George-Edouard Desbarats et William Leggo ont été des précurseurs en publiant les premiers journaux illustrés de reproductions de photographies au Canada, The Canadian Illustrated News en anglais et L’Opinion Publique en français. Ils ont ensuite fondé The Daily Graphic à New-York, premier quotidien américain à présenter des illustrations photographiques.
Les premières illustrations dans les journaux datent des années 1830 avec la reproduction de gravures sur bois coûteuses à produire. Le journal français L’Illustration a publié en 1843 la première reproduction d’un daguerréotype mais le procédé était complexe, les reproductions de photographies étaient résevées à des publications luxueuses.
Le premier numéro du Canadian Illustrated News publié par l’éditeur George Édouard Desbarats est paru le 30 octobre 1869. Le 1er janvier 1870, il a publié l’hebdomadaire L’Opinion publique, diffusé principalement au Québec mettant l’accent sur les événements qui s’y déroulaient ou qui touchaient les Québécois. G. E. Desbarats avait acquis le droit d’utiliser l’invention de William Leggo, la leggotypie, une technique de similigravure qui permettait d’obtenir une gravure en demi-teintes à partir d’une photographie ou d’un dessin.
The Daily Graphic: An Illustrated Evening Newspaper est le premier journal américain qui comprenne des illustrations quotidiennes. Il a été fondé à New York en 1873 par les graveurs canadiens George-Édouard Desbarats et William Leggo. Sa publication démarre en mars de la même année et dure jusqu’au 23 septembre 1889. Enrichis par leurs succès dans l’imprimerie au Canada, Desbarats et Leggo installent leur siège à New York en 1873 pour y fonder ce journal.
Les illustrations publiées dans ces journaux documentent les actualités de cette époque de Progrès vers la Modernité. La Confédération canadienne date de 1867, l’Angleterre et la France bâtissaient leur empire colonial, les nouvelles inventions scientifiques fascinaient les lecteurs. J’ai selectionné en priorité des illustrations concernant l’histoire du Québec pour cette chronique.
1869
Le Canadian Illustrated News a publié son premier numéro hebdomadaire le 30 octobre 1869.
Sur la première page figurait la photographie du prince Arthur troisième fils de la reine Victoria prise par William Notman lors de sa venue à Montréal. La publication d’une photo dans un journal hebdomadaire était une nouveauté spectaculaire.
Depuis 1850 Jules Livernois puis William Notman et d’autres photographes avaient ouvert des studios photographiques à Québec, Montréal et dans le reste du Canada. L’éditeur leur achetait des clichés qu’il imprimait à grande échelle avec le procédé inventé par William Leggo. Cette photo de groupe prise par James Inglis est typique de cette époque où les photos de groupe étaient prises dans le studio du photographe.
Les photographies de Livernois, Notman, Inglis et plusieurs autres collaborateurs de ces journaux font aujourd’hui partie des collections de musées au Canada et aux États-Unis.
La ville de Montréal et le Québec étaient en pleine modernisation et j’ai sélectionné des illustrations montrant cette transformation. J’ai aussi choisi quelques illustations montrant l’actualité comme celle-ci d’un insurgé de la rivière Rouge au Manitoba, un métis sans doute. Certaines illustrations proviennent clairement de photos, d’autres semblent plutôt être imprimées à partir de dessins.
1870
Le 1er janvier 1870 le journal L’Opinion Publique a publié son premier numéro. Il était publié par le même imprimeur, c’était la version francophone du journal. De nombreuses illustrations étaient publiées dans les 2 journaux mais chacun avait sa spécificité.
Le Canadian Illustrated News a surtout documenté les nouvelles du Dominion du Canada en construction avec de nombreuses illustrations des autres provinces. Ce journal était plus volumineux et comprenait plus d’illustrations. L’Opinion Publique documentait l’actualité québécoise, les nouvelles européennes et surtout françaises. Les 2 journaux publiaient aussi des reproductions d’oeuvres d’art et des gravures religieuses. Ils racontaient les expéditions coloniales anglaises et françaises dans le monde avec des ilustrations exotiques montrant la vie dans les pays lointains. Il y avait aussi beaucoup de caricatures commentant la vie politique dessinées par des artistes comme Henri Julien. Celle-ci montre un abonné insomniaque de L’Opinion Publique contemplant son mur tapissé d’illustrations découpées dans son journal hebdomadaire.
J’ai indiqué (CI) pour Canadian Illustrated ou (OP) pour Opinion Publique quand une illustration n’avait été publiée que dans 1 des journaux, autrement elles ont été publiées dans les 2. Les gravures étaient dessinées par des artistes, elles n’étaient pas aussi réalistes que les photos mais permettaient d’illustrer des événements pris sur le vif. La photographie était encore un processus lourd bon pour prendre des portraits ou des paysages figés.
The Red river difficulty – Des gravures illustraient les articles d’actualité. Une première rébellion sur la rivière Rouge avait eu lieu de 1869 à 1870. Un gouvernement provisoire avait été établi par Louis Riel aboutissant à l’entrée de la province du Manitoba dans la Confédération canadienne. Ce portrait montre un Louis Riel jeune en costume traditionnel.
Certaines gravures sont tellement réalistes qu’on ne sait pas si elles sont tirées de photographies. D’autres comme cette vue des sources minérales de Varennes sont clairement des oeuvres d’imagination mais elles illustrent des pages d’histoire disparues.
Cette époque est celle des inventions scientifiques qui sont mises en valeur; le cinéma n’avait pas encore été inventé mais cette salle présentant des tableaux vivants ressemble étrangement à une salle de cinéma moderne.
Cette vue de l’église Notre-Dame de Montréal a été réalisée d’après une photographie Leggo & Cie; elle ressemble pourtant à une gravure. Le Canadian Illustrated paraissait le samedi, le numéro du 7 mai contient une dizaine d’illustrations; L’Opinion Publique paraissait le jeudi, le numéro du 12 mai ne contenait que 2 illustrations.
Le Canadian Illustrated indiquait plus systématiquement la provenance des illustrations, photographies ou dessins: from a photograph by Ferguson ou d’après un croquis de notre artiste spécial. Mais il n’y a parfois aucune indication comme dans cette vue de ruines après un incendie à Québec

Cette vue de la baie des Ha! Ha! sur le Saguenay a été prise par le studio Notman; le Musée McCord-Stewart a conservé une photographie très semblable dans ses collections. Le point de vue est le même mais les 2 bateaux de la photo ne sont pas dans la même position; soit il s’agit d’un autre cliché, soit les photos étaient retouchées pour leur publication.
Cette photographie de Québec à partir des tours de la cathédrale a été prise par le studio Livernois & Bienvenu.
Les illustrations sont décrites dans les pages du journal. Ces chutes situées à St-Jérôme avaient été nommées Labelle du vivant du curé Labelle alors qu’il était curé du village. Elles ont sans doute été aménagées par la suite pour y construire les moulins de la papeterie Rolland.
Les chutes Saunderson (Sanderson) situées à côté et mentionnées dans l’article sont bien documentées avec cette photo du curé Labelle mais je n’ai pas trouvé d’information sur les chutes Labelle.

Pendant l’année 1870 les 2 journaux ont publié de nombreuses illustrations de la campagne contre les Fenians dans l’ouest canadien montrant des paysages et des scènes exotiques de peuplements indiens. À partir du mois d’août la guerre entre la France et l’Allemagne a aussi été abondament illustrée, surtout dans L’Opinion Publique qui suivait de près la politique française. Les numéros du 24 et du 31 décembre du Canadian Illustrated faisaient 29 et 15 pages, ceux de L’Opinion Publique du 22 et du 29 faisaient 8 et 12 pages. Ce dernier contenait beaucoup moins d’illustrations et de publicités, il était certainement moins rentable.
1871
La vue de la citadelle de Québec en hiver a été imprimée à partir d’une photographie de Livernois & Bienvenu.
Le chasseur canadien d’après une photographie de Notman ne semble pas très naturel; il avait dû prendre la pose au studio.
Les portraits photographiques sont très nombreux, ceux de la plupart des politiciens canadiens et des autorités religieuses ont été publiés.
Le Canadian Illustrated News publiait de nombreuses illustrations d’événements sportifs et de champions canadiens.
Les photographies et les gravures documentent les nouveaux bâtiments comme la maison des douanes à Montréal ainsi que des paysages des villages du Québec.
Ces 2 photographies de Pierreville ne sont pas attribuées à un photographe mais elles sont d’une qualité supérieure pour cette époque.
Cette photographie d’un groupe de joueurs de lacrosse par Parks est beaucoup moins naturelle, certains visages semblent avoir été recollés.
Le Canadian Illustrated donne des précisions à propos des illustrations dans le texte du journal. Celle des chutes de la rivière Yamaska est tirée d’une photographie de H. W. Bunker à Cowansville. Celle du bloc Wink situé au coin des rues Bonaventure et McGill est tirée d’une photographie de Leggo & Cie.
1872
Le Canadian Illustrated montrait les églises protestantes prestigieuses construites au Canada et à Montréal. L’église St-George illustrée plus haut en 1871 se trouve sur la rue Sherbrooke et sert aujourd’hui d’annexe au Musée des Beaux-Arts. L’église St-Paul a été déménagée de la rue Dorchester au collège St-Laurent, l’église Knox a été démolie.
On trouve peu d’informations à leur sujet en français. The original St. Paul’s Church was a Presbyterian church located on Dorchester Street (now René-Lévesque Boulevard) in Montreal, built around 1867, but it was demolished in 1929 to make way for the new Canadian National Railways (CNR) Central Station. The building was saved by the Pères de Sainte-Croix, dismantled, and then reconstructed stone by stone on the grounds of Collège Saint-Laurent, where it now serves as the Musée des métiers d’art du Québec. The Knox Presbyterian Church, located at the corner of Dorchester and Metcalfe Streets, was demolished in 1923 to make way for the Sun Life Building’s expansion, which eventually stretched to Mansfield Street.
Les émeutes à Manitoba – Depuis quelque temps, nous n’avons même plus un seul journal pour rapporter les faits, Les établissements du Manitoba et du Métis ont été saccagés et détruits par la canaille. Trois journaux se trouvent par là suspendus. Le Manitoba Gazette qui se publiait au Métis à subi le sort de ses deux confrères. Il ne reste que le Liberal, feuille orangiste, fanatique, préchant la révolte aux autorités, et remplie des mensonges les plus impudents. De ce temps-cl, comme il est seul, il a beau jeu pour mentir, et aussi il s’en donne à cœur joie.
Le Canadian Illustrated présentait de nombreuses nouvelles inventions comme cette locomotive à chenilles pour tirer des charges sur les chemins ou simplement la chaise pliante ajustable. L’Opinion Publique n’en publiait pas.
1873
Pour célébrer l’année 1873 le Canadian Illustrated a publié le Portfolio Dominion Guide, un prospectus de 111 pages à la gloire du Dominion comprenant des informations pratiques sur le Canada et ses provinces, des publicités pour voyager en Angleterre, en Écosse et à travers l’Empire Britannique.
The Dominion guide contient aussi quelques pages très significatives. Montréal était devenu une ville anglophone capitale économique du Dominion. Ces illustrations veulent montrer le côté archaïque du Montréal francophone en 1806 alors que la rue Notre-Dame en 1873 était bordée de hauts édifices modernes et grouillait de trafic.
Les édifices médiévaux du couvent des soeurs grises et de l’église des Récollets avaient été démolis pour faire place à de beaux édifices modernes consacrés au commerce. The City Stores of 1873, afford a remarkable contrast to those of 1806. If we look on this picture, with its basement stores of modern Pharmacy, Canadian Express, and Masonic Insignia, and to the higher stories occupied by Insurance Agencies, Business Colleges, and various business Offices, we see that the Montreal style of the present day follows pretty closely on that of Liverpool, Manchester or Glasgow, and that capital is liberally and remuneratively laid out in Montreal in real estate and substantial buildings.
Il n’y a pas d’équivalent en français à ce prospectus typiquement anglais du Dominion triomphant. L’Opinion Publique n’a publié que cette illustration pour célébrer l’année 1873.
Les photographies des hommes politiques et des célébrités étaient très nombreuses, en voici quelques autres. Il y avait aussi chaque semaine des gravures montrant les dernières modes féminines.
1874
Nos gloires nationales en 1874: François-Xavier Garneau, Antoine-Norbert Morin, Sir Georges-Étienne Cartier, Colonel Charles de Salaberry, Mgr. Joseph-Octave Plessis, Vallières de St-Réal, Pierre-Louis Panet, Louis-Hypolite Lafontaine, Louis-Joseph Papineau.
La construction de nouvelles lignes de chemin de fer était en plein essor et prenait beaucoup de place dans les journaux: construction de gares, de ponts, catastophes ferroviaires.
En 1874 les journaux publiaient beaucoup moins d’illustrations à partir de photographies sauf les portraits. Les dessins ne sont pas toujours de très bonne qualité, une série de gravures illustrant l’envoi de la police montée au Manitoba est de qualité médiocre comme celle de ce métis transportant les bagages dans une charrette à boeufs.
Le Canadian Illustrated News documentait principalement l’actualité canadienne, la construction des bâtiments publics et commerciaux dans les villes nouvelles.

L’Opinion Publique montrait plus de scènes exotiques documentant la politique mondiale, en particulier la française. Le projet de la construction de l’église du Sacré-Coeur à Paris avait été adopté en expiation des horreurs de la guerre civile de 1871 et sa construction devait débuter. La gravure des buveurs de sang aux abattoirs de Paris illustrait sans doute la barbarie des français.
Les illustrations de naufrages, d’accidents ou d’incendies tragiques sont très nombreuses, les lecteurs étaient friands de faits divers. D’autres racontaient la vie des habitants de l’Afrique, de l’Asie et de partout dans le monde mais les préjugés étaient forts.
La frontière entre le reportage et la publicité était floue, de nombreuses illustrations ont certainement été fournies par les industriels et les commerçants pour montrer leurs installations modernes. Les cheminées d’usine crachant leur fumée noire étaient signe de prospérité.
Plusieurs casernes de pompiers à Montréal avaient été construites sur le même modèle.
1875
Au cours des premières années d’activité, le journal, sous la gouverne de Laurent-Olivier David, a des tendances nationalistes et libérales, ce qui est contraire aux accords initiaux de neutralité. Il quitte ainsi le journal à la fin de 1873 afin d’éliminer les ambiguïtés politiques. Oscar Dunn remplace Joseph-Alfred Mousseau. En 1875, à cause de problèmes financiers et par souci de conserver son lectorat, l’Opinion publique devient essentiellement un magazine culturel. Même si les sujets politiques ne sont plus guère abordés, les collaborations de l’abbé Casgrain, de Joseph Tassé, de Benjamin Sulte, de Louis Fréchette et surtout les dessins d’Henri Julien continuent à attirer les lecteurs.
De nombreuses caricatures satiriques documentent l’histoire politique. La police montée avait été envoyée au Manitoba pour pacifier les relations entre colons, métis et autochtones. Le face à face d’un militaire et d’un indien en arrière de la revue de ces soldats rappelle étrangement un face à face similaire dans la pinède d’Oka.
Une série de dessins de cette expédition intitulée Six months in the wilds of the north west a été publiée.
L’Hôtel Dieu de Montréal avait été construit à partir de 1860 sur l’avenue des Pins près du parc Jeanne-Mance; c’était un édifice de prestige illustré depuis la rue et depuis le Mont-Royal.
Les journaux utilisaient des illustrations venant d’Europe, reproductions d’oeuvres d’art, gravures de mode, beaucoup de scènes religieuses et de scènes édifiantes. Celle-ci de la malade et de son enfant est très réaliste.
La grande batterie de canons sur les remparts de Québec est toujours présente au même endroit en 2025.
The McGill normal school située sur la rue Belmont à Montréal et l’école Jacques Cartier localisée dans le château Ramezay formaient des enseignants pour les écoles protestantes et catholiques.
La nouvelle église baptiste construite au coin des Ste-Catherine et City Councilors semble avoir disparu et aurait été remplacée par l’église méthodiste St-James construite en 1889; je n’ai pas pu trouver d’information à son sujet.
L’affaire Guibord ou The Guibord unpleasantness en anglais a marqué l’époque. Joseph Guibord membre de l’Institut Canadien censuré par l’Église catholique est décédé en 1869 et les autorités religieuses ont interdit de l’enterrer dans le cimetière catholique de la Côte-des-Neiges. Après un procès sa famille a obtenu un jugement pour l’y faire enterrer le 2 septembre 1875 mais une émeute a empêché la cérémonie. Il a finalement été enterré le 16 novembre sous escorte policière et sa tombe a été coulée dans le ciment pour éviter toute profanation. Mgr Bourget évêque a ensuite tracé un périmètre autour de la tombe pour désacraliser le terrain.
1876
L’Opinion Publique a commencé à publier des feuilletons comme Vingt mille lieues sous les mers et autres romans de Jules Verne qui étaient abondament illustrés de gravures de mauvaise qualité. Le pont Royal-Albert n’a jamais été réalisé mais le même tracé a été choisi pour le pont Jacques-Cartier.
De nombreuses églises ont été construites à cette époque à Montréal et plusieurs n’existent plus comme celle-ci édifiée au coin des rues Saint-Urbain et Prince Arthur.
Pendant toute l’année 1876 de nombreuses gravures ont documenté l’exposition universelle grandiose de Philadelphie célébrant le centenaire des États-Unis d’Amérique.
Les canadiens venus en Angleterre pour un tournoi de lacrosse étaient déguisés en indiens peinturés en noir. De nombreux incendies à Québec, St-Jean, St-Hyacinthe, Montréal, Hull et ailleurs au Canada étaient illustrés par de grandes gravures qui ne montrent pas vraiment le tragique de la situation. Les catastophes à travers le monde étaient aussi illustrées par des dessins d’artistes.
Alors que Jean-Baptiste le québécois revenait triomphant de la foire de Philadelphie, madame Canada semblait dépitée. La légende de la caricature faisait dire à l’américain qu’il espérait que bientôt le Canada devienne le prochain état de l’Union; madame Canada lui répondait kindly but firmly: Never.
1877
Une série racontant l’histoire des hommes de 1837-1838 illustrée de leurs portraits a été publiée dans L’Opinion Publique.
Cette photographie par Livernois des membres du chapitre de Saint-Hyacinthe semble un peu artificielle. L’évêque a une grosse tête avec un petit corps comme si la photo avait été retouchée avec un logiciel.
1878
Le Canadian Illustrated a présenté des montages semblables illustrant plusieurs villes ontariennes et des provinces maritimes mais peu de villes québécoises. De nombreux édifices de prestige ont été construits dans ces années, le parlement d’Ottawa, celui de Québec, l’hôtel de ville de Montréal, l’hôtel Windsor, etc. C’est aussi l’époque de la construction de nombreuses lignes de chemin de fer, en particulier l’Intercolonial reliant Halifax à Rivière du Loup et Lévis.
Le pape Pie IX est décédé et son successeur Léon XIII a été élu, de nombreuses illustrations des obsèques et de l’élection ont été publiées.
1879
Les québécois aiment bien se moquer des français quand ils sont pris dans une tempête de neige. Pourtant autrefois, et encore quand j’étais enfant, les chutes de neige n’étaient pas rares. Cette composition d’après les dessins de M. Vierge me paraît très originale: Notre-Dame, le boulevard Montparnasse, le moulin de la Galette, les pigeons…
L’invention de la lumière électrique était en train de révolutionner la vie, cette vue du Champ de Mars est la première illustrant son utilisation lors d’un événement public. C’est par un soir d’automne 1878 que la lueur d’une «bougie électrique» — la lampe à arc de l’inventeur russe Paul Jablochkoff — jaillit pour la première fois dans les rues de Montréal (Histoire de l’électricité au Québec).
Le marquis de Lorne gouverneur général du Canada et la princesse Louise fille de la reine Victoria sont arrivés en poste en 1879 et de nombreuses fêtes ont été organisées en leur honneur. La ville de Rivière du Loup a changé son nom pour Louiseville en 1879 à l’annonce de leur visite mais ils n’y sont jamais venus.
La première exposition de la Puissance du Canada a été organisée à Ottawa en 1879; en 1880 elle aura lieu à Montréal. Il y en a aussi eu à Toronto, à Paris, en Australie, à Vienne et un peu partout dans le monde pour montrer les nouvelles industries et inventions de chaque pays.
1880
Plusieurs illustrations des 2 journaux ont été faites à partir des photograhies d’Alexander Henderson vers 1880. Certains de ses tirages se retrouvent aujourd’hui dans les collections de musées comme le musée McCord-Stewart, le musée des Beaux-Arts du Canada ou le musée Getty.

James George Parks a lui aussi pris de nombreuses photographies de Montréal et sa région, le musée Getty en a conservé 79 dans sa collection. Cette vue de la chapelle construite au sommet de la montagne de Beloeil (mont St-Hilaire) est accompagnée de 2 autres montrant la vallée du Richelieu. Ses photographies de la baie de Tadoussac et de Chicoutimi ne sont pas très spectaculaires mais ce sont des documents historiques.
Ces autres photos de Parks illustrent la nouvelle mode des vacances au bord de mer dans la baie des Ha! Ha!, à rivière du Loup et à Murray Bay (La Malbaie).
L’Opinion Publique a consacré une rubrique aux expressions incorrectes du parler québécois, les barbarismes, et des bonnes expressions françaises à employer. La liste est distrayante à parcourir: bol de toilette voir cuvette, coquerelle voir blatte, un dinde dire un dindon, etc.
1881
The Church of England french mission church and schools à Montréal avait été fondées pour essayer de convertir la population francophone catholique du Québec au protestantisme. Sur le fronton du bâtiment de droite on lit Écoles de la mission Sabrevois. Je n’ai pas pu localiser ces bâtiments.
1882
Il y a moins de photographies dans les 2 dernières années de publication des journaux. Celle-ci est attribuée à Alexander Henderson dans le Canadian Illustrated.
1883
La qualité des illustrations a été moins bonne pendant le reste de l’année 1883 dans les 2 journaux. Ils ont tous les 2 publié un avis dans la dernière semaine de décembre annonçant la suspension de leur publication qui n’a jamais repris.
Après avoir publié le journal pendant sept ans, les éditeurs l’ont cédé à un canadien-français de haute position avec l’espoir qu’il réuissirait à recevoir l’appui de ses compatriotes; mais, après un essai de deux ans, il trouve qu’il est impossible de le continuer.
Le message du Canadian Illustrated News mentionne que la publication n’était pas rentable, une partie des abonnés ne payaient pas leur dû. Le Canada n’avait sans doute pas encore une population suffisante pour rentabiliser une publication illustrée alors que le Daily Graphic était un succès à New-York.
Desbarats et Leggo apportent trois innovations majeures au monde de l’impression québécoise: la leggotypie, la photographie grenée et la photolithographie. Ces trois techniques ont été utilisées par le journal de 1869 à 1883. La leggotypie, utilisée dès le premier numéro, consiste à reproduire une image grâce à un négatif sur verre. Cette technique est surtout utilisée pour reproduire des images à fort contraste ou des dessins au trait, car elle reproduit mal les dégradés de couleur laissant sur la page bavures et contours flous. Malgré tout, cette technique permet de reproduire fidèlement des dessins sans avoir recours au graveur, permettant ainsi à Desbarats d’opérer sans une armée de graveurs dont la rémunération aurait plombé les profits de l’entreprise.