Catégorie: Histoire de Lanaudière
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Le village d’Industrie et son organisation municipale

La consultation des greffes des notaires permet de documenter la vie du village d’Industrie avant qu’il ne devienne une ville nommée Joliette en 1864. La plupart des étapes de son organisation en municipalité ont été enregistrés; on trouve dans ces actes notariés des informations très sérieuses et d’autres insolites. Le notaire Jean-Olivier Leblanc a commencé sa pratique à 22 ans au village d’Industrie, il a été le principal notaire de ces années de la naissance de la ville de Joliette.

Jean-Olivier Leblanc notaire à L’Industrie

Le premier et principal notaire du village d’Industrie venait d’une famille acadienne de meuniers. Jean-Olivier Leblanc était le fils de Jean-Édouard Leblanc et le petit-fils de Basile Leblanc meuniers pour les seigneurs de St-Sulpice dans leur moulin à farine de L’Achigan (L’Épiphanie).

Le 14 avril 1819 Edouard Leblanc demeurant à L’Achigan a engagé son fils Jean-Olivier âgé de 16 ans comme clerc de notaire dans l’étude de Barthélémy Joliette notaire à L’Assomption pour une période de 5 ans afin qu’il soit capable d’obtenir une commission de notaire à l’expiration du présent brevêt.

Cinq ans plus tard, le 30 mars 1824, Jean-Olivier Leblanc clerc de notaire avait donné pleine satisfaction à son employeur Barthélémy Joliette qui lui a vendu une maison avec écuries, remise, laiterie et autre bâtiments située à L’Assomption sur la rue St-Pierre au coin de la rue St-Jacques. B. Joliette et son épouse Charlotte de Lanaudière se réservaient l’usufruit de l’emplacement vendu pour une période de 3 ans; les moulins du village de L’Industrie venaient d’être construits en 1823-1824 et les seigneurs de Lavaltrie prévoyaient s’y installer prochainement dans leurs manoirs. En 1824 à l’âge de 22 ans Jean-Olivier Leblanc est donc devenu le premier notaire du village d’Industrie où il s’est installé. Il a revendu sa maison de l’Assomption le 29 mars 1826 à Jean-Baptiste Meilleur, chirurgien à L’Assomption.

Guide des toponymes de Joliette

Le 19 octobre 1824 Jean-Olivier Leblanc a épousé Julie Rondeau au bourg de L’Assomption; parmi les signataires on remarque les noms de son père Jean-Edouard, de plusieurs marchands importants de L’Assomption, de Peter-Charles Loedel, Barthélémy Joliette, Antoinette, Charlotte et Véronique Delanaudière.

La naissance du village d’Industrie en 1823

En 1823 les seigneurs de Lavaltrie ont fait construire un ensemble de moulins modernes sur la rivière de l’Assomption à l’emplacement de ce qui est devenu la ville de Joliette actuelle.

Lire: Construction des moulins de l’Industrie.

Le 2 juin 1824 Jean-Olivier Leblanc notaire résidant au bourg de L’Assomption a rédigé son premier acte, une vente de parcelles de terrains aux seigneurs de Lavaltrie, Pierre-Paul DeLanaudière, Barthélémy Joliette et Peter Charles Loedel pour la construction d’un chemin de ligne entre le village d’Industrie et la rivière Rouge; on peut supposer qu’il s’agit du chemin St-Jacques actuel. Les vendeurs étaient Louis Mandeville père, Marcelle Gravelle, Basile Ayet dit Malô père, Basile Ayet dit Malô fils et André Christin dit St-Amour père, tous cultivateurs en la paroisse de S-Paul.

En 1824 Barthélémy Joliette a fait construire un bâtiment dans le village d’Industrie paroisse de St-Paul. Le 11 novembre il a conclu un marché avec François Panneton pour la maçonnerie, le devis mentionne un four pour cuire 50 pains. Le 7 décembre un autre marché a été conclu avec François Papin pour la menuiserie. Le devis montre bien qu’il s’agissait d’un magasin et d’un bureau pour la gestion de la seigneurie. Le magasin devait être pareil à celui d’Amable Archambault marchand à L’Assomption.

Le 9 décembre 1825 Pierre-Paul deLanaudière, Barthélémy Joliette et Peter-Charles Loedel ont signé un accord pour retirer et recevoir les cens et rentes et lots et ventes de la dite seigneurie de Lavaltrie et rente foncière des dits lots du Township de Kildare en la maison du dit Barthélémy Joliette située au village d’Industrie…

Le notaire J.-O. Leblanc a déménagé au village d’Industrie en 1825, sans doute dans cette maison. Il a ensuite rédigé la plupart des actes notariés concernant la vie dans le village, contrats de mariage, testaments, ventes de terrains, etc. Les actes les plus importants concernaient la concession des terres de la seigneurie de Lavaltrie. Le 16 juin 1824 les seigneurs de Lavaltrie ont conclu un bail à cens avec Paul Guilbault pour la terre N°462 du terrier siuée au nord de la rivière Ouareau, c’est la première d’une longue liste de terres concédées enregistrées dans le greffe du notaire Leblanc.

Le même jour 16 juin 1824 Barthélémy Joliette a concédé à Basile Etier cultivateur de l’Assomption le quart du 7ème lot du 1er rang du township de Kildare pour la somme de 300 livres plus un loyer de 2 pintes de blé de froment et 2 sols argent tournois par chaque arpent de superficie chaque année. Les lots du canton de Kildare appartenaient en propre à chacun des seigneurs; Pierre-Paul de Lanaudière et Peter-Charles Loedel en possédaient eux aussi et les condition de leur concession est un peu différente de celle des lots de la seigneurie. Le 30 juin B. joliette a concédé à François Régis Riendeau père la moitié du 7ème lot du 1er rang du township de Kildare. Le 14 juillet les seigneurs de Lavaltrie ont conclu un bail avec Bazile Portelance fils cultivateur de St-Paul pour la terre N°515 de la seigneurie de Lavaltrie. Les actes de concession et les baux se poursuivent ensuite régulièrement dans la seigneurie et le township.

En 1826 Barthélémy Joliette et Peter-Charles Loedel seigneurs de Lavaltrie se sont fait construire chacun leur manoir: Les deux manoirs du village d’Industrie en 1826

Les syndics pour les cours d’eau du village d’Industrie

Il n’y avait pas encore de municipalité organisée et plusieurs actes notariés documentent les travaux qui devaient être faits par les habitants du village pour améliorer le drainage des cours d’eau et le creusage des fossés.

24 octobre 1831 – Procès-verbal qui établit et règle les cours d’eaux du village d’Industrie de St-Paul.

Joseph Han dit Chaussé et Antoine Vaine inspecteurs des clôtures et fossés de la paroisse de St-Paul ont déclaré qu’ils avaient été requis par Barthélémy Joliette d’établir et régler les cours d’eaux nécessaires dans le village d’Industrie. Ils ont donc donné avis public verbalement à la porte de l’église de St-Paul le 16 et le 23 octobre à l’issu du service divin aux intéressés de se trouver ce jourd’hui à 9 heure du matin pour être présents à la visite des inspecteurs.

Cette carte montre les premières rues du village d’Industrie:

Les interressés ont pris les décisions suivantes:

Que Barthélémy Joliette fera un fossé de travers sur la terre qu’il a acquis des héritiers Panet, et ce dans la seconde baissière qui se trouve au dessus du chemin du Roi, à environ 150 pieds du tres-quarré de l’emplacement de Charles Desmarais lequel…

(Baissière: partie basse d’un champ qui retient l’eau, merci Yves)

… fossé arrivant à la ligne qui sépare la dite terre d’avec le domaine, sera fait et continué dans la dite baissière par Benjamin Abbot sur toute la largeur de son terrain jusqu’à ce qu’il arrive à l’emplacement de Jean-Baptiste Prud’homme…

Le fossé devait continuer jusqu’à chez François Panneton puis Joachim Laporte dit St-Georges puis un autre emplacement appartenant à Benjamin Abbot pour arriver à 30 pieds de la rue St-Pierre. Il devait ensuite continuer sur 30 pieds le long de la grande rue du Moulin et suivre la rue St-Pierre pour 50 pieds le long d’un emplacement appartenant à B. Abbot puis traverser la rue St-Pierre pour arriver à l’emplacement de Jean-Baptiste Desmarais fils…

Le fossé devait se prolonger chez Angélique Arboure puis en travers de l’emplacement de Pierre Larivière en suivant un cours d’eau naturel jusqu’à sa ligne avec Jean Edouard Lehoullier en suivant le cours d’eau naturel jusqu’à une raveline coupant la rue St-Antoine pour finalement se décharger dans la rivière de L’Assomption.

Les propriétaires d’emplacements au sud de la grande rue du Moulin depuis et compris Frs Deschaine jusqu’à la rue St-Barthélémi feront chacun sur le front de leur terrain un fossé qui rendu à la dite rue St-Barthélémy traversera la grande rue du Moulin pour arriver dans le coin le plus bas de l’emplacement de Louis Etier…

Le fossé devait continuer jusqu’à la ligne de l’emplacement de Pierre Papillon père puis le milieu de la ligne de Louis Duchaine qui avec Louis Desislets et Jean-Baptiste Desmaraits père continueront les dits fossés jusqu’à la rue St-Pierre jusqu’à la rue du Moulin et fera une équerre pour se décharger dans le premier cours d’eau désigné en ces présentes.

Louis Peltier père, Benjamin Abbot, Barthélémy Joliette et P. C. Loedel feront chacun suivant la largeur de leurs terrains un fossé qui suivra le pied du côteau jusqu’à la grande rue du Moulin

Le fossé devait continuer par la rue St-Charles chez François Papin, Jean-Baptiste Prud’homme, Joseph Laporte dit St-George jusqu’à la rue St-Pierre chez Jean Edouard Lehoullier et la rue St-Antoine et la raveline se déchargeant dans la rivière de L’Assomption.

Tous les fossés mentionnés au présent auront trois pieds de largeur et creusés autant qu’il sera nécessaire pour égouter tous les dits emplacements et rues; les terres provenantes des dits fossés seront jetées à trois pieds du bord et bien étendues.

Vu que tous les cours d’eau mentionnés dans le présent procès-verbal se déchargent dans la grande raveline qui coupe la rue St-Antoine; en conséquence tous les intéressés mentionnés au présent procès-verbal feront et entretiendront un pont sur la dite raveline dans le milieu de la dite rue St-Antoine pour couvrir leurs eaux; lequel pont aura dix huit pieds de largeur et sera fait en bonne charpentesolide avec garde corps de bon bois suivant la loi des chemins.

Quand aux différentes ouvertures et canaux qui seront nécessaires de faire dans les rues pour traverser les cours d’eaux mentionnés… les travaux seront faits par ceux qui y passeront l’eau de leur terrain. Bien entendu que les fossés le long des rues seront boisés et couverts.

Tous les travaux mentionnés en ces présentes seront faits et entretenus à perpétuité…

Benjamin Abbot et François Panneton ont été choisis et nommés syndics pour faire exécuter et entretenir les travaux mentionnés au procès-verbal.

Il est intéressant de noter qu’une note a été ajoutée à cet acte notarié 22 ans plus tard pour déclarer qu’il n’était pas valide légalement:

19 octobre 1853 – Avenant ajouté par Edward Scallon juge de paix

Ce procès-verbal m’étant présenté aujourd’hui le 19 octobre 1853 pour être homologué je l’ai rejetté et le rejette attendu qu’il est informe, illégale et de nul effet, n’étant pas fait par les fromalités voulues par la loi.

St-Charles Borromée – Edward Scallon J. P. (juge de paix)

17 juillet 1837 – Nouvelle élection de syndics pour les cours d’eau du village d’Industrie

François Papin et Étienne Partenais ont été élus en remplacement de Benjamin Abbot et François Panneton.

18 mai 1839 – Nouvel élection d’un syndic pour les cours d’eau du village d’Industrie

Joseph Narcisse Barbier a été élu en remplacement de Etienne Partenais. Les syndics chargés d’entretenir les fossés et d’exécuter des travaux étaient élus par les intéressés, il y en avait pour chaque secteur de la seigneurie.

5 août 1839 – Procès-verbal d’un cours d’eau sur diverses places dans le village d’Industrie

Les fossés et les ponts devaient être entretenus et améliorés régulièrement pour assainir le village, les seigneurs de Lavaltrie devaient participer aux travaux comme les autres…

5 mai 1843 – Nouvelle élection Henry Hall et Severin Ferland ont été élus syndics.

Les baux et concessions du village d’Industrie

Suzanne-Antoinette Margane de Lavaltrie épouse de feu Charles Gaspard Tarieu de Lanaudière et seigneuresse de Lavaltrie est décédée le 22 avril 1822. Les héritiers de la seigneurie, Pierre Paul de Lanaudière, Barthélémy Joliette et Peter-Charles Loedel, ont aussitôt commencé à réclamer les droits seigneuriaux qui avaient été négligés; ils ont créé un nouveau domaine seigneurial sur la rivière de l’Assomption, le village d’Industrie, qui est ensuite devenu la ville de Joliette.

Le 3 juillet 1822 Toussaint Prudhomme cultivateur de St-Paul a reconnu leur devoir 1.093 livres pour arrérage de cens, rentes, lots et ventes. Le 14 décembre Pierre Desmaraitz cultivateur à St-Paul leur a remis une terre concédée verbalement et dont il n’avait jamais eu le titre légal. Le 21 décembre Louis Laporte dit St-Georges a cédé une terre pour arrérages tout comme François Beaudouin. Le 20 janvier 1823 François Léonard dit Mondor leur a échangé sa terre, la moitié du lot 309 du livre terrier contre le 311. Le 21 février François Corbeille a cédé le lot 327 pour un arrérage de 357 livres. Le 11 mars Louis Beaudouin a cèdé une terre pour la même raison, le 14 mars c’était au tour de François Munier de Ste-Rose.

Le notaire J.-O. Leblanc a rédigé de nombreux actes pour les baux des emplacements du nouveau village; les transactions se faisaient traditionnellement le 11 novembre jour de la Saint-Martin. Le 11 novembre 1824 bail à cens par Messieurs les seigneurs de Lavaltrie à Jean-Baptiste Gibault marchand du village pour l’emplacement N°13 de la contenance d’un demi arpent de front par un arpent de profondeur borné par devant par la rue du Moulin d’Industrie et par derrière par la rue St-Paul.

Les emplacements étaient concédés selon les mêmes conditions que les terres des seigneuries. Le censitaire devait faire moudre son grain au moulin seigneurial, tenir feu et ieu dans un délai d’un an, payer le 11 novembre de chaque année 6 deniers par toise en superficie de cens et rente, entretenir les clôtures, les rues et les fossés bordant son emplacement. Le censitaire n’avait pas le droit de construire de moulin mais les seigneurs se réservaient le droit de reprendre le terrain ou une partie pour construire leurs moulins.

Le même jour les seigneurs ont accordé un bail à Jean-Baptiste Prud’homme fils forgeron pour le N°12, à Jacques Cochu cultivateur pour le N°19, à Jean-Baptiste Desmaraits fils aubergiste pour le N°18, à François Archambault marchand pour le N°10, à Louis Peltier fils et Ovide Peltier menuisiers pour le N°8, à Pierre Chalut fils cultivateur pour le N°14.

Pendant l’année 1825 les seigneurs de Lavaltrie ont concédé de nombreuses terres dans la seigneurie puis le 11 novembre ils ont conclu une nouvelle série de baux à cens pour des emplacements dans le village d’Industrie: à Joseph Lepage menuisier pour le N°71 sur la rue St-Barthélémi au coin de St-Antoine, à Jean-Baptiste père cultivateur pour le N°70, à Pierre Larivière tanneur pour le N°63, à François Papin menuisier de St-Sulpice pour le N°11, à Thomas Brien dit Desrochers cultivateur pour le N°61, à Joseph Desislets dit Manseau cultivateur de St-Paul pour le N°26, à Jean-Baptiste Beaudouin fils cultivateur pour le N°58, à François Miville dit Deschenes pour le N°56, à François Dulong meunier pour le N°51. Il s’agit peut-être du premier meunier du moulin à farine de L’Industrie!

Toujours le 11 novembre 1825, bail à cens à Pierre Lorion forgeron de St-Henry de Mascouche pour le N°29, à Pierre Papillon père cultivateur pour le N°25, à Pierre Coucy dit Lafleur cultivateur pour le N°23, à Joseph Chébroux dit Latendresse pour le N°59, à François Papin menuisier de St-Sulpice un second emplacement N°49 voisin du N°11, à Louis Desislets père cultivateur pour le N°21 et à Louis Beaudry cultivateur pour le N°20.

En 1826 je n’ai trouvé qu’un seul bail à cens conclu le 11 novembre avec François Ducharme maçon pour le N°16. Le 3 avril 1827 Jacques Cochut et son épouse ont revendu leur emplacement N°19 à Edouard Dulong scieur et frère de François Dulong meunier; Edouard a revendu son emplacement le 21 janvier 1829 à Jean-Baptiste Desmaraits fils. François Dulong a revendu le sien à Barthélémy Joliette le 5 septembre 1830 pour déménager à L’Achigan; il est devenu meunier au moulin du seigneur St-Ours à L’Achigan.

Le 8 juillet 1833 Émilie Leblanc, 23 ans, soeur du notaire J.O. Leblanc, a été déclarée incapable d’administrer ses biens pour cause de démence. Jean-Olivier qui en avait la responsabilité a remis sa curatelle à François Dulong son beau-frère qui avait déménagé à L’Achigan. Son frère Séraphin Leblanc maître-meunier avait déposé la requête; il était lui aussi le fils de Jean-Édouard Leblanc et le petit-fils de Basile Leblanc meuniers pour les seigneurs de St-Sulpice à L’Achigan (L’Épiphanie).

L’octroi des baux permet de suivre l’évolution de la construction des rues du village.

L’aveu et dénombrement de la seigneurie de Lavaltrie rédigé en 1829 fait la liste des emplacements du village mais les numéros de lots ne correspondent pas à ceux des actes notariés.

Le 10 mai 1832 bail à cens à Gabrielle Berthelot maçon d’un emplacement non précisé (entre la rue St-Pierre et la rue St-Charles), à Louis Beaudry journalier (rue St-Barthélémy), à Narcisse Tourangeau meunier (rue St-Pierre), à Louis Martel père journalier (rue St-Barthélémy), à Edouard Lehoullier marchand (rue St-Pierre), à Jean-Baptiste Flamand père journalier (rue St-Barthélémy), à Antoine Lacombe cultivateur (rue St-Barthélémy) et à Joseph Laporte dit St-George journalier (rue St-Pierre). Le 1er juin 1832 bail à cens à Jacques Cochu journalier (rue du Moulin), le 1er août à Charles Desmarais cultivateur pour le N°9, le 24 avril 1833 à Pierre Lorion forgeron pour le N°30.

Dans le recensement de 1831 il n’y a que la Grande Rue et la rue St-Barthélémy qui ont été notées:

De nouvelles rues apparaissent peu à peu dans les contrats, St-Antoine, Ste-Angélique… Le 11 novembre 1836 octroi d’un bail à cens à Pierre Lorion forgeron (rue St-Angélique), à Ovide Peltier menuisier (rue St-Antoine), à François Pichereau dit Vincent journalier (rue St-Antoine), le 14 juin 1837 à François Beaudouin fils (rue St-Barthélémy), le 11 novembre 1837 à Jean-Baptiste Mandeville journalier (rue St-Pierre).

Le 4 mars 1837 B. Joliette et P.-C. Loedel ont vendu et concédé un emplacement au marchand James Stansfeld selon des modalités différentes. L’emplacement borné par devant par la grande rue du Moulin de St-Paul, par derrière à François Dupuis, tenant d’un côté au chemin de Kildare, d’autre côté à Benjamin Beaupré comme acquéreur de l’emplacement de Benjamin Abbot, bâti d’une maison en pierre, lui a été vendu pour la somme de 250 livres.

Les emplacements étaient parfois concédés puis revendus selon les améliorations faites; Jacques Cochu par exemple s’est fait concéder plusieurs emplacements successivement.

Le 11 novembre 1838 bail à cens à Jacques Cochû journalier (rue du Moulin), à François Beaudouin fils chaumier (rue du Moulin), à Paul Jetté fils journalier (rue St-Barthélémy), à Joseph Desroches fils mineur de Jacques (rue St-Barthélémy), à Régis Martineau journalier (rue St-Antoine), à Marie Vaillancour fille majeure (rue St-Barthélémy), à Charles Jebroux dit Latendresse cultivateur (rue St-Antoine), à Joachim Ayet dit Malo journalier (rue du Moulin), à Gonzague Boulé dit Dalphons journalier (rue du Moulin) et à François Mandeville journalier (rue du Moulin). Le 12 novembre 1839 bail à cens à Alexandre Lambert maître d’école de l’emplacement N°7 (rue de Kildare), le 11 novembre 1841 à Pierre Desmarais journalier le N°118.

Le 21 janvier 1840 Barthélémy Joliette a cédé à Edouard Scallen (Edward Scallon) faisant commerce de bois demeurant au village d’Industrie deux emplacements, dont un construit de maison et autres bâtiments, bornés par le chemin du Roi, par derrière et d’un côté par B. Joliette et de l’autre par Alexander Lambert, sur lequel 2ème emplacement était construit une distillerie et autres petits bâtiments. E. Scallon avait le droit de faire et entretenir un canal suffisant pour procurer de l’eau pour l’usage de la distillerie. Le contrat stipulait les conditions de la gérance de la distillerie devenue la propriété d’E. Scallon, distillerie qui a brûlé peu après et n’a pas été reconstruite.

L’église du village a été construite en 1842-1843 sur une terre appartenant à Barthlémy Joliette; la rue de l’Église lui appartenait, les emplacements y ont été vendus et non pas concédés.

Première église de Joliette

Le 12 novembre 1841 vente par Barthélémy Joliette d’emplacements sur la nouvelle rue de l’Église: à Paul Rivet cultivateur de l’emplacement N°170, à Prosper Champoux menuisier des N°168 et 169, à Jean-Baptiste Boucher dit Desroches tailleur du N°167, à Paul Guilbault cultivateur du N°166, à Louis Parant père forgeron du N°165, à Charles Panneton écrivain du N°161, à Henry Hall médecin du N°162 et 163 et à Jean-Baptiste Desmarais huissier du N°164.

Le 31 décembre 1841 bail à cens par les seigneurs de Lavaltrie à Charles H. Panneton marchand sur la rue du Moulin, le 11 novembre 1843 à François Martineau journalier du N°68, à Pierre Desserre cultivateur du N°61, le 15 juin 1844 concession à Thomas Marcille journalier du N°142 (rue Gaspard), le 20 août à Jean-Baptiste Mandeville du N°55, le 25 novembre à Prosper Champoux menuisier du N°73 (chemin du Roi).

Les concessions ont continué jusqu’en 1854 lors de l’abolition du régime seigneurial…

Le recensement de 1842 de St-Charles du Village d’Industrie

Le recensement de 1842 permet de connaître les noms et les métiers des premiers habitants de la ville de Joliette qui s’appelait alors St-Charles du Village d’Industrie. On peut le consulter sur le site de Bibliothèque et Archives Canada. Moins de 20 ans après sa fondation vers 1823 il y avait déjà plus de 1000 habitants dans le village, une croissance très rapide. La population était presque exclusivement canadienne française et catholique, elle comprenait:

1 notaire et 1 médecin (les seigneurs Joliette et Loedel), 1 commerçant de bois (E. Scallon), 1 instituteur, 1 cardeur, 1 fabriceur d’orloge (J.B. Twiss), 1 tanneur, 1 ferblantier, 1 chaumier, 2 boulangers, 2 négociants, 2 huissiers, 2 sieurs, 2 bourgeoises, 2 tonneliers, 3 meuniers, 4 forgerons, 4 cordonniers, 5 marchands, 5 charpentiers, 6 maçons, 6 chartiers, 13 menuisiers, 64 cultivateurs et 61 journailliers.

Première page du recensement de 1842

Lire: St-Charles du Village d’Industrie en 1842

Contrat de peinture de l’église et du presbytère

Je n’ai pas trouvé le contrat de construction de l’église du village en 1842. Le 5 avril 1843 Barthélémy Joliette a engagé Pierre Guyon dit Lemoine Maître Peintre de Montréal pour la finition de l’église du village d’Industrie construite en 1842. B. Joliette avait fait construire l’église à ses frais mais je n’ai pas retrouvé le marché de construction. Il a donné l’église à la paroisse en février 1850 juste avant de décéder.

L'ancienne église de Joliette
Archives des Clercs de St-Viateur

Le 16 août 1852 Messire Antoine Manseau Grand Vicaire curé de St-Charles Borromée devenu propriétaire de l’église, a conclu un marché avec Prosper Champoux entrepreneur menuisier pour la construction de jubés en-dessous des jubés déjà existants: Marché de construction des jubés. L’église était déjà trop petite.

L’entretien du pont des Dalles

Le pont des Dalles a longtemps été le seul pont permettant de traverser la rivière de l’Assomption dans le village. Je n’ai pas trouvé sa date de construction qui doit dater de peu après 1823 lors de la fondation du village. Les crues de printemps endommageaient régulièrement les ponts de bois qui n’étaient pas aussi solides qu’aujourd’hui et il fallait les reconstruire. Les frais de son entretien étaient répartis entre les habitants du village en fonction de l’évaluation de leur propriété.

24 octobre 1848 – Acte de répartition du pont des Dalles de la paroisse St-Charles Borromée

L’entretien des chemins et des ponts était organisé par le voyer et les sous-voyers. En 1848 les sieurs Ambroise Gravelle, François Pelland inspecteurs de la paroisse de St-Charles-Borromée et Agapite Pelletier, Marion Lebeau, Joseph Sibert dit Bélaire, Louis Miron, Paul Marion et Antoine Ratel, sous-voyers de la dite paroisse avaient fait réparer le pont des Dalles pour la somme de 10 livres 5 chelins, somme qui devait être répartie entre les propriétaires chargés de l’entretien de ce pont selon l’ordonnance qui répartissait aussi les coûts des écoles.

Laquelle dite somme serait payable par tous les propriétaires et possesseurs de terres et emplacements situés dans la dite paroisse de St-Charles Borromée comme étant chargés de l’entretien du dit pont suivant une ordonnance rendue par le conseil municipal de la dite paroisse en date du 25 septembre 1845…

En 1850 il a de nouveau fallu reconstruire le pont des Dalles à neuf. Charles Gougé et Joseph Bonin, inspecteurs des Chemins et Ponts, ont engagé Joseph Myé père menuisier.

14 janvier 1850 – Marché de réparation du pont des Dalles

Le 9 février 1850 – Acte de répartition pour le pont des Dalles sur la rivière de l’Assomption

Charles Gougé maître scieur et Joseph Bonin cultivateur, inspecteurs des chemins et ponts de la paroisse St-Charles Borromée, et Hercule Masse, Célestin Lachance, Xavier Desroches, François Xavier Guilbault, Jean-Baptiste Forget et Benjamin Rivet, tous cultivateurs et formant la majorité des sous-voyers de la dite paroisse… ont procédé à la répartition de la somme de 115 livres nécessaire à la réparation du pont à raison de un sol et demi et un huitième pour chaque livre d’évaluation.

Le siège de la municipalité du district de Berthier

Les contrats précédents font mention d’une ordonnance rendue par la municipalité. Il ne s’agit pas encore de la municipalité de St-Charles Borromée ou de Joliette mais de la municipalité du district de Berthier, le premier essai d’organisation municipale. Le 31 décembre 1841 Barthélémy Joliette a conclu un marché avec Alexis Desmarais et Médard Beaudouin maîtres menuisiers pour les travaux à faire à la maison d’Olivier Drolet dans la paroisse de Ste-Elizabeth de Dautray qui avait été louée le 27 décembre pour y établir le siège de la municipalité du district de Berthier.

L’Honorable Barthélémy Joliette avait le titre de Gardien du dit district.

Contruction du marché Bonsecours

En 1851 les commerçants de L’Industrie ont formé un syndic pour la construction d’un nouveau marché. Le premier marché construit en 1837 se trouvait près de la rue du Canal et du moulin dans un lieu souvent inondé, il fallait le déménager.

Plan du village d’Industrie en 1850

Les commerçants du village ont formé une coopérative et ils ont élu des syndics qui ont choisi un nouveau site. La municipalité de Berthier N°2 et son maire William Berczy ont dû régler la chicane qui a eu lieu à propos de son emplacement qui ne convenait pas au curé Manseau.

La Société du Marché neuf de l’Industrie fondée le 21 mars 1851 comportait 300 parts à 10 chelins chacune pour un capital de 150 livres, elles ont été prises par 47 habitants du village d’Industrie et 16 des alentours. Le 31 janvier 1852 pour régler la chicane de l’emplacement du marché une sommation a été signifiée par les syndics du marché de l’église à la municipalité de Berthier N°2. Toutes les résolutions adoptées au conseil de la municipalité à son propos sont récapitulées. Le maire était alors William Berczy et les séances du conseil avaient lieu chez des particuliers du village d’Industrie.

Lire: La construction du marché Bonsecours de L’Industrie

Les commerces étaient de plus en plus nombreux au village et il fallait les organiser. Le 29 octobre 1851 les marchands du village d’Industrie se sont réunis chez le notaire Leblanc pour signer une convention pour vendre les marchandises sèches à la verge seulement et non pas à l’aune par des motifs honnêtes pour rétablir l’ordre. Voici la liste des marchands qui ont signé: Edouard Scallon, James Crane, Léandre Frechet, Fabien Michaux, Charles-Héliodore Panneton, Pierre Boisseau, Pierre Rivard, Joseph Myé, François Bonin dit Dufresne, Joachim Deguire dit Flamand, Martin Gravelle, Charles Botquin dit St-André, Antoine Langlois dit Lachapelle, Jérôme Mireau, John Bryan et Théodore Pataille.

Contrat de déneigement du village

Au Québec l’entretien des chemins en hiver est important pour que les communications continuent à se faire malgré la neige et la glace. Le contrat de déneigement octroyé à Joseph Myé en 1853 décrit les rues du village.

Fut présent Joseph Myé père, menuisier, demeurant à St-Charles Borromée, lequel s’est par ces présentes soumis et obligé; et comme par icelles il s’oblige d’entretenir toutes les rues latérales et transversales dans le village d’Industrie depuis et compris la grande rue St-Ignace jusques et compris la rue St-Antoine à continuer jusqu’au chemin de fer de Rawdon, toutes lesquelles rues tant latérales que transversales, comprises celle qui va au moulin de Ours Trudeau et celle qui conduit au pont des Dalles ainsi que la rue qui passe au côté de chez Crane jusqu’à la rivière et celle qui conduit au pont du chemin de fer; sera tenu le dit entrepreneur de faire une virée devant le grand Mouln comme afin d’entretenir de même que les autres rues, celles qui passent de chaque côté du marché Bonsecours, toutes lesquelles rues latérales et transversales seront entretenues de douze pieds de large et de manière à ce qu’il n’y ait ni pentes ni cahots, toutes les grandes rues seront entretenues jusqu’aux dernières maisons du dit village, et les rues transversales se borneront à celle qui passe à côté de la maison de Charles Botquin dit St-André et qui prend de la rue Bonsecours; bien entendu que ces présentes auront leur force et vertu tant qu’il y aura de la neige dans les dites rues pour y entretenir les voitures d’hyver. Et il est convenu entre le dit entrepreneur et le sieur Charles Guilbault inspecteur des Chemins et Ponts de la paroisse St-Charles à ce présent et acceptant les travaux ci dessus…

Le contrat de déneigement du village d’Industrie en 1853 a coûté 5 livres 7 chelins et 8 deniers.

4 janvier 1853

Le développement du village d’Industrie à partir de 1850

Juste avant de mourir Barthélémy Joliette a fait donation, avec son épouse, des terres de l’église et du collège qu’ils avaient fait construire à leurs frais sur leurs propriétés.

Lire: Les donations des époux Joliette en 1850

Le premier noyau d’agglomération se constitua autour du moulin. Le premier village ne dépassait pas la rue Notre-Dame. Barthélémy Joliette fit construire l’église et le collège aux limites du village (rue Saint-Charles). En plus de répondre à des services indispensables, il plantait un second pôle de peuplement, qui alait déplacer le centre du village et amener un important développement urbain. L’église, le presbytère et le Collège provoqueront un déplacement de la population vers le nord, sur la rue Saint-Charles (Chemin de Kildare).

Dans la suite, le lotissement de la terre de l’église et de la terre du Collège allait entraîner l’expansion du village vers le sud-ouest (chemin de Saint-Paul), tout en ménageant un magnifique espace rectangulaire (future place du Marché, Place Lavaltrie, puis Place Bourget), qui deviendra le coeur commercial de Joliette et à l’extrémité duquel s’édifiera bientôt le Palais de Justice en 1862.

Léo-Paul Hébert
Le collège de Joliette

En 1850 la Corporation des Clercs de St-Viateur avait reçu une terre de 2 arpents et de demi de front par 27 de profondeur en donation des époux Joliette. Le 28 avril 1853 ils ont agrandi leur domaine en achetant la terre située à côté de Prosper Champoux. Elle faisait 2 arpents de front par 25 de profondeur sur une ligne et 26 sur l’autre.

Les Clercs de St-Viateur avaient déjà commencé à lotir leur première terre et à louer des lots, tout comme la Corporation Épiscopale qui gérait ceux de la terre donnée à la paroisse. Ces terres ont permis la construction des maisons sur les rues situées au nord de la rue Notre-Dame, les rues Manseau, St-Viateur, St-Louis et Richard jusqu’à la rue St-Pierre à l’ouest.

La Société de Construction du Village d’Industrie

En 1857 une Société de Construction a été fondée au village d’Industrie. Le village se transformait en ville et il n’y avait pas encore de banque pour financer la construction des maisons. Avant les caisses Desjardins plusieurs mouvements coopératifs avaient essayé de répondre à ce besoin puisque les taux d’intérêt exigés par les prêteurs privés étaient usuraires.

Le 7 mai 1857 devant le notaire Adolphe Magnan Christophe Capistrand manufactureur de moulin à battre à St-Thomas a transporté à la Société de Construction du village d’Industrie une somme de 42 livres et 10 chelins que lui devait Antoine Lacombe fils et Joseph Dalbec. Le président-trésorier de la Société était Isaïe Nazaire Melançon et le vice-président Jean-Baptiste Chapdeleine.

C’est la première mention de la société que j’ai trouvée, je ne sais pas à quelle date elle a été formée ni son fonctionnement.

Petit pays et grands ensembles – Jocelyn Morneau

Le 30 mai Antoine Lacombe et Joseph Dalbec ont été chez le notaire pour accepter le transport à la Société. Le 8 juin Michel Séraphin Boulet médecin de St-Charles Borromée a transporté la somme de 18 livres que lui devait Zail Chaput qui a accepté le transport. Le 13 juin Christophe Capistrand a fait un autre transport. Le 29 juillet Jean-Baptiste Peltier de Ste-Mélanie qui a transporté une somme de 2.800 livres que lui devait Jean-Baptiste Massicotte et il a mis sa terre en garantie.

Le 1er août 1857 la Société de Construction du village d’Industrie a émis une première obligation, un prêt de 62 livres et 10 chelins à Amable Mazurette dit Lapierre de St-Charles-Borromée qui a mis sa terre en garantie. Le 7 novembre Elzear Cornellier dit Grandchamp de St-Charles-Borromée a contacté une obligation de 25 livres. G. DeLanaudière était devenu président de la société et E. Cornellier était membre avec une part à 30 livres mais il a dû lui aussi donner des garanties sur son billet. Le 27 novembre Louis Vincent Bouvier fondeur de St-Charles a transporté 10 livres que lui devait Jean-Baptiste Arbour forgeron.

Le 15 décembre un transport par J.-B. Godin et I. N. Melançon indique que la Société de Construction du Village d’Industrie a été constituée en corporation sous l’acte provincial 12ème Victoria chapitre 57 et ses amendements.

Le 13 février 1858 transport par Joseph Parant, le 23 cession par Dame Ann Kittson de 2 actions de la société aux 2 filles mineures de F. B. Godin avocat de L’Industrie à charge pour elles de verser les paiements mensuels pour ces actions, le 8 mars transport par Jean-Baptiste Arnois de la somme de 1.441 piastres, etc. Le 31 mai un contrat dactylographié est utilisé pour la signification à Alexis Massue.

Le 10 juillet 1858 quittance et reconnaissance par Jean-Baptiste Arnois, le 31 juillet transport avec hypothèque par Stanislas Gourd de St-Paul et Pierre Robillard de St-Félix, le 7 août par Pierre Guibord de la paroisse St-Charles, le 9 octobre par Jean-Baptiste Nadreau dit Nantais menuisier de L’Industrie (400 livres); il y a aussi des actes notariés de signification des transports de dettes.

Le 9 octobre François-Xavier Payette bedeau de la paroisse St-Charles a emprunté 100 dollars, il a payé d’avance les intérêts pour 6 mois, il devra en payer d’autres si il ne rembourse pas mais le taux n’est pas précisé; il a mis sa propriété en garantie. Le 16 octobre François Desautel dit Lapointe a emprunté 42 dollars, le 18 Joseph Eno dit Deschamp de St-Charles a emprunté 80 dollars, le 23 Joseph Bernard marchand de L’Industrie a transporté 209 dollars dûe par Gaspard DeLanaudière. Le 7 décembre la Société a donné une première quittance à Joseph Dalbec qui a bien remboursé la dette que Christophe Capistrand avait transporté à la Société.

3 janvier 1859 transport par François Benjamin Godin et Isaïe Nazaire Melançon avocats de L’Industrie de la somme de 200 dollars, le 17 transport d’une action de la Société de 30 livres de Benjamin Beaudouin menuisier de St-Paul à Joseph Jannot dit Lachapelle de St-Charles, le 11 février Gaspard DeLanaudière a reçu sa quittance pour une somme de 209 dollars qu’il devait, le 18 Louis Beaudouin de Ste-Mélanie a emprunté 100 dollars, le 19 François Beaudouin de Ste-Mélanie a transporté 233 dollars, le 4 mars Léon Plouf de St-Jacques a transporté 150 dollars, le 12 Christophe Capistrand fabricant de moulins à battre de Ste-Julienne a transporté 189 dollars,

Le 8 avril André Xavier Bruneau commerçant de L’Industrie a transporté une action de 30 livres de la Société à Aimé Turcotte commis-marchand, le 11 le bedeau F.-X. Payette a reçu sa quittance, le 16 Christophe Capistrand a fait un autre transport, plusieurs autres contrats sont des acceptations de transport. Le 16 mai Joachim Dalbec fils de St-Paul a vendu une action de 30 livres de la Société à Joseph Comte commis-marchand de Montréal, le 9 juin Christophe Capistrand a vendu 2 actions à Pierre Rivard commerçant de L’Industrie, le 13 juillet transport par Neré Cornellier dit Grandchamp de Ste-Élisabeth, le 16 et le 18 plusieurs quittances et vente d’une action de la Société par Jean-Baptiste Papin cultivateur de Lanoraie à Joseph Bolduc Germain marchand de L’Industrie, le 19 un autre transport de 2 actions de Louis Partenais bourgeois de L’Industrie à son fils apprenti à New-York et deux quittances, le 28 obligation de 56 dollars par André Parent de Ste-Mélanie.

Le 6 août obligation de 106 dollars par Placide Octave Morin brasseur de St-Jacques, le 19 la Société de Construction a déposé un protêt contre Isaïe Melançon pour ne pas avoir remboursé son prêt de 200 dollars à la date convenue, une notification a été signifiée à son endosseur Paul Melançon de St-Ambroise.

Le 26 août le bedeau François-Xavier Payette a vendu 2 actions de la Société à Isaïe Nazaire Melançon avocat, le 10 octobre Gaspard DeLanaudière a transporté la somme de 315 dollars, le montant des lods et ventes qu’il devait percevoir selon l’acte abolissant les seigneuries de 1854. J.-B. Chapdelaine était redevenu président de la société.

Le 15 octobre quittance à François Desautel dit Lapointe pour le remboursement de 42 dollars, transport de 60 dollars par Joseph Turcotte marchand de L’Industrie que lui devait Adolphus Armstrong de St-Gabriel, le 17 quittance partielle à Narcisse Masse(?) de St-Thomas, le 20 transport de 30 louis par Christophe Capistrand que lui devait Joachim Lévesque de St-Roch et un autre transport de 120 piastres dû par Charles Racette de St-Roch, le 25 Paul Melançon marchand de St-Ambroise a transporté 31 louis que lui devait William Kirkwood de Rawdon qui a reçu et accepté sa signification le 26. Le 31 le notaire Magnan a dû se déplacer à Montréal pour remettre une signification du transport fait par Gaspard DeLanaudière à la Société de Construction aux Commissaires sous l’Acte Seigneurial de 1854.

Le 22 novembre quittance à Jean-Baptiste Arbour fils forgeron de L’Industrie, le 3 décembre protêt à la réquisition de la société de construction d’un billet promissoire fait par Zail Chaput et endossé par Peter-charles Loedel.

Le 3 janvier 1860 protêt contre Christophe Capistrand, le 16 contre Alexis Masse, le 2 février Joseph et André Parant de Ste-Mélanie ont obtenu un délai pour le paiement de leurs dettes de 56 et 101 dollars mais, si je comprends bien le contrat, ils ont dû payer une pénalité de 45 dollars, le 4 avril protêt contre Zail Chaput endossé par P.-C. Loedel

Le 4 avril André Rivet aubergiste de St-Charles a pris une obligation, le 28 autre protêt contre Christophe Capistrand, le 23 mai protêt contre Zail Chaput endossé par J. W. Renaud, le 4 juin protêt contre François-Xavier Guilbault, le 7 juillet protêt contre Gaspard DeLanaudière endossé par B.-H. Leprohon, le 12 quittance à Sophie Dubeau veuve de André Parent, le 14 quittance partielle à Narcisse Masse, le 17 obligation de Dame Marie-Angélique DeLanaudière épouse de Zail Chaput qui a emprunté 300 dollars, le taux est pour la première fois précisé, il était de 12% par an.

Le 21 juillet protêt contre Jos. Barret prètre curé, le 4 août protêt contre Christophe Capistrand, le 16 transport par Joseph Turcotte marchand de L’Industrie, le 13 septembre transport par Isidore Paquin et son épouse de St-Charles, le 25 septembre Marie-Angélique DeLanaudière a dû mettre le fief Taillant qui lui était revenu lors du partage de la seigneurie de Lavaltrie en garantie hypothécaire. Le 13 octobre protêt contre Gaspard DeLanaudière endossé par B.-H. Leprohon, le 17 protêt contre Joseph Marion père et fils, le 18 Éléonore Partenais a accepté un transport fait par Joseph Turcotte, le 25 Anatole Partenais apprenti sculpteur de New-York a ratifié le transport de 2 actions de la Société, le 5 novembre protêt contre François-Xavier Guilbault, le 1er décembre Charles Guilbault a transporté 2 actions de la Société à Albina P. Voyer épouse de Casimir Guilbault, le 7 pprotêt contre Christophe Capistrand.

Le 12 janvier 1861 obligation de Laurent Drapeau de Ste-Mélanie, le 6 février protêt contre Zail Chaput, le 9 protêt contre Henri Hall médecin endossé par P.-C. Loedel, le 28 obligation de Remi Chevrette de St-Ambroise, le 22 mars protêt contre Gaspard DeLanaudière et contre P. O. Morin, le 25 un autre contre G. DeLanaudière, le 8 mai quittance à Ludger Plouf, le 10 protêt contre H. Hall, le 20 quittance à William Kirkwood, le 27 protêt contre Zail Chaput, le 5 juin protêt contre Zail Chaput, le 22 protêt conte J. O. Morin et contre C. Capistrand endossé par Joseph E. Beaupré, le 26 contre Stanislas Christin dit St-Amour, le 1er juillet quittance à Peter et John Green de St-Liguori, le 10 protêt contre P. Rivard, le 17 quittance à Noël Rondeau commerçant de St-Charles, le 18 protêt contre A. R. Cherrier, un autre contre le même le 18, contre G. DeLanaudière, A. R. Cherrier et encore G. DeLanaudière le 20. Le 15 août protêt contre Jos. Barret curé, le 18 septembre contre Pierre Imbleau, le 4 octobre contre E. Octavian Cuthbert, le 2 novembre quittance à Emmanuel et Pierre Ratel de Ste-Mélanie

Le 25 janvier 1862 quittance à Joseph Perrault de St-Liguori, le 23 avril quittance à Laurent Drapeau de Ste-Mélanie, le 21 juin quittance à Benoni Leonard dit Mondor et à Adolphus Armstrong de St-Gabriel, le 15 juillet Pierre Rivard commerçant de L’Industrie a transporté ses parts d’actions dans la Société à I. N. Melançon, le 22 août quittance à Jean-Baptiste Massicotte de Ste-Mélanie.

Le 19 janvier 1863 transport par Jean-Baptiste Desautel dit Lapointe, le 4 février quittance à William Kirkwood, le 23 mars quittance à David Dupuis et Lambert Dulong de St-Liguori, le 20 juin quittance à André Rivet, le 4 juillet à Remi Chevrette, le 7 octobre signification d’un transport par Albina Pamelia Voyer de la ville de Joliette.

Le village d’Industrie est devenu la ville de Joliette à la fin de l’année 1863.

Edouard Desmarais, 16 ans, chercheur d’or

Pour terminer cette chronique j’ai retenu l’histoire distrayante du jeune Edouard Desmarais qui a réussi à se faire financer pour aller chercher de l’or en Australie.

Edouard Desmarais, commis marchand au village d’Industrie, avait 16 ans quand il a signé un acte de société avec le principal marchand de bois du village, Edward Scallon pour aller chercher de l’or en Australie. En 1848 la découverte des gisements d’or en Californie avait donné la fièvre à l’Amérique, Edward Scallon un rude homme d’affaires pragmatique a aussi été atteint. L’acte de société a été signé le 3 septembre 1852 devant le notaire Adolphe Magnan.

Furent présents:

Edouard Scallon, écuyer marchand de la paroisse St-Charles-Borromée; d’autre part le Sieur Edouard Desmarais, commis marchand, mineur âgé de seixe ans, du même lieu;

d’autre part, lesquels voulant former une société entre eux se sont volontairement associés par les présentes pour le terme et espace de quatre années finies et révolues à compter d’aujourd’hui, dans le commerce qu’ils ont l’intention de faire et ci après mentionné, ont exposé et arrêté ce qui suit;

le dit sieur Scallon voulant seconder les vues et intentions du dit Sr. Desmarais, qui désire se rendre aux Mines d’or de l’Australie ou de la Nouvelle-Hollande, île qui se trouve dans le grand Océan Austral et dans l’Océanie une des cinq parties du monde, pour là faire commerce, soit aux Mines ou de toutes autres manières qu’il, le dit Desmarais, le jugera avantageux sans toutefois avoir en aucune façon quelconque pouvoir d’engager le crédit du Sr. Scallon, car la présente société n’est contracté par ce dernier qu’à la condition seulement, tel que ci après stipulé de partager avec le dit Sr. Desmarais les profits et bénéfices qu’il pourra faire dans le commerce qu’il croira avantageux de faire sans qu’il, le dit Sr. Scallon, soit obligé de contribuer dans les pertes que le dit sieur Desmarais pourra essuyer,

le dit Sieur Scallon a présentement en vue et présence des notaires soussignés déposé entre les mains du dit Sr. Desmarais la somme de cinquante livres cours actuel de cette province pour sa part dans la dite société ainsi que le dit Sr. Desmarais le reconnaît et déclare en être content.

Et s’oblige le dit sieur Desmarais envers le dit sieur Scallon vu sa générosité et sa libéralité, de partager de moitié les bénéfices et profits qu’il fera dans le genre de commerce qu’il exercera durant les dites quatre années, et ce jusqu’à concurrence seulement de la somme de six cents livres et s’il arrivait que les profits excéderaient la dite somme de six cents livres, il, le dit Sr. Desmarais, ne sera tenu donner au dit sieur Scallon que la moitié de la dite somme en dernier lieu précité, comme aussi il sera tenu de partager à l’expiration des dites quatre années par moitié les profits qu’il aurait fait et ce à n’importe quel montant ils pourraient s’élever quand bien même il ne s’élève pas à la susdite somme de six cents livres.

Et à l’expiration des dites quatre années s’il arrivait que le dit Sr. Desmarais n’aurait rien fait ni rien épargné par son travail et son économie, alors le dit Sieur Scallon consent par avance à ne rien réclamer au dit Sr. Desmarais, et même de le décharger des cinquante livres qu’il lui a déposé ce jour entre les mains; pourvu toutefois qu’il n’y ait nullement de sa faute soit par paresse, débauche ou mauvaise conduite, car dans ce cas le dit Sr. Scallon pourra exiger du dit Sr. Desmarais, et même dans le doute seulement qu’il en serait, toutes les informations nécessaires, exiger des certificats et même de le mettre sous serment, sans néanmoins préjudicier aucuns autres moyens légaux que le dit Sr. Scallon pourrait adopter pour se faire rendre compte de la dite société, et ce à quoi le dit Sr. Desmarais s’oblige par avance, le tout se sera fait (?) pour connaître la vérité et savoir que la mauvaise chance du dit Sr. Desmarais n’est due qu’à un fatal hasard ou à des revers de fortune qu’il n’a pas pu prévoir…

Édouard Desmarais a pu signer le contrat notarié avec une belle écriture, il était commis marchand et on peut supposer que le principal marchand de bois de la région, Edward Scallon, l’avait remarqué; c’était peut-être un de ses employés. Cinquante livres de l’époque, c’était une grosse somme et il fallait que Scallon ait confiance en ce jeune de 16 ans pour la lui remettre. Malgré toutes les précautions du contrat notarié ça ne devait pas être simple de courir après son argent jusqu’en Nouvelle-Hollande en 1852.

Carte du Québec

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