Selon les cartes anciennes et les archives il y aurait eu 5 moulins en fonction à Chertsey en 1871. Dès 1860 sur la rivière Jean-Venne il y avait un moulin double (farine et bois) et un moulin à bois. On en trouve encore quelques vestiges entre le pont du chemin Rochon et et le pont du chemin Michel.
Comme je l’ai déjà expliqué, le village Lafontaine a été le premier centre de la municipalité du canton de Chertsey et on retrouve encore des traces de cette occupation. D’après le recensement de 1861 le moulin double (farine et bois) appartenait à Frs. Mercier et le moulin à bois à Cyril Morin.
Le moulin double
Près du pont sur le chemin Michel (pont Grégoire) on retrouve des murs de pierre au bord de la rivière. La construction est solide et massive. Il s’agit des vestiges de 2 moulins. Le moulin à farine fonctionnait 12 mois par an et le moulin à scie pendant l’été et l’automne (4 mois en 1871). Ils ont été construits avant 1857, je ne sais pas encore par qui mais le propriétaire inscrit au recensement de 1861 s’appelle Frs. Mercier.
Recensement de 1861 ligne 36: Frs. Mercier et page suivante, ligne 36: description des moulins
Le moulin de la famille Coutu à St-Donat était double lui aussi.
Comme il ne reste que des vestiges c’est difficile de savoir exactement comment le système fonctionnait mais j’imagine qu’un canal (bief) dérivait une partie du courant de la rivière vers le réservoir qui est protégé du courant violent de la chute. Une canalisation amenait l’eau du réservoir par dessus la roue du moulin pour la faire tourner. En ajustant le débit du canal on pouvait maintenir une force régulée.
Un voisin m’a raconté qu’on avait sorti 1 meule de la rivière il y a une vingtaine d’années. Les meules servaient à moudre la farine. Il m’a aussi dit que le moulin avait fonctionné jusque vers 1930 environ.
Sur l’image suivante on peut voir les noms de quelques habitants du village Lafontaine ainsi que la valeur de leur terre. Fr. Mercier est inscrit au lot 19 du rang 5 avec Louis Raymond, Michel Nicolas et Magloire Granger.
Recensement de 1861 localisation des lots avec le nom du propriétaire
Le recensement de 1871 vient confirmer la vocation double du moulin
Recensement de 1871: François Mercier
M. Fournier dans son histoire de Chertsey indique que François Mercier habitait le lot 8-G du rang 3 en 1895 c’est-à-dire au village.
Dans l’annuaire du Québec de Lovell de 1911 le propriétaire des « saw and grist mills » est Joseph Grégoire. C’est lui qui a donné son nom au pont de la Jean-Venne.
Un premier mur
Sur le bord de la rivière, abrité du courant par un cap de roche un premier mur semble servir de réservoir pour le canal.
Un deuxième bâtiment
En aval on voit les traces d’un autre bâtiment qui devait être le moulin lui-même, il ne reste qu’une plateforme rectangulaire. On voit aussi que les roches sur le bord de la rivière ont déjà été empilées pour faire un mur. Toute la rive semble pavée de roches. J’ai commencé à dégager les murs cet été, à suivre…
Dans les archives des notaires de Joliette j’ai trouvé quelques autres informations.
Le 11 avril 1888 la Charlemagne Lacouareau Lumber Company a notifié Gilbert Foucher meunier et scieur propriétaire de moulins qu’elle faisait le commerce du bois et possédait au village de Charlemagne un moulin à scie mû par la vapeur dans lequel se trouve un grand nombre de scies; que pendant l’hiver 1887-1888 elle avait fait couper un grand nombre de billots sur les limites qu’elle possédait dans le canton de Chertsey sur différents tributaires de la rivière Lacouareau et notamment sur la rivière Jean-Venne où se trouvait une grande quantité de billots prêts à descendre à la dérive dès la fonte de la glace. La compagnie demandait que G. Foucher ouvre un passage dans la chaussée de ses moulins à farine et à scie des lots N°18 et 19 du 5ème rang de Chertsey pour laisser descendre ces billots et éviter de lui causer des dommages.
Dans une obligation du 30 janvier 1892 par Joseph Grégoire fils à André Morin marchand de Chertsey pour garantir l’emprunt de 340 piastres il a hypothéqué une portion de terrain faisant partie des lots N°18 et 19 du 5ème rang de Chertsey borné par Damien Morin, Octave Gagnon, Joseph Grégoire père et Félix Paquin, bâti d’un moulin à farine, un moulin à scie, une maison, une grange et autres bâtisses. Un avis de vente à l’encan est annexé à l’obligation.
Le moulin à scie
Recensement de 1871:
Recensement de 1871: le moulin à scie de Cyrille Morin
En descendant la rivière avant d’arriver au pont de la rue Rochon on trouve les ruines d’un barrage plus moderne mais le site semble avoir été habité depuis longtemps. D’après les archives Cyrille Morin, premier maire de Chertsey y opérait un moulin à scie.
Juste en aval de ce barrage moderne on trouve l’emplacement de l’ancien moulin, des murs de pierre soigneusement empilées ne laissent aucun doute.
Les autres moulins de Chertsey
En étudiant les recensements et le Canada Directory (Lovell) j’ai pu déterminer les dates approximatives de leur construction et leur emplacement. Il reste beaucoup de recherches à faire pour les localiser exactement.
1851
John Laprairie (d’après M. Fournier) a construit un moulin à scie sur la rivière Burton sur le lot de Moïse Dupuis (lot 9 du rang 3 en 1860) (d’après le recensement).
Chs. Landreville a construit un moulin à scie sur la rivière Burton (recensement). Le lot 6 du rang 3 est identifié au nom de P. Landreville sur la carte de 1860 et Jean Landreville est identifié comme propriétaire du moulin dans le Lovell Directory de 1857. Dans son livre M. Fournier situe ce moulin sur la rivière Jean-Venne c’est curieux.
1861
Daniel Truesdel est propriétaire d’un moulin à scie (recensement), il a des lots près de la décharge du lac Brûlé et du lac Jaune (carte 1860).
Pas de mention des autres moulins (sauf ceux de la Jean-Venne) dans le recensement.
1871
Pierre Giguère propriétaire d’un moulin à scie sur la rivière Burton près du village qui fonctionne 5 mois/an (recensement). L’emplacement semble différent de celui de Moïse Dupuis et Jean Landreville d’après ses lots. Il a ensuite été propriétaire de moulins à scie à St-Émile (Entrelacs) et Notre-Dame-de-la-Merci. Un personnage important de Chertsey.
George Grey a un petit moulin à scie (recensement) sur le lac Brûlé (d’après son lot) qui fonctionne 3 mois/an.
Daniel Truesdel a encore son moulin qui fonctionne 12 mois/an.
1895
M. Fournier dans le livre sur l’histoire de Chertsey donne une liste des commerçants de Chertsey en 1895 avec les moulins en activité:
- Uldège Bélair, moulin à scie
- Pierre Bélair, moulin à scie
- Gilbert Foucher, moulin à farine
- André Morin, moulin à scie (rivière Jean-Venne)
- Jules Prévost, moulin à scie et à farine (rivière Jean-Venne ?)
- Joseph Varin, moulin à farine
Le moulin à scie et à farine de Joseph Varin sur la rivière Burton vers 1902. Le moulin est par la suite la propriété de Louis Tremblay (M. Fournier – Histoire de Chertsey)
Je vais essayer de trouver d’où vient cette liste et de situer exactement les moulins.
Remerciements: Sylvain Gaudet de la Société d’Histoire de St-Donat qui avait déjà fait des recherches sur les moulins de la région, il m’a aidé à comprendre comment déchiffrer les archives en plus de m’apporter des informations précieuses.
Un moulin et son village celui des Coutu à St-Donat, recherches Guy Bélanger, Sylvain Gaudet, Claude Lambert – 1982 – Publié par la Société Historique de St-Donat
Bonjour M. Guillaume ……..Le Moulin près du pont Michel appartenait à Cyrille Morin premier maire du township de Chertsey . La roue du moulin est faite de pierres entassées les unes sur les autres dans un fer circulaire les retenant ensemble. Les deux roues, superposées ,cassait le grain produisant ainsi la farine. Les entailles creusées manuellement sur les pierres, permettaient ce procédé. Cyrille Morin et Magloire Ranger demeuraient tous les deux sur le Lot 19, mais Cyrille demeurait à proximité de la rivière Lafontaine, tandis que Magloire était à l’opposé dans son magasin général et bureau de poste qui lui servait aussi de demeure permanente
Le fonctionnement du moulin m’intéresse beaucoup mais duquel s’agit-il exactement ? Il me semble que Cyrille Morin était au coin de Rochon. Granger restait de l’autre côté de la rivière près du pont et du chemin du gouvernement mais je sais pas où, je ne sais même pas si c’est lui qui a construit le moulin. Donnez-moi les sources quand vous donnez des précisions, merci.
En 1953 en traversant le pont au début du chemin Rochon et en continuant tout droit dans le boisé, il y avait des fondations de maisons et j’y ai cueilli des graines de roses trémières. Cela signifierait que la forêt devait être encore assez claire pour permettre à ces fleurs de mûrir.