Les inondations se répètent de plus en plus souvent, les municipalités sont prévenues et elles doivent s’assurer de les prévenir plutôt que de les subir. Dans l’histoire de la ville de Joliette la rivière l’Assomption a déjà occasionné des dégâts importants, la municipalité connaît donc les points vulnérables et elle prend les moyens pour les protéger.
La débâcle de la rivière L’Assomption avait occasionné de gros dommages à la ville de Joliette en 1885. Depuis, les embâcles et les débâcles sont beaucoup mieux maîtrisées, elles sont plus rares. Aujourd’hui c’est la fonte subite de la neige au printemps qui occasionne les plus grosses inondations, il faudrait que les barrages en amont puissent absorber les pluies soudaines en gardant une marge de manœuvre.
La fonte de la glace en avril
Au centre de la ville de Joliette dans le parc Louis Querbes la rivière l’Assomption monte tous les printemps jusqu’au chemin qui la longe. Le barrage situé en aval devant le Musée de Joliette régule le niveau de l’eau et, en principe, l’eau ne devrait pas pouvoir monter par-dessus le chemin.
La nappe phréatique monte quand même dans le parc et un étang se forme qui s’assèche pendant l’été.
Cette année la période du dégel s’est bien passée, la glace a fondu tranquillement puis elle s’est disloquée. Le 13 avril il a fait chaud et les derniers morceaux de glace accrochés aux rives se sont détachés, formant un petit embâcle en amont du barrage qui s’est vite défait. En passant le barrage les morceaux de glace se disloquaient.
Le 16 avril toute la glace était partie et le danger semblait passé.
Première alerte 22 avril
Et puis il a commencé à pleuvoir fort. La neige dans les montagnes des Laurentides n’étant pas encore fondue, la pluie l’a fait fondre en quelques jours. Le niveau de la rivière est monté brusquement une première fois. Le 22 avril au matin j’ai été me promener au bord de la rivière déchaînée.
Devant le Centre Culturel Desjardins des travaux ont été faits en 2022 pour prévenir les inondations récurrentes dans ces bâtiments construits au raz de l’eau. Les anciens avaient construit le collège plus haut sur la rive, les modernes ont jugé qu’ils pouvaient l’agrandir vers la rivière sans problème. Ils ont finalement été obligés de construire un muret pour protéger les bâtiments, à cause du réchauffement climatique bien sûr.
Un autre point vulnérable est le site des moulins construits par Barthélémy Joliette au milieu de la rivière. Le bassin situé devant le Musée de Joliette semble vieux et fragile, la ville de Joliette a donc déployé son plan d’urgence pour le protéger. Avant l’arrivée de la crue annoncée les employés ont installé des sacs de sable pour colmater les fuites et ils ont solidement attaché des planches à la clôture pour empêcher les débordements. « Nous sommes prêts ».
L’eau était montée à quelques centimètres du bord mais elle n’a pas débordé. Quand j’ai pris ces photos elle était déjà redescendu. Le bassin a tenu bon même si il fuit un peu. Des sacs de sable judicieusement placés aux points stratégiques ont à peu près bouché les trous. À moins qu’ils aient été placés pour renforcer la structure, mais dans ce cas je crois qu’il aurait mieux valu les empiler pour renforcer le coin faible. Je ne suis pas un expert bien sûr.
Deuxième alerte 3 mai
Et puis il s’est remis à pleuvoir encore plus fort. Le 3 mai au matin je suis retourné voir la situation. Devant le Centre Culturel Desjardins on voyait que l’eau était montée nettement plus haut; le muret avait bien fait son travail de protection.
Le mur de planches autour du bassin a lui aussi bien tenu. Le niveau de l’eau avait baissé mais on voyait que cette fois le bassin avait débordé. Les services de la ville avaient rajouté quelques sacs de sable pour mieux protéger la sculpture située en amont du bassin quand l’eau est passée par dessus les planches. Le courant d’eau a un peu ravagé le chemin quand même. Avec la force du courant le bassin s’est entièrement empli de débris.
Tout avait été prévu et des bâches avaient été posées pour éviter que le débordement abîme trop le chemin devenu une rivière. Les dégâts ne sont pas très importants, on l’a échappé belle pour cette année.
Puisqu’on nous dit que les inondations seront de plus en plus fréquentes ce serait peut-être une bonne idée d’acheter des planches un peu plus larges pour l’année prochaine, surtout pour installer en amont là où le courant est le plus fort. Et puis si la ville construisait un petit muret permanent ça coûterait peut-être moins cher à la longue.
5 mai nettoyage
Le 5 mai au matin le niveau de la rivière avait nettement baissé et les services de la ville étaient partout au travail pour réparer les dégâts. Le bassin continuait à fuir, les sacs de sable ne sont pas parfaitement étanches. Les employés de la ville étaient donc en train de construire un joli petit pont permanent pour qu’on puisse traverser la nouvelle rivière.
Le niveau de l’eau était redescendu de presque 1 mètre dans le bassin et les débris qui l’emplissaient avaient déjà été nettoyés. Je crois qu’une des prises d’eau de l’aqueduc de Joliette se fait dans ce bassin qui ne doit donc pas être obstrué.
J’ai ensuite été me promener dans le parc Louis Querbes où le paysage s’était transformé. La rivière est passée par dessus le chemin et a inondé le parc. Les employés de la ville réparaient les dommages un peu partout et le chemin était déjà impeccable.
La crue a été exceptionnelle et la ville de Joliette n’a pas subi de dommages importants, c’est une bonne chose. Si la rivière était montée juste un peu plus haut le muret qui se trouve devant le centre culturel aurait peut-être été insuffisant puisque l’eau serait arrivée par en-haut après avoir inondé le parc et les autres bâtiments.
La passerelle de l’Île Vessot
Le lendemain j’ai voulu aller voir sur l’île Vessot si il y avait eu des dommages. On ne peut plus y aller par le chemin de St-Paul, le chemin a été emporté et la passerelle est de nouveau fermée. Le 8 mars 2023 le journal L’Action titrait: L’ouverture tant attendue de la passerelle de l’Île Vessot est arrivée:
Les équipes attribuées à ce dossier ont travaillé d’arrache-pied afin de réparer et de sécuriser la passerelle. Maintenant que les travaux de réparation du sentier et du pont reliant l’Île Vessot à Saint-Paul sont terminés, les citoyens peuvent profiter de ce grand espace en plein air pour le reste de la saison hivernale.
Pierre-Luc Bellerose, maire de la Ville de Joliette
On n’en aura pas profité longtemps:
À mon avis il est facile de constater que le trou sous le pont n’est pas assez grand quand il y a beaucoup d’eau. Quand la rivière monte très haut elle arrache beaucoup d’arbres sur les rives qui viennent bloquer les trous sous les ponts. Si on remblaye le chemin comme ça a été fait il sera emporté par la prochaine forte crue.
Les ingénieurs avaient pris 2 ans avant d’affirmer que le pont était sécurisé et de le rouvrir à la circulation. Je suppose qu’ils vont réfléchir un peu plus sérieusement cette fois.
L’expertise des experts
Sur le site internet de la ville de Joliette on a des informations sur le travail des experts qui avaient été mandatés pour résoudre le problème: Passerelle de l’île Vessot, le point sur la situation. La ville avait même embauché des hommes-araignées spécialisés dans la construction et la réparation de ponts.
Des démarches nombreuses pour régler la problématique
D’entrée de jeu, rappelons que les conditions météorologiques de l’hiver 2020-2021 ont été particulières et uniques. Un embâcle majeur formé lors de la crue printanière a occasionné d’importants bris et dommages à la passerelle principale et à celle du secteur Saint-Paul, forçant leur fermeture le 27 mars dernier.
Dès lors, la Ville a eu recours à des inspections terrestres et aériennes, de même qu’a des hommes-araignées spécialisés dans la construction et la réparation de ponts, afin d’avoir un portrait global de l’étendue de la problématique. Différentes expertises ont été commandées. Ces dernières portent sur deux volets.
Le premier concerne les causes et conséquences des embâcles. Le parcours de la rivière L’Assomption présente plusieurs méandres dans le secteur, réduisant ainsi la circulation des glaces lors de la fonte et augmentant le risque d’embâcle. L’expertise réalisée révèle qu’une étude hydrologique permettrait à la Ville de déterminer la conception globale, incluant la hauteur à laquelle la passerelle devrait être située, afin de s’assurer qu’elle soit sécuritaire et qu’elle s’adapte aux conditions actuelles et futures des changements climatiques. Un appel d’offres est en cours et l’étude sera réalisée en 2022.
Ce n’est qu’une fois les résultats et recommandations de l’étude seront émis que la Ville pourra lancer le deuxième volet, soit de déterminer les travaux à réaliser et de convenir des prochaines étapes dans ce dossier. Selon une évaluation préliminaire, les coûts de réfection des deux passerelles pourraient atteindre plus de 2 M$. Il est important de mentionner qu’en raison de la proximité de la bande riveraine, les éventuelles réparations devront recevoir l’aval des autorités ministérielles.
Le chemin de l’île Vessot réparé
Je suis retourné cet après-midi à l’île Vessot après avoir publié mon article. Le chemin a été remblayé et tout est de nouveau normal. Il faut croire que c’était prévu dans les plans et qu’on était prêt.
Dans ma promenade j’ai remarqué quelques autres petits dégâts. Le sentier devant le Château Joliette devra être reconstruit, l’eau est passée par dessus renouvelant le sable de la plage jusqu’au talus.
Un cordon de sécurité a été installé dans le parc semblant indiquer que la terrasse est fragilisée.
Images de printemps
