À partir de 1800 le Canada a exporté ses forêts de bois de pin vers l’Europe. Les arbres étaient sciés et transportés au moulin pour être transformés en pièces de charpente, mâts, madriers et planches. Les cageux ou raftmen faisaient ensuite descendre ces pièces sur des cages assemblées en radeaux par les rivières jusqu’au fleuve pour rejoindre le port de Québec sans les endommager.
La Maison des Cageux a ouvert ses portes récemment à Lanoraie, ce musée-café documente l’histoire des cageux du Saint-Laurent avec de belles photos anciennes et la reconstitution d’une cage grandeur nature. L’histoire de Philemon Wright qui aurait construit le premier gros radeau de cages pour transporter son bois sur la rivière des Outaouais en 1806 est bien documentée tout comme celle du célèbre Jos Montferrand. Celle des premiers cageux des forêts de pin de Lanaudière l’est moins. Il y avait aussi des forêts de pins sur les bords de la rivière L’Assomption et ses affluents, elles ont presque tous été rasées au fur et à mesure que les bûcherons remontaient les rivières.
De Rawdon à Québec dans une cage
C’est dans l’histoire du moulin de Philemon Dugas construit vers 1817 que j’ai trouvé la plus ancienne mention de transport de bois par cages dans la région de Lanaudière. Les pièces de pin sciées au moulin de Dugas situé sur la rivière Rouge à Rawdon devaient être transportées jusqu’au marché de Québec, tout comme celles de Philemon Wright, en suivant les rivières Rouge, Ouareau et L’Assomption jusqu’au St-Laurent. En 1818 Philemon Dugas s’était associé à Martin S. Parker mais il était responsable de l’opération du moulin et du transport du bois jusqu’à Québec.
Le dit sieur Parker n’est pas obligé d’aller rester au moulin ni de conduire aucun transport de bois, mais pour indemniser le dit sieur Dugas qui sera seul chargé de conduire le dit moulin et les dits transports de bois à Québec ou ailleurs, le dit sieur Parker sera tenu et s’oblige de payer par chaque mois au dit Dugas, la somme de 6 piastres d’Espagne et de lui fournir moitié des aliments nécessaires quand le dit Dugas restera au moulin. Et quand il conduira des cages ou transport de bois à Québec ou ailleurs, alors il sera nourri aux dépens de la dite société et le dit sieur Parker lui payera alors neuf piastres d’Espagne par mois au lieu de six.
Diriger un train de cages assemblées était certainement risqué comme le montre cette illustration d’un naufrage sur le lac Saint-Pierre. Les premiers propriétaires de moulins ont été obligés de s’improviser cageux mais c’est vite devenu un métier très spécialisé.
Transporter le bois sans l’endommager
Jean-Claude Robert a étudié l’activité industrielle de Barthélémy Joliette et il a expliqué précisément comment les madriers de pin étaient préparés pour être exportés.
Le nouveau domaine de Saint-Paul étant complètement déboisé à l’automne de 1826, Barthélémy Joliette se tourne vers les seigneuries D’Ailleboust et de Ramezay, toutes deux situées derrière celles de Lanoraie et Dautré qui commencent à peine à se peupler à l’époque. Il obtient de leurs seigneurs, soit des droits de coupe de pin, soit des billots. Au-delà des seigneuries D’Ailleboust et de Ramezay, comme au-delà du canton de Kildare, s’étendent les « Crown lands » non-arpentées, et à cette époque, un entrepreneur peut couper le bois où il le désire sans craindre l’arrivée intempestive d’un inspecteur du gouvernement.
J.C. Robert
Après la coupe des arbres, on fait flotter les billots sur la rivière L’Assomption jusqu’aux « moulins d’Industrie »; là, ils sont débités en « deal », c’est-à-dire en madriers de pin de 12′ x 11″ x 3″. Mais ce qu’il faut noter, c’est le trajet suivi par les madriers au départ du moulin: traînés l’hiver par les chemins jusqu’au bord de la rivière Ouareau, on les met ensuite sur une barge qui descend vers l’embouchure de la rivière L’Assomption et qui est déchargée au bout de l’île de Repentigny; de là, un second transporteur les prend en charge jusqu’à leur destination finale, à Québec.
Les billots étaient sciés au moulin du village d’Industrie (Joliette) situé sur la rivière L’Assomption mais la rivière n’était pas navigable à cause des rapides situés en aval, il fallait traîner les morceaux sciés jusqu’à la rivière Ouareau à plusieurs kilomètres. Les pièces de bois sciées étaient fragiles, elles s’endommageaient au contact de l’eau. Elles descendaient sur des barges jusqu’au fleuve au bout de l’Île de Montréal où on les transférait sur des radeaux pour descendre à Québec.
J.-C. Robert raconte que la première année, en 1824(?), Joliette et Lœdel ont descendu jusqu’à Québec avec leur bois pour le vendre. Ils ont trouvé ça très difficile et ils ont ensuite préféré faire affaire avec des courtiers de Québec et des gens de métier. Un contrat typique est celui passé en 1827 avec William Price pour la fourniture de 20.000 madriers de 12′ X 3″ X 11″. Ce qui représentait à peu près la production annuelle du moulin du village d’Industrie.
L’histoire de la drave au Québec est largement documentée, elle fait partie du folklore national. Mais la drave des billots de pin vers 1800 n’est pas la même que la drave de la pitoune en 1900. Les madriers de pin étaient précieux, ils devaient être traités avec soin. Je suppose qu’on utilisait le bois de moins bonne qualité pour la couche du dessous des cages et qu’on posait les madriers dessus pour les tenir hors de l’eau, les cages étaient ensuite assemblées en radeaux selon les besoins. Mais la documentation me manque.
La peinture de Frances Ann Hopkins montre un immense radeau de cages arrivant de l’Outaouais sur le Lac-des-Deux-Montagnes, une belle image très romantique. La réalité dans les forêts de Lanaudière devait l’être beaucoup moins.
Le transport du bois avant le train
1810-1820 – Berthier
6 octobre 1810 – Engagement de Théodore Lamirande et 4 autres Lamirande de Rivière du Loup à Ignace McDonald de Berthier pour conduire une cage de rames jusqu’à Québec.
6 novembre 1811 – Protet par Charles Limoge, Pierre Lamothe et autres engagés sur un cageux de plançons de chêne maintenant dans un petit chenail vis à vis de Berthier contre M. Barlow conducteur de cages refusant d’aller plus loin si ils n’étaient pas nourris et payés.
6 mai 1812 – Engagement de Benjamin Jackman de Berthier à Peter Love de la rivière Portneuf agent de Collmans et Hale pour ramasser tous les bois pouvant appartenir à cette compagnie entre Montréal et Québec pour les mettre dans une cage solide et la conduire à Portneuf.
2 mars 1819 – Engagement de Joseph, Xavier et Alexis Brissette journaliers de l’île Dupas à David Manning marchand de bois de St-Paul pour couper des billots qui seront mis en planches et pour les rendre à Québec en cages.
1821 – Rivière L’Achigan
Le 3 février 1821 marché pour la livraison de 300 boulins d’épinette rouge de 21 pieds de long pour la construction du pont du haut de St-Roch. Le tout rendu au radeau que le dit Jean-Louis Gagnon… Le 2 novembre 1822 marché entre Louis Fournier fils et Jean-Louis Gagnon pour livrer 600 boulins sur la terre de messire Raizenne curé au sud de la rivière du dit lieu de St-Roch.
…s’oblige de mettre les dits boulins en cage lesquels il mettra à la rivière afin de préserver les dits boulins en entier, et le dit Jean-Louis Gagnon s’oblige d’arrêter les dites cages vis à vis de la terre du dit Messire Raizenne…
1826 – Succession Jacob Oldham
Le premier moulin construit sur la rivière Ouareau en 1811 appartenait à des industriels de Terrebonne, Henry McKenzie, Jacob Oldham et Norman Bethune, qui exploitaient les forêts de pin sur cette rivière. Il était situé en amont du village actuel de St-Liguori à la limite de Rawdon, à côté du moulin de P. Dugas. Dans un contrat notarié du 8 juillet 1826 on lit que les héritiers de Jacob Oldham avaient déposé une requête pour:
…s’opposer à l’enlèvement ou déplacement d’une quantité d’environ dix sept à vingt mille morceaux de bois de sciage qui se trouvent actuellement en cages près le bout de l’île de Montréal et provenant de certain moulin à scies situé au Lac Ouareau commun entre la succession du dit Jacob Oldham avec Henry McKenzie et Norman Bethune…
Les 20.000 morceaux de bois de sciage devaient représenter la production annuelle du moulin ce qui semble comparable à la production du moulin du village d’Industrie. Toute la production de bois de pin du bassin de la rivière L’Assomption se retrouvait au printemps sur le fleuve au bout de l’île de Montréal dans des cages attendant de descendre vers Québec regroupées en radeaux.
1826 – Rivière de l’Assomption
Au printemps 1826 des marchands de bois ont engagé des hommes pour descendre le bois de leurs chantiers en cages. Le 18 avril Edouard Langevin marchand de Berthier a engagé Henry Boucher, Louis Gonzague Brulé et Benjamin Cailler journaliers de St-Cuthbert pour 1 mois pour travailler à un chantier établi sur la rivière l’Assomption sous la conduite de Jean-Baptiste St-Louis et aider à descendre les cages faites au chantier et les conduire jusqu’à Québec, et depuis le bout de l’île de Montréal jusqu’au lieu destiné pour les dites cages sous la conduite du guide qui conduira les cages. Le même jour Joseph Laferrière et le 20 Joseph Brulé de St-Cuthbert ont été engagés aux mêmes conditions.
Le 24 avril Henry Bull autre marchand de Berthier a engagé Jean-Baptiste Lizé de la paroisse St-Pierre (du Portage ?), Joseph Gagné et Jean-Baptiste Valois de St-Cuthbert pour aller au chantier de Nathiel Barter sur la rivière l’Assomption pour faire descendre les cages jusqu’à Québec.
1832-1843 – John McGowan
Le 24 décembre 1832 John McGowan entrepreneur de bois de St-Paul s’est engagé auprès de Henry John Caldwell de Québec et Angus McDonald de Trois-Rivières son intermédiaire de faire les ouvrages qui suivent:
- 1° de faire dans la meilleure charpente solide un radeau sur la rivière de l’Assomption dans l’endroit qui sera marqué par le dit Sr. McDonald pour recevoir les billots du dit Sr. Caldwell
- 2° faire toutes les cages nécessaires pour recevoir les dits billots, et les encagera à ses frais
Bien entendu que le dit entrepreneur sera tenu de fournir tous les matériaux nécessaires tant pour le dit radeau que pour les dites cages et encagera les dits billots au fur et à mesure qu’il y en aura de rendu au dit radeau, comme aussi assemblera les dites cages avec de bons liens, et sera aussi tenu de fournir à ses frais toutes les rames ainsi que les mats qui pourront être nécessaires à la manoeuvre des dits billots afin de ne causer aucun retardement à peine de tous dommages. Toutefois le dit Sr. McDonald sera tenu de fournir les ancres ainsi que les chaînes qui seront trouvées nécessaires pour le dit radeau…
Ce marché ainsi fait pour le prix et somme de deux livres dix chellings cours actuel pour chaque cent billots que le dit entrepreneur encagera tel que mentionné dans le présent marché…
Et il est convenu entre les dites parties que l’entrepreneur aura la préférence de descendre à Québec deux des dites cages qu’il aura encagé suivant le présent marché (et?) par le dit Sr. Bourgeois payer au dit entrepreneur un chelling courant pour chaque billot composant les dites deux cages qui seront livrés à Québec; lesquelles dites cages n’excéderont pas ensembles la quantité de trois mille billots. Et le dit Sr. Bourgeois fournira au dit entrepreneur une ancre, un cable avec les voiles qui lui seront nécessaires pour descendre avec les dites cages. Enfin il est convenu entre les dites parties que le dit Sr. Caldwell aura la faculté de garder le dit radeau en payant dix livres cours actuel au dit entrepreneur…
Le 31 décembre 1832, quelques jours plus tard, John McGowan a conclu un marché avec Jean-Baptiste Beaudry père cultivateur à St-Paul pour lui charroyer et livrer au bas de la côte en deça de chez Pelo Beaudry la quantité de 250 flottes d’épinette blanche… De plus 80 morceaux de bois rond d’épinette blanche de 8 à 12 pouces au petit bout de 40 pieds de long pour le radeau…
Le 12 avril 1843 John Mac Gowan contracteur au moulin à scie Lefebvre (situé en amont de Joliette sur la rivière l’Assomption) a conclu un important marché avec les marchands de bois de Québec Ryan brothers; E. Scallon, lumber merchant, a servi de caution. Les billots sciés au moulin Lefebvre étaient transportés par des chartiers à la partie navigable de la rivière de l’Assomption pour être expédiés à Québec.
1834 – Isaac Dugas
Le 15 novembre 1834 Jean-Baptiste Poitras a conclu un marché avec Isaac Dugas de St-Jacques pour la livraison de 58 poteaux de 12 pieds (12 pouces à un bout, 8 à l’autre) plus 4 poteaux même longueur (12 pouces aux 2 bouts) en pruche; 650 planches de 10 pieds sur 1 pied de largeur en pruche; 100 planches de même dimensions en pin; 200 planches de 12 pieds en pruche; 100 planches de 10 pieds en pin resciées en triangles de 3 pouces de largeur de ½ pouce d’épaisseur; 150 madriers de 12 pieds de 1 pouce d’épaisseur et 1 pied de large en pruche; 200 madriers de 12 pieds de 2 pouces d’épaisseur et 1 pied de large en pruche. Tout ce bois de sciage devait être livré encagé devant la maison de J.-B. Poitras cultivateur à L’Assomption sur la côte de la rivière; celui-ci devait fournir des hommes pour arrêter la cage de bois ou pour la ramener si le courant l’eut emportée. Tout ce bois venait du moulin à scie d’Isaac Dugas situé à St-Jacques, c’est-à-dire sur la rivière Ouareau ou peut-être même du moulin à scie de Philemon Dugas situé sur la rivière Rouge à la limite du canton de Rawdon.
1844 – James Stansfeld
Le transport du bois en cages a continué tant qu’il n’y avait pas de meilleur moyen. Le 23 janvier 1844 James Stansfeld marchand de l’Industrie a acheté tous les billots que Louis Galère dit Léveillée pourrait couper pendant l’hiver; J. Stansfeld s’engageait à descendre le bois aux marchands de Québec en louant un bâtiment pour le touer sur la rivière Ouareau.
1846 – John McConville
Le 24 février 1846 John McConville instituteur à Ste-Geneviève de Berthier a conclu un contrat pour faire descendre au bout de l’Île de Montréal du bois d’épinette rouge et de pruche: lesquels bois les dits entrepreneurs seront tenus d’encager solidement avec bonnes flottes, traverses et les rames nécessaires.
J. McConville a conclu un deuxième contrat le même jour aux mêmes conditions.
1850 – Le train L’Industrie – Lanoraie
Le transport par cages était le seul moyen d’acheminer la production des moulins vers les marchés de Québec. Ce transport était très coûteux et en 1850 Barthélémy Joliette a fait construire un train du village d’Industrie jusqu’à Lanoraie pour transporter le bois produit à ses moulins. En 1852 les industriels de Rawdon l’ont fait prolonger jusqu’à leurs moulins de la rivière Ouareau et de la rivière Rouge.
Lire: Le premier P’tit Train du Nord
1853 – Antoine T. Voyer et Casimir Guilbault
Pourtant encore le 2 octobre 1853 Antoine T. Voyer époux d’une des seigneuresses de Lavaltrie et Casimir Guilbaut marchand concluaient un marché avec Joseph Faust dit Frederick pour qu’il descende au bout de l’Île de Montréal puis à Québec leur bois bien encagé.
Ils en ont conclu un autre le 9 février 1854 avec Pierre Rivet où il est précisé que les billots devaient être amenés au boom du capitaine Benoni Perreault de St-Paul pour être mis en cages, c’est-à-dire au confluent des rivières l’Assomption et Ouareau.
Là tout le bois sera collé et reçu par le dit Sr. Voyer et Guilbault à leurs frais et dépens et après qu’il aura été collé et reçu par ces derniers, le dit Rivet sera tenu de l’encager à ses frais bien solidement pour pouvoir le rendre à Québec.
1853 – Narcisse Fafard à P. U. Archambault
Le 30 décembre 1853 marché pour 210 cordes de bois à livrer au bourg de L’Assomption:
Fut présent : Narcisse Fafard, cultivateur et menuisier, de la paroisse de St-Thomas. Lequel a reconnu et confessé et a promis et promet, par ces présentes, fournir et livrer à Pierre Urgel Archambault, Écuier, marchand du village de l’Assomption, soit sur la place St-Jean (marché à bois), soit sur la côte de l’Église, soit enfin sur la terre du sieur acquéreur du côté Sud de la rivière de l’Assomption, vis-à-vis le village, à l’option du sieur acquéreur, la quantité de 210 cordes de bois de corde…
Les clous de cage ou flottes servant à flotter le bois sus vendu, seront à chaque livraison et appartiendront au dit sieur acquéreur…
Transcription Yves Forest
1856 – Thomas Corriveau
Le 17 novembre 1856 Thomas Corriveau commerçant de bois à L’Industrie a conclu un marché avec John O’Brian marchand à Québec pour lui livrer 50.000 pieds (et plus si possible) de bois de pin blanc et jaune bien encagé au bout de l’Île de Montréal à l’embouchure de la rivière L’Assomption.
Les cageux de L’Abord-à-Plouffe
Il y avait autrefois deux voies principales pour les grands radeaux de cageux, ils arrivaient à Montréal par le Saint-Laurent à Côteau-du-Lac et Chateauguay ou par l’Outaouais et la rivière des Prairies.
Les Cageux quand ils venaient des Grands Lacs ou du lointain Mississipi, après avoir navigué sur la Gatineau, la Rivière Ottawa et après avoir traversé le lac des Deux-Montagnes et sauté le Cheval Blanc, devaient s’apprêter à sauter les terribles et dangereux rapides du Crochet. Pour ce faire il leur fallait s’arrêter à l’endroit propice et séparer les énormes cages sur lesquelles ils avaient voyagé. Cet endroit c’était chez les Plouffe. L’Abord-à-PIouffe: tel fut donc le nom qu’on donna naturellement à l’endroit.
…d’énormes radeaux de madriers, de bois équarri ou de billots venant du Mississipi, du Lac Chat ou de la Gatineau étaient divisés en radeaux plus petits. Avec un radeau on en faisait parfois quatre. Ces radeaux qui étaient solidifiés avec des branches qu’on pliait à la machine s’appelaient des cages et ceux qui les montaient des cageux.
Parmi les plus célèbres cageux nommons: Joe Montferrant, ce héros réel dont la légende parle si souvent comme ayant le bras solide et le pied agile; un jour ce colosse entre à l’hôtel de l’Abord-à-Plouffe, on lui demande sa carte; se reculant de quelques pas il fait un bond et imprime ses deux talons sur le plafond au grand étonnement de l’assistance:
Notice historique sur l’Abord-à-Plouffe
Le train a peu à peu remplacé les cageux pour le transport du bois vers 1850. La dernière cage qui ait flotté sur la Rivière des Prairies avait été assemblée pour commémorer le TriCentenaire de Québec en 1908.
Le syndicat des cageux de Chateauguay en 1834
Les cageux exerçaient un métier dangereux qui exigeait de très bien connaître les rivières parcourues. Le 1er mai 1834 les pilotes pour conduire les cages de Chateauguay à Montréal se sont réunis chez le notaire Joseph-Narcisse Cardinal pour signer un accord. Ils se plaignaient de ce que leurs conditions de travail se détérioraient, ils voulaient protéger leurs emplois et leurs salaires. Selon eux les industriels n’embauchaient pas suffisamment d’hommes et prenaient n’importe qui au plus bas salaire, ils se sont regroupés pour obtenir le monopole de piloter les cages de Chateauguay à Montréal.
La liste des signataires est intéressante, on trouve d’abord une page de noms de canadiens-français:
Puis sur la seconde page on trouve des noms anglais et amérindiens, sans doute des iroquois de Laprairie.
Le plus curieux est que parmi les 5 cageux qui savaient signer leur nom on retrouve au moins 3 noms amérindiens: