur et négociant français Joseph Deruisseau fait édifier un poste de traite fortifié au confluent des rivières Missouri et Kansas dont le lieu exact de l’emplacement est incertain, mais qui se trouve néanmoins dans le périmètre où se développa plus tard la ville de Kansas City. Le fort fut baptisé Cavagnial en l’honneur du gouverneur de la Louisiane française Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial. Il a été abandonné à la Conquête.

Lire: Gabriel Cerré au Pays des Illinois

Les forts de la Baie d’Hudson

Le fort des Abitibis – Des fouilles ont été menées au cours de l’été 1971 au lac Abitibi, près de l’embouchure de la rivière Duparquet. L’objectif principal de ces fouilles était de localiser l’emplacement du fort du chevalier de Troyes datant de 1686. Les fouilles ont permis de localiser le lieu où le Chevalier de Troyes a campé durant la construction du fort mais les évidences concernant le fort lui-même restent peu loquaces.

Le fort MonsonyC’était un poste de traite anglais de la Baie James qui est aujourd’hui Moose Factory en Ontario. En mars 1686, une expédition part de Montréal à bord de 35 canots en direction du fort Monsoni. La troupe est dirigée par le Chevalier de Troye ayant pour second Charles Lemoyne d’Iberville et son frère Jacques Lemoyne de Sainte-Hélène, forte d’une centaine d’hommes.

Le fort Kitchitchiouan – Situé un peu au nord du fort Monsony dans la baie James, il n’y a aucune information à son sujet sur internet avec cette orthographe. Il s’agit peut-être du fort Sainte-Anne de la carte suivante.

Le fort Saint-Louis L’expédition de la baie d’Hudson de 1686 est un conflit opposant la France et l’Angleterre dans la baie d’Hudson et qui a pour cause principale le contrôle du lucratif commerce des fourrures. Elle désigne une expédition menée par la Nouvelle-France contre les postes de traite de la compagnie de la baie d’Hudson dans la partie sud de la baie d’Hudson. Dirigée par Pierre de Troyes, sur ordre du gouverneur de la Nouvelle-France, l’expédition permet de capturer les postes de Moose Factory, Rupert House, Fort Albany ainsi que le Craven, navire de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le poste de Moose Factory avait alors été renommé Fort St-Louis.

Le fort Sainte AnneLe vieux Fort Albany fut établi en 1670 comme poste de traite par la Compagnie Baie d’Hudson. Il fut pris par les Français, et fut renommé Fort Sainte Anne en 1686. Il fut repris par les Anglais en 1693.

Le fort Saint-JacquesIl a été construit à l’embouchure de la rivière Rupert en 1668. C’était le premier poste de traite de la Compagnie Baie d’Hudson sous la direction de Médard Chouart des Groseilliers. Il fut appelé le Fort Charles et était le premier établissement d’Européens dans le nord du Canada. Le fort fut capturé par les Français en 1686, et fut sous leur contrôle jusqu’en 1713. C’est sous ce règne qu’il fut baptisé le fort Saint-Jacques. Sur cette carte il est nommé Fort de la rivière Rupert.

Congés de traite des fourrures

Le mémoire des messieurs de St-Sulpice contient aussi une liste des congés de traite pour chaque poste qui devraient être affermés aux commandants des postes pour financer le réseau des forts de la colonie. Le prix de ces congés semble avoir été estimé à 1.000 livres mais le document ne précise pas ce que ça comprenait. Mais il fait la liste des postes de traite en 1758.

Voici présentement l’état des congés établis en chaque poste.

Postes du Nord – Themiskamingues 5 congés; Michilimakinac avec ses dépendances, le lac Huron et ce qui en dépend, le commerce exclusif du fort, 20 congés; La Baye avec ses dépendances, savoir les Sacs, Renards, (???), Folle Avoine et (???), 20 congés; la mer d’ouest, ses dépendanceset les paskouyas, 20 congés; Chaouamigon, 16 congés; Kamanistigouya, 10 congés; Nepigon, 7 congés; Michipicotton, 4 congés; St-Joseph, 7 congés; la rivière des Illinois à commencer depuis Masanne(?) jusqu’au fleuve Mississipi, le Missouri, 20 congés.

Postes du Sud – Misiskouoy et tout le lac Champlain, où les abenaquis et iroquois vont en chasse, 3 congés; le lac des deux Montagnes, 6 congés; à la Présentation, 1 congé; les forts Frontenac, Toronteaux, Niagara, càd tout le long du lac Ontario, les 5 nations, si les négociants qui rempliraient ces congés voulaient y aller, 20 congés; le détroit, les portes de la belle rivière et dépendances jusqu’au fleuve Mississipi, 25 congés; aux Miamis, Tépiconnaud(?) ou coeur de Cerf, 6 congés; les Ouyatannas et leurs dépendances, 8 congés.

Total général 198 congés. On pourrait encore mettre 6 congés dans la partie de l’Acadie et peut-être même davantage, savoir à la rivière St-Jean mission du père Germain, à celle de M. Le Loutre.

Lire: Les négociants et les engagés de la traite des fourrures

Les postes de pêche des loups marins et vaches marines produisaient tous les ans quatorze et quinze cents barriques d’huile et de trois à quatre mille peaux de loups marins.

Carte du Québec

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