Catégorie: Histoire de Lanaudière
Site indépendant sans témoin espion

Le phare de Lavaltrie et la Maison de la Trinité

Le secteur du phare de Lavaltrie a été établi en 1831, ce qui en ferait l’un des plus anciens sites d’aide à la navigation sur le fleuve en amont de Québec. Toutefois, on ne sait presque rien sur l’histoire du secteur avant le phare actuel, érigé pour marquer une partie du chenal navigable entre Montréal et Sorel.

En consultant le greffe d’un notaire j’ai trouvé un contrat signé par Barthélémy Joliette en 1833 à propos d’un phare à Lavaltrie. J’ai cherché à connaître son histoire et c’est toute l’information que j’ai d’abord trouvée sur le site du Répertoire du patrimoine culturel du Québec.

Le phare de Lavaltrie – André Belleau (MarineTraffic.com)

Le phare de Lavaltrie signale aux navires navigant sur le fleuve Saint-Laurent le chenal du sud entre Verchères et Lavaltrie permettant d’accéder au port de Montréal. La navigation y est difficile à cause de courants forts, les navires doivent être guidés par des pilotes et un balisage de phares. La Maison de la Trinité (Trinity House) avait autrefois la responsabilité de la navigation sur le fleuve Saint-Laurent, elle entretenait les phares et désignait les pilotes autorisés à guider les navires.

Le contrat signé par Barthélémy Joliette

Le 15 juillet 1833 Barthélémy Joliette a signé une ratification au nom des héritiers mineurs de Pierre-Paul Tarrieux Taillant de Lanaudière propriétaires de l’Île Platte de Lavaltrie concernant le phare qui y était érigé. Thomas André Turner, Maître de la Maison de la Trinité de Montréal, avait loué l’île et y avait établi un phare confié à la responsabilité de James Munro. L’emplacement était loué aux héritiers de Lanaudière, propriétaires, pour 7 livres et 10 chelins par an. James Munro a probablement été le premier gardien du phare de Lavaltrie, nommé par le Maître de la Maison de la Trinité.

Contrat notarié page 1 de 2 (BANQ)

Entretien et reconstructions du phare

En cherchant un peu sur internet on trouve facilement des informations sur le phare de Lavaltrie dans les rapports remis à l’Assemblée par les fonctionnaires et dans les journaux. Selon les journaux de l’Assemblée la rente payée pour le phare de Lavaltrie en 1852 a été de 7 livres et 10 chelins. Plus loin on lit qu’un montant de 7 livres a été payé à Joseph Trudeau pour des réparations au phare. Le nom et les salaires des gardiens de phares du St-Laurent sont détaillés mais celui de Lavaltrie n’est pas clairement précisé.

Dans le Rapport de la Maison de la Trinité de Montréal pour l’année 1854 la rente aux héritiers de Lanaudière est toujours de 7 livres et 10 chelins; elle a payé 12 livres et 10 chelins à S. et J. Dunn pour avoir fait un phare à Lavaltrie, 3 livres à J.-B. Larose pour ouvrages de menuiserie et presque 5 livres à J. Dunn pour réparation des jetées. Le phare nécessitait de fréquentes réparations ou reconstructions.

En 1856 la Maison de la Trinité, 200 rue St-Paul à Montréal, a publié dans les journaux une demande de soumissions pour reconstruire un phare et une jetée sur l’île Lavaltrie. En 1858 une nouvelle demande de soumissions a été publiée pour la construction de 2 quais et 2 phares sur l’île de Lavaltrie.

Le Pays – 7 juin 1856
L’Avenir 16 octobre 1856
La Minerve 28 septembre 1858

Les Vaisseaux (lorsqu’on décide prendre le CHENAL SUD) montant en ayant les deux Phares de l’Île de Lavaltrie en conjonction aussitôt qu’ils approchent les Phares de la RIVE NORD, changeront leur course et les garderont comme guide…

Pour l’année 1870 les journaux de l’Assemblée rapportent une dépense de 30 dollars (la monaie avait changé) pour la location du site et de $136 pour salvage on Lavaltrie lights ce qui doit signifier des réparations(?). The quays at Lavaltrie were filled up and repaired. Joseph Lisé lightkeeper at Lavaltrie died in april.

En 1872 le loyer était toujours de $30 et $149 ont été dépensés en réparations. En 1874 la rente versée à Gaspard de Lanaudière a été de $22.50, D. Giguère a reçu $447.25 pour building house at Lavaltrie, l’assurance commerciale du phare coûtait $11. On trouve aussi quelques détails sur la position des phares et leur balisage.

Les Maisons de la Trinité de Québec et Montréal

La Maison de la Trinité de Québec entreprend ses activités le 14 mai 1805 dans un immeuble de la rue Saint-Louis à Québec. Inspirée des trinity houses qui existent en Angleterre depuis le XVIe siècle, elle est instituée par le gouvernement du Bas-Canada à l’initiative de John Young pour aider la navigation et régir le pilotage sur le fleuve Saint-Laurent.

Afin de doter le fleuve d’une infrastructure de communication sûre et efficace pour l’amélioration du commerce, la Maison de la Trinité de Québec est responsable de la sécurité des installations portuaires, de la mise en place et de l’enlèvement des bouées et des balises, de l’érection de phares et de quais, de l’ancrage des bateaux-phares, du mouillage et de l’amarrage des navires ainsi que du curage des sables, roches ou autres obstructions à la navigation. Elle doit aussi voir à la gestion du havre de Québec. En ce qui a trait au pilotage, l’organisme a le pouvoir de faire des règlements, de contrôler l’examen des apprentis-pilotes, de recommander l’admission d’un pilote et d’accorder des brevets.

Jusqu’en 1832, la juridiction de la Maison de la Trinité de Québec s’étend jusqu’au port de Montréal. La création d’une seconde Maison dans cette ville lui soustrait dorénavant la partie du fleuve en amont de Trois-Rivières. Vers 1870, son service des phares et des bouées est transféré au nouveau ministère de la Marine et des Pêcheries du Canada.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec

C’est curieux car ce n’est pas ce qui est écrit dans un livre intitulé Par les chemins qui marchent publié en 1966 par un certain Sylvain: en 1805 sont fondées, à Montréal et à Québec, les Maisons de la Trinité.

Selon Sylvain la maison de Montréal a aussi été fondée en 1805 mais elle avait beaucoup moins d’importance que celle de Québec puisque le lac Saint-Pierre n’était pas assez profond pour permettre aux gros navires de remonter jusqu’à Montréal. Ils devaient arrêter à Trois-Rivières (ou Québec).

Quant à Montréal, bien que situé à la tête de la navigation fluviale, son port n’était accessible qu’à des navires de moins de cent tonneaux, à cause de l’obstacle qu’offrait à la navigation le lac Saint-Pierre, dont le chenal sinueux et peu profond était coupé par de nombreuses battures de sable.

Le creusage d’un chenal dans le lac Saint-Pierre aurait commencé en 1846 jusqu’en 1855 et Montréal serait alors devenu le port le plus important du Saint-Laurent. C’est en 1875, selon l’auteur, que les maisons de la Trinité ont fermé.

Les phares de Lavaltrie, responsabilité fédérale

Quand les Maisons de la Trinité ont fermé le gouvernement fédéral et son ministère de la Marine et des Pêcheries ont pris en charge la navigation sur le fleuve Saint-Laurent.

La Minerve – 20 mai 1876

En 1874-1876 le salaire annuel du gardien du phare de Lavaltrie était de $225 toujours selon les documents de l’Assemblée. Au printemps 1876 un des phares de Lavaltrie a été emporté par la bourrasque jusqu’à Berthier et le navire Le Berthier a dû le remorquer jusqu’à sa place.

En février 1881 une nouvelle demande de soumissions pour la construction et l’érection d’un phare ajustable à volonté, qui devait remplacer le phare d’alignement d’arrière actuel à Lavaltrie, a été publiée par le député du ministre de la Marine et des Pêcheries, Wm. Smith. Dans L’Opinion publique du 31 mars 1881 on apprend que James Sheridan de Montréal a obtenu le contrat et qu’il doit commencer les travaux immédiatement. Il y avait donc un phare principal et un phare ajustable à volonté qui servait à l’alignement des navires.

Le Courrier du Canada – 17 février 1881

En 1897 l’arrière-feu d’alignement de Lavaltrie a été refait et un avis a été publié par le sous-ministre de la Marine et des Pêcheries F. Gourdeau pour signaler le changement de balisage aux navigateurs.

Denis Giguère qui a été le gardien du phare pendant 40 ans a donné quelques explications sur son travail. Tous les jours il devait parcourir 2 lieues (environ 8 km) pour se rendre de la côte au phare 4 fois par jour.

La Gazette de Berthier – 23 septembre 1898

À son décès en 1914 le journal de Joliette L’Action Populaire a rendu un hommage au gardien de phare Denis Giguère. Né en 1835 il avait été conducteur du train construit par Barthélémy Joliette jusqu’à Lanoraie à l’âge de 17 ans, soit vers 1852 au tout début de ce train. Il a ensuite été gardien du phare de Lavaltrie pendant 40 ans jusqu’en 1910.

L’action populaire, 8 septembre 1914

L’histoire du phare de Lavaltrie est beaucoup mieux documentée après 1900, je n’ai pas poursuivi ma recherche. Par contre les images des phares de Lavaltrie sont rares, je n’en ai trouvé que quelques unes de la tour principale mais aucune du phare d’alignement.

Le phare de Lavaltrie – André Belleau (MarineTraffic.com)

J’ai été prendre cette photo du fleuve devant Lavaltrie où on voit le phare à gauche derrière l’île Hervieux, Montréal est au fond en amont.

Lavaltrie Range Lighthouse

Pour trouver des informations sur les phares de Lavaltrie il faut chercher en anglais, on ne trouve presque rien sur les sites francophones. J’ai utilisé un traducteur automatique pour traduire l’historique le plus complet que j’ai trouvé sur internet.

L’île Hervieux, située au large de Lavaltrie, a été reconnue très tôt comme un site idéal pour installer des feux d’alignement pour guider les marins sur le tronçon du Saint-Laurent entre Lavaltrie et Sorel. Les premières tours ont été érigées sur l’île en 1831, et en 1861, le massif, connu sous le nom de massif Lavaltrie, se composait de deux tours carrées en bois : une à l’avant de neuf pieds de haut et une à l’arrière de dix-sept pieds.

La description suivante des feux d’alignement a été donnée en 1873, alors que Denis Giguère, qui fut responsable des feux pendant près de quarante ans, en était le gardien :

Cette lumière se compose de deux lampes mammouth à mèche plate et de réflecteurs de quinze pouces dans chacune des deux tours, distantes de 320 mètres l’une de l’autre, l’une étant à vingt et un pieds et l’autre à treize pieds au-dessus de la ligne des hautes eaux. Appareil d’éclairage catoptrique. Taille du verre 25 x 20 1/2 x 1/8 et 23 x 28 x 1/8, et consomme environ 120 gallons d’huile par saison. La petite tour, qu’on enlève à la fin de la saison de navigation, n’est pas en bon état ; et nécessite des réparations considérables, et probablement un renouvellement très prochainement. La jetée ou le bloc sur lequel il est placé a été considérablement endommagé par l’action de la glace provenant de sa position exposée. J’ai demandé au gardien de placer environ cinq toises de pierre autour pour le rendre plus sécurisé, ce qui a été recommandé par le capitaine Cotte et le gardien.

La tour avant fut rénovée en 1874. En raison de la hauteur de la rivière au printemps 1876, une des tours du rang fut emportée par les glaces et sa pile fut fortement endommagée. Certaines pièces ont été récupérées et la tour et la jetée ont été rapidement réparées. J. Sheridan de Montréal a érigé une nouvelle tour arrière pour le champ de tir en 1881 au prix contractuel de 496 $. Les deux piles ont été reconstruites en 1885.

La tour arrière fut emportée par les glaces à la fin de 1888, ce qui nécessita la construction d’une nouvelle tour dotée d’un nouveau jeu de lampes. Cette tour en bois n’a duré que quelques années avant d’être remplacée en 1896 par une structure squelettique en acier, de plan carré, aux côtés inclinés et surmontée d’une lanterne carrée en fer galvanisé. L’année suivante, en 1897, des réparations urgentes sont effectuées sur la jetée sous le contre-jour. Deux toises de pierre ont été placées autour du pilier et de nouvelles cornières en fer ont été installées.

En 1915, les marins ont été alertés que le feu arrière avait été déplacé vers un nouvel emplacement où il se trouvait désormais à 1 390 mètres du feu avant. Une nouvelle tour squelettique en acier de quarante-neuf pieds de haut a été érigée pour exposer le feu arrière du haut d’un pilier en béton avec des côtés battus et une extrémité amont pointue, et il semble que l’ancienne tour arrière ait été déplacée pour servir de feu avant. . Chaque année, la tour avant était enlevée pendant l’hiver et, au printemps, une lanterne sur un poteau servait de phare avant pendant que la jetée était submergée.

Aujourd’hui, des feux verts fixes sont exposés le long du chaînon Lavaltrie depuis des tours carrées et pyramidales qui se dressent au sommet de piliers en béton séparés de 1 840 pieds (560,8 mètres).

Gardiens: Francois Dolbec (1859 – au moins 1864), Joseph Lise (1867 – 1870), Denis Giguere (1870 – 1909), Eloi Lacombe (1909 – 1911), J.O. Martineau (1912 – 1924), A. Robillard (1925 – 1929), J. Vaillant (1929 – 1930), S. Pelletier (1931 – 1936), J. Robillard (1936 – au moins 1937).

lighthousefriends.com (traduction automatique)

Pour bien comprendre l’importance toujours actuelle des phares pour la navigation sur le Saint-Laurent le site lighthousefriends a construit une carte où ils sont tous localisés.

Carte du Québec

Laisser un commentaire