Catégorie: Histoire de Lanaudière
Site indépendant sans témoin espion

Le capitaine Jean Protais Odet d’Orsonnens à St-Roch

Jean Protais Odet d’Orsonnens s’est installé au village de St-Roch de l’Achigan vers 1816 et il a fait construire en 1820 un moulin à cardes sur sa propriété située à côté du moulin seigneurial de Charles de St-Ours. Dans l’histoire du Manitoba il est connu pour avoir ratifié le premier traité conclu avec les nations amérindiennes de l’ouest canadien. Il a conclu des dizaines d’actes chez les notaires de St-Roch qui permettent de documenter son histoire.

La famille Odet d’Orsonnens de Fribourg

Sur un site internet du canton de Fribourg on retrouve toute la généalogie de la famille de Jean Protais Odet d’Orsonnens: Famille issue de Pierre PATRY, d’Autafond, né vers 1440.

ORSONNENS: Nom de la seigneurie des Odet. Ce nom serait dérivé du nom de personne latin: Ursinius ou du nom de personne germanique: Ursino qui donnèrent Orsenens (1143), Orsonneyns (1326) puis Orsonnens.

Sur le site Wikipedia on trouve l’historique du village d’Orsonnens en Suisse: Orsonnens (Ochounin en patois fribourgeois) est une localité et une ancienne commune suisse du canton de Fribourg, située dans le district de la Glâne. Mais on ne trouve rien sur le village d’Orsonnens situé à St-Roch de l’achigan que Jean Protais a fondé au Québec.

Sa carrière militaire dans le régiment de Meuron

Jean Protais Odet d’Orsonnens né à Fribourg en 1780 a été capitaine du régiment suisse de Meuron arrivé au Canada en 1813 pour la guerre contre les États-Unis.

C’est le 28 mai 1781, sur la demande du roi de France Louis XVI, qu’un accord est signé entre le représentant de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et Charles-Daniel de Meuron pour la levée d’un régiment d’infanterie de 1 120 hommes, divisés en dix compagnies de 112 hommes dont Meuron, alors colonel des Gardes suisses, en est propriétaire et commandant… En 1795, à la suite de l’invasion des Provinces-Unies et à la faillite de la Compagnie néerlandaise, de Meuron met son régiment, qui prend alors le nom de « His Majesties Regiment de Meuron » au service de la Grande-Bretagne…. Le régiment arrive à Halifax le 16 juillet 1813, puis remonte le fleuve Saint-Laurent en août. Après un arrêt à Québec, les troupes sont répartis dans la région de Montréal pour renforcer l’armée britannique qui défend ses possessions du Bas-Canada lors de la guerre de 1812.

Le régiment de Meuron

Le régiment a été licencié le 11 mars 1816 mais une partie des militaires s’est aussitôt réengagée au service de Lord Selkirk pour sa campagne dans l’ouest canadien. Thomas Douglas lord Selkirk était un utopiste qui voulait créer une colonie écossaise au Manitoba ce qui a déclenché un affrontement opposant les écossais, les compagnies de fourrures, les indiens et les métis. Le capitaine d’Orsonnens a joué un rôle important dans cette campagne comme officier supérieur.

In 1811, 116,000 square miles of land in what is now Manitoba was granted to one of HBC’s controlling stockholders, Thomas Douglas, the 5th Earl of Selkirk. Lord Selkirk was a Scottish nobleman who wished to settle displaced Highlanders, among others, on the fertile lands surrounding the confluence of the Red and Assiniboine Rivers. The Red River Settlement – the first European agricultural colony in Western Canada – was established the following year…

On July 18, 1817, Lord Selkirk signed the treaty with 5 leaders referred to in the document as “Chiefs and Warriors of the Chippeaway or Sautaux Nation, and the Killistine or Cree Nation.” It has become widely known as the Selkirk Treaty. This is the first formal written agreement in Western Canada recognizing Indigenous land rights. It was superseded by Treaty I in 1871.

Archives du Manitoba

Le capitaine d’Orsonnens a donc signé le premier traité conclu avec les nations amérindienes dans l’ouest canadien.

Les archives du Canada ont conservé la correspondance du capitaine d’Orsonnens avec Lord Selkirk qui montrent qu’il lui écrivait en français; il remerciait la Comtesse qui s’occupait de Madame d’Orsonnens pendant sa mission au lac La Pluie.

Installation au village de Saint-Roch de l’Achigan

Selon la généalogie de la famille d’Orsonnens Jean Protais aurait épousé Sophie Rocher le 7 février 1814 à Montréal quelques mois après son arrivée au Canada puisque son régiment y est arrivé en juillet 1813. Il a dû avoir le coup de foudre. Sophie Rocher était la fille de Barthélémy Rocher, un marchand de la région de l’Assomption, proche de la famille de Saint-Ours propriétaire de la seigneurie de l’Assomption. Sa mère Louise Pétrimoulx venait aussi d’une famille de marchands du bourg de l’Assomption.

Le cas de Barthélémy Rocher est particulier : à la fois agent seigneurial pour la famille Saint-Ours et marchand, il a un double ascendant économique sur les paroissiens de Saint-Roch… Rattaché à la paroisse de l’Assomption par différents liens d’affaires et de famille, il participe à un réseau social bourgeois, à l’intérieur duquel se côtoient la noblesse seigneuriale et la classe marchande.

Élites locales et rôles publics à Saint Roch de l’Achigan – J.-R. Thuot

Sur ce plan de Saint-Roch en 1810 on voit le lot 387 appartenant à Barthélémy Rocher qui en avait cédé une partie à la fabrique pour construire l’église du village. D’Orsonnens va acquérir la partie du domaine seigneurial située sur la pointe en face avec les îles de la rivière.

Parcours de bâtisseurs – J.-R. Thuot

Protais d’Odet d’Ordonnens propriétaire foncier

Son premier achat de terre sur le territoire de St-Roch que j’ai pu documenter date de 1816. Le 19 mars 1816 il a acheté une terre à Josephe Perrault veuve de Pierre Botquin dit St-André. Une terre sise et située en la dite paroisse de St-Roch seigneurie de l’Assomption de la contenance de trois arpents de front sur trente de profondeur bornée par devant à la rivière de l’Assomption… bâtie de maison et d’un étable seulement… D’Orsonnens a déclaré être stationné à Montréal où il faisait élection de domicile. La vente a été conclue contre le versement d’une rente viagère annuelle de 12 livres payable au curé de la paroisse messire Raizenne.

Le même jour d’Orsonnens a acheté une autre terre pour 500 livres à Marguerite Coitou dit St-Jean qui était comprise dans la première; ces terres étaient situées sur le bord de la rivière l’Achigan à côté du domaine seigneurial de Monsieur De St-Ours.

Le 1er mai 1816 d’Orsonnens a encore signé un cautionement et obligation avec Pierre Gagnon pour une somme de 10 livres et 10 chelins. Il s’est ensuite engagé pour la campagne militaire dans l’ouest canadien. Il était toujours stationné à Montréal.

L’installation au village de St-Roch en 1818

À son retour de l’ouest canadien il a commencé à réaliser à St-Roch de très nombreuses transactions immobilières qui ont été enregistrées dans les greffes des notaires de la région. J’en ai retrouvé beaucoup, il y en a certainement d’autres.

Le 21 février 1818 Protais d’Odet d’Orsonnens déclarant résider à St-Roch a vendu un emplacement au cordonnier Antoine Coq et Marguerite Coitou dit St-Jean: un emplacement situé au petit village de St-Roch formant le juste tiers de la largeur de l’emplacement appartenant au dit vendeur sans bâtiment pour la somme de 1.200 livres. Les acheteurs étaient tenus d’y bâtir une maison au cours de l’été. Le 21 février il a aussi vendu à Noël Labreque clerc un emplacement sans bâtiment situé au sud du chemin du Roi, bordé par la rivière l’Achigan, François Archambault et Charles Courteau pour 2.400 livres. Le 23 février il a encore vendu à Germain Gariépy maître forgeron les deux tiers restants de cet emplacement sans bâtiment situé à côté du hangar du curé Raizenne et de la fabrique de St-Roch pour 2.400 livres. Ce sont d’abord des artisans qui achètent ces terrains au village.

Le 18 juin 1818 Benjamin Chaput maître forgeron demeurant à St-Pierre du Portage a vendu à Protais d’Odet d’Orsonnens anciennement capitaine dans le régiment de Meuron un emplacement de 70 pieds de front par 100 pieds de profondeur sur le chemin du Roi borné par les terrains de Jean-Baptiste Dalbec, Joseph Desforges notaire et Joachim Lévesque avec les bâtiments pour 750 livres.

Le 5 décembre Bazile Coitou dit St-Jean cultivateur lui a vendu pour 240 livres un lopin de terre de la contenance qu’il peut avoir prenant par devant au chemin du Roi, par derrière à la rivière l’Achigan, tenat d’un côté au Monsieur acquéreur d’autre côté à une ravine… sans bâtiment dessus construitJoint à la vente le droit au dit Monsieur acquéreur de faire faire et construire sur la dite ravine tels tanneries et chaussées et autres édifices quelconques qui plaira… Le vendeur se réservait un espace de 12 pieds le long de la ravine à partir du pont qui la couvrait jusqu’au chemin du Roi.

Construction d’une maison, une écurie et une grange

Le 7 décembre 1818 d’Orsonens a conclu un marché pour construire une écurie et une grange sur sa terre; Joseph Chevaudier dit Lépine, cultivateur et charpentier, et Pierre Cabanna, menuisier et charpentier, tous deux de St-Roch ont accepté de réaliser les travaux détaillés au devis pour 1.920 livres. La grange devait être entièrement semblable à celle de Jean-Louis Mercier dit Lajoie au petit village de St-Roch, le meunier du moulin seigneurial de St-Ours qui habitait à côté.

Les 2 entrepreneurs ont reçu la quittance pour les travaux effectués à la pleine et entière satisfaction de d’Orsonnens le 28 septembre 1819, veille de la St-Michel.

Le 5 janvier 1819 d’Orsonnens a conclu un marché avec Louis Emery dit Codaire maître menuisier et entrepreneur de St-Roch pour la construction d’une maison sur sa propriété à St-Roch: tailler et lever une maison de bois de 42 pieds de long sur 28 de profondeur et de 12 pieds de quarré(?). Les travaux à faire sont précisément détaillés: le tout fait à peu près semblable à ceux de la chambre du dit Mons. Rocher… Le marché conclu pour la somme de 5.040 livres devait être livré en octobre.

Des ajustements ont été ajoutés à l’acte notarié pour des travaux qui n’ont pas été faits et d’autres qui ont été ajoutés.

Achat et concession de terrains

Le 20 avril 1819 Charles Dufresne maître forgeron demeurant au petit village de St-Roch a vendu à d’Orsonnens un emplacement au village de 100 pieds de profondeur sur toute la largeur qu’il peut avoir prenant par devant à une rue de travers, aboutisant par derrière à l’acquéreur, tenant d’un côté à Joseph Dalpé dit Parizot et de l’autre aux représentants de feu Joseph Desforges. Le dit Dalbec, ancien propriétaire, devait enlever tous les bâtiments et la vente était faite pour la somme de 970 livres. Le 20 novembre 1819 d’Orsonnens a acheté une terre de 1 arpent de front par 20 de profondeur à Hyacinthe Rocheleaux dit Laperche. La terre située sur le fief Martel tenait par devant au chemin du Roi et par derrière aux continuations, borné d’un côté par celle de Jean Groux et de l’autre par celle de Amable Chayé, sans bâtiment. La vente a été faite pour la somme de 90 livres; Rocheleau devait aussi bûcher 15 cordes de bois au profit de Pierre Romuald Vandet.

Le 20 décembre 1819 Charles de St-Ours écuyer, seigneur primitif des Fiefs et Seigneurie de Bayeul et l’Assomption demeurant en son Manoir Seigneurial en la Paroisse de L’Asomption a concédé à Protais d’Odet d’Orsonnens un loppin de terre qui se trouve au bout de la pointe du dit sieur preneur… et appartenant au dit Messire de St-Ours… lequel loppin de terre se trouve borné par devant et derrière et d’un côté à la rivière et d’autre côté au dit sieur preneur sans bâtiment. La concession comprenait aussi une petite île située vis à vis la pointe; l’emplacement appartenant à Jean-Baptiste Ritchot contenant en superficie trois quarts d’arpent de terre environ.

Le lendemain 21 décembre Messire Joseph Raizenne curé de la paroisse de St-Roch lui a vendu pour 60 livres un morceau de terre qui est au nord de la pointe de terre qui fait partie de la terre du dit sieur acquéreur et qui est séparé par un rigolet depuis la ligne de ce dernier et Jean-Baptiste Gagnon jusqu’au bout de la pointe y compris le rigolet et le morceau de terre qui est au sud du dit rigolet jusqu’au pied de la côte tout le long de la pointe.

Le 4 janvier 1820 d’Orsonnens a vendu à Jean-Baptiste Dalbec une partie de la terre qu’il avait achetée dans le fief Martel pour 12 livres de rente annuelle, perpétuelle et non rachetable.

Le 5 janvier il a obtenu une seconde concession de Charles de St-Ours: une terre en bois debout de 3 arpents par 30 bornée par la rivière de Lachigan, Dame Bourk et Modeste Poisson. La veuve Bourque était la femme de l’ancien meunier du moulin seigneurial, on peut supposer que cette autre terre devait en être proche.

Le plan du village de St-Roch en 1845 montre les acquisitions faites par d’Orsonnens: lot 452 et les îles adjacentes. Le moulin qu’il va faire construire est marqué à côté du pont et le futur village d’Orsonnens en-dessous.

Parcours de bâtisseurs – J.-R. Thuot

Les ventes à constitut d’emplacements

D’Orsonnens a alors commencé à vendre des emplacements en morcelant les terres qu’il avait achetées ou reçues en concession; c’est le commencement du village d’Orsonnens. Les modalités de la vente seront toujours semblables à ces 2 premières transactions.

Le 10 avril 1820 vente à constitut à Antoine Lévesque cultivateur: un emplacement de 56 pieds sur le chemin du Roi sans bâtiment pour la somme de 800 livres transformée en une rente annuelle et perpétuelle de 48 livres rachetable par paiement égaux de 100 livres. L’acheteur devait obligatoirement construire une maison sur son emplacement dans le délais de 2 ans.

Le 11 août vente à constitut à Joseph Leclerc journalier d’un emplacement de 120 pieds par 100 tenant par devant à la première rue et par derrière à la seconde rue entre les emplacements N°2 et N°5 sans bâtiment pour la somme de 1.200 livres, soit 72 livres de rente.

Construction du moulin à carder et à fouler

Les terres que d’Orsonnens avait acquises se trouvaient sur une boucle de la rivière l’Achigan entre l’église et le moulin seigneurial. Le potentiel pour y construire un autre moulin était évident et on peut supposer que d’Orsonnens y pensait depuis son arrivée à St-Roch.

Le 9 septembre 1820 Protais d’Odet d’Orsonnens a conclu un marché avec Jean-Baptiste Peltier maître maçon de L’Assomption pour la construction d’un moulin à carde en maçonne de pierre.

Le même jour d’Orsonnens s’est associé à Martin S. Parker docteur résidant à St-Jacques pour 10 ans; celui-ci s’engageait à construire les machines à carder et le foulon. L’entretien du moulin était à frais partagés.

Toujours le même jour les deux associés ont engagé John Hutchins cardeur demeurant à L’Assomption pour 3 ans pour faire fonctionner le moulin.

Martin S. Parker s’intéressait aux moulins de la région; en 1818 il s’était déjà associé à Philemon Dugas pour l’exploitation d’un moulin à scie situé sur la rivière Rouge au nord de St-Liguori; il est aussi intervenu dans des expertises de moulins. Le 2 juin 1814 il s’était aussi associé à Lazarre Poirier navigateur à St-Jacques (!) pour l’achat d’un bateau. Il est décédé avant le 28 octobre 1826 date où sa veuve Nancy Bridge a conclu une vente à St-Jacques où ils résidaient; je n’ai pas trouvé d’information à propos de la liquidation de son association avec d’Ordonnens.

Le village d’Orsonnens autour du moulin à cardes

Le 16 octobre 1820 Jean-Baptiste Gervais maître menuisier a conclu un compromis avec d’Orsonnens pour des dommages faits par son cochon dans la prairie devant sa maison. Jean-Louis Mercier dit Lajoie meunier du moulin seigneurial a été choisi comme arbitre.

Le 1er novembre 1820 vente à constitut à Jean Gagnon journalier d’un emplacement situé au sud de la rivière L’Achigan de 60 pieds par 100 pour 700 livres, soit une rente de 42 livres; la condition était toujours de bâtir une maison dans un délais de 2 ans. Le 2 novembre vente à constitut à Ambroize Gagnon journalier et charpentier pour 700 livres ou 42 livres de rente.

Le 14 novembre 1820 Parker Eaton maître-charpentier et menuisier de St-Roch a conclu un marché avec John Hutchins cardeur au moulin pour lui construire une maison de 40 pieds par 36 sur la terre de d’Orsonnens vis à vis de l’église pour la somme de 1.800 livres.

Le 20 novembre vente à constitut à François Bélanger maître-menuisier de St-Roch pour 800 livres ou 43 livres de rente. Le 7 juillet 1821 vente à constitut à Léon Duprat scieur de long d’une terre de 3 arpents par 30 tenant d’un côté au docteur Loedel, d’autre côté à dame veuve Bourk sans bâtiment et tout en bois debout pour la somme de 330 livres transformée en constitut de 19 livres 16 sols.

Le docteur Peter-Charles Loedel s’est installé à St-Roch vers 1819. Le 13 septembre P. -C. Loedel chirurgien demeurant à St-Roch a acheté une terre bâtie d’une maison à Joseph Varieur(?) fils. Le notaire J.-B. Archambault a rédigé le contrat que le notaire Barthélémy Joliette a aussi signé. Il est ensuite devenu seigneur de Lavaltrie quand il a épousé Antoinette Tarrieux Taillant de Lanaudière en 1821 puis il a fondé la ville de Joliette avec Barthélémy Joliette son beau-frère en 1823. Le 11 juillet 1821 Peter-Charles Loedel a vendu à Ambroise Gagnon une terre à St-Roch de 2 arpents par 30 tenant à la rivière l’Achigan bornée par les terres de Jean-Baptiste Duprât et Charles Courteau. Le 5 août 1821 C. P. Loedel chirurgien a acheté une maison de St-Roch à Protais d’Odette d’Orsonnens. Le 23 août 1821 d’Orsonnens lui a fait don d’un emplacement situé vis à vis de l’église et du droit de prendre son bois de chauffage sur ses terres en récompense de ses loyaux services. En février 1822 Petr CHs. Leodel a publié une annonce pour signifier qu’il déménageait sa pratique de chirurgien au village de L’Assomption rue St-Pierre et que sa maison de St-Roch était à vendre.

Médecin à L'Assomption
Le Spectateur Canadien

Le 18 juillet 1821 vente à constitut à Louis Rocheleau dit Laperche journalier pour 500 livres ou 30 livres de constitut, à Pierre Gendreau journalier (capital 500 livres / rente 30 livres), à Augustin Mercier journalier (600/36).

La cloutière de George Stacy dans le moulin

Le 21 août 1821 Protais d’Odet d’Orsonnens et Martin S. Parker ont conclu un acte d’association avec George Stacy cloutier pour travailler à faire valoir une cloutière, c’est-à-dire une machine à fabriquer des clous, dans leur moulin à cardes.

Le 22 août 1821 vente à James Jackson marchand à St-Roch agissant au nom de Dame Janet Findlay veuve de Robert Aird négociant à Montréal d’une terre de 1 arpent par 14 arpents sur le fief Martel bornée par J.-B. Dalbec, F. Groux et A. Chayé pour 90 livres.

Voyage en Suisse pour ses affaires

Le 22 août 1821 d’Orsonnens a signé une procuration à son beau-père Barthélémy Rocher lieutenant-colonel des milices pour qu’il puisse gérer ses propres affaires mais aussi celles des personnes dont les intérêts se trouvent liés avec les siens pendant un voyage dans son pays natal, la Suisse, pour l’exercice de ses affaires.

Le 23 août il a signé une autre procuration à Gordon et George Aulidja(?) négociants de Montréal pour percevoir les sommes d’argent collectées par B. Rocher.

Avant de partir il a conclu le 23 août une convention avec Jacques Beaulieux chartier; la vente comprenait un emplacement du village semblable aux autres et le droit de prendre du bois sur la terre du vendeur (1.200/72 livres de rente).

Le 15 novembre 1821 John Buxton cardeur et François Martin dit Bernabé tous deux de St-Roch ont conclu un marché pour faire des châssis et des portes à la maison de Buxton.

Le 1er février 1822 Barthélémy Rocher procureur de d’Orsonnens a vendu à constitut un emplacement à Jacques Beaulieu chartier et journalier; il semble que ce contrat de vente soit la confirmation de la convention du 23 août précédent. Le 12 février Jacques Beaulieu a revendu à John Hutchins cardeur au moulin ce qui semble être une partie du même emplacement pour 300 livres. Le 11 novembre Barthélémy Martelle a vendu à John Hutchins une terre de 3 arpents sur 30 prenant par devant à Messire Razaine prètre et à la rivière Achigan et par derrière à la côte St-Régis bâtie de maison et autres bâtiments pour 1.200 livres. Le 26 novembre J. Hutchins a conclu un marché avec Joseph Chaillé pour la livraison de 1.200 perches d’épinette rouge de 11 pieds à livrer sur sa terre située à la chutte.

Le 1er février 1823 John Hutchins maître cardeur a engagé Jean Olivier Lauriau et Jean-Olivier Dufresne pour travailler au moulin. Dans une convention conclue par Barthélémy Rocher procureur le 5 juin 1823 John Hutchins a pris en charge la gestion du moulin à carder en payant une rente de 180 piastres d’Espagne par an aux associés d’Orsonnens et Parker. Le 3 juillet H.-B. Wyman a vendu à J. Hutchins tous les billots pouvant se trouver entre le moulin de la Côte de Grâce et le moulin de l’Achigan paroise de St-Pierre du Portage.

Le 10 janvier 1824 Jean Gagnon a vendu à John Hutchins cardeur un emplacement tenant des 2 côtés à des terrains appartenant à Hutchins bâtie d’une grange pour la somme de 600 livres formant un constitut de 36 livres de rente. Le 21 février 1816 François Bourque avait engagé Jean Gagnon scieur de bois demeurant à St-Roch pour faire tourner le moulin à scie de Mr. de St-Ours.

Le 13 janvier 1824 d’Orsonnens était revenu de son voyage en Suisse et il a vendu à constitut un emplacement à Joseph Rocheleau dit Laperche bedeau voisin de celui de John Hutchins (400/24). Le 16 janvier Martin S. Parker a constitué d’Orsonnens comme son procureur pour conclure un bail à ferme d’un an avec John Buxton employé à leur moulin à carder et à fouler au prix que celui-ci trouvera le plus avantageux. Le 31 janvier d’Orsonnens a fait une donation rémunératoire à John Hutchins d’un autre emplacement voisin du moulin pour le récompenser de ses services.

Cette photo datant de 1920 montre le site du moulin à cardes à droite:

La construction du village d’Ordonnens

Les transactions immobilières ont été de plus en plus nombreuses autour du moulin à cardes. Protais d’Odet d’Orsonnens a fait construire une sorte de manoir nommé la chaumière suisse dans l’histoire de St-Roch. Dans le livre Parcours de bâtisseurs de Jean-René Thuot on lit qu’elle a été construite au retour de d’Orsonnens de son voyage en Suisse, soit vers 1824.

Rien n’était plus grâcieux que ce chalet, qu’on pouvait nommer, en toute justice, une riche villa. M. d’Orsonnens avait profité des accidents du terrain, qui lui rappelaient sa patrie, et il avait cherché à y reproduire, encore davantage, le pittoresque de son pays…

Cette photo de la chaumière suisse d’Orsonnens a été copiée dans le même livre; le bâtiment existait encore en 1962…

Le 22 juin 1824 vente à constitut à Louis Emery dit Codaire maître-menuisier d’un emplacement vis à vis de l’église (500/30) et donation rémunératoire à Louis Emery dit Codaire d’un autre emplacement et du droit de prendre du bois sur la terre du donataire pour les considérations qu’il a eu envers lui. Le 2 octobre d’Orsonnens a signé une quittance de constitut à Ambroize Gagnon représenté par Maxime Robinet pour avoir acquitté le prix de vente de son emplacement. Le 15 décembre John Hutchins cardeur a donné une procuration à d’Orsonnens pour retirer les loyers de ses places; il était donc lui aussi locateur.

Le 14 mai 1825 vente à Jean-Baptiste Dupras scieur de long d’un petit emplacement près de la raveline de la pointe appartenant au vendeur (100/6).

Les réparations du pont d’Orsonnens en 1824 et 1829

Le 25 janvier 1824 les sous-voyers de la paroisse de St-Roch ont déclaré que sur l’ordre donné à eux par Pierre Archambault inspecteur de la dite paroisse à l’effet de procéder à la répartition d’un pont et pour la réédification d’icelui… sur la terre de François Bourq… ils ont rédigé un devis et procédé à la répartition des charges. Ce pont situé sur la terre de François Bourque meunier du moulin seigneurial décédé en 1816 semble être le pont du village situé face à l’église mais ce n’est pas certain. Les charges pour sa réparation ont été réparties entre les propriétaires en fonction de la superficie de leurs terres, la liste de 5 pages permet d’en faire un recensement.

Le 16 mars 1829 le pont connu sous le nom de pont de Protais d’Odet d’Ordonnens a dû être reponté et une nouvelle répartition des charges a été faite. La liste des propriétaires est beaucoup plus longue que celle de 1824; ils sont répartis en 7 districts:

Par exemple dans le district d’Ambroize Brien je remarque les noms de Séraphin Leblanc et Michel Chamberland qui étaient tous les 2 meuniers dans des moulins à farine de la rivière L’Achigan.

Ventes à constitut (suite)

Le 7 octobre 1827 vente à constitut à Marie-Rose Picard veuve de Jacques Botquin dit St-André pour 500 livres ou 30 livres de rente. Le 24 janvier 1829 vente à constitut à Pierre Lemir dit Marcelet un emplacement bâti d’une maison et d’une étable (500/30). Le 16 juin résiliation de la vente à Marie-Rose Picard.

Le 16 juin 1829 vente à constitut à Joseph Poitras père ancien cultivateur pour une rente de 30 livres rachetable à son décès et celui de sa femme par leurs héritiers pour la somme de 500 livres si ils voulaient prendre l’emplacement. Le 16 octobre Joseph Poitras a fait rétrocession de l’emplacement. Le 10 novembre Philippe Poitras a fait un échange de terre avec d’Orsonnens; il lui a cédé une terre de 2 arpents sur 30 sur la rivière l’Achigan bâtie de maison, grange et autres bâtiments contre un emplacement au village de 100 pieds de front bâti d’un maison non parachevée et le droit de prendre du bois de chauffage sur la terre d’Orsonnens. D’Orsonnens s’est aussi engagé à lui construire une maison sur un emplacement du village.

Le 13 avril 1830 cession, transport et transaction entre d’Orsonnens et Pierre Beauchamp bourgeois de St-Henry de Mascouche qui a racheté le constitut dû à d’Orsonnens en cédant un emplacement de 60 pieds sur 10 sur la rue la Montée bâti de maison et étable. Le 15 avril d’Orsonnens a vendu à Pierre Beauchamp un terrain de 45 pieds par 80 sans bâtiment près de la ravine pour 178 livres.

Le 16 avril les ventes à constitut ont repris: à François Bélanger maître-meunuisier 53 pieds de front pour 24 livres de rente représentant les intérêts de 400 livres, à Magdeleine Dumais veuve de Louis Jobin de 60 pieds à prendre dans la terre du dit d’Orsonnens rue la Montée bâti de maison pour 36 livres de rente (capital de 600), à Joseph Lauriau maître-maçon de 60 pieds sans bâtiment pour 36 livres, à Olivier Lauriau maître-maçon 130 pieds bâti de maison et autres bâtiments érigés par le dit Olivier Lauriau pour 36 livres. Le 17 avril à John Emerson journalier 119 pieds bâti de maison pour 30 livres (capital de 500). Le 11 juin à Antoine Mercier journalier de 100 pieds sans bâtiment de 24 livres (400). Le 13 juillet à Michel Rhinfret dit Malouin journalier (qui savait signer) de 60 pieds bâti d’une maison pour 30 livres (500). Le 30 août à Norbert Prévost maître-menuisier de 120 pieds sur la rue de la Montée sans bâtiment avec le droit de prendre du bois pour son usage pour 24 livres (400). Le 25 juillet 1831 à Antoine Mercier journalier pour 12 livres (200).

Le 25 novembre 1831 chez le notaire Auguste Rocher, Protais d’Odet sieur d’Ordonnens bourgeois demurant à St-Roch a vendu à François Archambault marchand de la même paroisse un petit morceau de terre faisant partie du terrain où il résidait contenat environ 30 ou 40 pieds de long à gagner le sommet de la côte de la rivière Achigan pour faire un chemin pour 10 livres. Le 12 mai 1832 il a encore vendu à constitut à Joseph Reinfret dit Malouin journalier un emplacement bordé par un canal érigé sur un ruisseau pour 36 livres de rente (600). Le 6 mai 1833 vente à constitution de rente à Maxime Robinet maître-charretier d’un emplacement de 60 pieds par 100 sur une ruelle bâti de maison et écurie pour 30 livres de rente (500).

Dans le recensement canadien de 1831 on lit que d’Orsonnens aurait aussi construit un moulin à scie: St-Roch, nord de la rivière L’Achigan – Capt. d’Orsonnens – 1 moulin à scie, 1 moulin à fouler, 1 moulin à carder. Je n’en ai trouvé aucune trace.

Élection des syndics pour la régie des écoles

L’acte passé par la législature de la Province de Québec dans la 9ème année du règne de feu le roi George IIII pour encourager l’éducation et un autre de la première année du règne du roi William IV ont donné lieu à l’élection de 5 syndics dans la paroisse de St-Roch: Jacques Archambault, Charles Courteau, François Archambault, tous les 3 écuyers, le sieur Ambroise Vinet dit Souligny et Protais d’Odet d’Orsonnens écuyer tous francs tenanciers de la paroisse. Barthélémy Rocher lieutenant-colonel de la milice a donné acte de l’élection.

Le 3 septembre 1832 une nouvelle élection a été tenue pour choisir les syndics de chaque école de la paroisse. Protais d’Odet d’Orsonnens et François Archambault ont été élus syndics pour l’arrondissement N°1, Octave Roy et Pierre Chaputs pour celle des files N°2; pour l’école du ruisseau St-Jean pour les garçons N°3 Thomas Gareau, Louis Tellier et Jean-Baptiste Bricault, pour les filles N°4 Jos. Brisson dit Laroche, Ambroise Vinet et Jos. Tellier; pour l’école sur la rivière Achigan N°5 Laurent Beaudouin, Jean-Baptiste Beaudouin et Amable-Louis Beaudouin; et finalement pour celle située au ruisseau des Anges N°6 Pierre Baudry, Pierre Beauchamp et Charles Lamarche

La réparation du pont d’Orsonnens en 1831

Le 7 juin 1831 un état des réparations à faire au pont Protais d’Odet d’Orsonnens a été notarié et un devis des travaux à faire a été rédigé; le 4 juillet Louis Emerie dit Codaire maître-menuisier a pris en charge le contrat pour 400 livres. Le 15 août la répartition des charges pour la réparation du pont a été notariée. L’acte montre que la précédente répartiion des charges pour sa réparation en 1829 a occasionné beaucoup de problèmes et une poursuite déposée devant le juge de paix Jacques Archambault par Séraphin Leblanc et autres; les charges ont donc été réparties en argent comptant plutôt qu’en corvée et matériaux.

La description des lots des propriétaires est encore plus précise. Au sud de la rivière Achigan Protais d’Odet d’Orsonnens a payé 3 livres 13 chelins et 8 deniers pour une terre de 78¾ arpents; il possédait une autre terre de 93 arpents plus bas sur la rivière; vers la ligne de L’Assomption d’Orsonnens partageait une terre de 27 arpents avec J.-B. Dalbec.

Le registre permet de situer approximativement les propriétés. Voici quelques noms de propriétaires ou gérants des moulins: Séraphin Leblanc possédait 28 arpents et Michel Chamberland 28 à la côte St-Régis; Guillaume Corbin 140 arpents et Louis Dufresne 150 au ruisseau St-Jean. Jean-Louis Mercier dit Lajoie meunier et gérant du moulin seigneurial en possédait plusieurs:

  • Section première (nord de l’Achigan) 90 arpents
  • Village de St-Roch 20 arpents
  • Section troisième (sud de l’Achigan) 90 arpents
  • Section quatrième (ruisseau St-Jean) 90 arpents à Jean-Louis Mercier fils

Le décès de Jean Protais Odet d’Orsonnens

Le 21 avril 1835 Protais d’Odet sieur d’Ordonnens lieutenant colonel de milice a conclu une convention avec Marie Botquin dite St-André veuve de Jean-Baptiste Douilet comme représentant de Jacques Beaulieu dans un litige. Le 27 juillet 1835 il a conclu un bail en anglais avec James Fisher de St-Roch pour la location de 2 terres avec les animaux de ferme. La première terre était nommée The perseverance de 100 acres (arpents) sur la rivière Achigan et la seconde Plaisance de 170 acres.

Protais d’Odet d’Orsonnens est décédé subitement le 16 février 1836, âgé d’à peine 43 ans selon l’inventaire de 1844. Sa veuve Sophie Rocher a alors conclu quelques actes de vente pour assurer sa succession. Le 26 avril 1836 obligation à François Archambault pour une somme de 3.097 livres; elle a hypothèqué tous ses biens en garantie. Le 18 juin elle a vendu un emplacement du village à Norbert Prevost maître-menuisier de St-Roch sur la rue la Montée pour 144 livres payables en travaux de menuiserie. Le 4 juin 1837 Juin 1837 Josephte Perrault veuve de Joseoh Botquin dit St-André de St-Lin a nommé Michel Fournier son procureur pour retirer des mains de la succession de Protais d’Orsonnens sa rente viagère.

Le 4 mai 1838 elle a donné sa quittance à Norbert Provost.

Son fils Thomas Edmond d’Orsonnens s’est installé comme médecin à l’Assomption, plusieurs actes notariés montrent qu’il a enseigné la médecine en engageant des aprentis: Joseph Desmarais, Norbert Chamberland en 1843, Auguste Brisson, Fabien Charpentier, Joseph Marion en 1844. Le 17 octobre 1844 il a signé une obligation au notaire Joseph Edouard Faribault de 1.272 livres garantie ses droits immobiliers dans sa part du quart de la succession de son père.

L’inventaire des biens de la communauté Protais d’Odet d’Orsonnens et Sophie Rocher a été fait le 13 septembre 1844 longtemps après le décès de Protais en 1836. Les 4 héritiers étaient Hernestine Laura, 18 ans, et Protais Jean Héraste, 8 ans, encore mineurs, Léon Bouchard cardeur et son épouse Arméline, Thomas Edmond médecin. L’inventaire fait la liste de tous les biens dans la maison et le jardin, il récapitule tous les actes de vente et d’achat faits par la communauté et décrit les imeubles lui appartenant: une maison en bois partie à deux étages… de plus, un moulin à carder avec un corps de logis, un moulin à scie… une machine à fouler et ses agrès…

L’inventaire donne la liste de tous les constituts: un emplacement à Daniel McGall M.D., les N°2,3 et 4 à John Hutchins, les N°5,6,7,8,9 et 11 à Norbert Provost, N°12 à Jean-Marie Rinfret dit Malouin, N°13 à Joseph Lauriau, N°14 à Narcisse Beaudouin, N°15 à Louis Troye dit Lafranchise, N°16 à Antoine Mercier, N°17 à Joseph Roch Thouin, N°18 au nommé Brien Desrochers, N°19 au nommé Boismenu, N°20 à Julie Dugas, N°21 à Jean-Baptiste Dupras alias Pratte, N°à22 Pierre Beauchamps, N°23 (½) à Michel Troye dit Lafranchise, N°24 à Antoine Lemir Marsolais, N°25 à Joseph Archambault, N°26, 27, 28, 29 et 30 à la veuve d’Orsonnens (emplacements abandonnés par François Bellanger, veuve Jobin, veuve Dupras, Michel Malouin et Bernabée), N°31 à Jean-Marie Rinfret dit Malouin, N°32 à Jean-Baptiste Dalbec et N°34 à Louis Emery dit Codaire.

Mr. d’Orsonnens avait encore des propriétés à Fribourg en Suisse qui lui apportaient un revenu.

Thomas Edmond a réclamé à la succession la somme de 53 louis pour des dépenses faites depuis le décès de son père pendant sa minorité pour ses études de médecine, ce que sa mère a contesté affirmant qu’elle avait payé 156 louis pour ses études.

Le 18 novembre 1844 Charlotte Brien dit Desrochers veuve de Maxime Robinet a fait retrocession à la veuve d’Orsonnens du lot concédé en 1833 incapable de payer la rente constituée. Le même jour Louis Troie dit Lafranchise maçon à St-Roch a signé une reconnaissance pour son emplacement au village d’Orsonnens; Antoine Lemire dit Marsolet menuisier et Elisabeth Charais veuve de Amable Duprat ont aussi retrocédé son emplacement incapables de payer la rente. Jean-Marie Rainfret dit Malouin charpentier a signé une reconnaissance. Le 19 Joseph Forais dit Marin a donné une quittance à Sophie rocher veuve d’Orsonnens, Antoine Mercier et Joseph Thouin ont signé une reconnaissance.

Ensuite il semble qu’elle ait changé de notaire; le livre Parcours de bâtisseurs signale des actes notariés qui ne sont pas accessibles sur le site de la BANQ:

  • 28 avril 1848 vente par Louise-Sophie Rocher, veuve de feu Protais d’Odet d’Orsonnens, et par Thomas-Edmond et Laure-Ernestine d’Odet d’Orsonnens à John Dalrymple
  • 23 mai 1848 vente par Léon Bouchard et Armeline-Victorine d’Odet d’Orsonnens à John Dalrymple
  • 23 juin 1857 vente par Jean-Éraste-Protais d’Odet d’Orsonnens à John Dalrymple

Yves Forest a été consulté les archives de la BANQ conservées sur micro-films et il m’a envoyé cette transcription d’une partie de l’acte du 23 mai 1848:

…with a house, two barns, stable, sheds and other buildings thereon erected, also a carding stone mill and a wooden saw mill with their machineries consisting in two single carding machines, one picker, one fouling machine together with such water power, the said vendors have the right to dispose of; saving and excepting such(?) lots of land or emplacement which may have been sold on constitut or otherwise, on the above described farm to any person or persons whomsoever, which said buildings thereon erected are not included in the present sale, and expressly reserved to the owners thereof according to their rights thereto and to their respective titles…

Les héritiers d’Orsonnens vendront en 1848 la pointe du moulin et la terre attenante au cardeur protestant John Dalrymple. Ce dernier exploite le site pendant quelques années avant de vendre le tout en 1858 à Aurélie Faribault, veuve de Louis-Michel Viger et seigneuresse de L’Assomption.

Parcours de bâtisseurs

On trouve quand même dans le greffe du notaire J.-Antoine Therrien une série de 5 actes signés le 3 juin 1848 rédigés en anglais et compliqués à interpréter. Thomas-Edmond, médecin, a signé une décharge en faveur de John Dalrymple du Petit St-Esprit. Ensuite Louis-Sophie Rocher veuve d’Orsonens a fait un transfert de donation à Thomas-Edmond; puis celui-ci et sa femme ont fait un settlement in mortgage en faveur de John Dalrymple; puis Mary Louise Adeline Dorval épouse de Thomas-Edmond a ratifié le contrat; finalement Léon Bouchard, meunier, et sa femme Armeline Victorine d’Orsonnens ont signé une ratification et décharge finale à John Dalrymple.

Léon Bouchard a déménagé à Ste-Julienne, il y était meunier et cardeur dans le moulin à eau de Joseph-Edouard Beaupré en 1850; en 1833 avant de s’installer à St-Roch il avait été maître-cardeur à St-Étienne de la Malbaie.

Le 20 octobre 1858 quand John Dalrymple a revendu toutes ses parts à Marie Aurélie Faribault le contrat mentionne un moulin en pierre à carder et à moudre l’avoine et la terre attenante. Les propriétés, bâtisses et moulins ont été achetés pour 1.000 livres soit $4.000.

Le 27 décembre 1858 J.E.N. Faribault procureur de la veuve Viger a conclu un bail pour la location d’un moulin en pierres à deux étages comprenant un moulin à carder et fouler et un moulin à moudre l’avoine construit sur un terrain situé en la paroisse de St-Roch de l’Achigan avec François Protheau meunier résidant à St-Charles-Boromée.

Le 8 novembre 1871 Victor Botquin dit St-André et son épouse Eugénie Chamaillon ont fait donation à Louis Payette de retour des Éats-Unis demeurant à St-Roch et Henriette Botquin son épouse d’un lopin de terre de 10 arpents en superficie formant une pointe bordée par la rivière de l’Achigan et Placide Archambault avec maison, grange et autres bâtisses à l’exception des terrains vendus à constitut; et en plus un moulin en pierres à carder et à moudre de l’avoine avec toutes ses machineries. Aussi une petite île nommée île Sophie et une langue de terre située au nord de la pointe entre le côté sud de la rivière et le canal sur lequel le moulin est bâti. Ces effets appartenaient aux donateurs en vertu d’une promesse de vente faite par Madame Viger le 29 novembre 1869.

Le 21 décembre Madame Viger a officialisé la promesse de vente qu’elle avait faite et vendu les propriétés à Victor Botquin dit St-André cardeur, de la paroisse Saint-Roch. Le moulin devait servir exclusivement à carder la laine et moudre l’avoine et les acquéreurs ne pouvaient pas construire d’autre moulin sur le pouvoir d’eau. La vendeuse se réservait le droit de construire des chaussées et des quais pour le moulin à farine seigneurial voisin.

Le 13 mai 1872 Louis Payette a déposé un protêt contre Victor St-André et son épouse qui s’étaient engagés dans leur acte de donation de travailler au moulin mais qui ne respectent pas leur contrat et travaillent ailleurs. Louis Payette est décèdé le 14 juillet 1872, un inventaire des biens de sa communauté avec Henriette St-André est fait par le notaire le 29 septembre 1874. Ils occupaient le terrain donné par Victor St-André.

Au tournant du XXème siècle, le site est acheté par la famille Forest, qui exploite notamment sur ce site une « usine à électricité » pour alimenter le village. La famille Leclerc passera ensuite un long séjour sur cette pointe de terre jadis aux d’Orsonens. À Saint-Roch, le site est d’ailleurs connu de nos jours comme « le Moulin Leclerc ».

Parcours de bâtisseurs

Le nom d’Orsonnens aurait failli disparaître de la toponymie de St-Roch. Le livre raconte qu’en 1993 un concours a été organisé pour nommer le pont moderne reconstruit en amont de l’ancien et du barrage du moulin; le nom Pont d’Orsonnens a été choisi.

Carte du Québec

2 réflexions au sujet de “Le capitaine Jean Protais Odet d’Orsonnens à St-Roch”

  1. Bonjour, Je viens de découvrir votre site historique.
    Quelle recherche et travail minutieux et détaillé. Bravo a vous, pour faire connaitre et rayonner l’histoire fascinante de la région, avec la famille Odet, les transactions de terrains, l’industrialisation par les moulins, et l’histoire du pont, une infrastructure publique si important a cette époche, et depuis!.
    Vous réussissez a faire ‘parler’ ces documents notariés précieux qui ont été préservés.
    J’ai souvenir d’une visite a St-Roch en 1980+, et de rencontrer M. Lemay, historien amateur tres fier de sa région. Nous pensons revisiter St-Roch cet été (2024). Mes salutations, Paul d’Orsonnens (Fils de Georges, petit-fils d’Alfred et Irene Gemme).

    Répondre
  2. Bonjour,

    Vraiment très intéressant comme recherche et présentation, bravo ! Je suis arrivé ici pour chercher l’orthographe exacte de Protais Odet d’Orsonnens, car je suis en train de transcrire et de paléographier l’acte entre ce dernier et mon aïeul, mon lointain arrière-grand-père Jean-Baptiste Peltier (celui qui a construit le moulin), et je n’arrivais pas à être précis. J’ai pris le temps de lire la chronologie présentée et j’en suis bien surpris.

    J’ai vu les deux cartes des terres de St-Roch reproduites ici, et je me demande où je pourrais les trouver à différentes dates, notamment les cartes des terres de l’Assomption. Cela m’aiderait à situer qui habitait où… et qui a acheté quoi. Les actes sont tellement vagues pour ceux qui n’ont pas de référence géographiques – « par devant à un tel, de l’autre bord à l’autre tel ». On est loin des adresses civiques modernes.

    Voilà !

    Répondre

Laisser un commentaire