En 1906 Nominingue avait atteint l’apogée de son activité économique. Depuis 1904 le Train du Nord y avait son terminus et c’était le point d’accès et de ravitaillement pour les chantiers de bois. La cour de justice, l’évêché, les bureaux administratifs régionaux devaient bientôt y être établis et la prospérité en découler. Cette effervescence ne va durer que quelques années, en 1909 la ligne de train a été prolongée jusqu’à Mont-Laurier et le déclin a aussitôt commencé.
1907
Les feux dévastaient les forêts des Laurentides presque tous les ans, c’est une des principales constatations de cette recherche sur les années de la fondation de Nominingue. Cette vue du village de Nominingue en 1907 montre une forêt dévastée, ce sont sans doute les vestiges d’un feu de forêt venu frôler le village.
Jusqu’en 1912 le journal L’Ami du Colon (renommé Le Pionnier) publié dans le couvent des Chanoines Réguliers de l’Immaculée-Conception (CRIC) à Nominingue permet de documenter précisément l’histoire des Hautes-Laurentides, tous ses numéros ont été numérisés par la BANQ.
En janvier 1907 M. C. A. M. Wilson a été élu maire de la paroisse à l’unanimité. Pour la municipalité de village les choses n’allèrent pas si doucement. M. Alyre Charlebois ancien maire a été battu. M. Auguste Varennes, l’un de nos plus anciens co-paroissiens, s’est fait tuer par la chute d’un arbre.
En janvier une expédition de chasse au loup a été organisée, la construction de la voie ferrée semblant être la cause de leur prolifération dans le secteur de Nominingue. Un groupe de fameux chasseurs de loups de Nominingue a été embauché.
C’est M. L. O. Armstrong agent-général du Canadien Pacifique qui avait organisé la battue. L’endroit où les fauves sont en plus grande quantité est le lac des Îles à deux pas de la demeure du baron d’Halewyn… Les gens de Nominingue se sont tordus de rire en lisant les exploits des chasseurs de loups de Nominingue racontés par les journaux de la ville.
Pendant ce temps le contrat de construction de l’hôtel de ville avait été accordé à M. Hormidas Lefebvre au prix de $2.200.
La chasse au loup a continué en février et le jeune Henri Locas a reçu la prime de $15 (plus $3 pour la peau) pour sa prise, une louve de 80 livres. La compagnie Edwards avait ouvert un chantier près du lac des Sucreries. Le prolongement de la ligne de train vers le nord était une évidence pour tous mais 2 paroisses se disputaient la prochaine étape, Ferme-Neuve et le Rapide-de-l’Orignal (Mont-Laurier). En février un groupe d’ingénieurs est venu pour établir le tracé définitif.
Le rédacteur de L’Ami du Colon était toujours heureux d’annoncer le retour des brebis égarées: M. Multeau et M. Brun avaient espéré trouver mieux en allant coloniser l’Algérie et Maxime Rivet Ste-Julienne, ils étaient de retour avec leurs familles. Maintenant que le train arrivait à Nominingue ses habitants espéraient que le village devienne une destination touristique de première classe avec la construction d’un hôtel de luxe sur le lac Nominingue comme celui du lac Manitou à Ste-Agathe. Des syndics ont été élus pour voir à la construction d’une église. La succession Globensky a vendu sa vaste propriété avoisinant le grand Nominingue près du domaine de l’honorable M. Berthiaume. M. J. D. Mongrain projetait d’y construire des fourneaux pour la préparation du charbon de bois.
Au printemps 1907 l’activité économique était en pleine effervescence. La construction de l’hôtel de ville a été commencée, la maison des colons était terminée, les trains de Montréal étaient de plus en plus fréquents, M. Beaudet avait acheté une partie du terrain de la villa Bellerive pour y ériger une scierie mécanique, M. Cyr avait vendu la sienne à M. Maillé. M. Mongrain avait commencé à construire ses fours, le Canadien Pacifique devait lui construire un embranchement spécial d’un mille de longueur. et un débarcadère était prévu à cet embranchement. M. Adam de Villadam (anciennement Villaniville) projetait de construire des villas au bord du grand lac.
Le transport du bois par le train a vite nécessité de renforcer la ligne entre Ste-Adèle et Nominingue, les charges étaient pesantes. La vie municipale s’organisait, la construction de trottoirs de bois était obligatoire dans les rues du village devant chaque terrain et un constable, M. R. Jetté avais été engagé pour faire respecter les règlements. La construction du prolongement du train devait commencer en juin, les ingénieurs avaient déménagé de l’hôtel Central pour aller plus loin au nord.
M. le baron d’Halewyn et sa famille ne venaient plus à Nominingue que pour la belle saison, voici des photos du baron, de sa femme et de leur château du lac des Îles trouvées dans une biographie:
Gros procès à l’horizon – La Cie Riordan ayant endigué les lacs Nominingue pour faciliter le flottage de ses bois noie, chaque printemps, une bonne partie des terres riveraines, notamment le chemin qui passe à la Barrière entre les deux lacs. L’industrie de la construction battait son plein, les manoirs de l’honorable M. Beaubien au petit lac et celui de M. J. M. Richard au grand lac, l’hôtel de ville, plus 4 ou 5 maisons.
Le 4 juin le journal L’Ami du Colon a changé de nom pour Le Pionnier, son directeur-éditeur était toujours Amédée Denault et son message catholique radical n’a pas changé. Pendant quelques mois il a paru 2 fois par semaine au lieu d’une seule jusqu’en juillet 1908.
Le problème des braconniers qui pêchaient avec des filets ou même à la dynamite était souvent dénoncé par les résidents. En juin les feux de forêt avaient encore encerclé le village et fait des dommages. Après 5 longues journées il s’étaient éteint après qu’une messe ait été chantée pour implorer cette faveur. Le R. Père Curé ne faisait pas que chanter des messes, il dirigeait le travail des sauveteurs. Le journal donnait aussi des nouvelles des habitants des alentours. Dans le canton Montigny Pierre Perrier réclamait des dommages à M. J. Goddard pour avoir inondé son terrain en construisant la digue de son moulin.
Il existe à Nominingue … un petit journal qui prétend faire de la colonisation coopérative, mais qui fait surtout du castorisme et du nationalisme sous les apparences de ce qu’il appelle le catholicisme intégral.
Les rouges ne se privaient pas de dénoncer le journal de Nominingue publié dans le couvent des CRIC. Il faut être conscient que le message de fond du journal était de la propagande pensée par des prêtres français fanatiques de cette époque, ce qui ne plaisait pas à tout le monde. Le choix des faits rapportés par le journal est donc fortement biaisé mais il permet de connaître certains détails de l’histoire de Nominingue. Le choix que je fais des articles est aussi très subjectif, je cherche avant tout à documenter la vie économique.
La Orillia Construction Company avait établi son bureau à l’hôtel Barrette près de la gare et elle avait besoin de 200 journaliers et 50 attelages doubles pour les travaux de terrassement de la ligne de train.
Les chasses et les pêcheries étaient une des richesses de ce territoire, il fallait les protéger. Nos revendications: interdiction des chasses avec chiens, des pêches à la dynamite, des digues sans passe migratoire, etc. Le hameau de Bellerive commençait à s’organiser, le train s’y arrêtait sur demande et les riverains projetaient d’y construire un quai. M. John D. Mongrain qui construisait ses fours à charbon de bois poursuivait la Riordon Paper Mills Ltd. responsable de l’état dangereux du chemin à barrières. Les chemins à barrières étaient des chemins entretenus par un syndicat qui obtenait le droit d’établir un péage pour rembourser ses frais (Jean Provencher).
Les novices du monastère des CRIC avaient été invités par le baron à faire une excursion sur le lac d’Halewyn (lac des Îles) sur son yacht à gazoline.
Le nouveau remorqueur récemment lancé par M. Arthur Demers, et faisant le touage des billots, a coulé à pic, tête première, au beau milieu du petit Nominingue. Grâce au train on pouvait organiser des parties d’huîtres à Nominingue, le progrès. Avant l’électricité les bâtiments ont été éclairés à l’acétylène (acytylene). L’hôtel Pharand, le plus considérable de Nominingue a été ébranlé par une explosion tellement forte qu’il était devenu inhabitable.
Le Pionnier, journal catholique radical, menait la croisade contre les socialistes, les francs-maçons et les juifs sans trop de nuances. Il y avait un journal catholique dans chaque région, à Joliette c’était l’Action Populaire.
Maintenant que Nominingue était devenu une destination touristique il fallait embellir l’aspect du village et organiser la vie civile: amélioration des trottoirs et du carré central du village, construction de cellules de prison pour loger les délinquants, patinoire pour le hockey et le patin sur le lac Bourget, écoles de rang, etc.
Le Pionnier rapportait tous les accidents et incidents: bras et mains de bûcherons coupés, explosions de dynamite lors de la construction du train et autres accidents de travail, accidents de chasse très fréquents, chevaux prenant le mords aux dents, etc. Il y avait aussi de très nombreux feux de cheminée et incendies et chaque fois toute la population se mobilisait sous la direction du Père Curé. En août l’hôtel Gauthier situé près de l’église avait brûlé de fond en comble, une perte totale malgré la mobilisation de tout le village. Il y a trop d’informations et j’ai dû faire une sélection.
1908
Le curé d’Ars qui, très humble, savait qu’on voudrait le canoniser rapidement après sa mort, avait prédit que Paris serait détruit entre 1906 et 1910. Dieu allait punir la France républicaine et laïque.
Vingt paires de chevaux étaient montés pour le chantier des M. M. Edwards dans Montigny. Ils ont traversé sur le lac des Grandes-Baies dont le pont de glace est maintenant d’une solidité à toute épreuve. Le portage pour le chantier, à la digue, se fait aussi depuis une quinzaine de jours, par le chemin du lac des Grandes-Baies. 54 chevaux étaient arrivés du Montana dans des chars-palais pour chevaux pour la construction de la ligne de train qui avait commencé.
M. Devlin ministre de la Colonisation est venu faire sa tournée d’inspection accompagné du député Honoré Mercier. Il y avait les travaux du train à inspecter mais ils ont aussi dû entendre les doléances des colons.
Pour lutter contre le socialisme l’Église promouvait l’entraide coopérative catholique. La Coopérative des Colons du Nord fondée en 1906 organisait des conférences sur l’agriculture et l’élevage, dans son journal elle publiait aussi des rubriques sur tous les sujets préoccupant les colons. En 1908 elle organisait la création d’une caisse populaire coopérative avec le soutien d’Alphonse Desjardins.
La principale doléance des colons était que les marchands de bois leur faisaient la guerre. Vers 1900 l’exploitation du bois autour de Nominingue s’est prodigieusement intensifiée. Au printemps 1901 il y avait plus de 1 million de billots flottant sur les lacs Nominingue en attendant de descendre vers la rivière Rouge. La position des colons était précaire, ils avaient besoin des compagnies de bois qui créaient de l’activité économique mais cette activité se faisait sans trop de contrôle en appauvrissant leurs terres. Qu’est-ce qui se passerait une fois que tout le bois aurait été coupé?
Dans une brochure de propagande destinée aux immigrants français et belges ses forêts de bois de pulpe qui couvraient toute la région sont écrites comme la principale richesse de Nominingue; dans d’autres publications on vantait le bois de tilleul de la région de Nominingue.
Il n’y avait pas beaucoup de colons établis entre Papineauville et Nominingue mais il y avait beaucoup de bois à exploiter et une demande a été faite pour construire une autre ligne de train. Le journal Le Pionnier faisait plutôt la promotion d’une extension de la ligne vers le Témiscamingue et le Nouvel Ontario, suivant le projet du curé Labelle de peupler ces régions jusqu’au Manitoba de familles canadiennes-françaises.
L’honorable M. Berthiaume propriétaire de La Presse avait un manoir à Nominingue et il a aidé financièrement la chambre syndicale d’initiative de Nominingue à organiser une série de conférences pour vulgariser l’instruction agricole. L’agent des Terres de la Couronne avait élu domicile dans la Maison des Colons, une utilisation pratique et très favorable qui lui manquait jusqu’ici. Il semble qu’il n’y avait pas beaucoup de familles de colons à accueillir.
Alphonse Desjardins a fait 2 conférences à l’occasion de l’ouverture officielle de la Caisse Populaire de Nominingue. 60 parts avaient été prises et on espérait atteindre la centaine de membres. Le sou des écoles a été décrété en même temps.
Le 28 mars La Presse a publié un premier article sur l’histoire de Nominingue avec des illustrations:
Le baron d’Halewyn qui avait pris la tête de la contestation contre les compagnies de bois a eu les moyens d’aller en cour avec de bons avocats et il a gagné sa cause contre la compagnie Edwards qui avait profité de son absence pour raser une partie de sa forêt. Cette cause est inscrite dans la jurisprudence canadienne pour la définition des droits de coupe de bois.
Le 4 avril La Presse a publié la seconde partie de son reportage avec d’autre illustrations:
La population actuelle est de 1.250 habitants, parmi lesquels quelques familles françaises qui réussissent bien dans leur vie de colons défricheurs. Le R. P. Mouttet (CRIC) était le président de la Coopérative des Colons du Nord. Il n’y avait plus de beurrerie mais 5 ou 6 colons avaient des centrifuges. 10 magasins, 1 tannerie, 3 boutiques de forge, 2 manufactures, 7 scieries, 1 fabrique de charbon de bois, 4 hôtels, 1 imprimerie, 1 société d’agriculture, 1 chambre syndicale, 1 caisse d’économie populaire, 1 Cour de Circuit, etc.
Tout allait donc pour le mieux à Nominingue et pourtant la semaine suivante La Presse a publié des statistiques qui montraient déjà le déclin de Nominingue par rapport à ses voisins: L’Annonciation, Ferme-Neuve et le Rapide de l’Orignal étaient déjà plus peuplés. On remarque au passage que la colonie juive de la Macaza, 96 personnes, était recensée à part des autres membres du village.
Samuel Ouellette avait racheté la scierie de Moïse Maillé.
Comme à chaque printemps les chemins Chapleau et Gouin étaient presque impraticables et plusieurs ponts emportés. Les statistiques sur le besoin des américains en bois de pulpe étaient très encourageantes et la première conférence de vulgarisation agricole a été donnée par M. de Carufel.
Le 15 juin 1908 lors de l’assemblée générale des directeurs de la Coopérative des Colons du Nord les résolutions suivantes ont été adoptées, elles résument les doléances des colons. Ils réclamaient entre autres que le gouvernement mette en réserve dix ou quinze lot dans chaque canton pour constituer une réserve forestière communale, selon le système qui existe en France. Ils demandaient aussi une protection efficace contre l’envahissement menaçant de l’immigration israélite.
En août les feux de forêt étaient de retour autour de la villa Richard. 35 hommes de la scierie de M. Arthur Demers s’étaient mis en grève, ça devait être une nouveauté socialisante un peu inquiétante dans le paisible paysage de Nominingue! M. Demers prévoyait construire une voie de garage pour relier son usine à la ligne de train, quelques arpents à l’ouest de la gare.
Il y avait alors 3 ou 4 navires automoteurs sur les lacs et avec l’octroi de fonds pour l’amélioration de la navigation demandé au gouvernement on espérait doubler ce nombre. Ces navires servaient avant tout à tirer les billots de bois vers les différentes scieries situées autour de ces lacs. M. Lamoureux a vendu son hôtel à M. Rochon, M. Barrette a vendu le sien à M. Boivin et M. Berthiaume à son fils Adélard. M. Jetté se plaignait que les cachots n’avaient pas encore été construits pour y loger les ivrognes et les vagabonds qui étaient de plus en plus nombreux avec l’augmentation de l’activité économique.
Dans chaque publication du Pionnier il y avait une rubrique sur la tempérance. Il y avait de plus en plus de trafic d’alcool clandestin et pour attirer les touristes les hôteliers réclamaient des licences. Une campagne pour la réduction du nombre de licences accordées par la municipalité a été menée par une partie de la population. Le projet d’un grand hôtel de luxe sur la pointe Manitou revenait périodiquement.
Une quarantaine de chars-logement portant une couple de cents italiens avec leurs outils et bagages étaient arrivés pour travailler au terrassement de la ligne. Il y a eu un autre feu de forêt à la pointe Manitou, il n’avait pas plu depuis six semaines. Les 2 couvents de soeurs ont été améliorés. Les chanoinesses ont construit la galerie et le balcon de la maison qui s’appelle aujourd’hui Le Provincialat.
Les histoires de loup étaient très à la mode en 1908 et les articles les rapportant sont souvent illustrés ce qui était encore rare.
L’hôtel Villa Bellerive a été mis en vente avec des terres et des maisons par Joachim Gagnon mais cette annonce va être publiée chaque semaine pendant plusieurs années sans qu’il trouve d’acheteur. La compagnie McLaren avait fait saisir 20.000 billots coupés par P. E. Parent sans permission, ce qu’il contestait. Les travaux des 27 premiers milles de la ligne de train jusqu’au passage de la Kiamika étaient terminés et les ouvriers repartaient.
1909
M. T. A. Christin l’agent des terres de la couronne qui résidait à Nominingue a été remplacé, il a été nommé inspecteur des réserves. Les adversaires politiques du gouvernement l’avaient accusé de certaines malversations. Un évêché à Nominingue aurait été la consécration de tous les efforts des pionniers du lac Nominingue. St-Jérôme, Ste-Agathe avec son église-cathédrale, Labelle, Mont-Laurier, la concurrence était forte mais les nomininguois y croyaient. La Presse avait choisi Nominingue.
M. Danis de L’Annonciation construisait un réseau local de téléphonie, il demandait aux citoyens de Nominingue de lui fournir gratuitement 220 poteaux ou à la municipalité de lui accorder un bonus de $200 pour relier Nominingue au réseau.
Mme Veuve Alfred Adam, Mme Roch Jetté, Madame Léandre Berthelotte, les femmes étaient actives dans le commerce et publiaient des annonces attractives, ce sont les plus grosses publicités dans le journal.
M. Alyre Charlebois proposait de céder des terrains sur le bord du lac à une compagnie qui voudrait y construire un hôtel de luxe. M. Emery Godard et M. Champeau ont formé une compagnie pour reprendre les activités de l’industriel Alfred Adam décédé brutalement. Elzéar Quevillon avait décidé de partir pour l’ouest canadien, il vendait son roulant à l’encan.
Les bureaux du journal ont été déménagés du couvent pour occuper un nouveau local sur la place de l’Église, entre l’école actuelle et le Provincialat. La manufacture de portes et de châssis appartenant à M. Zotique Gauthier et la tannerie de M. E. Brisebois ont été détruites de fond en comble la nuit dernière. Le magasin de Mme Adam était situé juste à côté et elle remerciait ceux qui l’avaient sauvé des flammes pendant qu’elle était absente. Il semble que la forge ait aussi été détruite.
Le feu dans les forêts à Christinville (Lac Saguay), ce sont les ouvriers du train qui étaient responsables cette fois encore.
Malgré les règlements adoptés la construction des trottoirs n’avançait pas, le journaliste soulignait que les conseillers ne montraient pas le bon exemple. L’évêque d’Ottawa étant décédé la création du nouvel évêché revenait d’actualité. En juin les forêts du nord étaient encore en flammes.
M. le notaire Leblanc et M. J. B. Bousquet, avocat, avaient acquis de nouveaux bateaux. Le service de chars (le train) allait être établi pour le fret jusqu’au Rapide de l’Orignal. Les travaux d’embellissement du village continuaient autour de la gare. Travaille et espère c’était le conseil donné aux colons du nord dans le numéro spécial d’été du Pionnier.
M. Duperreault a acquis la ferme Berthiaume; un syndicat composé de financiers yankees s’est porté acquéreur des fours à charbon de bois de M. Mongrain. Une association des français de la région a organisé une première fête des français dans le canton Rochon.
M. Hippolyte Multeau vient de finir la construction de son magnifique moulin à scie mû par la vapeur qu’il a installé sur son emplacement du 7ème rang. Au lac des Îles une mine de mica était en exploitation. Les nombreux incendies dans le village avaient montré le besoin d’un système d’aqueduc, une étude a été faite.
La fête des français a été organisée chez M. Multeau et une association a été créée pour célébrer le 14 juillet.
Le Comité des Gares de Nominingue a 2 belles photos d’une fête des français datées de 1909 dans sa collection:
La communauté des Religieux de Sainte Croix venaient d’acheter un terrain à Nominingue et les R. P. Hébert et Groulx étaient venus les inspecter. M. E. Brisebois avait reconstruit sa tannerie en-dehors du village près du ruisseau St-Joseph. Un moulin à écorcer la pulpe était en construction sur les terrains Laroche à l’ouest de la gare. Le Pacifique Canadien améliorait ses installations autour de la gare et les habitants espéraient que la compagnie établisse un grand atelier de réparation à Nominingue. Sem Lacaille investissait dans de la machinerie moderne pour produire son superbe bois de veneer. M. Louis Cornut jr. avait organisé une corvée de bois de pulpe réunissant une quarantaine de convives.
Les usines de la Nominingue Pulp Supply Company achèvaient de parfaire leur installation et le journaliste leur reprochait d’avoir choisi un nom anglais dans un milieu essentiellement francophone. Le ministère des Terres avait installé son agent régional dans la maison des colons qui, depuis son ouverture en 1907, ne semble pas avoir été très utilisée encore.
Une équipe de bûcherons est en train de couper le bois sur les terrains de la fabrique pour la construction du nouveau collège et l’agrandissement de l’église. Les travaux seront commencés au printemps.
1910
Pour l’année 1910 M. J. A. Lalande a été réélu maire du village. MM. Elzéar Quevillon, Aldéric Loiselle, J. B. Chalifoux, Sem Lacaille, Joseph Gagnon, Eugène Corbin et Adélard Gauthier composaient le conseil de la corporation du canton Loranger. Sem Lacaille a été choisi comme maire.
L’exploitation d’une mine de mica blanc au lac des Îles paraissait extraordinairement avantageuse, les travaux devaient commencer. François Vachet vendait sa propriété: four à chaux, immense et inépuisable filon de pierre à chaux hydraulique, tout le matériel de carrière, forge, etc. Eugène Corbin vendait aussi ses propriétés pour aller s’établir dans le nord-ouest canadien avec son fils Alexandre.
Le service de train entre Montréal et Nominingue avait été prolongé jusqu’au nouveau terminus nommé Duhamel en l’honneur de l’évêque d’Ottawa récemment décédé.
M. Christin, agent des terres de la couronne à Nominingue, avait fondé une colonie au lac Saguay nommée Christinville. Sa position d’agent du gouvernement profitant de son autorité pour se créer une colonie personnelle a été fortement critiquée au parlement. M. Goddard a vendu son moulin mû par la vapeur et les eaux de la Petite Nation à M. J.-B. Fleurant. L’hôpital des Soeurs des Cinq Plaies abritait une dizaine d’orphelins. Nous avons le plaisir d’apprendre à nos lecteurs que les Chanoines Réguliers de l’Immaculée-Conception se disposent à ouvrir dès le mois de septembre prochain à Nominingue un collège commercial et classique.
Selon M. H. Bourassa Nominingue n’offrait qu’une colonisation factice qui tôt ou tard par la force même des choses disparaîtrait. Ses adversaires disaient qu’il avait choisi Mont-Laurier plutôt que Nominingue comme chef-lieu du district judiciaire parce que le curé Génier, un de vos amis qui favorise toujours vos actes et est l’agent des McLaren, les marchands de bois que vous prisez si fort, reste à Mont-Laurier.
La foudre est tombée sur le nouvel hôtel de ville et a endommagé considérablement le mur. M. Lacaille maire obtenait des exemptions de taxes municipales pour pouvoir améliorer ses industries. Des capitalistes avaient un nouveau projet à la pointe Manitou que les Pères voulaient vendre pour financer les travaux d’agrandissement du collège.
Adélard Berthiaume a vendu son hôtel situé en face de l’hôtel de ville à M. O. Galarneau. Certains capitalistes sont en instance auprès de notre conseil du village pour l’établissement d’une usine sur les bords du lac Bourget. Le nouveau collège commercial et classique a ouvert en septembre. Le chantier des MM. Edwards à la digue du lac des Grandes-Baies est ouvert sous la gérance de M. Dumas. Une cinquantaine d’hommes y sont actuellement employés.
L’article est difficile à lire mais Le Pionnier du 29 septembre donne une description des usines de Sem Lacaille. Sa spécialité était de faire du veneer de 3/8 d’épaisseur, il était le seul à en produire un aussi épais et malgré des droits de douane de 33% il arrivait à le vendre au États-Unis.
Un confrère qui déménage. Ce petit entre-filet laisse supposer que la rédaction du journal Le Pionnier prépare son déménagement à Hailybury dans le Témiscamingue. Depuis ses débuts le journal faisait la promotion de la colonisation au Nominingue ET dans le Témiscamingue. Des centaines de Nemrods… sont passés ici accompagnés des meutes de ces intéressants hounds… le chevreuil, cette bête si gentille de nos forêts mérite un meilleur traitement.
Le journal L’Évènement était bien renseigné, le mois suivant le curé de Nominingue, le R. P. André Mouttet annonçait à ses paroissiens qu’il quittait Nominingue pour le Témiscamingue. Le prote du journal Le Pionnier, le responsable de l’imprimerie Adolphe Ardouin, annonçait lui aussi qu’il déménageait en Saskatchewan, son successeur s’appelait M. Dion. Le journal Le Patriote où devait travailler A. Ardouin a brûlé pendant son voyage vers l’ouest, il est revenu à Nominingue peu après. Le P. Henri Chalumeau CRIC a été nommé curé de Nominingue. Il a inauguré son règne en établissant une fondation: chaque semaine à un jour convenable les personnes habiles à manier l’aiguille iront consacrer quelques heures à travailler au vestiaire pour aider à l’embellisement de notre modeste église.
Sem Lacaile avait fait l’acquisition d’une superbe dynamo d’une capacité considérable. À l’aide de ce pouvoir moteur, M. Lacaille éclairera son établissement comprenant maisons, manufactures, etc.
1911
En 1911 il y avait 54 scieries autour de Nominingue. Les plans du prochain collège de Nominingue sont maintenant élaborés et tout fait prévoir que la construction commencera de très bonne heure au printemps. Le succès du collège obligeait son agrandissement.
La pointe Manitou qui avance dans le grand lac Nominingue était aussi nommée pointe Charlebois. Un concours de popularité a été organisé pour amasser des fonds pour les travaux du collège, Napoléon Pagé agent des Terres de la Couronne était candidat.
En 1911 il y avait 3 hôtels licenciés dans le village. Dans le canton Loranger M. I. Gadoury a été choisi président de la corporation. La Nomining Pulp Wood and Supply Co. était poursuivie par plusieurs citoyens de Nominingue, la compagnie ne devait pas très bien fonctionner. La bâtisse où étaient les ateliers du Pionnier a été transportée pour servir d’annexe au collège. La chapelle qui se trouve toujours dans le bois derrière le collège a été construite grâce aux contributions de chacun.
Le nouvel édifice offrira aux élèves tout le confort désirable: lumière, chaufage à l’eau chaude, salles de bains et douches, toutes les améliorations modernes qui assurent l’hygiène et partant la santé des adolescents. Les feux de forêt ont parcouru le canton et sévissent encore un peu par toute la région. Le cercle agricole était tombé en létargie et le curé Chalumeau l’a relancé.
M. J. Laroche avait pêché une truite de 26 livres mais il était tout alarmé de voir pendant plusieurs jours consécutifs des groupes de gens harponner le poisson sur la rive et souvent le tuer à coup de fusil. Une grande tombola avait été organisée au profit du collège, la maison Lindsay de Montréal avait offert un piano de $300. Ovide Galarneau hôtelier populaire de Nominingue s’est aussi présenté au concours de popularité. M. Viau avait trouvé une tortue de 50 livres dans le grand lac.
Le Jardin – Comme un essaim d’abeilles, huit petites soeurs blanches vont, viennent et travaillent avec entrain… C’étaient les révérendes soeurs des Cinq Plaies qui commençaient leur jardin situé derrière leur maison. Ce texte me touche particulièrement, de 1988 à 2003 je me suis occupé de ce jardin où, c’est vrai, il pousse de l’or pur!
Collinette, journaliste au Devoir, devait avoir une résidence au Nominingue, elle lui a consacré plusieurs rubriques.
Pour la St-Jean-Baptiste un cortège de notables avait été accueilli à la gare par les habitants mais lors du tir au canon Polycarpe Danis frère d’un restaurateur de Nominingue a eu le visage emporté; il est décédé quelques jours plus tard. Le concours de popularité a été remporté par Napoléon Pagé et la tombola avait récolté $2.800.
La campagne pour faire de Nominingue le chef-lieu du nord se continuait. M. Honoré Achim avocat à Nominingue s’est présenté aux élections fédérales pour le parti conservateur, soutenu par l’honorable Louis Beaubien.
M. Achim a été élu député et le parti conservateur a pris le pouvoir. Cela donnait encore plus de poids à la candidature de Nominingue comme évêché et à sa désignation comme chef-lieu du district judiciaire. La compagnie Edwards construisait une scierie sur le chemin Chapleau dans Montigny et une autre était projetée par M. Paquette à Bellerive. Un violent incendie a détruit la scierie de la compagnie McLaren située sur les bords du grand lac Nominingue ainsi que 2 millions de pieds de bois et 2 wagons. Son gérant était M. Godard.
Une nouvelle société pour le commerce du bois s’est formée dernièrement à Nominingue, parmi ses actionnaires sont MM. John Lamothe, T. Potvin, J.-B. Villemaire et J. Bray. La Nomining Pulp Supply avait réglé ses dettes et été reprise en main par M. I. Patenaude. Les travaux du collège avançaient rondement et la tour centrale avait été illuminée pour qu’on la voie de loin.
Huit chantiers de coupe de bois ont commencé des travaux dans le voisinage de Nominingue. L’hiver s’annonce actif.
La fabrication des dormants pour les rails de chemin de fer procurait un revenu d’appoint aux colons qui pouvaient les tailler dans le bois de leurs terres. MM. Bessette et Morin faisaient reconstruire l’ancienne scierie McLauren (McLaurin ou McLaurier) dont ils étaient propriétaires. M. O. Lebeau gérant de la Belle Rive Lumber Co. venait surveiller la construction d’une scierie et ses chantiers, M. I. N. Parent construisait un grand moulin sur les bords du Grand Nominingue… Monsieur Généreux était à l’hôtel Royal ainsi que M. Patenaude propriétaire de l’écorceur. Le cercle agricole de Nominingue a été reconstitué et une colonie de vacances s’installait au lac Bourget dans la villa du baron I. d’Holesoys achetée par les RR. PP. de Saint Vincent de Paul.
1912
Le journal Le Pionnier a publié ses deux derniers numéros en 1912, un en janvier l’autre en février. Aucune raison n’est donnée pour expliquer l’irrégularité de la publication ni pour annoncer sa fin. Voici une page de publicités tirée du dernier numéro:
Dans un article de L’Action Sociale on apprend que les ateliers du Pionnier ont été incendiés à la fin du mois de février. C’est un peu suspect, le journal semblait être en difficulté et il est incendié.
À partir de cette date les informations sur l’histoire de Nominingue vont être beaucoup plus rares dans la presse. Nominingue n’était plus qu’un petit village du nord parmi beaucoup d’autres, les journaux s’en préoccupaient beaucoup moins qu’avant et les quelques articles trouvés sont parfois difficiles à déchiffrer. Le Devoir dénonçait la spéculation qui fleurissait dans la région d’Ottawa pour l’exploitation du bois. A. C. Miquelon et l’abbé Génier, curé du Rapide de l’Orignal, sorte d’agent de la Cie McLaren qui fait métier d’intermédiaire entre le détenteur de lots et le marchand de bois sont dénoncés.
La Pointe des Pères a été vendue pour $12.000. Une autre aile allait être ajoutée au collège, 5 nouvelles scieries ont été construites. L’activité économique était tellement forte qu’il n’y avait pas assez de trains pour transporter tout le bois. M. Patenaude a acheté le château et les terres du baron d’Halewyn.
Il y a paraît-il certains propriétaires de scieries qui ne font pas scrupule de jeter dans les rivières et les lacs des sciures de bois et des déchets de toutes sortes. À la Macaza plus de 2 millions de plans de tabac turc avaient été plantés par les Juifs qui y avaient établi une colonie. Mais les semailles avaient été retardées par la pluie et le froid à St-Ignace du Nominingue.
L’industrie de M. Sem Lacaille – Grâce à des couteaux tranchants des feuillets très minces (de 1/4 à 1/28 de pouce) à dessins fort variés et à teintes très riches qui donneront aux meubles et aux voitures leur apparence de beauté et leur souplesse de contour.
Nouveau bateau – Les eaux du lac Nominingue sont sillonnées depuis quelques jours par un joli bateau à vapeur, le premier de cette dimension, propriété de M. Alfred Robidoux. Le Nominingue mesure 50 pieds de longueur et peut porter à l’aise 150 personnes.
À la rentrée des classes il y avait 107 élèves inscrits et le bâtiment tout neuf qu’on s’empressait de terminer était déjà trop exigu. Les Jésuites avaient acheté la Pointe Manitou où ils projetaient de construire une résidence d’été pouvant acueillir 150 personnes.
1913
Des feux de forêt dans le nord – Le feu exerce ses ravages au nord du grand lac Nominingue. Eugène Patenaude a été élu maire de la municipalité. Comme chaque année les élèves du collège ont organisé une fête pour le R. P. Chalumeau.
En mai Dom Moquet supérieur des CRIC est venu visiter les établissements du Canada; la communauté des CRIC venait de recevoir sa constitution perpétuelle du pape Pie X.
Les rumeurs sur la création d’un nouvel évêché avaient repris et Nominingue semblait assuré de l’obtenir.
La Congrégation des Frères de Saint-Vincent de Paul avait acheté un terrain au lac Bourget pour y établir une colonie de vacances, en décembre ce sont les Religieux de Sainte-Croix qui entreprenaient la construction de 2 établissements.
Le collège de Nominingue incendié – Un incendie vient de détruire une partie considérable du collège classique des RR. PP. chanoines de Marie. La partie incendiée est celle construite récemment: des classes, des dortoirs et des salles de récréation… L’ancien édifice a pu être sauvé ainsi que l’église qui est contigue.
Le feu a pris dans le carburateur à gazoline qui fournissait la lumière. Les dommages étaient estimés à $15.000 et seul le bâtiment était assuré. Les pertes du mobilier sont bien supérieures à la valeur de l’édifice. Les instruments de la fanfare valaient à eux seuls $800.
1914
Les Soeurs Chanoinesses des Cinq Plaies avaient transféré leur maison provinciale de Nominingue à Ottawa. J’avais lu dans l’histoire de Nominingue que les communautés religieuses françaises avaient quitté Nominingue pour partir à la guerre en France. Je crois qu’ils avaient déjà commencé à déménager vers le Témiscamingue et le Manitoba avant que la guerre commence.
Les municipalités du village et de la paroisse de Nominingue ont présenté une requête à Québec afin d’être autorisées à emprunter la somme de $40.000 pour construire une route macadamisée qui ira de Nominingue à Turgeon, soit une distance de 12 milles, ainsi qu’une autre route de La Minerve à Nominingue, soit une distance de 14 milles.
En 1914 la campagne pour la tempérance a repris et les citoyens ont demandé de limiter le nombre de licences d’alcool pour les hôtel. Leur nombre a été limité à 2, ce sont MM. Allaire et H. Rochon qui les ont obtenues. Ovide Galarneau n’a pas eu la sienne.
Finalement c’est Mont-Laurier qui a été choisi comme évêché et le nouvel évêque, Mgr. Brunet, a acquis la propriété et le contrôle du Collège. Il avait décidé d’en faire son Petit Séminaire Diocésain en y ajoutant de nouvelles constructions pour remplacer celles qui avaient été incendiées.
Notre village est entouré de feux de forêt. Des écorces enflammées pénètrent parfois dans le village et jettent l’émoi parmi la population. Contrairement aux règlements municipaux en force, notre conseil municipal a accordé une troisième licence d’hôtel… il y a eu forte discussion… il paraît que le conseil a cédé à certaines influences… La chicane était pognée.
Les feux de forêt ont détruit la propriété des religieux de Sainte-Croix qui venait d’être construite. Les habitants de Nominingue accusaient les locomotives du Pacifique Canadien de laisser échapper des étincelles; d’autres accusaient les colons de faire des feux de broussailles au printemps pour défricher leur terrain. Il y avait sans doute un peu des deux.
La chicane au sujet des licences d’hôtel a continué, le conseil du canton avait accordé une seconde licence à Jos. Matte au bord du grand lac, ça en faisait 5 en tout. Des accusations ont été portées contre des conseillers et MM. Laberge et Patenaude ont démissionné. M. Thomas Potvin a remplacé M. Patenaude comme maire. Le 13 juin les feux de forêt continuaient leurs ravages.
M. Mercier est venu en automobile chez M. Alfred Robidoux propriétaire du nouveau bateu à vapeur Le Nominingue. La population de Nominingue était alors de 1.500 habitants, dont 600 au village.
En août la guerre avait éclaté en Europe et le curé, le chanoine Chalumeau, a aussitôt annoncé aux paroissiens de Nominingue qu’il partait combattre sous les drapeaux français ce qui a créé un émoi facile à comprendre. Ferdinand Raffin et autres avaient officiellement relancé la Société Coopérative Agricole.
1915
Depuis que le journal publié a Nominingue ne paraissait plus les nouvelles publiées par les autres journaux étaient de plus en plus rares. Nominingue n’était plus le chef-lieu du nord et ne bénéficiait plus de l’intérêt des journalistes. J. E. Moranville marchand général avait fait faillite. Un article racontait l’histoire d’une bataille entre les chasseurs de la Petite-Nation et un groupe d’iroquois qui aurait eu lieu à l’embouchure de la rivière Saguay sur le petit lac Nominingue en 1651-1653.
La situation économique devait être difficile puisque les informations trouvées concernent plusieurs faillites de commerçants.
Il y avait toujours eu quelques avis de faillite publiés dans les journaux mais on voit bien que l’année 1915 a été difficile, ce sont les seules informations sur Nominingue que j’ai trouvées. Les gardes-forestiers intentaient des poursuites contre les colons qui incendiaient leur clairière sans permis.
À la fin de l’année scolaire 1915 Mgr. Brunet a décidé de déménager son séminaire à Mont-Laurier et il a vendu le collège aux soeurs de l’Immaculée-Conception qui l’ont habité jusqu’en 1975. Voici quelques photos montrant l’évolution de l’édifice au cours du temps. Les 2 premières montrent la première église et le monastère des CRIC.
Des travaux ont été entrepris pour agrandir le bâtiment en plusieurs étapes, cette photo montre l’agrandissement du premier bâtiment:
En 1912 un nouveau bâtiment a été construit de l’autre côté de la rue, selon un article, on voit les ouvriers en train de poser les fondations de ce bâtiment:
L’information donnée par la BANQ pour cete photo est qu’elle représente le gymnase du collège. Je crois que le bâtiment servait aussi aux classes et que c’est celui qui a brûlé en 1913.
Le bâtiment du collège a été encore modifié au cours du temps avec l’ajout d’un toit en pente, l’église a été démolie.
1916
Le père jésuite Marcel Martineau avait fondé le village de Nominingue en 1883. Il avait publié une série d’articles dans le journal Le Pionnier ce qui signifie qu’il suivait de très près l’évolution du village qu’il avait fondé. Il a réuni ces articles dans un pamphlet publié par L’École Sociale Populaire.
Les francs-tenanciers ont signé une requête demandant au nouveau conseil d’abolir les licences d’hôtels. Tempérance à Nominingue – Le premier mai les hôtels du village seront fermés. Nos hôteliers n’ont pas cru devoir demander un renouvellement.
Le feu a exercé ses ravages ici depuis quelques jours: trois bâtisses importantes ont été détruites, celles de MM. Ferdinand Parent, T. Potvin marchand et J. Roy, occupée par le bureau central de téléphone Danis. Le maire Potvin a dû démissioner, sa maison a été détruite, il n’était donc plus propriétaire foncier.
La population avait décidé d’acquérir une maison pour servir de presbytère, celle actuellement occupée pour ces fins étant changée de destination. La banque d’Hochelaga a transporté ses bureaux dans l’immeuble appartenant à M. V. Martineau, juste à côté du bureau des postes.
Les statistiques publiées par le Journal d’agriculture sont trompeuses, la population de Nominingue était de 1.500 habitants dont 600 au village. Elles montrent quand même la progression rapide de Mont-Laurier alors que Nominingue se maintient tout juste.
Les résultats de recherche dans les journaux numérisé par la BANQ deviennent de plus en plus rares et ne permettent plus de documenter son histoire. Cette dernière illustration accompagnait une publicité de M. A. Marin, boulanger, pour la vente de son étalon percheron.
Conclusion
La MRC Antoine-Labelle avait publié une brochure en 1996 pour promouvoir le prolongement de la piste cyclable du P’tit Train du Nord jusqu’à Mont-Laurier. Le panneau 21 s’appelle Les ponts du Lac Barrière et il raconte qu’à la fin de l’année 1916 le pont pivotant qui avait été construit en 1904 pour le train a été reconstruit à la fin de l’année 1916 par Sem Lacaille pour le compte de la compagnie Riordon à qui il appartenait. Ce pont s’ouvrait lui aussi pour laisser passer les bateaux. Il est donc évident que le pont du chemin devait lui aussi s’ouvrir (ou alors il a été construit très haut). Le plus gros bateau ayant navigué sur les lacs a été Le Nominingue qui faisait 50 pieds de long.
La drave des billots de bois aurait continué jusqu’en 1925, pendant toutes ces années le niveau des lacs Nominingue a été surélevé par une digue à sa décharge qui permettait d’envoyer les billots vers la rivière Rouge avec le coup d’eau du printemps.
Dans l’article du 7 octobre 1909, M. J.E. Clément et sa famille qui passaient leurs étés au lac des Grandes-baies est mon arrière grand-père. J’ai moi-même passé mes étés lorsque j’étais enfant, dans cette même « villa » en bois rond bâtit en 1899.
impeccable Guillaume, merci.
C’est un travail colossal que tu as exécuté, félicitations!
Bonjour!
Est-ce que nous savons à quel endroit était la scierie acquise par M Patenaude du baron d’Halewyn sur le lac des Isles (devenu Lesage)? Où passait le train?
Selon les restes (la cheminée) suivant l’incendie de la résidence du baron, doit-on comprendre que le train de Patenaude suivait la route actuelle, devenue le chemin des geais bleus?
Si tel était le cas, la scierie était-elle au bout de cette route, au bout de ce qui est maintenant le chemin des Cygnes? On m’a déjà dit que cette presqu’île se serait aussi appelée « Pointe aux Pères »…??Confusion?
Où pourrais-je trouver cette information? Merci pour cette mine d’informations!!!