François Benjamin Godin a été un avocat célèbre de Joliette. En 1852 il a été un des premiers à faire construire une maison sur les lots de la terre de l’église que les époux Joliette avaient donnée à la paroisse en 1850. Le plan de cette maison de 2 logements locatifs a été conservé dans le greffe du notaire du village de L’Industrie.
C’est la première fois que je trouve le plan d’une maison dans un contrat notarié ancien. Comme il s’agit d’un des premiers bâtiments qui ont été construits sur le lotissement de la terre de l’église donnée par les époux Joliette en 1850 et qu’il a été construit pour François Benjamin Godin futur député de Joliette en 1867, il est doublement intéressant.
Le plan a été ajouté à la liste des travaux décrits dans un devis pour la construction d’une maison. François Benjamin Godin a engagé Etienne Deziel dit Labreche et le devis a été signé le 23 octobre 1852.
La maison avait 2 entrées pour 2 appartements et on peut supposer qu’il s’agissait d’appartements destinés à être loués.
Les appartements avaient une superficie de deux fois 25 pieds par 30 plus la cuisine de 12 par 12 soit 1644 pieds carrés (150 m² environ), les logements étaient assez spacieux. Les murs n’étaient pas épais et il n’est pas fait mention d’isolation dans le devis de construction.
Le devis mentionne que les cuisines avaient une cave mais il n’y a pas de précision pour le reste.
L’achat de 2 lots par François Benjamin Godin
Le 16 août 1852 la Corporation Épiscopale Catholique Romaine de Montréal avait signé un bail à titre de rente foncière avec François Benjamin Godin, avocat demeurant au village d’Industrie, pour:
- un terrain à prendre sur la terre de l’église marqué au plan comme numéro 4, de 54 pieds de front sur 9 perches de profondeur, borné en avant par la rue Notre-Dame, en arrière par le lot numéro 12, tenant au nord au numéros 5 et 6 et partie à Désiré Michaud, et du côté sud-ouest au numéro 3, sans bâtiment dessus
- un autre emplacement marqué au plan comme numéro 12, de 54 pieds de front sur 9 perches de profondeur borné devant par la rue Manseau, en arrière par le lot numéro 4, au nord-est partie du numéro 11 et partie à André-Xavier Bruneau et partie à Désiré Michaud, et du côté sud-ouest au numéro 13, sans bâtiment dessus
Je n’ai pas trouvé le plan permettant de localiser ces emplacements mais il doit certainement exister dans les archives de la ville.
F. B. Godin avait donc pris un lot sur la rue Notre-Dame et un autre sur la rue Manseau nouvellement créée par le curé Manseau. Les premiers lotissements ont dû se faire autour du marché en commençant près de l’église. Et on peut supposer que la maison existait toujours sur la rue Notre-Dame ou la rue Manseau quand cette vue de Joliette a été dessinée en 1881 (la photo s’agrandit si on clique dessus 2 fois).
Le devis de construction
Le dit sieur Labreche s’oblige par les présentes… de lever et tailler une maison en bois à un étage de cinquante pieds de front sur trente de profondeur, avec aussi une cuisine en arrière tenant à la dite maison de 24 pieds de large par 12 de profondeur, le quarré de la dite maison sera de 12 pieds et celui de la cuisine de 8 et quant au comble le sieur Labreche devra le poser au goût du sieur Godin;
Et s’oblige en outre de faire tous les ouvrages de charpente et de menuiserie qu’il y aura à faire. Nommément:
- deux portes extérieures devant avec pilastres, les boisées(?) et cadres en un seul panneau
- deux portes extérieures vitrées en arrière aux cuisines portant des vitres de 8½ pouces sur 9½
- quatre châssis ou fenêtres portant 12 vitres chacun de 19½ pouces de hauteur sur 12 de large
- etc.
Les cadres de portes devaient être faits de la même manière que ceux de la maison de brique de Mr. Léandre Fréchette, le procureur de la Corporation Épiscopale.
La livraison de la maison devait se faire à la St-Michel (29 septembre) pour la somme de 50 livres cours actuel.
François Benjamin Godin
François Benjamin Godin a été un avocat célèbre de Joliette. En 1867 il a été élu député fédéral libéral dans un comté notoirement conservateur.
Dans le directoire de Joliette de 1877 il est répertorié sur la rue Manseau dans la liste des 12 avocats de la ville. Je suppose que la maison à 2 appartements a été construite sur le lot de la rue Notre-Dame pour procurer des revenus de location et que l’avocat F. B. Godin a construit sa maison de prestige sur le lot de la rue Manseau. Mais ce ne sont que des suppositions.