En Gafacratie, le gagnant remporte tout. C’est le titre d’un éditorial de Dominique Nora dans le journal L’Obs qui me semble particulièrement pertinent: tout ce qui est « moyen » tend à disparaître. La classe moyenne comme le reste.
Amazon contrôle déjà la moitié du commerce en ligne aux États-Unis. Comme le commerce de détail tend à disparaître on peut prédire qu’Amazon contrôlera bientôt une bonne partie du commerce mondial. Avec la technologie les petits et moyens joueurs ne peuvent pas suivre, ils sont toujours très loin en arrière.
En politique Twitter et Facebook nous préparent depuis des mois aux émeutes qui vont avoir lieu lors des élections du 3 novembre. M. Zuckerberg est plus puissant que la Cour Suprême et le FBI réunis, il va faire son possible mais ne garantit rien. Dans le système politique américain winner takes all! C’est plus vrai que jamais!

On n’est pas obligé de se laisser faire. On peut s’éduquer et s’organiser pour utiliser la technologie sans se faire manipuler. Le Ouèbe Libre et le logiciel libre sont les seuls recours contre la Gafacratie, c’est urgent.
Tout ou rien
Ce n’est pas nouveau, avec la mondialisation chaque produit en visant l’excellence peut espérer conquérir le monde: le ketchup Heinz est bon et pas cher, on le trouve partout. Si demain j’inventais un dentifrice meilleur que tous les autres je pourrais espérer le vendre au monde entier; et ruiner tous ceux qui n’ont plus le bon produit.
Avec la technologie tout s’accélère encore plus, l’économie se transforme brutalement, éliminant tous les petits et moyens joueurs. Le gagnant prend tout, c’est la morale qu’on nous enseigne. La journaliste termine son éditorial avec cette statistique:
..dans l’OCDE, 75 % des sexagénaires pensent indispensable de vivre en démocratie, ce n’est le cas que pour 30 % des millennials !
Ce n’est pas très rassurant pour le futur. La morale du gagnant qui prend tout commence à être acceptée comme la norme mais elle est profondément antidémocratique. La démocratie c’est un consensus de gens moyens qui essaient de s’élever ensemble.
La culture mondialisée
La Culture ne peut pas être mondialisée, elle est dans les détails: dans le terroir particulier à chaque endroit, dans l’histoire des peuples qui l’habitent, dans leurs relations sociales… Il y a une Culture mondiale mais elle est faite de toutes ces cultures locales.
Le monde de la culture est aussi victime de la Gafacratie et la pandémie va accentuer la crise; c’est grave, ça touche les fondements de la société. Un artiste indépendant n’a plus aucune chance face aux multinationales; pour vendre un produit en le référençant sur internet il faut avoir le contrôle des métadonnées et donc de la technologie.

Quand je suis arrivé au Québec en 1975 il y avait beaucoup d’artistes indépendants plus ou moins populaires. La vie culturelle était extraordinairement vivante et les artistes pouvaient vivre à peu près décemment. Il me semble que la vie culturelle est beaucoup plus pauvre aujourd’hui; et que si on ne fait rien ça va encore empirer.
L’alternative à la Gafacratie c’est de commencer par s’éduquer, comprendre ce qu’on fait quand on utilise un ordinateur. Les gens moyens ont appris à lire et écrire pour se libérer de l’emprise des élites. On devrait être capables de le faire nous aussi pour se libérer de la Gafacratie, on n’a pas le choix!